JOHN JOSEPH CARTY
par Frank B. JEWETT en 1936
J.J Carty
1861-1932
Henry Carty, père de John J (Joseph), émigra
aux États-Unis en 1825, à l'âge de dix-huit ans.
Il débarqua à Eastport, dans le Maine, et après
avoir essayé de travailler dans une ferme voisine, il poursuivit
sa route pour finalement atteindre Cambridge, dans le Massachusetts,
où il s'installa et apprit le métier de machiniste. C'est
là qu'il épousa Elizabeth O'Malley, qui, comme lui, était
d'origine irlandaise. On raconte que la fortune sourit au couple et
qu'ils devinrent des citoyens respectés et aisés de leur
ville d'adoption.
John J., quatrième enfant de l'union d'Henry et Elizabeth,
naquit à Cambridge le 14 avril 1861. Durant son enfance, son
père exploita une fonderie de cloches. Il ne semble pas qu'il
ait manifesté plus d'intérêt pour la profession
de son père que n'importe quel jeune homme normal, mais il a
manifesté une forte attirance pour la physique, et en particulier
pour l'électricité, alors balbutiante.
Il a d'abord été scolarisé à l'Allston Grammar
School, où il a eu la chance d'être placé sous la
tutelle d'un certain G. W. Roberts, le directeur de l'école.
Rétrospectivement, Carty a dit un jour avec affection, presque
avec révérence : « Des gens comme « Donkey »
Roberts n'existent plus de nos jours ; nous vivons à l'époque
des commerçants à succursales.»
De l'Allston Grammar School, Carty est entré à la Cambridge
Latin School, avec l'intention, après l'obtention de son diplôme,
de réaliser le souhait de ses parents en entrant à Harvard
College, puis en poursuivant ses études à la faculté
de droit. Mais le projet de faire de John J. Carty un avocat ne se concrétisa
jamais, même si, compte tenu des qualités intellectuelles
qu'il révéla plus tard, il ne fait aucun doute qu'il aurait
fait un avocat brillant et compétent. À un moment critique,
le trouble surgit à ses yeux et devint si aigu qu'il fut contraint
d'interrompre temporairement ses études. Plutôt que d'obtenir
son diplôme derrière ses anciens camarades de classe, Carty,
alors âgé de dix-sept ans, décida de chercher un
emploi. Suivant son instinct, son premier emploi fut dans une boutique
consacrée à la vente de ce qu'on appelait alors « appareils
philosophiques », dont le propriétaire était
Thomas Hall. Bien que l'atmosphère de la boutique ait pleinement
satisfait sa curiosité de jeunesse, son emploi y fut de courte
durée et prit fin brutalement lorsqu'il galvanisa de vieux morceaux
de laiton pour les faire ressembler à de l'or et les laissa à
la découverte de M. Hall.
De l'atelier scientifique, Carty semble être arrivé par
hasard au bureau de la Boston Telephone Despatch
Company, où E. T. Holmes exploitait
un petit central téléphonique en complément d'un
système d'alarme anti-intrusion déjà en place.
Ce central comprenait un standard téléphonique pour l'interconnexion
des lignes téléphoniques. Après un entretien avec
le directeur, Carty fut embauché au double de son ancien salaire
comme jeune opérateur. Ainsi débuta sa longue collaboration
avec le monde du téléphone.
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Des années plus tard, parlant des jeunes opérateurs, il
déclara qu'ils étaient de bien piètres précurseurs
pour les jeunes filles : « Elles n'étaient pas
assez âgées pour qu'on leur parle comme à des hommes,
et pas assez jeunes pour qu'on les fesse comme des enfants.»
Carty travailla à la Boston Telephone Despatch Company et à
la New England Telephone and Telegraph Company de 1879 à 1887.
Il passa rapidement du rang de jeune opérateur à celui
de concepteur, de constructeur et de technicien de maintenance. Il se
montra très tôt habile à améliorer les appareils
et méthodes primitifs, presque naïfs, qui caractérisèrent
les débuts de la téléphonie.
L'une de ses contributions majeures, en 1881, fut l'application commerciale
du circuit entièrement métallique au lieu du simple
fil de terre, auparavant utilisé et emprunté à
la technique télégraphique de l'époque. C'est également
à cette époque que Carty posa les bases de ce qui allait
devenir le système téléphonique à batterie.
La mise au point de ce développement capital nécessita
cependant plusieurs années, et ses inventions les plus précieuses
ne virent le jour que dix ans plus tard.
La liste complète des brevets de Carty comprend vingt-quatre
brevets au total, délivrés entre 1883 et 1896.
D'autres inventeurs ont contribué à l'art du téléphone
plus largement que Carty, mais aucun contemporain ne l'a surpassé
par l'importance de ses inventions ; par exemple, son tableau de
distribution à batterie standard, sa sonnette de pontage et son
circuit fantôme à transformateur ou à bobine répétitive
sont aussi fondamentaux pour l'art du téléphone d'aujourd'hui
qu'ils l'étaient il y a quarante ans.
En 1887, Carty quitta Boston et la New England Telephone and Telegraph
Company pour prendre la direction du département des câbles
téléphoniques de la Western Electric Company, dont le
siège social était à New York.
Son génie semble cependant avoir été trop polyvalent
pour qu'il puisse s'attarder longtemps sur ce travail plutôt spécialisé.
Du service des câbles, il passa au service des standards, puis,
en novembre 1889, fut nommé « électricien »
de la Metropolitan Telephone and Telegraph
Company, aujourd'hui New York Telephone
Company.
Ainsi, à vingt-huit ans, il était à la tête
de ce qui était alors le plus grand réseau téléphonique
du monde.
Si les contributions de Carty à l'art des communications ne s'étaient
limitées qu'aux inventions et développements mentionnés
précédemment, il aurait vécu et serait resté
dans les mémoires comme l'un des plus grands ingénieurs
du téléphone.
Mais son génie était aussi remarquable par sa capacité
à visualiser les besoins et les possibilités du futur
que par sa capacité à résoudre des problèmes
particuliers une fois qu'ils se sont posés concrètement.
Non seulement il pressentit que l'entreprise serait vouée à
devenir extrêmement technique, mais il eut le courage de concrétiser
cette vision et de créer un département scientifique bien
avant l'époque où l'industrie emploierait des scientifiques
et des chercheurs qualifiés. Plus encore, il concevait l'une
des fonctions de son département d'ingénierie comme une
école de formation pour les hommes qui deviendraient plus tard
les dirigeants de l'entreprise.
Carty fut donc l'un des premiers initiateurs de la recherche industrielle
et l'un de ses plus ardents défenseurs. Au cours de sa longue
carrière d'ingénieur en chef de l'American Telephone and
Telegraph Company, puis de vice-président, il créa ce
qui est à ce jour le plus grand organisme de recherche industrielle
au monde, un organisme qui, grâce à sa direction avisée,
plaça rapidement les États-Unis au premier rang des nations
en matière de téléphonie.
En passant en revue les activités marquantes de la vie de Carty,
on est tenté de dire qu'elles découlaient toutes d'un
même principe directeur, à savoir une croyance passionnée
en la valeur de la communion d'esprit et de la collectivité harmonieuse
d'action qui en découlerait avec le temps. Un tel motif explique,
bien sûr, son dévouement sans réserve au téléphone
et à son avenir. Il explique également le type d'organisme
de recherche qu'il a mis en place pour assurer la matérialisation
de l'avenir dont il rêvait. Dès ses premiers contacts avec
ce domaine, il semble avoir entretenu la ferme conviction que le téléphone
était destiné à rendre possible la transmission
de la parole à l'échelle nationale. Pour son esprit plus
mûr, un réseau de lignes téléphoniques aussi
étendu était bien plus qu'un simple dispositif d'échange
de conversations. Il le considérait comme un système nerveux
national, reliant les populations et les unités géographiques
du pays, et servant de manière indispensable cette collectivité
d'action qui est le but ultime de l'évolution supraorganique.
Par l'importance qu'il accordait à la coopération humaine,
Carty était un véritable disciple d'Herbert Spencer. Il
savait que, dans la société humaine, le tout est bien
plus grand que la somme de ses parties ; que les individus ne pourraient
jamais, à eux seuls, atteindre le même niveau de rendement,
intellectuel ou matériel, qui caractériserait le groupe
en coopération harmonieuse. C'est sous cet angle qu'il évaluait
l'organisme de recherche qu'il avait créé. Pour lui, il
s'agissait de plus qu'un groupe d'individus : une sorte d'esprit
collectif, composé d'experts dans de nombreux domaines collaborant
continuellement, capable de trouver rapidement des solutions à
des problèmes si complexes dans leurs ramifications qu'ils nécessiteraient
des années d'efforts individuels, si tant est qu'ils puissent
être résolus seuls.
Carty a constamment défendu ces organisations
de recherche dans ses discours publics, les considérant comme
l'une des contributions les plus importantes de notre époque
au progrès de l'humanité. Il semblait, à son tour,
tirer une double satisfaction du fait que le laboratoire l'esprit
de recherche collectif dont il dirigeait les travaux développait
un système nerveux pour la nation tout entière, afin qu'elle
puisse à son tour fonctionner plus harmonieusement en tant qu'organisme
intégré et atteindre cet objectif supérieur qu'est
un effort coopératif parfaitement coordonné. C'est le
thème que Carty s'était promis d'approfondir après
sa retraite du service actif. Malheureusement, une mort prématurée
l'en a empêché. À l'heure actuelle, ce thème
trouve peu de place dans ses écrits, car ceux-ci étaient
généralement orientés vers une fin immédiate,
et la pression de sa vie était telle qu'il économisait
ses mots en toute occasion.
Quelques brefs paragraphes extraits de son discours « Science
et organisme social », prononcé à loccasion
du vingt-cinquième anniversaire du Cold Spring Harbor Laboratory
de la Carnegie Institution, méritent néanmoins dêtre
soulignés ici. Le spectacle effroyable du nombre croissant de
malades mentaux, la prévalence des maladies nerveuses et l'état
général perturbé des nations ont conduit beaucoup
à penser que nous allions dans la mauvaise direction et que nos
idéaux devraient être ceux d'une vie dite simple, ou que
nous devrions chercher à retrouver la condition statique de la
Chine ancienne. Sans ma foi dans le succès ultime des recherches
que vous menez dans cette institution, je crois que je partagerais moi
aussi ces points de vue et que je serais enclin à penser que,
dans le domaine du progrès purement matériel, nous sommes
allés suffisamment loin, peut-être trop loin, ou trop vite.
« Si j'ai souvent affirmé que le comportement humain
constitue le problème le plus important et le plus redoutable
de tous les temps, je crois que sa solution est possible
»
Pour moi, cette célébration d'aujourd'hui est un événement
de la plus haute importance, car elle marque le début d'une nouvelle
ère de développement social. Comme le dit si bien Trotter :
« La méthode consistant à laisser le développement
de la société au chaos confus des forces qui y règnent
est enfin réduite à l'absurdité par l'enseignement
indéniable des événements.
La direction consciente du destin de l'homme est clairement indiquée
par la Nature comme le seul mécanisme permettant à la
vie sociale d'un animal aussi complexe d'être garantie contre
les catastrophes et de l'amener à exprimer pleinement ses possibilités.
« Une unité grégaire guidée par une
direction consciente représente un mécanisme biologique
d'un type entièrement nouveau, un stade d'avancement dans le
processus évolutif capable de consolider la suprématie
de l'homme et de porter à son comble le développement
de ses instincts sociaux.»
« Le progrès humain ne doit plus être laissé
au seul hasard. Grâce à la science, nous pouvons la maîtriser
consciemment.
« En conclusion, permettez-moi de dire que si nous interprétons
correctement le travail de ces scientifiques que nous allons brièvement
examiner aujourd'hui, nous constaterons qu'il vise en définitive
à surmonter les défauts physiques et mentaux qui caractérisent
l'individu et qui l'empêchent aujourd'hui de remplir pleinement
sa fonction de membre de la société. Nous comprendrons
également, je pense, que dans le grand plan de la création,
la plus haute place a été attribuée à l'homme ;
car il doit diriger le développement de cet organisme social
préfiguré « avec sa connaissance et sa puissance
de millions d'esprits, pour lesquels aucune barrière ne sera
insurmontable, aucun gouffre infranchissable et aucune tâche trop
grande ».»
Pendant quelques années, après avoir assumé des
fonctions administratives, Carry trouva encore le temps de s'adonner
à son fort penchant naturel pour la recherche originale. C'est
à cette époque qu'il poursuit ses recherches fondamentales
sur la nature de l'induction électrique entre circuits parallèles,
ce qui, en langage téléphonique, donne lieu à la
« diaphonie », c'est-à-dire au transfert
d'une partie de l'énergie vocale d'un circuit à un autre
parallèle. On pensait généralement que cette induction
était essentiellement électromagnétique. Carty
a pu prouver qu'elle était, au contraire, essentiellement électrostatique.
En 1889, il publie un compte rendu de ses travaux, soulignant qu'«
il existe sur la ligne téléphonique un point particulier
où, si un appareil téléphonique est inséré,
aucune diaphonie ne sera entendue ». Il donne des indications
pour déterminer l'emplacement de ce point neutre et développe
ensuite les notions d'équilibre électrique et de transposition
des circuits, deux opérations qui sont d'une importance fondamentale
dans l'art actuel. De cette période, il apporta également
sa contribution à la cloche de pontage, un circuit qu'il fut
contraint de faire évoluer pour répondre à un contrat
embarrassant que sa compagnie avait conclu avec le New York Central
Railroad pour la fourniture d'une ligne privée multipartite,
mais qui trouva rapidement un large emploi sur une multitude de lignes
rurales partout dans le pays.
Il est intéressant de souligner la fécondité d'esprit
de Carty : pendant cette période ardue où il dirigeait
les activités d'ingénierie et de recherche d'une jeune
industrie téléphonique, organisait et construisait le
noyau de ce qui allait devenir les Laboratoires Bell Telephone,
et menait personnellement la lutte contre de nombreux problèmes,
il trouvait le temps d'écrire régulièrement pour
l'Electrical Review. Ces contributions étaient connues sous le
nom de « La Chronique du Prophète » et
semblent lui avoir procuré une forme de détente mentale ;
il recourait rarement, voire jamais, à l'exercice physique pour
se détendre. Ses discussions étaient généralement
plus légères et offraient l'occasion de mêler de
légères doses d'informations scientifiques à une
pointe d'humour, car, fidèle à ses origines irlandaises,
il possédait une réserve inépuisable de ce dernier,
constamment en ébullition. Une seule citation servira d'illustration.
L'homme qui aurait pu acheter des actions Bell Telephone à 10
dollars l'action et qui ne l'a pas fait est en voie d'extinction. Son
repaire favori était le compartiment fumeur d'un wagon Pullman,
où il avait coutume de répéter l'histoire souvent
racontée de l'épicier qui l'avait fait et qui plus est,
l'avait obtenu en règlement d'une créance irrécouvrable.
À sa place, nous avons un autre spécimen tout aussi facile
à reconnaître. Après avoir évoqué
quelques-unes des étranges histoires de la science électrique,
il ne manquera pas de remarquer gravement, comme si cela n'avait jamais
été dit auparavant : « Eh bien, l'électricité
n'en est qu'à ses balbutiements », et d'ajouter rapidement
l'inévitable corollaire : « Mais c'est l'énergie
qui arrive.»
Observez cet homme. Vous serez surpris de voir combien il est nombreux.
Il est le Public. Vous devez étudier ses humeurs et le guider
correctement. Les merveilleux produits de la science électrique
ont tellement charmé son esprit qu'aucune histoire de ses pouvoirs
nouvellement découverts ne peut être à ce point
en contradiction avec les lois de la nature qu'il ne l'accepte avec
une foi immédiate.
En 1893, Carty fut élu membre honoraire de l'Association américaine
d'électrothérapie, en reconnaissance de son succès
dans la tâche qu'il s'était imposée de rationaliser
la terminologie électrique de la profession médicale de
l'époque. Il s'insurgea vivement contre des termes aussi déroutants
et absurdes que le faradisme, le franklinisme et le galvanisme, ainsi
que bien d'autres, lançant aux médecins un appel pressant
à la révision de leur nomenclature électrique pour
l'adapter au langage de la physique. Ainsi, nous voyons une fois de
plus la preuve évidente de l'insistance de Carty sur la clarté
de pensée.
La première exigence d'un leader étant la précision
de la pensée et la clarté de vision, il est important
Citant longuement l'article de Carty de 1906 intitulé « Ingénierie
téléphonique », présenté devant
l'American Institute of Electrical Engineers. Il s'agit d'un exposé
clair des responsabilités de l'ingénieur en téléphonie
ou, avec les modifications de terminologie appropriées, de l'ingénieur
en général. En conclusion, il déclare : « Du
début à la fin, l'ingénieur est ainsi placé
en position d'exercer un droit de veto sur toute méthode défavorable
qui pourrait autrement s'infiltrer
» L'importance de
cette fonction de coordination ne saurait être surestimée,
et ce n'est qu'en un point central qu'elle peut être exercée.
Du point de vue de la maintenance, un appareil peut présenter
des qualités remarquables ; mais son impact sur le trafic
peut révéler des difficultés qui surpassent largement
les avantages liés à la maintenance. Dans ce cas, l'ingénieur
doit examiner judicieusement les revendications contradictoires concernant
l'appareil et prendre sa décision en vue d'obtenir le meilleur
résultat final.
De même, des systèmes peuvent être proposés
qui, considérés uniquement du point de vue de la maintenance,
de la construction et du trafic, peuvent sembler présenter tous
les avantages d'un système idéal ; mais, du point
de vue de l'efficacité de la transmission, ils peuvent impliquer
une dégradation de la transmission, d'une part, ou une augmentation
des coûts des câbles et des lignes, d'autre part, rendant
leur utilisation impossible. Afin d'exercer correctement ses fonctions
de coordination, il est essentiel que l'ingénieur soit placé
et maintienne des relations avec tous les services de l'organisation
téléphonique afin de pouvoir obtenir d'eux et examiner
équitablement tous les projets et idées relatifs à
la conception, à l'exploitation, à la construction et
à la maintenance de l'installation qui émanent naturellement
de ces services lorsqu'ils sont menés avec efficacité.
De ce point de vue, on constate que si la fonction de l'ingénieur
en ce qui concerne l'installation est de la plus haute importance, le
travail des services de la circulation, de la maintenance, de la construction
et autres a une telle influence sur l'ensemble de la question que la
réussite de l'ingénierie d'un système téléphonique
doit être considérée non seulement comme l'uvre
de l'ingénieur lui-même, mais aussi comme celle de tous
les autres services concernés. De plus, et c'est plus important
encore, la réussite de l'ingénierie d'une installation
téléphonique dépend d'une gestion d'entreprise
adéquate, comme je l'ai montré par plusieurs exemples
frappants. Sans une gestion d'entreprise intelligente, progressiste
et globale, il ne peut y avoir de bonne ingénierie téléphonique.
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En 1908, Carty, devenu ingénieur en chef de l'American
Telephone and Telegraph Company en 1907, se rendit sur la
côte Pacifique pour aider les responsables locaux du téléphone
à élaborer des plans de reconstruction et d'agrandissement
de l'installation téléphonique.
Il était accompagné de certains de ses assistants et fut
rejoint plus tard par T. N. Vail, alors président
de l'American Telephone and Telegraph Company. San Francisco en était
aux premières étapes du nettoyage des décombres
du tremblement de terre et de l'incendie, en prévision de la
construction d'une nouvelle ville et de son baptême par une grande
exposition internationale.
L'audace et l'audace du programme séduisirent Vail et Carty,
tout comme la demande pressante des citoyens : que les côtes
Pacifique et Atlantique soient reliées par téléphone
avant la fin des travaux. Pour Carty, habitué aux conversations
quotidiennes avec ses associés, même à des centaines
de kilomètres de distance, le sentiment d'éloignement
provoqué par ce voyage dans l'Ouest était accablant.
Comme il le fit remarquer avec une étincelle à un Californien,
il fut « très impressionné par l'isolement
du reste du pays ».
Cependant, promettre signifiait tenir, et comment franchir plus de cinq
mille kilomètres de distance par téléphone alors
que l'art existant n'avait conquis, même maladroitement, que la
moitié de cette distance ? Nuit après nuit, pendant
des semaines, après des journées difficiles consacrées
aux problèmes actuels, Carty et deux ou trois de ses associés
passèrent leurs soirées dans leur hôtel au milieu
des ruines, analysant les possibilités d'un avenir invaincu.
Finalement, les chances de succès furent établies à
la satisfaction de Carty et la promesse fut faite, scellée irrévocablement
le lendemain matin par des gros titres de journaux. Carty retourna à
New York pour mettre en branle les mécanismes nécessaires
à ce pari avec le destin. Six ans plus tard, la première
ligne téléphonique transcontinentale fut inaugurée
et, quelques mois plus tard, utilisant quasiment les mêmes instruments,
il annonça la première transmission réussie de
la voix par radiotéléphone à travers l'Atlantique,
le continent américain et jusqu'à Honolulu dans le Pacifique.
Durant ces six années, Carty était au sommet de son art.
Il se démenait, lui et ses associés, avec une énergie
infatigable et sans faille. Le sommeil et la détente, à
petites doses, étaient accordés à contrecur.
Pour le reste, il travaillait sans relâche, avec pour objectif
le succès de l'organisation, qui était sa vie, et le bien
de la nation qu'il aimait.
L'ouverture de la ligne téléphonique transcontinentale
et la première transmission de la parole par radio à Paris
eurent lieu en 1915, après le déclenchement de la Seconde
Guerre mondiale.
L'importance militaire de l'énorme expansion du domaine de la
téléphonie, signalée par ces deux événements,
a conduit le général McComb, président de l'Army
War College, à inviter Carty à donner une conférence
confidentielle devant cet organisme sur « L'organisation,
les installations et le personnel du système Bell ».
Cette conférence a été reprise quelques semaines
plus tard devant le Naval War College. Ces deux interventions ont entraîné
une série d'événements qui ont conduit à
l'utilisation massive des installations du système Bell par l'armée
et la marine. Une prise de conscience très nette de l'importance
militaire des derniers développements téléphoniques
s'est manifestée en haut lieu, ainsi que la conviction que les
installations de recherche de Bell Telephone pourraient probablement
contribuer à la mise au point d'autres nouveaux dispositifs utiles
à la défense nationale, si les États-Unis étaient
contraints de participer aux hostilités.
L'honorable Josephus Daniels, secrétaire à la Marine,
a écrit à T. N. Vail, président de l'American Telephone
and Telegraph Company, pour « faire appel au sens patriotique
de cette compagnie » et lui demander si elle était
en mesure de fournir au ministère de la Marine « une
démonstration de ce qui pourrait être accompli en matière
de communication, notamment en téléphonie et télégraphie
longue distance, ce qui permettrait aux bureaux du ministère
et aux bases navales situées sur le territoire des États-Unis
de se rapprocher au plus près des exigences de la guerre.»
« Afin que cette mobilisation des forces de communication
soit complète, et rappelant l'étroite coopération
entre les responsables du ministère et ceux de votre compagnie
dans le passé pour le développement du téléphone
sans fil, nous espérons vivement que son utilisation comme moyen
de communication avec un navire en mer pourrait également être
démontrée simultanément, dans des conditions convenues
d'un commun accord. » Le Secrétaire a ajouté :
« Le Congrès ne prévoit aucun financement permettant
au Gouvernement de prendre en charge les frais dune telle démonstration
et reconnaît donc que toute action entreprise par votre compagnie
devra être exempte de tout frais pour le Département.»
La coopération de Carty et de son équipe de recherche
à cette demande et à dautres similaires du Corps
des transmissions de lArmée de terre a été
immédiate. Parmi les autres contributions, il convient de mentionner
un équipement radiotéléphonique robuste, largement
utilisé sur les avions, les destroyers et les chasseurs de sous-marins.
LArmée américaine, parmi toutes celles sur le terrain,
était la seule à pouvoir bénéficier de laide
de la radiotéléphonie.
Mais Carty, toujours soucieux de laspect personnel de chaque situation,
a compris que les moyens matériels seuls ne suffiraient pas.
Pour être efficaces, ils devaient être confiés à
une organisation opérationnelle qualifiée. Ainsi, tout
en faisant prendre conscience à l'administration de Washington
des possibilités offertes par l'art et l'organisation téléphoniques,
il a également élaboré un plan d'action complet
avec les dirigeants de l'organisation Bell. S'adressant à une
conférence des présidents des sociétés composant
le système Bell, il a déclaré :
« Nos plans prévoient deux classes d'officiers du
Corps des transmissions, recrutés au sein du système Bell.
L'une d'elles sera composée d'ingénieurs et de cadres
qui resteront en poste, représentant le ministère de la
Guerre et recevant leurs ordres directement de Washington. Leur mission
sera de diriger l'utilisation militaire optimale des installations et
du personnel du système Bell, sans pour autant paralyser le service
dans son ensemble. »
« L'autre groupe sera également composé de
cadres et d'ingénieurs, qui sélectionneront et organiseront
le personnel qualifié du système Bell en compagnies et
bataillons, pour le service sur le terrain, selon les besoins. Je ne
peux, bien entendu, prendre les dernières mesures de ce programme
vital sans votre soutien. » Je demande maintenant ce soutien.
Nous devons agir ensemble.
Une fois de plus, la prévoyance de Carty et son appel vigoureux
à l'action furent justifiés. Lorsque la guerre fut déclarée
à l'Allemagne, l'effectif total du Corps des transmissions, y
compris les hommes sur le terrain et un petit groupe au quartier général,
comptait 55 officiers et 1 570 hommes. En quelques mois, cette
organisation nucléaire fut renforcée par 4 525 personnes
retirées du seul système Bell. La question se posa alors
de savoir comment équiper l'armée pour son prochain départ
pour la France. Les appareils téléphoniques et télégraphiques
militaires utilisés jusqu'alors étaient de conception
simple, de construction robuste et difficiles à mettre en panne,
mais leurs capacités étaient extrêmement limitées
par rapport aux derniers résultats obtenus par le système
commercial américain. Le nouvel appareil était complexe
et délicat, et les conditions défavorables de la guerre
allaient le mettre à rude épreuve comme jamais auparavant.
Carty, vers qui l'armée s'était tournée pour obtenir
des conseils, devait-il recommander que notre armée soit dotée
d'un système de communication moderne, capable de fournir un
service pratiquement illimité tant en termes de capacité
de transmission de messages que de distance, ou devait-il recommander
l'équipement militaire traditionnel ? C'était une
décision cruciale. Il était convaincu que les hommes qu'il
enverrait en France pourraient exploiter avec succès le système
utilisant les répéteurs téléphoniques récemment
mis au point et les derniers appareils de télégraphie
à impression multiplex. Après avoir pesé le pour
et le contre, il conclut que les avantages de l'équipement moderne
étaient trop importants pour être négligés,
et les citations suivantes illustrent le succès de ce système.
S'exprimant après la fin de la guerre, devant la Commission des
affaires militaires de la Chambre des représentants, il déclara :
« Des préparatifs de guerre avaient été
faits sur le terrain européen depuis quarante ans. Lorsque la
guerre éclata, aucune nation européenne ne put se doter
d'un système de communication adéquat pour la conduite
de la guerre. Il restait au Corps des transmissions de l'armée
américaine la tâche de construire, en neuf mois, un système
télégraphique et téléphonique longue distance
que les gouvernements européens n'avaient pas réussi à
mettre en place en quarante ans.»
Pour la première fois, il devint possible de communiquer de Paris
à Rome, de Marseille au sud au Havre, et même de l'autre
côté de la Manche avec Londres et Liverpool. Après
l'Armistice, le colonel (plus tard général) Saltzman,
officier en chef des transmissions par intérim de l'armée,
écrivit à Carty :
« Lors des opérations en France, notre armée
a bénéficié d'un formidable système de communication,
d'une efficacité et d'une capacité jamais envisagées
auparavant dans l'histoire de la guerre. En considérant la conception
initiale et le fonctionnement réussi de ce système, le
Corps des transmissions se souviendra toujours de votre brillante prévoyance
et de l'efficacité technique des milliers d'hommes entraînés
que vous avez recrutés. Il serait très difficile d'évaluer
les services que vous avez rendus à notre pays dans ce seul contexte.»
En reconnaissance de ses services pendant la guerre, Carty fut nommé
général de brigade dans le Corps des officiers de réserve
le 23 octobre 1921.
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Après la cessation des hostilités, Carty revint aux aspects
commerciaux et sociaux du téléphone. Il avait toujours
à l'esprit l'idée d'adapter le téléphone
de plus en plus étroitement aux besoins du pays, afin qu'il puisse,
dans toute la mesure du possible, contribuer à l'harmonie des
actions. Un exemple mémorable de cette idée se produisit
lors de l'enterrement du Soldat inconnu au cimetière d'Arlington,
le 11 novembre 1921. Conscient des possibilités spectaculaires
offertes par cette cérémonie, il proposa à l'administration
de Washington l'utilisation à l'échelle nationale du système
de sonorisation, récemment issu des laboratoires téléphoniques.
Son offre fut acceptée et les circuits, amplificateurs et haut-parleurs
furent disposés de telle sorte que des milliers de personnes
à New York, San Francisco et Washington purent entendre et participer
à l'intégralité de la cérémonie
l'invocation de l'aumônier, les paroles de l'engagement
et enfin, à la fin, se joignirent au Président pour réciter
le Notre Père.
Les événements ont évolué si rapidement
dans le domaine des communications électriques qu'il est difficile
aujourd'hui de réaliser qu'à cette époque, il y
a à peine quinze ans, la radiodiffusion était une innovation
inconnue. Lors de la cérémonie d'enterrement, la transmission
se faisait entièrement par lignes téléphoniques
filaires, et les foules qui écoutaient étaient nécessairement
rassemblées à portée de voix de puissants haut-parleurs
à Madison Square et Madison Square Garden à New
York, ainsi que sur la grande Civic Plaza à San Francisco. En
repensant à cet événement exceptionnel, on peut
dire que Carty fut le père de la radiodiffusion. Aujourd'hui,
la distribution locale des programmes se fait par radio, tandis que,
comme lors de cet événement, les stations de radiodiffusion
elles-mêmes sont reliées entre elles par des circuits téléphoniques
longue distance. Les stations de radio, ainsi que les récepteurs
mis à la disposition du public, ont remplacé les puissants
haut-parleurs de Carty, mais pas le réseau national de lignes
filaires longue distance. À une occasion similaire, en février,
I924, après l'apparition de la radiodiffusion, Carty a relié
sept grandes stations de radiodiffusion par un circuit téléphonique
s'étendant de San Francisco à La Havane, sur une distance
de plus de huit mille kilomètres. Cela a constitué un
précurseur de la radiodiffusion en chaîne telle que nous
la connaissons aujourd'hui, et les journaux de l'époque estimaient
que pas moins de cinquante millions d'auditeurs avaient entendu le programme,
dont des extraits provenaient de plusieurs points du réseau.
Carty lui-même a déclaré : « Nous
commençons seulement à comprendre à quel point
les communications électriques sont fondamentales pour lorganisation
de la société. Nous ne sommes pas encore capables dapprécier
leur importance vitale pour le bien-être ultime de lhumanité.
Je crois quun jour nous construirons un grand système téléphonique
mondial, qui réunira tous les peuples de la Terre en une seule
fraternité.»
Cest lobjectif pour lequel il a uvré sans relâche
et les dernières années de sa vie lui ont permis dans
une large mesure de fournir les accessoires matériels nécessaires
à la réalisation de sa vision.
Cinquante ans seulement après linvention du téléphone,
la première conversation bidirectionnelle a été
entendue de lautre côté de lAtlantique, et
lannée suivante, un service commercial régulier
avec lAngleterre a été lancé. Grâce
à ce circuit unique outre-mer, les progrès ont été
si rapides quil est désormais possible de connecter nimporte
quel téléphone, nimporte où aux États-Unis,
à environ 98 % des téléphones du monde.
Pendant quelques années, bien sûr, Carty n'avait apporté
aucune contribution technique à cette épopée du
progrès, mais sa vision et son sens des affaires lui permirent,
d'une part, de créer une organisation scientifique et technique
capable de résoudre les innombrables problèmes en jeu,
et, d'autre part, de convaincre ceux qui tenaient les cordons de la
bourse que le risque financier qu'ils prenaient était un risque
dont ils seraient un jour très reconnaissants.
Pour quelqu'un qui croyait aussi fermement à la valeur de la
recherche scientifique, tant fondamentale qu'appliquée, et qui
l'a inspirée avec autant de succès que Carty, il n'est
pas surprenant que ses conseils aient été fréquemment
sollicités et qu'il se soit livré à un prosélytisme
considérable. La plupart des conférences qu'il prononça
durant les dernières années de sa vie furent consacrées
à souligner les bénéfices que le monde avait tirés
de l'application industrielle de la science et à évaluer
ces bénéfices, tant en termes de confort et de commodités
humaines qu'en termes financiers. Ces discours contiennent des expressions
et des comparaisons caractéristiques. Carty prenait toujours
plaisir à en inventer de nouvelles, mais les anciennes étaient
rarement abandonnées. Ainsi, « Science et industries »,
prononcé devant le Conseil national de recherches le 6 février 1920,
contient une allusion à l'Indien d'Amérique du Nord. Évoquant
les progrès rapides de la science au cours des dernières
décennies, il imaginait « les générations
futures nous regardant avec notre connaissance actuelle limitée
des forces de la nature, comme nous regardons aujourd'hui l'Indien d'Amérique
du Nord qui, transi de froid et grelottant dans ses vêtements
légers, ignorait le charbon à ses pieds, source de chaleur
et d'énergie.» Carty qualifiait fréquemment cet
Indien, avec humour, de « star ».
sommaire
De bien d'autres manières, Carty a encouragé l'intérêt
pour la science, tant dans son pays qu'à l'étranger.
En 1923, il a été élu au conseil d'administration
de la Carnegie Corporation. Il a été administrateur de
la Carnegie Institution de Washington ; associé du Conseil
de l'Université de New York ; membre de l'Académie
américaine des arts et des sciences ; et membre de l'Académie
nationale des sciences et du Conseil national de la recherche.
L'intense dévouement de Carty à l'Académie nationale
des sciences et au Conseil national de la recherche témoignait
à la fois de ses vastes intérêts et de sa compréhension
approfondie du pouvoir des institutions solidement fondées sur
une base large et bien intégrée à leur environnement.
Il était évident qu'il appréciait les contacts
intellectuels et personnels que ces associations lui permettaient. Ils
étaient cependant secondaires par rapport à son intérêt
pour l'influence constructive continue que l'Académie et le Conseil
pouvaient exercer sur le développement de la nation. Il se félicitait
de la simplicité de la charte nationale de l'Académie,
car il y voyait un instrument d'une grande puissance. Il méprisait
tout ce qui semblait faire de l'Académie un simple lieu d'accueil
pour des scientifiques de renom ; elle ne pouvait échapper
à cela, mais à ses yeux, elle devait être un outil
par lequel la science pouvait contribuer à améliorer le
niveau de vie de la nation.
Avec le décès du Dr John J. Carty, le 27 décembre
1932, l'industrie téléphonique perdait son plus grand
artisan et visionnaire,la confrérie des ingénieurs l'un
de ses membres les plus brillants, et la nation américaine un
patriote et un défenseur des plus dévoués.
Le service téléphonique étendu et hautement développé
des États-Unis est aujourd'hui en grande partie l'incarnation
de l'imagination et de la puissance créatrice de l'esprit de
Carty.
Les diplômes honorifiques suivants lui avaient été
décernés :
Docteur en ingénierie : Université de New York, Institut
de technologie Stevens.
Docteur en droit : Université McGill, Université
de Pennsylvanie.
Doctorat en sciences : Collège Bowdoin, Université
de Princeton, Collège Tufts, Université de Chicago, Université
Yale.
Pour son rôle actif dans laide apportée au Corps
des transmissions américain pendant la guerre, il a reçu
la Médaille du service distingué. Il a également
reçu la Médaille Edison de lAmericanInstitute of
Electrical Engineers ; la Médaille Franklin de lInstitut
Franklin ; la Médaille John Fritz ; et la Médaille
Edward Eongstreth.
sommaire
Le système de téléphotographie par téléphone
d'ATT (mai 1924)
En mai 1924, American Telephone and Telegraph (la future AT&T) annonce
un système de transmission de photographie par téléphone.
Le système fait l'objet d'une première démonstration
a lieu entre Cleveland le 19 mai, avec l'envoi de 15 photographies vers
New York (soit sur une distance d'environ 750 km), dont plusieurs du
Président Coolidge. Le système est annoncé comme
devant être opérationnel pour la Convention du Parti Républicain
qui se tiendra en juin à Cleveland. Le 14 juin quelques photographies
de participants à la Convention sont publiées par divers
quotidien. Dans le domaine de transmission des images, c'est la première
intervention publique de l'entreprise de télécommunications
qui, avec les Bell Telephone Laboratories créés le 1er
janvier 1925, va devenir un des acteurs majeurs du développement
de la télévision aux Etats-Unis.
En parallèle, l'American Telephone and Telegraph
assure la transmission des signaux radio, qui permet aux auditeurs d'une
vingtaine de stations régionales de suivre pour la première
fois en direct.les conventions des partis républicain et démocrate.
Le rôle du Général John G. Carty
dans le développement de la recherche en téléphotographie
Le premier succès public de Western Electric
dans le domaine de la transmission des images à distance sera
la démonstration du 19 mars 1924 de photographies du Président
Cooridge. La démonstration sera présentée comme
une réalisation d'American Telephone and Telegraph plutôt
que de sa filiale Western Electric. Suivront une démonstration
de couverture combinée photo et radio de la Convention du Parti
républicain (13 juin 1924) et des exépriences de transmission
de photographies en couleurs.
Comme le remarque l'article du New York Times paru au lendemain de la
démonstration du 19 mai 1924, l'invention de l'appareil de téléphotographie
était anonyme. La période romantique des inventeurs héroïques
dans leur solitude touchait à sa fin, même si elle devait
encore s'incarner pendant quelques années dans des figures telles
que celles de John Logie Baird ou Philo T. Farnsworth.
"The demonstration was anonymous, as far as the names of the
engineers and other employees of the telephone company were concerned.
It was said that so many engineers and scientists had cooperated in
developing the new process that it would be unfair to mention a few
names only and difficult to apportion the credit among those who played
a part ... It was not a case of one man coming forward with a great
discovery that cut the Gordian knot."
"La démonstration était anonyme, en ce qui concerne
les noms des ingénieurs et autres employés de la compagnie
de téléphone. On disait que tant d'ingénieurs et
de scientifiques avaient collaboré au développement du
nouveau procédé qu'il serait injuste de ne citer que quelques
noms et difficile d'en attribuer le mérite à ceux qui
y ont contribué
Il ne s'agissait pas d'un homme unique
ayant fait une grande découverte qui aurait tranché le
nud gordien."
Les opérations ont été dirigées
par le General John G. Carty, qui théorise la recherche collective
en laboratoire. John G. Carty s'est illustré comme inventeur
dans le domaine de la téléphonie dès les années
1880. Il était devenu Général en 1921 après
avoir servi l'armée américaine durant la Première
Guerre mondiale. Carty, était partisan des laboratoires de recherche
industrielle au sein des entreprises. Il en était fermement convaincu
de leur importance, puisque la recherche interne avait donné
à AT&T la technologie nécessaire pour atteindre son
objectif de connecter le pays. Carty a choisi comme sujet de son discours
présidentiel de l'AIEE, prononcé lors de la convention
annuelle de l'AIEE de 1916, « La relation entre la science et
la recherche industrielle ». Dans ce document, il exhorte toutes
les industries à adopter la pratique de la recherche industrielle
interne.
La création des Bell Telephone Laboratories ("Bell
Labs")
En 1919, le département d'ingénierie du département
de l'A.T.&T. était divisé en deux départements
le Département dExploitation et dIngénierie
et le Département de Développement et de Recherche. Fin
1924 les fonctions du département d'ingénierie de Western
Electric avait pris un tel volume qu'avec une partie du Département
des brevets, a été constituée sous le nom de Bell
Telephone Laboratories Une nouvelle consolidation a été
réalisée.
La défense continue de la recherche industrielle a conduit Carty,
en 1925, à séparer le laboratoire de recherche industrielle
du système Bell de Western Electric et à l'établir
en tant que filiale distincte d'AT&T, Bell Telephone Laboratories.
Les Bell Labs sont généralement considérés
comme le laboratoire de recherche industrielle le plus important du
XXe siècle. Carty a été président du conseil
d'administration des Bell Labs de 1925 jusqu'à sa retraite en
1930.
Le 1er janvier 1925, Bell Telephone Laboratories, Inc. a été
créée pour consolider les activités de développement
et de recherche dans le domaine de la communication et des sciences
connexes pour le système Bell. La propriété était
partagée à parts égales entre Western Electric
et AT&T. La nouvelle entreprise comptait 3600 ingénieurs,
scientifiques et personnel de soutien. Son espace de 400 000 pieds carrés
(37 000 m2) a été agrandi avec un nouveau bâtiment
occupant environ un quart d'un pâté de maisons.
Le premier président du conseil d'administration fut John J.
Carty, vice-président d'AT&T, et le premier président
fut Frank B. Jewett, également membre du conseil d'administration,
qui y resta jusqu'en 1940. Les opérations étaient dirigées
par E. B. Craft, vice-président exécutif et ancien ingénieur
en chef chez Western Electric, qui jouissait d'une aura importante dans
les milieux professionneles et la presse.
Harold D. Arnold, directeur de recherche des Bell Telephone
Laboratories, demanda à Herbert E. Ives d'élaborer un
programme de recherche sur la télévision. Cela devait
commencer par une entrée modeste sur les problèmes fondamentaux,
avec une possibilité d'extension à l'assemblage d'un système
expérimental.
Comme le note R.W. Burns, les montants alloués par les Bell Labs
pour la recherche en télévision, de 1925 à 1930
inclus ont représenté 308 100 $, un niveau de loin supérieur
à ce que pouvaient investir les chercheurs solitaires de l'époque
comme Baird, Jenkins, Belin, Mihaly ou Karolus.
Les recherches et démonstrations de télévision
(1925-1940)
Durant les premiers mois de travail, les recherches ont été
menées avec grande discrétion. Elles ont aboutit à
la mise au point de ce qui est généralement désigné
comme le "système Bell de télévision"
ou le "système Ives" et à la démonstration
du 7 avril 1927, considérée comme la première démonstration
de télévision aux Etats-Unis.
Ont par la suite suivi des démonstrations de télévision
avec image et son sur une seule fréquence (20 avril 1927), de
télévision en extérieur (12 jullet 1928), de télévision
en couleurs (27 juin 1929) et de télévision bi-directionnelle
(9 avril 1930)
Après 1930, les Laboratoires poursuivirent leurs travaux à
la télévision, mais sans obtenir de succès du type
de ceux que manifestèrent simultanément RCA aux États-Unis
et EMI au Royaume-Uni, malgré l'allocation de 592 400 $ au travail
de 1931 à 1935 (inclus). Par la suite, la recherche et le développement
en matière de télévision ont décliné
et ont cessé, vers 1940, de faire partie des intérêts
des Laboratoires. (Burns, 1997, p. 220).
A partir de 1933 et de la démonstration de l'iconoscope conçu
par Vladimir Zworykin au sein de R.C.A., les dirigeants des Bell Laboratories
ont réalisé que le modèle de la télévision
mécanique sur lesquels ils travaillaient depuis 1925 étaient
dépassés par la télévision électronique.
L'entreprise a néanmoins continué ses travaux sur la téléphotographie
et la télévision pour finalement réorienter ses
recherches vers la question de la capacité de transport des réseaux,
ce qui a conduit à l'invention du câble coaxial et des
réseaux microwaves...
sommaire
LISTE DES ÉCRITS ET ADRESSES PUBLIÉS DE JOHN J. CARTY
Entretien, « Le téléphone : un standard
amélioré introduit par la New England Co. »,
Boston Daily Advertiser, 22 février 1885.
« Le système multiple de standards », communication
présentée devant la National Telephone Exchange Association,
10 septembre 1885. Actes, National Telephone Exchange Association,
1885 ; Electrical World, 19 septembre 1885.
Éditorial, « Le danger du gaz dans les travaux souterrains »,
Electrical Review, N. Y., 9 février 1889.
Éditorial, « Sécurité contre les perturbations
des compas de navire. Leffet des appareils déclairage
électrique sur les compas de navire ». Electrical
Review, N. Y., 22 juin 1889.
Lettre au rédacteur en chef de l'Electrical Review, « Téléphonie
longue distance Voitures électriques ».
Electrical Review, N. Y., 31 août 1889.
Éditorial, « Le roi d'Espagne et l'Exposition universelle ».
Electrical Review, N. Y., 31 août 1889.
« La nouvelle ère de la téléphonie ».
Communication de J. J. Carty, A. S. Hibbard et F. A. Pickernell, présentée
devant la National Telephone Exchange Association, le 1er septembre
1889. Actes de la National Telephone Exchange Association, 1889 ;
Electrical World, 21 septembre 1889.
« Une nouvelle vision de l'induction téléphonique ».
Communication présentée devant l'Electric Club, N. Y.,
le 21 novembre 1889. Electrical Review, N. Y., le 31 novembre 1889.
30, 1889 ; Electrical World, 30 novembre 1889.
« Ingénierie du téléphone ».
Communication présentée devant la New York Electrical
Society, 15 mai 1890. Electrical Review, N. Y., 24 mai 1890.
« Bridging Bells ». Communication présentée
devant la National Telephone
Exchange Association, 10 septembre 1890. Actes, National Telephone
Exchange Association, 1890.
« Perturbations inductives dans les circuits téléphoniques ».
Communication présentée devant lAmerican Institute
of Electrical Engineers, 17 mars 1891. A.I.E.E.
Transactions. Vol.8, p.99.
« The Prophet's Column ». Articles parus anonymement
dans lElectrical Review, N. Y., du 4 avril au 21 novembre 1891.
Éditorial, « Progress in Telephony »
Article : « Déplacer un central téléphonique ».
Daprès une interview de J. J. Carty. Electrical Review,
N. Y., 4 juillet 1891.
« Les taches solaires et la météo ».
Article éditorial revu par J. J. Carty.
Electrical Review, N. Y., 4 juillet 1891. « Lélectricité
est-elle liée à la force nerveuse ?» Electrical
Review, N. Y., 20 février 1892.
Carty, John J. (1922): Ideals o f the Telephone Service,
A Tribute to Alexander Graham Bell Telephone Quarterly, vol. I, no.
3, October 1922
Carty, John J. (1926): The Semi-Centennial of Telephone Bell Telephone
Quarterly, vol V, no. 1, January, 1926.
Carty, John J. (1926b): Episodes in Early Telephone Histoty Bell Telephone
Quarterly, vol V, no. 2, April, 1926.
sommaire
Chez Carty, l'ingénieur évolua vers l'enseignant.
Sa branche de l'American Telephone and Telegraph
Company devint l'Université du Téléphone.
Étudiant par nature, il appréciait particulièrement
les écrits de Faraday, le précurseur, de Tyndall, l'exégète,
et de Spencer, le philosophe.
En 1890, il rassembla autour de lui un groupe restreint de diplômés
universitaires il en compte aujourd'hui soixante dans son équipe
afin de léguer au téléphone un corps d'ingénieurs
loyaux et efficaces.
Le problème auquel furent confrontés les
jeunes gens du téléphone, dès qu'ils eurent échappé
au vacarme des bruits mystérieux, fut la nécessité
de descendre les fils dans les rues et de les enterrer. Au début,
ils les avaient tendus sur des poteaux et des toits. Non pas par économie,
mais parce que c'était la seule solution possible, à l'époque
où l'on était encore enfant. Un fil téléphonique
exigeait une manipulation des plus délicates. L'enterrer revenait
à l'étouffer, à le rendre terne, voire totalement
inutile. Mais maintenant que le nombre de fils était passé
de centaines à des milliers, la méthode aérienne
était dépassée. ...
Pendant plusieurs années, les cerveaux des téléphonistes
se sont concentrés sur le problème : comment réduire
les dépenses en cuivre. Un dispositif étrange, qui semblerait
relever du simple fantasme d'un inventeur s'il n'avait pas déjà
permis aux compagnies de téléphone d'économiser
quatre millions de dollars ou plus, est connu sous le nom de «
circuit fantôme ». Il permet de transmettre trois
messages simultanément, là où seuls deux auparavant
circulaient. Une double voie permet de transporter trois trains de conversation
de front, un exploit rendu possible par la disposition capricieuse de
l'électricité, et totalement inconcevable dans le domaine
ferroviaire.
Cette invention, qui se rapproche le plus jusqu'à présent
de la téléphonie multiple, a été conçue
par Jacobs en Angleterre et Carty aux États-Unis.
En 1901, JJ Carty inventa la « sonnerie de pont », un moyen
de relier quatre maisons à un seul fil, avec un signal différent
pour chacune. Cette idée rendit possible la « ligne
partagée » et provoqua immédiatement un essor
de l'utilisation du téléphone par les agriculteurs entreprenants.
sommaire
Histoire du câble atlantique et des communications
sous-marines, du premier câble sous-marin de 1850 au réseau
mondial de fibre optique
1923 - Communications électriques par John
J. Carty, AT&T
Introduction : Au moment de ce discours de John J. Carty
à la Chambre de commerce des États-Unis, le 8 mai 1923,
les communications télégraphiques entre l'Amérique
et l'Europe fonctionnaient pratiquement sans interruption depuis près
de 57 ans. Carty décrit la mise en place d'un service radiotéléphonique
expérimental transatlantique, qui sera mis en service public
le 7 janvier 1927 (au prix de 75 dollars pour un appel de 3 minutes).
Ce service radiotéléphonique sera lui-même remplacé
en 1956, moins de 30 ans plus tard, par des câbles téléphoniques
sous-marins.
En 1962, Telstar fut le pionnier des communications
par satellite transatlantiques. En 1965, le premier satellite commercial
de COMSAT, Early Bird, fut lancé, fournissant 150 circuits téléphoniques.
On pensait que les satellites rendraient les câbles obsolètes,
mais le développement de la fibre optique et l'ouverture de TAT-8
outre-Atlantique en 1988 marquèrent le début d'une nouvelle
ère pour les câbles sous-marins, qui acheminent désormais
la grande majorité du trafic mondial. Les satellites sont principalement
utilisés pour la diffusion directe, les connexions vers les zones
reculées et comme solution de secours en cas de panne catastrophique
des câbles.
-- Bill Burns
Électrique
Communications
UNE ADRESSE
par John J. Carty
Vice-président, American Telephone
and Telegraph Company
ONZIÈME RÉUNION ANNUELLE
Chambre de commerce
des
États-Unis
|
AVANT-PROPOS
En présentant M. Carty à la réunion
du groupe du ministère des Transports et des Communications,
le président Gray a déclaré :
Messieurs, l'orateur suivant a une allocution à prononcer
sur le thème des communications électriques. Il s'agit
du général John J. Carty, vice-président de l'American
Telephone and Telegraph Company. Il est responsable des travaux de recherche
et développement du système Bell depuis vingt ans. Pendant
la guerre, outre l'organisation de quatorze bataillons du personnel
du système Bell destinés au Corps des transmissions, il
a servi dans l'état-major du chef des transmissions des forces
expéditionnaires américaines et a été en
grande partie responsable de la conception des circuits de communication
du Service de ravitaillement en France.
Pendant la guerre, il était chargé, au nom de l'armée,
de maintenir les communications transatlantiques entre les armées
américaines en France et le gouvernement de Washington. L'ennemi
menaçait de couper ces communications. Deux câbles furent
effectivement coupés par l'ennemi, mais à aucun moment
les communications électriques ne furent interrompues.
Après la signature de l'armistice, le général Carty
a été responsable des communications au sein du Comité
américain de négociation de la paix. Ancien président
de l'Institut américain des ingénieurs électriciens,
il est lié à de nombreuses sociétés scientifiques.
Il a présidé le Comité des communications de la
Chambre de commerce internationale pendant deux ans et est membre du
Comité des transports et des communications de la Chambre de
commerce des États-Unis.
__________________________________________________
Communications électriques
JOHN J. CARTY,
Vice-président, American Telephone and Telegraph Company, New
York.
Il y a un peu plus de deux ans, j'ai rédigé,
au nom du Comité de la Chambre internationale, un rapport sur
les communications électriques mondiales. Lorsqu'on m'a demandé
de prendre la parole lors de cette réunion, j'ai pensé
qu'il serait judicieux d'assumer aujourd'hui une fonction similaire
en tant que membre du Comité de cette Chambre. J'ai donc préparé
aujourd'hui une brève évaluation de la situation des communications
électriques, en particulier avec les pays extérieurs aux
États-Unis.
Le commerce dépendant de plus en plus d'un échange d'informations
rapide et fiable, il est naturel que les membres de cette Chambre s'intéressent
vivement à la question des communications électriques.
Une étude approfondie du développement des systèmes
de communication électrique et des progrès réalisés
dans les domaines de la radio et de la transmission par fil dépasserait
largement le temps imparti à cette discussion. Je me limiterai
donc à un bref exposé de certains facteurs marquants de
la situation.
La radiotélégraphie a désormais pris sa place aux
côtés du câble sous-marin comme moyen de communication
télégraphique transocéanique. Elle trouve son meilleur
champ d'application sur de vastes étendues d'eau comme les océans
Atlantique et Pacifique, où la seule communication filaire possible
passe par des câbles sous-marins, dont l'efficacité est
très faible, même la plus performante, comparée
à celle des câbles terrestres de même longueur. À
travers l'océan, les avantages relatifs du câble télégraphique
et de la radiotélégraphie sont difficiles à évaluer.
Chacun présente des avantages et des inconvénients, et
chacun transporte sa part du trafic télégraphique international
mondial. Si la radiotélégraphie ne fonctionne pas aussi
bien sur de vastes étendues terrestres que sur des étendues
d'eau correspondantes, le câble télégraphique terrestre
est bien plus efficace que le câble sous-marin sous-marin de même
longueur. Le câble sous-marin est constitué d'un seul conducteur,
tandis que le câble terrestre longue distance, bien que de 7,6
cm de diamètre ou moins, peut en contenir des centaines. Un tel
câble terrestre peut transporter des milliers de messages télégraphiques
simultanément, contre seulement deux messages simultanément
pour le long câble sous-marin en eaux profondes. C'est pourquoi
les extensions et améliorations du radiotélégraphe
transocéanique et du télégraphe sous-marin suscitent
actuellement un intérêt particulier.
La Radio Corporation of America possède aux États-Unis
cinq stations de radiotélégraphie de grande puissance
utilisées pour le service télégraphique transocéanique.
L'une d'elles est située sur la côte Pacifique, et les
quatre autres sur la côte atlantique. Une sixième station
de grande puissance se trouve dans les îles Hawaï. Grâce
à ces six stations, neuf canaux de communication sont utilisés
pour la transmission simultanée de messages.
Entre les stations de la côte atlantique, des messages sont échangés
avec des stations de forte puissance en Grande-Bretagne, en Norvège,
en Allemagne et en France. Deux stations de forte puissance ont été
construites aux Pays-Bas et en Italie. Des essais sont actuellement
en cours entre les États-Unis et ces stations, et une fois ces
essais terminés, un service direct devrait être établi
avec elles. En Pologne et en Suède, des stations de forte puissance
sont en cours de construction et, une fois terminées, un service
direct depuis les États-Unis sera également établi
avec ces stations. Une station est en cours de construction en Argentine,
et des communications directes entre les États-Unis et ce pays
devraient être établies en août de cette année.
Des engagements financiers ont été pris pour la construction
de stations radiotélégraphiques de forte puissance au
Brésil, qui devraient entrer en service d'ici un an, assurant
ainsi un service direct entre les États-Unis et le Brésil.
Depuis la station située sur la côte Pacifique, des messages
sont envoyés et reçus avec Hawaï, puis retransmis
par radio vers une station de forte puissance au Japon. Si les négociations
en cours aboutissent, une station de forte puissance sera construite
en Chine, capable de desservir directement Hawaï et les États-Unis.
La United Fruit Company, par l'intermédiaire de la Tropical Radio
Company, exploite aux États-Unis quatre stations de radiotélégraphie
capables d'établir des communications non seulement avec les
navires qu'elle dessert, mais aussi avec certains pays d'Amérique
centrale. En Amérique centrale même, la United Fruit Company
exploite des stations de radiotélégraphie au Honduras,
au Nicaragua, au Panama, au Costa Rica et en Colombie. Toutes ces stations
d'Amérique centrale sont actuellement équipées
des appareils de télégraphie sans fil les plus modernes
de l'époque. D'ici l'année prochaine, ces stations formeront
un système de communication complet et efficace, capable de maintenir
les communications avec les États-Unis d'une part, et les républiques
d'Amérique du Sud d'autre part.
En 1920, il n'existait aux États-Unis qu'une seule station de
radiotélégraphie commerciale transocéanique. Depuis,
non seulement la puissance et l'efficacité de cette station ont
été accrues, mais leur nombre a augmenté, faisant
des États-Unis le plus grand centre de communication radio au
monde, exploitant autant de stations commerciales de grande puissance
que tous les autres pays réunis. C'est un record de réussite
scientifique et d'entreprise dont tous les Américains ont des
raisons d'être fiers.
De grands progrès ont également été réalisés
en radiotéléphonie. En 1915, les ingénieurs de
l'American Telephone and Telegraph Company parvinrent à transmettre
de la parole par radiotéléphone d'Arlington, en Virginie,
à la Tour Eiffel à Paris, et la même année,
ils communiquèrent d'Arlington aux îles Hawaï. Bien
que la parole transmise fût limitée à de courtes
phrases, elle fut suffisante pour permettre aux scientifiques américains
d'établir le record de la première transmission téléphonique
sans fil à travers l'Atlantique, le continent et le Pacifique.
Les travaux ultérieurs dans cette direction furent fortement
interrompus par la guerre et les conditions d'après-guerre. Néanmoins,
les progrès furent si importants que, le 14 janvier de cette
année [1923] , la parole articulée fut pour la première
fois transmise de New York à Londres. L'appareil et le système
radio utilisés pour cette transmission New York-Londres furent
rendus possibles grâce à la coopération entre l'American
Telephone and Telegraph Company et la Radio Corporation of America.
Ils sont le fruit de recherches et d'expérimentations menées
dans les laboratoires de l'American Telephone and Telegraph Company,
de la Radio Corporation of America et de ses sociétés
associées. Ces expériences furent menées selon
un programme préétabli, suivi à la minute près.
Les conversations durèrent deux heures, et les voix de tous les
intervenants à New York furent clairement entendues à
Londres par pas moins de 60 observateurs. La parole était audible
dans toute la grande salle, les voix des orateurs étaient reconnues,
et tout ce qu'ils disaient était aussi clairement entendu que
vous m'entendez maintenant. Ces expériences ont été
réalisées de nuit, car la transmission diurne est très
imparfaite. Elles ont également été réalisées
en hiver, car en été, les perturbations statiques surchargent
les courants vocaux. D'autres expériences sont actuellement en
cours afin de déterminer combien d'heures par jour et à
quelles périodes de l'année il sera possible de parler.
Tant que ces expériences ne seront pas terminées, il sera
impossible de dire à quelle heure, dans quelle mesure, dans quelles
circonstances et à quel débit un service commercial pourra
être assuré. Lors de ces expériences, la parole
n'a été transmise que dans un seul sens, de New York à
Londres. Les appareils nécessaires à la transmission vers
les États-Unis ne sont pas encore disponibles en Europe.
De nos jours, le public s'intéresse beaucoup au radiotéléphone,
car il est utilisé pour la radiodiffusion, c'est-à-dire
la diffusion, depuis une station centrale, de discours, de disques,
de concerts, etc., destinés à être entendus par
un nombre incroyable de personnes qui s'équipent d'appareils
de réception radiotéléphonique adaptés à
ce type de service. Ces messages radio, comme tous les messages radio,
sont transmis par l'éther, comparable à une ligne partagée
universelle constituée d'un seul conducteur devant être
utilisé en commun par le monde entier. Bien que des méthodes
ingénieuses aient été mises au point pour augmenter
considérablement le nombre de messages radio simultanés
transmis par cette ligne partagée, l'éther ne peut, au
mieux, acheminer qu'une petite fraction du trafic téléphonique
total.
Outre cette limitation du nombre de conversations simultanées,
le radiotéléphone est particulièrement sujet aux
perturbations électriques atmosphériques, plus que le
télégraphe. Ces perturbations sont parfois violentes,
notamment lorsqu'une forte amplification est requise, comme dans la
radio transocéanique. Elles perturbent alors les conversations
pendant des heures, voire des jours. Elles sont plus fréquentes
en été qu'en hiver, et sous les tropiques qu'aux hautes
latitudes. Si nous ne parvenons pas à surmonter ce problème
redoutable que représentent les perturbations atmosphériques,
même cette utilisation relativement limitée du radiotéléphone
sera encore plus restreinte. Ce problème de perturbations atmosphériques
a déconcerté les scientifiques du monde entier, et certains
commencent à penser qu'il s'apparente à celui de la maîtrise
des conditions météorologiques.
Outre ces difficultés statiques, il existe le problème
des interférences provoqué par le nombre croissant de
stations émettrices, source d'une telle confusion dans l'espace,
problème déjà évoqué. Ce problème
retient l'attention de nombreux gouvernements du monde, et plus particulièrement
du nôtre. Il s'agit d'un problème de réglementation
nationale et internationale. Une déclaration publique du secrétaire
Hoover, faite après la nomination d'un comité d'experts
gouvernementaux chargé d'examiner l'ensemble du sujet, permet
de se faire une idée de la situation. Dans cette déclaration,
le secrétaire Hoover a déclaré :
Je pense qu'il sera admis d'emblée que l'utilisation du radiotéléphone
pour communiquer entre individus, comme c'est le cas avec le téléphone
ordinaire, est une idée parfaitement irréaliste. Évidemment,
si dix millions d'abonnés au téléphone réclament
leurs compagnons, ils ne parviendront jamais à se connecter ;
l'éther sera rempli d'un chaos frénétique, sans
aucune communication possible.
Ainsi, les caractéristiques des messages radio,
qui les font se propager sur de vastes zones et rendent au radiotéléphone
des services inestimables dans certains domaines, constituent l'un des
obstacles à son utilisation généralisée
comme substitut aux fils. Les scientifiques ont démontré
depuis longtemps que les fils ne sont rien de plus ni de moins que des
voies permettant de guider ou d'orienter les ondes électriques
dans l'éther entre des points désirés, aussi nombreux
et où qu'ils soient. Grâce à ces guides, des millions
de messages peuvent être transmis simultanément sans interférence.
On a souvent dit que si le cours du développement scientifique
avait été inversé, de sorte que la transmission
radio avait précédé la transmission par fil, la
découverte de l'utilisation de fils pour guider les ondes éthériques
serait considérée comme l'une des merveilles de la science.
Grâce à leur utilisation, les ondes éthériques,
autrement incontrôlées, suivent un chemin prédéterminé,
diffusant des centaines de milliers de messages dans les rues de nos
villes sans la moindre interférence, chaque message suivant son
parcours prévu, que ce soit à travers la structure complexe
d'un immeuble de bureaux de trente étages, ou à travers
les plaines, sous les rivières et les montagnes, voire jusqu'à
l'autre bout du continent, pour être reçu par celui, et
lui seul, à qui il est destiné.
Les caractéristiques naturelles de la transmission radio et de
la transmission par fil sont donc fondamentalement différentes.
Chacune, de par ses capacités uniques, assure un service pour
lequel l'autre est inadapté, et chacune se complète afin
de fournir toutes les installations nécessaires à l'extension
mondiale d'un système complet de communications électriques.
Pour les importants volumes de trafic terrestre, télégraphique
et téléphonique, qui doivent être traités
avec fiabilité et à moindre coût, l'utilisation
de fils est indispensable. Mais comme moyen de communication sur de
vastes étendues d'eau, avec des moyens de transport mobiles en
général, pour de nombreuses applications maritimes et
militaires, et pour la diffusion d'informations, et dans d'autres situations
où les fils ne sont pas disponibles, la radiotéléphonie
est capable de fournir des services d'une importance unique.
Si des progrès considérables et gratifiants ont été
réalisés et sont encore réalisés dans la
radio, des progrès tout aussi considérables et gratifiants
ont été réalisés et sont encore réalisés
dans la transmission de messages téléphoniques et télégraphiques
par fil. Le problème de la téléphonie sur de longues
distances grâce à des fils tendus sur des poteaux a longtemps
déconcerté les scientifiques, mais il est finalement devenu
possible de communiquer avec succès de New York à San
Francisco. Les récentes améliorations apportées
à la transmission par fil ouvert ont démontré que
si l'on trouvait le terrain pour installer les fils sur des poteaux,
il serait possible de communiquer de cette manière partout dans
le monde. Cependant, la communication par câble est bien plus
complexe que la communication par fils tendus sur des poteaux. La transmission
par câble se heurte à des obstacles scientifiques d'une
complexité et d'une difficulté incalculables.
Néanmoins, l'American Telephone and Telegraph Company a récemment
apporté des améliorations, grâce auxquelles elle
construit un câble reliant New York à Chicago. Ce câble
sera bientôt terminé entre New York et Cleveland, et une
fois arrivé à Chicago, il sera possible de communiquer
par son intermédiaire, comme on peut le faire d'un quartier à
l'autre de New York.
Depuis le lancement de ce projet de câble, de
nouvelles améliorations ont été apportées
à la transmission par câble, si bien que l'on connaît
désormais des méthodes permettant de communiquer par câble
de New York à San Francisco, avec des résultats aussi
bons que ceux obtenus d'un point à l'autre de New York. Un tel
câble permet également la transmission de messages télégraphiques.
Il peut contenir jusqu'à 300 paires de fils. Si ce câble
était exclusivement dédié aux circuits télégraphiques,
il pourrait traiter 15 000 messages simultanément. Pour la télégraphie
ou la téléphonie par câbles terrestres, les problèmes
électriques sont donc résolus. La communication par câbles
sous-marins en eaux profondes reste un problème complexe. Transmettre
des communications par câble à travers l'Atlantique présente
des difficultés pour lesquelles aucune solution n'est encore
en vue ; pour ce type de service, le radiotéléphone offre
donc la solution la plus immédiate.
La transmission de messages télégraphiques par câbles
sous-marins est un art bien établi, mais la transmission est
lente et présente des difficultés particulières
que l'on ne rencontre pas dans les transmissions terrestres. Néanmoins,
de nombreux progrès réalisés dans la transmission
téléphonique ont permis d'identifier des méthodes
permettant d'accroître considérablement la vitesse des
câbles télégraphiques océaniques. Dans les
laboratoires de l'American Telephone and Telegraph Company et de la
Western Electric Company, des expériences menées depuis
de nombreuses années sont prometteuses pour accroître considérablement
la vitesse des câbles océaniques. Des longueurs expérimentales
ont été réalisées et testées en bassin,
et les résultats obtenus ont été si satisfaisants
qu'il y a de bonnes raisons de croire que, grâce aux nouvelles
méthodes découvertes, la vitesse des câbles océaniques
fabriqués conformément à ces nouvelles découvertes
pourrait être multipliée par quatre à cinq par rapport
aux meilleurs câbles océaniques actuellement en service.
Ces expériences ont attiré l'attention
des fabricants et des entreprises de câbles du monde entier. La
Western Electric Company possède désormais une usine de
câbles terrestres à Chicago, capable de produire 60 millions
de mètres de fil par semaine, et construit actuellement à
Kearney, dans le New Jersey, une deuxième usine de ce type, d'une
capacité sensiblement identique. Cette nouvelle usine sera située
à marée haute et, si les circonstances le justifient,
y fabriquera des câbles océaniques pour les grands fonds,
permettant ainsi, pour la première fois aux États-Unis,
la fourniture de ces câbles aux entreprises américaines.
La Western Union Telegraph Company a commandé une section d'environ
210 kilomètres de ce nouveau type de câble, qui sera posée
et testée. De la réussite de cet essai dépendront
les nombreux projets de câbles envisagés par cette société.
Il en va de même pour d'autres entreprises qui attendent avec
le plus grand intérêt les résultats de cette grande
expérience.
L'un des projets immédiats envisagés par la Western Union
Company est un câble reliant directement les États-Unis
à l'Europe du Sud. Grâce à ses relations avec les
câblodistributeurs européens et sud-américains,
la Western Union dessert les principaux pays de l'hémisphère
occidental, d'Europe et d'Asie. Tant que cette expérience ne
sera pas achevée dans le courant de l'année, il ne sera
pas possible d'annoncer les nouveaux projets d'extension et d'amélioration
de son service de câblodistribution envisagés par la Western
Union Telegraph Company. En effet, ces projets dépendent en grande
partie de la qualité du câble, qui pourrait être
rendue possible par les progrès techniques.
M. Clarence H. Mackay, président de la Commercial Cable Company,
associée à la Postal Telegraph Company, m'a adressé
une déclaration concernant certains projets de cette société.
Le temps me permet de citer quelques extraits de cette communication
très intéressante. Il déclare :« J'ai le
grand plaisir d'annoncer à la Chambre de commerce des États-Unis
d'Amérique, par l'intermédiaire de votre comité,
que la Commercial Cable Company a signé un contrat et prévoit
de mettre en service, au plus tard le 1er août de cette année,
un nouveau câble dans l'océan Atlantique qui augmentera
considérablement les moyens de communication directe entre New
York et Londres.
Ce câble reliera New York, via la Nouvelle-Écosse, aux
Açores. Aux Açores, il sera relié à un câble
appartenant à cette société, déjà
posé, qui sera lui-même relié à un nouveau
câble qui sera posé cet été entre l'Irlande
et l'Angleterre. Un autre câble sera prochainement posé
entre les Açores et le continent européen.
Je suis heureux d'annoncer que le nouveau câble, actuellement
en construction, aura une capacité de transmission près
de deux fois supérieure à celle du câble le plus
rapide jamais posé dans l'Atlantique Nord. Ce nouveau câble
aura une capacité de transport et un service équivalents
à au moins deux des câbles sous-marins reliant actuellement
notre pays à l'Europe. Grâce à sa capacité
de transport considérablement accrue, notre nouveau câble
constituera non seulement une assurance contre toute interruption temporaire
d'autres câbles due à des causes naturelles ou accidentelles,
mais offrira également des installations nouvelles et considérablement
améliorées pour la gestion du trafic, installations qui,
à mon avis, sont nécessaires et le deviendront de plus
en plus.
Comme vous le savez sans doute, la Commercial Cable Company a conclu
il y a quelque temps un contrat avec la German Atlantic Cable Company
pour la pose d'un nouveau câble entre notre pays et l'Allemagne.
En raison de l'instabilité en Allemagne, ce projet a été
quelque peu retardé. Nous sommes convaincus que le projet sera
mené à bien dans un délai raisonnable.
Le développement du réseau de câbles dans le Pacifique
a été freiné par la perspective d'un nouveau câble
à fort potentiel de charge et par l'instabilité de la
situation en Chine. Parallèlement, le trafic dans le Pacifique
est assuré de manière satisfaisante.
Par ailleurs, la situation des communications internationales s'est
sensiblement améliorée depuis la fin de la guerre. La
fin des hostilités a laissé les réseaux de câbles
mondiaux dans un état de délabrement avancé. Des
années d'usure ont dû être réparées,
et les usines de câbles et les navires de pose et de réparation,
libérés de la pression des besoins de guerre, ont pu reprendre
leur activité normale, ce qui a permis de restaurer les réseaux
existants. La Commercial Cable Company avait, et a toujours, un vaste
programme en cours, mais celui-ci, comme d'autres programmes d'expansion
des câbles, a été quelque peu retardé par
l'annonce surprenante du développement d'un nouveau type de câble,
capable d'une capacité de charge plusieurs fois supérieure
à celle de l'ancien. La Commercial Cable Company, ne voyant aucune
perspective d'obtenir ce nouveau type de câble avant au moins
deux ans, a décidé de poursuivre son programme. Depuis
la fin de la guerre, cette entreprise a pu considérablement développer
ses connexions britanniques et françaises. Elle s'est implantée
en Hollande et en Belgique grâce à des câbles loués
aux gouvernements britannique, néerlandais et belge.
En conclusion, M. Mackay déclare qu'il souhaite
assurer ses collègues de la Chambre de commerce que sa société
ne ménagera aucun effort pour fournir aux intérêts
américains et au monde en général les meilleures
installations de communication électrique.
Des déclarations similaires ont été faites à
la Chambre par la All America Cable Company et par la Western Union
Telegraph Company, cette dernière entreprise entreprenant une
expérience aussi vaste et audacieuse avec le nouveau type de
câble.
All America Cables, Inc. a été le pionnier
du développement des communications par câbles sous-marins
entre les États-Unis, le Mexique et l'Amérique centrale
et du Sud. Depuis l'installation initiale de câbles entre Galveston,
au Texas, et le Mexique en 1882, sous le nom de Mexican Telegraph Company,
son système s'est développé jusqu'à assurer
aujourd'hui une communication directe avec le Mexique et toute l'Amérique
centrale et du Sud, à l'exception du Honduras, du Venezuela,
des Guyanes et du Paraguay. Les câbles relient New York à
Cuba, rayonnant de ce point jusqu'à Porto Rico, ainsi qu'au Panama
et à l'Amérique centrale et du Sud. Galveston et La Nouvelle-Orléans
servent également de points d'entrée et de sortie pour
les communications des organisations commerciales américaines
ayant des intérêts au Mexique.
En 1920, la compagnie étendit ses lignes de l'Argentine à
l'Uruguay et au Brésil. Cela étendit considérablement
les possibilités de communication avec ces pays importants et
permit de réaliser de nombreuses économies ainsi que des
conditions tarifaires et de service plus avantageuses.
Au cours des deux dernières années, les lignes de la compagnie
ont été étendues à Santiago de Cuba, Ponce
et San Juan, Porto Rico ; Port Limon et San José, Costa Rica
; Tampico, Mexique ; Trujillo, Pérou et Sao Paulo, Brésil.
La nécessité d'une ligne de communication directe depuis
La Nouvelle-Orléans était depuis longtemps reconnue et,
en 1922, cette ville fut ajoutée à la liste des terminus
de cette compagnie. Le kilométrage total de cette compagnie s'élève
désormais à 21 730 milles nautiques.
En 1922, la compagnie signa un accord avec les sociétés
Mackay, aux termes duquel les points desservis par le système
Mackay furent mis en contact direct avec le réseau de câbles
All America et vice-versa. Cet accord s'avéra très bénéfique
pour le public. La compagnie envisage de nombreuses extensions, conformément
à sa politique d'expansion et d'amélioration des installations,
qui devraient considérablement amplifier le réseau de
communications entre les États-Unis et les républiques
d'Amérique latine, ainsi qu'améliorer les intercommunications
entre les points d'Amérique latine. Ces améliorations
dépendent dans une certaine mesure de l'amélioration de
la construction des câbles et de l'amélioration du trafic
et des relations gouvernementales dans tous les pays étrangers
où ils sont implantés.
Ceci, messieurs, est une évaluation très
brève de la situation, et je peux vous dire qu'ayant été
dans le secteur des communications pendant plus de quarante ans, il
n'y a jamais eu de période où l'art des communications
électriques a progressé plus rapidement, jamais de période
où les organisations responsables de ces communications ont été
plus entreprenantes, plus capables, plus intelligentes et plus performantes
dans l'extension des communications à travers le monde.
Ceux d'entre nous qui se souviennent des conditions déplorables
des communications électriques entre les États-Unis et
le reste du monde, avant et pendant la guerre, doivent éprouver
une profonde satisfaction à l'idée que l'Amérique
ait réalisé des progrès aussi rapides en si peu
de temps. On a dit que nous vivons l'âge d'or des communications
électriques, et je pense que c'est vrai. Je pense que nous pouvons
aller plus loin et affirmer que cet âge d'or ne fait que commencer.
Mais les progrès de ce pays ont été si rapides
qu'au cours des dernières années, l'Amérique a
pris la tête de l'art, de la pratique et de l'administration des
communications électriques. Cela devrait être et reste
une source de fierté et de satisfaction pour moi, ingénieur
en communications, et je sais que ce sera une source de fierté
et de satisfaction pour tous les membres de la Chambre et tous nos concitoyens.
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