Le problème du standard manuel

Est présenté dans cette page cinq études faites sur le fonctionnement et l'évolution du central manuel

I - Evolution des centraux à batterie centrale

II - 1905 Le Service des Téléphones SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR

III - Un article de MILTON MUELLER en 1973

IV - Exemple d'évolutions des standards, le brevet Kellog

V - LE COMMUTATEUR TÉLÉPHONIQUE MULTIPLE W. OESTERREICH

sommaire

I - Evolution des centraux à batterie locale vers la batterie centrale

Dans la rubrique "Du central manuel à l'automatique" nous avons vu comment les centraux manuels ont évolués pour répondre à la croissance, mais on n'a pas expliqué comment s'est concrétement déroulée la difficile conception des centres manuels allant du simple tableau de quelquess abonnés aux grands centres multiple entre 1877 et 1897.

D'une manière pratique, les problèmes de transmission filaire et de commutation garantissaient que le « système » téléphonique restait fonctionnellement à peine plus qu'un groupe vague de centraux téléphoniques locaux. L'avancée la plus significative vers ce qui pourrait être considéré comme se rapprochant du « système d'intercommunication » décrit par Bell fut l'introduction de tableaux de distribution de batteries communs à la fin des années 1890.
Le concept du standard de batterie commun a été introduit par Hammond V. Hayes, ingénieur en chef du département mécanique d'American Bell Telephone, lors de la quatrième réunion du comité du standard en 1892, où il a rencontré extrêmement peu d'enthousiasme et une certaine opposition. Il a fallu plus de cinq ans de persévérance à Hayes avant que les premiers essais de cartes de batterie communes ne soient lancés. Contrairement à l'arrangement antérieur dans lequel chaque instrument téléphonique était équipé de sa propre batterie et de son propre signal d'appel à magnéto, les tableaux de distribution à batterie courants utilisaient une source d'alimentation centrale située dans le central téléphonique pour fournir le courant électrique nécessaire au téléphone de l'abonné et pour faire fonctionner tous les appareils téléphoniques. et des signaux.
Mueller soutient que, plus que toute autre avancée technique, le standard à batterie commun « a intégré le réseau fragmenté de Bell en un système intégré, absorbant et résolvant simultanément les problèmes de signalisation, de transmission, de maintenance et de relation locale-interurbaine ».
Quelques années après, on remédie aux inconvénients des signaux à relèvement placés à la partie supérieure du meuble, en les remplaçant par les lampes minuscules associées aux jacks locaux. Ceci permit de réduire en un faible espace la surface occupée par ces jacks et ces lampes, à la partie inférieure du meuble, bien à portée de la main de l'opératrice. De ce fait, le service était très notablement amélioré et facilité, ce qui permettait à l'opératrice d'établir environ 150 commutations à l'heure.
— Vers 1896, apparurent les premiers multiples à batterie centrale. J'insiste tout particulièrement sur l'immense progrès que représente l'application du système dit à batterie centrale, car, c'est grâce à lui que les autocommutateurs, déjà inventés depuis 1887, purent ensuite atteindre leur degré de développement et de perfection actuels. La batterie centrale concentre, en un point unique, la source d'énergie électrique destinée à remplacer la totalité des piles primaires qui jadis étaient éparpillées chez tous les abonnés du réseau. Ceci représente également une grande économie d'entretien, une plus grande sécurité de fonctionnement et une meilleure distribution de l'énergie électrique pour l'ensemble de tous les abonnés. Cela permet également de simplifier les installations des postes et des tableaux chez les abonnés, à cause de la suppression de toutes les piles microphoniques, dé la suppression de toutes les magnétos d'appel et enfin de la réduction à deux fils de tous les circuits de connexion chez' les abonnés. Il y a, en même temps, grâce à la batterie centrale, une simplification énorme dans les manoeuvres imposées aux abonnés, car ceux-ci, pour appeler, n'auront plus qu'à décrocher leur récepteuret pour donner le signal de fin, n'auront plus qu'à le raccrocher.
En effet, la remise au crochet du récepteur donne automatiquement ce signal de fin au bureau central, grâce au fonctionnement du signal de supervision réservé à chacun des 2 deux abonnés. Vous savez, en effet, qu'au bureau central la communication est établie par une paire de cordons, or, chacun des abonnés est représenté dans le cordon qui lui correspond par une lampe de supervision qui ne s'éteint que lorsque l'abonné a son récepteur décroché, c'est-à-dire pendant toute la durée de la conversation. Donc, à la fin de la conversation, Lorsque l'abonné raccroche son récepteur, la lampe de supervision, qui le représente, s'alllume. Lorsque les deux lampes de supervision sont simultanément allumées, il en résulte un signal de fin de communication tellement précis que la téléphoniste n'a nul besoin de rentrer sur la ligne pour s'assurer que les abonnés ont bien terminé leur conversation. Il en résulte, pour la téléphoniste, une très grande sécurité dans ses manoeuvres et un gain de temps énorme, ce qui lui permet d'établir : environ 200 communications à l'heure. Au moyen du signal de supervision, un des deux abonnés peut appeler l'attention de la téléphoniste et lui donner l'ordre de rentrer en écoute sur la ligne, en faisant produire par cette lampe des éclats lumineux, éclats qui résultent du fait que l'abonné soulève et rabaisse, dans un mouvement lent, le crochet de son récepteur.
L'ensemble des progrès réalisés par la batterie centrale permit d'améliorer considérablement le service téléphonique.
— Mais le progrès ne s'arrêta pas là, c'est à partir de ce moment que se fait sentir l'évolution vers l'automatisme, et quoique la batterie centrale fût déjà très automatique en certaines de ses opérations, elle se transforma néanmoins en un commutateur perfectionné, par l'adoption des relais dont le fonctionnement permet de supprimer les clés d'appel et les clés d'écouté. Ceci réduit les manoeuvres de l'opératrice au simple geste de l'enfoncement de la fiche de réponse dans le jack local associé à la lampe d'appel et d'introduire ensuite la fiche d'appel dans le jack général de l'abonné demandé. Lorsque les deux lampes de supervision s'allument, l'opératrice retire les deux fiches, ce qui remet aussitôt tous les organes au repos, prêts à être réutilisés pour une nouvelle communication.

En France en 1938, 55 % des lignes principales sont encore desservies par des centraux manuels.

Photos souvenir du personnel de la Brigade B
du nouveau centre de Gutemberg dans les années 1930

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- Quand les deux abonnés relèvent du même bureau central, et qu’il est équipé en tableaux « multiples », une opératrice suffit à établir la communication .
- Pour un abonné raccordé sur un Central Manuel, lorsque l’abonné demandé est raccordé sur un autre abonné manuel, la procédure demeure inchangée : l’Opératrice de Départ (Opératrice A) du Central Manuel prend l’appel, note le numéro demandé et procède à l’acheminement via le processus manuel traditionnel, en appelant en utilisant un Cordon-Dicorde une Opératrice d'arrivée (Opératrice B) du Central Manuel d'Arrivée demandé, puis, enfin, il revient à l’Opératrice d’Arrivée (Opératrice B) du Centre Manuel demandé d’établir la communication entre le demandeur et le demandé à l’aide de ses Cordons-Dicordes. Il faut donc dans ce cas mobiliser 2 opératrices pour établir une communication entrante dans le sens Manuel vers Manuel, de manière conforme à la procédure en Manuel.
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sommaire

II - 1905 Le Service des Téléphones SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR
Nous sommes en 1905 et nous allons essayer de décrire en un langage familier les traits généraux du système téléphonique d'une ville moderne,
Texte issu du bulletin de l''Association Des Abonnés Au Téléphone"

L'éveil d'un art nouveau,
Il existe aujourd'hui dans nos villes des systèmes téléphoniques desservant depuis quelques milliers jusqu'à 200.000 téléphones,
N'importe quel appareil de ces systèmes peut être mis en communication quelques secondes après que la demande en a été faite, Aujourd'hui, tout le monde se sert du téléphone, et il nous semble tout simple de causer familièrement à des distances de plus de 600 lieues,
L'invention du téléphone a rendu possible ce qui, auparavant, était impossible, c'est à dire l'échange de conversation à distance, et une nouvelle industrie fut ainsi fondée,
Dès l'instant où le téléphone fu tinventé et devint un appareil dont on pouvait se servir, il fut possible à deux personnes de communiquer entre elles des deux côtés opposés d'une ville, ou même des deux côtés opposés d'un pays, Mais de ce fait prodigieux à l'établissement d'appareils capables de permettre à n'importe quels postes téléphoniques pris parmi des centaines de mille autres, répandus sur une superficie de milliers de kilomètres carrés, de correspondre et à toute heure du jour et de là nuit, il y avait loin, En réalisant ce progrès, ou plutôt cette série de progrès, car bien que la téléphonie ait avancé à pas de géants, elle a eu à subir beaucoup d'épreuves et d'insuccès, il y avait là l'évolution d'un art industriel nouveau; la création d'une nouvelle industrie qui promettait d'atteindre de plus vastes proportions que n'importe quelle autre branche de l'électricité pratique, excepté peu-têtre celle des tractions électriques, Le Téléphone Bell, l'appareil que nous désignons actuellement sous le nom de « récepteur », est le plus sensible des instruments électriques que connaisse la science, Il répond au moindre des courants électriques, La force du courant passant à travers une lampe incandescente ordinaire, donnerait, si elle était subdivisée, un son que l'on pourrait parfaitement entendre dans tous les téléphones du amonde entier, Cette extrême sensibilité du téléphoneest à la fois un, avantage et un désavantage, Un avantage , parce que le téléphone transmet fidèlement les très faibles courants établis par les vibrations , des voix et un désavantage, parce qu'il transmet également les courants étrangers qui peuvent influencer les lignes téléphoniques « par induction ou par infiltration»,
Comme transmetteur, le téléphone Bell n'a qu'une étendue très limitée, étant seulement sensible à la voix humaine, Ceci fut cause, lors de la première apparition du téléphone, que beaucoup de personnes prophétisèrent que cet appareil ne pourrait jamais avoir une sérieuse application commerciale comme on ne pouvait s'en servir qu'à de petites distances, Les inventeurs virent tout de suile que pour étendre les limites du téléphone, il fallait trouver un transmetteur qui utiliserait une source d'énergie extérieure, et Edison inventa le système à pile électrique,
Ceci permit la conversation par téléphone sur n'importe quelle distance, et, de ce fait, porta les limites de la téléphonie de quelques kilomètres à des centaines de kilomètres,
Sans entrer dans des détails techniques, il peut-être dit, que dans le téléphone, le courant transmetteur est fourni par une batterie électrique et que les vibrations de la voix exercent sur ce courant une action qui fait que dès qu'une personne parle dans le transmetteur le courant qui entre dans le fil se transforme en une série d'ondes électriques qui reproduisent fidèlement les vibrations de la voix,
Le Rev. M. Hunning un clergyman anglais, amena au plus haut point l'amélioration du système par sa découverte que du graphite granulé rendait la transmission beaucoup plus sensible que les charbons précédemment employés, Cette découverte, la seule amélioration radicale que l'ingéniosité anglaise ait ajoutée à la téléphonie (à moins de classer le professeur, Bell lui même comme de nationalité, anglaise), est pour ainsi dire la base actuelle de tous les transmetteurs téléphoniques servant universellement aujourd'hui, La petite embouchure circulaire en aluminium dans laquelle cause l'abonné téléphonique anglais, contient le graphite granulé inventé par M, Hunning,
Dès qu'il fut prouvé que le téléphone transmettait la parole, l'idée de « centres d'échange» se présenta, Il existait déjà des établissements où se centralisait un nombre quelconque de fils, servant à assurer la rapidité des messages et, a, donner l'alarme en cas de vol; il existait même un centre télégraphique à Newcasile, où les fils des abonnés pouvaient, sur leur demande, être mis directement en communication entre eux,
Par conséquent, les centres ou postes téléphoniques existaient à l'état d'embryon, même avant l'invention des téléphones,
Le premier réseau téléphonique sérieux fut créé à Boston en mai 1877, il y a exactement vingt sept an. Les fils d'un système d'alarme contre le vol servirent, et comme le commutateur téléphonique n'était pas encore inventé, ce fut l'opérateur lui même qui fit l'office de récepteur— qui devint, pour ainsi dire, une machine vivante à répéter — la communication était faite à l'opérateur et répétée par lui (car la demoiselle du téléphone n'avait pus encore paru sur la scène) à l'abonné à qui elle était adressée,
L'idée des réseaux téléphoniques se propagea rapidement, et des réseaux s'établirent promptement dans le monde entier, Les demandes pour l'établissement du nouveau service affluèrent et excédèrent si promplement, vu le peu de facilités dont on disposait pour l'établir, les offres qui avaient été faites, qu'une foule d'esprits entreprenants inventèrent immédiatementdes méthodes et des appareils pour activer le rétablissement du nouveau système, Ces méthodes et ces appareils furent, à l'origine, très primitifs, comme non seulement les problèmes à résoudre étaient entièrement nouveaux, mais aussi que les hommes qui prenaient à tâche de les résoudre étaient forcés de faire un long apprentissage partant tout à fait du commencement, aucune expérience antérieure ne pouvant leur servir de guide, Aucun des appareils dont se servait la télégraphie (qui était alors la seule industrie électrique bien établie), ne pouvait servir à la téléphonie, car les résultats qu'on, attendait du téléphone différaient essentiellement de ceux que donnait le télégraphe,
Tous les appareils pour le service téléphonique durent être créés, Les fils télégraphiques, eux mêmes, furent bientôt reconnus impropres au service des téléphones, En télégraphie, on ne se sert que d'un fil, le circuit étant établi par la terre, En téléphonie, un fil unique relié à la terre provoque des courants étrangers, ce qui cause de tels bruits dans les appareils que, fréquemment, toute conversation devient impossible, Le seul moyen d'obtenir ce qu'un téléphoniste appelle » un fil silencieux » est d'éviter tout rapprochement avec la terre, en se servant de deux fils; cet avantage est connu sous le nom de « circuit métallique », Le téléphone est si sensible, que l'usage même de deux fils par ligne n'est pas toujours suffisant pour empêcher toute confusion, Sur de longues lignes, les deux fils doivent être mis en relation d'une façon toute spéciale, de manière à neutraliser les effets d'induction qui se produisent, d'un circuit à un autre,
Dans les câbles téléphoniques, où chaque fil est séparément isolé dans une enveloppe de papier, les deux fils conducteurs de la même paire sont tordus ensemble, Dans les lignes aériennes, les deux fils d'un circuit sont tressés sur eux mêmes, chaque fil étant conduit à un isolateur différent à chaque pôle successif, ou encore, ces fils sont branchés à des intervalles définis,
Dans la construction des réseaux téléphoniques, le problème difficile que les pionniers durent résoudre fut celu ici : Concentrer sur un point des centaines (qui devaient bientôt devenir des milliers) de fils partant tous d'un téléphone quelconque; donner à chacun de ces téléphones les moyens d'appeler l'attention du réseau central; donner à ce réseau central la possibilité de percevoir les signaux téléphoniques; faire communiquer sur demande deux de ces appareils entre eux; et, enfin, de pouvoir appeler les abonnés au téléphone,
Bien des méthodes différentes furent proposées pour mener à bien ces diverses opérations, quelques unes étaient pratiques, d'autres ne l'étaient relativement pas, Il fallut une vingtaine d'années d'inventions et d'expériences continuelles pour arriver à un systèmer emplissant, d'une manière simple et rapide, toutes les conditions voulues et sur lequel on puisse compter pour pouvoir satisfaire le nombre énorme d'abonnés groupés actuellement dans les grands réseaux téléphoniques de nos villes,
Il y a, en Angleterre, une phrase d'argot bien expressive et qui peut s'appliquer aux tant nombreuses expériences par lesquelles on a été obligé de passer, c'est « faire des essais sur le chien »,
Dans les premiers jours de l'existence des réseaux léléphoniques, toutes les nouvelles méthodes furentforcément « essayées sur te chien »,
Dans ce cas, « le chien » était le public se servant du téléphone, et ennuyé par les défauts et l'insuffisance des appareils léléphoniques, « le chien » était fréquemment de mauvaise humeur, Il faut avouer que celle mauvaise humeur était amplement, justifiée, car, comme dans le nouveau système on était obligé de procéder par déduction, les mauvais résultas étaient presque aussi fréquents que les bons,
La récapitulation de la courte histoire du téléphone prouve que, lors de ses débuts, le public fut vraiment trop exigeant, et voulut imposer l'obligation d'un service perfectionné à une industrie qui avait encore tous ses problèmes à résoudre,
Il est possible que cela peut paraître un peu excessif, mais la cause réelle de l'impatience que le public manifeste souvent, même encore actuellement, dans ses rapports avec le service téléphonique, est celle que nous avons déjà eu l'occasion de signaler, à savoir : que le public se servant lui même directement de l'appareil, en ressent toutes les défectuosités, même les plus insignifiantes, d'une façon forcée,
Le résultat de vingt cinq ans de recherches patientes et de brillantes inventions est que : actuellement, le service téléphoniquea atteint un degré de perfection pratique permettant de desservir dans la même ville plusieurs centaines de milliers de téléphones et de faire communiquer, sur demande, deux de ces téléphones, dans l'espace d'environ 25 secondes, (Malheureusement, pas en France!)
Le service se fait presque automatiquement, laissant ainsi un minimum d'action à la personne se servant de l'appareil : enlever le récepteur du crochet provoque automatiquement un appel au réseau central, et remettre le récepteur donne le signal de la fin de la conversation C'est ce qu'on a appelé le système téléphonique à batterie centrale. Dans les centres des réseaux téléphoniques, on trouve à chaque pas des inventions automatiques qui simplifient le travail de l'opérateur, donnant une célérité extrême aux communications, tout en leur assurant une exactitude beaucoup plus grande qu'auparavant, On place maintenant les lignes des abonnés des grandes villes presque entièrement sous terre ou dans des câbles protégés,
Cette disposition des fils et les grandes améliorations qui ont été faites dans les instruments et les appareils des réseaux téléphoniques assurent normalemen tle service contre toute interruption, à moins d'événements tout à fait extraordinaires,
En conséquence, le téléphone est, devenu aujourd'hui un service remplissant, tous les desiderata du public, permanent, rapide, exact, digne enfin d'inspirer confiance (toujours, maheureusement,pas en France), Enfin, l'étendue des lignes léléphoniques va toujours en s'augmenlant, Il y a quinze uns, des lignes téléphoniques de plus de 200 à 300 milles étaient rares (320 à 480 kilomètres), En 1892, la ligne entre NewYork et Chicago, longue de près de 1,000 milles (1,600 kilomètres) fut inaugurée, Aujourd'hui, la limite actuelle des communications téléphoniques est d'environ 2.000 milles (3,200 kilomètres), L'année prochaine, elle sera probablement de 3,000 milles (4,800 kilomètres),
Actuellement, le nombre total des téléphones servant dans le monde entier est de plus de 3,000,000,
Le total des capitaux placés dans les systèmes téléphoniques est de plus de cent millions de livressterling (2,500,000,000 francs),
Quant au total des appels téléphoniques faits journellement, il atteint des chiffres fantastiques,
Tels sont les résultats de vingt cinq ans d'une nouvelle industrie !

Efficacité et Développement
La valeur du service téléphonique se trouve dans les facilités uniques qu'il réalise, En, fait de moyens de communications, le téléphone prime tous les autres systèmes, Dans les plus grands réseaux téléphoniques de nos villes, il ne faut que quelques secondes pour relier n'importe quelles deux lignes et, les deux correspondants peuvent instantanément communiquer ensemble de façon directe et personnelle, L'opération entière ne prend que deux ou trois minutes, mais ce laps de temps suffit à la transaction d'affaires qui nécessiteraient plusieurs heures par télégraphe ou messager et une journée par lettre,
Le fait essentiel qui caractérise les opérations téléphoniques, est la vitesse pour ainsi dire instantanée des communications et le caractère complet qu'elles revêtent, questions et réponses se suivant directement durant la, même opération, Le service téléphonique abrège le temps et la distance et rend ainsi possibles bien des choses qui étaient impossibles avant son établissement, Grâce au téléphone, les affaires se font plus rapidement et avec des méthodes nouvelles, donnant énormément d'essor et d'efficacité à toutes les organisations commerciales; il a aussi rendu possibles bien des entreprises industrielles et commerciales qui ne pouvaient pas exister sans le téléphone, qui ne permet pas de temps perdu, Pour toutes affaires sociales et domestiques, le téléphone est, aussi indispensable qu'en affaires commerciales et pour les mêmes raisons, la rapidité qu'assure la communication téléphonique et son caractère personnel,
Pour qu'une communauté réalise toute la valeur d'un service téléphonique, il faut que celui ci remplisse deux conditions d'importance capitale : un grand développement et une réelle efficacité, Pour que tous nous nous servions du téléphone comme d'une chose ordinaire, il faut que son service soit absolument sûr et efficace, Il faut que l'abonné qui s'approche de son appareil soit assuré d'une prompte réponse à son appel et d'une communication pour ainsi dire instantanée avec le numéro téléphonique qu'il demande,
Le service doit être ininterrompu, dans ce sens que foule interruption provenant de défectuosités électriques ou mécaniques doit devenir extrêmement rare; car c'est un ennui véritable pour tout abonné pouvant avoir besoin de son appareil à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, de constater que pour une cause quelconque à lui inconnue, sa communication est interrompue,
Actuellement, dans les plus grandes villes, les progrès et les améliorations des méthodes de construction et des appareils téléphoniques permettent d'assurer aux abonnés un service téléphonique remplissant toules les conditions que nous venons d'énumérer, c'est à dire un service rapide, exact, sur lequel on peut compter et d'un caractère si stable que la ligne de n'importe quel abonné n'est guère interrompue, même une fois, dans le laps de temps représentant la durée ordinaire d'une vie humaine (L'auteur parlant, bien entendu, des grandes villes d'Angleterre et d'Amérique, quant à la France, dans l'état actuel de son système il ne peut en être question. ), C'est un service comme celuici que le public de toules les grandes villes exige et, ce ne sera que quand ce service sera assuré à toutes les villes d'Europe que le grand publie reconnaîtra le service téléphonique comme faisant partie intégrale et indispensable de tous les établissements commerciauxet industriels aussi bien que de tout foyer domestique,
Aux EtatsUnis, le service téléphonique est considéré comme absolument, indispensable et son développement dans toutes les cités américaines prend de jour en jour une extension prodigieuse,
Le développement considérable du service téléphonique étant la conséquence des perfectionnements apportés, en tant que rapidité et exactitude, aux appareils, il y a donc beaucoup de probabilités pour que tout le monde, à un moment donné, se serve du téléphone, Etant donné le plus grand nombre possible d'abonnés au service téléphonique, la chance que justement la personne avec laquelle on désire s'entretenir soit de ces abonnés devient naturellement plusgrande aussi, Un de mes amis soutient quelquefois qu'un développement considérable du service téléphonique, n'est, d'aucune utilité, un homme, enmoyenne, n'ayant des relations sociales ou d'affairesqu'avec environ cinquante personneset, qu'un, réseau téléphonique comptant seulement cinquante abonnés (pourvu que ce soient les cinquante avec lesquels il est en relations) serait tout à fait suffisant, Ce paradoxal argument négligeant deux points très importants : 1° Que plus le réseau téléphonique a, d'étendue, plus il est probable que les cinquante connaissances de mon ami y seront abonnées; 2° Qu'il est, peu probable que chacune de ces cinquante connaissances ne désire communiquer uniquement qu'avec les membres constituantce groupede chiquante, Il est presque certain que c'est le contraire qui se produira : chacune des cinquante connaissances ayant probablement, cinquante autres connaissances qui, elles aussi, possèdent chacune à leur tour un cercle de connaissances et que chaque membre de ces groupes a son cercle personnel et ainsi de suite, adinfinilum,
La plus légère attention montre combien l'argument du groupe de cinquante est illusoire et démontre que plus le cercle d'abonnés sera élendu, plus il donnera au service téléphonique son plus grand caractère d'utilité, Ce dont on a réellement besoin c'est de pouvoir, de chez soi ou de son bureau, communiquer instantanêment avec n'importe quelle personne dès que la nécessité s'en fait sentir,
Dans une ville où le réseau téléphonique est très développé, c'est à l'appareil téléphonique qu'on ar ecours instinctivement quand une circonstance imprévue se présente : que ce soit pour discuter une affaire importante, pour commander une nécessité quelconque, ou pour traiter une question sociale ou familiale avec un parent ou un ami, la somme totale de temps gagné, de voyages devenus inutiles, de méprises et de déceptions qu'on a ainsi évitées, es ténorme, Mais, pour profiter de ces avantages et de bien d'autres encore, également importants, mais trop longs à énumérer, il est nécessaire que toutes les personnes avec lesquelles on se trouve en relations sociales ou d'affaires soient des abonnés au téléphone,
Ceci s'applique non seulement aux relations d'affaires immédiates ou aux, amis intimes, mais à l'agglomération entière de parents, connaissances et fournisseurs; car, le point essentiel est que le service téléphonique fait communiquer, non seulement ceux qui ont d'habituels rapports ensemble, mais aussi n'importe quel membre de la communauté avec qui et à n'importequelle minute on désire avoir une communication, De là l'importance d'un développement considérable du service, Je pressens, avec confiance, le jour où l'appareil téléphonique fera partie de l'aménagement de tout bureau ou magasin et même de toute maison ayant les plus modestes prétentions aux commodités et au confort modernes, au même titre que les dispositions nécessaires pour avoir l'air, la chaleur et l'eau, Dans certaines cités, le service téléphonique atteint presque ce summum de popularité et devient une nécessité reconnue générale, En Angleterre, il est encore loin d'avoir réalisé ce degré de popularité,

Actuellement, nous nous en tiendrons aux arguments qui préconisent le grand développement du service téléphonique, de façon à prouver que c'est ce développement même du service qui rendra d'immenses services à la, communauté en général et à chaque individu en particulier, et nous passerons en revue les moyens nécessaires à la réalisation de ce développement,
L'idée populaire est que la question téléphoniquen est qu'une question de prix; que si le tarif de l'abonnement est assez abordable, tout le monde sera abonné, étant, donné que l'utilité du téléphone est généralement admise, Cette question étant assez compliquée, c'est vraiment l'envisager de façon trop restreinte, à moins de plaider que le service téléphonique étant de nécessité universelle, doit être fourni à tous et à chacun à un prix purement nominal et sans avoir égard au prix de production,
Mais la question du prix de l'abonnement ne peut être séparée de celle du prix de revient, qui varie, non seulement dans différents pays, mais dans différents endroits du même pays; il varie suivant la qualité du service, et conformément aux demandes individuelles de chaque abonné,
Nous nous occuperons des tarifs téléphoniques et des considérations qui les régissent dans un chapitre suivant,
Mais nous pouvons dire ici que la, question de l'excellence du service est bien plus importante que la question du prix de ce même service,
Un service téléphonique vraiment excellent, rapide, exact, efficace, sur lequel on peut compter, deviendra, de nécessité, plus populaire, même avec un tarif relativement élevé, qu'un service mal fait et ennuyeux à un prix beaucoup moindre,
Le public demande des résultats et, en général, ne fait aucune difficulté pour payer un bon article un bon prix, mais il refusera promptement un mauvaisarticle, même à bon marché, La première des conditions nécessaires à un grand développement des réseaux est l'excellence du service assurant au public des communications rapides et satisfaisantes,
Pourqu'un tel service soit possible, il faut que les systèmes téléphoniques soient construits sur une vaste échelle, que les fils soient autant que possible mis sous terre, — l'ère des fils aériens, sujets à toutes sortes de risques, étant passée, — et que les réseaux centraux et les appareils des abonnés soient établis sur les modèles les plus perfectionnés,
Il est aussi nécessaire que le personnel soit très soigneusement formé et qu'un plan bien conçu d'organisation et de discipline systématiques, soit observé de façon à ce que toutes les branches du service se maintiennent au plus haut degré possible, Ces traits caractéristiques, si faciles à décrire en quelques mots, ne sont pas si faciles à mettre à exécution, néanmoins il sera très possible de les obtenir, dès que ces diverses nécessités seront clairement et continuellementmises en pratique, La différence qui en résulte pour le public est que dans le système où une intelligente direction est l'idée primordiale, l'usage du téléphone devient un plaisir, et que dans le second cas où l'excellence du service n'est qu'une question secondaire, téléphoner est un ennui auquel on ne se soumet que par cruelle nécessité, Dans le premier cas, une communication est l'affaire de quelques secondes, et dans le second cas, c'est fréquemment une question de plusieurs minutes, et même très souvent aucun résultat satisfaisant n'est obtenu, Ces deux genres de service sontaussi éloignés l'un de l'autre que les deux pôles,
Dans bien des cas, comme nous le prouverons plus loin, ce n'est pas le personnel chargé du service qui est blâmable de son insuffisance, mais bien les autorités supérieures qui ont imposé des conditions absolument incompatibles avec les méthodes modernes,
Les divers réseaux téléphoniques gouvernementaux et les réseaux soumis au contrôle du Gouvernement le prouvent abondamment, Un service efficace étant établi, la seconde question est d'obtenir son développement, afin de mettre le service téléphonique à la portée de tous,
Ceci est une question en partie double : 1° De prix; 2° D'éducation permettant au public d'apprécier, à sa juste valeur, l'utilité du service téléphonique, Il y a bien des personnes encore qui, malgré les grands progrès des méthodes scientifiques, sont d'esprit si conservateur qu'il faut un patient et long enseignement pour les amener à apprécier la valeur d'un progrès, aussi essentiellement, moderne, que les ervice téléphonique,
Peu de personnes se refuseront à reconnaître l'énorme extension prise durant, les cinquante dernières années par tous les nouveaux moyens de communication — rues, chemins de fer, postes et télégraphes — et l'utilité individuelle que chacun enrelire,
Eh bien ! le téléphone devance d'un bond magique tous les autres moyens de communication, en supprimant les préliminaires et en établissant une communication directe et instantanée, Le télégramme, à 10 centimes le mot fait son parcours aller et retour en une heure ou deux, Le téléphone fait plus effectivement la même communication en trois minutes, Les rues bien pavées et bien éclairées permettent d'envoyer un rapide message au docteur en dix ou quinze minutes; le téléphone l'avertiten vingt secondes,
Le téléphone est non seulement nécessaire à toute bonne direction intérieure, un chaînon dans les relations d'amis à amis, une voie nouvelle par laquelle, les affaires affluent chez le commerçant, mais dans toute circonstance imprévue il est d'une valeur inappréciable, incalculable, Bien des personnes n'apprécient pas tous ces avantages, il faut les leur enseigner, Instruire ses futurs abonnés et leur faire comprendre tous les avantages du service téléphoniquedans n'importe quelle situation, fait partie du programme de toutes les administrations téléphoniques, et ce n'est que par de telles campagnes systématiques d'éducation, qu'on obtiendra un complet développement, l'esprit conservateur étant si fortement ancré clans une partie notable de toute communauté,
C'est ici qu'intervient la question des prix, Vous pouvez offrir à l'acheteur l'objet le plus vendable en faisant ressortir par des arguments convaincants ses nombreux avantages et qualités, mais (à moins que ce ne soit un objet de luxe ou de facilité personnelle), il faut que le client futur estime que le prix demandé équivaut à la valeur de l'objet, ou il n'y aura rien à faire, Les tarifs téléphoniques sont considérés universellement, comme étant injustes, parce que le principe sur lequel ils sont basésest essentiellement, faux, Les règlements obligent tous les abonnés à payer le même abonnement, quelle que soit l'étendue personnelle de leur service,
L'appareil téléphonique est l'unité de dépense, et ce principe est essentiellement injuste, l'appareil n'étant que l'objet permettant à l'abonné de se servir du service, et une partie insignifiante du total mécanique formant le système téléphonique, La vraie unité de dépense réside dans chaque communication ou message téléphonique, Si l'on prend le message pour base des calculs dutarif, chaque abonné ne paiera plus que la sommere présentants un usage personnel du service, ce qui n'est que juslice, Un tarif élastique pouvant alors être établi, fixant des prix modérés pour ceux qui ne se servent que modérément du téléphone, mettant fin à cette injustice qui fait que tous paient le même abonnement à un service dont individuellement chacun se sert dans des proportions très inégales, L'équité et la nature pratique du » taux par message » comme base du tarif du service téléphonique, sont actuellement reconnues d'une façon générale, Avec un tel tarif, un service vraiment efficace et une campagne systématique d'éducation publique, le service téléphonique deviendra d'un usage presque universel,
Sans ces mesures, le grand développement nécessaire , pour que la communauté ressente puissamment la valeur du téléphone ne sera point obtenu,


Le Réseau Téléphonique moderne (1905)
Une conception exacte des résultats exigés du service téléphonique permet de suivre plus facilement la manière dont est conduit le travail de ce réseau téléphonique, Nous prendrons pour acquis que le réseau fait partie d'un système dont les lignes et les appareils sont d'un modèle assurant une bonne transmission de la voix,
Dans les premiers temps, les appareils et les lignes étant défectueux empêchaient fréquemmentde bien entendre,
Mais, actuellement, comme il est possible d'obtenir des appareils de qualité parfaite et d'établir des câbles el des fils d'une solidité à toute épreuve, les difficultés à cet égard n'existent plus; ce qui fait que de mauvaises auditions ne sont plus qu'une cause très isolée de plaintes contre le service téléphonique,
Il n'en est malheureusement, pas de même quant à la rapidité et à l'exactitude des demandés et dès fins de communication, Il est évident que sous ce rapport, il y a place pour de sérieuses améliorations dans bien des grands réseaux téléphoniques d'aujourd'hui,
Les fonctions d'un réseau téléphonique sont :
1° De recevoir les appels des abonnés;
2° De répondre aux appels et prendre les numéros des lignes demandées;
3° De déterminer quelle est la ligne demandée et a) s'assurer si elle est libre ou non; et si non, b) en informer l'abonné qui appelle ou, si elle est libre, c) la relier à la ligne de l'abonné appelant;
4° D'appeler l'attention du second abonné;
5° Defaire cesser immédiatement la communication établie entre les deux lignes, aussitôt la conversation terminée,
Il est évident que pour remplir ces fonctions, il faut que l'appareil de l'abonné soit en mesure de faire un appel au réseau central pour demander un numéro, de notifier la fin d'une communication, autant que d'être capable de recevoir les appels du réseau central,
Au réseau central, il faut des moyens indiquant aussi clairement que possible l'appel de l'abonné, ainsi que le signal d'interrompre la communication,
Comme l'effort des esprits inventifs s'adonnant eu perfectionnement du téléphones est particulièrement porté sur les moyens nécessaires pour assurer l'exactitude et la clarté de ces opérations diverses, avant de donner la description des moyens par lesquels le téléphoniste distingue entre plusieurs milliers de lignes celle que demande l'abonné, nous parlerons succinctement, de l'évolution du système moderne des signaux téléphoniques,
Les premiers signaux se firent au moyen d'un indicateur magnétique du même modèle que ceux servant aux annonciateurs des sonnettes électriques,
Le passage d'un courant à travers la magnéto soulevait le crochet qui retenait un volet(C'est encore actuellementle système employé dans la majorité des commuiateurs en France.).
En tombant, le volet découvrait un numéro et l'opératrice mettait son poste en communication avec le commutateur portant le numéro correspondant, Pour actionner le signal, l'appareil de l'abonné était dans la nécessité d'avoir une source de courant que ledit abonné pouvait à volonté relier à la ligne téléphonique, On se servit, d'abord de batteries voltaïques et le rôle de l'abonné se bornait simplement a presser un bouton pour signaler l'appel au réseau central, Plus tard, ces batteries, d'entretien difficile et coûteux, furent remplacées par une petite dynamo (générateur magnétique) que l'abonné actionnait en tournant une manivelle,
Cette petite machine est génératrice d'un courant alternatif et actionne en même temps "l'indicateur" du réseau central et la sonnerie généralement adaptée aux systèmes téléphoniques,
Certains systèmes en profitaient pour laisser aux abonnés le soin de s'appeler mutuellement, le réseau se bornant simplement à établir entre les lignes la communication, demandée,
Pour les signaux d'appel l'amélioration principale date d'environ dix ans et se résume en ceci : quand pour répondre à 'l'appel d'un abonné, l'opératrice insère la fiche dans la ligne, le volet indicateur se remet automatiquement dans sa position normale évitant ainsi à l'opératrice qui était auparavant obligée de le remettre en place avec la main, une perte dé temps et d'effort, (Inutile de dire que, dans notre système téléphonique, cette amélioration apportée partout il y a plus de dix ans, n'existe encore que dans les rares «comcommutateurs multiples,», récemment construits)
Nous arrivons maintenant aux signaux de « fin de communication » et ceci est un point très important, Il est essentiel que le réseau central reçoive un signal distinct, indiquant que la conversation est terminée, Il est aussi essentiel, pour éviter toute interruption en attirant l'attention de l'opératrice, de ne donner le signal de fin de communication que quand la conversation est bien réellement terminée,
Une conversation interrompue avant sa fin est une expérience très désagréable du téléphone, mais qui se reproduira forcémenttant que les signaux de fin de communicationpermettant de telles méprises seront en usage, Jusqu'à ces dernières années, le modèle dé signal de fin de conversation servant généralement était un indicateur magnétique de couleur spéciale et occupant une position particulière sur le commutateur, de façon à le distinguer des signaux d'appel; Le signal de fin de communication est celui , que les cordons flexibles, nécessaires à établir une communication complète entre deux lignes au réseau central, faisaient entrer dans le circuit,
L'abonné actionné ce signal en donnant un tour à la manivelle de son appareil à la fin de la conversation ((Ce système est toujours en usagé en France),
Dans les systèmes où les abonnés s'appellent mutuellement à l'appareil, on est forcé de se servir d'un indicateur sur lequel n'opère pas le courant générateur, de façon à éviter les faux signaux; on ajoute donc aux appareils faisant partie de ces systèmes, un bouton rouge que l'abonné n'a qu'à presser pour donner le signal de fin de communication,
Le côté défectueux de ces systèmes est qu'ils mettent l'abonné dans l'obligation d'exécuter une action définie à la fin de toute conversation et que bien des abonnés négligent de le faire,
En fait, beaucoup d'abonnés téléphoniques avouent franchement qu'ils né cherchent même pas à se rappeler de donner le signal « fin de communication » en tournant une manivelle ou en pressant un bouton, Conséquémment, la majorité des abonnés ne donnant pas le signal de « fin de communication», l'opératrice est obligée de chercher à savoir, au mieux de ses moyens, quand la communication est vraiment terminée, Ceci impose un travail supplémentaire aux opératrices, occasionne des interruptions de conversation se prolongeant et une perte de temps au service général; car, deux lignes étant souvent maintenues en communication bien plus longtemps qu'il ne serait nécessaire, les appels qui peuvent survenir pour ces lignes pendant qu'elles : sont ainsi inutilement occupées sont forcément bloqués,

Dans le système téléphonique moderne, les indicateurs sont supprimés et manivelles et boutons n'apparaissent plus sur lès appareils des abonnés, Rien n'est imposé à la mémoire de l'abonné, et il n'a qu'un très petit travail pour appeler le réseau: En soulevant simplement le récepteur téléphonique du crochet on produit un appel au réseau central, et en le replaçant sur le crochetle signal « fin de communication » est transmis au réseau central, La tâche de l'abonné est ainsi réduite à sa plus simple expression, prendre le récepteur.du téléphone pour en faire usage et le replacer après s'en être servi, Le mouvement d'appel et la pile sont supprimés et l'appareil est ainsi réduit au transmetteur et au récepteur par lequel il parle et écoute, et à la sonnerie qui est le moyen d'appel du réseau central, Dans les conditions normales (ordinaires ou de repos d'un poste téléphonique au poste d'abonné), la ligne est reliée à la sonnerie, mais le support ou crochet auquel est suspendu le récepteur est un commutateur automatique qui sert à mettre cette sonnerie hors circuit et en même temps met le récepteur en contactavec la ligne lorsque le crochet, commutateur est allégé du poids du récepteur, Les mouvements de montée et de descente de ce crochet commutateur sont actuellement utilisés pour accomplir une double fonction,
1° Couper ou relier alternativement la ligné par rapport à la sonnerie et au récepteur (au poste de l'abonné);
2° Produire simultanément la mise en action des signaux d'appel et de fin au bureau central,
Les signaux dont on se sert maintenant sont de minuscules lampes incandescentes qui s'allument pour un appel et s'éteignent automatiquement quand l'opératrice a répondu à cet appel, Les lampes comme signaux ont plusieurs avantages sur les indicateurs qu'elles remplacent, L'oeil étant naturellement plus sensible à la lumière qu'à des changements de forme ou de couleur, elles attirent l'attention bien plus sûrement que le petit volet qui tombe, L'opératrice constate qu'une lampe signal s'allume, même si elle n'est pas directement dans son rayon visuel, et ce signal ne peut pas passer inaperçu; le déplacement d'un petit vole tn'est pas aussi sûrement remarqué, Les lampes étant beaucoup plus petites que les indicateurs, permettent d'assembler de façon plus compacte les commutateurs téléphoniques et de placer les signaux immédiatement adjacents aux commutateurs et aux cordons dont ils dépendent,
On plaçait autrefois tous les indicateurs d'un côté de la table du commutateur, et tous les commutateurs et cordons d'un autre, l'espace nécessaire aux indicateurs ne permettant pas de placer chaque indicateur à côté du commutateur correspondant, Ceci impliquait pour l'opératrice un effort mental, car elle était obligée de chercher le commutateur ou cordon correspondant à un indicateur s'en trouvant souvent éloigné, La lampe téléphonique est très petite, le capuchon la couvrant ne mesurant pas même 1 cent 1/2 dé diamètre, ce qui permet de placer la lampe immédiatement à côté du commutateur ou du cordon qu'elle contrôle, Ceci donne une plus grande exactitude à l'opération,
Les lampes ne faisant aucun bruit, le crissement et le cliquetis constants des volets indicateurs ne s'entendent plus, Le côté le plus effectif des lampes téléphoniques est que leur action étant entièrement automatique, les signaux qu'elles donnent ont une signification définie et bien spécifiée,
Au réseau central les lignes des abonnés sont mises en communicationau moyen de cordons flexibles se terminant par des fiches métalliques, Chaque employée téléphoniste a devant elle un certain nombre de paires dé cordons et dé fiches, ce nombre étant établi d'après la proportion des lignes qui, vraisemblablement, demanderont à être mises en communication en un temps déterminé,
Les deux cordons de chaque paire sont électriquement reliés ensemble et forment un chaînon flexible, au moyen duquel, deux lignes quelconques peuvent être mises temporairement en communication. La communication effective est produite par l'insertion des fiches dans de petits commutateurs tabulaires, dont l'embouchure se trouve au commutateur devant l'opératrice, En langage téléphonique on appelle ces petits commutateurs des « springjacks » et plus habituellement des « jacks »,
Ils consistent en deux ressorts métalliques qui sont en contact permanent avec les métallique ou alvéole, Quand la fiche est insérée dans le « jack », les deux extrémités dés fils conducteurs prennent contact avec les deux ressorts, et complètent ainsi la communication entre les conducteurs formés par lé cordon attaché à la fiche et là ligne de l'abonné, L'embotture métallique formant le devant du « jack » et située en face dé l'opératrice remplit un rôle très important, que nous décrirons présentement,
Les fiches, normalement, occupent là position verticale, faisant saillie audessus d'une table au planche horizontale devant laquelle l'opératrice est assise; les cordons sont maintenus au dessous de la planche au moyen de contrepoids, Sur la surface de là table se trouvent établies deux làrrrpcs pour chaque paire de cordons, les lampes suivant là même ligne que les cordons, un coup d'oeil suffît pour distinguer le cordon se rattachant à chaque lampe, Quand un abonné appelle, une lampe s'allume sur la surface de la table, et l'opératrice insère immédiatement la fiche dans le « jack » au dessus de cette lampe, se mettant ainsi en communication avec l'abonné qui vient d'appeler, L'action de ficher met la lampe hors circuit et cause automatiquement son extinction, Après avoir pris le numéro que demande l'abonné, l'opératrice insert la deuxième fiche de la paire dans le « jack » du numéro réclamé, qu'elle choisit, parmi les séries de mille qui garnissent la table du commutateur, Puis elle presse un bouton placé sur la tablette des cordons, actionnant la sonnerie de l'abonné appelé, jusqu'à ce qu'il réponde,
Cette réponse est perceptible à l'opératrice par le fait que les deux lampes associées aux cordons s'allument quand les récepteurs téléphoniques sont, sur leurs crochets et s'éteignent lorsqu'ils n'y sont, plus, La lampe du premier cordon sera éteinte, l'abonné qui appelle ayant naturellement enlevé son récepteur du crochet, mais la lampe appartenant au second cordon s'allumera dès que la fiche se trouvera insérée dans le commutateur de la ligne de l'abonné appelé et restera, allumée jusqu'à ce que celui ci saisisse son récepteur pour répondre à l'appel, puis à ce moment s'éteindra automatiquement, Si ensuite un des abonnés raccroche son récepteur, la lampe correspondant à ce récepteur s'allume; si les deux abonnés remettent leurs téléphones, les deux lampes s'allument et cet éclairage simultané des deux lampes est le signal de « fin de communication »,
Il est donc évident que ces deux lampes, associées aux cordons conducteurs qui établissent temporairement la communication entre deux lignes au réseau central, permettent à l'employée téléphoniste de suivre les communications si toutes deux sont éteintes, les deux abonnés ont leur récepteur en main; s'il y en a une d'allumée et une d'éteinte, c'est qu'un des abonnés a remis son téléphone en place, mais que l'autre a encore le sien en main, désireux de garder la ligne; si toutes deux sont allumées, il est évidentque les deux abonnés ayant remis leurs récepteurs sur les crochets, la communication peu-têtre coupée, Puis, les fiches étant retirées des commututeurs, les deux lnrnpes s'éteignentautomatiquement, Ces deux lampes sont dénommées « signaux dé surveillance » comme elles permettent à l'opératrice de « surveiller » la communication sans écouter la conversation sur la ligne téléphonique, Quand le signal de « fin de communication» dépend de la mémoire de l'abonné, l'opératrice est obligée, au bout d'un certain temps, d'écouter les conversations afin: de se rendre compte si les abonnés communiquent toujours ensemble, ou s'ils ont terminé et oublié de donner le signal final, Etant donnée l'insouciance d'une partie des abonnés, si l'opératrice n'agissait pas ainsi, bien des lignes resteraient on communication tonte une journée,
Mais il peut arriver parfois qu'une opératrice trop zélée interrompe intempestivemént des conversations commencées, au grand ennui, très naturel, des causeurs, Toutes ces difficultés disparaissent avec l'usage de la double lampe des « signaux de surveillance » — chacun des trois étuis différents de ces deux lampes —toutes deux éteintes — une éteinte et une allumée— ou toutes deux allumées — ayant une signification bien établie et accusant définitivement les différents états de la, communication aux têtes de lignes des deux abonnés intéressés, L'opératrice est entièrement guidée par les lampes et n'est plus du tout dans la nécessité d'écouter la conversation .

Le commutatenr multiple et « l'essai » ou « test » des lignes occupées,
La rapidité avec laquelle une opératrice est en mesure d'assurer à l'abonné que la ligne qu'il demande est « occupée » comparée à la longueur de temps qui lui est nécessaire pour appeler l'abonné quand la ligne est inoccupée, est un perpétuel mystère pour tout abonné téléphnoique, Le mot « occupé » est devenu pour tous les abonnés téléphoniques ce que le proverbial chiffon rouge est au proverbial taureau,
Les Américains appellent cela « en affaire », mais que l'opératrice déclare la ligne « en affaire » ou « occupée » l'abonné est également sceptique et contrarié, Cet état est inhérent à la nature humaine qui est naturellement incrédule, et qui déleste être contrariée dans ses désirs par de simples affirmations sans l'appui de circonstances confîrmatives, La rapidité avec laquelle l'opératrice assure l'abonné que la ligne est occupée vient de ce qu'elle n'a qu'à toucher le bord du « jack » de l'abonné demandé avec la seconde fiche de la même paire de cordons pour entendre dans le récepteur fixé à son oreille un clic caractéristique, signifiant en langage téléphonique « occupé » ou « pas libre »,
Il est clair que pour l'opératrice ce n'est l'affaire que d'une ou deux secondes d'interroger ainsi la ligne de l'abonné demandé et de répondre «occupée» à l'abonné la demandant,
La raison pour laquelle l'abonné reçoit généralement l'avis que la ligne qu'il demande est « occupée » beaucoup plus vite que la réponse de son correspondant, la ligne étant libre, est que les abonnés téléphoniques ne répondent pas en général, aussi vite qu'il le faudrait à leur sonnerie, Si la ligne est libre, il ne faut que 3 ou 4 secondes à l'opératrice pour insérer la fiche et actionner la sonnerie; le reste du temps représente le retard que met l'abonné à répondre à la sonnerie, Telle est la raison qui fait que l'avis « occupé » est reçu plus rapidement que la réponse de l'abonné appelé,
La raison qui rend « l'essai électrique » permettant à l'opératrice d'indiquer si la ligne est occupée tout à fait indispensable, est que daps tous les grands commutateurs multiples, il y a sur chaque ligne plusieurs jonctions d'où cette ligne peut être reliée à d'autres lignes, Chaque ligne est pourvue pour établir les communications l'opératrice puisse s'en servir,
Le commutateur multiple peut être long d'environ 200 pieds et occuper 100 opératrices; dans ce cas, il y aurait 31 différents « jacks » pour chaque ligne, un pur section de 6 pieds du commutateur multiple, Il est naturellement impossible que l'opéralrice puisse surveiller plus que la partie du multiple qui se trouve devant elle et un, peu des deux cùlés, Par conséquent, quand elle reçoit un appel pour une ligne quelconque, il lui est impossible de dire par la vue seule, si celte ligne est déjà en communication avec une autre ligne, à une autre seclion du multiple, Nous la mettons donc dans la possibilité de faire cette distinction au moyen de l'ouïe,
Quand deux lignes sont en communication, les bords des «jacks» appartenant à chacune d'elles, d'un bout à l'autre du multiple sont chargés d'électricité, ce qui fait que n'importe quelle opératrice, en touchan tn'importe quel « jack » avec la fiche correspondante, recevra à travers son récepteur un courant électrique, produisant un clic signifiant « occupée »,
Il est évident que sans ce signal « d'occupée» le système du commutateur multiple serait impossible les opératrices ne mettraient fréquement en communication plusieurs abonnés ensemble, et il en résulterait un étal continuel de confusion,
Le principe du commutateur multiple est de mettre chaque ligne du, réseau central à la portée de chuque opératrice,
Chaque opératrice répond aux appels d'un certain nombre fixe d'abonnés, mais elle peut mettre en communication les lignes de la totalité des abonnés du réseau, de façon à compléter rapidement toutes les communications qui peuvent lui être demandées, Ceci provient de ce qu'on a installé au multiple et à des intervalles réguliers, un certain nombre de « jacks » destinés à relier les lignes entreelles,
Le commutateur multiple consiste réellement en une série de sections mesurant chacune environ 6 pieds (soit 1 m 80) et étant chacune une reproduction du « multiple » de sa voisine, De là le nom de commutateur multiple, Prenons, par exemple, un commutateur de 5.000 ligues, qui aura 5.000 « jacks »; un « jack » correspondant à chaque ligne dans chaque section, et chaque section étant la reproduction exacte de toutes les autres du moins pour tous les «jacks», Il y aura, admettons, 25 sections en tout, le long desquelles une des opératrices quelconque, celle desservant la vingtième section, par exemple, pourra établir sa communication avec le « jack » n° 3592 aussi facilement que l'opératrice de la première, de la deuxième ou de n'importe quelle autre section,
Mais il est évident que l'opératrice de la vingtième section doit être en mesure de s'assurer instantanément si le n° 3592 n'est pas déjà en communication avec une autre section, sans être obligée d'inspecter du regard un commutateur multiple long de 120 pieds, même si celuici était en droite ligne, ce qui n'est que très rarement le cas; le « test » électrique « d'occupé » lui permet de faire celte celte constatation instantanément. La simple opération de toucher le rebord du « jack » avec la fiche correspondante, lui fait savoir immédiatement si la ligne est occupée ou non,
Jusqu'ici nous ne nous sommes occupés que de la partie de l'opération ayant trait à l'établissement de la communication,
Voyons maintenant la façon dont les appels sont reçus et, incidemment, comment se déterminé le nombre des sections du commutateur multiple, étant, donné le nombre des abonnés,
Dans le commutateur multiple les « jacks » généraux sont les voies de transmission des lignes des abonnés, les moyens par lesquels se font les appels, et il peut y avoir sur tout le parcours de la ligne de 3 à 20 ou 30 de ceuxci en raison de l'importance du réseau, Mais il doit y avoir un point bien défini où l'abonné puisse appeler le réseau et lui faire connaître ses désirs, Ce point s'appelle le « signal avertisseur» ou d'appel et «jack» local ou individuel, Comme nous l'avons déjà dit, le signal avertisseur est une lampe minuscule, qui s'éclaire quand l'abonné.décroche son récepteur du crochet; le jack correspondant du local est un petit commutateur tabulaire pareil à tous points aux jacks généraux, et placé immédiatemient audessus de la lampe signal correspondante, Comme le nom l'indique, le jack local ou répondant est le commutateur dans lequel l'opératrice insère sa fiche pour répondre à un appel, Les jacks locaux ou répondants et les signaux avertisseurs sont placés en rangs compacts immédiatement au dessus de l'étagère des cordons; ainsi, pour établir la communication en réponse à un appel, la distance en hauteur que parcourt la fiche est légère, .et le temps de la réponse est court, Les jacks généraux sont placés au dessous des jacks répondants ou locaux, et une telle quantité en est nécessaire que dans quelques uns des grands commutateurs multiples actuellement en usage, ils sont construits en rangées serrées atteignant souvent une hauteur de trois pieds au dessus de l'étagère des cordons,
Bientôt, les directeurs des services téléphoniques seront obligés, en engageant leurs opératrices, de stipuler que pour les jeunes filles au dessous de 6 pieds il est inutile de se présenter,
On place à chaque section du commutateur un certain nombre de signaux avertisseurs et de jacks, locaux, ce n'ombre étant calculé d'après la, moyenne des appels journaliers de chaque abonné, Chaque section du commutateur est desservie par 3 opératrices, et chacune de cellesci a, devant elle, un nombre de jacks locaux variant de 50' ou 60 à 100 et môme plus,
Une opératrice ne peut matériellement établir que tant de communications dans la journée; si l'abonné appelle très fréquemment, le,nombre des lignes d'abonnés se terminant devant, chaque opératrice doit être relativement minime; si par contre les appels sont relativement peu nombreux, le nombre des lignes confiées à chaque opé ralrice devient relativement aussi plus grand,
Il est donc évident que ce n'est pas le nombre dès lignes des abonnés, mais bien le trafic, qui détermine réellement la grandeur des commutateurs,
Etant donné un réseau de 6.000 abonnés, et pour chaque abonné,
une moyenne de 5 ou 6 communications par jour, on mettra 300 jacks pour chaque section, 100 pour chaque opératrice, et le commutateur tout entier sera divisé en 20 sections, Mais, si par exemple chaque abonné faisait 10 appels dans la journée, chaque ligne demanderait un travail double, et on serait alors obligé de donner à chaque opératrice un nombre plus restreint de lignes à desservir, Dans ce cas, il n'y aurait plus que 180 jacks locauxpour chaque section, 60 par opératrice et pour desservir les 6.000 abonnés un commutateur multiple de 34 sections deviendra nécessaire,
L'usage des lampes signaux et des inventions automatiques décrites plus haut simplifie beaucoup le travail de l'opératrice, et un commutateur équipé avec les lampes, signaux permet aux opératrices de traiter un nombre bien plus considérable d'appels que l'ancien commutateurà indicateurs,
Dans les grandes villes, le système teléphonique consiste en de nombreux bureaux centraux, reliés entre eux par des lignes spéciales, de manière à ce que chaque bureau central puisse faire passer les communications aux autres bureaux centraux et de même les recevoir,
Les lignes d'intercommunicalion sont appelées lignes auxiliaires; dans lous les grands réseaux téléphoniques, une telle quantitéde communications sont passées d'un bureau central à un autre.qu'un grand nombre de ces lignes auxiliaires est devenu nécessaire, et pour permettre de répondre systématiquement aux appels, les lignes auxiliaires sont divisées en deux services : un service réservé uniquement aux communications allant dans une direction, et l'autre aux communications allant dans la direction opposée, Cette disposition correspond en pratique aux lignes d'aller et de retour des grandes Compagnies de chemins de fer et, nécessairement, ces lignes téléphoniques auxiliaires exigent, elles aussi, des platesformes de départ et d'arrivée, afin que les communications puissent systématiquement être reçues et repassées entre elles,
Pour le commutateur téléphonique, la plateforme de départ est représentée par une série de « jacks » spéciaux étiquetés et numérotés comme les platesformes d'un grand terminus, placés audessus des jacks locaux et audessous de la masse des « jacksgénéraux », Ces « jacks » spéciaux s'appellent des « jacks auxiliaires de départ », comme ils forment des points de jonction accessibles aux lignes auxiliaires de départ qui relient le bureau central considéré aux autres bureaux centraux du système, A l'autre extrémité, la « plateforme » d'arrivée est constituée par une réunion de quelques sections du commutateur multiple, ou même souvent simplement par une prolongation du commutateur principal, où les lignes auxiliaires, qui sont alors appelées « lignes auxiliaires d'arrivée », se terminent en cordons et fiches,
Les opératrices de ce commutateur d'arrivée reçoivent non pas les appels des abonnés, mais ceux des opératrices des lignes auxiliaires de « départ » d'un poste éloigné,
Entre deux opératrices les appels ne se font pas par signaux, mais de vive voix; l'opératrice du commutateur des lignes auxiliaires « d'arrivée » étant toujours à l'écoute d'un téléphone qui est relié à une ligne de service direct établi entre les deux bureaux centraux( Pas en France. En effet, il n'est pas un abonné qui ne soit resté, plusieurs fois, 15 ou 20 minutes à l'appareil, en attendantque Saxe ou "Wagram, La Roquette ou Port-Royal, sonné par un autre bureau, consente à répondre. Très souvent, dans ce cas, l'abonné,découragé, abandonne la partie ),
Cette opératrice d'arrivée établit les communications nécessaires entre les lignes auxiliaires et les « jacks » placés devant elle en réponse aux demandes parlées par le moyen de ce fil spécial de l'opératrice de départ du bureau éloigné, Il est à remarquer que cette ligne de conversation de service ne sert absolument qu'à ïa transmission des ordres verbaux et que le nombre des paroles à échanger est réduit au strict nécessaire, c'est à dire au n° de la, ligne demandée et au n° de la ligne auxiliaire à employer, Le premier n° est prononcé par l'opératrice de départ, le deuxième n° est prononcé par l'opératrice d'arrivée, Toutes les autres indications de service, telles que « occupée » ou « ne répond pas », etc, , etc, , se font par d'autres voies que par cette ligne auxiliaire dont il importe d'éviter l'encombrement,
Pour être bien sûr que nous comprenons exactement l'opération du commulateur multiple, suivons la manoeuvre d'un appel,
L'abonné appelant décroche son récepteur, la lampe signal de sa ligne s'éclaire; l'opératrice insère la fiche dans le jack local correspondant, situé au dessus de la lampe qui s'éteint aussitôt,
Elle demande, par exemple, comme en Amérique « Numéro ? » ou comme à Paris « j'écoule », car il y a intérêt à réduire au strict minimum le nombre de paroles à faire prononcer par l'opératrice qui doit • les répéter des milliers de fois par jour, L'abonné répond : « 1017 Kensington », par exemple,
Avec la seconde fiche de la paire, l'opératrice touche le bord du « jack » général n° 1017, et n'entendant pas le clic, insère la fiche dans le jack de l'abonné demandé et actionne la clé d'appel correspondant à celte fiche, Puis la lampe correspondant également à cette fiche d'appel s'éclaire à son tour, Bientôt après, elle s'éteint et avise ainsi l'opératrice que l'abonné appelé vient de répondre,
Elle ne s'occupe plus alors de celte communication jusqu'au moment où les deux lampes sur la planchette des cordons s'éclairent ensemble,
Elle retire alors promplement les deux fiches, les deux lampes s'éteignent et les deux lignes se trouvent de nouveau dans les conditions permettant, de recevoir des appels ou d'en faire,
Si le n° 1047 Kensington demandait le n° 2635 Holborn, l'opératrice de Kensington en pressant un bouton marqué Holborn se met immédiatement en communication avec l'opératrice du commutateur des lignes auxiliaires de la « plateforme d'arrivée » à Holborn; elle dira « 2635 » et l'opératrice de Holborn répond « 23 » (l'opératrice d'arrivée eût pu désigner tout autre nombre correspondant à une quelconque des lignes auxiliaires dont elle dispose, chacune de ces lignes auxiliaires étant représentée devant elle par la fiche et le cordon qui la terminent), signifiant ainsi que l'opératricc de Kensington doit se relier à la ligne auxiliaire n° 23, qui va à Holborn,
L'opératrice de Kensington ayant fait la manoeuvre nécessaire, l'opératrice de Holborn fait alors avec la fiche terminant la ligne 23, le lest ou essai du « jack » de la ligne 2635 de son commutateur, Si elle trouve celte ligne libre, elle y relie la fiche de la ligne auxiliaire 23, établissant ainsi la communication, puis elle sonne, Si d'un autre côté, elle reçoit le « clic » prouvant que la ligne demandée est « occupée », elle introduit la fiche de la ligne auxiliaire n° 23 dans un « jack » spécial relié à une machine qui émet un bourdonnement intermittent; ceci est le signal pour l'opératrice de Kensington, et pour l'abonné de Kensington qui souvent l'entend et apprend ainsi avec ennui que la ligne demandée est « occupée »,
Les opérations supplémentaires nécessaires pour faire passer un appel d'un bureau central à l'autre expliquent l'attente plutôt longue par laquelle il faut passer avant d'apprendre que la ligne est « occupée » ou de percevoir la réponse de l'abonné demandé, quand il dépend d'un bureau central différent que l'abonné appelant,
Mais personne ne peut manquer d'admirer les méthodes ingénieuses et les procédés systématiques par lesquels ce temps supplémentaire est diminué jusqu'à n'être plus qu'une moyenne de quelques secondes pour chacune des centaines de mille communications passant journellement par le réseau téléphonique, ( Les secondes devenant avec le système actuel français des minutes)

J'ai décrit, aussi clairement, je l'espère, que le permettent la complexité du travail et des moyens qu'on y oppose, le travail général d'un système de téléphonie moderne, mais il est impossible d'entreprendre ici la description de tout le mécanisme par lequel ces résultats ingénieux sont obtenus, Dans tous les réseaux téléphoniques modernes, il y a un local aussi vaste que la chambre des commutateurs, qui contient les batteries et les machines permettant aux téléphones de parler, aux signaux de s'éclairer et de bourdonner, aux sonneries de sonner, Ce local appelé le « générateur de force » est en petit, une usine d'électricité pour force et lumière, Son aspect est compliqué; il s'y trouve emmagasinés de grandes batteries, des dynamos de toutes grandeurs et un commutateur imposant pour contrôler les dynamos et les batteries, aussi bien qu'une quantité importante d'autres appareils,
Mais cette organisation de machines compactes et réglées fait par elle même le travail qui, autrefois, exigeait des myriades de batteries et de générateurs individuels, répartis dans toute la ville et nécessitantune surveillance constante, Le générateur de la force du réseau téléphonique est l'incarnation même de la centralisation, Toutes les parties essentielles et exigeant une attention soutenue étant ainsi groupées dans un seul département et sous la surveillance constante d'un personnel expérimenté,

Des Grands el des Petits Systèmes Téléphoniques
Un des côtés du service téléphonique qui présente le plus de difficultés est que le coût de l'abonnement téléphonique est plus élevé dans une grande ville que dans un petit endroit,
Le passant ordinaire ne voit pas en quoi consiste la justice de ceci, Pour lui, le principe du tarif des marchandises en gros doit s'appliquer aussi bien à la téléphonie qu'aux affaires commerciales; et conséquemment plus il y a d'abonnés moins l'abonnement doit coûter, Malheureusement, cette théorie ne peut s'appliquer à la téléphonie, et il n'y a aucun mystère ou paradoxe à ce qu'il en soit ainsi,
Les raisons qui font que le service téléphonique est plus coûteux dans les grandes villes que dans les petits centres sont faciles à comprendre, si on les examine attentivement,
Pour bien comprendre ce sujet, il ne faut pas l'examiner superficiellement et conclure hativement que le téléphone étant l'unité de l'industrie téléphonique, la « location d'un téléphone » doit coûter la même somme à Londres, ou à Liltle Peddlinglon,
Ceci ne serait admissible que si la location des téléphones était la seule transaction des administrations téléphoniques, mais comme le téléphone n'est qu'un item, ou détail de l'organisation du système téléphonique, un appareil permettant d'en faire usage, il ne représente nullement le coût du service ou le travail que nécessite ce service, Par conséquent, c'est adopter un point de vue tout à fait erroné que de prendre pour unité de l'industrie des téléphones l'appareil téléphonique, C'est celte erreur qui est responsable du malentendu général qui entoure la question des tarifs téléphoniques,
L'affaire de l'administration des Téléphones est de fournir aux abonnés un service téléphonique, et la mesure du travail fourni ne se résume pas dans l'appareil, mais bien dans le message téléphonique et la distance qu'il parcourt, La vraie unité du coût du service téléphonique est la « communication kilométrique correspondant au système du tonnage kilométrique que les Compagnies de chemins de fer appliquent aux voyageurs et aux marchandises, et d'après lequel elles calculent leurs frais,
Nous avons vu, dans le chapitre précédent, que la grandeur du commutateur multiple desservant un certain nombre d'abonnés est déterminée non par le nombre des abonnés, mais par le nombre des appels que fait journellement chaque abonné, De même le nombre des opératrices est déterminé non par le nombre des abonnés, mais par le nombre des appels faits par ces abonnés,
Il est donc évident que le coût du bureau téléphonique et de son service varie suivant lé nombre des appels des abonnés et non pas suivant le nombre des abonnés, Par exemple, dans une ville suisse, où la vie est très tranquille et où l'usage du téléphone est très restreint, un poste téléphonique comptant 5.000 abonnés coûte beaucoup moins cher et nécessite beaucoup moins d'opératrices qu'un réseau comptant autant d'abonnés dans une ville anglaise, où la vie est bien plus active et l'usage du téléphone beaucoup plus répandu,
Prenons un exemple plus près de chez nous : la ville de Guernesey a un service téléphonique comptant environ 1.200 abonnés, et la population de Guernesey étant paisible et agricole, ne transmet que 2.000 appels téléphoniques par jour, Naturellement, les frais d'un service aussi tranquille sont très minimes, Par contre, dans une ville anglaise comptant également 1.200 téléphones, les appels étant beaucoup plus nombreux, les frais du service sont forcément beaucoup plus élevés aussi,
Il est donc évident que le coût du service téléphonique varie nécessairement suivant, le nombre des communications passant journellement par le réseau,
Voyons maintenant quel est l'effet des distances , Dans une petite ville, où il n'y a d'habitude qu'un seul bureau central téléphonique, la distance maximum que parcourent les commutateurs est la somme totale des deux lignes lès plus longues du réseau,
En général, dans une petite ville, la longueur moyenne des lignes d'abonnés est la 1/2 ou les 3/4 d'un mille (1.610 m), ce qui fait que la distance moyenne que parcourent les messages téléphoniques est d'un mille (1.610 m), ou d'un mille et demi (2.145 m) La distance maxima n'atteint généralement pas plus.de 3 (4.830m) ou 4 milles (6.440 m), En comparant ces distances à celles des grandes villes où le réseau téléphonique s'étend sur une superficie de plusieurs kilomètres carrés, nous voyons que la distance moyenne des communications téléphoniques est de 5 (8.050 m) ou 6 milles (9.60 m) et que la distance maxima atteint souvent 20 (32 km ) et même 30 milles (48 km,),
Il est donc évident que le service téléphonique dont dispose l'abonné d'une petite ville est en valeur inférieur à celui fourni à l'a'bonné d'une grande ville, et que le prix de celuici est forcément plus élevé, s'élendant comme il le fait sur une grande superficie, et assurant aux communications une moyenne de dislance beaucoup plus étendue,
En examinant attentivement la disposition du système téléphonique d'une grande ville, il est facile de comprendre que le service de ce système doit forcément coûter plus cher que celui d'une petite ville, Il est impossible dans une grande ville de centraliser toutes les lignes d'abonnés et de les faire aboutir au même bureau central : 1° Parce qu'il faudrait des lignes d'une longueur démesurée et très coûteuses ; 2° Le nombre des abonnés s'élevant à des dizaines de mille, les difficultés de mécanisme et de forcé procédant de celte quantité énorme de fils, deviendraient accablantes,
On est donc obligé pour une grande superficie de la diviser en districts ou arrondissements, de créer pour chuque district un bureau central et do relier lous ces bureaux centraux ensemble par un système de lignes auxiliaires ou de jonction, ainsi qu'il a été décrit dans le chapitre précédent,
Par ce moyen, on empêche les lignes d'abonnés de dépasser une longueur moyenne raisonnable, et le nombre des lignes centralisées dans un bureau central est également restreint à une limite permettant de les desservir convenablement,
Mais le matériel des lignes auxiliaires nécessaires à assurer les intercommunications entre les divers bureaux centraux, de manière à ce que chaque bureau central puisse échanger des messages avec tous les autres, est une partie très importante du système et celle qui différencie le système téléphonique des grandes villes de l'unique bureau central téléphonique d'une petite ville,
Dans la grande ville, la zone téléphonique réservée à chacun des bureaux centraux est généralement de capacité suffisante pour assurer le service d'une ville de grandeur moyenne, et comme le district ou arrondissement que ce bureau central dessert atteint en général la superficie d'une petite ville, les lignes des abonnés sont évidemment de la môme longueur dans les deux cas,
Mais le bureau central téléphonique de la grande ville n'est qu'une partie d'un immense système, ce qui ne serait que de petite utilité aux abonnés qu'il dessert s'il ne les mettait, en communication qu'avec ses abonnés directs, ceuxci pouvant parfaitement désirer communiquer avec la totalité des abonnés répartis dans toute la ville, En conséquence, le bureau central téléphonique de la ville doit être pourvu d'un équipement spécial, lui permettant de transmettre ses communications à tous les autres bureaux centraux du système, aussi bien que d'en recevoir,
Il résulte de ceci que le mécanisme du réseau de la ville est plus complexe et a plus d'extension que celui du réseau possédant un unique bureau central,
Comme nous l'avons dit précédement, pour permettre à chaque bureau central de transmettre les messages téléphoniques à tous les autres bureaux centraux, ils sont reliés entre eux par un système de lignes auxiliaires ou de jonction, partagées en lignes d'aller et de retour, et dans chaque bureau central un commutateur multiple spécialement aménagé est nécessaire pour le service des lignes d'aller et un autre commutateur multiple pour le service de retour, Prenons pour exemple le système téléphonique de Londres, et supposons que ce système ne consiste que dans les bureauxcentraux de Kensington, Gerrard, Holborn, Central et de la Banque,
Pour permettre aux abonnés de chaque bureau central de communiquer avec tous les autres, il faut, que le poste de Kensington, au moyen de lignes auxiliaires, soit en communication directe avec les postes de Gerrard, Holborn, Central et de la Banque; que le bureau central de Gerrard soit luimôme relié directement, par des lignes auxiliaires aux bureaux centraux de Kensington, Holborn, Central cl, de la Banque; et ainsi de suite, de façon à ce que chaque bureau central puisse communiquer directement avec tous les autres,
En examinant un bureau central, mettons celui de Kensington, nous verrons dans le commutateur multiple des « jacks » correspondant a toutes les lignes auxiliaires d'aller ou de départ permettant aux opératrices de Kensington de transmettre les appels de leurs abonnés aux postes de Gerrard, Holborn, etc,
Nous trouverons également un conimutateur mulliple spécialement réservé au service des lignes auxiliaires de retour ou d'arrivée, et desservi par les opératrices faisant le service des communications demandées par les lignes de Gerrard, Holborn, etc, pour celles des abonnés de Kensington, Et chacun des cinq bureaux centraux présente nécessairement, ces mêmes conditions,
Le système téléphonique de Londres est, en réalité beaucoup plus compliqué que ce simple exemple pourrait le faire supposer, s'étendant comme il le fait sur une superficie de quelque 640 milles carrés, réparti entre 60 bureaux centraux, et tous ces bureaux centraux étant forcément reliés entre eux par un système de ligne auxiliaires, de façon à permettre aux communications de parcourir toute l'étendue du système,
Il est donc évident que le rôle des lignes auxiliaires est de transmettre les messages téléphoniques d'une partie du système à une autre partie, il s'ensuit que l'extension matérielle de ces lignes dépend de la quantité des communications et des distances qu'elles parcourent,
Si deux bureaux centraux se transmettent une grande quantité de communications, un nombre considérable de lignes devient nécessaire, le nombre des messages transmis par une ligne étant limité; si les deux réseaux sont très éloignés, les lignes auxiliaires sont forcément longues en proportion,
Nous voyons donc que le matériel des lignes auxiliaires du système téléphonique d'une ville est proportionné aux communications transmises journellement et aux distances qu'elles parcourent, En d'autres termes, le nombre des messageskilométriques de chaque jour détermine le prix du service fourni par l'Administration, Dans chacun des bureaux centraux d'un système téléphonique d'une grande ville, il n'y a qu'une très petite proportion des appels destinés à des co'abonnés du même bureau,
Il est constaté que les abonnés ne se restreignent nullement à leur propre bureau central, leurs communications s'étendant dans toute la ville,
En général, les lignes auxiliaires transmettent environ les 4/5 de la totalité des appels, et il n'y a donc que 1/5 des messages téléphoniques qui soient des communications directes entre abonnés aboutissant au même commutateur,
Le service des lignes auxiliaires est pour cette raison la partie la plus importantedu réseau téléphonique d'une grande ville; on fait donc tous les efforts possibles pour faciliter un service exact et rapide à ces lignes auxiliaires, pour rogner des fractions de seconde sur la durée moyenne des appels, enfin pour assurer la plus grande exactitude et promptitude à ce service,
Une des grosses difficultés qui entravent, te service des téléphones est que le nombre des communicalions est très inégalement réparti entre les différentes heures de la journée,
Si les bureaux recevaient les appels en quantités toujours égales, la direction du service des téléphones serait beucoup plus facile qu'elle ne l'est,

sommaire

III - Le problème du standard : échelle, signalisation et organisation de la commutation téléphonique manuelle, 1877-1897
Document de MILTON MUELLER (1973)

Cet article diffère des autres travaux sur l'histoire du changement de la technologie tant par son sujet que par son approche.
Le récit de la technologie de commutation manuelle dans le volume 1 de la série History of Engineering and Science in the Bell System, bien que contenant de nombreuses informations utiles, ne parvient pas à identifier le rôle central joué par les déséconomies de croissance) dans le développement de la technologie.
La déséconomie Ce concept est le contraire des économies d'échelle.
En affaires, les déséconomies d'échelle sont les facteurs qui entraînent une augmentation des coûts moyens
D’autres travaux sur l’histoire de la commutation tendent à séparer la commutation automatique de la commutation manuelle pour se concentrer sur la première. L'histoire de A. E. Joel en matière de commutation dans le système Bell, par exemple, commence en 1925, après que Bell s'est engagée dans l'automatisation. Robert Chapuis, dans un traitement par ailleurs approfondi des 100 premières années de la commutation, ne consacre que quelques pages à l’«ère manuelle» En effet, les développements antérieurs à 1910 sont relégués à la préhistoire de la commutation. Ce parti pris est compréhensible ; D'un point de vue purement technique, les commutateurs automatiques sont plus intéressants que leurs prédécesseurs.
Mais cet article ne concerne pas l’appareil technique de commutation en soi. Son sujet est la confrontation avec les possibilités multipliées d'un réseau en expansion, un problème qui était plus visible à l'époque du manuel. Cette confrontation est intéressante pour deux raisons : son importance pour la compréhension de l’histoire du téléphone et ses implications pour la théorie sociale. Les déséconomies étaient une préoccupation majeure au cours des vingt premières années du développement du téléphone, affectant, par exemple, les politiques tarifaires du système Bell, le climat politique dans lequel il fonctionnait et son approche de l'introduction de la commutation automatique.
La presse spécialisée dans les télécommunications se demande « combien de temps les systèmes actuels pourront tenir avant qu’une nouvelle technologie ne soit nécessaire pour faire face à la croissance massive de l’utilisation du cellulaire » .
Ce qui est présenté ici comme « le problème du standard » n’est qu’un exemple particulièrement clair du type de réorganisation de l’organisation et de la communication qui doit se produire à mesure que l’échelle de l’interaction sociale s’élargit. Dans la section finale, je relie ces déséconomies organisationnelles de croissance aux spéculations actuelles sur l’émergence d’une « société de l’information ».

La signification la plus profonde de cette histoire concerne cependant le pouvoir des systèmes technologiques à connecter et à intégrer la société humaine dans des unités toujours plus grandes. Il doit être considéré comme une étude de cas sur la manière dont les relations communicatives qui maintiennent et constituent l’organisation sociale sont transformées par la croissance.
Il est prouvé que des problèmes presque identiques ont caractérisé la croissance d’autres systèmes. Alfred Chandler, par exemple, démontre que, lorsque les chemins de fer sont passés d'opérations locales à des réseaux régionaux plus vastes dans les années 1850, leurs coûts d'exploitation par mile ont considérablement augmenté. le coût des matériaux ou de la main-d'œuvre en soi, mais la complexité croissante de l'organisation et du contrôle à mesure que les opérations ferroviaires dépassaient le domaine d'un seul esprit. Actuellement, les fournisseurs de services de radiotéléphonie cellulaire ont été accusés de ne pas reconnaître les complexités liées à la croissance du nombre d'abonnés.

Un centre téléphonique est un réaménagement radical de l'espace social. Il rassemble deux intervenants à la demande, quel que soit leur emplacement. En effondrant ainsi l’espace social, il élargit également considérablement son échelle, permettant à des millions de personnes qui autrement seraient inaccessibles les unes aux autres d’avoir une conversation instantanée et en temps réel.
Le radicalisme même de cet acte d’intégration sociale a conduit les premiers développeurs de la commutation téléphonique à un dilemme particulièrement gênant. En 1881, le directeur du tout nouveau central téléphonique de Milwaukee Bell se plaignait que « l’impression générale parmi les abonnés est que si un central de 100 abonnés peut fonctionner à [tarifs de] 12 dollars par mois, alors un central de 1 000 devrait être exploité pour 1 000 abonnés. environ 40 centimes. Vous ne pouvez pas leur faire croire autre chose.
En fait, comme il en était douloureusement conscient, les centraux téléphoniques devenaient de plus en plus coûteux à exploiter (par abonné) à mesure que le nombre d'abonnés augmentait. Les « économies d’échelle » tant attendues par les clients n’existaient pas. Au contraire, la croissance n’a entraîné que des augmentations de taux, et les grands centres de New York, Chicago et Boston facturaient trois ou quatre fois les taux des petites villes. Le problème réside dans le processus de commutation, et le problème n’était pas tant technique qu’organisationnel.
À mesure que le nombre d'abonnés à un système téléphonique augmente, le nombre de connexions possibles entre eux augmente beaucoup plus rapidement, à peu près comme le carré du nombre d'abonnés. Par conséquent, la construction des standards est devenue de plus en plus coûteuse et les opérations nécessaires pour établir les connexions sont devenues de plus en plus complexes et lentes, à mesure que de plus en plus de personnes rejoignaient le central. Cette déséconomie de commutation a été le « revers saillant » le plus important rencontré au cours des premières années du développement du téléphone. Plus que tout autre facteur, il a freiné les progrès en liant la croissance du système à un service plus lent et à des coûts plus élevés. Il était également inhabituellement persistant.
Il a fallu vingt ans au système Bell et trois générations de technologie de commutation pour trouver une solution à long terme au problème.
Ce n'est qu'avec l'introduction des signaux lumineux automatiques, du standard à batterie commun et du développement d'une science de l'ingénierie du trafic entre 1892 et 1897 que la commutation a cessé d'être une contrainte pour la croissance du système téléphonique.

La naissance difficile du standard téléphonique
La commutation n'a pas été immédiatement reconnue comme un élément essentiel du secteur téléphonique. Alexander Graham Bell avait inventé un appareil permettant de transmettre la voix humaine par fil. L'invention n'a rien apporté à l'immense appareil technique et organisationnel nécessaire pour réunir deux utilisateurs du téléphone sur le même circuit. Les capitalistes de Boston qui commercialisaient le téléphone le considéraient comme une machine à louer aux clients plutôt que comme un élément d'un service fourni par une société d'exploitation. Pendant la majeure partie de 1877, les paires téléphoniques étaient reliées par leurs propres lignes privées.
Il n'a cependant pas fallu longtemps aux sociétés Bell pour comprendre le principe du central téléphonique, un central où plusieurs lignes d'abonnés convergeraient pour l'interconnexion. Les personnes et les techniques impliquées dans les premiers échanges avaient leurs racines dans les sociétés télégraphiques de « district », qui fournissaient des services d'alarme antivol, d'alarme incendie et d'appel de messagerie sur les réseaux télégraphiques locaux.
Étant donné que le processus de signalisation d'un bureau central à partir de cabines d'appel éloignées faisait partie intégrante de leur activité, un arrangement de central téléphonique leur est venu naturellement.
Après que des opérations de commutation (mise en relation) réussies aient été établies dans quelques emplacements de la Nouvelle-Angleterre, la société Bell a commencé à encourager ses titulaires de licence à ouvrir des centres téléphoniques. En février 1878, elle publia des instructions aux titulaires de licence les exhortant à promouvoir le téléphone comme substitut aux services télégraphiques de district. En mars de la même année, Alexander Graham Bell pouvait parler, dans ses conférences faisant la promotion du téléphone dans le monde, de « bureaux centraux » où les fils téléphoniques pourraient être connectés pour « établir une communication directe entre deux endroits quelconques de la ville ».
C'est probablement l'incursion de la société Bell sur le territoire télégraphique qui a finalement provoqué une réponse de Western Union.

D'un point de vue purement mécanique, le problème de l'établissement et du retrait rapides des connexions a été résolu presque immédiatement. Une cinquantaine de lignes d'abonnés se termineraient par un tableau vertical équipé de signaux alimentés par magnéto et d'une certaine forme d'appareil de connexion. Les signaux, connus sous le nom de volets annonciateurs, étaient des volets qui étaient libérés et abaissés chaque fois que l'abonné actionnait le générateur à magnéto de son téléphone (fig. 1). Une variété d’appareils de connexion étaient utilisés, y compris la prise et le cordon qui sont finalement devenus dominants. Outre son incapacité à signaler correctement la déconnexion, cette technologie traitait les appels rapidement et en douceur, à condition que l'appelé et l'appelant se terminent sur le même standard.
Cependant, chaque fois qu'une centaine de nouveaux abonnés étaient ajoutés à un central, certains appels devaient être transférés d'un standard à un autre. C’est là que réside la racine de ce qui est devenu connu sous le nom de « problème du standard ».


—Le standard téléphonique de la Gold & Stock Telegraph Co. de New York, un centre affiliéà Western Union 1880.
(George Bartlett Prescott, Le téléphone électrique [New York : D. Appleton & Co., 1890])


La nécessité de « regrouper » ou de « transférer » les connexions a augmenté le temps et les ressources consacrés à une connexion.
L'opérateur devait connaître le tableau sur lequel le correspondant souhaité se terminait, trouver une ligne principale ouverte vers ce tableau et y signaler l'opérateur. Deux ou plusieurs opérateurs devaient participer à l'établissement et à la suppression des connexions ; chacun devait passer du temps à attirer l'attention de l'autre, à communiquer avec l'autre et à surveiller l'appel.
Une connexion, gérée si simplement sur une seule carte, est devenue une opération très complexe.
À la fin de 1878 et en 1879, lors de la compétition entre Bell et Western Union, les échanges se sont d'abord développés jusqu'à atteindre une taille où les liaisons entre les cartes sont devenues nécessaires. L'organisation de la communication entre opérateurs est immédiatement devenue un problème majeur. Au début, les opérateurs se contentaient de se crier dessus à travers le bureau central. Le vacarme généré par cette méthode entraînait souvent des connexions erronées ou des retards. À mesure que les postes de standard devenaient plus grands, une division complexe du travail s'est développée, jusqu'à ce qu'un seul appel puisse passer entre les mains de cinq personnes différentes. Les opérateurs de certains de ces centraux communiquaient par la circulation de tickets écrits et établissaient une connexion par ce moyen. La méthode prenait souvent jusqu'à cinq minutes. D'autres bureaux utilisaient des circuits pour parler entre opérateur et constataient que, même si elle était plus rapide, répéter le numéro plusieurs fois augmentait le risque d'erreur, un ingénieur de Western Electric dont les inventions ont dominé les vingt premières années de commutation, résumait succinctement la situation : « dans les premiers mois de 1879, un chaos parfait régnait dans le plus grand central téléphonique
Pour les hommes d'affaires et les électriciens concernés, il était clair que l'opération de mise en communication (d'échange) avait complètement transformé la nature du secteur téléphonique. Il ne s’agissait plus seulement de louer un instrument, mais d’un service d’une extraordinaire complexité. Après que le règlement des brevets Bell-Western Union de novembre 1879 ait cédé l'activité téléphonique aux intérêts de Bell, les représentants des sociétés titulaires de licence Bell se sont réunis lors d'une conférence nationale en septembre 1880 pour comparer leurs notes sur les aspects économiques et techniques de la gestion d'un échange.
La convention s'est officiellement constituée sous le nom de National Telephone Exchange Association (NTEA) et s'est réunie une ou deux fois par an jusqu'en 1890.
Dans un rapport de la première conférence, C. N. Fay, le président et directeur général de la centrale de Chicago Bell, a exposé le problème dans un langage clair et audacieux. En 1880, la centrale de Fay à Chicago était la plus grande du pays, avec 1 633 stations, 9 bureaux centraux distincts et 153 lignes principales les reliant. Comme beaucoup d’autres, Fay avait appris lors de la compétition avec la Western Union que le plan commercial initial consistant à louer des téléphones à un taux forfaitaire d’environ 20 à 40 dollars par an n’était pas conforme aux aspects économiques des opérations de mise en communication (commutation).
Vers juillet 1879, dit-il, l’opinion « gagnait du terrain » selon laquelle « nous devrions facturer par commutateur et non par année » et il a commencé à tenir des registres des connexions. Fay reconnaissait qu'une « connexion » – l'établissement d'un circuit de la parole entre deux abonnés – était le produit de base du central plutôt que le téléphone. Ses observations, basées sur ses dossiers, ont confirmé ce que de nombreux autres gestionnaires de centraux savaient déjà intuitivement : la dépense par abonné augmentait à mesure que la bourse se développait.
Au moment des deuxième et troisième réunions de la NTEA en 1881, la nécessité d'ajuster les tarifs pour compenser la hausse des coûts moyens était une préoccupation majeure. L'indicateur le plus significatif du problème était le rapport entre abonnés et opérateurs. Sans exception, les plus grandes bourses présentaient les pires ratios. Autrement dit, il fallait plus d'opérateurs, plus de travail, pour gérer le même nombre d'abonnés lorsqu'ils faisaient partie d'un grand central que lorsqu'ils faisaient partie d'un plus petit central.
New York, Chicago et Cincinnati, avec environ trois fois le nombre d'abonnés, étaient confrontés à un nombre de lignes réseau presque dix fois supérieur à celui des centraux de taille moyenne d'Albany et de Buffalo (voir tableau 1). Les plus grandes bourses nécessitaient deux fois plus d'opérateurs pour gérer un nombre donné d'abonnés que les bourses de taille moyenne, et trois à quatre fois plus que les petites bourses.

Extrait du Procès-verbal de la Sovaces National Telephone Exchange Association. Archives des Laboratoires Bell

Même si les trois catégories affichent une légère amélioration du ratio abonné/opérateur sur la période de trois ans, la division entre les catégories reste marquée et intacte. Il n’est pas difficile de montrer pourquoi la technologie et les aspects économiques de la commutation téléphonique se sont révélés si sensibles à la croissance du nombre d’abonnés.
La raison est essentiellement mathématique. À mesure que le nombre d'abonnés (S) à un central s'accroît, le nombre de circuits nécessaires pour les connecter tous (N) n'augmente pas en proportion directe, mais à peu près au rythme plus rapide N = S au carré divisé par 2." .
La bourse centrale elle-même fut la première concession à ce principe.. Si chaque abonné était relié par fil direct les uns aux autres, N représenterait le nombre total de fils qui devraient être tendus pour interconnecter tous les abonnés. Un système téléphonique sans échange de seulement 500 personnes serait chargé. 124 750 fils séparés, dont 250 fils partent de chaque téléphone.
Un central central supprime la multiplication des fils mais pas l'augmentation mathématique du nombre de connexions possibles. La complexité croissante se déplace simplement vers le central, où les opérateurs et les appareils de commutation doivent être équipés pour gérer un éventail de possibilités en constante expansion.
Comme indiqué précédemment, une fois que le processus d’interconnexion des abonnés s’est étendu au-delà d’un seul standard, les connexions sont devenues plus lentes pour les abonnés, ont utilisé davantage d’installations physiques, ont consommé plus de temps aux opérateurs et étaient plus susceptibles d’être incorrectes. Or, à mesure que le nombre de standards d'un central augmentait, le nombre de connexions transférées augmentait proportionnellement. Un bureau avec tous ses abonnés sur une seule carte pourrait effectuer directement 100 pour cent de ses connexions. Un bureau avec deux tableaux a dû en transférer la moitié ; un bureau avec trois tableaux a dû en transférer les deux tiers ; et ainsi de suite.
Côté organisation : Les premiers standards des villes de grande taille étéient munis d'échelles, afin que les opératrices puissent atteindre l'ensemble des lignes lors des échanges. Vers la fin des années 1890, cette organisation ne suffisait plus face au nombre croissant de lignes et en Amérique, Milo G. Kellogg conçut la division multiple des standards pour que les opérateurs puissent travailler ensemble, avec une équipe sur le « tableau A » et une autre sur le « B ».
Le standard a finalement évolué vers un standard de type « A » (abonnés) pour les appels des abonnés et un type « B » (réseau interurbain) pour les appels de terminaison, les réseaux interurbains reliant les deux.
Cette configuration du
bureau, permet à un opérateur de disposer d'un maximum de 10 500 prises multiples.
La section du tableau « A » comme nous l'avons déjà expliqué, est aménagée pour trois postes d'opérateur et comporte huit panneaux pour les prises. La face avant du tableau « A » contient les lampes et les prises associées aux lignes d'abonné. Chaque ligne d'abonné est équipée d'une lampe de ligne et d'une prise de réponse, ainsi que d'une lampe et d'une prise auxiliaires. La ligne auxiliaire est placée à sept panneaux de la ligne principale, vers l'extrémité de croissance du tableau, permettant ainsi à plusieurs opérateurs d'accéder à chaque ligne. Des relais de ligne et de coupure sont associés à la prise de réponse pour allumer et éteindre la lampe de ligne. Au-dessus des prises de réponse se trouvent les prises de jonction sortantes auxquelles sont connectées les lignes principales des tableaux « B » de la zone du central. Ces prises sont réparties sur tout le tableau et sont accessibles à tous les opérateurs. Chaque poste est équipé de paires de cordons que les opérateurs utilisent pour traiter les appels. Chaque paire comprend un cordon de réponse, un cordon d'appel, des voyants de supervision, une touche d'écoute et de sonnerie, ainsi que le matériel de relais nécessaire. De plus, chaque paire de cordons est équipée de touches de collecte et de retour de pièces, de touches d'enregistrement de messages, de touches de sonnerie spéciales, etc., selon la classe de service traitée.
La section « B » du tableau est aménagée pour deux postes d'opérateur et sept panneaux pouvant accueillir 10 500 prises d'abonné. Ces prises sont réparties dans chaque section et constituent ce que l'on appelle un « multiplexage d'abonné ». Chaque opérateur a alors accès à tous les numéros du tableau. Le poste « B » est équipé de 48 à 50 cordons à une extrémité avec fiches, chacun étant connecté à une ligne entrante provenant d'une carte « A ». Un voyant de protection et de déconnexion est fourni avec chaque cordon et chaque fiche. Pour établir un appel, l'opérateur « A » doit informer l'opérateur « B » du numéro appelé. Deux méthodes ont été utilisées pour ce faire. La plus ancienne est la méthode du fil d'appel : l'opérateur « A » appuie sur une touche de son poste pour se connecter au circuit téléphonique de l'opérateur « B », qui attribue ensuite la ligne et place la fiche dans le multiple. Avec la méthode la plus récente et la plus simple, l'opérateur « A » sélectionne une ligne libre et s'y connecte. La ligne se connecte automatiquement au circuit téléphonique de l'opérateur « B » et le numéro est transmis. La ligne se déconnecte du circuit téléphonique de l'opérateur « B » lorsque la prise est insérée dans le multiplex.Pour plus de flexibilité, les prises de réponse et les prises multiples sont interconnectées sur le répartiteur. Lorsqu'un opérateur se branche sur une ligne, la batterie située sur le manchon de son cordon actionne le relais de coupure, ce qui coupe le relais de ligne et son voyant de réponse du circuit. La batterie située sur le manchon fournit également une indication d'occupation sur les cartes « A » et « B » afin d'éviter les doubles connexions.Une variante de la configuration des cartes « A » et « B », utilisée dans les petits bureaux, est la carte combinée. Il s'agit d'une carte « A » avec une carte multiple apparaissant dans la partie supérieure. Avec cette configuration, un opérateur gère l'ensemble de l'appel, y compris la sonnerie de l'abonné appelé. Les contraintes d'espace pour la carte multiple la limitent aux petits bureaux
.
Techniquement, la grande promesse du central téléphonique était d’établir un circuit à la demande entre n'importe quelle paire d'abonnés.
Cependant, en s'engageant à accomplir cette tâche, les développeurs du téléphone avaient déclenché une spirale mathématique qui augmentait progressivement la complexité et le coût de la commutation. La croissance du nombre d'abonnés et l'extension géographique de l'interconnexion téléphonique ont créé des progrès considérables dans le nombre de connexions possibles.
Comment gérer ces progrès considérables sans augmentations tout aussi importantes du coût de l'équipement et de la main-d'œuvre était le problème fondamental auquel était confronté le changement de technologie au cours des dernières années.

Le standard téléphonique multiple : résoudre le problème ou le perpétuer ?
La première grande avancée technique réalisée en réponse à la complexité croissante des grands centraux fut le « standard multiple ».
Le principe essentiel du standard multiple était assez simple : il s'agissait de placer une prise de connexion pour chaque abonné avant chaque opérateur. L'opérateur ne répondait aux appels que de 100 abonnés, comme auparavant, mais au-dessous (ou au-dessus) de son ensemble d'annonciateurs se trouvait un ensemble de prises de connexion pour chaque abonné du central.
Les lignes d'abonnés fonctionnaient en série dans toutes les sections du standard. Cela a complètement éliminé le besoin de transférer les appels au sein d'un central téléphonique ; une seule opération était nécessaire pour compléter un circuit de parole. Bien que cela simplifie le processus de connexion, cela complique les circuits et la signalisation. Si un opérateur pouvait se connecter à la ligne d’un abonné sans l’intervention d’un autre opérateur, il fallait alors concevoir un « test d’occupation » électrique pour avertir les opérateurs quelles lignes étaient déjà utilisées sur un autre poste opérateur.
Système Scribner
" commutateur multiple N° 305 021. obtenu le 9 septembre 1884
Mon invention concerne le procédé permettant de vérifier si la ligne d'un abonné demandée sur un tableau est utilisée sur un autre tableau.
. CARTE DE COMMUTATION MULTIPLE pour centrale téléphonique

Le principe du standard multiple
en dérivation a été conçu dès mars 1879 dans le central Western Union de Leroy Firman à Chicago.

Rappel : LB Firman était le directeur général de l'American District Telegraph dépose un Brevet le 7 janvier 1881 brevet n° 252 576, accordé le 17 janvier 1882 à la Western Electric Manufacturing Company, en tant que cessionnaire de Leroy B. Firman .

Un nouveau pas en avant fut constitué par la découverte du multiple en dérivation, dont les signaux d'appel, a relèvement automatique, sont situés à la partie supérieure du meuble, ce qui force la téléphoniste, à chaque appel, à fixer son regard d'abord vers le haut du meuble pour lire le numéro d'appel, de transcrire mentalement ce numéro dans celui du jack local correspondant situé à la partie inférieure du meuble et d'enfoncer ensuite une fiche de réponse dans ce jack local. Malgré cet inconvénient, qui était la cause d'une grande fatigue pour la téléphoniste, ce meuble fut considéré, à ce moment, comme un progrès réel, car il permettait d'élever le nombre des communications à l'heure à 125 environ par opératrice.
En raison des complications liées à la conception d'un test d'occupation réalisable, l'utilisation à part entière du multiple n'a commencé qu'en 1883.
En 1885, plusieurs standards téléphoniques avaient été introduits dans quinze villes, allant d'Elgin, dans l'Illinois (14 000 habitants), aux trois plus grands bureaux centraux à New York.
Boston, en particulier, avait pris l'initiative de convertir la totalité de son central à la commutation multiple et, en 1885, JohnJ. Carty, de l'American Bell Telephone Co., basée à Boston, a présenté un article devant la NTEA, approuvant avec enthousiasme la nouvelle technologie.
Après avoir documenté comment il avait réduit la charge de l'opérateur de 25 pour cent, Carty a conclu son rapport avec une déclaration audacieuse : « à mon avis, je considère le problème du tableau de distribution résolu. »
Au cours des quatre années suivantes, l’évaluation optimiste de Carty a semblé être corroborée par l’expérience d’autres villes.
L'évaluation la plus approfondie des problèmes multiples et autres liés à la commutation a eu lieu au cours des trois jours du « Tableau de commutation téléphonique ». Conférence tenue dans les bureaux de l'American Telephone and Telegraph Company (AT&T) en décembre 1887.
La conférence du standard s'inspire de la très réussie conférence par câble tenue en septembre de la même année pour améliorer les techniques de transmission vocale.
Mais la différence entre les deux rencontres est instructive. La Conférence sur le câble, axée sur des solutions strictement techniques à des problèmes bien définis, était une affaire ponctuelle qui a réussi à formuler des spécifications standard exactes à mettre en œuvre dans l'ensemble des sociétés titulaires de licence Bell.
La conférence téléphonique, en revanche, a soulevé plus de questions qu’elle n’en a répondu. Ses membres ont jugé nécessaire de tenter de définir exactement quelle était la fonction d'un central téléphonique.
Les problèmes identifiés ne se sont pas révélés susceptibles de parvenir à un consensus, et encore moins à une résolution immédiate. Au contraire, les participants à la conférence sont devenus le noyau d’un « comité standard » qui a été aux prises par intermittence avec les mêmes problèmes au cours des huit années suivantes.
La conférence était présidée par E. J. Hall, ancien directeur de la bourse de Buffalo et aujourd'hui vice-président et directeur général d'AT&T.
AT&T Co. avait été créée en 1885 pour financer et gérer le développement longue distance. Son ingénieur Angus Hibbard était également présent. La société ABT Co., basée à Boston, était représentée par l'électricien Thomas Lockwood, qui a rédigé le synopsis de la conférence, et par l'ingénieur-conseil Joseph Davis. Charles Scribner et E. M. Barton représentaient le fabricant de tableaux Western Electric Co. En plus de ces représentants des intérêts nationaux de Bell, dix électriciens et directeurs des plus grandes bourses Bell de Brooklyn, New York, Chicago, Pittsburgh, Cincinnati, Boston, Kansas City, et Saint-Louis y a participé.
La composition de la conférence était une indication de la stratification croissante entre les exigences techniques des grands centres urbains et celles du reste du pays. En effet, la conférence a commencé par « rejeter tous les standards et centraux de moins de 1 000 lignes » parce que les problèmes qui préoccupaient la conférence « ne commencent pas avant que ce nombre ne soit atteint.
Entre autres recommandations relatives au développement à distance, la conférence a donné au groupe son cachet officiel d'approbation." .
Mais la décision la plus importante issue de la conférence a été une définition explicite du rôle de l'échange dans le service téléphonique.
Dirigés par Thomas Lockwood, les participants ont convenu que la compagnie de téléphone devrait assumer autant que possible les fonctions de commutation et de signalisation du service téléphonique. Leur désir de populariser le téléphone et de le faire accepter comme un ustensile indispensable de la vie moderne les a engagés à rendre la commutation aussi transparente que possible pour l'utilisateur.
Le processus d'établissement d'une connexion doit être entièrement géré par des professionnels qualifiés et ne suppose aucune connaissance ou intelligence particulière de la part de l'utilisateur. Comme l’a déclaré E. J. Hall quelques années plus tard, « toute tentative visant à mettre l’utilisateur à notre service et à lui faire faire une partie du travail est un mouvement qui ne va pas dans la bonne direction ».

Le principe de « transparence pour l’utilisateur » a joué un rôle majeur dans les décisions d’acceptation ou de rejet des technologies de commutation et de signalisation au cours des quarante années suivantes. Cela a été un facteur majeur, par exemple, dans la décision du système Bell de résister à la commutation automatique, car le commutateur automatique proposé augmentait en fait la participation de l'abonné au processus de commutation en l'obligeant à composer des numéros. Cette attitude trouve en grande partie son origine dans les problèmes d'organisation rencontrés pour changer de contrôle efficacement sans introduire l'élément aléatoire et incontrôlable de la participation des abonnés. Il a également milité contre la division du travail dans l’établissement de liens. Les dirigeants souhaitaient concentrer toutes les opérations nécessaires au rapprochement de deux abonnés entre les mains d'un seul opérateur, capable de mener à bien le processus et d'assumer l'entière responsabilité du raccordement.
C'était une autre bonne raison d'adopter le standard multiple, qui a permis d'atteindre cet objectif. Comme l'a souligné Thomas Lockwood lors d'un débat sur les mérites de l'ancien et du nouveau standard, le système de transfert « a besoin de l'intelligence coopérative de deux personnes pour établir une connexion », tandis que « dans l'équivalent du fil principal utilisé dans le multiple, l’intelligence d’une seule personne est requise.
Malgré le fort soutien apporté par la conférence au multiple, les participants avaient déjà commencé à affronter certains de ses problèmes latents. Les améliorations d’efficacité du multiple étaient presque entièrement dues à l’élimination des connexions transférées.
Cependant, il n'y est parvenu qu'en augmentant considérablement le nombre de fils et de prises de connexion dans un central. La Metropolitan Telephone Co. de New York avait déjà découvert que la construction d'un standard multiple de 10 000 lignes pour l'ensemble de la ville coûterait plus de deux fois plus cher que la construction de trois bureaux centraux plus petits et dispersés et le maintien de certaines lignes réseau.
En effet, le standard multiple avait, à un niveau supérieur du système téléphonique, ont adopté sans réserve cette augmentation mathématique des facilités de connexion que le central lui-même a été inventé à l'origine pour éviter.
Au sein du central téléphonique, il faisait passer une ligne directe pour chaque abonné d'une section du tableau à toutes les autres sections, tout comme un système téléphonique primitif et sans échange pouvait faire passer un fil direct de chaque téléphone à chaque autre.
À ce stade de l'évolution de la commutation, les coûts et les délais associés à l’utilisation de « l’intelligence coopérative de deux personnes » pour établir une connexion étaient si rébarbatifs que la multiplication des appareils physiques semblait pour la plupart une alternative préférable.
Par conséquent, la quantité de prises et de fils dans un standard multiple augmentait comme le carré du taux d'augmentation du nombre d'abonnés.
Pour les centraux comptant entre 500 et 3 000 abonnés, l'installation supplémentaire semblait valoir les économies en termes d'efficacité et de main d'œuvre. Mais combien de temps cette augmentation géométrique pourrait-elle durer avant que les discéconomies ne recommencent à s’installer ?

Retour à la planche à dessin
Carty avait salué le multiple comme la solution au problème du standard en 1885.
Il n’a fallu que six ans pour lui prouver qu’il avait tort. À l’été 1891, les déséconomies d’échelle et divers problèmes techniques étaient devenus suffisamment inquiétants pour inciter à la formation d’un comité spécial. Une note rédigée par Joseph Davis d'ABT affirmait que « bien que le standard multiple sous sa forme actuelle soit maintenant d'usage général et semble répondre aux nécessités du cas mieux que tout autre, il est évident qu'un sentiment de malaise existe toujours dans les esprits. de bon nombre de nos plus grands penseurs concernant son emploi permanent.
Le groupe s'était révélé sensible à un certain nombre de difficultés électriques. Mais ces bugs techniques ont pu être et ont été rapidement surmontés grâce à des perfectionnements dans les circuits. La véritable source de « malaise » était fondamentale dans la conception du multiple. Dans les centraux des grandes villes, les parties du multiples menaçaient de devenir si grandes qu'un seul opérateur ne pouvait pas atteindre toutes les prises. (À cette époque, la taille minimale d'une prise de jonction était d'environ un demi-pouce carré, et seulement 6 000 d'entre eux pouvaient être disposés à portée d'un opérateur.)
Au moment où il en est arrivé là, le coût énorme de la multiplication des prises et les fils ont commencé à faire des ravages.
Ces problèmes freinaient sensiblement la croissance de la téléphonie. Les abonnés devenaient réticents à propos des tarifs. À New York, le tarif professionnel atteignait 240 dollars par an. Le rapport annuel de l'ABT pour 1892 a jugé nécessaire de mentionner et de contre-critiquer le fait que les taux dans les grandes villes étaient trop élevés par rapport à ceux des petites villes en faisant appel aux déséconomies de change. Le taux de croissance du nombre d'abonnés était tombé à 5 pour cent par an ou moins. Les sociétés d'exploitation elles-mêmes devenaient aussi tendues que leurs abonnés. Comme Scribner l'a souligné au comité, ils se sont abstenus de commander les appareils de commutation dont ils avaient besoin ; dans certains cas, [ils] ont refusé des abonnés parce qu'ils n'avaient pas d'installations pour les connecter aux centraux ; et ils sont aujourd'hui dans l'impossibilité de passer des commandes d'appareils de standardisation parce qu'ils ne savent pas de quel type d'appareils ils ont besoin.

Pour ajouter aux malheurs des sociétés d’exploitation, le problème des lignes réseau était de retour. Dans les grandes zones métropolitaines, un nombre croissant de connexions assurées s'effectuaient entre abonnés desservis par différents bureaux centraux.
Les liaisons partagées étaient plus prononcées à New York et à Chicago, où seulement 40 et 50 pour cent des connexions, respectivement, étaient locales à un bureau. Les problèmes liés aux connexions à ressources partagées entre les centraux étaient exactement les mêmes que ceux qui avaient affecté les connexions de transfert au sein des bureaux de commutation dix ans plus tôt : ils prenaient plus de temps, mobilisaient deux opérateurs et étaient plus sujets aux erreurs : dans ces centres vastes et dispersés, la boucle était revenue au problème de l'utilisation de « l'intelligence coopérative de deux personnes » pour établir une connexion, uniquement à un moment donné. composant de niveau supérieur du système (connexions inter-bureaux plutôt qu'intra-bureaux).
Le Comité des standards et appareils téléphoniques était un groupe de sept hommes représentant AT&T, ABT, Western Electric et les bourses de Boston, New York et Chicago. Encore une fois, E.J. Hall l'a présidé. Le groupe s'est réuni six fois, de juillet 1891 à mai 1895. Sa composition a légèrement changé au cours de cette période, Davis supplantant finalement Hall à la tête. Après une année de faux départs, ses archives documentent une révolution dans la signalisation, l'alimentation électrique et l'organisation qui a résolu le problème du standard pendant de nombreuses années.
Bien que les archives du comité fournissent la documentation la plus complète sur le type de problèmes qui ont conduit à cette révolution, le comité lui-même était rarement responsable des changements. Beaucoup de ses recommandations se sont révélées erronées et ses propositions se sont souvent révélées sans issue. Il s'agissait plutôt d'un forum précieux où de nouvelles idées pouvaient être présentées pour discussion et évaluation, puis testées dans les échanges locaux.
Les deux premières réunions du comité ont exposé les problèmes et mis en œuvre deux innovations : un standard dans lequel les prises étaient placées horizontalement plutôt que verticalement pour augmenter la capacité des opérateurs, et un « système d'échange de lignes combinées » qui utilisait des lignes réseau partagées plutôt que des lignes individuelles pour se connecter. abonnés au central.
Des modèles fonctionnels des deux types ont été construits par les ingénieurs d'AT&T et de Western Electric et évalués lors des réunions du comité. Les deux étaient des impasses.
- Le standard horizontal a réussi à réduire quelque peu la multiplication des équipements, mais le placement des annonciateurs au-dessus les rendait plus difficiles à voir et à atteindre, et la disposition horizontale avait tendance à emmêler les cordons et à provoquer des interférences entre les opérateurs lors des connexions. »
- Le système de lignes combinées, en revanche, n’a pas été un échec complet. Bien que cette technologie spécifique n'ait jamais été adoptée, elle représentait la première prise de conscience du système Bell selon laquelle les installations de lignes partagées pouvaient être une source de grandes économies plutôt qu'une cause de maux de tête, de dépenses et de retards.
Le plan de lignes combinées reposait sur un principe fondamental de l'ingénierie du trafic : étant donné que le nombre de circuits utilisés simultanément est toujours bien inférieur au nombre total d'abonnés, seules les installations suffisantes pour gérer la charge de pointe doivent être fournies. Si oui, pourquoi faire passer 1 000 lignes distinctes à 1 000 abonnés ? Pourquoi ne pas y installer un câble contenant seulement 100 circuits et trouver un moyen de permettre aux abonnés de se brancher sur ceux qui ne sont pas utilisés ? De cette façon, les installations pourraient être partagées tout en conservant les avantages de la confidentialité et de la signalisation individuelle.
Le modèle de fonctionnement des lignes combinées était pratiquement une réinvention de l’ensemble du système téléphonique. Cinq lignes réseau desservaient vingt à quarante abonnés. Le téléphone était équipé d'une prise ; Chaque fois qu'un abonné souhaitait se connecter, il se dirigeait vers son téléphone et insérait une fiche dans la prise de la première ligne interurbaine gratuite. L'insertion de la fiche a déclenché un signal sur tous les autres postes du faisceau, indiquant que la ligne était utilisée, et a provoqué la chute d'un volet du standard du central. Le nouveau système permettait d'appeler les abonnés pendant qu'ils parlaient, car ils pouvaient être contactés via une autre ligne interurbaine ouverte. Il permettait de relier des compteurs automatiques à une ligne, permettant ainsi aux appelants de voir leur facture s'additionner. Cela simplifiait et réduisait la taille du standard, puisque les prises et les prises n'étaient nécessaires que pour les lignes principales plutôt que pour chaque abonné individuel.
Hall et le reste des participants étaient très enthousiasmés par l'échange de lignes combinées. Comme l’a déclaré Hall, « l’aspect le plus attrayant est peut-être la possibilité qu’il offre de proposer un service à très bas prix pour répondre aux besoins des petits clients ».
Pourtant, après la deuxième réunion du comité du standard en octobre 1891, lorsque les dessins du modèle furent exposés, on n'entendit plus guère parler du projet de ligne combinée. Contrairement au standard horizontal, il n’a jamais été explicitement rejeté par la commission. L'explication la plus probable de sa non-adoption pourrait être les problèmes de signalisation dus à la relation impersonnelle entre l'abonné et l'opérateur. Étant donné que n'importe quel abonné du groupe de lignes réseau pouvait se présenter au standard sur n'importe quelle ligne, l'opérateur n'avait aucun moyen de savoir quel abonné contacter en cas de rupture de connexion. Il se peut également que son développement ait été dépassé par d’autres innovations qui promettaient des économies identiques, voire supérieures.
Les deux premières réunions du comité ont effectivement abouti à une amélioration importante du standard multiple.
Les difficultés électriques mentionnées ci-dessus ont été éliminées par l'invention du tableau multiple « borne de dérivation », qui utilisait un fil de terre commun et disposait d'un fil de test séparé pour chaque prise.
Mais il existe une distinction claire et importante entre les domaines dans lesquels les premières réunions du comité ont réussi et ceux dans lesquels elles ont échoué. Les problèmes qui pouvaient être résolus par la construction de circuits et de machines plus raffinés ont été résolus.
Les problèmes qui n'étaient pas électriques ou mécaniques mais organisationnels, tels que les canalisations et les déséconomies d'échelle, ont échappé au comité. Comme le conclut Hall, « les travaux du comité n'ont abouti, comme on l'espérait, à aucune suggestion tendant à réduire le coût du standard. Au contraire, même si nous disposons d’une meilleure planche qu’auparavant, nous en avons également une qui est plus chère.

Vers une organisation scientifique du central :
Les troisième et quatrième réunions des comités de standard, tenues en mars et mai 1892, marquent un tournant dans la lutte du système Bell contre le problème du standard. À l'état embryonnaire, quatre idées ont finalement ouvert la voie à l'expansion illimitée de la commutation téléphonique : (1) l'ingénierie du trafic, (2) le standard divisé, (3) le signal lumineux et (4) la batterie commune.
La solution n’est pas apparue sans heurts. Les années 1892 à 1897 ont été marquées par tant de bouleversements et d'expérimentations dans le domaine de la commutation et de la signalisation qu'Angus Hibbard a estimé la durée de vie attendue d'un tableau de distribution à un ou deux ans maximum. Toutes les innovations critiques répertoriées se sont développées indépendamment les unes des autres. En 1900, cependant, ils avaient convergé vers une technologie et une pratique de commutation matures qui constituèrent la base des quatre décennies suivantes de croissance du service téléphonique.

La base de l'ingénierie du trafic est l'observation scientifique des modèles d'appel et l'utilisation des données ainsi recueillies pour maximiser l'efficacité d'un centre. Les travaux de la troisième réunion du comité du standard se distinguent à cet égard de ceux qui l'ont précédé. La réunion contient ou fait référence à quatre études détaillées de trafic.
Contrairement aux statistiques d'échange informelles et incommensurables qui avaient été recueillies auparavant par la NTEA, les rapports statistiques de cette réunion se rapprochent d'expériences scientifiques ciblées. Les données ont été collectées et analysées pour tester une hypothèse spécifique. La méthode de collecte des données était systématique et reproductible.
« Le moteur de ce changement était le désir de lutter contre les déséconomies du multiple. Dans un rapport, E. J. Hall a utilisé les enregistrements de la bourse de Buffalo pour compiler un rapport massif sur les modèles d'appels parmi ses abonnés. Le rapport de Hall faisait partie d'une tentative visant à trouver un moyen de diviser un grand tableau multiple en deux parties plus petites et moins coûteuses.
Bien entendu, l'obstacle à cette réalisation était auparavant que le coût et les inconvénients des appels partagés entre deux cartes étaient considérés comme supérieurs aux économies de câbles et de prises. Mais une analyse du trafic comme celle qu'il avait préparée, soutenait Hall, leur permettrait de diviser les abonnés en deux groupes relativement autonomes et de maintenir les liaisons au minimum.
Poursuivant le lien entre l'analyse du trafic et la planification des installations d'échange, ABT entreprit en 1893 une étude du bureau central de Chicago. L'étude a été supervisée par Hibbard, qui a préparé une méthode standard et un formulaire de données qui ont ensuite été diffusés à d'autres bourses par l'intermédiaire du comité du standard. La méthode utilisée par Hibbard pour recueillir des statistiques de trafic, connue sous le nom de « compte de points », est devenue un outil standard d’ingénierie du trafic à l’ère de la commutation manuelle. » En 1895, la prise et l'enregistrement des données de comptage étaient standardisés dans toutes les sociétés Bell par le comité du standard. Les données de trafic étaient utilisées pour égaliser la charge des opérateurs, augmentant ainsi leur capacité et réduisant la taille du standard, et pour identifier le quantité minimale de lignes principales nécessaire pour gérer le trafic de pointe circulant entre deux bureaux centraux .

Les problèmes liés au changement sont toutefois apparus plus clairement dans les propositions visant à abandonner complètement le principe multiple et à mettre en œuvre ce qu’on a appelé un « échange divisé ». Dans un certain sens, l’échange divisé constituait une rupture radicale avec la technologie de commutation existante. Plutôt que de tenter de réduire ou d’éliminer le besoin de coopération des opérateurs pour établir une connexion, il a adopté sans réserve la division du travail. Dans un autre sens, le commutateur divisé était un retour au standard prémultiple, mais avec de nouvelles techniques de signalisation. Le nombre et la variété de ces propositions entre 1892 et 1895 montrent que l'organisation des opérations d'échange (commutation) était en pleine effervescence.
Les échanges divisés utilisaient deux opérateurs ou plus sur des tableaux distincts pour établir une seule connexion. En effet, chaque appel devenait un appel transféré. Cela a éliminé le besoin d'une multiplication coûteuse des équipements et a rendu plus facile pour le système de gérer de grands volumes de canalisations. Les partisans de tels systèmes ont compris que le partage des responsabilités pour établir une connexion nécessitait une coopération rapide et routinière entre les opérateurs et une signalisation pratiquement automatique et sans erreur. Ils ont ainsi été contraints de repenser et de rationaliser le processus de traitement des appels : comment signaler une ligne occupée ?
Que s'est-il passé lorsqu'une mauvaise connexion a été établie ? Comment les opérateurs ont-ils apprisque l'abonné pouvait être déconnecté ? En focalisant l'attention sur ces questions, le central divisé a apporté une contribution durable aux opérations téléphoniques.

Les propositions se sont présentées sous diverses formes.
Lors de la quatrième réunion du comité du standard, E. J. Hall a proposé un « standard divisé » qui allait bien au-delà de son idée antérieure de diviser le groupe en fonction des modèles de trafic. Il séparait physiquement et fonctionnellement les opérateurs qui répondaient aux abonnés de ceux qui les mettaient en relation avec l'abonné souhaité.
Le central téléphonique était divisé en deux types de standards appelés tableaux A et B.
Les centraux divisés renversaient complètement le principe de centralisation des standards multiples : chaque appel était traité comme une connexion interurbaine sur deux types différents de standards - un tableau A et un tableau B - et nécessitait deux opérateurs ou plus pour établir chaque connexion. Les demandes d'appels entrants étaient reçus sur un tableau A et étaient acheminées vers le tableau B approprié. (jusqu'à 8 000 abonnés ). Les cartes B étaient équipées de prises complètes pour 100 abonnés.
Les lignes principales de plusieurs cartes B étaient connectées à une carte A. L'opérateur A répond à toutes les demandes d'appel et, à l'aide d'un circuit d'appel, notifie l'opérateur B approprié qui, à son tour, indique le numéro de ligne réseau correct à l'opérateur A.
La division des échanges a résolu les déséconomies d'échelle associées à la commutation vers les grands échanges, mais elle n'a guère contribué à la construction du système envisagé par Bell. Au contraire, ces échanges divisés ont exacerbé les différences technologiques entre les grands réseaux urbains et ceux des petites villes. Alors que les échanges divisés sont devenus d'usage courant dans les grandes villes comme San Francisco, Chicago et New York au milieu des années 1890, les petites villes ont continué à utiliser des tableaux multiples modifiés.
Tant que les centraux téléphoniques restaient essentiellement des réseaux locaux, l'utilisation de technologies de commutation différentes n'avait pas d'impact énorme, mais l'incompatibilité technique est rapidement apparue comme un problème lorsque les expériences de transmission longue distance de l'American Bell Telephone Company ont commencé sérieusement..
À peu près au même moment, le président Sabin de la Pacific Telephone Co. développa une division différente du travail pour son central de San Francisco. Le « système express », comme on l’appelait, traitait de la complexité en établissant une hiérarchie. Il a également été le premier à s’appuyer sur le commutateur pour envoyer automatiquement les signaux de l’abonné au central.

1894 Le «Système express» de Sabin en fonctionnement du multiple de San Francisco de la Pacific Telephone & Telegraph Co.
Le système Express de Sabin a été le premier à s'appuyer sur le commutateur pour envoyer automatiquement les signaux de l'abonné au central.
En 1895 Plus de 10 000 abonnés sur la côte du Pacifique étaient desservis par le système Sabin's Express .
En 1894, la Chicago Telephone Co. a mis en œuvre un système express conçu par Hibbard et Sabin dans deux de ses bureaux.
En 1896, environ 15 pour cent des abonnés de Chicago en étaient desservis. " Moins de dix ans plus tôt, le standard multiple avait été développé pour éviter les dépenses liées aux liaisons et à la division du travail. Aujourd'hui, les liaisons et la division du travail étaient adoptées comme la solution à la cherté du multiple.
La se termine ce récit de MILTON MUELLER

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III - Exemple d'évolutions des standards, le brevet Kellog Brevet US308315 ,
MULTIPLE SWITCH-BOARD FOR TELEPHONE-EXCHANGES.
MILO G. KELLOGG, OF HYDE PARK, ASSIGNOR, BY MIESNE ASSIGNMENTS, TO THE WESTERN ELECTRIC COMPANY, OF CHICAGO, ILLINOIS. SPECIFICATION forning part of Letters Patent No. 308,35, dated November 18, 1884.

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IV - LE COMMUTATEUR TÉLÉPHONIQUE MULTIPLE W. OESTERREICH

La Lumière Électrique a donné la description d’un commutateur multiple de W. Oesterreich, et plus tard d’une simplification de ce commutateur.
Le grand avantage de ce système est qu’il n’est pas nécessaire de faire passer dans tous les tableaux deux fils pour chaque abonné, mais qu’un seul fil suffit; de plus, les jacks et les fiches sont d’une disposition très simple.
Ce système a reçu depuis de nouveaux perfectionnements, nous avons montré récemment une nouvelle disposition de ce commutateur.
Celui-ci a subi une autre transformation importante, et nous croyons intéressant de la faire connaître à nos lecteurs dans tous ses détails.
La Société Mix et Genest avait exposé un tel commutateur à Francfort, en 1891.


La figure 1 est destinée à rappeler le montage général du système.
La ligne L traverse un certain nombre de jacks de I à III, qui ne sont composés que de deux parties conductrices, une bague a et une lame de ressort b, réunies par une pièce d’ébonite c. Le dernier jack est en relation avec un annonciateur K et une pile locale B desservant simultanément une quarantaine de lignes et composée de deux à trois éléments constants.
Le circuit contient encore une résistance réglable W, dont le but est d’affaiblir le courant suffisamment pour qu’il ne puisse produire l'appel chez les abonnés, mais qu’il soit assez intense pour permettre de faire l’essai de la ligne.
Dans la disposition la plus récente de ce commutateur, on emploie toujours les deux fiches que nous avons décrites dans nos précédents articles, et les ressorts b reposent sur les bagues isolantes n (fig. 2), tandis que les douilles a sont reliées entre elles par les parties métalliques h et les fils s et a 3 des cordons. Les communications des fiches avec les appareils sont représentées par la figure 2. Cette disposition permet de réduire le nombre de fiches et de simplifier considérablement les manipulations.
La fiche, représentée à gauche sur la figure 2 est destinée à la ligne qui appelle, celle de droite à la ligne appelée; cette dernière est employée pour l’essai de la ligne, et possède un cordon à deux conducteurs. Elle se compose d’une pièce métallique présentant une pointe d’un tube d’ébomte, il l'enfilé sur cete pièce, et portant lui-même un tube métallique h. Les parties métalliques de la fiche communiquent avec le cordonà deux conducteurs, la partie h avec le conducteur s et k avec s

Fig. 3. — Montage des quatre tableaux.

L’employé a à sa disposition un transmetteur et un galvanoscope G très sensible. L’annonciateur de fin de conversation SK est placé entre les contacts a etc et peut être intercalé au moyen du commutateur U dans les lignesqui sont mises en relation par les fils et s.
Les longueurs des divers organes composai! les fiches et les jacks sont disposées de façon qu’en introduisant la fiche pour amener la pointe k sous le ressort b, lt vienne en contact avec b et Il avec a, de sorte que la ligne précédemment coupée se trouve refermée. Le galvanoscope intercalé entre s et à 1! doit donc indiquer le passage d'un courant, si la ligne est libre. Dans le cas où la ligne serait déjà en communication par un jack placé à la droite du jack d’essai, elle serait reliée à la terre, mais isolée de la pile B par la pièce n. Si la communication était établie dans un jack de gauche, cette même pièce n séparerait la ligne entre a et b des appareils placés à droite ; dans les deux cas, l’aiguille du galvanoscope ne peut dévier.
Les deux lames isolées de la cler U sont mobiles autour des points e et/, et peuvent mettre s2 et i- en contact soit avec a et e, soit avec b et d.

Fig. 4. — Vue de face d’un commutateur pour 6000 abonnés.

Sous la table sont fixées trois bandes métalliques dont III est en communication avec tous les cordons .sq, I avec b et II avec d ; entre les bandes II et III se trouve le galvanoscope G, et entre I et III l'appareil téléphonique de l’employé.
Ce dernier appareil comprend un microphone M, une bobine d’induçtion J, un téléphone F et une clef d’appel T. MB est la pile du microphone, WB la pile d’appel. La clef T se compose de deux ressorts isolés l’un de l’autre, la lame supérieure étant reliée à la bande de métal III, la lame inférieure à II. La première touche ferme à l’état de repos, le contact du téléphone, la seconde vient en contact, lorsqu’on abaisse la clef avec le pôle zinc de la pile d’appel. Cette clef T et la pile d’appel WB peuvent naturellement être remplacés par un inducteur.
Pour empêcher que le courant d’essai ne puisse trouver par le circuit local une dérivation vers la terre, on a intercalé dans le circuit de terre un petit condensateur G, qui améliore en même temps la. transmission en protégeant les appareils contre les courants terrestres. Le montage du téléphone de l’employé permet d’ailleurs de contrôler les conversations sur les diverses lignes sans introduire une dérivation à la terre.

Pour l’établissement des communications, ce système nécessite les opérations suivantes.
Toutes les clefs U sont à l’état de repos sur les contacts b,d, comme dans la figure 2. Si l’abonné A de la ligne L A vient à appeler, la fiche de s2 est introduite dans son jack; le téléphone local se trouve alors en circuit. A demande B. La fiche du cordon s st est alors introduite lentement dans le jack de l’abonné B, de sorte que le galvanoscope G se trouve passagèrement intercalé dans le circuit par k, st, III, G, II, d,f, s, h. Si l’aiguille du galvanoscope est déviée par un courant de la pile d’essai B, c’est que la ligne LB de l’abonné B est libre. Le courant dérivé passant par su T, F, J, I, b, e, s2, h vers LA ne traverse pas le galvanoscope. Les lignes LA et L B sont ensuite reliées définitivement en poussant la fiche à fond.
En appuyant sur la clef T, on appelle l’abonné B, si cette opération n’est pas exécutée par l’appelant A. Lorsque l’employé s’est aperçu que la conversation est engagée, il amène les lames de la clef U en contact avec a c, pour intercaler l’annonciateur de fin de conversation SK. Celui-ci tombe lorsque l’un des abonnés émet le signal final ; on retire alors les deux fiches et l’on remet la clef U dans la position de repos sur b d.
La figure 3 montre les liaisons établies entre les lignes de quatre abonnés A, B, G, D, dans les différentes phases de l’opération ; on remarque ici un conducteur commun E, en communication d’une part avec tous les annonciateurs du tableau, par exemple KB sur le tableau I, d’autre part avec la pile d’essai B et la résis-lance W. Les jacks de chaque abonné sont désignés par les mêmes lettres sur les quatre tableaux.

Voici quelles sont alors les communications.
1) Tableau I. — B vient d’appeler. Le jack B que possède B sur ce tableau contient la fiche reliée au cordon s2. U est placé sur b et d, et le téléphone de l’employé est intercalé par le circuit s2, e, b, I, J, F, G.
2) Tableau II. — G vient d’appeler. La fiche correspondant à L C est introduite dans le jack G, U est dans la position b d, le téléphone est
intercalé. C a demandé la communication avec A. La ligne L A est mise en communication dans le jack A avec la fiche d’essai ; celle-ci n’est pas poussée à fond, elle se trouve dans la position d’essai. Le courant de la pile B passe dans le tableau IV à travers l’annonciateur K A, ensuite de LA par le ressort b du jack A dans le tableau II, et par k, jj, III, G, II, d,f, s, h, a, à la ligne extérieure LA. Si cette ligne est libre, le galvanoscope indiquera le passage d’un courant.
3) Tableau, III. — D veut être mis en relation avec A ; la communication est établie, car la fiche de s2 se trouve dans le jack D et la fiche en A est poussée à fond. On appelle A en appuyant sur la clef T; le courant part de WB en III et va rejoindre L A en traversant la partie inférieure de T, ensuite II, d,f, s, h, a ; l’employé écoute si la conversation est engagée.
4) Tableau IV. — A est en communication avec B, les deux abonnés ont terminé leur conversation. U était en contact avec a et c et l’annonciateur de fin de conversation S K3 est en circuit. La communication entre LA et LB a lieu par l’intermédiaire de a et m dans le jack A par s2, e, a, S Kj, c,f, s, h et a du jack B. L’annonciateur S Kj est tombé ; on retire les fiches, et l’on ramène la clef U dans sa position de repos.
Les figures 4 et 5 donnent la vue de face et la section d’un commutateur complet pour un réseau de 6000 abonnés; la figure 6 en est une vue d’ensemble. Le tableau peut contenir, en commençant par en haut, en A et B 6000 jacks, dont 1200 sont en place dans la figure 4. B contient 1000 jacks généraux et G 200 jacks individuels. On voit encore sur ce commutateur en D et E trois galvanoscopes G, 40 cordons simples et 40 autres à double fil, ainsi que 40 clefs en F. On trouve près de G, 40 annonciateurs de fin de conversation, en II 200 annonciateurs d’appel, en K trois clefs d’appel et des jacks pour les appareils téléphoniques. Les 40 paires de cordons sont visibles en L, et en N les poids qui servent à les tendre au moyen des poulies visibles en M.

Pour plus de clarté, nous donnons ci-dessous un exemple du numérotage des jacks dans le tableau II d’un bureau; ce tableau dessert les lignes 201 à 400, dont les annonciateurs sont placés en C et manquent pour cette raison en B.
Trois appareils téléphoniques portatifs du modèle Mix et Genest sont posés sur la table, ou bien l’on se sert de trois téléphones et de trois microphones suspendus qui peuvent être reliés par une fiche avec la bande métallique 1, comme on peut le voir figure 2. Dans le cas où trois employés desservent un tableau, les bandes 1, II et III sont composées de trois parties qui restent séparées ou peuvent être au besoin reliées par l’insertion de fiches. Chaque employé peut atteindre avec sa fiche le jack le plus à sa portée, soit sur son tableau, soit sur un tableau voisin.

La figure 5 montre comment les bandes portant les jacks sont verticales pour la série inférieure, mais s’inclinent de plus en plus jusqu’à
la rangée supérieure, qui fait avec l’horizontale un angle d’environ 30°. De cette façon, le bras portant la fiche se dirige toujours dans le sens axial du jack, ce qui facilite les manipulations.
Les jacks généraux sont placés par série de 30, les jacks individuels par séries de 20 sur des bandes d’ébonite fixées sur les montants du tableau par deux vis. On peut d’ailleurs enlever les différents jacks séparément sans déranger les autres.
Les électro-aimants des annonciateurs se composent d’un noyau en forme de fer à cheval et de deux bobines présentant environ 150 ohms de résistance ; leur construction est très soignée; il sont assez sensibles pour fonctionner dans un circuit de 1500 ohms avec six éléments Leclanché.

Entre la disposition que nous avons décrite antérieurement et celle que nous venons d’examiner il en a été combiné une autre par la Société Mix et Genest. Dans ce système, 40 annonciateurs de fin de conversation étaient placés sous les 3000 jacks, venaient ensuite 40 fiches à cordons doubles, puis 300 annonciateurs d’appel et 200 jacks individuels, enfin 40 fiches à cordons simples.
On était obligé de placer sous les 3000 jacks généraux une seconde série de 200 jacks individuels, pour ne pas être obligé de passer avec le cordon à double fil par dessus les annonciateurs d'appel. Au lieu de la clef à deux lames T de la figure 2, on employait une clef Morse ordinaire, dont l’axe était relié avec III et st, tandis que les contacts de repos et de travail étaient montés comme dans la figure 2 ; le courant d’appel du bureau passait donc à travers le galvanoscope, qui devait en même temps être assez sensible pour dévier sous l’action du faible courant d’essai, deux conditions difficiles à réaliser.

Fig-6 — Ensemble d’un commutateur pour 6000 abonnés.

On peut se rendre compte des avantages de la disposition actuelle du commutateur multiple en le comparant avec d’autres systèmes.
Tandis que dans le commutateur de la Western Electric C° de Chicago les clefs se composent de huit parties, elles n’en comportent ici que six; le système américain contient pour 100 abonnés 40 clefs d’appel, le système Oesterreich n’en contient que trois pour 200 abonnés.
Dans le tableau à cordons simples de Scribner il y a pour 200 abonnés 200 commutateurs et 200 clefs, composés de 10 parties avec 11 fils et donnant lieu à de nombreux dérangements.
Dans le système Oesterreich la manipulation de l’essai de la ligne coïncide avec celle qui réalise la communication des lignes, car on n’a qu’à introduire la fiche s lentement dans 1e jack voulu et à observer l’aiguille du galvanoscope.
Dans d’autres systèmes, on fait l’essai en touchant avec la fiche et en se servant du téléphone. Ce moyen est beaucoup moins sûr, car on peut toujours entendre du bruit dans le téléphone; mais, de plus, cette opération exige de 1/2 seconde à 1 seconde, et pendant ce temps un autre employé peut essayer la ligne, ce qui donne lieu à des irrégularités dans le service. Cet inconvénient est évité lorsque l’essai et l’occupation de la ligne se font par une opération unique.
Le montage du commutateur que nous venons de décrire et l’essai au moyen d’un galvanoscope peuvent être appliqué aux réseaux à double fil et aux circuits à simple fil qui aboutissent, comme dans le système Scribner, à un cordon simple avec fiche.
E. Zetzsche
Le dispositif pour ces trois cas est breveté en France et en Angleterre.
Source: Polytechnischen Journals Tome 283, année 1892, p. 223

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