Bell
est un scientifique, un ingénieur et un inventeur britanno-canadien,
qui est surtout connu pour l'invention du téléphone,
pour laquelle l'antériorité d'AntonioMeucci a depuis été
officiellement reconnue le 11 juin 2002 par la Chambre des représentants
des États-Unis.
Alexandre Bell est né à Édimbourg en
Écosse le 3 mars 1847, il avait deux frères : Melvin
James Bell (1845-1870) et Edward Charles Bell (1848-1867), tous
deux morts de la tuberculose.
Son père Alexander Melville Bell était professeur,
et sa mère était Eliza Grace Symonds.
Il a reçu son éducation primaire de ses parents et de
tuteurs, comme cétait alors la coutume. Héritant du
talent musical de sa mère ce dernier a affirmé, plus tard
dans sa vie, quil se souvenait d'avoir toujours joué du piano.
Enfant, il pouvait jouer à loreille et improviser au piano
pendant de longues périodes.
Alexandre, alors âgé de 10 ans, réclama à son
père de pouvoir porter un deuxième prénom, comme ses
frères.
Son père accepta et lui permit, à l'occasion de son 11e anniversaire,
le deuxième prénom "Graham".
Il choisit ce prénom en raison deson admiration pour Alexandre Graham,
un interne Canadien soigné par son père, qui devint un ami
de la famille.
Alexander Graham Bell (rangée arrière, quatrième
à partir de la gauche) et ses camarades de classe de la Royal High
School, Édimbourgh, Écosse, 1858. Assis au premier plan, Alexander Melville Bell et son épouse,
Eliza Grace (née Symonds). Ils sont entourés de leurs fils,
de gauche à droite : Alexander Graham, Melville James et Edward
Charles, 1860. Ses études à la McLarens Academy et au Royal High
School, sont loin dêtre brillantes. Il aime la musique, la
botanique et lhistoire naturelle, matières qui ne figurent
pas au programme scolaire, et il déteste intensément le
latin et le grec, alors piliers de lenseignement formel. Avant de
quitter lécole secondaire en 1862, il a déjà
réalisé sa première invention : un système
pour faciliter lenlèvement des cosses dans un moulin à
grain, basé sur le principe dune brosse à ongles.
Alexander Graham Bell, à lâge de 15 et 17 ans. La photographie
de gauche a été prise par son père, à leur
maison de campagne, Milton Cottage, Trinity, Édimbourgh, 1862.
La même année, Graham et ses frères aident leur père,
Alexander Melville Bell, lors de démonstrations publiques du Visible
Speech un code de symboles indiquant la position et l'action de
la gorge, de la langue et des lèvres lors de l'émission
de divers sons. Autour de cette période, Graham sinscrit
également comme étudiant-enseignant à Weston House,
une école de garçons près d'Édimbourg, où
il enseigne la musique et l'art oratoire en échange d'enseignements
sur d'autres matières. Plus tard, après des études
à l'Université d'Édimbourg, il est devient enseignant
à plein temps. Il trouve également le temps de se qualifier
pour des études à l'Université de Londres et d'utiliser
le Visible Speech pour enseigner à une classe d'enfants ayant une
déficience de laudition. Tout en menant une série
d'expériences sur la voix et les sons, il ne peut pas écarter
de son esprit la possibilité de « télégraphier
» la parole, bien qu'il n'ait aucune idée de comment le faire.
Ce n'est qu'en 1867 qu'il sintéresse à l'électricité
et installe un fil télégraphique de sa chambre à
celle d'un ami. Des symboles du Visible Speech
inventé par Alexander Melville Bell, pour enseigner la production
de mots aux enfants ayant une déficience de laudition.
Puis, en 1870, un malheur bouleverse la famille Bell. Le plus jeune frère
de Graham était déjà mort de la tuberculose et maintenant,
son frère aîné, Melville James, succombe à
la même maladie. Les médecins font savoir que Graham présente
également des facteurs de risques importants. Son père nhésite
pas et sacrifie sa carrière d'enseignant à Londres pour
s'embarquer avec sa famille pour le Canada. Six jours après leur
arrivée au pays, le 18 août 1870, la famille achète
une maison à Brantford, en Ontario, aujourd'hui connue sous le
nom de Bell Homestead.
Beaucoup d'inventions marquèrent
la vie d'Alexander Graham Bell : les travaux exploratoires en télécommunications
optiques, l'hydroptère en aéronautique.
En 1888, il devint l'un des membres fondateurs de la National Geographic
Society
Le mot téléphone remonte à 1845. Il était
donné à un appareil imaginé par le capitaine John
Taylor, "un instrument puissant destiné à transmettre
des signaux, pendant le brouillard, à laide de sons produits
par de lair comprimé traversant des trompettes". Puis
en 1854, le même nom a été appliqué au système
de langage musical imaginé par Sudre.
Les découvertes de ces dernières années ont considérablement
modifié et précisé le sens de ces deux mots, en le
réservant aux appareils qui servent à la transmission de
la voix à distance. Le téléphone
Bell nest pas dû, comme daucuns pourraient le croire,
à la découverte fortuite dun heureux inventeur. Bell
avait connaissance des travaux de ses devanciers, parmi lesquels il cite
Page, Marrion, Beatson, Gassiot, De la Rive, Meucci, Guillemin, Wertheim,
etc, et s était livré à de laborieuses études
sur lacoustique, en collaboration avec son père.
Bell commença par létude des sons des voyelles, fit
des expériences parallèles à celles de Helmholtz
sur la reproduction artificielle des voyelles au moyen de diapasons électriques,
combina un harmonica électrique à clavier et un Morse à
audition ou sounder. Cest à partir de ce moment que commencèrent
sérieusement ses recherches sur les téléphones électriques,
et notamment sur la nature des courants engendrés par des actions
différentes. On lui doit la découverte des courants ondulatoires,
sur laquelle il basa la théorie de son merveilleux appareil.
Mais avant à partir de 1832, plusieurs inventeurs contribuent
par leurs travaux à la conception du télégraphe
électrique dont le diplomate russe Pavel Schilling, lAnglais
William Fothergill Cooke, un jeune servant dans larmée
des Indes, et Charles Wheatstone, un physicien.
En mai 1837, Cooke et Wheatstone brevetèrent un système
télégraphique utilisant un certain nombre d'aiguilles sur
un tableau pouvant être déplacées pour indiquer les
lettres de l'alphabet .... En Angleterre, le télégraphe expérimenté
par la compagnie de chemin de fer Great Western ne souhaitant pas financer
un système qu'elle considérait encore comme expérimental,
elle avait insisté pour son usage exclusif de la ligne et avait
refusé à Cooke l'autorisation d'ouvrir des bureaux publics
de télégraphe. Mais le nouvel accord signé par Cooke
autorisait le chemin de fer à utiliser le système gratuitement
en échange du droit pour Cooke d'ouvrir des bureaux publics, établissant
pour la première fois un service de télégraphie public.
Un tarif forfaitaire était fixé (à la différence
de tous les services télégraphiques ultérieurs facturant
par nombres de mots) d'un shilling, mais de nombreuses personnes ne payaient
ce shilling que pour voir cet étrange équipement.
À partir de ce moment, l'utilisation du télégraphe
électrique a commencé à se développer sur
les nouveaux chemins de fer construits à partir de Londres. Le
chemin de fer Londres - Blackwall (une autre installation à traction
par cordes) était équipé du télégraphe
Cooke et Wheatstone lors de son ouverture en 1840, et de nombreux autres
suivirent. ...
La vision dun entrepreneur a donné naissance au télégraphe
qui a déclenché la révolution de linformation.
En 1832, après un voyage en Europe, sur le Sully, navire qui ramène
l'américain Samuel Morse et son assistant Alfred
Vail, Morse s'inspirant des travaux de ses prédécesseurs
(notamment André-Marie Ampère, François Arago) invente
un système simple et robuste de télégraphe électromécanique,
qu'il baptisa « télégraphe enregistreur »
Le télégraphe fut perfectionné par Morse, Vail et
un collègue, Leonard Gale, pour devenir mécanique en 1837.
Le 20 juin 1840, un brevet est accordé à Morse pour
l'invention du télégraphe électrique pour lequel
son assistant Alfred Vail (qui jouera un rôle très important
dans l'histoire du téléphone) invente un code original de
transmission, le code Morse, via la transcription en une
série de points et de traits des lettres de l'alphabet, des chiffres
et de la ponctuation courante. Le point est une impulsion brève
et le trait une impulsion longue ...
Le télégraphe électrique ne tarde pas à
se répendre dans le monde entier comme le moyen le plus rapide
de communication.
Samuel Morse fait construire en 1843 la première ligne télégraphique
entre Baltimore et Washington, puis contribue à fonder
la « Western Union Telegraph
» qui deviendra l'ATT
sous la direction de Vail.
De son côté Charles Wheatstone produit
un télégraphe automatique (ancêtre du Télex)
qui transmet jusqu'à 190 mots par minute.
La première ligne télégraphique commerciale fut construite
entre Washington D.C. et New York au printemps 1846 par la Magnetic Telegraph
Company. L'essor commercial de la télégraphie commence :
le premier câble trans-manche fonctionne entre Douvres et Calais
en 1851. En 1866, la première liaison transatlantique durablement
opérationnelle est réalisée entre l'Irlande et les
États-Unis via Terre-Neuve.
Alors qu'il vivait à Salem, Bell informa
Thomas Sanders de ses idées sur la télégraphie
multiple et le laissa même l'aider à fabriquer des appareils
expérimentaux. Bell rencontra le deuxième de ses soutiens
en avril 1872 à l'Institut Clarice pour les sourds-muets lorsqu'il
montra au président de cette école, Gardiner G. Hubbard,
ce qu'il avait accompli avec les élèves en un court mois
et lui fit part de ce qu'il prévoyait de faire pour Le reste de
sa visite. Non seulement tout s'est déroulé « à
merveille », mais cela a aussi marqué le début d'une
amitié qui allait s'avérer mutuellement avantageuse. Thomas Sanders
Gardiner Greene Hubbard
Thomas Sanders
A cette époque Bell visita plusieurs écoles pour sourds
de la région de Boston et, en 1873, il devint professeur de
physiologie vocale et de mécanique de la parole. Il commença
également à donner des cours particuliers à des
élèves sourds et attira l'attention de Sanders, qui
l'engagea pour son fils sourd-muet de 6 ans, George. De 1873 à
1876, Bell travailla avec le fils Sanders et vécut avec lui
chez la grand-mère de George à Salem, dans le Massachusetts.
Bell et Sanders devinrent des amis proches, et Bell se rendait souvent
chez les Sanders à Haverhill, où il mena nombre de ses
expériences pour inventer le téléphone. Sanders
était propriétaire de la Sanders Leather Company, une
entreprise florissante du secteur de la chaussure à Haverhill.
Son entreprise avait mis au point un procédé de découpe
à grande échelle des semelles de chaussures en cuir,
évitant ainsi aux fabricants de chaussures de devoir les découper
eux-mêmes. Sanders s'intéressa aux expériences
de Bell sur la transmission du son et devint finalement le principal
bailleur de fonds du développement du téléphone.
Gardiner Greene Hubbard était un avocat,
financier et leader communautaire américain. Il fut l'un des
fondateurs de la revue Science; et un défenseur de l'éducation
à la parole orale pour les sourds.
Il s'installe d'abord à Cambridge et rejoint le cabinet d'avocats
de Boston Benjamin Robbins Curtis . Là, il est devenu actif
dans les institutions locales. Hubbard a aidé à établir
une usine d'adduction d'eau de la ville de Cambridge, a été
l'un des fondateurs de la Cambridge Gas Co. puis a ensuite organisé
un système de tramway entre Cambridge et Boston. Hubbard a
également joué un rôle central dans la fondation
de la Clarke School for the Deaf à Northampton, Massachusetts
. Ce fut la première école orale pour sourds aux États-Unis,
et Hubbard en resta administrateur pour le reste de sa vie.
Hubbard est entré sur la scène nationale en devenant
un partisan de la nationalisation du système
télégraphique (alors un monopole de la Western
Union Company) sous la direction du service postal américain
, déclarant dans un article : « Les changements proposés
dans le système télégraphique ». On
ne prétend pas que le système postal soit exempt de
défauts, mais qu'il élimine bon nombre des graves maux
du système actuel, sans en introduire de nouveaux ; et que
la balance des avantages prédomine grandement en faveur du
système postal. tarifs bon marché, installations accrues,
pouvoirs limités et divisés du système postal.
À la fin des années 1860, Hubbard a fait pression
sur le Congrès pour qu'il adopte le projet de loi américain
sur le télégraphe postal, connu sous le nom de projet
de loi Hubbard. Le projet de loi aurait créé la US Postal
Telegraph Company qui serait connectée au bureau de poste américain
, mais le projet de loi n'a pas été adopté. Pour bénéficier du projet de loi, Hubbard avait
besoin de brevets qui dominaient des aspects essentiels de la technologie
télégraphique, tels que l'envoi simultané
de plusieurs messages sur un seul fil télégraphique.
C'est ce qu'on appelait le « télégraphe
harmonique » ou télégraphie acoustique.
Bien que Bell et Hubbard s'intéressaient tous deux
à la télégraphie, leurs premiers échanges
se limitaient probablement à l'éducation des sourds.
L'idée de la télégraphie multiple était née
dans l'esprit de Bell avant qu'il ne s'installe définitivement
aux États-Unis. Pendant deux années, il travailla sur ses
expériences télégraphiques à Boston et à
Salem, essayant de mettre au point un appareil parfait capable de transmettre
simultanément plusieurs messages sur un seul fil télégraphique.
Durant ses vacances d'été au Canada en 1874, Bell
non seulement réfléchit à la télégraphie
multiple, mais conçut également une méthode permettant
d'envoyer des discours articulés par fil télégraphique.
Il avait en effet conçu les éléments fondamentaux
du téléphone parlant, et il ne restait plus qu'à
mettre la théorie en pratique.
Il semble probable qu'après son retour du Canada, Bell ait confié
à Sanders son concept du téléphone, sa confiance
en la télégraphie multiple. Parce que Bell doutait que la
transmission soit audible et aussi parce que le concept n'était
encore qu'une théorie non testée, contrairement à
la télégraphie multiple de Bell, Sanders n'a peut-être
pas été impressionné. Quoi qu'il en soit. Les expériences
télégraphiques multiples les plus récentes de Bell
étaient si prometteuses que, Sanders proposa de payer tous les
frais d'obtention de brevets et de construction d'instruments, en échange
de la moitié de ses intérêts. La gratitude de Sanders
pour le travail de B. Bell a également joué un rôle
dans cette offre. Bell parla pour la première fois à Hubbard
de ses exportations télégraphiques. Un soir, alors qu'il
rendait visite à la famille Hubbard, il accepta de jouer du piano
pour eux. Au milieu de sa prestation, Bell s'arrêta, se retourna,
demanda si Hubbard savait que le piano répéterait une note
chantée et fit une démonstration du phénomène.
Bell a ensuite expliqué que ce principe de vibration sympathique
l'avait conduit à un appareil capable de transmettre simultanément
plusieurs messages phonétiques sur un seul fil.
Le lobbying enthousiaste de Hubbard mena le projet à la limite
du succès en 1874. Il était si proche du succès qu'il
était prêt à risquer non seulement sa fortune, mais
aussi celle de son pays. Il fut cependant bloqué par la défense
vigoureuse de la Western Union menée par son président,
William Orton.
Lors d'une audition au Sénat ce printemps-là, Orton a nié
que Western Union ait sacrifié des avancées technologiques
à des fins de profits élevés et a souligné
la récente acquisition par son entreprise du système Duplex
de Steen, qui doublerait le nombre de messages transmis. Hubbard a réagi
en prédisant que de nouveaux développements permettraient
la transmission simultanée de quatre, voire de huit messages. Peu
de temps après, Western Union a également acquis le système
Quadruplex dEdison, contredisant ainsi
largument de Hubbard.
Tel était l'état des choses lorsque Bell indiqua qu'il travaillait
sur un système de télégraphie multiple qui surpasserait
les méthodes existantes.
Après avoir consulté l'Office des brevets pour une anticipation
possible de l'idée de la télégraphie biharmonique,
Hubbard fit à Bell une offre : une aide financière
pour ses expériences en échange d'une participation de moitié
dans l'invention. Mais Bell avait déjà conclu un accord
similaire avec Sanders. Il l'accepta, à condition qu'un arrangement
puisse être trouvé avec son premier partenaire
Pour optimiser les liaisons en cuivre/laiton, Hubbard et son associé
Thomas Sanders, financent des expériences pour le développement
du télégraphe multiple, ce qui amena divers brevets et conduira
Alexander Graham Bell à l'invention du téléphone. Hubbard était alors un des fondateurs de la Clarke Schools
for Hearing and Speech, la première école orale pour les
sourds aux États-Unis, située à Northampton.
Autre acteur important dans cette aventure est Holmes père
qui a démarré une entreprise commérciale en 1849 à
Boston, et le fils Edwin Holmes en tant que
vendeur d'articles ménagers et entrepreneur, a acquis des compétences
qui l'ont aidé plus tard à établir l'industrie des
alarmes incendie et antivol. L'alarme électrique a été
brevetée en 1853 par le révérend Augustus Russell
Pope de Somerville, Massachusetts.
Edwin Thomas Holmes a acquis les droits de brevet de Pope en 1857 pour
1 500 USD et a fabriqué l'appareil dans son usine de Boston, Massachusetts
. Il a commencé à les vendre en 1858. Puis il repris l'entreprise
de son père après sa mort .
Au début, les gens étaient craintifs et sceptiques quant à
l'utilisation de l'électricité pour les alarmes, et l'affaire
ne marchait pas bien. Par conséquent, en 1859, à la recherche
d'un nouveau et plus grand marché, Holmes a déménagé
son entreprise à New York, qui était alors perçue comme
un endroit où « tous les cambrioleurs du pays avaient élu
domicile ». En 1866, il y a installé 1 200 alarmes domestiques
et a commencé à commercialiser avec succès auprès
des entreprises commerciales. En 1877, c'est à cette date que Holmes
et Bell vont entrer en relation, Holmes sera la première personne
à avoir un téléphone à domicile. Holmes deviendra
le principal fabriquant des téléphones Bell.
Alexander Graham Bell est hautement redevable à
son grand-père paternel Alexander qui, ne voulant pas devenir
cordonnier comme on létait dans sa famille de père
en fils, avait quitté le Fifeshire (Ecosse) pour faire carrière
dans un domaine alors nouveau, lélocution.
Passionné par le métier dacteur, il avait perfectionné
sa diction et sétait installé à Dundee, en
1826, pour enseigner lélocution à temps plein. Il
sintéressa bientôt aux troubles du langage, en particulier
au bégaiement, et commença à écrire un manuel
sur le sujet. Alors que sa femme était allée à Édimbourg
pour livrer le manuscrit, une de leurs connaissances découvrit
quelle avait une liaison. Après leur divorce, Alexander sétablit
à Londres avec leur plus jeune fils, Alexander Melville, en 1834.
Lannée suivante, il y publia The practical elocutionist,
livre dans lequel il indiquait les groupes de mots et les accents par
des symboles semblables à des virgules, jetant ainsi les bases
dun système de visualisation du langage en même temps
que celles dune vocation qui intéresserait trois générations
de Bell.
En 1838, soit peu après le remariage de son père, Alexander
Melville Bell, épuisé par ses longues heures de travail
comme assistant dun marchand drapier de Londres, fut envoyé
à Terre-Neuve pour se refaire une santé. Il habita chez
un ami de la famille à St Johns et trouva un emploi de commis
dans une entreprise de navigation. Il aida ses collègues à
obtenir la réduction de leur semaine de travail et organisa cours
et pièces de théâtre. De plus, il commença
à traiter des bègues, selon les méthodes de son père,
avec un succès qui lui valut une certaine reconnaissance publique.
De retour en Angleterre en 1842, il se lança avec son père
dans des études originales sur la physiologie des organes vocaux.
En voyage à Édimbourg lannée suivante, il fit
la connaissance dEliza Grace Symonds, une miniaturiste anglaise
de dix ans son aînée.
Dans des souvenirs rédigés à lintention de
ses petits-enfants, il écrirait : « Je ne suis pas tout
à fait tombé amoureux dès la première rencontre,
mais jai été frappé dès la première
rencontre. » Attiré par cette femme cultivée,
il admettait avoir aussi éprouvé de la sympathie pour elle,
dautant plus quelle était partiellement sourde. Leur
longue et tendre union soutiendra Alexander Graham Bell toute sa vie.
Le couple, marié en 1844, sinstalla à Édimbourg.
Lannée suivante, Alexander Melville Bell y publia son premier
ouvrage, The art of reading, dont il se servit dans ses conférences
sur lélocution. Il lut également en public des extraits
des uvres « impies » de Charles Dickens, pratique à
laquelle les autorités de sa paroisse lui demandèrent de
mettre fin. Bell changea plutôt de paroisse. La prospérité
apportée par lintérêt croissant que suscitaient
ses conférences permit au couple demménager dans un
spacieux appartement de la rue Charlotte Sud, où naquit Alexander.
Le jeune "Aleck", comme on lappelait, fit ses premières
classes auprès de ses parents. Son père, qui sut reconnaître
sa passion pour les collections de spécimens naturels, lintéressa
à la biologie. Sa mère lui transmit son amour de la musique.
Aleck avait, semble-t-il, un véritable don pour jouer doreille,
don quil perdit, selon lui, en apprenant à lire la musique.
Les leçons du distingué pianiste Benoît-Auguste Bertini
lui inspirèrent pendant un moment le désir de devenir musicien.
Si ce désir sestompa, lexpérience nen
fut pas moins utile : « Je suis porté à croire
[...] que ma passion précoce pour la musique ma bien préparé
à létude scientifique des sons », écrirait-il
dans son autobiographie.
Par un curieux hasard du destin, Melville Bell, le père
d'Alexander Graham Bell, aperçut l'Euphonia (machine de
Faber) à Londres en 1846 et en ressortit profondément impressionné.
Bell père à cette époque était un étudiant
en acoustique, particulièrement intéressé par la
production de la parole. Toujours intrigué par le souvenir de l'appareil
de Faber, il emmena son fils Alexander Bell, alors
âgé d'environ seize ans, en 1863, voir la « machine
à parler » du scientifique britannique Charles Wheatstone,
celle que Joseph Henry avait jugée
inférieure à celle de Faber.
Après la visite, Melville mit Alexander et son frère au
défi de construire eux-mêmes une telle machine.
Cette année-là, ils commencèrent à travailler
sur le projet et réussirent rapidement à faire crier « Maman »
leur machine parlante. En 1857, Aleck commença à fréquenter lécole,
la Hamilton Place Academy.
Dès son plus jeune âge, Bell disposait d'une grande curiosité
pour le monde qui l'entourait, il fit ainsi collection d'espèces
de plantes et réalisa déjà ses premières expériences.
Son meilleur ami était Ben Herdman, un voisin, dont la famille
travaillait dans un moulin. Alexandre et Ben allaient souvent au moulin.
Le jeune Alexandre demanda ce qui devait être amélioré
au moulin. On lui expliqua que le blé devait être décortiqué
à l'aide d'un procédé complexe et laborieux. Alexander,
à l'âge de 12 ans, construisit un appareil qui combinait
des palettes tournantes et un ensemble de brosses à ongles, inventant
ainsi une simple machine pour le décorticage du grain. Cette machine
fut utilisée avec succès, et ce pendant plusieurs années.
En retour, John Herdman donna aux deux garçons un petit atelier
où « inventer ».
Bell montra également très jeune un vif intérêt,
et un talent, pour l'art, la poésie et la musique, intérêts
encouragés par sa mère. Il apprit le piano sans professeur
ni manuel, et devint le pianiste familial. Bien que d'un naturel calme
et introspectif, il faisait couramment des "blagues vocales"
et de la ventriloquie pour divertir la famille. Bell fut très affecté
par la surdité graduelle de sa mère (elle commença
à perdre l'audition quand Bell avait 12 ans) et apprit un petit
manuel de langue des signes. Ainsi, il pouvait s'asseoir à côté
d'elle et converser silencieusement dans le salon familial. Il développa
également une technique de parler par des sons clairs et modulés
directement sur le front de sa mère, ce qui lui permettait d'entendre
son fils relativement clairement. La préoccupation de Bell au sujet
de la surdité de sa mère, le conduisit à étudier
l'acoustique.
Sa famille était depuis longtemps associée
à l'enseignement de l'élocution : son grand-père,
M. Alexandre Bell, à Londres, son oncle à Dublin et son
père à Édimbourg étaient professeurs de diction.
Son père a publié énormément à ce sujet,
et nombre de ses travaux sont encore bien connus actuellement, surtout
son "The
Standard Elocutionist", apparu dans 168 éditions britanniques
et vendu à plus de 250 000 exemplaires aux États-Unis .
Dans ce traité, son père explique les méthodes qu'il
a développées pour apprendre aux sourds-muets (appellation
de l'époque) à articuler les mots et lire sur les lèvres
des autres afin de comprendre les messages qui leur étaient adressés.
Le père d'Alexandre lui avait expliqué ainsi qu'à
ses frères de ne pas seulement écrire mais aussi identifier
chaque symbole et le son l'accompagnant. Alexandre devint si doué
qu'il fut l'assistant de son père lors de démonstrations
publiques où il étonna l'assistance par ses facultés
à déchiffrer les symboles du latin, du gaélique et
du sanskrit.
Comme ses frères, Bell reçut très jeune des
cours à la maison par son père. Il fut également
enrôlé très tôt à la Royal High School,
Édimbourg, Écosse, qu'il quitta à l'âge de
15 ans, finissant seulement les 4 premières années. Il ne
fut pas un brillant élève, sa scolarité ayant plus
été marquée par l'absentéisme et des résultats
ternes. Son principal intérêt restait dans les sciences,
et plus particulièrement en biologie, alors qu'il traitait des
autres sujets d'école avec indifférence, à la plus
grande consternation de son père. Après avoir quitté
l'école, Bell déménagea à Londres pour vivre
avec son grand-père, Alexandre Bell. Il prit goût à
l'enseignement durant les années qu'il passa avec son grand-père,
grâce aux longues et sérieuses discussions mais aussi de
nombreuses heures d'études. Son grand-père fit de gros efforts
pour que son petit-fils parle clairement et avec conviction, qualités
nécessaires pour qu'il puisse être un bon enseignant.
À l'âge de 16 ans, Bell fut nommé étudiant-professeur
de diction et de musique à la Weston House Academy (Elgin, Moray,
Écosse). Il était lui-même étudiant en latin-grec,
mais donnait des cours pour 10 $ la session. L'année suivante,
il rejoignit son frère Melville à l'université d'Édimbourg.
Après des études à l'université
d'Oxford (Angleterre), Bell sétablit au Canada en 1870, puis
aux États-Unis dAmérique un an plus tard.
Il fonde en 1872 une école pour les malentendants et débute
ses travaux qui aboutiront au téléphone. Le père dAleck (Melville) encouragea l'intérêt
de son fils pour la parole en 1863, et l'emmena à Londres voir
un automate développé par Charles
Wheatstone, scientifique de premier plan et chercheur en télégraphie,
pour voir sa reproduction de la « machine parlante » inventée
au xviiie siècle par Wolfgang von Kempelen machine qui simulait
une voix humaine ainsi que la machine de Joseph Faber qui avait produit
un automate (lire la page sur "la voix").
Wolfgang von Kempelen a commencé au début des années
1770 à construire une machine parlante, c.à.d. à
la même époque où Gottlieb Kratzenstein commencait
à sintéresser pour la synthèse vocale à
Copenhague. Wolfgang von Kempelen fabriquait plusieurs prototypes Pour la première
version il utilisait un soufflet de cuisine, une anche (roseau) de cornemuse
et une cloche de clarinette. Pour la seconde version il utilisait une
console dorgue avec un clavier où les différentes
touches étaient associés à des lettres. Les sons
étaient produits avec des tubes de différentes formes et
longueurs. Le problème était toutefois le chevauchement
(co-articulation) des différents sons qui empêchait la génération
de syllabes. Wolfgang von Kempelen concluait quil fallait mieux comprendre
le fonctionnement de lappareil phonatoire humain pour progresser.
Ce nest quau début des années 1780 que son modèle
réalisé lui donnait satisfaction et quil le présentait
au public. L'automate de Joseph Faber
La machine de Kempelen inspira Aleck et son frère Melville
James (Melly), qui fabriquèrent leur propre version dun larynx
parlant.
Il obtint une copie de l'ouvrage de von Kempelen "L'homme mécanique"
(en allemand) et la traduisit péniblement. Il construisit alors
avec son frère Melville leur propre automate (une tête).
Leur père, très intéressé par ce projet, leur
paya toutes les fournitures et pour les encourager, leur promit un "prix"
s'ils réussissaient ce projet. Alors que son frère construisait
la gorge et le larynx, Alexandre surmonta la difficile tâche de
recréer un crâne réaliste.
Ces efforts furent récompensés car il créa une tête
aussi vraie que nature, capable de prononcer seulement quelques mots.
Les garçons ajustèrent précautionneusement les "lèvres"
et quand un soufflet d'air forcé passa à travers la trachée,
un très reconnaissable "maman" se fit entendre, au plus
grand plaisir des voisins qui vinrent voir l'invention du fils Bell.
Intrigué par les résultats de cet automate, Bell continua
ses expériences sur un sujet vivant, le Skye Terrier de la famille
"Trouve".
Après qu'il lui apprit à faire des grognements continus,
Alexandre manipula les lèvres et les cordes vocales de son chien
pour produire un son brut "Ow ah oo ga ma ma". Avec un peu de
volonté, les visiteurs pouvaient croire que le chien articulait
"How are you grandma ?" (« Comment allez-vous grand-mère
? »). Bell était assez joueur et ses expériences ont
convaincu plus d'un visiteur d'avoir affaire à un chien parlant.
Quoi qu'il en soit, ces premières expériences avec les sons
encouragèrent Bell à entreprendre ses premiers travaux sérieux
sur le son en utilisant une fourchette modifiée pour étudier
la résonance.
Les Bell recevaient chez eux bien des grands de cette
époque. Alexander Graham y revit Wheatstone
et rencontra des hommes comme Alexander John Ellis,
le célèbre phonéticien de Londres, collègue
de son père qui sera plus tard décrit comme le professeur
Henry Higgins dans Pygmalion..
À 16 ans, toutefois, Aleck avait hâte de subvenir lui-même
à ses besoins. Il obtint un poste de professeur stagiaire délocution
et de musique dans une académie dElgin. Il écrivit
un rapport sur son travail et l'envoya à Alexander Ellis, En 1867, la tragédie frappa la famille, alors établie
à Londres : le frère cadet dAlexander Graham, Edward
Charles, fut emporté par la tuberculose.
La même année, Alexander Melville Bell publia à
Londres son plus important traité, Visible
speech : the science of universal alphabetics.
En outre, il prit Alexander Graham comme assistant et, soucieux de diffuser
son code de « langage visible », son alphabet universel et
sa méthode de transcription phonétique, lui confia la tâche
denseigner à ses élèves sourds pendant ses
absences.
De 1868 à 1870, Alexander Graham (Aleck) suivit des cours danatomie
et de physiologie au University College de Londres, mais ne se rendit
pas jusquau diplôme. En mai 1868, son père lui avait
demandé dadapter sa méthode de langage visible pour
enseigner à des enfants sourds dans une école de Kensington
(Londres) pendant que lui-même ferait une tournée de conférences
en Amérique du Nord avec son frère.
En route pour Chicago au mois daoût, les deux hommes sarrêtèrent
chez un ami écossais, le révérend Thomas Henderson,
à Paris, en Ontario.
Alexander Melville fut saisi par la beauté du paysage. Un an après
sa conférence au Lowell Institute de Boston, le conseil scolaire
de cette ville ouvrirait, sous la direction de Sarah Fuller, un externat
pour les sourds où lon mettrait à lessai les
nouvelles méthodes orales denseignement. À lété de 1869, Henderson encouragea
Alexander Melville Bell, qui songeait à accepter une nouvelle invitation
à Boston, à émigrer au Canada.
Les Bell envisagèrent de le faire à cause de la maladie
de Melly, puis écartèrent cette idée. Melly mourut
de tuberculose en mai 1870.
La famille accepta alors la proposition de Henderson. Pendant un de leurs
derniers repas chez eux à Londres cet été-là,
Ellis insista pour quAlexander Graham examine un récent ouvrage
du physicien allemand Herman Ludwig Ferdinand von
Helmholtz.
Après avoir lu le Traité physiologique de la musique, fondé
sur létude des sensations auditives, le jeune homme sexclama
quil serait bientôt possible de « parler par le télégraphe
». Le livre lincita également à en apprendre
davantage sur lélectromagnétisme et lélectricité
ingrédients essentiels de ses futurs travaux sur le télégraphe
parlant , ce quil ferait dans le Nouveau Monde.
Consterné d'apprendre que le travail exploratoire avait déjà
été entrepris par Helmholtz qui avait transporté
des voyelles avec une fourchette modifiée semblable à la
sienne, il étudia de manière approfondie le livre du scientifique
allemand (Sensations of Tone).
Travaillant sur sa propre mauvaise traduction de l'édition originale
allemande, Alexandre fit fortuitement la déduction qui fut la ligne
directrice de tous ses futurs travaux sur la transmission du son, reportant
: "Sans en connaître beaucoup sur le sujet, il me semblait
que si les voyelles pouvaient être produites par de l'électricité,
les consonnes pourraient également l'être, et ainsi
il serait possible de reproduire la parole", et il remarqua aussi
plus tard : "Je pensais qu'Helmholtz l'avait fait ... et que mon
échec était seulement dû à ma méconnaissance
de l'électricité.
Ce fut une erreur constructive ... Si j'avais été capable
de lire l'allemand en ce temps-là, je n'aurais sans doute jamais
commencé mes expériences.
Arrivés à Québec le 1er août, Bell, ses parents
et la veuve de son frère partirent pour Paris, en Ontario.
Ils entendirent parler dune maison à vendre en campagne près
de Brantford et, avant la fin de la semaine, Alexander Melville Bell avait
acheté Tutelo Heights, qui donnait sur la rivière Grand.
Alexander Graham sy trouva rapidement un repaire : « Javais
coutume, lété, dapporter une couverture, un
oreiller et un bon livre dans ce petit coin douillet, écrirait-il,
et de me payer le luxe de passer laprès-midi à rêvasser.
» En avril 1871, Bell quitta ses parents pour enseigner à
lécole de Sarah Fuller, à Boston.
Lidée quon puisse apprendre à des enfants sourds
à parler était nouvelle en Amérique du Nord. On estimait
généralement, à lépoque, que les personnes
sourdes étaient nécessairement muettes et navaient
pas de place dans la société. Les Bell nétaient
pas daccord avec ce point de vue et Alexander Graham réussit
à démontrer, à Boston, comment utiliser les techniques
du langage visible pour former les professeurs.
En quelques semaines, il parvint à enseigner aux enfants à
prononcer plus de 400 syllabes. Ce progrès lamena à
faire des démonstrations à la Clarke Institution for Deaf-Mutes
de Northampton ainsi quà lAmerican Asylum for the Education
and Instruction of the Deaf and Dumb à Hartford, au Connecticut.
La demande devint telle que, en octobre 1872, Bell ouvrit sa propre
école à Boston.
Il exigeait de ses professeurs quils aient « une bonne éducation
à langlaise, une oreille juste, une connaissance pratique
de lenseignement et [soient] aimables envers les enfants ».
Une grande partie du travail de Bell consiste en une série
d'observations découlant l'une de l'autre. Son intérêt
combiné pour le son et la communication donnent naissance à
un intérêt pour l'amélioration du télégraphe,
lui-même à l'origine de son succès avec le téléphone.
En 1860 Alfreed G Holcomb brevette le
"phonetic telgraphic relay"
qui au final ne sera pas reconnu comme appareil parlant.
En 1870, Elysa Gray rachète
le premier partenaire de l'ancien télégraphiste Enos M.
Barton (George Shawk) dans une petite entreprise de cambriolage et d'alarme
incendie et ensemble, ils forment le partenariat de Gray et Barton. L'opération
se déplace bientôt de Cleveland, Ohio à Chicago, Illinois,
et en 1872, une participation d'un tiers est prise dans l'entreprise par
la Western Union Telegraph Company.
Le nom Gray and Barton est changé en Western
Electric Manufacturing Company. Elle fournit entre autres du matériel
télégraphique à Western
Union.
En 1872, Bell lit un article de journal portant sur une somme substantielle
payée par la Western Union Company
à l'inventeur d'un système de télégraphe qui
pourrait transmettre deux messages en même temps sur le même
fil.
Ces possibilités l'enthousiasment et, inspiré par des conférences
publiques entendues au Massachusetts Institute of Technology, il cherche
à reproduire certaines des expériences d'Herman Helmholtz
avec le courant électrique. Le télégraphe existe
déjà depuis plus de 30 ans.
Malgré la réussite du système, le télégraphe
se limite à envoyer et à recevoir un message à la
fois à l'aide du code Morse.
Même avant de venir au Canada, Bell est intrigué par l'idée
d'utiliser un phénomène musical bien connu pour transmettre
simultanément des messages téléphoniques multiples.
Il sait que tout a une fréquence naturelle (la rapidité
des vibrations) et que le ton dépend de la fréquence du
son.
En chantant dans un piano, il découvre qu'en modifiant le ton de
sa voix, il peut faire vibrer différentes cordes du piano.
Ses observations mènent à l'idée d'envoyer de nombreux
messages différents sur le même fil, mais modulés
par des diapasons réglés à des fréquences
différentes à chaque bout du fil pour envoyer et recevoir
le signal, un système qu'il appelle le « télégraphe
harmonique ».
Bell avait fait la connaissance de son futur beau-père le 8
avril 1872. Important conseiller juridique en propriété
industrielle,
Gardiner Greene Hubbard était président de la
Clarke Institution. Sa fille Mabel était devenue
sourde à cinq ans, en 1863, à cause de la scarlatine. La
rencontre avec Hubbard fut heureuse pour Bell à deux égards
: Hubbard lui demanda de donner des cours particuliers à sa fille,
et il était fasciné par les inventions électriques,
en particulier par tout ce qui avait trait au télégraphe.
En même temps, Bell continuait de correspondre avec son père,
demeuré à Brantford. Le registre de cette correspondance
et de leurs conversations deviendrait crucial pour la défense de
ses brevets dinvention. Cest, de fait, dans une lettre à
son père le 11 novembre 1872 quAlexander Graham, avec
son audace habituelle, explora lextraordinaire idée dun
télégraphe qui enverrait simultanément plusieurs
messages sur un même fil télégraphique.
Bell sinspirait, cet automne-là, des conférences publiques
présentées au Massachusetts Institute of Technology qui,
après lavoir amené à répéter
certaines expériences de Helmholtz sur le courant électrique,
le mettraient sur la piste du téléphone.
Comme la écrit son biographe Robert V. Bruce, Bell avait
le talent, le tempérament et les connaissances nécessaires
pour cette tâche. Il sétait trouvé au bon endroit
au bon moment. La ville de Boston était non seulement un centre
intellectuel et scientifique en pleine effervescence, mais elle était
également habitée par dentreprenants capitalistes.
La nomination de Bell comme professeur de physiologie vocale et délocution
à la Boston University au début de 1873 lobligea
à poursuivre ses expériences sur le télégraphe
multiplex la nuit.
En novembre, il commença à donner des cours à Mabel
Gardiner Hubbard. Le professeur de 26 ans devint tout de suite amoureux
de sa jeune élève de 15 ans. Le père de cette dernière
senthousiasma pour le projet de télégraphe de Bell,
dautant plus quil y voyait un moyen de briser le monopole
de la détestable Western Union Telegraph
Company.
Le phonautographe
. Capsule de Knig
Au printemps de 1874 cependant, deux nouveaux instruments scientifiques
susceptibles de rendre la parole visible amenèrent Bell à
sintéresser davantage à lacoustique : le phonautographe,
inventé en France par Leon Scott, appareil doté dune
membrane qui, en vibrant à lémission dun son,
faisait bouger un pinceau qui traçait alors des lignes sur du verre
fumé ; et la capsule manométrique de Karl Rudolf Knig,
qui analysait le son au moyen des changements produits dans la forme dune
flamme par les vibrations de lair.
En vue de créer les conditions les plus proches de la réalité
dans ses propres expériences sur le phonautographe,
Bell se procura, chez un ortologiste, une oreille humaine prélevée
sur un cadavre.
Avant un bref séjour à Brantford, il assista, le 13 juin,
au deuxième congrès des professeurs darticulation
auprès des sourds et muets à Worcester, au Massachusetts,
et fut élu président.
Du début au milieu des années 1870, Gray
et Bell travaillaient initialement sur des « télégraphes
harmoniques » capables d'envoyer plusieurs signaux télégraphiques
sur la même ligne simultanément dans les deux sens. Edison
avait déjà breveté un télégraphe multiplex
simple en 1870, et en 1875 Émile Baudot de France a multiplié
la vitesse de transmission par un facteur de quatre via un système
de multiplexage difficile à utiliser. Même ainsi, on pensait
que 30 ou 40 signaux simultanés pouvaient être faits pour
occuper la même ligne télégraphique. Cette idée
était si importante que Western Union avait mis en place un prix
d'un million de dollars pour quiconque pourrait multiplier la capacité
du réseau télégraphique.
Alors que Bell tente d'intéresser le président de Western
Union, William Orton, à son invention télégraphique
encore inachevée, Orton parle favorablement de «l'ingénieux
ouvrier» Elysa Gray et exaspère
Bell lorsqu'il lui dit que son équipement est rudimentaire en comparaison.
Le 26 juillet 1874 marque le point culminant de
plusieurs mois dexpérimentations, au cours desquels le jeune
inventeur Alexander Graham Bell met au point un téléphone
fonctionnel à partir dun concept décrit à son
père, Melville Bell, à leur résidence familiale située
près de Brantford, en Ontario. Les diagrammes et nombreuses notes
de M. Bell, en plus du journal de son père, ont aidé à
prouver quil était effectivement celui qui avait inventé
le téléphone.
Dans le "Scientific-American" du 1er Aout 1874 on pouvait lire
: M. Elisha Gray, de Chicago, homme d'affaires connu comme inventeur
et fabricant d'appareils télégraphiques, a mis au point
un instrument grâce auquel, selon le Journal of the Telegraph,
80 fils électriques placés à une extrémité
d'un fil peuvent être transmis à l'autre par l'électricité,
sur des circuits de grande longueur. Il a déjà été
testé, selon le Journal, sur les fils de la Western Union Telegraph
Company sur un circuit de 2 400 milles, avec les résultats les
plus satisfaisants. Les notes jouées sur le panneau de la partie
émettrice de l'appareil étaient distinctement audibles et
reproduites sans erreur, note pour note, à l'extrémité
éloignée de ce long circuit.
L'appareil a été appelé par M. Gray le téléphone.
L'appareil de transmission se compose d'un clavier comportant un certain
nombre d'électro-aimants correspondant au nombre de touches du
clavier, auxquelles sont attachées des touches vibrantes ou des
anches, accordées sur une échelle musicale. Chacune de ces
touches peut être mise en mouvement séparément en
appuyant sur la touche qui lui correspond.
Cet instrument de transmission est muni d'un fil conducteur, l'autre extrémité
étant reliée à l'appareil récepteur, qui peut
être n'importe quel appareil sonore pourvu qu'il soit en quelque
sorte conducteur d'électricité. Un violon, avec une bande
métallique tendue entre les anneaux à un point où
le chevalet de l'instrument est ordinairement placé, produira,
en recevant le son transmis par le fil conducteur du piano, une mélodie
très semblable en qualité à celle d'un violon ordinaire.
En France dans Le Progrès libéral
: journal quotidien du 19 août 1874 il était annoncé
:
LA TÉLÉPHONIE
L'iron nous communique les détails qui suivent sur une nouvelle
application de la télégraphie électrique.
La télégraphie électrique, qui a déjà
été la source de tant de merveilles, vient de servir
à une nouvelle et bien remarquable invention.
Un citoyen de Chicago (Amérique), nommé Elisha Gray,a
trouvé le moyen de faire transmettre au moyen des fils électriques,
les sons d'un piano à
la salle d'un concert qui se trouvait à une distance de 2,400
milles, et il assure qu'il pourrait les faire parvenir encore plus
loin. La plupart des physiciens de l'Amérique regardent ce
merveilleux résultat comme le premier pas vers la voie électrique
qui pourra servir à la transmission des sons produits par plusieurs
instruments réunis et adaptés ensemble au moyen d'une
combinaison qu'il s'agit de trouver. L'appareil inventé par
Gray, qui a été nommé Téléphone,
se compose de trois parties : 1° Ie l'instrument qui transmet
les sons ; 2° les fils conducteurs qui se rendent à une
distance déterminée ; 3° l'appareil qui reçoit
les sonstransmis.
L'appareil de transmission se compose d'un clavier dont chaque clef
correspond à une pierre aimantée à laquelle correspond
une anche disposée
en échelle musicale ; chacune de ces anches peut être
mise distinctement en mouvement en pressant la clef qui lui correspond,
de sorte qu'un air quelconque peut être joué de la même
manière que cela se fait sur un piano ou un melodium ordinaire.
La musique, ainsi produite par l'électricité, devient
tellement intelligible à distance, qu'on peut aisément,
malgré le bruit des conversations, distinguer le morceau joué
par l'exécutant. Le fil conducteur est attaché à
cet instrument de transmission, son autre extrémité
aboutissant à l'appareil de réception, lequel est formé
d'un métal sonore et bon conducteur de
l'éiectricité.
On pense qu'un violon ayant un mince fil de métal placé
entre les cordes vers le point où se trouve habituellement
le chevalet, produirait sans doute, en recevant
le son transmisdu piano par le fil électrique, une note semblable
à celle que donne l'instrument dans son état normal.
Donc, si cette corde métallique à être adaptée
électriquement avec des fils d'une longueur de 200 m ou 500
milles dont les extrémités seront bien attachées
à l'instrument de transmission, il arrivera que la personne
à l'autre extrémité pourra parfaitment entendre
un air joué à une distance de 500 milles ou même
plus.
La longueur des fils conducteurs pourra être de deux milles
ou de dix milles, pourvu que leur isolement soit ménagé
de manière à empêcher la fuite du courant électrique
avant d'atteindre le point de destination.
Bell et Gray ne sont pas les seuls à travailler
sur le sujet, dans le "Scientific-American" du 20 novembre on
pouvait lire : Nouveau système de télégraphe .
Un nouveau système de télégraphe inventé par
Paul La Cour, vice-président de l'Institut météorologique
royal de Copenhague, a récemment suscité une attention considérable
au Congrès télégraphique international de Saint-Pétersbourg,
où l'inventeur l'a exposé. L'invention est ainsi décrite
par l'inventeur : Le système ne consiste pas en une nouvelle forme
d'appareil de réception et de transmission qui, grâce aux
combinaisons talentueuses de Hughes, Wheatstone, Siemens et autres, a
atteint un tel état de perfection que de grandes améliorations
semblent improbables.
Le système de La Cour ouvre cependant un nouveau domaine à
la télégraphie, en ce qu'il a construit un instrument simple,
par lequel le courant électrique, en passant à travers un
instrument différent, obtient des qualités différentes,
par lesquelles il peut agir sur les instruments correspondants de la station
réceptrice. Supposons que vingt fils conducteurs soient conduits
d'un des pôles d'une batterie à travers vingt de ces instruments
; alors, en reliant chacun ou certains d'entre eux par un seul fil télégraphique,
on obtient le résultat suivant, à savoir qu'un courant électrique
local est produit dans les vingt fils conducteurs correspondants de la
station réceptrice, exactement comme si les vingt fils conducteurs
de la station émettrice étaient reliés aux vingt
fils conducteurs de la station réceptrice au moyen de vingt fils
télégraphiques distincts. Chacun de ces instruments contient
un diapason relié à un électro-aimant et à
deux bobines de fil, de sorte que le courant électrique vibre de
manière isochrone dans les mesures qui correspondent aux notes
des diapasons ; et ainsi les diapasons qui ont la même note que
ceux des instruments de transmission sont mis en vibration, et un courant
est créé dans leurs fils locaux.
Le système ci-dessus semble être identique à celui
de M. Elisha Gray, de Chicago, dont nous avons publié un compte
rendu dans le SCIENTIFIC AMERICAN du 1er août 1874. Il y était
indiqué que l'invention avait été essayée
avec succès sur un circuit de 2 400 milles sur les lignes télégraphiques
de la Western Union. Des détails sur le modus operandi étaient
donnés, suffisamment pour permettre à tout électricien
compétent de construire un appareil sur le même plan. Il
se peut que le vice-président de la Royal Meteorological Society
de Copenhague n'ait pas vu le SCIENTIFIC AMERICAN, bien que nous ayons
des abonnés là-bas, et que nous croyions que notre article
soit archivé dans certaines bibliothèques de cette ville
; il se peut aussi qu'il soit un inventeur indépendant de l'amélioration.
Mais à moins qu'il ne puisse produire des preuves d'une date d'invention
antérieure à celle de M. Gray, M. La Cour devrait, en toute
justice, accorder publiquement à ce dernier les honneurs de la
priorité. Les électriciens attendront avec intérêt
la réponse de M. La Cour à ce sujet
Le
New York Time le 10 juillet 1874 publie un article sur les travaux
d'Elysa Gray ou on peut y lire : transmettre la
"musique via le télégraphe" et dans lequel apparait
le mot téléphone bien qu'i
n'y ait pas eu transmission de la parole, que "L'appareil qui a permis
cette prouesse a été bpabtisé par Mr Gray le téléphone
..."
Contrairement à lidée
répandue par les entreprises du réseau Bell, Alexander
Graham Bell
ne fut ni le premier, ni le seul à imaginer le téléphone.
Aucun des travaux qui menèrent jusque-là
naurait été possible sans les expériences
de Michael Faraday sur lélectromagnétisme et linduction.
De nombreux scientifiques avaient déjà émis lhypothèse
de la transmission électrique de la parole.
Charles Wheatstone avait déjà fait des expériences
sur des tables dharmonie. Charles Grafton Page, de Salem, avait
décrit un phénomène quil qualifiait de
musique galvanisée le son produit par la rupture dun
circuit électrique relié à un aimant. Joseph
Henry, physicien au College of New Jersey, avait écrit
en 1846 quil était possible de fabriquer une sorte de
clavier avec une glotte en caoutchouc munie délectro-aimants
qui transmettrait des mots par le télégraphe.
* Le Français Charles Bourseul avait
expliqué en 1854 quon pourrait se servir de plaques flexibles
vibrant en fonction des variations dans la pression de lair
pour ouvrir ou fermer un circuit électrique.
* LItalien Antonio Meucci avait travaillé
dans les années 1850 à des variantes primitives du téléphone.
* Linstituteur allemand Philipp Reis,
qui avait inventé un émetteur capable denvoyer
des sons audibles sur un fil télégraphique, avait employé
pour la première fois le mot téléphonie dans
une conférence en 1861 ...
* Elisha Gray, le plus célèbre
rival de Bell, qui, allié à la Western Union, essayait
depuis 1866 de transmettre des sons par le télégraphe.
* Un autre prétendant moin connu, James
W. McDonough de Chicago, Illinois avait la distinction
peu connue d'être le seul inventeur à démanteler
Alexander Bell en tant qu'inventeur original du téléphone.
Depuis 1867, il expérimentait
le son produit électriquement, il a inventé un
récepteur téléphonique en 1875 (photo ci
contre) , avant Bell. Il se composait d'un disque de fer entraîné
par un électro-aimant.
En 1876, il a déposé une demande de brevet le
baptisant «Telelogue».
Son application comprenait un émetteur similaire au modèle
de Philip Reiss, utilisant un disjoncteur.
Le problème principal avec l'application de McDonough
n'était pas le récepteur, mais son émetteur.
Bien que physiquement différent de l'émetteur
de Reis, il était en principe pratiquement identique.
Et si cela ne suffisait pas, McDonough a fait la même
erreur que Reis a fait quand il l'a appelé un «disjoncteur»,
un instrument qui ferait et romprait le circuit - du moins c'est
ce qu'il pensait.
Comme Reis, McDonough n'avait pas encore entendu parler du mot
de microphone.
Et comme Reis, l'explication de fabrication et de rupture de
McDonough serait tout aussi fatale.
La demande de brevet de McDonough s'est finalement
retrouvée impliquée dans des actions d'interférence
(qui revendiquent essentiellement la même invention) avec d'autres
inventeurs de téléphones, dont Bell et Elisha Gray.
Lorsque cela s'est produit, l'affaire a été renvoyée
à l'examinateur des ingérences, dont la tâche
était de déterminer, à l'aide d'auditions et
de témoignages, qui avait conçu la première invention.
Aux États-Unis, dans les actions en ingérence, le brevet
va à l'inventeur qui peut prouver la priorité de conception,
pas nécessairement à celui qui a été le
premier à déposer.
Et puis, il y avait Daniel
Drawbaugh
C'était un inventeur qui vivait à Eberly Mills,
près de Harrisburg, en Pennsylvanie.
Au cours de sa vie, il a acquis plus de 125 brevets pour diverses
inventions. Il était un pionnier dans la pose d'isolant sur
des fils électriques et avait une curiosité particulière
pour l'électricité et fonda la Peoples
Telephone Company.
Son intérêt pour l'électricité l'a amené
à expérimenter avec des téléphones dès
1861 Il aurait inventé un téléphone (date incertaine)
en 1866-67, c'était un instrument qui comprenait une membrane
flexible sur une tasse de thé qu'il avait reliée par
un morceau de fil à un récepteur alimenté par
un électro-aimant.
Personne ne l'a encouragé à protéger son invention
et incapable de payer la demande de brevet. il n'a pas déposé
de brevet, mais suffisamment de preuves ont été trouvées
pour promouvoir une «défense» devant le tribunal
au sujet de sa prétention qu'il avait inventé le téléphone.
Des voisins ont témoigné qu'ils avaient entendu une
transmission étouffée de mots de l'étage supérieur.
Cependant, au tribunal, il a endommagé son cas en disant qu'en
1876, il avait vu l'invention de Bell à l'Exposition du centenaire
de Philadelphie mais n'avait fait aucune mention de son invention
plus tôt. N'admettant pas sa défaite, la Bell Telephone
Company lui a proposé un règlement pour mettre fin à
son litige.
En 1867, il était capable de transmettre une voix humaine
qu'il démontrait à sa famille et à ses amis.
A cette époque Alexander Graham Bell serait venu voir le travail
de Daniel Drawbaugh. Peu de temps après la visite de Bell,
le magasin de Daniel Drawbaugh a été cambriolé
et lun de ses appareils téléphoniques a été
volé. Lorsque Alexander Graham Bell reçut son brevet
le 14 février 1876, Daniel Drawbaugh affirma que cétait
son invention, et non celle dAlexander Graham Bell.
Les avocats en brevets de Bell, Anthony Pollok
et Marcellus Bailey sont en bons termes avec Zenas Fisk Wilber,
l'examinateur de brevets en charge des inventions liées
au télégraphe (Wilber a servi avec Bailey pendant la
guerre civile). Wilber, un cousin du président américain
Rutherford B. Hayes, aime trop le whisky - pendant un an seulement,
la police de Washington, DC reçoit 20 plaintes concernant son
comportement ivre et désordonné - et il emprunte librement
de l'argent à Bailey (Wilber a ensuite travaillé pour
Thomas Edison et a été licencié après
avoir « emprunté » 1 300 $ sur un compte destiné
à payer les frais de brevet d'Edison).
L'avocat de Bell, Pollock, rédige non pas une mais trois demandes
de brevet différentes pour Bell, dont l'une est conçue
pour "entrer en collision" avec les revendications de Gray,
ce qui signifie que l'examinateur de brevets Wilber devra déclarer
une "ingérence" qui pourrait lier Gray à un
litige. pendant des mois ou des années. Il se trouve que l'autre
demande interfère avec une autre déposée en 1864
par un électricien danois nommé Mr Paul la Cour.
Revenons en arrière :
En 1860, Philipp Reis, comme nous l'avons vu, a produit un téléphone
qui pouvait transmettre des notes de musique, et même un mot
ou deux zézayant ; et une dizaine d'années plus tard,
M. Cromwell Fleetwood Varley, F.R.S., un électricien anglais
connu, a breveté un certain nombre de dispositifs ingénieux
pour appliquer le téléphone musical pour transmettre
des messages en divisant les notes en signaux courts ou longs, après
le code Morse, qui pourrait être interprété par
l'oreille ou par l'il en leur faisant marquer un papier en mouvement.
Ces inventions n'ont pas été mises en pratique ; mais
quatre ans après, Mr Paul la Cour, un inventeur danois, a expérimenté
un appareil similaire sur une ligne de télégraphe entre
Copenhague et Fredericia dans le Jutland. Dans celui-ci un diapason
vibrant interrompait le courant qui, après avoir traversé
la ligne, traversait un électro-aimant, et attirait les branches
d'un autre diapason, lui faisant frapper une note comme la diapason
émetteur.
En brisant la note à la station émettrice avec une touche
de signalisation, le message était entendu comme une série
de bourdonnements longs et courts. De plus, les bourdonnements étaient
amenés à s'enregistrer sur papier en transformant le
récepteur électro-magnétique en relais, qui actionnait
une imprimante Morse au moyen d'une pile locale.
Nous reparlerons
de ces batailles de brevet un peu plus loin dans notre leture. Toutefois, cest Bell qui, le premier, réussit de
façon satisfaisante à transformer le son en impulsions
électriques dans un émetteur et à retransformer
ces signaux en discours audible dans un récepteur. (mais
l'histoire viendra nous montrer qu'il ne fut pas le premier ...
)
Revenons sur la solution qui simposa à Bell dans son
« repaire » de Tutelo Heights le 26 juillet 1874
au moment où il venait de terminer son phonautographe.
Linspiration lui vient, alors quil observe le courant
de la rivière Grand. Tout à coup, le fonctionnement du tympan,
le souvenir des cordes à piano activées par le son, ses
expériences sur linduction électrique, les travaux
de Reis sur les courants et ceux de Bourseul sur les plaques vibrantes
(quil connaissait par le livre de Jean-Baptiste-Alexandre Baille
sur lélectricité,
dont il avait lu la traduction de 1872), toutes ces idées ne firent
quune dans son esprit. « Il [nous] serait possible, raconterait-il,
de transmettre nimporte quelle sorte de son si lon pouvait
seulement provoquer une variation de lintensité du courant
comme il sen produit dans la densité de lair quand
un son est émis. »
Sa théorie était la suivante : des anches magnétisées
induiraient un courant ondulatoire qui serait transmis par fil à
un électro-aimant, lequel convertirait ce courant en vibrations
qui, à leur tour, se répercuteraient sur un diaphragme,
reproduisant ainsi le son original. Une question demeurait : la voix humaine
était-elle assez puissante pour induire le courant nécessaire
?
Cest grâce aux explications quil donna sur ce sujet
dans une lettre à son père en novembre que Bell put revendiquer
la paternité du téléphone.
De retour à Boston en septembre, Bell continua à enseigner.
Pendant son séjour en Ontario, il avait participé au congrès
des American Instructors of the Deaf and Dumb, à Belleville, et
y avait traité de la difficulté, pour ceux qui lisent sur
les lèvres, de distinguer certaines consonnes comme P et B. .
Bell a découvert qu'il pouvait utiliser ses anches vibrantes non
seulement pour ouvrir et fermer rapidement un circuit comme un télégraphe,
mais lorsque cette anche était déplacée dans un champ
magnétique, cela générait réellement un courant
ondulatoire dans le circuit.
Pour continuer ses expériences le soir et la nuit, il loua un laboratoire
dans le grenier de son fournisseur de matériel électrique,
Charles Williams, dont la boutique du 109
de la rue Court à Boston était un paradis pour les inventeurs.
Williams permettait également lembauche dassistants,
et Thomas Watson collabora avec Bell à
compter de janvier 1875.
Watson se souviendrait de Bell à 27 ans comme dun «
jeune homme grand [et] mince, nerveux, au visage pâle, avec des
favoris noirs, une moustache à la gauloise, un gros nez ainsi quun
front large et incliné surmonté dune épaisse
chevelure noire comme jais »
Toute cette période conduit BELL à sa découverte
et à la compétition avec Elysa Gray qui
travaille aussi sur un brevet de télégraphe multiplex.
Les travaux avancèrent rapidement.
Le 1er mars 1874, Bell fit part de ses conclusions à Joseph
Henry, alors directeur de la Smithsonian Institution de
Washington, et lui expliqua son projet de téléphone.
La lettre de Bell à ses parents, écrite
quelques semaines après avoir rencontré Henry au Smithsonian,
témoigne de l'importance que le jeune scientifique attachait à
cette visite. À l'époque, Henry avait cinquante ans de plus
que Bell, alors âgé de vingt-sept ans. Bell décrit
comment Henry « écoutait d'un air impassible, mais avec un
intérêt évident pour tous, mais lorsque je lui racontai
une expérience qui, à première vue, semblait sans
importance, je fus surpris par l'intérêt soudain manifesté
».
Ce qui intrigua Henry, ce fut le son que Bell entendit provenant d'une
bobine de fil de cuivre vide lorsqu'un courant électrique la traversa.
Henry demanda à Bell de répéter l'expérience
pour lui, ce qu'il fit le lendemain. Vous avez là lembryon
dune grande invention », répondit Henry.
« Son intérêt m'encouragea tellement », écrivit
Bell, « que je décidai de lui demander conseil sur l'appareil
que j'ai conçu pour la transmission de la voix humaine par télégraphe.
»
Bell souhaitait savoir s'il devait publier ses recherches immédiatement
ou continuer à travailler sur le problème lui-même.
Henry lui conseilla de le résoudre lui-même, le qualifiant
de « germe d'une grande invention ». Lorsque Bell a déclaré
qu'il estimait qu'il manquait des connaissances électriques nécessaires
pour surmonter certaines des difficultés mécaniques de son
appareil de harpe, Henry a simplement répondu : "GET IT"
« Acquérez-les».
« Je ne peux vous dire à quel point
ces deux mots m'ont encouragé », dit-il à ses parents.
« Je vis trop souvent dans une atmosphère de découragement
pour les recherches scientifiques Une idée aussi chimérique
que la télégraphie vocale semblerait à la plupart
des esprits difficilement réalisable pour qu'on y consacre du temps.
Je crois cependant qu'elle est réalisable et que j'ai trouvé
la solution. »
L'année suivante, avec l'aide de Thomas Watson, Bell parvint à
résoudre le problème
Gardiner Greene Hubbard, cependant, nétait
pas aussi enchanté et jugeait que le téléphone pouvait
attendre.
Quelques jours auparavant, Gardiner Greene Hubbard et Thomas Sanders,
marchand de cuir et père dun élève de Bell,
avaient signé une entente selon laquelle, en échange de
leur soutien financier, ils partageraient avec Bell les profits tirés
de toutes ses inventions télégraphiques.
Déçu que Bell nait pas encore mis au point son télégraphe
multiplex, Hubbard lui lança, au printemps, un ultimatum : linventeur
devait choisir entre Mabel et ses travaux sur la transmission électrique
de la parole. Têtu, Bell refusa de choisir ; le rejet de son télégraphe
multiplex par la Western Union (à cause de la participation de
Hubbard) et dimportantes découvertes en téléphonie
finirent de rallier Hubbard à sa cause.
Le 4 mai 1874, Bell lui écrivit quon pouvait compenser la
faiblesse des courants induits en appliquant un autre principe de transmission
: « Jai lu quelque part que la résistance dun
fil [...] est affectée par la tension du fil. Si cest le
cas, un courant continu délectricité passant dans
un fil susceptible de vibrer devrait rencontrer une résistance
variable, ce qui devrait induire une pulsation dans le courant. [... Par
conséquent], on pourrait transmettre le timbre dun son [...
et] augmenter la puissance du courant [...] sans détruire les intensités
relatives des vibrations. »
Cette lettre confirma que Bell avait, le premier, imaginé la résistance
variable, dernière clé de linvention du téléphone.
Il lui restait maintenant à mêler tous ces éléments.
Bien que les conseils et les suggestions de ses amis se
soient révélés décourageants, et bien que
découragé par sa mauvaise santé et le manque de fonds
pour poursuivre ses expériences téléphoniques, l'inventeur
n'a jamais permis à quoi que ce soit de détourner son ferme
objectif de transformer cette merveilleuse théorie en un téléphone
tangible transmettant la parole.
En 1874, Alexander Graham Bell occupa la chaire de physiologie vocale
à l'Université de Boston et compléta ses cours par
« une démonstration expérimentale de la possibilité
de corriger le bégaiement, le zézaiement, le rauquement
et autres troubles de la parole ». Devant une classe composée
exclusivement d'enseignants pour sourds, envoyés à Boston
par diverses institutions pour sourds aux États-Unis, il donna
des cours magistraux sur l'enseignement de l'articulation aux élèves
sourds, démontrant expérimentalement ses méthodes
en instruisant des sourds-muets. Il dirigea également une classe
de femmes désireuses de devenir professeures d'articulation dans
des écoles pour sourds. Il prit également en charge l'éducation
générale d'un jeune enfant sourd-muet arrivé chez
lui à l'âge de cinq ans, en octobre 1872.
Il était donc facile de comprendre à quel point ses journées
étaient occupées par ses obligations professionnelles, et
comment tout travail d'expérimentation et de recherche devait nécessairement
se dérouler tard le soir, lorsque la plupart des gens étaient
déjà à la retraite. Car, si « les revenus de
son travail professionnel étaient assez bons, ils constituaient
son seul moyen de subsistance ». S'il abandonnait ses cours, il
n'aurait plus de revenus à consacrer à ses expériences,
ni même à sa subsistance.
En novembre 1874Bell dépose un caveat à Boston et le transforme
rapidement en trois demandes de brevets distincts déposés
entre le 25 février et le 10 mars sous les conseilks des avocats
Pollok et Bailey, missionnés aussi par Hubbard de tenter
de briser le monopole exercé par la Western Union.
(Un caveat était un document décrivant une invention qui
n'avait pas encore fait l'objet d'une application et qui devait être
transformé en demande de brevet dans un temps imparti )
Début 1875,Thomas
Watson dans le magasin de Charles Williams que Bell fréquente,
à la demande de celui ci, construit un premier modèle téléphonique
sur ce principe : un diaphragme qui, en vibrant dans le champ d'un électro-aimant,
a produit un courant ondulatoire dans le circuit de l'aimant. Cet appareil
a réussi à transmettre une sorte de sons vocaux étouffés.
Il est fascinant de lire ces découvertes car la science de l'époque
n'était pas encore mature pour expliquer le phénomène
et c'est pourquoi Bell s'est appuyé sur le travail de Charles G.
Page pour rendre compte du son. Cette idée sest rapidement
révélée fausse par les diverses expériences
quil a effectuées. Nous savons maintenant que la cause du
"bruit de bobine" est simplement due à la force de Lorrentz
subie par les fils en présence d'un champ magnétique.
Les recherches de Bell continue avec beaucoup de succès, il informe
son futur beau-père Gardiner Greene Hubbard, de la possibilité
du télégraphe multiple.
Un test du télégraphe multiple a été très
réussi, comme le décrit Aleck (petit nom d'Alexandre
Bell ) dans cette lettre à ses parents et à sa belle-sur.
Salem à Boston
Jeudi 18 février 1875
Chers P. M. & C.
La nuit dernière a été une grande journée
pour moi. Une expérience a été faite avec mes
instruments qui n'a jamais été réalisée
avec succès auparavant - à savoir - pour permettre aux
stations intermédiaires de communiquer pendant que les messages
passaient entre les stations extrêmes.
Chez Mme Sanders - quatre postes ont été construits
comme suit Mme Thomas Sanders (opérant à A) a envoyé
le mot «Bravo» à M. Watson à D - en même
temps que M. Sanders (opérant à B) m'a envoyé
le message «Good Tiding» à C.
Mme Sanders ayant le message le plus court avait terminé avant
que l'autre ne soit à moitié fait - afin que tous les
instruments puissent fonctionner en même temps - elle continuait
à taper sur l'instrument en A - en envoyant des signaux au
hasard à D - mais elle les signaux n'ont pas du tout gêné
la réception de l'autre message en C.
Un télégramme reçu de M. Hubbard a retardé
mon départ jusqu'à vendredi.
M. Sanders et moi descendons ensemble vers 21 h.
Je suppose que je trouverai des lettres de vous qui m'attendent.
Je suis bien préparé - et je crains - si quelque chose
entrave le brevet - je serai malade.
Avec beaucoup d'amour
Aleck
A la suite d'une expérience le 19
février 1875 dans la résidence de Hubbard
à Washington Bell parvient à réaliser deux transmissions
avec deux recepteurs et deux émetteurs sur une seule et unique
ligne en la présence de William Orton le patron de Western
Union Telegraph Compagny.
Suite à ce succès en présence d'ingénieurs
de la Western Union, Bell raccorde son dispositif
au réseau télégraphique reliant New York à
Philadelphie en rebouclant cette ligne à Philadelphie.
Les ingénieurs demandent à Bell de conserver le dispositif
pour d'autres tests, mais en fin d'apès-midi lorsque Bell vient
reprendre ses appareils, Orton retourne la situation et signifie
clairement à Bell, qu'il ne veut pas traiter avec un chercheur
indépendant préferant les travaux de son protégé
Elisha Gray !!! Hubbard vient de payer son action menée contre la Western Union
Telegraph Company de détenir le monopole des communications.
Tandis que Bell poursuivait ses recherches sur l'amélioration du
télégraphe, il avait appris que Joseph Henry avait
déjà découvert certains des phénomènes
acoustiques qu'il rencontrait auparavant. A cette époque, Joseph
Henry a été Premier secrétaire du Smithsonian
Institute; auparavant professeur à Princeton College; puis
premier contributeur à la science d'électromagnétisme
(contemporain de Ohm, Faraday , et Ampère), il avait aussi réussi
à reproduire les expériences récentes du scientifique
britannique Michael Faraday démontrant l'effet du magnétisme
sur la lumière. Henry a astucieusement qualifié le phénomène
observé par Faraday de "la plus grande découverte du
siècle présent",
C'était donc une référence dans le domaine.
Bell a ensuite procédé à diverses
expériences afin de mieux comprendre le phénomène
et dappuyer ses affirmations.
Le noyau de fer d'un électro-aimant a été remplacé
par un noyau constitué de minces disques de fer disposés
côte à côte.
Le son résultant devrait être plus fort que le noyau solide.
Pour prouver cette théorie, il a pris trois instruments et les
a mis côte à côte, comme indiqué ci-dessous. Selon ses attentes,
le son qu'il a entendu était beaucoup plus fort que ceux émis
auparavant.
Il a ensuite remplacé les trois noyaux de fer par deux clous de
fer maintenus face à face.
L'intensité du son a encore augmenté
Le diapason d'un grand diapason a été modifié pour
le synchroniser avec l'instrument émetteur. Lors de l'insertion
de la tige de la fourche, le diapason a retenti. Enfin, un clou en
fer forgé a été placé entre deux cylindres,
comme indiqué ci-dessous
Une note de musique claire a été observée, qui était
similaire en hauteur à l'armature de l'instrument émetteur
et également en intensité.
À l'origine, la Bell Patent
Association s'occupait principalement d'inventions télégraphiques.
Soucieux de promouvoir l'invention de Bell et les intérêts
financiers de l'Association, Gardiner Hubbard organisa une manifestation
devant le président Orton de la Western Union le 20 février
1875 à Washington. D.C. Orton fut suffisamment impressionné
pour demander une autre démonstration du télégraphe
multiple à New York, dans de meilleures conditions.
Mi-mars, le deuxième test eut lieu, mais l'attitude d'Orton envers
l'invention de Bell changea soudainement. Lors d'une pause déjeuner,
Orton reçut la visite d'Elisha Gray, qui présenta sa propre
version du télégraphe multiple. Lorsque les tests Bell reprirent
dans l'après-midi, Orton informa Bell que les instruments de Gray
n'étaient pas aussi rudimentaires que les siens. De plus, Western
Union refusa d'adopter l'invention, car cela serait bénéfique
pour Gardiner Hubbard. Hubbard proposa de se retirer lorsqu'il apprit
cela. Bell refusa. Hubbard conseilla alors à Bell de retirer son
invention des bureaux de la Western Union et d'en faire la démonstration
à l'Atlantic and Pacific Telegraph Company, une compagnie rivale.
Orton céda alors et déclara que, même si la compagnie
refusait de contribuer au développement de l'invention au profit
de Hubbard, ses sentiments personnels n'empêcheraient pas son acquisition
si elle était parfaite. Orton a toutefois promis de soutenir Gray
si les intérêts de Bell apportaient leur invention au rival
de Western Union. Afin de mieux protéger les intérêts
de cette société, Orton a engagé Thomas Edison durant
l'été pour enquêter sur la télégraphie
harmonique.
Cet épisode était présage de
difficultés futures. Hubbard, grâce à ses relations
télégraphiques, avait pu organiser la rencontre entre le
responsable de la Western Union et un inventeur inconnu. Pourtant, c'est
aussi en grande partie grâce à l'implication de Hubbard que
les résultats de la réunion furent quelque peu défavorables.
Orton et la Western Union ne pouvaient oublier les premières attaques
de Hubbard. C'est pourquoi, au lieu de solliciter l'aide d'un puissant
acheteur potentiel, la réunion a permis de tracer les grandes lignes
de la future rivalité entre les intérêts de Bell et
la Western Union.
Bell a repris la tâche de perfectionner son télégraphe
harmonique avec l'aide de Thomas Watson.
Le 1er et 2 mars 1875Alexander Graham
Bell rend donc visite à Joseph Henry et lui présente
son appareil capable de produire un son à partir d'un courant «ondulant».
Nous connaissons bien l'interaction d'Alexander Graham Bell avec Joseph
Henry d'après la lettre
qu'il a écrite à ses parents,
le 18 mars 1875, Bell a expliqué cet effet à son père
Melville Bell dans une lettre.
Dans cette lettre Bell décrit sa visite au Smithsonian
Institute pour en apprendre davantage sur l'électricité
et le magnétisme de l'un des principaux innovateurs et scientifiques
américains, Joseph Henry.
Voir l'image l'extrait de la lettre Le
18 mars 1875
Au cours de cette réunion, les professeurs Henry et Bell réalisent
une expérience dans laquelle ils produisent du bruit à
partir dune bobine en excitant celle-ci avec un courant électrique.
Ce qui intriguait Henry était le son que Bell entendit venant d'une
simple bobine de fil de cuivre lorsqu'un courant d'électricité
la traversa. Henry a demandé à Bell de répéter
l'expérience pour lui, et Bell l'a fait le lendemain.
Dans une conversation entre les deux scientifiques américains,
Bell a mentionné son désir d'inventer un objet capable
de transmettre la voix humaine à travers un fil et d'être
entendu du côté destinataire.
Cependant, Bell a confié à Henry quil navait
pas les connaissances requises en électromagnétisme pour
concrétiser cette idée phénoménale.
La réponse concise de M. Henry était la suivante: "Comprenez-le".
On pense que cette réponse à la fois simple et historique
est le motif qui a incité Bell à atteindre son objectif
et à inventer ce que lon appelle maintenant le téléphone.
Dans cette lettre voici ce que Bell a écrit
: ... J'ai mis l'instrument en état de marche et il resta longtemps
assis à la table, écoutant le son avec la bobine de
fil contre son oreille. J'étais tellement encouragé
par son intérêt que je décidai de lui demander
conseil au sujet de l'appareil que j'ai conçu pour la transmission
de la voix humaine par télégraphe. J'ai expliqué
l'idée et dit: Que conseillez-vous de faire - publiez-le et
laissez les autres le résoudre - ou tentez de résoudre
le problème moi-même ? Il a dit qu'il pensait que c'était
"le germe d'une grande invention" et m'a conseillé
de travailler moi-même au lieu de publier. J'ai dit que je reconnaissais
le fait qu'il existait des difficultés mécaniques qui
rendaient le plan impraticable à l'heure actuelle. Jai
ajouté javais limpression que je navais pas
les connaissances électriques nécessaires pour surmonter
les difficultés. Sa réponse laconique a été:
"Comprenez-le.
Je ne peux pas dire à quel point ces deux mots m'ont encouragé.
Je vis trop dans une atmosphère de découragement pour
la recherche scientifique...
Une idée aussi chimérique que de télégraphier
des sons de voix semblerait à la plupart des esprits assez
difficilement réalisable pour perdre du temps à travailler
dessus. Je pense toutefois que c'est faisable et que j'ai compris
la solution du problème....
Le
6 mars 1875 toujours pour ses travaux sur la télégraphie
multiple, Bell dépose unbrevet
No 161 739 "Améliorations Émetteurs et récepteurs
pour la télégraphie électrique" ,accordé
en avril 1875 (signaux de multiplexage sur un seul fil).
Le 2 avril 1875,Bell écrivit à Joseph Henry
au sujet de sa dernière observation.
Bell a supposé que le son provenant de la boucle était un
effet secondaire des vibrations du fil provoquées par un courant
traversant le conducteur.
Il a également expliqué comment il avait essayé et
découvert une relation positive entre la résistance du fil
et la puissance du son créée.
De plus, Bell a parlé d'une seconde expérience connexe.
Figure I et II ci-dessous.
Bell a dessiné un croquis à la main et a expliqué en
quoi les conséquences de ce test ont contribuées à
renforcer ses spéculations.
Bell a affirmé qu'il avait découvert qu'un son pouvait être
généré à partir de la bobine sans compléter
(fermer) le circuit dans lequel elle est placée.
Dans la figure ci-dessus, un électro-aimant (E) avec une armature
vibrante (A) contre la pointe (P).
Les fils (W) et (W ') ont été placés dans une pièce
séparée et connectés à une bobine (C). W sur
l'enroulement en gros fil, W' sur le fin.
Après cela, un bruit emis de la bobine était distinctement
entendu et l'expérience ci-dessus était reproductible à
l'aide d'un condenseur en aluminium.
Un bruit plus audible et fort a été émis par le condenseur
en aluminium.
Il a poursuivi l'expérience en croisant les deux fils. Cela a conduit
à la création d'étincelles avec une fréquence
similaire à celle de la vibration de (A).
Sa présomption était que ces effets ont été
créés en raison des courants produits dans l'électroaimant
et non par le courant intermittent dans la batterie. Bell ferma la lettre en demandant
si ses pensées étaient uniques.
Hubbard n'est pas particulièrement
impressionné par la transmission de la voix par fil et il croit
que le travail de Bell retarde le développement du télégraphe
multiple. Il lance donc à Bell un ultimatum : choisir entre
travailler à la transmission électrique de la voix et
Mabel, sa fille et future femme du jeune homme. Bell est résolu à avoir les deux et écrit
à Hubbard le 4 mai 1875 au sujet de ses théories
voulant qu'un courant d'électricité continue qui passe dans
un fil en vibration devrait induire une action pulsatoire du courant.
Hubbard est conquis par la détermination de Bell et furieux du
retournement de position de la Western Union,
Hubbard s'associe à Sanders
et donnent à Bell le soutien financier dont il a besoin en incluant
le salaire de son nouvel assistant Thomas Watson chargé
de transformer les théories et croquis de Bell en appareils fonctionnels.
Ensemble ils explorent l'idée d'un dispositif qui pourrait transmettre
la voix sous forme électrique.
Malgré un emploi du temps chargé cumulant dans la journée
les cours particuliers et les conférences destinées à
promouvoir le "Langage Visuel", Bell consacre une grande partie
de ses nuits à la poursuite de ses expériences en télégraphie
dans le sous-sol de la maison de Salem transformée en véritable
laboratoire.
Vers le milieu de 1875, Bell
se laisse distraire lorsqu'il découvre qu'il peut transmettre le
son. Bell comprend maintenant qu'un seul relais Reed peut recevoir des
sons complexes. Elysa Gray affirmera plus
tard avoir découvert un phénomène similaire en 1867,
mais contrairement à Bell, Gray n'a jamais documenté ses
sources.
Pour comprendre les choses de façon chronologique, je
vous invite à lire auparavant les biographies de Reis,
Gray et Meucci
et de poursuivre cette belle histoire. Courant 1875, Bell travaille avec Thomas Watson,
le jeune électricien devenu son assistant, et Charles Williams
qui tient un magasin d'électricité à Boston et qui
loue un atelier à Bell.
Bell poursuit toujours ses essais sur le télégraphe multiplex
sur un ensemble de trois stations télégraphiques, (voir
schéma
inclus dans le brevet) chacune contenant un transmetteurs dans une
pièce et deux récépteurs dans une autre pièce.
Chaque transmetteur est maintenu en vibration et oscille, les coupures
plus ou moins longues forment les points et les traits du code morse ...
Le point de rencontre des
pionniers en télégraphie EDISON, WATSON et BELL était
dans le magasin de CHARLES WILLIAMS
Williams fabricant important d'instruments de télégraphe,
a commencé par offrir ces services uniquement pour gagner sa
vie et celle de ses machinistes.
En fin de compte, il est devenu un pionnier dans la fabrication de
téléphones et l'un des premiers millionnaires téléphoniques
aux États-Unis.
Edison inventeur en télégraphie
à son début, a travaillé la nuit pour la Western
Union et, pendant ses heures de repos, il travaillait sur ses
projets à la boutique Williams.
Williams lui a donné lespace dont il avait besoin et
les crédits pour des matériaux et la main d'oeuvre d'ouvriers
dont il avait besoin. Il travaillait parfois après que Williams
soit rentré chez lui.
Pendant son séjour à Boston, Edison a travaillé
sur un certain nombre de projets, notamment un relais à réglage
automatique, une imprimante de stock et son propre télégraphe
d'alarme incendie.
En octobre 1868, Edison déposa son premier brevet, un enregistreur
de votes pour les organes législatifs.
En décembre 1868, il publia sa première publicité
pour l'une de ses inventions et inscrivit le magasin Williams comme
son adresse
Le plus célèbre des ouvriers de Charles Williams était
Thomas Watson.
Au début de 1874, alors qu'il travaillait sur un appareil de
Farmer's, Alexander Graham Bell entra dans le magasin de Williams
et se présenta directement à Watson.
Il cherchait à modifier un émetteur et un récepteur
de son télégraphe harmonique.
Sa conception consistait à envoyer 6 à 8 messages à
différents simultanément sur un fil et à les
recevoir sur des récepteurs accordés.
Watson, le nouvel assistant est
recruté par Bell chez Williams.
Depuis janvier 1875, Watson est associé à Bell,
(en plus de travailler avec d'autres inventeurs) pour le compte
de Ch Williams.
Dans le grenier du magasin de Williams, le 2 juin 1875, Bell et
Watson poursuivaient leurs expériences avec des émetteurs
et des récepteurs afin denvoyer plusieurs messages
télégraphiques simultanés sur une seule ligne
...
Thomas Watson travaillait au magasin Williams depuis juillet 1872,
à l'âge de 18 ans, en tant qu'apprenti .
Nous avons de la chance que Watson ait décrit l'opération.
Cela nous donne un aperçu de la fabrication dinstruments
télégraphiques au début des années
1870. Watson rapporte que Williams employait environ vingt-cinq
hommes.
Il y avait vingt tours à main et deux tours à moteur
en plus des outils à main.
Le laiton, l'acier, le bois d'oeuvre et les moulages bruts sont
partout.
Les ouvriers de Williams ont commencé avec le bois brut
et le métal et, au milieu de la boutique, il y avait un
petit bureau qui gérait les réunions avec les clients
et l'exposition des appareils.
c'est la que l'on reboucle avec l'histoire de Bell et le téléphone.
C'est à cette époque que Bell entendit et
reconnut pour la première fois un son transmis électriquement.
Le 2 juin 1875
Pendant les travaux, alors que Watson signale à Bell qu'un récepteur
est resté bloqué, Bell coupe l'alimentation et demande
à Watson de le débloquer, ce qu'il fit d'un geste sur, il
entendit un son "Twang" de la lamelle qui se débloque.
Par chance à cet instant Bell constate que l'armature du transmetteur
correspondant entre en vibration alors que le circuit n'est plus alimenté,
il se précipite dans l'autre pièce et demande à Watson
de répèter son geste.
Watson répète l'opération sur chaque récepteur
et de l'autre côté chaque transmetteur correspondant entre
en vibration. Lorsque Bell approche son oreille de la bobine il perçoit
un faible son.
La découverte est d'importance, elle signifie qu'un faible courant
alternatif induit par la vibration de la palette d'un éléctro
aimant dans le noyau légeremnt aimenté de façon résiduelle,
a été suffisant pour produire des effets audibles à
distance.
Configuration expérimentale : schématique de l'émetteur
et du récepteur et une image rare de l'émetteur et du récepteur
de Bell Schéma
de branchement de l'expérience
Ce récepteur est une version plus avancée du récepteur
précédent avec un circuit reed et make-and-break.
Pour Bell cela a dissipé son doute sur le fait qu'une quantité
minime de courant était suffisante pour générer des
sons audibles, et il a été cité en disant: "Ces
expériences," dit-il, "dissipèrent aussitôt
le doute qui me trottait dans la tête depuis l'été
1874.
Immédiatement, il sentit qu'il avait la clé pour réaliser
son rêve chéri depuis longtemps, celui du téléphone
à conversation électrique.
Thomas Watson dira, le "Twang" de cette anche
que jai pincée le 2 juin 1875 a marqué la naissance
de lune des plus grandes inventions modernes.
Bell déposera plus tard un brevet
178.399 "Récepteurs télégraphiques
" , brevet de Bell daté d'avril 1876, délivré
en juin 1876. Petite anécdote au passage :
Lorsque Alexander Graham Bell a commencé à travailler au
téléphone, Bailey conseil en brevets était associé
du conseil en brevets d'Anthony Pollok au sein du cabinet d'avocats Pollok
& Bailey. Le patron et futur futur père de Bell, Gardiner Hubbard,
a engagé Pollok et Bailey pour travailler sur les demandes de brevet
et les brevets de Bell.
L'affaire fortuite avec les anches métalliques conduit
à la première tentative de Bell de fabriquer un émetteur
téléphonique - le "modèle de potence",
un téléphone magnéto-inductif à commande vocale.
Essentiellement, c'est l'un de ses relais Reed attaché à
un diaphragme ou à une membrane avec une cavité parlante
dessus. Parler dans la cavité fait vibrer la membrane et ces vibrations
sont traduites en un courant électrique par l'anche amortie, et
qui serait envoyé à un dispositif similaire à l'autre
extrémité d'un fil. Cela aurait dû fonctionner, mais
les aimants de Bell étaient trop puissants, supprimant ainsi la
capacité du diaphragme à vibrer. Un deuxième modèle
légèrement amélioré transmet quelques "sons
vocaux" faibles mais pas de parole articulée.
Bell réalise qu'il vient de franchir une
nouvelle étape et décide d'abandonner le télégraphe
multiplex pour se consacrer à la transmission
de la parole à distance. Il réalise alors un croquis de
ce que va être son premier téléphone
et charge Watson de le réaliser.
Le 3 juin 1875 le Premier téléphone appelé
"GallowsFrame " est testé par Bell et
Thomas A. Watson dans une mansarde au 109 Rue de la cour. Il a transmis
des sons de parole reconnaissables, mais pas le discours intelligible.
Les premiers essais sont décevants.
En raison de sa ressemblance fantaisiste avec l'échafaud
d'un bourreau, les historiens ont qualifié cet instrument de "Gallows
Frame " (réplique du modèle gallow)
La représentation de Watson de cette esquisse, le modèle
Gallows, était simplement une version raffinée du relais
Reed décrit ci-dessus. Il sagissait essentiellement dun
relais à anche dont larmature était collée
sur une membrane ou un diaphragme en parchemin.
Avec cela, Bell espérait prouver ce que le relais à anche
original avait simplement promis quil pouvait désormais transmettre
un discours articulé sur un fil télégraphique.
Bell a connecté le modèle Gallows à plusieurs cellules
dune batterie et au relais Reed précédent. Pendant
que Watson écoutait le récepteur à anche, Bell cria
dans le diaphragme de l'instrument. Watson a affirmé qu'il pouvait
entendre des «sons vocaux» provenant du récepteur Reed,
mais il ne pouvait pas comprendre ce que disait Bell. Ils ont changé
de place et Watson a crié pendant que Bell écoutait. Encore
une fois, aucun discours n'a été entendu. Déçu,
Bell a qualifié lexpérience déchec.
Bell poursuivit ses travaux à Brantford en septembre.
À la suggestion du médecin de ses parents, il plaça
un mince disque de fer sur la membrane de parchemin et constata que le
son était devenu plus audible. Puis, de retour à Boston
plus tard ce mois-là, il commença à préparer
le mémoire descriptif de son invention tandis que Watson perfectionnait
lappareil. Bell avait déjà vendu les droits pour
les États-Unis à Hubbard et les deux hommes souhaitaient
ardemment vendre les droits pour létranger. Étant
donné que lobtention dun brevet en Grande-Bretagne
était essentiel et que ce brevet ne pouvait leur être accordé
si une autre demande était en instance dacceptation aux États-Unis,
ils attendirent pour faire breveter leur invention aux États-Unis.
Dans la foulée, il fait état de l'avancement de ses travaux
dans une lettre à Sarah Fuller : " Grande déouverte
en télégraphie aujourd'hui. La voix humaine transmise pour
la première fois ... "
Techniquement, ces modèles Gallows auraient
dû fonctionner et, paradoxalement, les modèles fabriqués
des années plus tard ont effectivement fonctionné.
Le problème des deux versions originales nétait
pas un problème de conception, mais de mise en uvre.
D'après des recherches et des analyses ultérieures,
il semble que la résistance des relais de Bell était
trop faible pour la tension de batterie relativement élevée
utilisée, ce qui entraîne un très faible rendement.
Des reproductions ultérieures ont corrigé ce problème.
Malgré sa déception, Bell savait qu'en juillet 1875
il avait envoyé une sorte de "sons vocaux"
sur un fil. Ces deux mots figureront plus tard dans son célèbre
brevet.
À la fin du trimestre, il abandonna ses cours et,
fin juillet 1875, Bell avait abandonné toute activité professionnelle,
à l'exception de l'éducation du jeune garçon sourd
et des conférences occasionnelles à l'Université
de Boston, pour lesquelles il était rémunéré
depuis longtemps, ainsi que des revenus qu'il avait consacrés à
des expériences téléphoniques. Ainsi, le seul revenu
qu'il percevait à la fin juillet était destiné à
l'enseignement du petit garçon sourd. Il ne voulait pas abandonner
ses efforts pour résoudre le problème de la transmission
de la parole ; il emprunta donc l'argent que des amis généreux
lui prêtaient et entreprit de démontrer la faisabilité
de sa théorie.
Le monde entier sait combien il a réussi, et qu'aucune autre solution
n'a été trouvée depuis.
En octobre 1875, il commença à préparer le cahier
des charges pour l'Office des brevets et sa demande était prête
à être déposée avant la fin de l'année.
Il consulta ensuite des amis au Canada qui lui demandaient de ne prendre
aucune mesure susceptible de porter préjudice aux brevets qu'ils
envisageaient de prendre à l'étranger. Ces amis ne répondant
pas à sa proposition, il décida finalement de ne plus attendre.
En décembre, il soumit sa demande aux avocats spécialisés
en brevets de Washington ; elle fut signée et assermentée
à Boston le 20 janvier 1876 et déposée au Bureau
des brevets le 14 février au matin.
Au début doctobre 1875, Bell retourna à
Brantford dans lintention doffrir les droits à sir
Hugh Allan , puissant financier et président de la Compagnie
du télégraphe de Montréal.
Mais le voisin des parents de Bell et propriétaire du Globe de
Toronto, George Brownministre des États du Canada,
à qui il avait demandé de le recommander à Allan,
lui offrit dacheter lui-même les droits. Il promit
également de déposer la demande de brevet en Grande-Bretagne
pendant son voyage à Londres, en février.
Début novembre 1875, le besoin de fonds pour subvenir
à ses besoins obligea Alexander Graham Bell à reprendre
son activité professionnelle. Il donna bientôt des conférences
dans diverses écoles normales sur l'enseignement de l'articulation.
Peu après, il créa une importante classe normale à
Boston et, afin d'illustrer ses méthodes, donna des cours gratuits
aux sourds-muets susceptibles de servir de sujets de démonstration.
Peu après Noël, les deux hommes conclurent une entente
à Toronto et, le 25 janvier 1876, soit la veille du départ
de Brown,
Bell lui remit le mémoire descriptif de son invention à
New York.
Brown et un associé sassurèrent quil ny
avait pas contrefaçon et déposèrent la demande de
Bell le 16 février.
Brown, cependant, ne comprenait pas toute la portée des travaux
de Bell et semblait douter du caractère pratique de linvention.
Sans lavertir, il décida « de ne pas donner suite à
laffaire ».
Le 29 décembre 1875 Bell apprenant que Mr Brown
n'est pas encore parti, lui fit une seconde visite à Toronto et
lui remit les dessins de son appareil, avec un mémoire à
l'appui de sa demande de brevet.
Bell termine la rédaction d'une nouvelle demande de brevet de télégraphe
harmonique en janvier 1876. Presque après coup, il inclut
une illustration du téléphone à potence développé
six mois auparavant. Cela inquiète les conseils en brevets de Bell,
puisque le droit des brevets interdit de déposer deux inventions
sous le même brevet (un « double brevet »). Néanmoins,
l'appareil téléphonique brut sera inclus dans le prochain
brevet de Bell, le fameux brevet de téléphone du 7 mars
1876.
Le 17 janvier 1876, Bell loue deux chambres
à 800 mètres du magasin de Williams dans le grenier au 5
Exeter Place à Boston et déménage, afin d'avoir l'usage
d'une pièce au troisième étage en tant que laboratoire.
Bell dormit dans l'une et Watson installa le laboratoire dans l'autre.
Watson a apporté des modifications aux instruments dans
le magasin de Williams et les a ensuite transportés vers Exeter
Place.
Il expérimentait encore avec le "type gallow" et d'autres
formes d'émetteur magnétique et de recepteurs "telephones-reed"
.
La plupart des expériences pour les deux années suivantes
ont été effectuées là-bas jusqu'à ce
que le téléphone soit en pleine production.
Le 25 janvier 1876, Bell, son futur beau-père
Gardiner Greene Hubbard et l'avocat Pollok rencontrent à New York
George Brown, un ami de la famille Bell qui était l'ancien premier
ministre du Canada et rédacteur en chef du Toronto Globe. Brown
a accepté de se rendre en Angleterre le lendemain pour montrer
les plans de télégraphe harmonique de Bell au scientifique
Sir William Thomson (connu plus tard sous le nom de Lord Kelvin) et pour
obtenir un brevet auprès du British Patent Office. Brown
embarqua pour l'Europe le lendemain.
De son côté, Brown devait recevoir un intérêt
financier dans l'invention. Le moment était primordial - l'Office
britannique des brevets exigeait qu'une invention ne soit pas divulguée
avant le dépôt, donc Brown devait déposer en Angleterre,
puis envoyer un télégramme transocéanique à
Bell signalant que la version américaine de la demande de brevet
pouvait désormais être déposée en Angleterre.
Brown arrive à Londres le week-end du 5 février 1876
Mais ces savants ne trouvèrent pas que l'invention fût
sérieuse, de sorte que M Brown hésitait à faire la
demande du brevet.
Bell écrivait lettres sur lettres à son compatriote, pour
le presser d'exécuter sa promesse.
Survint un évenement tragique, Bell reçut une dépêche
télégraphique, lui annonçant que le ministre du
Canada M Brown, avait été assassiné dans une rue
de Londres. Il est pourtant évident qu'en 19 jours Brown n'a
pas pu faire la traversée de l'atlantique et de se rendre à
Londres et contacter un expert. !!!
A cette nouvelle, M. Grabam Bell, renonçant à prendre
pour le moment son brevet en Europe, s'occupa de le prendre, sans autre
relard, en Amérique. Bell décida de garder son appareil expérimental à
lécart jusquà ce quil obtienne des brevets,
ce qui nétait pas possible au magasin de Williams.
Il s'inquiétait des possibles espions d'Elisha Gray de
la Western Electric Mfg. Co.,
qui travaillait également dans ce domaine.
Le vendredi 11 février,
Gray,
qui travaillait auparavant sur un téléphone dans un relatif
secret, décide maintenant de laisser le chat sortir du sac et a
l'intention de déposer une mise en garde auprès de l'Office
américain des brevets le lundi 14 février (Saint-Valentin).
Il donne à son assistant, William Goodridge, un dessin approximatif
et quelques pages de texte décrivant l'invention, avec des instructions
pour que les dessins d'avertissement soient finalisés par William
Skinkle, un employé de l'avocat de Gray, William D. Baldwin (Gray
et Baldwin mettraient fin à leur relation acrimonieuse des années
plus tard ; Gray découvrirait que Baldwin, tout en représentant
Gray contre la Bell Telephone Company, avait en fait été
sur la liste de paie de Bell. Curieusement, la dernière facture
de Baldwin pour ses services juridiques a été rejetée
avec colère par Gray, et Baldwin n'a jamais exigé de paiement).
La meilleure preuve que le téléphone électrique
que M. Graham Bel fit breveter le 14 février 1876, et auquel le
tribunal américain accorda l'antériorité sur celui
de M. Elisha h Gray, était un instrument sans valeur pratique, c'est
qu'à peine ce brevet fut-il obtenu que l'inventeur s'empressa de
le mettre de côté, et de chercher mieux".
Et il chercha avec tant d'ardeur qu'il finit par accomplir l'une des plus
grandes découvertes de la physique moderne.
Il transmit la parole sans l'intermédiaire du courant électrique.
LE BREVET : 174
465 d'émetteur-recepteur télégraphique
Heureusement pour Bell, limpatient Hubbard, qui
nen pouvait plus dattendre la réponse de Brown, déposa
la demande de brevet aux États-Unis le 14 février, et ce,
quelques heures seulement avant celle de son concurrent Elisha Gray.
Le Brevet 174,465 Document
complet en pdf . Le Brevet 174,465 , Page 1 et Page 2 (clic
pour agrandir) et le facsimile : maintained at the Library of Congress,
of the first drawing Alexander Graham Bell made of a telephone .
Récit
lu dans "Le figuier l'éléctricité"
Ecoutons M. Graham Bell nous raconter ses premiers essais, c'est-à-dire
ceux qui suivirent la construction de l'oreille téléphone,
imitée du premier, appareil de Philippe Reis.
« La disproportion considérable de masse et de grandeur
qui, dans cet appareil, existait entre la membrane et les osselets
mis en vibration par elle, attira particulièrement mon attention,
et me fit penser à substituer à la disposition compli-
quée que j'avais employée pour mon téléphone
à transmission de sons multiples,
une simple membrane à laquelle était fixée une
armature de fer.
« Cet appareil fut alors disposé comme l'indique la figure
ci-contre, et je croyais obtenir par lui les courants ondulatoires
qui m'étaient nécessaires . En effet, en articulant
à la branche sans bobine d'un électro-aimant boiteux
A une armature de fer doux, a b, reliée par une
tige à une membran een or battu M, je devais obtenir,
par suite des vibrations de celle-ci, une série de courants
induits ondulatoires, lesquels réagissant sur l'électro-aimant
d'un appareil semblable placé à distance, devaient faire
reproduire à l'armature de celui-ci, a' b', les mouvements
de la première armature, et par conséquent faire vibrer
la membrane correspondante M' exactement comme celle ayant
provoqué les courants.
«
Toutefois, les résultats que j'obtins de cet arrangement ne
furent pas satisfaisants , et il me fallut encore entreprendre bien
des essais, qui m'amenèrent
à réduire autant que possible les dimensions et le pied
des armatures et même à les constituer avec des ressorts
de pendule de la grandeur de l'ongle de mon
pouce. ...
Replica of Bell's 'Patent-office' telephone of 1876, made by Science Museum
Workshops, South Kensington, London, England, 1959
Les expériences avec des émetteurs à résistance
variable a commencé à peu près à cette époque. sommaire
Quelque chose motive soudainement le groupe de Bell à
violer leur accord avec Brown. Ils se précipitent et déposent
un dossier auprès de l'office américain des brevets avant
midi le lundi 14 février, sans entendre parler de Brown ni exiger
de lui un rapport d'étape.
Dépot du brevet BELL d'émetteur-recepteur
télégraphique le 14
février 1876
Voici ce qui se passa, le 14 février 1876, à Washington,
au bureau des patentes américaines, récit "Le figuier
l'éléctricité" .
Si le récit qui va suivre a les allures d'un
roman, qu'on ne l'attribue pas à l'imagination de l'auteur,
car tout ce qui se passa dans la journée du 14 février
1876, au bureau des patentes de Washington, est appuyé sur
des pièces et des documents qui ont figuré en justice,
à l'occasion du procès auquel donna lieu le cas sans
exemple que nous allons raconter.
Ce qui se passa le 24 février 1876, dans le bureau du directeur
des patentes américaines de Washington.
Le téléphone à pile de M. Graham Bell
et le téléphone à pile de M. Elisha Gray se
trouvent face à face. Un conflit judiciaire.
Comment les tribunaux américains proclament M. Graham Bell
l'inventeur du téléphone, et ce qui s'ensuivit.
Je ne saurais dire exactement comment est disposé, à
Washington, le burcau des patentes, mais il ne doit pas beaucoup
différer des établissements de ce genre qui sont consacrés,
à peu près en tout pays, aux enregistrements officiels
des demandes et des délivrances de brevets d'invention. Ils
sont distribués, en général, comme il suit.
Une vaste salle est divisée en un certain nombre de compartiments,
servant chacun de bureau à un employé.
Les murs de cette salle sont couverts de dessins au lavis, de plans
géométraux ou de planches gravées en noir et
en couleur, représentant divers appareils de mécanique
industrielle. De grandes bibliothèques, renfermant l'interminable
collection des volumes que chaque nation consacre aux brevets expirés,
s'étendent des deux cotés de la salle.
Là se trouvent les collections des brevets expirés
enregistrés en France depuis 1800, et la série des
patentes anglaises et américaines; ce qui, joint aux principaux
recueils scientifiques d'Europe et d'Amérique, forme l'indispensable
répertoire que les employés ont à consulter.
De ces employés, les uns travaillent à la correspondance,
les autres copient le texte des brevets déposés par
les inventeurs. Certains s'occupent à reproduire sur la planche
à lavis, les plans, coupes et dessins qui accompagnent les
brevets. Tandis que quelques-uns colorient, à la main, les
dessins tracés à l'encre, d'autres autûgraphient
des manuscrits ou gravent sur pierre ces dessins, pour en faire
des tirages plus nombreux.
Au milieu delà grande salle occupée par les petits
bureaux des employés, estime porte, donnant accès
dans le cabinet du directeur du bureau.
Le 14 février 1876, à deux, heures de l'après-midi,
le directeur du bureau des patentes américaines était
occupe à expédier les affaires courantes de son service,
quand on frappa à sa porte.
« Toc, toc... Entrez. »
On entra.
« C'est vous, monsieur Patrick, dit le directeur; quel bon
vent vous amène ?
Une demande de brevet.
De la part ?...
De la part de M. Grabam Bell.
De M. Grabam Bell, le professeur de l'institution des sourds-muets
de Boston ?
Précisément. Et de quelle invention
s'agit-il ?
D'un téléphone, c'est-à-dire d'un appareil
qui transmet les sons à distance
Voici le modèle de son appareil. Voulez-vous en prendre
connaissance ? »
L'agent d'affaires déposa sur un meuble le modèle
du téléphone à pile de M. Graham Bell, et remit
au directeur le mémoire du professeur de Boston.
Le Brevet 174,465 Document
complet en pdf
Le directeur commença la lecture de ce mémoire, que
nous allons lire par dessus son épaule.
« Mon invention est il dit dans le mémoire de
M. Graham Bell à l'appui de sa demande de brevet consiste
dans l'emploi d'un courant électrique vibratoire, ou ondulatoire,
en opposition à un courant simplement intermittent ou pulsatoire,
et d'une méthode ainsi que d'un appareil pour produire une
ondulation électrique sur le fil de ligne.
« On comprendra la distinction entre un courant ondulatoire
et un courant pulsatoire, si l'on considère que les pulsations
électriques sont produites par des changements d'intensité
soudains et instantanés, et que les courants ondulatoires
résultent de changements graduels d'intensité, analogues
aux changements de densité occasionnes dans l'air par de
simples vibrations du pendule.
Le mouvement électrique, comme le mouvement aérien,
peut être représenté par une courbe sinusoïdale
ou par la résultante de plusieurs courbes sinusoïdales.
»
M. Graham Bell expose ensuite comment les courants ondulatoires
peuvent servir à la transmission simultanée de plusieurs
dépèches, et il décrit
en dernier lieu la disposition suivante :
« Un autre mode est représenté par la figure
ci-jointe, dans lequel le mouvement peut être communique à
l'armature par la voix humaine ou par le moyen d'un instrument musical.
« L'armature ab est attachée librement à la
patte d'un électro-aimant A, et son autre extrémité
est liée au centre d'une membrane tendue, M
Un cône, P, sert à faire converger les vibrations du
son sur la membrane M. Quand un son est émis dans le cône,
la membrane est mise en vibration, l'armature est forcée
de partager ce mouvement, et ainsi des ondulations sont créées
dans le circuit.
Ces ondulations sont semblables en forme aux vibrations de l'air
causées par le son, c'est-à-dire qu'elles sont représentées
graphiquement par des courbes semblables. Les courants ondulatoires
passant par l'électro-aimant a'b' agissent sur l'armature
M' pour lui faire copier le mouvement de l'armature M. On entend
alors sortir du cône P' un son semblable à celui qui
est émis en P. »
Nous ne donnons qu'une esquisse du portrait de M. Graiiam Bell,
parce que nous n'avons pu nous procurer de photographie de l'original.
Ce profil a été fait de mémoire,
M. Graham Bell termine ainsi :
« Ayant décrit mon invention, ce que je réclame
et désire assurer par la patente est ce qui suit :
« 1. Un système de télégraphie dans lequel
le récepteur est mis en vibration par l'emploi de courants
électriques ondulatoires, essentiellement comme il est décrit
plus haut.
« 2. La combinaison, décrite plus haut, d'un aimant
permanent, ou d'un autre corps capable d'une action inductive, avec
un circuit fermé, de sorte que la vibration de l'un doit
occasionner des ondulations électriques dans l'autre, ou
dans lui même; et je le réclame, soit que l'aimant
permanent soit mis en vibration dans le voisinage du fil conducteur
formant le circuit, soit que le fil conducteur soit mis en vibration
dans le voisinage de l'aimant permanent, soit que le fil conducteur
et l'aimant permanent, tous deux simultanément, soient mis
en vibration dans le voisinage l'un de l'autre.
« 3. La méthode de produire des ondulations dans un
courant voltaïque continu par la vibration ou le mouvement
de corps capables d'une action inductive, ou par la vibration ou
le mouvement du fil conducteur lui-même, dans le voisinage
de tels corps, comme il est établi précédemment.
»
Ayant pris connaissance de cette demande de brevet, qui était
formulée conformément aux lois et règlements
de l'administration des Etats-Unis, le
directeur du bureau des patentes fit signer la demande à
l'agent d'affaires de M. Graham Bell et le congédia. Ceci se passait à deux heures.
A peine le dépositaire était-il sorti du bureau des
brevets (alors que Bell est à Boston, ce ne pouvait être
qur Hubbard ou les avocats Pollok ou Bailey) pour déposer
le dossier de Bell, qu'un autre physicien, entra au bureau déposer
au caveat portant sur la même invention. À quatre heures, !e directeur entend de nouveau frapper
à sa porte
« Toc, toc!.... Entrez. »
On entra.
« C'est vous, monsieur Jonathan, dit le directeur ; quel bon
venlvous amène ?
-- Une demande de caveat.
De la part ?
De la part de M. Elisha
Gray.
M. Elisha Gray, l'électricien de Chicago ?
Lui-même.
Et quelle invention M. Elisha Gray veut-il faire breveter
?
Un téléphone, c'est-à-dire un appareil
qui transmet la parole à distance. »
Le directeur se leva de son fauteuil, comme poussé par un
ressort.
« Un téléphone ?... En ôtes-vous bien
sûr ?...
Voici le modèle de l'appareil de M. Elisha Gray, et
voici ses dessins.
Voulez-vous prendre connaissance du mémoire qui accompagne
tout cela ?
Comment donc, monsieur Jonathan ; mais avec le plus grand
empressement ! »
Et le directeur, excessivement intrigué, mais sans rien laisser
paraître encore de ce qui lui causait un si vif étonnement,
prit des mains du sieur
Jonathan le mémoire de M. Elisha Gray, et s'en donna lecture
à lui-même, en accentuant bien chaque phrase.
L'honnête M. Jonathan, qui avait bien des fois rempli le même
mandat qu'il accomplissait en ce moment, n'avait jamais vu le directeur
du bureau des patentes américaines s'intéresser à
ce point à une invention.
II en était émerveillé, et ne savait comment
expliquer l'attention tout à fait nouvelle que le directeur
apportait à celte affaire.
Voici le texte exact du document manuscrit qui accompagnait la demande
de l'électricien de Chicago.
On reconnaîtra bien vite que la description du téléphone
faite par M. Elisha Gray est autrement claire, nette et précise,
que celle de M. Graham Bell, qui disserte, au lieu de décrire,
qui s'égare clans des considérations de physique étrangères
au sujet, et dont l'appareil a plutôt pour objet un perleclionncment
à la télégraphie électrique qu'un téléphone.
En tête du mémoire de M. Elisha Gray est un dessin,
qui porte pour légende : « Instruments for transmitting
and receiving vocal sounds tele-
graphicalhj, caveat filed 14 February ' 1870, c'est-à-dire
: Instruments pour transmettre et recevoir télégraphiquement
des sons vocaux.
Caveat, enregistré le 14 février 1870.
Voici maintenant le texte de l'inventeur : « A tous ceux que
cela peut concerner, qu'il soit connu que moi, Elisha Gray, de Chicago,
comté de Cook et État d'illinois, ai inventé
un nouveau mode de transmettre des sons vocaux télégraphiquement.
Ce qui suit en est la description. « L'objet de mon invention
est de transmettre les tons de la voix humaine au travers d'un circuit
télégraphique et de les reproduire à l'extrémité
réceptrice de la ligne, de telle façon que des conversations
effectives puissent cire tenues par des personnes se trouvant à
une grande distance l'une de l'autre.
« J'ai inventé et fait breveter des méthodes
de transmettre télégraphiquement des impressions ou
sons musicaux, et mon invention actuelle est basée sur une
modification du principe de ladite invention, qui est décrite
et exposée dans des cttres patentes des États-Unis,
qui m'ont été accordées le 27 juillet 1875,
sous les numéros respectifs 166 095 et 166096, et, de plus,
dans une demande de patente déposée par moi le 25
février 1875.
« Pour atteindre l'objet de mon invention, j'ai imagine un
instrument pouvant émettre des vibrations concordant avec
tous les tons de la voix bumaine, et par lequel ces tons, ou sons,
sont rendus perceptibles.
« J'ai représenté sur les dessins ci-joints
un appareil renfermant mes perfectionnements de la meilleure manière
qui me soit connue maintenant, mais je projette différentes
autres applications, ainsi que des changements dans les détails
de construction de l'appareil, changements dont quelques-uns se
seront nécessairement déjà présentés
d'eux-mêmes à un électricien habile ou à
une personne versée dans l'acoustique, à la vue de
la présente application.
« La première figure de mon mémoire représente
une section centrale verticale au travers de l'instrument transmetteur
;
LE TÉLÉPHONE A PRESSION D'EAU VARIABLE , DE M. Elisha
Gray.
A, boite acoustique du transmetteur; B, vase
de verre plein d'eau; a, diaphragme en baudruche portant une fil
métallique attachée à sa partie inférieure
; b, suite de la tige métallique brisée, et communiquant
avec le fil conducteur c ; T, communication avec la terre.
« La deuxième figure de mon mémoire représente
une section semblable au travers du récepteur;
« La troisième figure, un dessin d'ensemble de tout
l'appareil.
« Mon opinion actuelle est que la méthode la plus efficace
pour obtenir un appareil capable de rendre les sons variés
de la voix humaine, consiste à étendre un tympan,
tambour ou diaphragme en travers d'une extrémité de
la boîte qui porte un appareil produisant des fluctuations
dans le potentiel du courant électrique, et par suite variant
dans sa force.
« Sur le dessin ci-joint la personne qui transmet les sons
est représentée parlant dans une boîte A, en
travers de l'extrémité extérieure de laquelle
est tendu un diaphragme a, d'une substance mince quelconque, telle
que du parchemin ou de la baudruche, capable de rendre tous les
tons de la voix humaine, qu'ils soient simples ou complexes.
A ce diaphragme est fixée une petite tige métallique
conductrice de l'électricité, qui descend jusque dans
un vase B fait de verre ou d'autre matière isolante et dont
la partie inférieure est fermée par un tanipon b qui
peut être métallique ou au travers de laquelle passe
un conducteur c qui
l'orme en partie circuit.
« Ce vase est rempli d'un liquide possédant une grande
résistance, tel que de l'eau par exemple, de sorte que les
vibrations de la tige métallique qui ne touche pas entièrement
le conducteur b amèneront des variations dans la résistance
électrique, et par conséquent dans le potentiel du
courant qui passe au travers de la tige métallique.
« Il résulte de ce mode de construction que la résistance
varie constamment en concordance avec les vibrations du diapbragme,
lesquelles, quoique irrégulières, non seulement en
amplitude, mais aussi en rapidité, n'en sont pas moins transmises,
et peuvent, par conséquent, être envoyées par
une seule tige, ce qui ne pourrait pas être obtenu en établissant
et eu rompant alternativement le courant là où l'on
emploie des points de contact.
« J'étudie cependant l'emploi de séries de diaphragmes
dans une boîte vocale commune, chaque diaphragme portant une
tige indépendante et répondant à une vibration
d'une rapidité et d'une intensité différentes,
cas dans lequel on peut employer des points de contact montés
sur d'autres diaphragmes. Les vibrations communiquées de
cette façon sont transmises au travers d'un circuit électrique
à la station réceptrice.
Dans ce circuit est compris un électro-aimant de construction
ordinaire, agissant sur un diaphragme, auquel est fixée une
pièce de fer doux.
Ce diaphragme est tendu en travers d'une boite vocale réceptrice
c, quelque peu semblable à la boîte vocale correspondante
A.
« Le diaphragme à l'extrémité réceptrice
de la ligne reçoit alors des vibrations correspondant à
celles du côté transmetteur et il se produit des sons
ou mots perceptibles.
« L'application pratique évidente de mon perfectionnement
sera de permettre à des personnes, postées à
de grandes dislances, de converser l'une avec l'autre dans un circuit
télégraphique, absolument comme elles le font actuellement
en présence l'une de l'autre ou dans un porte-voix.
« Je revendique comme étant mon invention l'art de
transmettre des sons vocaux ou conversations télégraphiquement
par un circuit télégraphique. » Nous ouvrirons ici une parenthèse pour dire que celte
description est si précise et si complète qu'elle
permettrait de construire un appareil qui pourrait certainement
constituer un téléphone parlant.
En lisant avec soin la description qui précède et
examinant le dessin qui accompagne le brevet de M. Elislia Gray,
dessin que nous avons reproduit
exactement d'après le brevet de l'inventeur, on comprend
que le jeu de cet appareil est le suivant.
La voix faisant vibrer le diaphragme a de la boîte du transmetteur
A, les vibrations de ce diaphragme se communiquent à la tige
métallique qui est attachée à ce diaphragme,
et cette lige, en vibrant, presse plus ou moins la mince couche
d'eau sur laquelle porte l'extrémité inférieure
de cette même tige. Ces variations dans la compression de
l'eau font varier l'intensité du courant électrique,
et ces variations dans l'intensité du courant se
communiquent, par la tige métallique b, et par le fil conducteur
c, au récepteur A', après avoir traversé la
terre, qui sert de conducteur de retour.
Dès lors, le diaphragme du récepteur A' vibre identiquement
comme le diaphragme du transmetteur, c'est-à-dire reproduit
les sons de la voix qui a
fait parler le transmetteur.
C'est le principe du téléphone à pile et à
conducteur de charbon que M. Edison construisit
plus tard, et que nous retrouverons en son lieu.
Il importe de remarquer que le téléphone de M, Elisha
Gray diffère du téléphone de Philippe
Reis en deux points très importants.
Le transmetteur n'agit pas par des interruptions de contact avec
la membrane animale, comme dans l'appareil du maître d'école
allemand, mais par les variations de résistance offertes
par un liquide au passage du courant électrique.
M. Elisha Gray insiste sur ce point, qui est, en cflèt, d'une
importance capitale.
Reprenons l'entretien de nos deux personnages, que nous avons interrompu
pour donner l'explication technique du téléphone de
l'électricien de Chicago.
Caveat de M. Elisha Gray
Ayant lu consciencieusement, et dans son entier, le mémoire
déposé par M. Elisha Gray à l'appui de son
caveat, le directeur des patentes fit signer
la demande par l'agent d'affaires; puis, au lieu de le congédier,
il le retint du geste. M. Jonathan, qui allait se retirer, et tenait
déjà le bouton de la porte, s'arrêta, prêt
à écouter de toutes ses oreilles la déclaration
qu'allait lui faire l'employé supérieur.
« Vous avez sans doute remarqué, lui dit le directeur,
la surprise que j'ai ressentie quand vous m'avez fait part de l'objet
de votre demande.
Il me reste à vous expliquer la cause de cette surprise.
Sachez donc que deux heures à peine avant que vous entriez
ici, votre honorable confrère, M. Patrick, en sortait, après
m'avoir remis une demande de brevet pour un téléphone,
qui diffère sans doute, par son mécanisme, de celui
de
M. Elisha Gray, mais qui donne, en fait, le même résultat,
c'est-à-dire qui transporte la paroleà distance, par
l'intermédiaire d'un courant électrique. »
Et comme M. Jonathan se récriait, le directeur tira d'un
carton et mit sous ses yeux les pièces relatives à
la demande de brevet de M. GrahamBell.
« Je vous communique ces pièces, monsieur Jonathan,
dit le directeur, pour que vous reconnaissiez par vous-même
la vérité de ce que j'avance...
Et j'ajoute que vous ne sauriez contester que la demande de M. Graham
Bell n'ait l'antériorité sur celle de M. Elisha Gray,
attendu qu'elle a élé déposée aujourd'hui
à deux heures, et la vôtre à quatre heures seulement.
C'est ce que je n'ai nullement l'intention de nier, répliqua
le mandataire de M. Elisha Gray. IL y aura certainement procès
entre nos deux inven-
teurs, et l'on ne peut savoir quelle en sera l'issue.
Quant à nous, qui n'avons été, en tout ceci,
que les intermédiaires, nous ne pourrons que constater la
réalité et la sincérité des faits.
Leur appréciation appartiendra au tribunal. »
Sur ces dernières paroles, le sieur Jonathan se retira. Ce
qu'avait prévu notre agent d'affaires ne manqua pas, d'ailleurs,
de se produire.
Comparaison des shémas Bell et Gray :Lire la petite histoire
de Gray
La loi sur les brevets de l'époque (la loi sur
les brevets de 1836) stipule qu'une « ingérence » ne
peut se produire que si Gray dépose sa mise en garde avant que
Bell ne dépose sa demande de brevet. Les demandes de Bell et de
Gray sont remises en mains propres avant midi ; les deux ensembles de
documents auraient dû rester dans un panier "In" jusqu'à
15 heures, après quoi ils auraient été envoyés
au bureau du greffier en chef, connectés à un "caisse
buvard" (un livre comptable non chronologique répertoriant
le nom de chaque demandeur ainsi que la taxe de dépôt), et
transmise à un examinateur de brevets le lendemain.
Étrangement, la personne qui remet en main propre la demande de
brevet de Bell (et non Bell, qui était à Boston à
l'époque) exige que les documents soient immédiatement remis
à l'examinateur de brevets télégraphiques Zenas Wilber
dans la salle 118. Un commis obligeant fait exactement cela ( violant
la procédure standard), s'arrêtant brièvement en cours
de route pour entrer la demande de Bell dans le sous-main, ce qui en fait
la cinquième entrée pour ce jour-là. La paperasse
de mise en garde de Gray, toujours dans le panier, passe par des canaux
normaux, plus lents, et devient la 39e entrée dans le buvard. Ainsi
naît le mythe populaire - encouragé par les avocats de Bell
- selon lequel la demande de brevet de Bell a été déposée
"deux heures" avant la mise en garde de Gray (dans certaines
versions de l'histoire, c'est quatre heures).
Au cours de la semaine qui suit, l'examinateur de brevets Zenas Wilber
examine les deux ensembles de documents. Il voit que les revendications
1, 4 et 5 de la demande de Bell pourraient interférer avec la mise
en garde de Gray et, conformément à la procédure
standard, envoie une lettre à Bell et à ses avocats indiquant
qu'il suspend le brevet de Bell pendant 90 jours. Gray aurait maintenant
dû avoir 90 jours pour déposer une demande de brevet complète,
après quoi l'examinateur déterminerait alors avec finalité
si une condition d'interférence existait réellement.
Les avocats de Bell envoient ensuite une lettre à Ellis Spear,
commissaire aux brevets par intérim, contenant ce qui suit : "Nous avons demandé la date de dépôt de cette
mise en garde (dans la mesure où nous avons droit à cette
connaissance) et avons constaté qu'elle était le 14 février
1876, le jour même où notre demande a été déposée.
Si notre demande a été déposée plus tôt
dans la journée que la mise en garde, il n'y a alors aucun mandat
pour la mesure prise par le Bureau.Nous suggérons qu'un examen
des livres dans les chambres de l'examinateur, M. Moore [un greffier]
et du greffier en chef, soit effectué en vue de trancher cette
question". Mais les avocats de Bell n'avaient pas "droit à cette
connaissance" (la mise en garde interférente aurait pu arriver
jusqu'à un an avant la demande de Bell) et la lettre de Wilber
à leur intention n'indique pas que la mise en garde était
celle de Gray. Les avocats de Bell savent déjà d'une manière
ou d'une autre que l'entrée de Bell dans le sous-main était
en avance sur celle de Gray. Naturellement, les avocats de Bell attirent
déjà l'attention sur "les livres" pour trancher
la question. Mais la procédure standard du Bureau des brevets insiste
sur le fait que seule la date et non l'heure du dépôt est
significative, sauf dans des circonstances exceptionnelles. Néanmoins,
le jour fatidique du 25 février 1976, Ellis Spear, pour
des raisons encore inconnues, viole les procédures standard qu'il
suit depuis des années et ordonne à Wilber de lever la suspension
de la demande de Bell. Dans toutes les années tumultueuses et litigieuses
qui suivent, on ne demande jamais à Spear pourquoi il a révoqué
la suspension du brevet de Bell . Étonnamment, Bell et ses associés doivent encore surmonter
plus de difficultés. Wilber trouve une autre mise en garde antérieure
de Gray, déposée le 27 janvier, qui peut certainement interférer
avec la demande de Bell. Wilber informe les avocats de Bell, qui demandent
à Bell de venir à Washington et de voir l'examinateur de
brevets Wilber en personne pour discuter des mises en garde de Grays. Bell a un problème. La deuxième mise en garde de Gray
comprend des informations sur le principe de la résistance électrique
variable et décrit un dispositif de transmission de liquide, dont
aucun n'est mentionné dans la demande de Bell.
Au lieu de déposer une ingérence et de demander à
d'autres de régler l'affaire, l'examinateur de brevets Wilber prend
sur lui de communiquer des informations concernant l'invention de Gray
à Bell et de permettre à Bell d'apporter des modifications
à sa demande de brevet, la première éliminant soigneusement
toute interférence possible avec La mise en garde de Gray.
Quelques mois après, les deux inventeurs étaient en procès.
Le tribunal de Washington dut être fort embarrassé; car si,
d'une part, la description du téléphone électrique
de M. Elisha Gray était magistrale, et les effets de son appareil
aussi nets qu'on pût le désirer, d'autre part, le mémoire
de M. Graham Bell trahit des hésitations continuelles, et ne paraît
contenir que le germe d'une invention, ayant pour objet la télégraphie
électrique, plutôt qu'une invention définitive relative
à la téléphonie.
Cependant le tribunal de Washington se prononça en faveur de M.
Graham Bell.
Il déposséda l'électricien de Chicago, et investit
le professeur de Boston du privilège de la découverte du
téléphone.
Ce qui dicta sans doute la sentence des juges américains, ce fut
l'antériorité de deux heures dans le dépôt
des pièces, antériorité établie en faveur
de M. Graham Bell, mais surtout cette considération que M. Graham
Bell avait fait une demande de brevet, en bonne et due forme, tandis que
M. Elisha Gray n'avait pris qu'un simple caveat.
Il importe, en effet, de savoir qu'aux Etals-Unis, ce qui n'existe pas
en France, l'inventeur qui juge que sa découverte n'est pas arrivée
à maturité,
peut, avant de demander un brevet, déposer à l'Office des
patentes un caveat, c'est-à-dire un mémoire manuscrit, indiquant
le plan, l'objet et les
caractères distinctifs de son invention, en demandant protection
pour son droit, jusqu'à ce qu'il ait mûri sa découverte.
Il paye, pour cela, une taxe de 20 dollars, dont il lui est tenu compte
plus lard, s'il demande un brevet.
Si, pendant l'année qui suit le dépôt d'un caveat,
l'Office des patentes reçoit une demande pour une invention semblable
à celle du déposant de ce
caveat, celui-ci en est informé et peut faire opposition.
C'est parce qu'il n'avait demandé qu'un caveat que M. Elisha Gray
perdit son procès.
Quant au mérite comparatif des deux appareils, personne n'aurait
hésité un instant à décerner la palme à
l'instrument téléphonique de l'électricien de Chicago.
Dans la version de l'histoire de Bell, il n'était
pas autorisé à voir la mise en garde de Gray. Cependant,
au cours d'une enquête ultérieure du Congrès, Wilber
produisit son propre récit "final" dans un affidavit
daté du 6 avril 1886. L'affidavit parut dans de nombreux journaux
mais fut rejeté par les membres du comité en raison des
"habitudes dissolues" de Wilber et d'un précédent
affidavit contradictoire. . Dans ce dernier affidavit, Wilber dit qu'il
a permis à Bell (devant des témoins) de regarder la mise
en garde de Gray et "a pleinement expliqué la méthode
de transmission et de réception de Gray". Wilber a ensuite
déclaré que Bell avait quitté le bâtiment,
puis était revenu vers 14 heures. Enfin, selon Wilber, "A
son départ, je l'ai accompagné dans le hall et au coin de
la rue dans un couloir menant à la cour, où le professeur
Bell m'a présenté un billet de cent dollars." Bell
a bien sûr publié son propre affidavit niant toutes les allégations
de Wilber, mais Bell ne l'a jamais poursuivi pour diffamation, et les
rumeurs sur l'incident ont persisté à ce jour.
Quoi qu'il en soit, à la suite de la visite de Bell à Wilber
au Bureau des brevets, le concept de résistance variable de Gray
apparaît maintenant sous la forme d'une minuscule note marginale
manuscrite dans la demande de brevet de Bell. Bell mentionne brièvement
l'utilisation de mercure liquide comme moyen d'y parvenir, ce qui ne fonctionne
pas (le concept de Gray utilise de l'eau, ce qui fonctionnera)
Cette découverte du 2 juin 1875 révéla
à Bell que ses doutes quant à la capacité du téléphone
à transmettre un son audible généré magnétiquement
étaient infondés. Son concept téléphonique
était non seulement théoriquement correct, mais aussi réalisable.
Il restait encore beaucoup d'expérimentation et de développement
à faire, mais le téléphone était né.
Bell, cependant, ne put accorder toute son attention à la mise
au point de cette dernière invention, car ses associés lui
demandèrent de poursuivre ses travaux sur les deux télégraphes
multiples, dans lesquels ils voyaient un gain pécuniaire plus immédiat.
Leur insistance dura bien au-delà du 1er mars 1876, date à
laquelle un brevet fut délivré pour le téléphone.
Hubbard a même fait dire à sa fille Mabel, fiancée
à Bell, qu'elle ne l'épouserait pas avant qu'il n'ait terminé
son travail sur le télégraphe. Ce n'est qu'à contrecur
que Sanders et Hubbard ont renoncé à leur intérêt
pour la télégraphie harmonique au profit de la téléphonie.
La question s'est donc nécessairement posée de savoir si
le partenariat couvrait ou non le téléphone. Après
la signature du protocole d'accord définissant les termes de l'Association
en février 1875, il ne fait guère de doute que Sanders et
Hubbard connaissaient tous deux l'idée que Bell avait du téléphone.
Cela explique peut-être la conviction de Bell, telle qu'elle l'a
déclaré plus tard, selon laquelle ce partenariat avec Sanders
et Hubbard incluait bel et bien le téléphone. Cependant,
au moment de la formation du partenariat, ni Sanders ni Hubbard ne semblaient
s'être beaucoup intéressés au nouveau concept de Bell.
La différence de degré d'impression de Sanders et Hubbard
par l'idée au moment de la formation du partenariat peut expliquer
pourquoi Hubbard a cru plus tard que le contrat de partenariat ne couvrait
pas le téléphone, Sanders a répondu que oui. Des
deux, Hubbard a peut-être été plus impressionné
par la télégraphie multiple de Bell au moment de l'accord,
car il en avait eu connaissance moins longtemps que Sanders et avait eu
moins de temps pour que son enthousiasme initial se dissipe. De plus,
la connaissance par Hubbard de l'idée du téléphone,
apparue peu après avoir découvert la télégraphie
multiple, aurait pu lui sembler moins significative. C'était important,
non seulement parce qu'il était sous-développé, mais
aussi parce que de multiples télégrammes promettaient de
réaliser les prédictions qu'elle avait faites lors de l'audition
du Sénat sur la Western Union.
Le 3 mars 1976,
le brevet n° 174 465 est délivré à A.G. Bell
et il apparaît dans le numéro du 7 mars 1876 de la Gazette
officielle. Bell devint titulaire du brevet sur le téléphone, deuxième
des 30 brevets quil obtiendrait entre 1875 et 1922. Intitulé
« Améliorations en télégraphie », ce
brevet serait le plus lucratif jamais accordé dans lhistoire
des inventions, et lun des plus contestés.
Dans la presse le meme jour on lisait
Quelques jours après l'obtention du brevet, BELL reprend ses
essais, tous les appareils on été tansférés
au dessus de l'atelier de Charles Wiliams à son domicile.
Entre le 7 et le 10 Mars 1876,
Bell et Watson réalisent une série d'expériences
avec un nouveau transmetteur non pas de type éléctromagnétique
comme décrit dans le brevet mais un transmetteur à résistance
variable à eau acidulée entrainant une variation de résistance
du circuit lorsque la membrane entre en vibration.
Watson dans ses dernières années, tenant le téléphone
original. L'émetteur à micro liquide (à acide) et
le schéma original dans son notebook.
Bell navait pas réussi à transmettre une phrase
complète et audible dans son téléphone mais, fait
significatif, il avait modifié la description de son invention
au début de janvier pour y incorporer un émetteur à
résistance variable.
La première conversation
téléphonique de l'histoire est effectuée le 10 mars
1876, à Boston entre Bell et son assistant Watson qui se
trouvait alors dans une autre pièce.
Cette transmission a eu lieu dans le laboratoire de leur grenier situé,
au 5 Exeter Place.
La plaque commémorative peut être vue à proximité
de Lafayette Place, près du point de croisement des rues Avenue
de Lafayette et Essex.
En
soirée du 10 Mars 1876 , Bell installe le recepteur
dans une pièce et le transmetteur dans une autre pièce
à quelques mètres. A la suite d'une nième tentative,
Bell ajoute de l'acide dans le transmetteur et en renverse sur son
patalon le faisant s'exclamer ;
Mr watson i want to see you (M. Watson,
j'ai besoin de vous)
De son côté Watson entend la voix de Bell dans l'appareil
et se précipte dans l'autre pièce et déclare
qu'il avait entendu et compris ce que Bell disait. Bell demande de
répéter les mots. Watson a répondu, "Vous
avez dit "M. Watson, j'ai besoin de vous" Fou de joie il
se mirent à danser une danse Mohawh (tribue indienne).
... En changeant de place Bell a pu écouter tandis que M. Watson
lisait quelques passages d'un livre dans l'embouchure, les mots étaient
à peine audible mais la parole venait d'être transmise
pour la première fois, si on ne tient pas compte de l'histoire
de Meucci
Le soir même Bell écrit à son père qu'il
est enfin parvenu à transmettre la parole.
Lexclamation nétait pas aussi élégante
que le premier message télégraphique de Samuel Finley Morse
« Dieu tout-puissant ! » , mais elle est devenue
plus célèbre. Cette phrase est souvent citée sans les
mots « to see ». Bell les a notés dans son carnet, mais
Watson les a omis dans ses notes sur lesquelles il sest appuyé
pour la rédaction de ses mémoires, largement cités.
La question de savoir laquelle des deux villes, de Boston ou de Brantford,
pouvait senorgueillir de linvention du téléphone
a soulevé une controverse encore plus vive Selon lopinion la plus répandue et consacrée
par un important livre sur lhistoire du téléphone, publié
en 1985, qui décrit cet appareil comme « la grande invention
yankee » , ce serait Boston. Pour sa part, Bell croyait que
les deux villes pouvaient se flatter dune paternité commune
et il sest maintes fois prononcé sur la question.
À loccasion dun banquet donné en son honneur par
le Bureau de commerce à Brantford en 1906, il expliqua prudemment
que cest dans cette ville que « lidée du téléphone,
les premières expériences et la solution du problème
avaient vu le jour ».
Dans une lettre au Daily Expositor de la même localité en mars
1916, il affirmerait que « Brantford [pouvait] à juste titre
se dire la ville du téléphone ».
Lannée suivante, lors du dévoilement dun monument
en son honneur, il rappellerait que « le téléphone,
né à Boston en 1875, a[vait] été conçu
à Brantford en 1874 ».
Fin avril 1876 Bell laisse de côté
le premier transmetteur à résistance liquide variable et
revient à des expérimentations éléctromagnétiques,
le concept original. Watson a construit un ensemble dinstruments
dans le magasin de Williams en utilisant du bronze plutôt
que du bois et en les polissant comme des miroirs.
Suite du
récit de Bell lu dans "Le figuier l'éléctricité"
... Dans ces conditions, au lieu d'articuler ces armatures, je les
attachai au centre des membranes, et mon appareil fut alors disposé
comme l'indique la figure suivante. »
Dans le second appareil auquel fait allusion M. Graham Bell, le courant
électrique était interrompu par les vibrations d'un
mince disque de fer, placé en face d'un électro-aimant.
La membrane de fer vibrait par la résonnance de la voix, et
ses vibrations étaient transmises par le fil de la pile à
un appareil vibrant identiquement comme la membrane du transmetteur.
Les sons de la voix étaient ainsi fidèlement reproduits.
Les figures ci contre représentent cet appareil.
Le transmetteur se compose : d'un électro-aimant, c'est-à-dire
d'une lame de fer pur parcouru par un courant électrique, qui
lui communique l'aimantation, d'un disque mince de fer placé
au fond de l'ouverture du pavillon. Au moyen des vis, on peut tendre
plus ou moins la membrane vibrante. Le récepteur se compose d'un électro-aimant,
que les physiciens appellent électro aimant tubulaire. L'aimant
a une forme cylindrique, et la bobine de fils parcourue par le courant
qui lui communique l'aimantation artificielle, est renfermée
à l'intérieur du cylindre. L'armature, de l'élcctro-aimant,
c'est-à-dire la pièce de fer attirée par cet
aimant, est placée au-dessus du cylindre, et forme comme le
couvercle d'une boîte.
Cette dernière disposition de l'électro-aimant rappelle
le récepteur du téléphone musical de Philippe
Reis.
Ajoutons que le transmetteur pouvait fonctionner comme transmetteur
et comme récepteur indifféremment, mais que le récepteur
ne pouvait remplir ce double office. En d'autres termes, le transmetteur
était réversible, comme on le dit aujourd'hui, mais
le récepteur ne l'était pas.
Cet assemblage était assez bizarre, et l'on ne pouvait en espérer
rien de bien sérieux. Mais la téléphonie est
l'heureuse fille du hasard et de la fortune, et M. Graham Bell expérimentait
un peu à l'aventure. Aussi, rien ne saurait donner l'idée
de la surprise et de la joie qu'éprouva l'inventeur, lorsque,
pour la première fois, le courant électrique traversant
ce singulier système, transporta à distance les sons
de la voix humaine.
Modèle présenté à l'Exposition du
centenaire des Etats-Unis à Philadelphie
en juin 1876
L'émetteur (Reproduction)
Le
réepteur (Reproduction)
En tant que juge à l'Exposition du centenaire de 1876
à Philadelphie, Joseph Henry soumit
un rapport expliquant le fonctionnement et l'importance de l'invention de
Bell. Lui et les autres juges considéraient le téléphone
de Bell comme « la plus grande merveille jamais réalisée
par le télégraphe ».
Les prototypes se succèdent, l'appareil
devient de plus plus performant.
Le téléphone n'ayant pas joué un
rôle dans son association, Bell n'a probablement pas été
impliqué rapidement dans l'accord avec Hubbard et Sanders. Sanders,
quant à lui, étant moins frappé par la nouveauté
de la télégraphie multiple, a peut-être été
plus conscient de l'idée du téléphone. De plus, comme
Bell, il a peut-être considéré la transmission électrique
de la parole articulée comme une forme de télégraphie.
Résolu après sa soumission à Anthony Pollok, avocat
spécialisé en brevets. Bell a conclu que, puisque Sanders
et Hubbard avaient fourni les fonds ayant mené à l'invention,
le téléphone devait à juste titre relever du partenariat,
même s'il ne faisait pas, à proprement parler, partie intégrante
du contrat. Ainsi, le 15 septembre 1876, Alexander Graham Fell a exécuté
une cession de ses brevets téléphoniques 174 455 et
178 399 à Bell, Sanders et Hubbard. Aucune question ne serait
posée ultérieurement concernant les propriétaires
légaux du brevet téléphonique de base. La cession
du téléphone de Bell plus tôt avait conduit à
une erreur presque fatale. Lors d'un de ses séjours réguliers
au Canada, Bell avait pris des dispositions pour que George Brown, un
voisin, dépose un brevet pour un téléphone en Angleterre.
La loi anglaise sur les brevets exigeait qu'aucune publication préalable
des spécifications de l'invention n'ait eu lieu. Par conséquent,
Bell accepta d'attendre un brevet anglais avant d'en déposer un
aux États-Unis, bien qu'il ait déjà terminé
son mémoire descriptif pour une telle demande en octobre 1875.
Bell et ses associés attendirent des nouvelles de Brown, qui avait
embarqué pour l'Europe fin janvier 1876. Le retard dura jusqu'en
février, jusqu'à ce que Gardiner Hubbard, inquiet de perdre
sa priorité, prenne l'initiative et donne des instructions. Les
avocats de l'Association ont demandé le dépôt du mémoire
descriptif auprès de l'Office des brevets des États-Unis.
En conséquence, la demande a été déposée
le 3 février 1876, à l'insu de Bell et sans son consentement.
Plus tard ce même jour, une déclaration d'intention de déposer
un brevet a été déposée au nom d'Elisha Gray,
qui partageait ses idées sur la téléphonie. L'action
de Hubbard a été d'une importance cruciale. Étant
donné que la demande de Bell s'est avérée plus coûteuse
que la mise en garde de Gray, toute ingérence déposée
contre Bell a été rapidement dissoute, ouvrant ainsi la
voie à la délivrance d'un brevet.
C'est ce brevet, 174465, qui a conféré au téléphone
de Bell son existence légale. Le brevet et les revendications de
priorité de Bell sur son invention seraient contestés ;
mais en attendant qu'elles soient maintenues, les intérêts
de Bell étaient en possession d'un brevet légal leur accordant
le contrôle exclusif et la disposition du téléphone.
Si ce dernier avait été initialement suspendu et contraint
de se soumettre à de longues procédures judiciaires, il
aurait été difficile, voire impossible, pour les intéressés
de Bell d'obtenir un soutien financier pour se battre, voire pour démarrer
leur activité téléphonique. Pendant un tel intérim,
ils auraient été à la merci d'intérêts
hostiles plus puissants. une émission de télégrammes
et donc la décision de Hubbard de soumettre la demande au moment
opportun.
Ainsi, au printemps 1876, Bell percevait à nouveau
un revenu décent et commençait à rembourser les sommes
que des amis lui avaient prêtées.
5 mai 1876 Lettre d'Alexander
Graham Bell à Alexander Melville Bell et Eliza Symonds Bell,
Correspondance familiale - Bell, Alexander Graham, 1876 Documents de la
famille Alexander Graham Bell, Division des manuscrits, Bibliothèque
du Congrès
le 10
Mai 1876 Bell réalise une conférence devant
l'Américan and Sciences de Boston à l'Athenaeum
C'est l'entousiasme.
Bell lit un article intitulé "Researches in Telephony"
devant l'Académie américaine des arts et des sciences
à Boston.
M. Graham Bell avait établi le transmetteur de
son appareil dans une salle de l'Université de Boston servant à
des conférences, et il se tenait près de ce transmetteur.
Le récepteur était disposé dans une pièce
située à i'élage au-dessous, et un élève
écoutait ou parlait dans le récepteur.
M. Graham Bell ayant prononcé ces mots devant le transmetteur :
« Comprenez-vous ce que je dis », il crut rêver lorsqu'il
entendit, à travers l'instrument, cette bienheureuse réponse,
un peu confuse, un peu voilée sans doute, mais enfin perceptible
: « Je vous comprends ».
Quelques jours plus tard une démonstration est réalisée
au MIT avec le même succès.
Le 10 mai 1876, à la demande de ses amis, il lut
un exposé intitulé « Recherches en téléphonie
» devant les membres de l'Académie américaine des
arts et des sciences. Il y évoqua les inventions de Gray et Reis,
ainsi que les découvertes de Page, Marrian, Beatson, Gassiot, De
la Rive, Matteucci, Guillemin, Wertheim, Wartmann, Janniar, , Laborde,
Legat, Poggendorff, DuMoncel, Delezenne, Ferguson, Paul la Cour, Helmholtz,
Gore, Sullivan et d'autres, en reconnaissant à chacun leur mérite.
Il décrivit ensuite son courant ondulatoire et son téléphone
électrique parlant, pour lesquels des lettres de brevet avaient
été accordées, et expliqua clairement à ses
auditeurs que l'essentiel de ce problème ne résidait pas
dans la conception d'une forme précise d'instrument ou de tube,
ni dans la création d'un appareil possédant des particularités
structurelles précises, ni dans la combinaison d'un certain nombre
de pièces en un tout fonctionnel. Il s'agissait de faire circuler
le courant électrique de telle sorte que le récepteur ne
reproduise pas seulement quelques-unes, la majorité ou presque
toutes les paroles prononcées qui frappent le diaphragme de l'émetteur
sous forme d'ondes sonores, mais reproduise toutes et chacune des variations
dans les articulations, le volume, la hauteur et la qualité, avec
toutes leurs caractéristiques variables, qu'elles soient exprimées
dans le plus léger murmure, dans la voix douce de la femme cultivée,
dans les phrases rondes et sonores du professeur digne, ou dans les remarques
rapides et abruptes de l'homme d'affaires.
A dater de ce moment le problème de la transmission de la parole
par le courant électrique était résolu.
Nous sommes en Amérique, et dans ce pays les savants qui se livrent
à des recherches nouvelles ont deux objectifs, qui se succèdent
dans un ordre méthodique : 1° la découverte, 2°
son exploitation industrielle, assurée au moyen d'un brevet d'invention.
M. Graham Bell, en construisant son téléphone à pile,
dans lequel une membrane de fer vibrait à l'égal de la voix
et transmettait fidèlement ces vibrations à un appareil
semblable, placé à une station éloignée, avait
réalisé la première partie du programme. La seconde
ne se fit pas attendre.
Le 25 MAI
1876 Bell donne une conférence téléphonique
devant la Société of Arts, Massachusetts Institute of Technology,
Boston.
sommaire
Le téléphone va prendre son
essor avec l'Exposition du centenaire de Philadelphie.
L'Exposition internationale des arts,
manufactures et produits du sol et des mines était la sixième
Exposition universelle et la première aux États-Unis. Elle
commémorait le centenaire de la République et se tenait
à juste titre à Philadelphie, l'un des berceaux de la liberté.
Par conséquent, la foire était populairement connue sous
le nom d'Exposition du Centenaire. Elle était composée de
200 bâtiments et de 236 acres clos destinés à l'exposition.
L'exposition était ouverte de mai à novembre 1866 ;
et avant sa fermeture, environ 9 910 966 visiteurs ont parcouru
son parc, visité ses nombreuses expositions et dégusté
ses restaurants étrangers.
L'exposition avait pour but de présenter les nombreuses merveilles
scientifiques, mécaniques et culturelles de l'époque. Le
téléphone de Bell répondait certainement à
cette exigence générale et avait le droit d'être exposé
à Philadelphie, mais il a failli ne pas l'être. Bell était
réticent à exposer ses inventions au Centenaire. Cependant,
sur l'insistance de Gardiner Hubbard, membre du comité nommé
par le Conseil de l'éducation du Massachusetts pour planifier l'exposition
pour le Département de l'éducation et des sciences, il a
cédé et a fait expédier ses instruments à
Philadelphie. Hubbard commença alors à insister pour que
Bell soit présent à Philadelphie afin d'assurer le succès
d'une démonstration de matériel électrique et connexe
qui devait être donnée en juin aux juges de la Foire. Bell
se rétracta, prétextant que ses fonctions d'enseignant empêchaient
une telle présence. Hubbard se tourna vers sa fille Mabel pour
obtenir de l'aide. En tant que fiancée de Bell, elle disposait
de moyens de persuasion dont son père ne disposait pas.
Mabel demanda à Alex (Bell) de l'accompagner jusqu'à la
gare. Apparemment, elle n'avait aucune intention de partir pour Philadelphie,
mais cherchait simplement à profiter de l'occasion pour épuiser
la résistance de Bell. Il accepta de se joindre à lui. Peut-être
sceptique quant à ses motivations, il lui rappela qu'il était
inutile d'essayer de le faire changer d'avis. Il ne pouvait pas aller
à Philadelphie.
Quand ils arrivèrent à la gare et qu'il vit sa pâleur
et son anxiété, Bell ne put plus résister à
ses nombreuses tentatives d'y aller. De plus, elle profitait d'un avantage
de fête foraine. « Qui peut supporter de voir une jeune fille
pleurer ? ». Alors que le train démarrait, Bell sauta à
bord sans billet ni bagages.
Bell avait tellement tardé à l'exposer que lorsque son successeur
et principal facteur d'instruments, Thomas Watson, acheva un ensemble
spécial d'instruments, il était trop tard pour obtenir une
place dans l'exposition électrique habituelle. Mais cela ne constitua
pas un obstacle majeur, car Gardiner Hubbard, en sa qualité de
responsable de la Foire, prit les dispositions nécessaires pour
les exposer dans l'exposition pédagogique. À son arrivée
à Philadelphie, Bell apprit cette complication. Hubbard suggéra
que les instruments pourraient être introduits clandestinement sans
trop de difficultés. Bell se sentit mal à l'aise et eut
envie de retourner à Boston. Il a décidé que s'il
ne pouvait pas faire entrer ces instruments ouvertement dans le couple,
il ne les exposerait pas du tout : « Si je découvre
que je dois faire entrer mes instruments en contrebande, je reviendrai
immédiatement et je renoncerai à tout. » Le poids
de la culpabilité devint si lourd que Bell alla voir Hubbard et
lui fit part de ses sentiments. Il a expliqué qu'il souhaitait
renouveler une demande d'espace d'exposition et qu'à défaut
d'approbation, il retournerait à Boston. De plus, « J'ai
dit que je ne voulais pas qu'il exerce cette influence simplement parce
qu'il se sentait personnellement intéressé par moi et que
je ne voulais pas faire semblant d'avoir quoi que ce soit à cacher
aux juges. » Hubbard a rassuré son scrupuleux partenaire :
il n'était pas nécessaire de dissimuler les instruments,
ni de les faire entrer clandestinement, puisqu'il avait déjà
obtenu un permis pour Bell. Il a informé Bell qu'il agirait de
la sorte pour quiconque lui appartiendrait. souhaitait faire pour lui.
Comme preuve supplémentaire de la légitimité de ses
actions (et peut-être pour présenter à Bell un fait
accompli), Hubbard apporta un catalogue répertoriant le nom de
Bell et décrivant ses expositions. Bell était satisfait.
Une fois de plus, Hubbard avait défendu son point de vue contre
celui de Bell, ce qui avait eu des conséquences importantes pour
le téléphone.
Hubbard s'employait également à guider et à influencer
d'autres développements liés au Démonstration téléphonique.
À son arrivée à Philadelphie, il conseilla à
Bell de se rendre à l'hôtel Grand Villa, car plusieurs juges
du département d'électricité y étaient logés.
En conséquence, Bell fut présenté au général
H. K. Oliver et au professeur James C. Watson, et des dispositions furent
prises pour qu'il rencontre Sir William Thomson, un éminent expert
en électricité et juge le plus éminent du département.
Le 21 juin, Bell se présenta à Sir William alors que ce
dernier examinait l'appareil téléphonique d'Elisha Gray.
Thomson exprima son intérêt pour l'invention de Bell et souhaita
la voir dès qu'il en aurait terminé avec Gray. Cependant,
il fut tellement absorbé par l'invention qu'il fut contraint de
reporter l'avant-première. Il a déclaré qu'il serait
présent dans la salle d'exposition dimanche pour voir les instruments
de Gray, et qu'il apprécierait que Bell les expose ensuite. En
fait, Hubbard avait déjà organisé la démonstration
du téléphone de Bell le dimanche 25 juin, devant Sir William,
Dom Pedro (le porte-parole du Brésil) et les autres juges, immédiatement
après l'inspection des instruments de Gray. Bell était mécontent
du timing de la manifestation, estimant qu'elle donnerait l'impression
d'une confrontation directe avec son rival, l'inventeur Elisha Gray. Ce
n'était pas souhaitable à ce moment-là, car Bell
n'était pas suffisamment préparé. Il lui manquait
l'aide et la batterie nécessaires pour assurer son succès.
Cependant, il possédait la théorie qui, il en était
sûr, le soutiendrait. S'il pouvait seulement transmettre des sons
vocaux, il serait assuré d'être remarqué. Au moins,
il avait le lien de nationalité écossaise avec Thomson,
ce que Gray n'avait pas, et cela pourrait lui être bénéfique.
À l'approche du test, les problèmes de Bell furent progressivement
résolus. Il fit la connaissance d'un exposant d'orgues qui proposa
de réparer l'une des instruments endommagés. L'Atlantic
and Pacific Telegraph Company proposa de fournir autant d'énergie
que nécessaire, compensant ainsi l'avantage dont Gray bénéficiait
grâce à son association avec la Western Union. Gardiner Hubbard,
bien que fatigué par la chaleur et ses efforts pour l'exposition
de Bell, prit des dispositions pour obtenir une assistance avant de partir
pour Cambridge. Les chances de Bell d'affronter Gray avec succès
étaient désormais grandement améliorées. Le 25 juin fut choisi comme jour d'examen des expositions électriques,
car c'était un dimanche et la Foire était fermée
au public. Les juges seraient ainsi libérés des foules en
se déplaçant d'une exposition à l'autre, et la salle
d'exposition serait également plus calme. Malgré leur relative
liberté de déplacement, les juges disposaient encore d'un
grand nombre d'expositions à visiter, et la chaleur qui avait contraint
Gardiner Hubbard à se retirer persistait et allait s'abattre sur
les juges.
Bell les suivit pendant leur tournée. Ils arrivèrent finalement
à l'exposition d'Elisha Gray, bien visible près de l'une
des allées principales, avec celle de la Western Electric Company.
Elle comprenait un appareil de transmission de sons musicaux que Gray
décrivait également comme un téléphone. Son
principe nétait pas le même que celui du téléphone
de Bell (courant ondulatoire) mais plutôt celui de son télégraphe
harmonique (courant de rupture). Bell a trouvé la discussion de
Gray intéressante, mais apparemment interminable. Lorsque Gray
a finalement terminé, les juges ont décidé de reporter
les examens ultérieurs des appareils électriques à
un autre jour. Ils avaient décidé de ne pas procéder
à l'exposition suivante, celle de Bell.
Pendant un instant, il a semblé que tout ce temps, tous ces efforts
et toute cette planification avaient été vains. Bell était
resté à Philadelphie le plus longtemps possible.
Ses fonctions d'enseignant à Boston ne pouvaient plus être
ignorées. Il voulut quitter les lieux immédiatement.
Sans sa présence pour superviser la démonstration, ses chances
de succès auraient été considérablement réduites.
Bell estimait que la décision de reporter la présentation
de ses téléphones signifiait que les juges ne les verraient
jamais. C'est justement à ce moment-là que la défaite,
le hasard, ou plus probablement le résultat d'une bonne planification,
est intervenu et a sauvé la mise pour Bell et son téléphone.
Hubbard avait bien choisi le jour où Bell devait faire sa démonstration,
car elle devait se dérouler non seulement devant Sir William
Thomson, mais aussi devant l'empereur du Brésil. Dom Pedro avait visité Boston au début du mois et,
à la demande de Bell, il avait visité l'école Horace
Mann, où l'on apprenait à parler aux sourds-muets. C'est
là qu'il rencontra Bell pour la première fois.
Alors que les juges commençaient à se disperser devant l'exposition
de Gray, Dom Pedro s'approcha de Bell, qu'il avait reconnu dans la foule
pendant le procès. Il salua Bell et l'interrogea sur les sourds-muets
de Boston. Bell m'a répondu qu'ils s'en sortaient bien et je lui
ai dit que j'avais une invention électrique que je voulais montrer
au jury et que c'était le prochain sujet au programme. L'Empereur
m'a alors pris le bras et nous sommes partis ensemble, suivis par le jury
et la foule. Alors que le groupe se dirigeait vers
une salle annexe de l'une des galeries faisant partie de l'exposition
éducative des Massachusetts Institute of Technology où étaient
exposés les instruments de Bell, Bell expliqua que ce télégraphe
harmonique pouvait être exploité à moindre coût
que celui de Gray.
Lors de l'exposition, Bell fit la première démonstration
de son télégraphe harmonique. Sir William et Dom Pedro réussirent
à transmettre deux signaux simultanément. Ce fut le premier
triomphe de Bell sur Gray, car ce dernier avait échoué dans
une expérience similaire avec ses instruments. Puis Bell expliqua
la théorie sur laquelle reposait le téléphone parlant
et « proposa de tester la transmission de la voix humaine »,
même si, comme il le fit remarquer rapidement, le téléphone
était encore « une invention embryonnaire ».
Bell se dirigea vers une extrémité de la galerie jusqu'à
l'émetteur, qui se trouvait à environ 300 mètres
du groupe de juges assis autour d'une table contenant le récepteur.
Il commença à parler. Selon William Hubbard, que Bell avait
envoyé à la réception pour vérifier le succès
du test,
Il commença à parler. D'après
William Hubbard, que Bell avait envoyé à la réception
pour vérifier le succès du test, Sir William, reconnaissant
la voix de l'orateur, se mit à parler et répéta :
« Comprenez-vous ce que je dis ? » Bell venait de
commencer à formuler cette question par téléphone.
Sir William écouta à nouveau et répéta la
question de Bell. Il se précipita alors vers l'émetteur
et d'abord sur Bell qui criait encore dans l'instrument : « Comprends-tu
ce que je dis ? » Thomson demanda à Bell de chanter
ou de réciter au téléphone. il écouta et confirma
de nouveau la transmission en répétant la récitation
de Bell sur la mort de Hamlet : « Être ou ne pas
être ». Le public répondit à ces récits
par des acclamations et des applaudissements. Dom Pedro s'est alors tourné
vers le récepteur. Il était tout aussi étonné
que Thomson de découvrir ce qui était émis par l'instrument
lorsqu'il l'a placé à son écoute. Il sauta de son
siège en criant : « Mon Dieu, mais ça parle !
» Il écouta et répéta les
mots avec stupéfaction et ravissement. Lorsqu'il eut terminé,
le récepteur fut transmis aux autres membres du groupe, qui écoutèrent
à leur tour.
Elish a Gray, le rival de Bell en télégraphie phonique et
futur compositeur de téléphonie, faisait partie de ceux
qui ont eu l'occasion d'écouter l'instrument de Bell. Il a écouté
attentivement et a entendu un son faible et fantomatique. Il s'est souvenu
plus tard : « J'ai finalement cru saisir les mots : "Oui, c'est
là le hic." Je me suis tourné vers le public, répétant
ces mots, et ils ont applaudi.
Quelque temps après le test, Bell et Gray ont discuté de
points litigieux entre eux et ont décidé que cela pourrait
être amer. « Ou bien, pour unir leurs intérêts
télégraphiques afin de promouvoir la bonne fortune et la
prospérité des deux.»
Sir William décida d'ajouter quelques éléments supplémentaires
et le téléphone fut retiré le lendemain de l'exposition
pédagogique au Pavillon des Juges. Des expériences furent
menées le soir, après le départ des deux visiteurs.
Bell n'était pas présent, car il était déjà
parti pour Boston et ses fonctions d'enseignant, mais il apprit leur succès
par un télégramme de William Hubbard : " Sir William
est entièrement satisfait des expériences jamais
aussi réussies et un grand nombre de phrases ont été
comprises".
M. Thomson et le professeur Watson étaient convaincus que Bell
avait fait une découverte merveilleuse et croyaient que son développement
complet suivrait dans un avenir proche.
Jusqu'à la fin du printemps 1876, Gray
employa aussi toute son énergie à développer
son système de télégraphie multiplex en prévision
de l'Exposition du Centenaire.
Ses projets pour cette exposition étaient d'une telle ampleur qu'en
avril, il construisit une ligne télégraphique spéciale
entre Philadelphie et New York sur les poteaux des Chemins de Fer de Pennsylvanie.
Cette ligne devait servir à la démonstration du télégraphe
multiplex.
L'Exposition du Centenaire marquerait le point culminant des travaux de
Gray sur la télégraphie multiplex ; Gray voulait faire la
preuve de ses compétences devant toutes les autorités nationales
de la télégraphie.
Il effectua sa démontration en présence du jury le dernier
samedi de juin. La possibilité de transmettre simultanément
huit messages sur un seul fil étonna beaucoup les juges, mais c'est
à l'invention d'Alexander Graham Bell, le téléphone
électromagnétique, que devaient aller finalement leurs éloges.
Gray assista à la démonstration de Bell, qui réussit
à transmettre avec succès une partie du monologue d'Hamlet.
Après cela, Gray écrivit à son conseiller en brevet
pour lui demander une copie de son caveat.
Dès la réception du document, Gray chargea son fabricant
d'instruments Williams Goodridge de construire un transmetteur analogue
à celui décrit dans le caveat. Goodridge exécuta
ce transmetteur en juillet 1876
et l'expérimenta à l'exposition en liaison avec un
des transmetteur de Gray.
Les expériences échouèrent, mais il est important
de noter que c'était la première fois que Gray tentait de
traduire concrètement ses anciennes idées sur la transmission
de la voix. Et cette tentative venait après qu'il eut assisté
à une démonstration réussie de Bell. Pour la petite histoire : Elisha Gray, essaya le téléphone
de Bell peu après. Il fut donc un des premiers utilisateur du téléphone
qu'il n'avait pas réussir à fabriquer.
Le soir même il rencontra Bell à son hôtel et lui proposa
une alliance, qui sera sans suite, pour éviter que leurs inventions
ne tombent sous l'empire de la Western Union.
La nouvelle de ces essais réussis a circulé
librement, et peu de temps après, Elisha Gray a rendu visite à
Watson et l'a interrogé à leur sujet.
Gray a ensuite estimé que les juges avaient été trompés,
que les transmissions avaient été effectuées par
contact métallique à travers le fil plutôt que par
un courant ondulatoire. Qu'il ait en outre affirmé que de tels
résultats étaient théoriquement impossibles, comme
l'a affirmé le professeur Wadson, ou que les résultats étaient
impossibles au vu de l'explication des expériences de Bell, comme
l'a soutenu Selon George B. Prescott, Gray préparait les bases
de sa dernière affirmation selon laquelle il avait anticipé
Bell dans l'invention du téléphone.
Malgré les avertissements de Gray, les juges étaient convaincus
de la validité des affirmations de Bell, et Sir William Thomson
en fit état. Par conséquent, Alexander Graham Bell a reçu
un certificat d'attribution (27 septembre 1876) pour son téléphone
électrique et son télégraphe multiple. Dans le « Rapport
sur les attributions » (26 décembre 1876) qui accompagnait
l'attribution, Sir William a écrit que lui et les autres juges
avaient été à la fois étonnés et ravis
de la transmission électrique de la parole qu'ils avaient vérifiés
par leurs propres oreilles.
Le téléphone de Bell avait obtenu un résultat transcendantal
et intéressant. Thomson conclut : Cette transmission électrique de la parole, peut-être
la plus grande merveille jamais réalisée par la télégraphie
électrique, a été obtenue par des appareils simples
et rudimentaires. Avec des plans un peu plus avancés et des appareils
plus puissants, nous pouvons espérer avec confiance que Hr. Fell
nous donnera les moyens de rendre la voix et les mots audibles grâce
au fil électrique jusqu'à une oreille distante de plusieurs
centaines de kilomètres.
Avant de s'embarquer pour l'Angleterre, Sir William Thomson est passé
par Boston et Bell lui a donné un ensemble de téléphones
comme ceux qu'il avait vus à Philadelphie, c'est à ce moment
que commence l'aventure du téléphone en Europe. L'année
du Centenaire se termina sur la même note.
Bien que l'exposition du centenaire sur le téléphone ne
semble avoir apporté aucun bénéfice direct et immédiat
aux intérêts de Bell, elle a retenu l'attention et l'intérêt
de Sir William Thomson, qui, à son retour des États-Unis,
a évoqué le téléphone lors du discours d'ouverture
de la réunion annuelle de l'Association britannique pour le progrès
de la science. Cette adresse a été publiée dans la
revue scientifique britannique Nature le 14 septembre 1876, puis onze
jours plus tard dans le Boston Daily Advertiser.
Dans de vieux livres, voici comment est raccontée
une partie de cette fabuleuse histoire :
Comme si les étoiles de leurs cours travaillaient pour ce jeune
magicien du fil parlant, l'Exposition du Centenaire de Philadelphie
ouvrit ses portes exactement deux mois après que le téléphone
eut appris à parler.
C'était une occasion exceptionnelle de faire connaître
au monde entier ce qui avait été accompli, et heureusement,
Hubbard était l'un des commissaires du Centenaire. Grâce
à son influence, une petite table fut installée au Département
de l'Éducation, dans un espace étroit entre un escalier
et un mur, et sur cette table fut déposé le premier
des téléphones.
Bell n'avait aucune intention d'aller lui-même au Centenaire.
Il était trop pauvre. Sanders et Hubbard n'avaient jamais fait
plus que payer son loyer et le coût de ses expériences.
Après trois ou quatre années d'invention, il n'avait
encore rien reçu rien que son brevet.
Pour survivre, il avait été contraint de réorganiser
ses cours et de se remettre sur pied dans sa profession négligée
par ses recherches.
Mais un vendredi après-midi, vers la fin juin, sa bien-aimée,
Mabel Hubbard, prenait le train pour le Centenaire ; il se rendit
à la gare pour lui dire au revoir. C'est là que Mlle
Hubbard apprit pour la première fois que Bell ne partirait
pas.
Elle tenta de le convaincre et de le supplier, sans succès.
Puis, alors que le train démarrait, laissant Bell sur le quai,
la jeune fille affectueuse ne put plus se contrôler et fut prise
d'une violente crise de larmes. À ces mots, Bell, sensible,
tel un véritable Sir Galahad, se précipita à
la suite du train en marche et sauta à bord, sans billet ni
bagage, oubliant sa classe sociale, sa pauvreté et tout le
reste, sauf la détresse de cette jeune fille. « Je n'ai
jamais vu un homme aussi amoureux que Bell », dit Watson.
Il se trouve que cette visite impromptue au Centenaire s'avéra
être l'un des actes les plus opportuns de sa vie.
Le dimanche après-midi suivant, les juges devaient effectuer
une visite d'inspection spéciale, et M. Hubbard, après
bien des difficultés, avait obtenu la promesse qu'ils consacreraient
quelques minutes à l'examen du téléphone de Bell.
À ce moment-là, il était exposé depuis
plus de six semaines, sans attirer l'attention de quiconque.
Le dimanche après-midi, Bell était à sa petite
table, nerveux et pourtant confiant. Mais les heures passèrent
sans que les juges n'arrivent.
La journée était d'une chaleur intense et ils avaient
de nombreuses merveilles à examiner. Il y avait la première
lumière électrique, la première lieuse à
grains, le télégraphe musical d'Elisha Gray et la merveilleuse
exposition de télégraphes d'impression présentée
par la Western Union Company.
Lorsqu'ils arrivèrent à la table de Bell, à travers
un fouillis de pupitres et de tableaux noirs, il était 19 heures,
et tous les hommes du groupe avaient chaud, étaient fatigués
et affamés. Plusieurs annoncèrent leur intention de
rentrer à leur hôtel.
L'un d'eux prit un combiné téléphonique, le regarda
d'un air absent, puis le reposa. Il ne le porta même pas à
son oreille.
Un autre juge fit une remarque désobligeante qui déclencha
un rire aux dépens de Bell. Puis se produisit un événement
des plus merveilleux un incident qui ferait un chapitre des
« Divertissements des Mille et Une Nuits ».
Accompagné de son épouse, l'impératrice Thérèse,
et d'une assemblée de courtisans, l'empereur du Brésil,
Dom Pedro de Alcantara, entra dans la salle, s'avança, les
mains tendues, vers Bell, déconcerté, et s'exclama :
« Professeur Bell, je suis ravi de vous revoir. »
Les juges oublièrent aussitôt la chaleur, la fatigue
et la faim. Qui était ce jeune inventeur, au teint pâle
et aux yeux noirs, pour être l'ami des empereurs ?
Ils ignoraient, et Bell lui-même l'avait oublié sur le
moment, que Dom Pedro avait autrefois visité sa classe de sourds-muets
à l'université de Boston. Il s'intéressait particulièrement
à ce type d'uvre humanitaire et avait récemment
contribué à l'organisation de la première école
brésilienne pour sourds-muets à Rio de Janeiro.
Ainsi, avec Dom Pedro, grand et blond, au centre, les juges et les
scientifiques ils étaient une cinquantaine au total
se lancèrent avec un enthousiasme inhabituel dans les
débats de cette première exposition téléphonique.
Un fil avait été tendu d'un bout à l'autre de
la pièce, et tandis que Bell se dirigeait vers l'émetteur,
Dom Pedro prit le récepteur et le porta à son oreille.
L'attente fut intense. Personne ne savait vraiment ce qui allait se
passer, lorsque l'Empereur, d'un geste théâtral, leva
la tête du récepteur et s'exclama, l'air stupéfait
: « Mon Dieu, il parle ! »
Puis vint au récepteur le plus ancien scientifique du groupe,
le vénérable Joseph Henry, dont les encouragements à
Bell étaient si opportuns. Il s'arrêta pour écouter
et, comme le dit plus tard l'un des spectateurs, personne ne pouvait
oublier l'expression de crainte qui se lut sur son visage en entendant
ce disque de fer parler d'une voix humaine. « Ceci »,
dit-il, « est plus près de renverser la doctrine de la
conservation de l'énergie que tout ce que j'ai jamais vu. »
Puis vint Sir William Thomson, plus tard connu sous le nom de Lord
Kelvin. Sa présence était tout à fait appropriée,
car il était le plus grand électricien du monde à
l'époque et avait été l'ingénieur du premier
câble transatlantique. Il écouta et apprit ce qu'il ignorait
lui-même : un corps métallique solide pouvait capter
de l'air toutes les innombrables vibrations produites par la parole,
et que ces vibrations pouvaient être transportées le
long d'un fil et reproduites à l'identique par un second corps
métallique. Il hocha solennellement la tête en se levant
du combiné. « Ça parle », dit-il avec emphase.
« C'est la chose la plus merveilleuse que j'aie jamais vue en
Amérique.
Ainsi, l'un après l'autre, ce groupe d'hommes remarquables
écoutèrent la voix du premier téléphone,
et plus ils en savaient sur la science, moins ils étaient enclins
à en croire leurs oreilles. Plus ils étaient savants,
plus ils s'interrogeaient. Pour Henry et Thomson, les maîtres
de la magie électrique, cet instrument était aussi surprenant
que pour le commun des mortels. Et tous deux eurent la noblesse d'avouer
franchement leur étonnement dans les rapports qu'ils rédigèrent
en tant que juges, lorsqu'ils décernèrent à Bell
un certificat de récompense. « M. Bell a obtenu un résultat
d'un intérêt scientifique transcendant », écrivit
Sir William Thomson. « Je l'ai entendu prononcer distinctement
plusieurs phrases J'étais stupéfait et ravi
C'est la plus grande merveille jamais réalisée par le
télégraphe électrique. »
Jusqu'à près de 22 heures ce soir-là, les juges
discutèrent et écoutèrent tour à tour
au téléphone.
Puis, le lendemain matin, ils apportèrent l'appareil au pavillon
des juges, où, pendant le reste de l'été, il
fut pris d'assaut par les juges et les scientifiques. Sir William
Thomson et sa femme couraient d'un bout à l'autre du fil, comme
des enfants ravis.
C'est ainsi que ce petit instrument rudimentaire, jeté dans
un coin perdu, devint la vedette du Centenaire. Il ne figurait que
dix-huit mots dans le catalogue officiel, et là, il était
acclamé comme la merveille des merveilles. Il avait été
conçu dans une cave et né dans un atelier d'usinage
; et maintenant, de tous les cadeaux que notre jeune république
américaine avait reçus pour son centième anniversaire,
le téléphone était honoré comme le plus
rare et le plus apprécié de tous.
Le retard dans l'attribution du Prix du Centenaire est
en partie dû à la procrastination de Bell à renvoyer
les documents nécessaires au Bureau des Prix lors du Centenaire.
Le public a donc dû attendre plusieurs mois avant d'apprendre la
réaction enthousiaste de Thomson au téléphone. Cela
explique peut-être pourquoi le téléphone de Bell a
attiré si peu l'attention de la presse pendant les semaines qui
ont suivi l'exposition et la démonstration.
L'un des rares journaux à avoir mentionné le téléphone
était le Boston Evening. Il décrit l'appareil téléphonique
de Bell pour la transmission de sons musicaux et articulaires par télégraphe
et commente brièvement : « Les expériences
ont été très intéressantes et satisfaisantes
quant à leurs résultats. » En effet, outre la
grande excitation des juges, il semble que l'événement téléphonique
soit passé inaperçu auprès du public visiteur, tout
comme la presse.
En juin 1876
, Gray avait vu fonctionner le téléphone
électromagnétique de Bell et, en juillet,
il avait essayé le transmetteur à résistance variable
décrit dans son caveat. Mais, au lieu de poursuivre ces expériences,
il continua à améliorer son télégraphe multiplex. William Orton et la Western Union
n'étaient pas à la recherche d'un téléphone
et ils continuaient à négocier avec Gray l'achat de son
système de télégraphie multiplex. Dans le Sientifc Américain il est dit : Inventions brevetées
en Angleterre par Derlcans début juillet 1876 :
From July 4 to July 28, 1876, inclusive. ACOUSTIC TELEGRAPH
. -T . A. Edison, Menlo Park, N. J.
Sir William
Thomson écrit à un journal de Londres : "
je viens de trouver à l'Exposition la merveille des merveilles
en télégraphie ".
Joseph Henry a continué d'appuyer les efforts
de Bell pour développer le téléphone. et dans son
rôle de juge à l'exposition du centenaire de 1876 à
Philadelphie, Henry soumit un rapport "Alexander Graham Bell en 1876".
Archives de la Smithsonian Institution (nég. N ° 9823-C ou
SIA2012-1090).
Les témoignages de Henry et d'autres scientifiques éminents
ont aidé à établir la crédibilité de
Bell à un moment où sa situation financière était
précaire.
Pendant le reste de l'année 1876, après
l'essai du Centenaire, Alexander Graham Bell poursuivit ses expériences
électriques. La transmission vocale réussie lors de la démonstration
du Centenaire le persuada que le téléphone pouvait être
mis en pratique, et Bell concentra donc ses efforts pour tenter de découvrir
la meilleure construction de téléphone pour une utilisation
à plus longue distance. Il quitta alors son laboratoire, où
il n'avait simulé que des conditions de longue distance, pour des
tests sur de véritables lignes télégraphiques.
Le premier de ces nouveaux tests eut lieu début juillet, lorsque
Bell fit parler sa fiancée Mabel Hubbard sur une boucle télégraphique
reliant Boston à Rye Beach, dans le Hampshire actuel, et retour
à Boston. L'expérience ne fut que partiellement réussie.
Bell reconnaissait la voix de Mabel, mais était incapable de la
comprendre. Il entendait un jeune homme poser des questions articulées
et chanter par-dessus la ligne. Néanmoins, Mabel se réjouissait
d'avoir été la première personne humaine dont la
voix traversait un véritable fil télégraphique.
Bell a poursuivi ses essais en conditions réelles sur le terrain
les 9 et 12 juillet. Au cours de cette série d'essais, Bell réussit
à transmettre plusieurs sons à New York au moyen d'un orgue
à impulsion. Il tenta également de communiquer par la parole
sur une boucle entre Boston et New York, mais sans succès. À
la fin de cette série d'essais, Bell présenta les téléphones
à Sir William Thomson, qui avait assisté à l'entretien.
Ce sont ces mêmes instruments que Thomson a utilisés dans
son discours à l'Association britannique pour l'avancement des
sciences qui ont valu à Bell une telle publicité.
La réaction du Boston Traveler, en rapportant ces tests, était
pleine d'optimisme quant à l'avenir des instruments. Il se demandait
pourquoi les concerts ne pouvaient pas avoir lieu à Paris et être
entendus et appréciés au Boston Music Hall. De plus, avec
la perfection du téléphone parlant, pourquoi ne pourrait-il
pas y avoir « des hommes distingués prononçant
des discours à Washington, New York ou Londres, et un public rassemblé
au Music Hall ou au Faneuil Hall pour les écouter ? »
La série suivante de tests significatifs pour le téléphone
a eu lieu pendant que Bell était en vacances dans la résidence
familiale de Bantford, au Canada. Au cours de ces essais, Bell réalisa
plusieurs « premières » pour le téléphone,
d'une importance scientifique et commerciale. A Brandford Bell imagine qu'il serait mieux de faire une communication
un peu plus longue que entre deux pièces, et comme réaliser
soit même une ligne pour une expérience serait trop couteuse,
il en profite pofite pour écrire à Toronto au directeur
de Dominion Telegraph Thomas Swinyard,
pour louer penant une heure la ligne télégraphique entre
Brandford et Paris dans Ontariosur sur des lignes télégraphiques
de 8 km et 68 km de long.
La permission d'utiliser cette ligne télégraphique a été
accordée par Lewis B. McFarlane, un responsable télégraphique,
qui adoptera une activité téléphonique en 1879, il
deviendra président de la Compagnie de téléphone
Bell du Canada de 1915 à 1925. Swinyard s'exclama " encore une tête brulée ",
et ajouta à l'intention du du directeur de bureau de Toronto Lewis
McFarlane : "à classer au paniers" . McFarlane finit
par convaicre Swinyard et apporta le concours de Dominion
Telegraph pour l'expérience.
Bell se servit donc dune ligne de la Compagnie de télégraphe,
quil brancha à la maison de son père avec du fil métallique
servant à consolider les tuyaux de poêle. Le 3 août 1876 ,
Bell réussit à transmettre trois voix simultanément
sur un fil tendu d'une dépendance à la véranda. Bell
avec deux de ses cousins a chanté les trois parties de «
Bishops Glees ». Il explique son importance :
Lexpérience est extrêmement importante car elle montre
quavec le courant ondulatoire, un seul instrument de transmission
A suffit pour un nombre quelconque de messages simultanés, tandis
quavec le courant intermittent, il faut un instrument distinct pour
chaque message envoyé. En fait, la méthode de transmission
électrique ondulatoire de Bell était supérieure au
système de transmission par courant continu existant actuellement
utilisé dans les communications électriques.
Plus tôt le même jour, Bell avait connecté un émetteur
au bureau de Brantford de la Dominion Telegraph Company avec un récepteur
à Mount Pleasant, à cinq milles de là. Osant le test,
Bell entendit son oncle David réciter et chanter, ainsi que plusieurs
autres orateurs. Les voix étaient reconnaissables et les mots occasionnels
étaient parfaitement compris.
Le premier appel interurbain au monde, depuis le
magasin général de Wallace Ellis à Mount Pleasant
jusquà Tutelo Heights, à quatre milles de là.
Trois autres essais sont faits de Brandford et Mount Pleasant à
5 km, on récite des tirades, on chante .... tout marche.
Bell utilisait les fils télégraphiques
de la Dominion Telegraph Company entre
son bureau de Brantford et le bureau à Paris (canada).
Comme la puissance de la batterie disponible à Brantford était
trop faible pour les téléphones à membrane de
Bell, la Dominion Telegraph Company lui fourni l'énergie à
partir de Hamilton et de Toronto, en Ontario. Bell a branché
son téléphone émétteur à membrane
aux fils du bureau de Brantford, puis, le récepteur (sorte
de boîte en fer) au bureau de Paris.
Bell pouvait entendre les voix de Brantford en grâce aux bobines
électromagnétiques à haute résistance
sur chaque extrémité de la ligne, les sons étaient
transmis et reçus si distinctement que Bell pouvait reconnaître
les voix des haut-parleurs.
Le maire et tout le village écoutent pendant une heure Macbeth,
puis l'heure de fin convenue arriva, et ils refusaient de quitter
le bureau, il fallu télégraphier à la Dominion
Telegraph Company pour demander une ralonge de temps sinon les fils
auraient été débranchés.
Le soir du 10 août
, lors d'un dîner au champagne en l'honneur
de son oncle David, un récepteur a été placé
à Paris, à huit kilomètres de Brantford, et
Bell a été capable d'entendre des voix claires et fortes.
Il a même pu reconnaître la voix de son père, qui n'était
pas prévu. Plus tard, Bell a cru que c'était la première
fois que des mots et des phrases prononcés à un endroit étaient
transmis électriquement et reproduits avec succès à
un autre endroit, à plusieurs kilomètres de là.
Les voix, la musique et les chansons venant de la maison des Bell parvinrent
jusquà la foule assemblée dans le magasin de chaussures
de Robert White. Grâce à cet essai qui, selon le Daily Expositor,
« ravit et informa lauditoire », Bell attira encore lattention
sur lui et eut droit à un article dans le Scientific American
de New York, qui paru le 09
septembre 1876, et publié dans le monde entier.
L'article consacré au téléphone de Bell,
explique comment construire un appareil, le succès est foudroyant.
Voir
à la page 163,
(pdf) Texte sans croquis et faisant
référence au téléphone à ficelle montré
il y a plusieurs semaines auparavant.
The Human
Voice Tramllnltted by Telegraph.
it Several weeks ago we gave a sketch and description of the thread
telegraph, consisting oftwo small tin or wooden cylinders, each having
a membrane stretchedover one end, the two membranesconnected by a
stout thread. Twopersons may readily communicatethe sounds of the
voice by means of these instruments over a thread fiftyor a hundred
feet in length. The person sending speaks within one of the cylinders,
which causes the membrane to vibrate; the vibration passes along the
stretched thread to the membrane of the other cylinder ; which being
held to the ear of the ear of the person receiving the message, the
vibration is duly heard, or, in other words, the voice of the sender
is made audible.
Professor Graham Bell, by a device somewhat analogous, has succeeded
in transmitting the tones of the human voice by telegraph.
In stead of the thread he connects the membranes of the two cylinders
or drums with the armatures of the electro, magnets, one drum being
placed at each end of the telegraph wire.
In fact, he not long ago demonstrate the possibility of conveying
vocal sounds by means of the ord nary telegraph wires and special
appliances for transmitting and receiving thesounds. The apparatus
used by Professor Bell is thus described :
Two single-pole electro magnets, each having a resistance 10 ohms,
were arranged in circuit with a battery of five carbon elements-the
total resistance being about 25 ohms.
A drumhead of goldbeater's skin, about 21 inches in diameter, was
placed in front of each electro-magnet, and a circular piece of clock
spring was glued to the middle of the membrane of each drumhead.
One of these telephones was placed in the experimental room, and the
other in the basement of an adjoining house. Upon singing into the
telephone thesounds of the voice were reproduced by the instrument
in the distant room; and if two persons sang simultaneously, the two
notes were audible at the other telephone. At the time of the lecture,
an experiment was made to show the transmission of articulate speech,
an assistant going into the adjoining building where one of the telephones
was placed.
Several familiar questions were, it is said, understood after a few
repetitions. The vowel sounds alone are those faithfully reproduced
; dipthongal sounds and rotund vowels are readily distinguished, but
consonants are generally unrecognizable. Now and then, however, a
sentence comes out with almost startling distinctness, the consonants
as well as the vowels being clearly audible.
Professor Bell stated that telephonic effects can be produced with
three varieties of currents-the intermittent, the pulsatory, and the
undulatory. The first are characterized by the alternate presence
and absence of electricity in the circuit ; the pulsatory current
by sudden changes in intemsity, while undulatory currents are obtained
by gradual changes analogous to the changes of density of air produced
by vibrations of a pendulum The most recent trial of Professor Bell's
instrument was at his residence, Brantford, Canada, August 11.
The Toronto Globe states that instruments were placed, one in the
porch of the residence and the other in an outhouse on the grounds,
and communication between these made by ten miles of wire.
Musical notes, the human voice, and songs spoken and sung before one
instrument were plainly audible by placing the instrument to the ear
at the other.
By this invention, too, any number of messages can be conveyed over
one wire in either direction, provided they have a different pitch
; the tones of the voice can pass over the electric wire, enabling
the hearer at any distance to hear distinctly what is said, and to
distinguish the voice of the speaker.
On August 10 the professor had communication made with his instrument
on the common telegraph wire between Brantford and Mount Pleasant
(five miles), and was spoken with, while in Mount Pleasant, by Professor
D. C. Bell and Mr. Griffin from the Dominion office in Brantford.
On the evening of August 12, the professor tried a new experiment,
having had an instrument made so that three persons could sing different
tunes or different parts of the same tune into the instrument at the
same time.
The trial was perfectly successful, the different voices coming distinctly
over the wire at the same time, so that they could be separately distinguished
by the listener.
The practical exemplification of the lately discovered system of telephony
made by the professor afforded much pleasure and information to those
present.
La voix
humaine retransmise par Telegraph.
il y a plusieurs semaines, nous avons donné un schéma
et une description du télégraphe en fil, constitué
de deux petits cylindres en étain ou en bois, chacun ayant
une membrane étirée à une extrémité,
les deux membranes étant reliées par un fil solide.
Deux personnes peuvent facilement communiquer les sons de la voix
au moyen de ces instruments sur un fil de cinquante à cent
pieds de longueur. La personne qui envoie parle dans lun des
cylindres, ce qui fait vibrer la membrane; la vibration passe le long
du fil tendu jusqu'à la membrane de l'autre cylindre; la vibration
étant dûment entendue ou, en d'autres termes, la voix
de l'expéditeur est rendue audible. Le professeur Graham Bell, par un dispositif quelque peu
analogue, a réussi à transmettre les sons de la
voix humaine par télégraphe.
Au lieu du fil, il relie les membranes des deux cylindres ou tambours
aux armatures des électro-aimants, un tambour étant
placé à chaque extrémité du fil télégraphique.
En fait, il a récemment démontré la possibilité
de transmettre des sons vocaux au moyen de fils télégraphiques
ordinaires et dappareils spéciaux pour la transmission
et la réception des sons. L'appareil utilisé par le professeur Bell est ainsi décrit
:
Deux électro-aimants unipolaires, ayant chacun une résistance
de 10 ohms, ont été disposés en circuit avec
une batterie de cinq éléments au carbone, la résistance
totale étant d'environ 25 ohms.
Une peau de tambour peau de batteur d'or, d'environ 21 pouces de diamètre,
a été placée devant chaque électro-aimant
et un morceau circulaire de ressort d'horloge a été
collé au centre de la membrane de chaque peau de tambour.
L'un de ces téléphones était placé dans
la salle d'expérimentation et l'autre au sous-sol d'une maison
voisine.
En chantant devant le téléphone, les sons de la voix
ont été reproduits par l'instrument dans la pièce
éloignée; et si deux personnes chantaient simultanément,
les deux notes étaient audibles à l'autre téléphone.
Au moment de la conférence, une expérience a été
faite pour montrer la transmission de la parole articulée,
un assistant se rendant dans le bâtiment voisin où lun
des téléphones était placé.
On dit que plusieurs questions familières ont été
comprises après quelques répétitions. Les voyelles
seules sont celles fidèlement reproduites; les sons dipthonges
(voyelle qui, au cours de sa tenue ou émission, subit une
variation de timbre et qui, de ce fait, peut être considérée
comme la fusion en une seule syllabe) et les voyelles rondes se
distinguent facilement, mais les consonnes sont généralement
méconnaissables.
De temps en temps, cependant, une phrase apparaît avec une netteté
presque surprenante, les consonnes ainsi que les voyelles étant
clairement audibles.
Le professeur Bell a déclaré que les effets téléphoniques
peuvent être produits avec trois types de courants: les courants
intermittent, pulsatoire et ondulatoire.
Les premiers sont caractérisés par la présence
et l'absence d'électricité dans le circuit; le courant
pulsatoire par des changements brusques d'intensité, tandis
que les courants ondulatoires sont obtenus par des changements graduels
analogues aux changements de densité de l'air produits par
les vibrations d'un pendule
Le dernier essai de l'instrument de professeur Bell a eu lieu
à sa résidence, Brantford, Canada, le 11 août
.
Le Toronto Globe indique que des instruments ont été
placés, lun dans le porche de la résidence et
lautre dans une dépendance sur le terrain, et que la
communication entre eux a été établie au moyen
de 15 km de câbles.
Les notes de musique, la voix humaine et les chansons parlées
et chantées devant un instrument étaient clairement
audibles en plaçant l'instrument à l'oreille de l'autre.
Grâce à cette invention également, un nombre quelconque
de messages peuvent être acheminés sur un fil dans l'une
ou l'autre direction, à condition qu'ils aient une hauteur
différente ; les tonalités de la voix peuvent passer
sur le fil électrique, ce qui permet à l'auditeur, à
n'importe quelle distance, d'entendre distinctement ce qui est dit
et de distinguer la voix du locuteur. Le 10 août, le professeur avait communiqué avec
son instrument sur le fil télégraphique commun entre
Brantford et Mount Pleasant (cinq milles) et le professeur DC Bell
et M. Griffin du bureau du Dominion à Brantford parlaient alors
qu'il se trouvait à Mount Plellant.
Le 12 août au soir, le professeur tenta une nouvelle expérience
en faisant fabriquer un instrument permettant à trois personnes
de chanter différents airs ou différentes parties d'un
même air à la fois.
Le procédé a parfaitement réussi, les différentes
voix venant distinctement sur le fil en même temps, de sorte
qu'elles puissent être distinguées séparément
par l'auditeur.
L'exemplication pratique du système de téléphonie
récemment découvert par le professeur a procuré
beaucoup de plaisir et d'information aux personnes présentes.
Le 1er septembre
1876 Accord sur un contrat entre Thomas A. Watson et Gardiner
Greene Hubbard pour lequel Watson se consacre au développement
du télégraphe harmonique et le téléphone,
et en retour il recoit un dixième d'intérêt pour
tous les brevets de Bell.
Le contrat a été signé par Watson le 4 septembre.
L'accord au début était convenu sur un mi
temps, car son employeur Williams n'a pas voulu laisser tomber l'activité
de Watson à son magasin. Cette arrangement a duré "pendant
quelques semaines" selon Watson.
En septembre 1876, lorsque Bell, Sanders et Hubbard
parvinrent enfin à un accord sur la propriété du
téléphone, Thomas A. Watson devint également membre
de la Patent Association. Jusqu'alors, Watson avait été
employé par Charles Williams à la fabrication de matériel
électrique, mais il avait été spécialement
affecté à Bell pour travailler sur le télégraphe
harmonique, puis sur le téléphone. En effet, c'est Watson
qui était à l'émetteur lorsque Bell entendit les
premiers sons transmis par téléphone, le 2 juin. Durant
la longue mission de Watson auprès de Bell, les associés
furent très impressionnés par son intérêt et
ses efforts en leur faveur. Ainsi, au cours du troisième été
1876, à la demande de Bell, Hubbard proposa à Watson un
intérêt pour l'Association. Watson fut satisfait de cette
offre, car elle signifiait qu'elle était satisfaite de son travail,
mais il était indécis. Le succès commercial du téléphone
n'était pas évident, et j'avais un bon emploi chez Williams,
gagnant un salaire de compagnon trois dollars par jour et
déposant de l'argent à la caisse d'épargne chaque
mois. J'étais en lice pour le poste de contremaître de l'établissement.
Après avoir examiné l'offre pendant deux semaines, Watson
a accepté, bien que toujours incertain quant à la justesse
de sa décision,
Selon les termes du contrat, Watson devait recevoir dix intérêts
dans les brevets 161 739, 178 399 et 174 465, après
quoi ils ont été transférés à une société
par actions, conformément à une Accord non daté conclu
entre Bell, Sanders et Hubbard.
Sanders et Hubbard ont convenu de verser à Watson trois dollars
par jour pendant qu'ils requéraient ses services. Après
le 5 septembre, il devait consacrer la moitié de chaque journée
à adapter, perfectionner, concevoir et fabriquer des instruments
pour le développement des brevets et leur présentation au
public.
Chaque fois que les partenaires le jugeaient nécessaire, Watson
devait avertir Williams et commencer à travailler à temps
plein. ou l'Association. De plus, les partenaires ont accepté de
payer le loyer de Watson à Boston à condition qu'ils le
jugent opportun et que le travail de Watson les rembourse. Sous la direction
de Bell, Watson devait travailler sur les instruments de télégraphie
harmonique, l'instrument autographe, la transmission de messages par courant
ondulatoire et, enfin, la transmission télégraphique de
messages articulés. Par la suite, une clause fut insérée
stipulant que toute invention que Watson pourrait réaliser en vertu
de l'accord deviendrait la propriété de toutes les parties.
L'intérêt de Bell a finalement obtenu une soixantaine de
brevets grâce à cette clause, et Watson a donc conclu :
« Ce contrat était aussi avantageux pour Bell et ses
associés qu'il l'était pour moi »
Ainsi, à la fin du mois de septembre 1876, la première étape
de l'évolution juridique du système de la Bell était
atteinte. Elle resterait inchangée jusqu'en 1877, lorsqu'une nouvelle
étape de l'organisation juridique fut nécessaire pour permettre
la commercialisation du téléphone.
Quels que soient les avantages découlant de l'obtention
d'un brevet le 3 mars 1876, Alexander Graham Bell et ses associés
avaient encore beaucoup à faire avant de pouvoir récolter
les fruits du téléphone. Ils devaient le perfectionner et
le présenter au public. Pour atteindre ce dernier objectif, leurs
efforts n'étaient pas sans rappeler ceux de Samuel F. B. Morse,
un précurseur dans le domaine des communications électriques.
Samuel Morse a cherché à faire racheter son invention, le
télégraphe, par le gouvernement des États-Unis et
à l'intégrer au système postal.
Pour y parvenir, Morse et ses partenaires ont dû sensibiliser et
intéresser le public. De plus en plus, le télégraphe
a été exposé à de petits groupes d'amis et
de collègues universitaires, à des sociétés
scientifiques et au grand public. En conséquence, la commission
du Commerce de la Chambre a invité Morse à exposer cette
télégraphie dans ses salles du Capitole. Malgré ces
démonstrations, le Congrès a réagi très lentement
à la proposition de Morse, et près de deux ans se sont écoulés
sans qu'une décision définitive ne soit prise. Un historien
a conclu que la raison était l'incapacité du public à
comprendre l'importance de l'invention révolutionnaire et son identification
du télégraphe avec « divers projets chimériques
»
Il fallait du temps pour obtenir le soutien du public au télégraphe.
Le Congrès a finalement accepté de subventionner la construction
d'une ligne télégraphique depuis Baltimore. à Washington,
D.C., à des fins de démonstration, mais n'a pris aucune
autre mesure en attendant la preuve de l'utilité de l'invention.
Pendant ce temps, le public, adepte de la « bonne mode américaine
», s'est rué pour découvrir cette toute dernière
merveille scientifique. Il se contentait de voir l'instrument et de pouvoir
dire qu'il l'avait vu. La ligne Baltimore-Vashington a été
utilisée pour diverses démonstrations et tests, notamment
des parties d'échecs entre joueurs. ans dans les deux villes. Cette
activité a rapidement dû être interrompue, car elle
laissait une impression défavorable sur la communauté religieuse.
Il est devenu clair que les bénéfices que Morse et ses partenaires
tireraient du télégraphe devraient être le fruit de
leurs propres efforts de développement commercial. Ils ont donc
entrepris d'obtenir un soutien privé par le biais d'expositions
publiques. Télégraphe. La première exposition s'est
tenue à Boston dans l'espoir de lever des fonds pour la construction
d'une ligne entre cette ville et New York. La démonstration n'ayant
pas suscité beaucoup d'intérêt ni de financement,
elle a été déplacée à New York. Là,
les partisans de Morse pensaient que les hommes d'affaires seraient plus
prompts à reconnaître l'utilité commerciale de ce
télégraphe.
L'exposition pouvait avoir lieu, mais les sponsors devaient convaincre
les autorités municipales que la ligne d'éclairage au-dessus
des toits n'attirerait pas la foudre et ne provoquerait pas d'incendies.
Ce qu'ils ont accompli lorsque le Dr Benjamin Silliman s'est porté
garant de la sécurité du télégraphe et que
les intérêts de Morse ont payé une redevance de cinquante
dollars. Malheureusement, l'exposition de New York n'a pas été
aussi réussie que celle de Boston. Non seulement elle n'a pas réussi
à lever des fonds pour la construction d'une ligne Boston-New York,
mais il n'a pas non plus réussi à réunir suffisamment
d'argent pour couvrir les dépenses. Les partisans de Morse ont
finalement été contraints d'utiliser d'autres moyens pour
promouvoir la commercialisation du télégraphe.
Comme Morse, Bell a cherché à faire respecter son invention
en la présentant devant des organismes scientifiques et a tenté
de stimuler l'intérêt du public et le soutien financier en
donnant des conférences et des démonstrations.
Il y a même eu une brève discussion avec le Congrès
afin d'obtenir une appropriation, et des dispositions ont été
prises pour mettre le téléphone au Capitole. Bell a également
fait preuve d'une grande sensibilité à l'intérêt
de la communauté religieuse pour son invention. Mais alors que
Morse n'a apparemment pas réussi à susciter l'intérêt
et le soutien du public par des manifestations, Bell et ses partenaires
ont réussi. Grâce à ses conférences et à
ses démonstrations, Bell a non seulement fait connaître au
public l'existence de son téléphone et ses utilisations
potentielles, mais a également contribué à stimulé
la demande et a ainsi augmenté les chances de succès d'une
entreprise de téléphonie.
Deux mois après avoir obtenu un brevet pour son téléphone,
Alexander Graham Bell a lancé une campagne pour faire connaître
son invention au monde entier. Il a commencé par la présenter
à la communauté universitaire de Harvard.
Un peu plus tard, en 1876, Bell présenta un article à l'Académie
américaine des arts et des sciences intitulé « Recherches
en téléphonie » et présenta plusieurs
de ses instruments en fonctionnement. Quinze jours plus tard, il présenta
sensiblement le même article lors de la 197ème réunion
de la Société des arts, tenue à l'Institut de technologie
du Massachusetts à Boston. Le Boston Evening Transcript notait
que « le Les expériences étaient nouvelles et
réussies, et un large public a témoigné de leurs
remerciements à Bell. En moins d'un mois, Bell a pleinement démontré
son invention devant des groupes éminents d'universitaires et de
scientifiques. Il a pleinement apprécié l'importance de
cela : « Mon nom est désormais bien connu de tous
les scientifiques. » Les hommes de Boston parlent de « téléphonie ».
Bell envisage alors de se lancer dans la conférence publique. Il
spécule qu'une conférence sur la « téléphonie »
lui rapporterait argent et fortune. La première grande exposition
a eu lieu à Philadelphie, lors de l'Exposition du Centenaire, le
25 juin 1876. Par téléphone, le centenaire devait
jouer un rôle plus important dans le renforcement de la réputation
scientifique de Bell et l'apposition d'un sceau de respect sur son invention
que dans la création d'une large attention du public.
Aux USA ces démonstrations ne changèrent pas l'opinion du
commanditaire Hubbard et futur beau-père de Bell, qui ne
voyait toujours dans le téléphone qu'un simple jouet.
Ceci servit même plutôt à le convaincre que Bell devait
cesser de « passer d'un sujet à l'autre » avec
ces expériences sur le téléphone et consacrer exclusivement
ses efforts à perfectionner la télégraphie multiplex.
«Si vous arriviez à faire une seule bonne invention en télégraphie,
lui écrivit-il, vous pourriez doubler votre traitement actuel de
professeur... et poursuivre ainsi vos expériences [sur le téléphone?]
l'esprit tranquille.»
C'est seulement le 1er
octobre 1876 que Bell rejeta enfin les arguments
de Hubbard.
Pendant une semaine entière, il se consacra uniquement au téléphone
et, après plusieurs expériences réussies, écrivit
à ses parents ces mots prophétiques (qui demandaient un
certain courage pour l'époque) : «Si seulement je peux continuer
[à travailler sur le téléphone], notre fortune est
faite.
Le succès [financier] ne fait plus aucun doute. Je sais que la
fortune est entre mes mains. Je sais que le succès total est à
la portée de la main.»
La démonstration de Bell à l'exposition ne modifia pas non
plus les idées de Gray sur l'intérêt «pratique»
du téléphone.
Après avoir fait la démonstration de son système
multiplex devant les responsables de la Western
Union, Gray écrivit à Hayes :
«Bell a dit tellement de choses et il en a réalisé
si peu...]e travaille sur un octoplex entre Philadelphie et New York quatre
messages simultanés dans chaque sens, huit à la fois. Je
voudrais bien voir Bell faire la même chose avec son appareil.»
Plus tard, il écrivit à Baldwin : « Quant au
télégraphe parlant de Bell, il ne suscite l'intérêt
que dans les milieux scientifiques. En tant que jouet scientifique, il
est beau ; mais avec un fil et dans le même temps, on peut déjà
faire beaucoup plus de choses. Sa valeur commerciale est donc limitée,
du moins en ce qui concerne le service télégraphique.»
Le lendemain, il écrivait de nouveau à Hayes : «...
le télégraphe parlant est un bel objet du point de vue scientifique...
Mais si on le considère sous l'angle commercial, il n'a aucune
valeur. Avec un fil, on peut faire actuellement beaucoup plus, et la vitesse
est la seule chose qui nous intéresse.
Bien sûr, une fois amélioré, il peut avoir un certain
intérêt comme tube acoustique...
Tel est le verdict des hommes qui ont la pratique du télégraphe.
» Ce verdict fut traduit fin 1876 par le principal porte-parole des
«hommes qui ont la pratique du télégraphe» :
William Orton, président de la Western
Union.
A cette époque, Bell et ses associés proposèrent,
en effet, à la Western Union d'acheter
leurs brevets pour la somme de 100 000 $.
Orton refusa net. Il voulait un télégraphe multiplex,
pas une «curiosité scientifique».
Le télégraphe parlant vu dans le
The Scientific American Supplement for 1876.
Nous avons déjà parlé du succès remarquable
du professeur Bell dans la transmission des vibrations de la voix humaine
par des moyens électriques sur un fil télégraphique.
Il a récemment amélioré sa méthode de transmission,
en se passant de l'utilisation de la batterie et en remplaçant
le système magnéto-électrique de production du courant.
Le Boston Transcript décrit une expérience récente
avec le nouvel appareil, grâce à laquelle des conversations
et des chants ont été menés avec succès entre
Boston et Malden, à une distance de six milles. Le téléphone,
dans sa forme actuelle, consiste en un puissant aimant permanent composé,
aux pôles duquel sont attachées des bobines télégraphiques
ordinaires en fil isolé. Devant les pôles, entourés
de ces bobines de fil, est placé un diaphragme en fer. Un embout
pour faire converger le son sur ce diaphragme complète en grande
partie l'ensemble. Comme on le sait, le mouvement de l'acier ou du fer
devant les pôles d'un aimant crée un courant électrique
dans les bobines entourant les pôles de l'aimant, et la durée
de ce courant électrique coïncide avec la durée du
mouvement de l'acier ou du fer déplacé ou vibré à
proximité de l'aimant. Lorsque la voix humaine fait vibrer le diaphragme,
des ondulations électriques sont induites dans les bobines entourant
les aimants, exactement analogues aux ondulations de l'air produites par
cette voix. Ces bobines sont reliées au fil de ligne, qui peut
être de n'importe quelle longueur, pourvu que l'isolation soit bonne.
Les ondulations induites dans ces bobines parcourent le fil de ligne et,
en passant par les bobines d'un instrument de construction exactement
similaire à la station éloignée, sont à nouveau
transformées en ondulations de l'air par le diaphragme de cet instrument.
Les expériences furent les suivantes : les téléphones
ayant été reliés à la ligne télégraphique
privée de la Boston Rubber Shoe Company, la conversation commença
aussitôt. Posté à l'extrémité du fil
à Boston, le professeur Bell demanda à M. Watson, qui se
trouvait à l'extrémité à Malden, de parler
à voix haute, afin de permettre à toute la compagnie de
distinguer immédiatement les sons.
Cette méthode fut si efficace qu'un sourire de
plaisir et de surprise se dessina sur les traits des personnes présentes.
Mais pour éviter de croire que parler à haute voix était
indispensable à l'intelligibilité, M. Bell expliqua que
les voix douces pouvaient être entendues à travers les fils
plus distinctement encore que les paroles fortes, et même un chuchotement
était audible. Pour confirmer cette déclaration, M. Watson
commença à parler à tour de rôle à chaque
membre de la compagnie ; et après que l'efficacité de cette
méthode eut été prouvée à la satisfaction
de tous, il prit un journal et informa l'assemblée que l'or avait
fermé la veille au soir à New York à 105-5/8. Comme
il y avait un assez grand nombre d'hommes d'affaires présents,
l'effet produit par cette démonstration pratique de la valeur du
téléphone ne peut guère être exagéré.
D'autres passages des journaux quotidiens furent alors cités et,
à ce moment-là, le désir de conversation étant
devenu général, M. Watson fut assailli de questions telles
que : « Est-ce qu'il fait froid ou dégel à Malden
? Qui sera le prochain président ? » etc. Il était
remarquable que M. Watson ait pu distinguer les voix à l'extrémité
de Boston, appelant au moins un monsieur par son nom dès que ce
dernier commençait à parler.
Cela dura un certain temps, jusqu'à ce qu'une dame
du côté de Malden envoya à la compagnie une invitation
à déjeuner par téléphone, et une réponse
appropriée fut donnée par le même médium. Finalement,
la compagnie de Boston fut priée de rester tranquille pendant qu'une
dame à l'autre bout du fil leur transmettait les doux accents de
la musique. L'assemblée écouta alors avec une attention
ravie une jeune femme se mettre à chanter "The Last Rose of
Summer". L'effet fut tout simplement charmant. Le son de la voix
pénétra dans l'extrémité du téléphone
de Boston avec une netteté égale à celle que l'on
peut atteindre dans les parties les plus éloignées d'une
grande salle de concert, et un vote de remerciements unanime fut envoyé
par le petit instrument pratique qui avait procuré à l'assemblée
une heure si agréable.
Bien que les expériences de Bell aient été
remarquées par la presse canadienne et américaine, elles
ne semblent pas avoir suscité un intérêt général
à cette époque. Cela allait changer lorsque l'on apprit
d'Angleterre le discours de Sir William Thomson à l'Association
britannique. Vers le 1er octobre, Bell commença à consacrer principalement
ses efforts au téléphone et subordonna ses travaux au télégraphe
multiple.
Le prochain test important démontrant l'applicabilité commerciale
du téléphone a eu lieu le 9 octobre, lorsque Bell
et Watson ont conversé sur la ligne télégraphique
privée de la Walworth Manufacturing Company, de Boston à
Cambridge, à une distance de deux miles. Le 9 octobre 1876,
un téléphone était raccordé à chaque
extrémité d'un circuit télégraphique appartenant
à "The Walworth Manufacturing Company", qui s'étend
de leur bureau de Boston à leur usine de Cambridge, à une
distance d'environ deux milles.
La batterie télégraphique de la société composé
de neuf cellules de Daniell, ont été retirés du circuit
et un autre élément sur dix a été substitué.
"
Les sons, d'abord faibles et indistincts, sont soudainement devenus tout
à fait forts et intelligibles" .
La batterie télégraphique de l'entreprise constitués
de neuf cellules de Daniell, ont été retirés du circuit
et un autre de dix éléments carbonés a été
remplacé. Il est enregistré que « la transmission
a ensuite eu lieu à travers le fil. Les sons, d'abord faibles et
indistincts, sont devenus soudainement assez forts et intelligibles ».
Pour dissiper la croyance selon laquelle le téléphone ne
pourrait jamais être aussi précis que le télégraphe,
Watson et Bell ont enregistré séparément une partie
de leur conversation. Ce record fut repris dans des colonnes du Boston
Daily Advertiser le lendemain matin . Le Boston Evening Transcript déclara
que le succès de l'expérience Walworth marquait une «
révolution et une avancée dans le progrès mondial
digne d'être classée au même titre que l'achèvement
pratique du premier télégraphe imprimé... et la pose
des grands câbles océaniques ». Deux jours après
l'expérience, Bell communiqua les résultats à l'Académie
américaine des arts et des sciences et fit une démonstration
des instruments qu'il avait utilisés. Cet événement
fut un nouveau triomphe public pour Alexander Graham Bell et son téléphone.
Il considérait cet événement comme le « plus
beau jour de ma vie Je suis le seul lauréat à avoir
jamais été applaudi [par l'Académie]. »
À la fin de l'année du centenaire, Bell a testé des
téléphones équipés de diaphragmes en fer fin
au lieu des diaphragmes à membrane utilisés à l'origine.
Pour obtenir les meilleurs résultats, il a recherché une
véritable ligne télégraphique pour le test. plutôt
que les résistances artificielles utilisées dans son laboratoire.
Il s'arrangea donc pour utiliser la ligne temporelle de Cambridge, qui
reliait l'observatoire de Cambridge à Boston et, de là,
à divers fabricants de serrures. Bell disposait ainsi, le soir
où la ligne n'était pas utilisée, d'une ligne d'essai
privée de quatre ou cinq milles de long. La ligne était
défectueuse, mais elle offrait à Bell et Watson de bonnes
preuves. Pratique pour gérer les problèmes sur les longues
lignes.
Malgré les nombreux problèmes et difficultés techniques,
Bell a pu écrire à ce moment-là : « Ce
téléphone me rappelle un enfant, mais il grandit beaucoup
plus vite. Ce qui est devant lui dans le futur, personne ne peut le dire,
mais je vois de nouvelles possibilités et de nouvelles utilisations. »
Il n'était pas le seul à être optimiste. Le Boston
Sunday Herald a déclaré que les possibilités futures
du téléphone pouvaient difficilement être surestimées
et le Boston Post a déclaré que : « L'application
de cette technologie promet de révolutionner complètement
le secteur de la transmission de messages par électricité
entre des parties éloignées. »
Six mois après sa démonstration à l'exposition et
neuf après sa première expérience réussie,
Bell était enfin arrivé à convaincre Hubbard que
le téléphone supplanterait un jour le télégraphe.
Encouragé par les succès et les expériences, Bell
fut rapidement convaincu que le téléphone était prêt
pour une utilisation commerciale immédiate. Il recevait déjà
des demandes de renseignements et des offres pour l'utilisation du téléphone ;
une entreprise passa même commande pour dix appareils. Mais ces
propositions, ainsi que d'autres, nécessitèrent du temps
pour être pleinement étudiées. Ce n'est qu'à
la mi-1877 que la Patent Association commença à fonctionner.
ses premiers téléphones. Il lui faudrait encore plus de
temps avant de percevoir une quelconque rémunération pour
de telles activités.
Le besoin d'argent de Bell persistait. En effet, l'urgence semblait croissante,
car Bell désirait ardemment épouser Mabel Hubbard, mais
son manque d'argent s'avérait un obstacle. Une solution toute trouvée
aux besoins financiers immédiats était la conférence
publique.
Dès mai 1876, Bell se proposait de donner des conférences
et, dès le 1er juillet 1876, il avait reçu des offres de
deux instituts de conférences, pour donner une conférence
sur « l'acoustique et l'électricité ». Son empressement
à donner des conférences publiques a peut-être été
tempéré, cependant, par l'opposition de Mme Hubbard. Elle
avait une piètre opinion des personnes engagées dans de
telles activités et « l'ennuyait, car il l'appréciait
». Le bonheur de Mabel et de lui-même de rester à la
maison et de s'occuper de ses affaires.
De retour à Boston ou Bell
retouve Watson, il abandonne le transmetteur voltaique et revient à
l'idée initiale, il ne cesse alors de perfectionner ses prototypes
et réussi à mettre au point un dispositif bidirectionnel,
et en remplaçant la membrane par un disque de fer, des éléctro-aimants
par des aimants permanents, l'appareil ne nécessite
plus de source de courant.
L'appareil est constitué d'une bobine entourant un aimant permanent.
Devant cet aimant vibre une membrane en fer doux.
Les vibrations communiquées par la parole à la membrane
du transmetteur (la partie où l'on parle), entraînent des
variations de flux magnétique du barreau aimanté.
Rapidement un autre modèle fera l'objet d'un nouveau brevet , la
"BOX" qui est un appareil réversible, il
sert aussi bien de transmetteur que de recepteur.
Développer les intérêts
étrangers était coûteux, et Bell s'est donc tourné
vers des amis pour obtenir une aide financière. Devant l'échec
de cette démarche, il s'est tourné vers sa famille. Celle-ci
a d'abord proposé à ses parents et à son oncle David
tout intérêt qu'ils souhaitaient pour ses brevets étrangers,
à condition qu'ils prennent en charge les frais nécessaires.
Il demanda alors à son père de lui fournir une garantie
pour lui emprunter mille dollars.
La perspective de s'endetter perturba cependant Bell, qui décida
donc de faire de son mieux sans emprunter. Il limiterait ses efforts pour
obtenir des brevets en Angleterre et dans autant d'autres pays que possible,
essayant de vivre avec presque rien à Boston.
Alexander Graham Bell s'irrita de ces deux conditions. J'avais souhaité
l'indépendance financière, non seulement parce qu'elle lui
permettrait d'épouser Mabel, mais aussi parce qu'elle m'allègerait
des difficultés de la vie et me laisserait libre de suivre les
idées qui m'intéressent le plus.
Bell réfléchit à sa situation et, avec ses partenaires,
commença à envisager une offre de John Ponton, de Pennsylvanie,
visant à lever des capitaux substantiels pour lancer commercialement
le téléphone. Il reçut alors l'information d'une
conférence publique selon laquelle la recommandation de « Téléphonie »
avait attiré foule et applaudissements. Les conditions étaient
propices à une publication publique sur la « téléphonie ».
Le jour de l'An 1877, Bell, à Washington, fut impliqué dans
une interférence brevetée contre ce télégraphe
harmonique. Il en profita pour faire une démonstration téléphonique
devant les membres distingués de la Société philosophique
de Washington. Ce fut également l'occasion de l'intervention de
Gardiner Hubbard. Les efforts visant à obtenir l'aide du Congrès
pour développer le téléphone ont permis de renforcer
la reconnaissance professionnelle et publique de Bell et de stimuler l'intérêt
des entrepreneurs pour son invention.
L'année suivante, la conscience de ses besoins
financiers s'est accentuée lorsqu'il a envisagé de développer
les droits étrangers sur son invention.
« Je ne vois pas pourquoi je devrais être exclu de tout avantage,
sauf en Amérique, où je n'ai que trois à dix ans
d'intérêt dans mes propres inventions.
Sur le vieux continent, c'est d'abord
en Angleterrre, le 7 septembre 1877
lors de la réunion à Glasgow de l'Association britannique
pour l'avancement de la science, transcrite intégralement par le
London Times le lendemain et par La nature le 14, que WH
Preece éléctricien du "British Post-Office"
et Sir W.Thomson, montrent le téléphone
que Bell avait donné à Sir W.Thomson à à Boston.
le 1er octobre, The Telegraphic Journal en a donné davantage de
détails. Des images n'apparaîtront que le 22 décembre,
lorsqu'un autre magazine britannique, Engineering, publiera des dessins
de l'émetteur et du récepteur.
Dans la revue LA NATURE 27 AVRIL 1878 en France, Bell
écrit un article sur ses travaux : Il y a bien des années, mon père,
Alexandre Melville-Bell, dEdimbourg, appelait mon attention
sur le mécanisme de la parole; il avait fait de longues études
sur ce sujet. Plusieurs d'entre vous peuvent se rappeler linvention
de mon père; elle consistait en un moyen de représenter
dune manière admirablement exacte les positions des organes
vocaux, dans la formation des sons. Nous entreprîmes ensemble de
nombreuses expériences nous cherchâmes dabord à
découvrir le mécanisme des éléments anglais
et étrangers de la parole. Je me souviens surtout dune recherche
dans laquelle nous nous trouvâmes engagés, concernant les
relations musicales des sons de voyelles. Quand des sons de voyelles sont
émis, il semble que chaquevoyelle possède une hauleur de
ton propre; en prononçant certaines voyelles successivement, lon
peut distinctement percevoir une échelle musicale. Nous nous proposâmes
de déterminer la hauteur de ton naturelle à chaque voyelle.
Des difficultés inattendues nous firent obstacle; plusieurs voyelles
semblaient posséder une double hauteur; probablement la hauteur
de la résonnance de lair dans la bouche, et la hauteur de
la résonnance de lair contenu dans la cavité postérieure
de la langue, cavité comprenant le pharynx et le larynx.
Jimaginai un expédient pour déterminer
la hauteur, et crus posséder la priorité de la découverte,
qui consistait à faire vibrer un diapason devant la bouche durant
les accommodations des organes vocaux prises silencieusement. Il fut constaté
que chaque position de voyelle renforçait tel ou
tel diapason ou plusieurs diapasons spécialement.
Jécrivis une relation de ces recherches à M. Alex.
J. Ellis, de Londres. Sa réponse minforma que les expériences
relatées avaient déjà été faites par
Helmholtz
(Die Lehre von den Tonempfindungen traduction anglaise par Alexandre
J. Ellis. Theory of tone, Théorie de la perception des sons.)
et dune manière beaucoup plus parfaite que je ne lavais
fait. M.
Ellis me dit, en effet, que Helmholtz, non-seulement avait analysé
les sons de voyelles en leurs éléments musicaux constitutifs,
mais qu'il avait réalisé la synthèse de ces éléments.
Helmholtz avait réussi à produire artificiellement certains
sons de voyelles en faisant vibrer simultanément, par un courant
électrique, des diapasons de différentes hauteurs. M. Ellis
eut la bonté de maccorder une entrevue dans le but de mexpliquer
la disposition des appareils employés par Helmholtz, pour produire
ces effets extraordinaires et je consacrai la plus grande partie dune
journée avec lui à létude de ce sujet.
A cette époque, cependant, je nétais pas assez familiarisé
avec les lois de lélectricité pour comprendre parfaitement
les explications qui me furent données, mais lentrevue eut
pour effet dappeler toute mon attention sur les sujets du son et
de lélectricité, et je neus pas de repos avant
dêtre entré en possession dun exemplaire du grand
traité de Helmholtz, et davoir essayé, dune
manière rudimentaire et imparfaite, il est vrai, de reproduire
les mêmes résultats.
En réfléchissant aux possibilités de production du
son par des moyens électriques, je fus comme frappé par
lidée que le principe de faire vibrer un diapason par lattraction
intermittente dun électro-aimant pouvait sappliquer
à la production électrique de là musique. Jimaginai
donc une série de diapasons de différentes hauteurs dintonation,
et les disposai de façon à les faire vibrer automatiquement
de la manière indiquée par Helmholtz, chaque diapason interrompant
à chaque vibration un courant voltaïque. Et pourquoi, pensai-je,
labaissement dune clef, telle quune touche de piano,
ne dirigerait-elle point le courant dinterruption de lun quelconque
de ces diapasons, au travers dun fil télégraphique,
jusquà une série délectro-aimants actionnant
les cordes dun piano ou dun autre instrument de musique? Ainsi
une personne pourrait jouer du piano-diapason en un lieu, et la musique
pourrait sentendre en un autre lieu, en une ville lointaine, sur
un piano électro-magnétique.
Plus je réfléchissais à cet arrangement, plus il
me paraissait réalisable. Je ne voyais en effet nulle raison pour
laquelle labaissement dun certain nombre de clefs au point
de départ du diapason ne serait pas accompagné, dans le
circuit, de la production, au lieu darrivée, dun plein
accord perceptible sur le piano à lunisson.
Lattrait que moffrait alors létude de lélectricité
me conduisit à létude des divers systèmes en
usage en Angleterre et en Amérique. Jadmirai surtout la simplicité
de lalphabet Morse et ce fait que cet alphabet pouvait être
lu par la perception du son que produit son fonctionnement. Au lieu de
se reporter sur les points et les traits enregistrés sur le papier,
les opérateurs contractent lhabitude dobserver la durée
de tic-tac des appareils, et ainsi de distinguer à loreille
les divers signaux. La possibilité de représenter, dune
manière analogue, le point et le trait du code Morse par la durée
dune note musicale, sempara de mon esprit. Une personne pourrait
agir sur lune des clefs du piano-diapason, dont nous avons plus
haut vu larrangement, et la durée du son émis par
la corde correspondante du piano lointain y pouvait être observée
par une autre personne.
Il me sembla quainsi plusieurs messages télégraphiques
distincts pouvaient être simultanément transmis dun
piano-diapason jusquà lautre extrémité
du circuit, par des opérateurs manipulant chacun une clef différente
de linstrument. Ces messages seraient lus, me disais-je, par des
opérateurs placés auprès du piano darrivée,
chacun deux écoutant des signaux dune hauteur définie
de ton et ignorant tous les autres. Lon pouvait ainsi réaliser
la transmission simultanée de plusieurs messages télégraphiques
par un seul fil, le nombre de ces messages nétant limité
que par la délicatesse doreille de celui qui écoutait.
Lidée daccroître la puissance
de transmission dun fil télégraphique de cette manière
me vint à lesprit, et ce fut ce but pratique que jeus
en vue, en commençant mes recherches sur la téléphonie
électrique. Il se trouve généralement que dans le
progrès de la science la complication conduit à la simplification,
et quen faisant lhistoire dune découverte scientifique,
il est souvent utile de commencer par la fin. Lorsque je porte un regard
rétrospectif sur mes recherches, je reconnais la nécessité
de désigner, par des noms spéciaux, une variété
de courants électriques qui peuvent produire des sons. Jappellerai
votre attention sur plusieurs espèces distinctes de courants délectricité
que lon pourrait appeler téléphoniques . Afin que
les particularités de ces courants soient bien comprises, je prierai
M. Frost de projeter sur lécran une illustration graphique
de ces différentes variétés. La méthode graphique
de représenter des courants électriques, et que nous voyons
ici, est la meilleure que lon puisse imaginer pour étudier
exactement les effets produits par diverses formes dappareils téléphoniques.
Elle ma fait concevoir cette sorte particulière de courant
téléphonique que jappellerai ici courant ondulatoire,
et qui rend possible la production artificielle du langage articulé
par des moyens électriques.
Une ligne horizontale g g (fig. 1) est prise comme ligne du courant à
zéro ; les impulsions délectricité positive
sont représentées au-dessus de cette ligne, celles délectricité
négative au-dessous ou bien vice versa. Lépaisseur
verticale dune impulsion électrique quelconque (b ou d) mesurée
à partir de la ligne de zéro, indique lintensité
du courant électrique au point observé, et l'extension horizontale
de la ligne électrique (b ou d) indique la durée de limpulsion.
Il y a neuf variétés de courants téléphoniques;
il me suffira de vous en indiquer six. Les trois variétés
primaires, désignées sous les noms dintermittentes,
de pulsatoires et dondulatoires, sont représentées
par les lignes 1, 2 et 3. Des sous-variétés peuvent être
distinguées sous les désignations de courants directs, ou
de courants inverses, selon que les impulsions électriques sont
toutes dune sorte, ou alternativement positives et négatives.
Les courants directs peuvent encore se distinguer comme positifs ou négatifs
suivant que les impulsions sont dune sorte ou de lautre. Un
courant intermittent est caractérisé par la présence
et labsence alternatives de lélectricité dans
le circuit. Un courant pul- satoire résulte de changements instantanés
dans lintensité dun courant continu, et un courant
ondulatoire est un courant délectricité, dont lintensité
varie dune manière proportionnelle à la vitesse du
mouvement dune particule dair durant la production du son.
Ainsi la courbe représentant graphiquement le courant ondulatoire
pour un simple ton musical est celle qui exprime une oscillation simple
du pendule, cest-à-dire une courbe sinusoïdale.
Je dois faire ici la remarque que si la théorie du courant ondulatoire
délectricité est une conception dont je puis revendiquer
lorigine, on connaît néanmoins des méthodes
de produire des sons au moyen de courants intermittents et pulsatoires.
Par exemple, il y a longtemps que lon a fait la découverte
quun électro-aimant émet un son lorsquil est
subitement aimanté ou désaimanté. Lorsque le circuit
dans lequel est placé cet électro aimant est rapidement
fermé et ouvert, une succession de crépitations partent
de laimant. Ces bruits produisent à loreille leffet
dune note musicale, lorsque le courant est interrompu un nombre
suffisant de fois par seconde.
La découverte de la musique galvanique par Page (1) , en 1837,
conduisit les recherches faites en différentes parties du monde,
presque simultanément dans le domaine de la téléphonie.
Les effets dacoustique produits par laimantation furent soigneusement
étudiés par Marrian (2) , Beatson (3) , Gassiot (4) , de
la Rive (5) , Matteucci (6) , Guillemin (7) . Vertheim (8) , Wartmann
(9) , Janniar (10) , Joule (11) , Laborde (12) , Légat (13) Reis
(14) , Poggendorf (15) , du Moncel (16) , Delezennes (17), et dautres
encore (18) .
Il faut aussi mentionner que Gore (19) obtint des notes musicales claires
par le mercure ; ces notes étaient accompagnées de rides,
singulièrement belles à la surface durant le cours des expériences
électrolytiques. Page (20) produisit des tons musicaux dans les
barres de Trevelyan par laction du courant galvanique. Sullivan
découvrit plus tard quun courant délectricité
est engendré par la vibration dun fil composé partie
dun métal et partie dun autre.
1 C. G. Page, la Production de la musique galvanique.
Journal de Sillimann, 1857, XXXIII, p.396; Journal de Silli- man, 1858,
xxxiii, p. 118; Bibl. univ. (nouvelle série, 1859, n, p. 598).
2 J. P. Marrian, Phil. Mag., xxv, p. 382; Inst., 1845, p. 20; Arch. de
l'électricité, voy. p. 195.
3 Beatson, Arch. de l'électricité, voy. p. 197 ; Arch. des
Sc. phys. et nat. (2 e série), n, p. 115.
4 Gassiot, voy. Preatise on Electricity, par de la Rive, i, p. 500.
5 De la Rive, Treatise on Electricity, i, p. 500; Phil. Mag., xxxv, p.
422; Arch. de lélect.,-voy. p. 200; Inst., 1846, p. 85; Comptes
rendus, xx, p. 1287; Compt. rend., XXII, p. 452; Pogg. ann., p. 657 ;
ann. de chim. et de phys., xxvi, p. 158.
6 Matteucci, Inst., 1845; Arch. de lélect., voy.p. 389.
7 Guillemin, Compt.rend., xxii, p. 264; Inst., 1846, p. 30; Arch. des
sc. phys. et nat. (2 e série), i, p. 191.
8 G. Wertheim, Compt. rend., xxn, p. 356-544; Inst., 1846, p. 65, 100;
Pogg. ann., t. XVIII, p. 140; Compt. rend., xxvi, p. 505 ; Inst., 1848,
p. 142 ; Ann. de chim. et dephys., xxm, p. 305 ; Arch. des sc. phys. et
nat., vin, p. 206 ; Pogg. ann., t. xxvn, p. 45; Berl Ber., IV, p. 121.
9 Elle Wartmann, Compt. rend., xxn, p. 544; Phil. Mag. (3 e série),
xxviii, p. 544 ; Arch. des sc. phys. et nat. (2 e série), i, p.
419; Inst., 1846, p. 290; M. natschr. d. Ber Rad., 1846, p. 111.
10 Janniar, Compt. rend., XXIII, p. 519; Inst., 1846, p. 269; Arch. des
sc. phys. et nat. (2 e série), p. 394.
11 J. P. Joule, Phil. Mag., xxv, p. 76-225; Berl Ber., m, p. 489.
12 Laborde, Comptes rendus, i, p. 692; Cosmos, XVII, p. 154.
13 Legal, Brix, ZS, ix, p. 125.
14 Reis, Téléphonie Polytech. Journ., c. t. xvm, p. 185,
Bôttger's notiz, b., 1863, no 6. 5 J. C.
15 Poggendorff Pogg., Ann., XCVIII,p. 192, Berliner Monatsbar, 1856, p.
133; Cosmos, ix, p.49; Berl Ber., XII, p. 241 ; Pogg. ann., t. xxxvii,
p. 159.
16 Du Moncel, Exposé, n, p. 125, et in, p. 85.
17 Delezenne, Sound produced by magnetization; Bibl. univ. (new-series),
1841, xvi, p. 406.
18 Voy. London Journ., XXXII, p. 402; Polytech. Journ., ex, p. 161; Cosmos,
iv, p. 45; Gl sener, Traité général, et c. p.550;
Dove, Repert., vi,p. 58; Pogg., Ann., xm, p. 411; Berl. Bern, 1, p. 144;
Arch. des sc. phys. et nat.; xvi, p. 406; Khuns Encyclopédie der
Physik, p. 1014-1021.
19 Gore, Proceedings of Royal Society, xn, p. 217. 8
20 C. G. Page, Vibration of Trevelyans bars by the galva- nic current;
Sillimans Journal, 1850, ix, p. 105-108; Sullivan ; Currents of
Electricity produced by the vibration of mêlais: Phyl. Mag., 1845,
p. 261; Arch. de lélect., x, p.480.
Le courant durait aussi longtemps que lémission
duné note musicale et sarrêtait immédiatement
après la cessation du son. Pendant plusieurs années, mon
attention se porta presque exclusivement sur les moyens dobtenir
un instrument interrupteur extrêmement rapide de circuit voltaïque
et destiné à prendre la place du diapason transmetteur employé
dans les recherches de Helmholtz. Cest un fait singulier que dimportantes
découvertes sont souvent faites presque simultanément par
plusieurs personnes en différentes parties du monde, et que lidée
de la télégraphie multiple, telle quil la développée
dans les divers diagrammes montrés à la Société,
paraît sêtre présentée isolément
tant en Amérique quen Europe à quatre inventeurs différents.
Les détails eux-mêmes des arrangements en circuit ont une
très-grande ressemblance avec ceux quont proposés
M. Cromwell Varley, de Londres, M. Elisha Gray, de Chicago, M. Paul Lacour,
de Copenhague, et M. Thomas Edison, deRewark dans lÉtat de
New-Jersey. Quant à la question de priorité dinvention,
je ne me propose pas de la discuter.
Pour faire mieux comprendre la difficulté de lusage dun
courant intermittent, je vous prierai de me suivre dans l'application
de l'effet produit quand deux signaux musicaux de hauteurs dintonation
différentes sont simultanément dirigés le long dun
même circuit.
La figure 2 fait voir un arrangement dans lequel les tiges aa de deux
transmetteurs interrompent le courant de la même pile B.
Supposons que lintervalle musical entre les deux tiges soit une
tierce majeure. En ce cas leurs vibrations sont dans la proportion de
4 à 5, cest-à-dire que 4 vibrations de a sont faites
dans le même temps que 3 vibrations de A1. A2 et B 2 représentent
les courants intermittents produits, 4 impulsions de B2 étant produites
dans le même temps que 5 impulsions de A2 . La ligne A2 et B2 représente
leffet résultant sur la ligne principale de la simultanéité
daction des tiges a et b , interrompant et rétablissant le
même circuit. Vous voyez par le dessin que le courant résultant,
tout en conservant une intensité uniforme, est moins interrompu
lorsque les deux tiges sont en opération, que lorsquune seule
tige est employée. Continuant dapprofondir la question, vous
reconnaissez que si un plus grand nombre de tiges de différentes
hauteurs de tons ou de différentes vitesses de vibration sont occupées
simultanément à interrompre et à rétablir
le même circuit, leffet résultant sur la ligne principale
est réellement léquivalant dun courant continu.
Vous comprenez aussi que le nombre maximum de signaux musicaux pouvant
simultanément être dirigés le long dun seul
fil sans confusion, dépend beaucoup delà proportion de durée
du rétablissement quant à celle de linterruption.
Plus le contact est court, en même temps que plus linterruption
est longue, plus le nombre des signaux pouvant se transmettre sans confusion
est grand, et vice versa. Lappareil au moyen duquel cette conclusion
théorique a été vérifiée se trouve
devant vous. Il consiste en une boîte ordinaire d'harmonium, dont
les tiges sont actionnées par lair de la manière habituelle.
Devant chaque tige est une vis métallique contre laquelle la tige
frappe en vibrant. En ajustant la vis on rend le contact long ou court.
Les tiges sont reliées à lun des pôles dune
pile, et les vis contre lesquelles elles frappent communiquent avec la
ligne; des impulsions partent ainsi de la pile dans la ligne durant la
vibration des tiges. Sans entrer dans des détails de calcul, vous
voyez quavec un courant pulsatoire leffet de transmission
simultanée de signaux musicaux est presque léquivalent
dun courant continu d'intensité minima, comme lindique
la figure 3. Si des courants ondulatoires sont employés, leffet
est différent (voyez la figure 4).
Le courant qui vient de la pile B, est formé en ondulations à
la suite de faction inductive des tiges de fer ou dacier MM', lesquelles
vibrent devant les électro-aimants ed mis dans le circuit de la
pile. A2 et B2 représentent les ondulations causées dans
le courant par la vibration des corps aimantés et lon voit
quil y a quatre ondulations de B2 pour cinq de A2 . La résultante
deffet sur la grande ligne est exprimée par la courbe A2
- B 2 , somme algébrique des courbes sinusoïdales A2 et B2
. Un semblable effet est produit quand des courants ondulatoires inverses
sont employés comme on le voit en la figure 5 où le courant
est produit par la vibration daimants réunis en circuit sans
une pile voltaïque.
Par les figures 4 et 5, on peut voir que leffet de la transmission
de sons musicaux de différentes hauteurs simultanément le
long dun seul fil, nest point deflaccr le caractère
vibratoire du courant comme dans le cas des courants intermittents et
pulsatoires, mais de changer les formes des ondulations électriques.
En effet, le courant est influencé précisément dune
manière analogue à celle de lair par la vibration
des corps inducteurs MM'. Il devrait donc être possible de transmettre
simultanément autant de tons musicaux par un fil télégraphique
que par lair.
La possibilité de se servir de courants ondulatoires, dans un but
de télégraphie multiple, ma permis de laisser de côté
tous les arrangements compliqués de circuit et demployer
une seule pile pour tout le circuit, en ne conservant que les récepteurs
qui mavaient précédemment servi.
Jai dit que Helmholtz avait pu produire artificiellement des tons
de voyelles en combinant des tons musicaux de différentes hauteurs
et intensités. Nous voyons son appareil en la figure 6.
Des diapasons de différentes hauteurs sont placés entre
les pôles délectro-aimants (a1 , a2, etc.), et maintenus
en vibration par laction dun courant intermittent qui part
du diapason g. Des résonnateurs 1, 2, 3, etc , sont placés
de façon à renforcer les sons, plus ou moins, selon que
les orifices extérieurs sont plus ou moins élargis. On voit
que dans le procédé de Helmholtz, les diapasons eux-mêmes
produisent des tons dintensité uniforme, et dont la sonorité
varie par un renforcement externe. Ce qui me frappa, cest que les
mêmes résultats pouvaient être obtenus, et dune
manière beaucoup plus parfaite, en faisant vibrer les diapasons
à différents degrés damplitude. Jimaginai alors lappareil de la figure 7 ; ce fut ma première
forme de téléphone articulé.
Dans cette figure, une harpe à tiges dacier est attachée
aux pôles dun aimant permanent N S. Lorsque lune quelconque
des tiges est mise en vibration, un courant ondulatoire est produit dans
les bobines de lélectro-aimant ; l'électro- aimant
correspondant E attire les tiges de la harpe IT avec une force variable,
et met en vibration celle des tiges qui se trouve à lunisson
de la tige qui vibre à lautre extrémité du
circuit. Ce nest pas tout ; lamplitude de vibration dans lune
des tiges détermine lamplitude de vibration dans lautre,
car lintensité du courant induit est déterminée
par lamplitude de la vibration inductrice, et lamplitude de
la vibration à lextrémité de réception
dépend de lintensité des impulsions attractives. Lorsque
nous chantons dans un piano, certaines cordes de linstrument sont
mises en vibration avec sympathie par laction de la voix, et, à
différents degrés damplitude, un son approché
de la voyelle proférée part du piano. La théorie
nous fait voir que si le piano avait un nombre beaucoup plus considérable
de cordes, à loctave, les sons de voyelles seraient parfaitement
reproduits.
Mon idée de laction de lappareil, action indiquée
en la figure 7, était la suivante : proférer un son dans
le voisinage de la harpe H, et certaines tiges seraient mises en vibration
à des amplitudes différentes. A lautre extrémité
du circuit, les tiges correspondantes de la harpe H' vibreraient avec
leurs relations propres de force, et le timbre du son serait reproduit.
La dépense de la construction dun semblable appareil mempêcha
de mengager dans cet ordre de recherches. Jai déjà
parlé d'une invention de mon père, dun système
de symboles physiologiques, pour représenter laction des
organes vocaux, et javais été invité par le
Conseil de linstruction publique de Boston, à faire une série
dexpériences sur ce système dans lÉcole
des sourds et muets. Lon sait que les sourds-muets sont muets parce
quils sont sourds, et que dans leurs organes vocaux il ny
a aucun défaut qui les empêche de parler. Lon avait
donc pensé que le système de mon père, système
de symboles illustrés et depuis longtemps connu sous la désignation
vulgaire de langage visible, pourrait être le moyen dapprendre
à un sourd-muet à se servir de ses organes vocaux et à
parler. Le grand succès de ces expériences me porta vers
la recherche de méthodes de représentation graphique et
optique des vibrations du son, pour lenseignement des sourds-muets.
Pendant quelque temps, je poursuivis mes expériences avec la capsule
manométrique de Koenig, et avec le phonautographe de Léon
Scott.
Les appareils scientifiques de lInstitut de technologie de Boston
furent généreusement mis à ma disposition pour ces
expériences, et il se trouva quà cette époque,
un étudiant de lInstitut de technologie, M. Maurey, venait
dimaginer un perfectionnement du phonautographe.
Il avait réussi à faire vibrer par la voix un style de bois
de la longueur environ dun pied, fixé à la membrane
du phonautographe. Par cette disposition il avait obtenu des traces agrandies
sur une surface plane et noircie à la fumée. Avec cet appareil,
je réussis à mon tour à produire de très-belles
traces des vibrations de lair par les vibrations de voyelles. Quelques-unes
de ces traces sont indiquées dans la figure 8. Mon esprit
fut frappé par cette forme perfectionnée de lappareil,
et je vis là une ressemblance remarquable entre la manière
dont la pièce de bois vibrait sous laction de la membrane
du phonautographe, et celle dont les osselets de loreille humaine
obéissaient au mouvement de la membrane du tympan. Je résolus
donc de construire un phonautographe plus exactement modelé sur
le mécanisme de loreille humaine, et, dans ce but, jeus
recours aux lumières dun spécialiste distingué,
du docteur Clarence J. Blake. Celui-ci me suggéra lidée
demployer loreille humaine comme phonautographe, au lieu den
faire une imitation artificielle. L'enclume fut retirée, et, à
lextrémité du marteau fut fixé un style en
brin de foin, de la longueur denviron un pouce. En mouillant la
membrane du tympan et les osselets avec une mixture de glycérine
et deau, on obtenait la mobilité nécessaire des parties.
En chantant dans loreille externe, on mettait en vibration le style,
et lon obtenait des traces sur une surface plane en verre recouvert
de noir de fumée, placée au-dessous du style (fig. 9).
Tandis que jétais livré à ces expériences,
je fus surpris à la vue de la disproportion remarquable qui existait
entre la membrane et les os quelle faisait vibrer. Je pensai que
si une membrane aussi mince quun tissu de papier pouvait gouverner
la vibration dos, qui, comparés à cette membrane,
étaient dune dimension et dun poids immense, à
plus forte raison une membrane plus grande et plus épaisse ferait-elle
vibrer un morceau de fer contre un électro-aimant, et dans ce cas,
la complication des tiges dacier, que nous voyons dans ma première
forme du téléphone (fig. 7), serait écarté.
Un simple morceau de fer, fixé à la membrane, serait alors
placé à chaque extrémité du circuit télégraphique.
Parallélement depuis l'automne 1876, des
expériences téléphoniques avaient lieu à l'université
Brown de Providence :
En entendant parler des expériences intéressantes et de
la remarquable invention de Bell, deux professeurs de l'Université
Brown , Un groupe de scientifiques s'est réuni autour de Blake
pour travailler sur un projet particulier. Parmi eux se trouvaient le
professeur John Peirce et le Dr William
F. Channing, médecin et expert en électricité,
fils du révérend William Ellery Channing.
Eli Whitney Blake(1836-1895), professeur de physique, est né à
New Haven le 20 avril 1836. Son grand-oncle était Eli Whitney,
inventeur de l'égreneuse à coton. Son père était
l'inventeur du brise-pierre Blake utilisé dans la construction
de routes et était également l'ami et l'aide de Morse dans
les premiers jours du télégraphe. Le jeune Eli a suivi dans
des poursuites scientifiques. Il est diplômé de Yale en 1857.
Il a enseigné pendant un an dans une école privée
à Unionville, Connecticut, puis a repris ses études à
la Sheffield Scientific School. Il étudia ensuite en Allemagne
à Heidelberg sous Bunsen et Kirchhoff, à Marburg sous Kolbe,
à Berlin sous Dove et Magnus. Il avait prévu d'être
chimiste, mais a fini par devenir physicien. Entre 1866 et 1870, il enseigna
à l'Université du Vermont, à Columbia et à
Cornell. En 1870, il fut nommé premier professeur de physique à
l'université Brown de Providence.
Ce petit groupe savait que Bell travaillait sur la théorie selon
laquelle la puissance de ses instruments était proportionnelle
à leur taille. En fait, lorsque Bell a exposé ses découvertes
dans l'ancien Music Hall de Providence, il avait montré de petits
instruments à diaphragmes d'un pouce de diamètre, ainsi
qu'un plus grand doté d'un diaphragme d'un pied. Les plus petits
avaient parfaitement reproduit la musique, mais pas parfaitement la voix
humaine.
Alexander Graham Bell avait breveté son téléphone
après avoir soumis un modèle brut avec sa demande le 14
février 1876. Son téléphone,avec un récepteur
maladroit pesant dix livres, il a été exposé à
l'exposition du centenaire cet été. Bell était au
courant et ennuyé par les travaux en cours jusqu'à ce qu'il
apprenne qu'ils étaient menés pour des intérêts
scientifiques plutôt que commerciaux. Après cela, bien qu'il
les appelait avec condescendance «les expérimentateurs»,
il était prêt à connaître leurs progrès.
À la fin de l'hiver ou au début du printemps 1877, à
la maison de Rowland Hazard au 45, rue Williams, où vivait le professeur
Blake, Blake assista à une démonstration du téléphone
avec l'aide de William Ely.
Le fil était tendu entre la salle de réception, juste à
l'intérieur de la porte d'entrée, et le bureau à
l'autre bout du long couloir, avec un téléphone à
chaque extrémité. Il se trouve qu'Ely écoutait le
récepteur dans le bureau, où le professeur Blake terminait
sa préparation, lorsqu'il a entendu une voix familière à
l'autre bout du fil et a dit : «Mon père vient d'entrer,
j'entends sa voix; vous l'attendiez ?
Le professeur Blake était abasourdi et ravi, car même dans
leurs envolées les plus folles, les scientifiques n'avaient pas
rêvé de la possibilité de reconnaître les voix
individuelles.
Le plus gros problème avec ce téléphone était
la taille imposante du récepteur. William Ely peut être crédité
de l'idée de remplacer l'aimant en fer à cheval par un aimant
à barre de fer aimantée. Le résultat a été
ce que John Peirce l'a appelé le «butterstamp»
en raison de sa ressemblance avec un ustensile ménager alors utilisé
pour estamper des motifs sur des morceaux de beurre. Ce récepteur
a également produit des tonalités plus claires. Walter Lee
Munro se souvint du matin de mai 1877 lorsque les descriptions et les
illustrations du téléphone de Bell parurent dans le Providence
Journal :
Le Prof. Blake entra dans la salle de conférence dans un état
de grande excitation, une copie du papier à la main et s'adressa
essentiellement à la classe comme suit: Messieurs, vous avez vu
l'annonce du téléphone du professeur Bell dans le journal
de ce matin. Vous connaissez tous l'instrument; certains d'entre vous
les ont eux-mêmes fabriqués. Je veux vous dire qu'il y a
quelque temps, le professeur Bell est venu de Boston pour comparer des
notes avec le professeur Peirce, le Dr Channing et moi-même. Il
nous a dit qu'il avait maîtrisé le principe du téléphone
mais qu'il n'avait pas été en mesure de concevoir un récepteur
qui ne soit pas trop encombrant à utiliser. Nous lui avons montré
notre récepteur que vous connaissez tous. Je vous demande de comparer
cela avec celui du professeur Bell, comme illustré dans le journal
aujourd'hui. C'était l'heure de triomphe du professeur Blake, car
il savait que la classe savait de quoi il parlait .
Pour Bell vendre le téléphone est la conséquence
logique de son invention, il partagera les droits avec ses deux associées,
Watson et Hubbard.
Une nouvelle répartition sera effectuée pour donner 10%
à Watson à condition qu'il quitte son emploi chez Williams
pour se consacrer à la fabrication des appareils téléphoniques.
Il hésita et finit par acccepter la proposition car à cette
époque, chez Williams Watson ne gagnait qu'un salaire de compagnon
de 3,00 $ par jour et attendait en vain de devenir contremaître.
Hiver 1876-77 la fortune des assoiés
ne suffit plus à soutenir le rythme de fabrication, Hubbard
voulu offrir les droits sur le téléphone à Western
Union pour 100 000 dollars, offre que la Western Union refusa.
Parmi les premierès
installations en 1877, on trouve trace de Alfred Galpin,
un banquier dAppleton, qui fit construire une ligne téléphonique
entre son domicile et son bureau et selon certaines informations, il serait
le premier téléphone dans le Wisconsin.
Le pharmacien L. N. Benoit a ensuite installé des téléphones
dans son magasin, lui permettant de se connecter aux cabinets de médecins.
Platteville a aussi rivalisé avec Appleton , Richard Valentine
crée une ligne privée pour lui-même et une pour son
frère à Janesville en 1877.
En 1878, Benoit installe un standard connecté à 25 téléphones
de la ville, c'était le premier standard dans le Wisconsin.
Les incursions initiales dans la téléphonie ont suivi l'exemple
de Galpin et Valentine. À Madison, la nouveauté s'est étendue
sur l'isthme. Des médecins, des avocats, des banquiers, des pharmaciens
et des commerçants sintéressaient tous aux nouveaux
moyens de communication.
Les hommes prévoyants, quelle que soit leur profession, ont également
acquis le téléphone.
Les lignes communes ont permis aux hommes importants d'une communauté
de partager des informations et de créer des espaces publics virtuels....
C'est l'endroit ou le 3 juin 1875, Alexander Graham Bell
a transmis pour la première fois la parole par des fils électriques
depuis cette pièce mansardée. À l'époque,
cette pièce se trouvait au cinquième étage d'un immeuble
appartenant à Charles Williams, Jr. au 109 Court
Street (aujourd'hui le John Fitzgerald Kennedy Federal Office Building),
à Boston. Lorsque l'immeuble fut démoli à la fin
des années 1920, chaque pièce de bois de la pièce
mansardée fut soigneusement retirée, numérotée
et notée sur des plans précis. La fenêtre fut conservée
intacte. Thomas A. Watson, l'assistant du Dr Bell, authentifia
chacun des dessins, et les poutres, les chevrons, le revêtement
et les planches de plancher furent soigneusement entreposés dans
un bâtiment de la compagnie de téléphone.
En 1959, à partir des plans originaux, la pièce fut réassemblée
dans le hall du bâtiment du siège de la New England Telephone
and Telegraph Company au 185 Franklin Street, à Boston. Elle est
ouverte au public le 3 juin, jour du 84e anniversaire de la naissance
du téléphone, la pièce apparaît telle qu'elle
était en octobre 1875, lorsque le Dr Bell préparait des
croquis et des modèles pour le premier brevet de téléphone
qui fut accordé le 7 mars 1876. Bien que le bois d'origine et les
plans de réassemblage étaient facilement disponibles, des
recherches approfondies s'avérèrent nécessaires pour
recréer la pièce telle que le Dr Bell la connaissait. La
consultation d'anciennes cartes de la ville et de dessins de bâtiments
du quartier a permis de recréer la vue depuis la fenêtre
de l'atelier. Le diorama est non seulement historiquement exact, mais
les effets de lumière permettent de présenter l'odeur telle
qu'elle apparaissait à n'importe quel moment du jour ou de la nuit.
L'établi et les étagères étaient temporaires
et n'ont été utilisés que pendant dix mois. En s'appuyant
sur le témoignage du Dr Bell dans les affaires de brevets et sur
les mémoires de M. Watson, l'établi et les matériaux
qui s'y trouvaient ont été recréés. Tous les
modèles et répliques ont été construits par
les Bell Telephone Laboratories à partir de dessins originaux fournis
par le Dr Bell. Les livres et autres documents de référenceont
été assemblés après des recherches intensives.
Parmi ceux-ci, on trouve le Standard Elocutionist de Bell, écrit
par l'oncle du Dr Bell et son père, ainsi que la Théorie
physiologique de la musique de Helmholtz en français.
Les briques composant un mur proviennent d'un bâtiment dont l'existence
est connue en 1870 et sont conformes à la déclaration de
M. Watson concernant leur couleur. Dans l'un des murs de la salle, une
vitrine à trophées présente les objets les plus importants
associés aux débuts de l'histoire du téléphone.
Parmi ces objets figurent le premier standard téléphonique
au monde exploité par ET Holmes au 342 Washington Street, à
Boston en mai 1877 et le premier téléphone commercial au
monde qui se trouvait dans la boutique de Charles Williams et était
relié au standard de Holmes. Des répliques des premiers
téléphones à transmettre la parole intelligible et
des reproductions du premier brevet de téléphone et des
plans à partir desquels la salle a été réassemblée.
Dès le début de 1877, un premier
prospectus vantait l'appareil capable de communiquer jusqu'à 20
milles. Aucune allusion n'était faite à des réseaux
d'abonnement. sommaire
En janvier 1877, alors que Bell était à
Washington pour déposer son deuxième brevet de téléphone,
il fit une démonstration du téléphone au Smithsonian
pour Joseph Henry et ses filles. Il réitéra
la démonstration le soir même, à l'invitation de Henry,
devant la Société philosophique de Washington, dont Henry
était président. À cette occasion, Henry parla de
« la valeur et du caractère étonnant de la découverte
et de l'invention de M. Bell ». Les témoignages de Henry
et d'autres scientifiques éminents contribuèrent à
asseoir la crédibilité de Bell à une époque
où sa situation financière était précaire.
Bell n'oublia pas la contribution de J.Henry. Peu de temps
après la mort d'Henry en 1878, Bell organisa un service téléphonique
gratuit pour la veuve d'Henry, Harriet, et ses filles.
Le test de la Boston Rubber Shoe Company, le 31 janvier,
s'est déroulé selon une méthode qui allait bientôt
devenir typique du format utilisé par le professeur Bell lors de
sa visite publique.
Bell à Boston et Watson à six miles de là, à
Malden, commencèrent la conversation en parlant à voix suffisamment
forte pour que les observateurs puissent distinguer les sons. Watson s'adressa
alors doucement à chacun des membres de l'équipe, répondant
tour à tour aux questions qu'ils lui posaient. Il put même
reconnaître certains de ses interrogateurs au son de leur voix.
Watson réussit également à impressionner l'assemblée
en citant divers articles de journaux, dont celui annonçant que
le prix de l'or avait clôturé la veille au soir à
New York à 105 £. Les hommes d'affaires présents
ont ainsi pu constater l'utilité du téléphone dans
leurs activités. Le point culminant est venu lorsqu'une jeune femme
de Malden, une « belle cantatrice » à la voix d'une
« douceur exquise », a commencé à chanter «
La dernière Rose d'Été » au téléphone.
Des tests réussis comme celui-ci prédisaient que le téléphone
était destiné à obtenir les « meilleurs résultats
possibles » et les offres des parties intéressées
n'ont pu qu'encourager Bell dans sa vision de l'avenir, mais elles n'ont
en rien contribué à soulager ses besoins immédiats.
Le deuxième brevet : la
box Les avocats de Bell le pressent de rédiger des spécifications
et le 15 janvier
1877, il dépose à Washington son deuxième
brevet sur le téléphone incluant les différentes
améliorations. Il lui est attribué le 30 janvier sous
le no 186 787 dont voici une
reproduction :
et
( en pdf )
Ce téléphone volumineux est une encore une boite disgracieuse
(sauf pour les collectionneurs), de plus il n'y avait pas encore de dispositif
tel qu'une sonnerie ou un avertisseur sonore pour attirer l'attention
de la personne à la réception d'un appel. Il fallait taper
fortement avec un crayon sur le diaphragme ou hurler devant l'embouchure.
Son utilisation était désagréable: il fallait prendre
la boite et crier, puis la porter à l'oreille pour écouter.
Malgré ces problèmes, Bell et son groupe ont décidé
de commercialiser entièrement l'invention. "
Photos au National Museum of Scotland" d'un appareil qui servit aux
démonstrations.
il sagissait du tout premier type de téléphone mis
en vente
Bell employa comme transmetteur un aimant aussi fort que
possible, composé, d'après leprincipe de Jamin, d'un certain
nombre de lames minces d'acier réunies en forme de fer à
cheval, comme le représente la figure ci dessous. Septembre
1877 Contrat entre Melville Bell et lhonorable Alexander Mackenzie
pour la location de deux téléphones manuels en bois et deux
téléphones en forme de boîte.
Ce téléphone ressemblant à un appareil photographique
a été le premier téléphone utilisé
dans un cadre commercial. Deux de ces appareils, en plus de deux téléphones
manuels en bois, ont été les premiers à être
loués au Canada, reliant le bureau du premier ministre Alexander
Mackenzie à Rideau Hall à la résidence privée
du gouverneur général Lord Dufferin.
Le 12 février 1877,
Bell donne une conférence téléphonée au
Lycée de Salem. assité par Thomas A. Watson, à
l'autre extrémité à Boston.
Plus tard dans la soirée du 12 février
1877, après la manifestation Henry M. Butchelder, un journaliste
du Boston Globe, téléphone son rapport à AB
Fletcher, un autre journaliste du Globe, présent à la conférence
téléphonique improvisée de Boston.
Ainsi, le premier article de journal envoyé par téléphone
a été imprimé dans le journal le lendemain matin.
Le Rutland Daily Globe a reproduit lhistoire du Boston
Globe.
Comme vous pouvez le constater dans la coupure de presse publiée
ci-dessous, le Butland Dailly Globe voyait un grand potentiel dans
la technologie téléphonique.
Voici un extrait d'une histoire de Salem Focus intitulée,
Le premier appel interurbain
Le 12 février 1877, Bell effectua le premier appel téléphonique
longue distance de lhistoire, du lycée de Salem à
Watson au Boston Globe de Boston.
Le téléphone utilisé par Bell lors de sa démonstration
était ce qu'il appelait son téléphone "Interurbain".
C'était une boîte en bois d'environ dix pouces sur dix
sur huit avec un trou à l'avant. L'appelant parle et écoute
à travers le même trou.
Thomas Watson avait mis au point un "thumper" qui était
utilisé pour signaler au récepteur l'arrivée
d'un appel.
À présent, Bell tenait l'appareil et émettait
un son de tapotement sur le diaphragme, lequel reproduisait à
son tour le même son sur le diaphragme du téléphone
de Watson à Boston.
Quelques instants plus tard, Bell entendit un son dans son téléphone
indiquant que Watson était prêt pour la communication.
Bell se pencha près de la boîte et parla dans l'appareil,
suffisamment fort pour que son auditoire l'entende : M. Watson, tu m'entends ?
Pendant un instant, la seule chose que l'auditoire entendit fut un
craquement provenant de l'appareil récepteur. Puis une voix
se fit entendre.
Oui, monsieur, je vous entends.
Une brève pause ....
Ensuite, M. Bell, je voudrais chanter une chanson pour votre public
à Salem. Es-tu prêt ?
...
Le "Télégraphique journal",
assure du reste qu'une conversation a été échangée
de cette manière entre les villes de Boston et de Salem
(Massachusetts), éloignées l'une de l'autre de 18 milles,
et, cette fois, si la chose est vraie, il n'y a plus qu'à s'incliner
devant un résultat aussi merveilleux...
Le magazine Popular Science de décembre 1906 décrit
le premier exemple de reportage téléphonique:
Alexander Graham Bell et la commercialisation du téléphone
Début février, Bell a eu un désaccord
avec son père concernant certains arrangements financiers entre
eux.
Apparemment, Alexander Melville Bell a également critiqué
la situation financière de son fils.
Le jeune Bell a rétorqué que ses affaires n'étaient
pas « embrouillées » et qu'il possédait
suffisamment d'argent pour couvrir ses dépenses. Il a expliqué
qu'il pouvait gagner de l'argent grâce à ses brevets étrangers,
mais qu'il préférait emprunter à intérêt
et utiliser ce temps pour perfectionner le téléphone. Il
a conclu : « Je n'ai pas l'habitude de mendier auprès
de vous ou de qui que ce soit d'autre. Au pire, mes brevets doivent disparaître. »
Une solution partielle aux problèmes financiers de Bell était
imminente. On lui avait demandé de s'adresser à l'Institut
Essex de Salem, une société scientifique, le 12 février
1877. Le soir de la représentation, tous les sièges étaient
combles : des hommes se tenaient dans les embrasures des portes et
les allées ne se distinguaient pas des rangées habituelles
de sièges. La démonstration fut un franc succès.
Les Boston Globs du 13 février, dans un article. Intitulé
« La première dépêche de journal à
transmettre une voix humaine », M. M. a déclaré :
« Les applaudissements fréquents et prolongés
ont montré que le public appréciait pleinement les merveilleuses
utilisations et lexpérience acquises avec ces machines.»
La première conférence dEssex a connu un tel succès
que Bell a presque immédiatement commencé à négocier
avec le secrétaire de lInstitut pour une nouvelle représentation.
Après avoir été mis gratuitement à la disposition
des membres de la Société, la seconde était de demander
une admission. Bell a spéculé que cinq cents billets à
cinquante centimes le rembourseraient pour une nuit de travail et qu'une
ou deux conférences le rendraient indépendant de ses brevets
étrangers. De plus, ces conférences le libéreraient
d'un enseignement qui ne lui rapportait que cinq dollars de l'heure. Il
a demandé à ses Fiancée : « Serait-ce
indigne de ma dignité de voler 200 $ par nuit en donnant des
conférences ? »
Des conférences de l'Institut d'Essex ont émergé,
au printemps et à l'été 1877, d'une série
de conférences publiques. L'objectif de Bell était de donner
de l'argent aux organisateurs et de prouver la praticabilité de
l'instrument. Ils ont accompli cela et bien plus encore. Les conférences
téléphoniques de Bael se tenaient généralement
dans des auditoriums, des salles de lycée ou des opéras
de différentes tailles et qualités acoustiques. Des techniques
spéciales ont été développées afin
de compenser ces deux conditions et le fait que les téléphones
étaient encore des instruments rudimentaires.
À chaque cours, trois ou quatre téléphones étaient
utilisés : l'un était placé sur la scène
et les autres étaient dispersés dans la salle, suspendus
au plafond ou fixés à des poteaux. Les fils de ces instruments
étaient reliés à un poteau télégraphique
miniature sur scène, puis à un standard téléphonique
permettant de commuter les transmissions d'un téléphone
à l'autre. Le téléphone était le plus puissant
disponible, mesurant quatorze ou quinze pouces de long et huit pouces
de large, et contenant un énorme aimant en fer à cheval.
Il était demandé aux locuteurs de crier le plus fort possible
dans l'émetteur. Par conséquent, même à une
distance considérable du récepteur, on pouvait enrouer la
voix de l'orateur, voire ne pas comprendre ce qui était dit. Pour
garantir la compréhension, « des phrases familières
étaient employées et les mots étaient connus à
l'avance ». .
Après la naissance du téléphone à
Boston, son baptême au Bureau des brevets et son accueil royal au
centenaire de Philadelphie, on pouvait supposer que la vie de Bell serait
désormais paisible et agréable. Mais comme il s'agit d'histoire,
et non d'imagination, il faut noter le fait très surprenant que
le jeune nouveau venu ne reçut aucun accueil favorable ni aucune
attention de la part du grand monde des affaires. « C'est un jouet
scientifique », disaient les commerçants. « C'est un
instrument intéressant, bien sûr, pour les professeurs d'électricité
et d'acoustique ; mais il ne peut jamais être une nécessité
pratique. Autant proposer d'installer un télescope dans une aciérie
ou d'atteler un ballon à une fabrique de chaussures. »
Le pauvre Bell, au lieu d'être applaudi, fut la cible d'une pluie
de moqueries. C'était un « imposteur », un «
ventriloque », un « excentrique qui prétend pouvoir
parler à travers un fil ». Le Times de Londres qualifia pompeusement
le téléphone de dernière imposture américaine
et donna de nombreuses raisons sérieuses pour lesquelles la parole
ne pouvait être transmise par fil, en raison de la nature intermittente
du courant électrique. Presque tous les électriciens
ceux qui étaient censés s'y connaître déclarèrent
que le téléphone était une invention impossible ;
et ceux qui ne le dénoncèrent pas ouvertement comme un canular
crurent que Bell avait découvert par hasard une utilisation bizarre
de l'électricité, qui ne pourrait jamais avoir la moindre
utilité pratique.
Bien qu'arrivé tard dans la lignée des inventeurs, Bell
dut essuyer moqueries et adversités.
L'accueil réservé à son téléphone par
le public lui fit sympathiser avec Howe, dont la première machine
à coudre fut détruite par une foule de Boston ; avec McCormick,
dont la première faucheuse fut qualifiée de « mélange
entre un char Astley, une brouette et une machine volante » ; avec
Morse, que dix Congrès considérèrent comme une nuisance
; avec Cyrus Field, dont le câble transatlantique fut dénoncé
comme « un phénomène fou d'ignorance obstinée
» ; et avec Westinghouse, traité d'idiot pour avoir proposé
« d'arrêter un train avec du vent ».
L'idée même de parler à une plaque de tôle était
si nouvelle et extraordinaire que l'esprit normal la répugnait.
Pour l'ouvrier comme pour le scientifique, c'était incompréhensible.
C'était trop étrange, trop bizarre, pour être utilisé
hors du laboratoire et du musée. Personne, littéralement,
ne comprenait son fonctionnement ; et le seul homme à proposer
une solution claire au mystère était un mécanicien
de Boston, qui soutenait qu'il y avait « un trou au milieu du fil
».
Ceux qui parlaient pour la première fois dans une "boxe telephone"
ressentaient une sorte de trac. Ils se sentaient ridicules. Agir ainsi
semblait absurde, surtout lorsqu'il fallait crier à tue-tête.
De toute évidence, le confort que pouvait procurer ce nouveau dispositif
était largement compensé par la perte de dignité
personnelle ; et rares étaient ceux qui avaient assez d'imagination
pour imaginer le téléphone comme faisant partie intégrante
de leur travail quotidien. Le banquier disait que cela pourrait convenir
aux épiciers, mais que cela ne servirait jamais au secteur bancaire
; et l'épicier disait que cela pourrait convenir aux banquiers,
mais que cela ne servirait jamais aux épiciers.
Alors que Bell mettait au point son invention à Salem, un rédacteur
en chef afficha le titre « Sorcellerie de Salem ». Le New
York Herald écrivit : « Leffet est étrange,
presque surnaturel. » Le Providence Press ajouta : « Difficile
de résister à lidée que les puissances des
ténèbres y soient, dune manière ou dune
autre, de mèche. » Et le Boston Times écrivit, dans
un éditorial ironique : « On peut désormais courtiser
sa femme en Chine aussi bien quà East Boston ; mais le plus
grave dans cette invention est le pouvoir effroyable et irresponsable
quelle confèrera à la belle-mère moyenne, qui
pourra ainsi faire entendre sa voix aux quatre coins du globe. »
En 1876, des centaines de capitalistes astucieux scrutaient
les villes américaines, cherchant avec perspicacité des
opportunités commerciales. Mais aucun d'entre eux ne proposa à
Bell d'acheter son brevet. Aucun ne se présenta pour un contrat
d'État. Et aucun parlement, ni aucun conseil municipal, ne se porta
volontaire pour offrir à la population un service téléphonique
bon marché et efficace. Quant à Bell lui-même, il
n'était pas un homme d'affaires. Dans tous les aspects pratiques
des affaires, il était aussi incompétent qu'un Byron ou
un Shelley. Il avait fait sa part, et il restait maintenant à des
hommes aux compétences diverses de s'approprier son téléphone
et de l'adapter aux usages et aux conditions du monde des affaires.
Le premier homme à entreprendre cette uvre fut Gardiner G.
Hubbard, qui devint peu après le beau-père de Bell. Lui
aussi était un homme d'enthousiasme plutôt que d'efficacité.
Il n'était ni riche ni expérimenté en affaires, mais
il était admirablement qualifié pour introduire le téléphone
auprès d'un public hostile. Son père avait été
juge à la Cour suprême du Massachusetts ; lui-même
était avocat et avait principalement exercé en droit. En
1876, c'était un homme d'apparence respectable, avec des cheveux
blancs longs et une barbe patriarcale. C'était une figure familière
à Washington et bien connue des hommes publics de son époque.
Compagnon polyvalent et divertissant, tour à tour prospère
et pauvre, et toujours optimiste, Gardiner Hubbard devint un élément
indispensable en tant que premier agent de promotion du téléphone.
Aucun autre citoyen n'avait fait autant pour la ville de Cambridge que
Hubbard. C'est lui qui avait assuré l'approvisionnement en gaz
de Cambridge en 1853, l'approvisionnement en eau potable et la construction
d'un tramway vers Boston. Il avait traversé le Sud en 1860 dans
l'espoir patriotique d'éviter la guerre de Sécession imminente.
Il avait convaincu le Parlement de fonder la première école
publique pour sourds-muets, l'école qui avait attiré Bell
à Boston en 1871. Et il avait été pendant des années
un ardent défenseur des améliorations de la télégraphie
et de la poste. Ainsi, en tant que promoteur de projets d'intérêt
général, Hubbard n'était en aucun cas un novice.
Sa première démarche pour capter l'attention d'une nation
indifférente fut de faire grand bruit. Il comprit que cette nouvelle
idée du téléphone devait être familière
au public. Il parlait téléphone jour et nuit. À chaque
voyage, il emportait deux de ces instruments magiques dans sa valise et
faisait des démonstrations dans les trains et les hôtels.
Il s'adressait à tous les hommes influents qu'il croisait. C'était
un véritable « vieux marin » du téléphone.
Aucun auditeur potentiel n'était autorisé à s'échapper.
Pour promouvoir cette campagne publicitaire, Hubbard encouragea Bell et
Watson à réaliser une série d'exploits sensationnels
avec le téléphone. Un fil télégraphique entre
New York et Boston fut emprunté pendant une demi-heure et, en présence
de Sir William Thomson, Bell envoya une mélodie sur la ligne de
380 kilomètres. « Entendez-vous ? » demanda-t-il à
l'opératrice du côté new-yorkais. « Élégamment
», répondit l'opératrice. « Quel air ? »
demanda Bell. « Yankee Doodle », fut la réponse. Peu
après, alors que Bell était en visite chez son père
au Canada, il acheta tout le fil de poêle de la ville et le fixa
à une clôture en fer forgé entre la maison et un bureau
télégraphique. Puis il se rendit dans un village distant
de 13 kilomètres et envoya des bribes de chansons et des citations
shakespeariennes sur le fil.
Un grand nombre de personnes niaient encore la transmission de la parole
par fil. Lorsque Watson discutait avec Bell lors de manifestations publiques,
certains rédacteurs en chef parlaient avec scepticisme du «
suppositif Watson ». Pour faire taire ces sceptiques, Bell et Watson
préparèrent un test très rigoureux du téléphone.
Ils empruntèrent la ligne télégraphique entre Boston
et l'observatoire de Cambridge, et y branchèrent un téléphone
à chaque extrémité. Puis, pendant trois heures ou
plus, ils maintinrent la PREMIÈRE conversation téléphonique
soutenue, chacun prenant soigneusement des notes de ce qu'il disait et
de ce qu'il entendait. Ces notes furent publiées dans des colonnes
parallèles du Boston Advertiser du 19 octobre 1876 et prouvèrent
sans l'ombre d'un doute que le téléphone était désormais
un succès.
Après cela, les événements se succédèrent
rapidement. Une série de dix conférences fut organisée
pour Bell, à cent dollars chacune, ce qui constituait la première
rémunération qu'il recevait pour son invention. Sa première
eut lieu à Salem, devant un auditoire de cinq cents personnes,
et Mme Sanders, la vieille dame maternelle qui avait hébergé
Bell à l'époque de son expérience, était fièrement
assise à l'un des premiers sièges. Un poteau fut dressé
à l'avant de la salle, soutenant l'extrémité d'un
fil télégraphique reliant Salem à Boston. Watson,
qui devint le premier orateur public par téléphone, envoya
des messages de Boston à divers membres de l'auditoire. Un compte
rendu de cette conférence fut envoyé par téléphone
au Boston Globe, qui annonça le lendemain matin :
« Cette dépêche spéciale du
Globe a été transmise par téléphone en présence
de vingt personnes, qui ont ainsi été témoins d'un
exploit jamais tenté auparavant : l'envoi de nouvelles sur une
distance de seize milles par la voix humaine. »
Cette dépêche du Globe réveilla les
rédacteurs en chef avec un sursaut inattendu. Pour la première
fois, ils commencèrent à remarquer l'apparition d'un nouveau
mot dans la langue et d'une nouvelle idée dans le monde scientifique.
Aucun journal n'avait fait la moindre mention du téléphone
pendant les soixante-quinze jours qui suivirent l'obtention du brevet
de Bell. Aucun des nombreux journalistes qui se pressaient au centenaire
de Philadelphie n'avait considéré le téléphone
comme un sujet d'intérêt public. Mais lorsqu'une chronique
fut envoyée par téléphone au Boston Globe, le monde
entier de la presse fut en émoi. Mille plumes écrivirent
le nom de Bell. Des demandes de répétition de sa conférence
lui parvinrent de la part de Cyrus W. Field, le vétéran
du câble transatlantique, du poète Longfellow et de bien
d'autres.
Étant orateur de profession, Bell sut tirer le
meilleur parti de ces occasions. Ses conférences devinrent des
divertissements populaires. Elles étaient données dans les
plus grandes salles. Lors d'une conférence, deux Japonais furent
amenés à parler dans leur propre langue, par téléphone.
Lors d'une deuxième conférence, un orchestre joua «
The Star-Spangled Banner » à Boston, et fut entendu par un
auditoire de deux mille personnes à Providence. Lors d'une troisième
conférence, Signor Ferranti, de Providence, chanta un extrait des
« Noces de Figaro » devant un auditoire bostonien. Lors d'une
quatrième conférence, une exhortation de Moody et une chanson
de Sankey furent diffusées sur la corde vibrante. Et lors d'une
cinquième conférence, à New Haven, Bell fit seize
professeurs de Yale alignés, main dans la main, et parlèrent
à voix haute un exploit qui était alors, et qui l'est
encore aujourd'hui, presque inimaginable.
Le 17 mars 1877
Encouragé par ce succès, l'inventeur multiplie les essais
et les démonstrations publiques comme celle réalisée
sur une ligne télégraphique de la compagnie sur 9 km
qui relie Boston et Malden. 3 avril 1877
- Première conversation téléphonique entre Watson
à Boston et Bell à New York, sur une ligne télégraphique;
conversation réussie mais extrêmement difficile
Le Le 26 novembre Bell, Watson
et d'autres participent à la démonstration du "Premier
appel longue distance" dans les deux sens simultanément entre
Boston et Salem, sur 16 milles de lignes de télégraphe .
Dans les deux sens veut dire émission et réception sur le
même fil télégraphique (l'autre etant la terre comme
pour l'usage du télégraphe).
Le 3 décembre Conversation
longue distance, entre Boston et North Conway, N. H., 143 milles, sur
une ligne télégraphique entre Bell, Watson, Hubbard et d'autres.
Une solution partielle aux problèmes financiers
se présenta à Bell. On lui avait demandé de s'adresser
à l'Institut Essex de Salem, une société scientifique
pour une représentation, le 12 février 1877. Le soir tous
les sièges étaient combles : des hommes se tenaient
dans les embrasures des portes et les allées ne se distinguaient
pas des rangées habituelles de sièges. La démonstration
fut un franc succès. Les Boston Globes du 13 février dans
un article Intitulé « La première dépêche
de journal à envoyer une voix humaine par fil », il
a déclaré : « Les applaudissements fréquents
et prolongés ont montré que le public appréciait
pleinement les merveilleuses utilisations et l'expérience acquises
avec ces machines.» La première conférence d'Essex
a connu un tel succès que Bell a presque immédiatement entamé
des négociations avec le secrétaire de l'Institut pour une
nouvelle représentation.
Comme la première conférence avait été gratuite
pour les membres de la Société, la seconde était
payante. Bell a spéculé que cinq cents billets à
cinquante centimes pour le rembourseraient d'une nuit de travail et une
ou deux conférences le rendraient indépendant de ses brevets
antérieurs. De plus, ces conférences le libéreraient
d'un enseignement qui ne lui rapportait que cinq dollars de l'heure. Il
a demandé à sa fiancée : Serait-il indigne de
ma dignité de gagner 200 $ par nuit en donnant des conférences ?
Les conférences de l'Institut d'Essex ont donné lieu à
une série de conférences publiques au printemps et à
l'été 1877.
Les conférences téléphoniques de Bell se déroulaient
généralement dans des auditoriums, des lycées ou
des opéras de tailles et de qualités acoustiques variées.
Des techniques spéciales furent développées afin
de compenser ces conditions et le fait que les téléphones
étaient encore des instruments rudimentaires. À chaque cours,
trois ou quatre téléphones étaient utilisés,
l'un étant placé sur la scène pour l'usage de Bell
et les autres dispersés dans la salle, suspendus au plafond ou
fixés à des poteaux. Les fils de ces instruments étaient
reliés à un poteau télégraphique miniature
sur scène, puis à un standard téléphonique
permettant de commuter les transmissions d'un téléphone
à l'autre. Le téléphone était le plus puissant
disponible, mesurant quatorze ou quinze pouces de long et huit pouces
de large, et contenant un énorme aimant en fer à cheval.
Les orateurs devaient crier le plus fort possible dans l'émetteur.
Par conséquent, même à une distance considérable
du récepteur, on pouvait entendre la voix enrouée de l'orateur
même s'il ne comprenait pas ce qui était dit. Pour garantir
la compréhension, « des phrases familières étaient
employées et les mots étaient connus à l'avance ».
Par exemple, Thomas Watson, l'assistant de Bell, criait : « Comment
allez-vous ? » Malgré sa clarté d'expression
qu'il avait développée en criant longuement et fort dans
les téléphones pendant son association avec Bell, il n'était
pas rare que son message sorte « hou hoc hoc » !
Mais le rythme était suffisant pour que le public pense avoir parfaitement
entendu les mots.
Les téléphones sur le terrain étaient reliés
par un fil télégraphique sécurisé par l'une
des principales compagnies. Bien que la conférence ait été
utile, les lignes de l'Union furent parfois endommagées. Elles
semblent avoir généralement dépendu de celles de
l'Atlantic and Pacific Telegraph Company.
Au cours de ses premières années, Bell utilisa un instrument
classique et les services d'un télégraphe professionnel,
en plus de son propre téléphone. Ce n'est que lorsque Bell
n'eut plus peur de compter sur le téléphone comme moyen
de communication.
Pour les conférences de Salem et de Providence, Bell était
en contact avec Thomas Watson, qui se trouvait à son laboratoire
d'Exetor Place, à Boston. Watson était entouré d'un
assortiment coloré de personnalités : journalistes,
musiciens, chanteurs et invités.
Les conférences duraient entre deux heures et deux heures et demie.
Bell était généralement présent. Il était
présenté par une personnalité scientifique, politique
ou culturelle de premier plan. À New York, il a été
présenté par le professeur F. A. Barnard, à Providence
par le gouverneur Lippitt, et à Boston par l'ancien gouverneur
Gaston.Parfois, la conférence était retardée en raison
de difficultés techniques.
Bell refusait de commencer avant d'être sûr d'être en
communication avec Watson. Lors de la première conférence
à l'Institut d'Essex, Bell a fait attendre son public pendant quarante-cinq
minutes, jusqu'à ce que les conditions soient réunies. À
sa sortie, le public tapait du pied et de la canne. À un moment
donné, Bell a appris que les lignes étaient inutilisables
au moment même où il s'arrêtait sur scène. Il
n'a eu d'autre choix que de continuer à parler jusqu'à ce
qu'il reprenne contact avec Watson. En conséquence, le professeur
Bell, orateur de formation et de profession, semblait mal à l'aise,
ce qui a amené un journaliste à commenter qu'il était
probablement plus à l'aise en laboratoire que sur une plateforme
de conférence.
Des difficultés techniques survenaient parfois au cours de la présentation
de Bell, le forçant à s'arrêter pour en chercher la
cause. Lorsque les problèmes étaient insurmontables, la
conférence se terminait plus tôt que prévu. Pendant
la conférence à Lawrence, dans le Massachusetts, les problèmes
étaient si importants qu'aucune manifestation n'eu lieu. Watson
avait beau crier aussi fort qu'il le pouvait, il ne pouvait pas être
entendu au téléphone. Cet échec a motivé un
journaliste à composer le poème « Whiting for
Watson », dans lequel il exprimait, entre autres, l'attitude
attendue du public envers le téléphone : Pousse un gémissement vigoureux,
Car le pain nous prendra une pierre,
Sonne ton vieux téléphone !
Sonne, frère Watson ! La performance de Bell consistait en des conférences
sur divers aspects de l'expérimentation électrique, entrecoupées
de démonstrations pratiques de ses divers instruments. Il commençait
généralement par décrire les recherches qui avaient
précédé les siennes, en reconnaissant clairement
leur contribution à Page, Reiss, Gray, Wheatstone et d'autres.
Puis Bell a donné son accord pour utiliser la musique, Watson a
commencé les démonstrations pratiques en jouant lui-même
de l'orgue ou en demandant à un assistant, Elisha Wilson, de jouer.
La musique était transmise par le système « sake-and-break »,
c'est-à-dire à chaque fois qu'une touche était enfoncée,
l'anche vibrante de l'orgue brisait et cassait le circuit électrique,
selon la fréquence de sa vibration, et produisait un effet correspondant
sur un instrument situé à l'extrémité de Bell.
Le répertoire comprenait des morceaux populaires, spirituels et
patriotiques tels que « America », « Hail
Columbia », « Mankee Doodle », « Hearer
to Thoa ». Le public réagissait avec admiration et émerveillement
à la musique d'orgue. Les journaux ont souvent qualifié
ces sons d'« étranges et surnaturels », de «
lugubres » et de « fantomatiques » et ont généralement
fait écho aux sentiments du Manchester Union, qui déclarait
: « La sensation produite par les premières notes de la pièce
était résolument « étrange » et, si la
salle avait été plongée dans l'obscurité,
nous pensions vraiment que certains seraient partis sans ménagement.
» Le professeur Bell expliquait ensuite que le principe utilisé
dans cette transmission n'était pas nouveau, mais que son application
l'était. Il pouvait servir à la transmission de nombreux
messages télégraphiques sur un seul fil. Bell commentait
le travail réalisé par Elisha Gray et Paul Latour dans ce
domaine. Il approuvait pleinement cette distinction, mais précisait
que « Le téléphone de Gray n'était qu'un simple
moyen de transmettre des sons erronés, tandis que le sien servait
à transmettre des sons vocaux, des paroles articulées ».
Bell a également expliqué qu'il considérait la transmission
de musique comme une simple curiosité et qu'il n'avait pas pris
le temps de la perfectionner. Il a donc demandé au public de bien
vouloir excuser les discordances. Il a ensuite démontré
l'application pratique du principe en faisant transmettre des « points
et des tirets audibles des notes différentes ».
Une fois cette phase de la démonstration terminée, Bell
a demandé que la batterie soit retirée de la ligne.
La conférence se poursuivit jusqu'à
ce que Bell apprenne que la batterie avait été coupée.
Il appelait alors Watson et tentait une conversation. Watson criait des
phrases telles que « Comment allez-vous ? »,
« Bonsoir » et « Que pensez-vous du téléphone ?».
Après cette conversation, Watson chantait généralement
les gammes et quelques chansons de son répertoire limité
et de son propre aveu, Thomas Watson était le chanteur par téléphone
le plus célèbre, non pas parce qu'il avait étudié
l'art du chant, mais parce qu'il l'avait maîtrisé au téléphone.
Vers la fin de la tournée de conférences de Bell, des dispositions
spéciales furent prises pour engager un chanteur professionnel
ou pour le public new-yorkais distrait. L'astuce du chant par téléphone
consistait pour le chanteur à serrer ses lèvres dans l'embouchure
aussi fort que possible et à chanter de toutes ses forces. Lorsque
Bell demandait une chanson au chanteur professionnel, Watson plaçait
l'instrument près de la bouche du chanteur et « le poursuiviait
sur la moitié de la pièce pour garder sa bouche près
d'elle, mais il reculait et ne il ne voulut pas chanter à moins
de 2,5 cm ». Le public n'entendit aucun son et Watson fut donc invité
à chanter une chanson comme d'habitude.
Les conférences comprenaient également des prestations musicales
plus élaborées. Lors de la conférence Boston-Providence,
le chanteur d'opéra Signor Brignoli a chanté des sélections
du Barbier de Séville depuis Providence par téléphone.
Un journal de Boston rapporte : « Du haut de l'embouchure, un bruit
s'échappa, comme si quelqu'un à un kilomètre de distance
était en train d'être étouffé ; puis il disparut
presque, et sa fin était incertaine, à la frontière
entre la lumière du jour et l'obscurité. » Le public
applaudissait, car « c'était formidable d'entendre Brignol
chanter à Providence alors qu'ils étaient assis au Boston
Music Hall. »
Le Quatuor suédois a connu plus de succès
à une autre occasion, mais les plus grands succès au chant
étaient généralement ceux de Watson.
Souvent, Bell invitait les responsables de la communauté présents
dans l'auditoire à s'entretenir avec Watson ou un ami. Il n'était
pas rare qu'un membre du clergé fasse partie de ceux à qui
cet honneur spécial était accordé. Lors de la conférence
de Providence, le révérend Bahrand a interviewé Watson
sur l'état du climat à Boston à l'époque et
lui a demandé s'il était au courant des résultats
des élections de la veille. À New York, le Dr Artmitage
a souhaité savoir si le téléphone pouvait être
utilisé dans le cadre de sa profession. Il était assuré
qu'il serait capable de prêcher depuis son lit de malade ou de sa
chaire à ses paroissiens paresseux.
À New York, Bell a également appelé Cyrus W. Field
au téléphone. Il a demandé à Watson l'heure
et la météo, ainsi que son opinion sur l'intervention téléphonique
de Morse. L'un des « principaux juristes » de Boston
n'a pu que « dégainer ! » lorsqu'il
a eu l'occasion de parler au téléphone.
Outre l'orgue, d'autres instruments usuels étaient utilisés
pour la démonstration du téléphone. Une fanfare était
parfois présente, mais la pratique habituelle consistait à
faire appel à un compositeur de renom. La présentation la
plus spectaculaire de ces compositeurs eut lieu lors de la dernière
conférence de la série Boston. Thomas Watson et un compositeur
étaient à Somerville, où William tenait son journal ;
Bell était à Boston avec deux compositeurs, D. W. Boardman
et M. Gordon ; et Frederick A. Gower
était à Manchester, dans le Hampshire, avec le compositeur
J. R. Lafricain. Bell demanda un air de Somerville, et celui-ci
répondit avec « American Ryan », dont la
note était merveilleusement distincte. Une conversation et des
vocalises de Watson suivirent. Vers la fin de la démonstration,
M. Boardian, à Boston, plaça sa corne au bord du téléphone
et joua au profit de Manchester. La corne de Manchester joua ensuite.
et M. Gordon à Boston a ensuite joué pour ses amis de Manchester...
Le professeur Watson fut de nouveau sollicité, et la phrase « La
Rose de Suse » était distinctement audible.
À Boston, M. Boardian a adressé son appel téléphonique
à quelques membres du public pour les inviter à monter sur
scène et, le cas échéant, à utiliser le téléphone.
Ces offres furent donc accueillies avec enthousiasme et les invités
se sont empressés de répondre. pour « l'occasion
de savourer la sensation inédite d'entendre un inconnu parler et
chanter dans une ville lointaine ».
Ils ont défilé devant l'instrument sur scène, plaçant
leurs doigts à la bouche du récepteur. Bell a conclu sa
conférence en décrivant ses propres expériences téléphoniques
et en donnant une série finale de tests qui incluent généralement
une invitation à quelques membres du public pour qu'ils montent
sur scène et utilisent eux-mêmes le téléphone.
Ces offres ont été accueillies avec enthousiasme et les
invités ont réclamé avec impatience « l'occasion
de savourer la sensation inédite d'entendre une étrange
conversation et un chant dans cette ville lointaine ».
Le public de Bell à plusieurs reprises, eu
le privilège d'assister à des dépêches téléphoniques
adressées aux journaux.
La première a été envoyée après la
première conférence de l'Essex Institute. Bell espérait
avoir la salle pour lui et les journalistes. Il a donc essayé de
décourager le public de rester après la conférence
habituelle en baissant les lumières et en débranchant les
instruments, mais une vingtaine d'entre eux sont restés et ont
vu Bell transmettre cette dépêch : "J'ai rapporté
chaque phrase à M. Watson par téléphone, et M. Watson
me l'a répétée par téléphone pour être
sûr de la comprendre". Un journaliste du Globe à Boston
a pris la dépêche de M. Watson. Il n'y a eu aucun problème
du début à la fin La dépêche a été
envoyé dans un délai bien plus court que ce qui aurait probablement
été possible avec le système Morse.
Téléphoner les dépêches des journaux lorsque
les conditions le permettaient était le dernier événement
de la soirée.
Une fois l'opération terminée, le public est parti.
Le public assistant à la conférence de Bell était
varié en taille, mais rarement en composition. Il était
composé de la meilleure société, dont une très
bonne proportion de femmes.
Les conférences de Bell se conformaient à ce format général,
mais au fil du temps, elles sont devenues plus élaborées
et des innovations ont été introduites. Une innovation majeure
a eu lieu avec la conférence de New Haven-Hartford, le 2 avril
1877. Jusque-là, Bell avait donné des conférences
devant le public principal, tandis que son assistant Watson émettait
ses cris, ses chansons et ses « thrillers » en termes
relatifs Privatisation du laboratoire.
Le 27 avril 1877, cependant, deux démonstrations majeures
ont eu lieu simultanément dans deux villes différentes.
Alexander Graham Bell était sur la scène du Stiff's Opera
House de New Haven, et Frederick A. Gower était
sur scène au Robert's Opera House de Hartford. Watson était
à égalité entre eux deux à Middletown, où
il a transmis ses cris, ses chants et ses conversations.
Frederick A. Gower avait fait partie de l'équipe
du Providence Evening Press et, à ce titre, avait assisté
à la deuxième conférence de Bell à l'Essex
Institute. Au cours de la soirée, Bell a demandé à
Gower de tester le téléphone, ce qu'il a fait en conversant
avec Watson. Ce fut un événement heureux, car Gower était
non seulement journaliste, mais aussi président du comité
des conférences du Franklin D. Roosevelt à Providence. Il
proposa, et Bell accepta, qu'une conférence soit donnée
à Providence. Ainsi commença l'association de Bell avec
le haut en couleur Frederick Gower. C'est aussi Frederick Gower qui initia
le projet de conférences téléphoniques doubles. Leur
format était essentiellement le même que celui de la représentation
unique de Bell.
Gower, gentleman aux manières affables et à la tenue agréable,
donna une brève conférence d'introduction et des explications.
Il a expliqué les principes de la téléphonie. Selon
la formation technique de chacun et peut-être son désir de
voir le téléphone plutôt que d'en entendre parler,
la conférence de « l'intellectuel » Gower n'expliquait
pas l'instrument aussi clairement qu'on le pourrait.
Gower, comme Bell, ont su tirer parti des personnalités qui assistaient
à la conférence. Il les faisait asseoir sur scène.
Où ils pouvaient être vus et, pendant la démonstration,
ils pouvaient tester les instruments eux-mêmes.
Lors de ces représentations simultanées, Bell donnait une
conférence dans la ville la plus importante, tandis que Gower «
se livrait à des escarmouches » avec la ville la moins importante,
Watson se situait toujours quelque part entre eux. Malgré la complexité
supplémentaire de la démonstration simultanée du
téléphone dans plusieurs villes, les conférences
n'en furent pas moins un succès technique.
À la fin de la conférence de Boston, un journal a commenté
: Les capacités exécutives qui ont rendu cette série
de divertissements si unique méritent pleinement un tel succès.
Des embellissements supplémentaires ont été ajoutés
aux conférences de Bell au fur et à mesure qu'il gagnait
en expérience et les présentait à des publics qu'il
considérait comme plus importants. Pour la conférence de
Boston Bell commanda un « kaléidoscope électrique
» qui rendrait visible à un large public une représentation
des vibrations électriques essentielles au fonctionnement du téléphone.
Il était convaincu que cela produirait des effets surprenants.
Bell a également commandé une série de diapositives
photo pour clarifier sa discussion sur le développement du téléphone.
Ils n'ont pas toujours atteint leur objectif. Un journaliste a trouvé
les chiffres « complexes et pas très intelligibles ».
Malgré leurs défauts, ils offraient désormais à
Bell une méthode agréable pour terminer ses conférences.
Il projetait plusieurs photos comiques sur l'écran, dissipant ainsi
les rires de son auditoire.
À Boston et à New York, où Bell donnait une série
de trois conférences, il variait légèrement son sujet
chaque soir. Le premier soir, il a donné une conférence
sur l'histoire de la recherche téléphonique et la place
de ses découvertes par rapport à celles des autres ;
le deuxième soir, il a abordé la multitélégraphie ;
et lors de la dernière conférence, il a concentré
son attention au téléphone.
À chacune de ses séances, Bell prenait le temps de discuter
des utilisations et du potentiel de développement du téléphone.
Il envisageait un système de bureau centralisé permettant
de connecter les téléphones de différents endroits
au moyen d'un commutateur. Ils seraient particulièrement utiles
au monde des affaires, car les hommes d'affaires pourraient effectuer
leurs transactions en moins de temps qu'il n'en faut pour correspondre.
Bell a spéculé que le téléphone serait loué
à la minute, mais que malgré cela, ses utilisateurs obtiendraient
plus de satisfaction en quelques minutes de conversation que par correspondance
conventionnelle. De plus, la communication téléphonique
ne laissait aucune trace, ce qui était apparemment un avantage
à l'époque. De peur que le public ne conclue que le téléphone
n'était qu'un outil professionnel, Bell mentionnait également
son usage domestique. Il supposait que les jours de mauvais temps, Mme
Smith pouvait appeler le bureau central, contacter M. Jones, le boucher,
et commander un dîner sans se mouiller. Elle pouvait établir
une connexion avec Mme Brown et passer toutes les deux « une heure
» très agréable à s'entretenir avec Mme Robinson.
Bell a fait part de sa conviction que les possibilités offertes
par ce téléphone pourraient être étendues indéfiniment.
Il a prédit qu'« à l'avenir, les télégraphes
et le téléphone seraient largement utilisés dans
les logements, au fur et à mesure que le gaz et l'eau seraient
fournis, et non plus seulement dans les maisons individuelles.
Ce premier été, Bell et Watson en avaient terminé
avec leurs conférences publiques, mais cela ne signifiait pas la
fin des conférences téléphoniques.
Elisha Gray, qui devait revendiquer la priorité
dans l'invention du téléphone, avait pris le relais pour
démontrer sa propre invention . Gray a donné une conférence
début avril à New York, précédant celle de
Bell de plus d'un mois. Le New York Times a souligné la demande
du public pour de telles performances. L'affluence au Steinway Hall hier
soir était sans précédent. Alexander Graham Bell
était parmi ceux qui se sont précipités à
la conférence. En réalité, l'intervention de Gray
tenait plus du concert que de la conférence. Son exposition téléphonique
était intercalée entre deux concerts réguliers. Par
conséquent, Gray n'a pas pu donner d'explications détaillées
sur ses recherches et le principe de son téléphone. À
cette époque, cependant, il reconnaissait à Bell le mérite
d'avoir inventé l'instrument qui transmettait la voix humaine.
À certains égards, les concerts de Gray ressemblaient à
ceux de Bell. Ses émissions provenaient d'autres villes que celle
où ils étaient reçus. Elles étaient fréquemment
entachées de difficultés techniques. Les concerts de Gray
comprenaient même de nombreuses sélections musicales identiques.
Mais la similitude s'arrêtait là, car le téléphone
de Gray ne servait qu'à transmettre de la musique par fil télégraphique.
Les concerts de Gray étaient principalement consacrés à
la présentation de « musique électrique ». Ils
ne le firent plus, car le téléphone de Gray ne pouvait pas
transmettre d'article.
Thomas Edison s'est également lancé
dans la lecture publique avec sa version du téléphone. Ses
efforts étaient plus proches de ceux de Bell, car il transmettait
non seulement de la musique improvisée, mais aussi des solos et
du chant.
Bell a été mis au défi non seulement pour l'invention
de ce téléphone, mais aussi pour sa présentation.
L'intérêt de Bell ne permettait pas à ses concurrents
dans le domaine des conférences téléphoniques de
rester incontestés. Frederick Gower a continué de le représenter
après le départ à la retraite de Bell. Il a été
qualifié pour devenir l'héritier de Bell comme conférencier
téléphonique, après s'être vu confier la gestion
des conférences lorsque Bell a conclu que les accords précédents
s'avéraient financièrement insatisfaisants. De plus, Bell
appréciait personnellement Gower.
La décision de Gower de continuer sans Bell était malvenue,
car l'été était déjà arrivé
et « le public en salle était souvent réduit ».
Il s'occupa jusqu'à ce que le climat des conférences téléphoniques
s'améliore grâce à l'obtention d'une agence générale
pour la distribution des téléphones en Angleterre. Lorsqu'il
reprit ses cours, Gower adopta certaines innovations et planifia «
Une tournée nationale ».
En janvier 1878,Frederick Gower donna
plusieurs conférences téléphoniques à Boston
et dans ses environs. Il utilisa essentiellement le même format
que lorsqu'il était associé à Bell. Il suspendit
les téléphones, expressément destinés aux
conférences, à divers endroits du public et fit intervenir
des chanteurs et des cornistes. Le point culminant de la soirée
fut la démonstration de la « Telephone Harp», un nouvel
appareil qui était généralement admis comme étant
l'émetteur téléphonique le plus efficace jamais fabriqué
.
La présentation de la « Harpe téléphonique »
par le gouvernement était à la fois dramatique et efficace.
« Les lumières seront baissées et la harpe sera
jouée à Cambridgeport. Les courants sonores seront projetés
sous forme d'étincelles brillantes, passant du feu au téléphone
sur le quai.»
Pour cette expérience « entièrement novatrice »,
Gower a utilisé des téléphones à deux mains,
déjà utilisés par le président Hayes.
Le but de cette expérience était de permettre au public
de voir et d'entendre la transmission de musique téléphonique.
Comme tout bon chef de concert, Gower a répondu aux demandes de
son public. Il a conclu ses performances en évoquant l'influence
du Téléphone sur la question dominante du moment :
les résultats ultimes de la pensée humaine et l'aboutissement
de la destinée humaine. Il a ainsi démontré que,
comme d'autres réalisations humaines, elle est en harmonie avec
un objectif intelligent et créatif, et qu'elle occupe la place
qui lui revient parmi les produits de l'esprit créatif.
La demande de téléphones à des fins
de conférences a conduit la Bell Telephone Company, nouvellement
organisée, à formuler une politique selon laquelle elle
prêterait des téléphones gratuitement ou contre une
location modique. Si un homme scientifique les souhaitait uniquement pour
une démonstration scientifique et n'en tirait aucun profit lors
des conférences, il demandait à les recevoir gratuitement.
D'autres conférenciers devaient payer pour les téléphones
qui leur étaient prêtés, leur location dépendant
de leur capacité à faire du bien aux intérêts
de Bell.
Les conférenciers téléphoniques ont eu de plus en
plus recours à des présentations plus novatrices et plus
élaborées. Un promoteur a organisé un concert qui
s'est tenu simultanément dans sept lieux différents et a
utilisé quarante et un téléphones, un nombre jamais
exploité auparavant.
Il n'a pas fallu longtemps avant que le public s'intéresse aux
conférences téléphoniques et aux concerts. Bien que
Frederick Gower ait possédé le droit exclusif, issu des
intérêts de Bell, de donner des conférences par téléphone
dans l'ensemble des États-Unis, il a été contraint
d'abandonner la plateforme de conférences pour d'autres activités
téléphoniques. Watson avait en grande partie raison lorsqu'il
se vantait que les conférences téléphoniques n'étaient
tout simplement pas rémunératrices après que Bell
et moi y ayons renoncé. Je doute que le public ait été
plus intéressé à voir Alexander Graham Bell, l'inventeur,
donner des conférences par téléphone que quiconque.
Mais de plus, à mesure que les téléphones se sont
répandus, ils ont perdu leur nouveauté, et l'intérêt
du public pour les conférences téléphoniques. Naturellement,
les conférences téléphoniques, phénomène
éphémère, et plus particulièrement le succès
de Bell en tant que conférence téléphonique, se sont
révélés significatifs à plusieurs égards.
Pour évaluer le succès de Bell, il est nécessaire
de prendre en compte les performances techniques, la réaction du
public et la rémunération financière.
Les démonstrations de Bell étaient souvent marquées
par des difficultés. Ces problèmes découlent de la
nature rudimentaire du téléphone, de la mauvaise construction
des lignes téléphoniques et de l'inévitable facteur
humain. Des rapports fréquents ont observé qu'un cornet
à pistons « n'était que faiblement audible »
ou qu'il était « difficile de dire où le son cessait
et où le silence commençait ». Les sons émis
par le téléphone étaient si insatisfaisants que les
sons étaient décrits comme une succession de soupirs et
de sifflements. Cela n'avait aucun sens pour le grand public. Dans de
telles occasions, les difficultés étaient attribuées
à des interférences climatiques ou électriques. Lors
des multiples conférences, ces difficultés se traduisaient
souvent par une meilleure réception à un endroit qu'à
un autre.
Une grande partie des interférences électriques a été
créée par des transmissions téléphoniques
circulant sur des lignes parallèles à celles utilisées
dans la démonstration téléphonique. Watson suggère
même qu'une partie de cette interférence a été
délibérément fomentée.
Après la première ou les deux premières conférences,
les télégraphistes ont trouvé, le long de la ligne,
une coupure qui faisait bourdonner leurs relais, alors que j'envoyais
le courant intermittent depuis l'orgue. Chaque station de la ligne coupait
son relais. C'est à cause de ces actions que Watson fut incapable
de transmettre un seul son pendant la conférence de Lawrence, inspirant
ainsi « En attendant Watson ». Malgré ces difficultés
techniques et d'autres, les démonstrations de Bell furent généralement
couronnées de succès. Le New York Tribune, après
avoir relevé les déficiences du téléphone
, a déclaré que « le succès de la transmission
est incontestable »,les comptes rendus des journaux attestent de
la satisfaction du public par des références répétées
à de chaleureux applaudissements.
Ses applaudissements étaient non seulement chaleureux, mais aussi
souvent involontaires, car le public réagissait aux premiers sons
d'orgue. Le Mirror et American ont incarné la réactivité
de la presse face aux conférences téléphoniques de
Bell lorsqu'ils ont rapporté :
La soirée a été défavorable en raison de l'humidité,
mais si de tels résultats peuvent être obtenus dans des circonstances
défavorables, au tout début de l'invention, à quoi
peut-on s'attendre lorsqu'elle sera perfectionnée ?
Le degré de réussite financière de Bell est moins
clair.
Dès le début, Bell s'est toujours montré optimiste
quant à l'argent qu'il espérait tirer de ses conférences.
Il avait raison de penser que le succès de la première conférence
de l'Essex Institute pourrait conduire à d'autres conférences
dont il espérait qu'elles lui apporteraient quelque chose. Sa première
conférence rémunérée, la deuxième de
l'Essex Institute, lui a rapporté 149 $ de plus que ses frais,
et il a rapidement commencé à demander 200 $ par conférence.
Bien que la conférence de New Haven à Hartford se soit avérée
être une innovation réussie, elle s'est également
avérée être un « échec financier ».
L'organisateur a perdu 184 $ parce qu'il a été contraint
de rembourser des billets à Hartford. Apparemment, le public de
Hartford a été soit mal compris, soit mal informé
sur l'emplacement de Bell : il était à New Haven, et
non à Hartford.
En fait, le public était souvent plus restreint à la conférence
de Gower. Sous la direction du nouveau directeur de Bell, Frederick Gover,
la situation allait changer, et ce fut le cas, du moins pour la première
conférence de Boston, que Bell proclama comme un succès
financier et « à tous égards ».
L'optimisme de Bell s'est avéré prématuré,
car les trois conférenciers de Boston n'ont gagné que 150
$ de plus que leurs dépenses. C'était loin des 1 200 $ à
3 000 $ qu'il estimait recevoir d'eux en avril. Face à une telle
déception, Bell a négocié avec George Vanderlip,
un promoteur new-yorkais, moyennant des frais de 200 $ par conférence
et la moitié des bénéfices restants pour une série
de cette série.
L'accord de Bell avec Vanderlip était bon, car la première
conférence à New York fut un échec en nombre, et
trois cents billets durent être donnés pour la deuxième
conférence. Gardiner Hubbard lui-même a distribué
une centaine de billets à des personnalités éminentes,
dont le premier maître, le surintendant des chemins de fer, le président
de l'Union Pacific Railroad, le président de l'Adams Express Company,
et d'autres. La faible fréquentation peut être due au prix
d'entrée élevé et à la gestion défectueuse
des affaires, comme l'a accusé le Journal of the Telegraph, à
l'inefficacité de Gower en tant que directeur, ou parce que, comme
M. Hubbard l'avait écrit depuis New York presque un mois plus tôt,
« l'intérêt s'est complètement éteint.
La curiosité est satisfaite. »
Même si Alexander Graham Bell a pu être déçu
par les résultats financiers de ses conférences, comparés
à ces attentes optimistes, elles ont néanmoins rapporté
les premiers revenus qu'il a tirés du téléphone.
Les conférences ont peut-être aussi influencé la décision
des Hubbard de ne pas retarder le mariage de leur fille avec Bell. Au
milieu des conférences de Boston, ils pressèrent Bell d'épouser
Mabel et de participer à ses tournées de conférences
afin de pouvoir s'occuper de lui. La vente d'une partie de son brevet
anglais à Juno pour 5 000 $ rendit le mariage possible.
Les démonstrations et conférences téléphoniques
avec leurs participants et leur publicité contribuèrent
à créer une demande supplémentaire de téléphones
et de lignes téléphoniques. Conscient de cet effet, Gardiner
Hubbard a ordonné à Bell, après la première
conférence de l'Institut d'Essex, d'attendre une nuit avant de
la répéter, de peur de stimuler prématurément
une demande de téléphones qui ne pouvait être satisfaite
à l'époque. Mais la conférence a suscité une
« forte demande», Watson a dû abandonner la tournée
pour accélérer la fabrication des téléphones.
Les cours ont interféré avec les travaux
de laboratoire de Bell et Watson, mais l'utilisation du téléphone
dans les cours a également créé de véritables
conditions de travail et a ainsi contribué au développement
du téléphone en tant qu'instrument de travail pratique.
On a le sentiment que, durant cette période de sa vie, Bell était
avant tout en quête de reconnaissance. Il était non seulement
en difficulté financière, mais aussi éclipsé
par la richesse et le statut de ses futurs beaux-parents. Les conférences,
arrivées au bon moment, semblent avoir comblé un besoin
émotionnel. En témoigne le revirement de Bell sur son jugement
selon lequel le jour le plus fier et le plus heureux de sa vie fut l'occasion
de sa première conversation téléphonique en faveur
du soir où il a informé l'Académie américaine
des arts et des sciences de ce succès et a été applaudi,
« la seule conférence qui ait jamais été applaudie
». Il était également ravi lorsqu'il a appris son
élection à cette prestigieuse institution. « Être
membre a été un atout pour les deux dernières années,
au sommet de mon adhésion. » Les conférences ont fait
de lui une célébrité suffisante pour qu'il soit assiégé
par les chasseurs d'autographes.
L'impact des revenus de ces conférences sur ses besoins financiers
immédiats et, par conséquent, sur le développement
de l'activité téléphonique était d'une importance
plus cruciale que la promotion du téléphone ou la guérison
complète des troubles psychiques de Bell. Les conférences
et leurs avantages lui ont permis d'examiner plus attentivement les propositions
commerciales concernant l'avenir de la téléphonie commerciale.
Les avantages de ces conférences lui ont fourni une source de financement
alternative, certes temporaire, mais qui a rencontré un problème
dans les négociations.
De plus, l'argent de la conférence a soulagé Mme Gardiner
Hubbard de la pression qu'elle exerçait auprès de Bell pour
vendre des téléphones.
Mme Hubbard était favorable à la demande de Bell pour la
main de sa fille et, réalisant que le manque d'argent empêchait
son mariage, elle a finalement défendu avec acharnement le projet
de construire des téléphones par des milliers de personnes,
aussi imparfaites soient-elles, et de les vendre. Si elle avait été
à la hauteur de ces conférences, Mme Hubbard aurait sans
aucun doute soutenu son point de vue.
Par conséquent, la politique de location de téléphones,
avec tous ses avantages, était une option disponible ultérieurement.
Mme Hubbard apportait sa contribution en proposant des téléphones
à des gens, y compris au président de l'Union Pacific Railroad.
À son retour à Boston, Bell reçut lui-même
deux messieurs de Detroit qui vinrent lui faire une offre pour le téléphone.
D'autres essais réussis ont suscité des articles dans les
journaux, comme celui du Boston Daily Advertisement, qui annonçait :
« Désormais, tout ce qui est nécessaire pour
communiquer entre les endroits les plus éloignés, c'est
simplement une ligne de fils et de téléphones.» Ce
type de publicité a stimulé encore plus d'offres.
Cette décision de louer plus cher que de vendre était d'une
importance capitale car elle a abouti à l'unité et à
l'universalité du service téléphonique.
Les répercussions de la décision de Bell de devenir conférencier
public se sont donc fait sentir longtemps après quil ait
cessé de donner des conférences sur son invention.
L'intérêt commercial pour le téléphone s'est
développé dès cette dernière partie de 1876,
avant même qu'Alexander Graham Bell n'ait contribué à
faire connaître son invention par une tournée de conférences.
Au milieu de ses difficultés personnelles et financières,
il fut heureusement assiégé par un grand volume de messages
composés de « lettres d'étrangers, de lettres d'affaires,
de lettres téléphoniques de toutes les régions du
pays, d'offres d'achat du téléphone, d'offres de droit de
les utiliser dans certaines régions du pays ».
En réponse à l'amélioration de l'état du téléphone
et à sa propre condition personnelle, ainsi qu'à l'intérêt
croissant, Bell a préconisé une application commerciale
immédiate de son invention. Après réflexion, il a
reconsidéré sa position et a adopté une politique
plus prudente. Bien que Bell croyait que le téléphone pouvait
être utilisé avec de bons résultats, il estimait néanmoins
que son état actuel n'était pas le meilleur pour être
placé devant le public payant : « Je pense moi-même...
qu'il est préférable de continuer à perfectionner
tranquillement la meilleure forme d'appareil avant de faire quoi que ce
soit de pratique avec. » À l'aube de la nouvelle année
1877, Bell continuait de recevoir des demandes et des offres pour son
téléphone. Certaines de ces demandes provenaient sans doute
de particuliers curieux d'une nouveauté.
Nombre d'entre eux, cependant, étaient des hommes d'affaires intéressés
par l'adoption du téléphone à des fins commerciales.
Tels étaient deux hommes qui avaient voyagé de Detroit pour
voir Bell à Easton, puis Gardiner Hubbard à Washington.
Ces deux hommes d'affaires représentaient une entreprise de télégraphie
de district dont l'activité principale consistait à fournir
des messages sur demande transmise par voie télégraphique.
Peut-être ont-ils apprécié l'impact dévastateur
que le téléphone aurait sur cette catégorie d'entreprises
de télégraphie s'il était à la hauteur de
sa réputation de pouvoir transmettre des messages précis.
Si tel était le cas, leurs plus grandes craintes (ou espoirs) auraient
dû se confirmer après avoir assisté à une démonstration
réussie du téléphone. Certaines des premières
propositions commerciales sont directement issues des expériences
et démonstrations de Bell. Le directeur du service télégraphique
de l'Eastern Railroad a été impressionné non seulement
par le succès de ces tests auxquels il a participé, mais
aussi par le fait qu'il recevait déjà « un nombre
important de candidatures pour des téléphones ». Dans
au moins un cas, le désir d'exploiter commercialement le téléphone
a incité les parties intéressées à accorder
à Bell toutes les facilités nécessaires à
ses expériences électriques.
Les demandes de renseignements et les offres sont devenues si nombreuses
que Bell a fait imprimer une carte postale renvoyant toutes les personnes
intéressées à son associé Gardiner G. Hubbard.
Gardiner Hubbard a consacré une attention croissante à la
commercialisation du téléphone, rencontrant des agents téléphoniques
potentiels et évaluant diverses propositions. Mme Hubbard elle-même
a aidé en faisant une démonstration du téléphone
à des connaissances influentes, dont le président de l'Union
Pacific Railroad. Au vu de ces développements, Gardiner Hubbard
s'est montré impatient de présenter le téléphone
au public. Il a demandé l'avis d'expert de Watson sur l'état
technique du téléphone, ajoutant : « On
a tellement parlé du téléphone qu'il est extrêmement
important de le préparer le plus rapidement possible afin que nous
puissions suivre le courant. » Une partie du retard est due
au désir persistant de Bell de perfectionner davantage le téléphone.
Selon lui, le téléphone fonctionnerait parfaitement sur
des lignes courtes de quarante ou cinquante milles et pourrait donc être
disponible pour une utilisation immédiate, mais « il serait
préférable de bien tester l'instrument de toutes les manières
possibles, avant de le mettre entre les mains du public. »
Le 2 mars 1877, la décision d'introduire le téléphone
était enfin prise. professionnellement.
Sa première application pratique a eu lieu un mois plus tard avec
l'ouverture de la première ligne téléphonique extérieure.
Le 4 Avril
1877 , une ligne de trois milles de long
a été mise en service entre le bureau de Boston de M. Charles
Williams, Jr., et son domice 1,
rue Arlington, à East Somerville, dans le Massachusetts, à
environ 8 km. du laboratoire de Boston.
Peu après son arrivée à
Somerville, Williams
avait commencé à travailler dans la fabrication de télégraphes,
ouvrant finalement sa propre usine et son bureau à Boston. Déménageant
au 109 Court Street en 1862, son entreprise fournit des équipements
aux grandes entreprises de télégraphe et constitue également
le lieu de la recherche et des inventions ouvert à tous les pionniers
comme Bell, Edison ... Watson était un des employés qui
collaborait avec Bell comme on l'a vu précedement. Williams était
impatient d'essayer la nouvelle invention réalisée par Bell
et Watson
Modèle Bell installé :
Recepteur Emetteur ou Transmetteur
En France voici ce que rapparte le Journal télégraphique
de septembre 1877 :
Les résultats ainsi obtenus ont encouragé
un riche particulier, M. Williams, à faire établir
entre ses propriétés la première ligne expressément
affectée à la téléphonie. Cette ligne
dont l'étendue est de 8 kilomètres fonctionnerait très-bien
et permettrait d'entretenir à cette distance une conversation
aussi facilement que si les interlocuteurs se trouvaient dans la même
pièce.
Les hommes de Williams ont érigé cette ligne entre Williams
Shop et au 5 Exeter Place. C'était 12 fils galvanisés,
d'un demi-mille de long qui couraient sur les sommets des maisons.
Cette ligne resta constamment utilisée jusqu'à son abandon
en juillet 1877.
Watson passa des heures la nuit à écouter les courants
parasites sur cette ligne avec les récepteurs primitifs
Quant aux dispositions de l'appareil téléphonique de
Bell, voici la description qu'en donne M. Cardarelli dans L'Elettricista
(tome lor, page 56).
« L'appareil transmetteur se compose essentiellement d'un petit
tube en laiton, d'un diamètre de 7cm. Une des ouvertures est
fermée par une membrane tendue extrêmement mince au milieu
de laquelle est collé à l'extérieur un petit
disque de fer doux de forme ronde ou allongée. Ce petit disque
est placé tout près des pôles d'un électro-aimant
à une distance que des vis micrométriques permettent
de régler à volonté. L'appareil est disposé
de façon qu'on puisse parler dans le tube. Le fil de la bobine
de l'électro-aimant communique avec la ligne et par celle-ci
avec le récepteur à l'autre station. Le récepteur
est également très-simple ; il se compose d'un électro-aimant
à une seule bobine, enfermé dans un tube de fer qui,
entre autres fonctions, a pour effet de condenser l'intensité
du champ magnétique. L'ouverture du tube de fer est fermée
par une feuille de fer doux très-mince fixée par un
seul point au tube qui dans toutes ses autres parties peut vibrer
librement.
...
Malgré les beaux résultats obtenus de nos jours avec
la téléphonie, il nous paraîtrait encoire prématuré
de se prononcer dès maintenant sur son application pratique
et durable. L'avenir nous dira prochainement, sans doute, si ce nouveau
mode de communication électrique est appelé à
sortir des limites des succès de cabinet et des expériences
de curiosité, pour entrer dans le domaine plus vaste de l'exploitation
pratique qui subirait alors une transformation radicale.
Il sagit
du premier circuit téléphonique construit aux États-Unis.
Très lentement,
ces conférences et l'activité infatigable de Hubbard repoussèrent
le ridicule et l'incrédulité ; et, au cours du joyeux mois
de mai 1877, un certain Emery arriva au bureau de Hubbard, venant de la
ville voisine de Charlestown, et loua deux téléphones pour
vingt dollars réels la première somme jamais payée
pour un téléphone. C'était le premier signe, faible,
qu'une nouveauté comme le téléphone pouvait s'établir
; et jamais aucune somme n'avait paru plus précieuse que ces vingt
dollars à Bell, Sanders, Hubbard et Watson. C'était le maigre
premier fruit de la fortune.
Fortement encouragés, ils rédigèrent une petite circulaire
qui fut la première publicité pour le téléphone.
Ce document, d'une simplicité étonnante aujourd'hui, était
pourtant surprenant pour un esprit de 1877. Il affirmait modestement que
le téléphone était supérieur au télégraphe
pour trois raisons :
(1) Aucun opérateur qualifié n'est requis, mais une communication
directe peut être établie par la parole sans l'intervention
d'une tierce personne.
(2) La communication est beaucoup plus rapide, le nombre moyen de mots
transmis en une minute par le sondeur Morse étant de quinze à
vingt, par téléphone de cent à deux cents.
(3) Aucune dépense n'est nécessaire, ni pour son fonctionnement
ni pour sa réparation. Il ne nécessite ni batterie ni mécanisme
complexe. Son économie et sa simplicité sont inégalées.
À cette époque, la seule ligne téléphonique
au monde reliait l'atelier des Williams à Boston au domicile de
M. Williams à Somerville.
Mais en mai 1877, un jeune homme nommé E.T. Holmes, qui dirigeait
une entreprise d'alarmes anti-intrusion à Boston, proposa de relier
quelques téléphones à ses lignes. Ami et client de
Williams, il suggéra ce projet, mi-blague, mi-sérieux. Hubbard
saisit rapidement l'occasion et prêta aussitôt une douzaine
de téléphones à Holmes. Sans demander la permission,
Holmes se rendit dans six banques et installa un téléphone
dans chacune d'elles. Cinq banquiers ne protestèrent pas, mais
le sixième, indigné, ordonna de retirer « ce jouet
». Les cinq autres téléphones pouvaient être
reliés par un commutateur dans le bureau de Holmes, et ainsi naquit
le premier central téléphonique, minuscule et rudimentaire.
Il fonctionna là pendant plusieurs semaines, servant de système
téléphonique le jour et d'alarme anti-intrusion la nuit.
Les banquiers ne payèrent rien. Ce service leur fut offert à
titre d'exposition et de publicité. La petite étagère
avec ses cinq téléphones ne ressemblait pas plus aux merveilleux
centraux d'aujourd'hui qu'un canot à un Cunarder, mais c'était
incontestablement le premier endroit où plusieurs fils téléphoniques
se rejoignaient et pouvaient être unis.
Croquis d'artiste du bureau privé de Charles Williams.
dans le bureau de son usine au 109, rue Court à Boston, Massachusetts
.
Dans cette scène, E.T.Holmes
regarde Williams qui parle avec son téléphone.
En
mai 1877, un ami de C.Williams,
du nom de E. T. Holmes,
qui comme on vient de le voir, exploitait une entreprise dalarme
antivol à Boston, proposa de relier quelques téléphones
pour l'usage de ses fils,
Holmes était un ami et client de Williams et a lui suggéré
ce plan moitié plaisanterie et moitié sérieux.
Hubbard n'a pas tardé à saisir cette occasion et
a immédiatement prêté à Holmes une douzaine
de téléphones.
Sans demander la permission, Holmes se rendit dans six banques et
y installa un téléphone.
Cinq banquiers ne protestèrent pas, mais le sixième
ordonna indigne de faire sortir "ce jouet".
Les cinq autres téléphones pouvant être connectés
via un commutateur dans le bureau de Holmes, est ainsi né le
premier standard téléphonique minuscule et grossier.
Il fonctionnait pendant plusieurs semaines comme système téléphonique
le jour et comme alarme anti-effraction la nuit. Aucun argent n'a
été demandé aux banquiers. Le service rendu était
sous forme d'exposition et de publicité. .
Donc le premier client au monde, Roswell
C. Downer, banquier à Salem, le 1er mai 1877,
a été relié sur une ligne privée entre
son bureau au State Street à Boston et sa résidence
au 170 central Street .
Mais le premier client payant sera James Emery, le 30 mai
1877, pour 20 dollars sur un bail d'un an.
Les 20 dollars, Williams les mis dans sa poche pendant un moment jusqu'à
ce qu'il puisse demander à Gardiner Hubbard quoi faire, car
à cette époque, seule une «association de brevets»
existait, il n'y avait pas encore de socièté commerciale
déclarée.
Un son audible "Thump"
d'ou le nom de "Thumper".
Pour remédir au soucis de la signalisation, les téléphones
de cette ligne étaient équipés du développement
alors tardif connu sous le nom de "Thumper" de Watson.
Dans ce dispositif, un petit marteau était monté à
l'intérieur du téléphone de telle manière
que le fait d'appuyer sur un bouton à l'avant du boîtier
amènerait le marteau à frapper le bord du diaphragme.
Le seul avantage que ce système avait sur la méthode
du crayon était d'éviter les blessures au diaphragme.
Lorsque l'appelant voulait lancer un appel, il appuyait sur
le bouton (à gauche ) sur le devant, ce qui a fait que le battant
heurte le diaphragme en fer. Les vibrations engendraient une grande impulsion
dans la bobine, qui se rendrait au téléphone de la partie
réceptrice et générerait un "coup" fort dans
son diaphragme, appelant la partie réceptrice au téléphone.
En 1877, Boston était l'épicentre de l'innovation.
Latelier délectricité de Charles Williams
Jr, à Boston, comme nous l'avons déjà cité,
fabriquait des instruments de télégraphe, mais était
également le lieu de prédilection des innovateurs et des
inventeurs.
En 1877, lactivité dalarme de la Holmes
Burglar Alarm Company a grandi et sest
étendue à dautres villes.
Elle sétait développée à un point tel
que latelier Williams ne pouvait plus accueillir le volume daffaires
de Holmes.
De nouveaux ateliers ont donc été aménagés
pour la fabrication d'armoires et d'appareils électriques .
COMMENT RELIER LES ABONNES ENTRE EUX ?
Il faut se souvenir pour comprendre la suite que : 1 - Le
brevet d'alarme qui avait été brevetée en 1853 par
le révérend Augustus Russell Pope (18191858) de Somerville,
dans le Massachusetts. a été acquis par Edwin Thomas
Holmes pour 1500 USD et a fabriqué l'appareil dans son usine
de Boston, dans le Massachusetts. Il a commencé à les vendre
en 1858.
La HolmesBurglar Alarm Company
va se développer rapidement sur New-York et Boston.
Au début, les gens avaient peur et étaient sceptiques quant
à l'utilisation de l'électricité pour les alarmes,
et l'entreprise ne s'est pas bien développée.
C'est pourquoi, en 1859, à la recherche d'un marché nouveau
et plus vaste, Holmes déménage son entreprise à New
York, qui est alors perçue comme un lieu où "tous les
cambrioleurs du pays ont élu domicile".
En 1866, Holmes installe 1 200 alarmes sonores et commence à commercialiser
avec succès auprès des entreprises. Et en 1877, il établit
le premier réseau d'alarmes surveillé par une station centrale
à New York et envoya son fils installer et développer ce
système à Boston. Edwin Thomas a cependant découvert
que le réseau pouvait utiliser les câbles téléphoniques
préexistants au lieu de poser les siens. De cette manière,
il a rapidement assemblé un réseau de 700 alarmes, que son
père a ensuite imité à New York. 2 - que en 1863, sur ce type
de réseau (télégraphique-alarme), Edward A. Calahan
invente un nouvel usage pour la bourse et a créé
la Gold and Stock Telegraph Company en 1867
pour exploiter cette technologie.
Gold and Stock a mis au point un système
de messagerie qui envoie des instructions à destination
de la bourse.
Trois ans plus tard, le président de la Gold and Stock Telegraph
Company s'est réveillé en surprenant un cambrioleur
dans son domicile, ce qui l'a inspiré pour créer un
système d'alerte basé sur le télégraphe.
Ce système a permi de connecter 50 de ses voisins à
une station centrale où toutes les boîtes d'alerte étaient
surveillées.
Il existait de nombreuses petites entreprises de distribution télégraphique
aux États-Unis au 19ème siècle.
En 1874, 57 entreprises de distribution télégraphique
de district se sont affiliées et sont devenues "l' American
District Telegraph".
(Nous le verrons plus tard qu'avec l'augmentation de l'utilisation
du téléphone à la fin du 19ème siècle,
l'activité de messagerie d'ADT
a lentement décliné en popularité. ADT a essayé
de se diversifier et de développer son activité de signalisation,
tout en maintenant son activité de télégraphe
en tant que principale source de revenus. ADT sera intégrée
à Western Union en 1901 et a séparé son activité
de messagerie de son activité principale de signalisation à
cette époque. En 1909, Western Union et ADT passèrent
sous le contrôle de l'American Telephone & Telegraph Company
(AT & T). ADT a commencé à s'étendre dans
de nouveaux domaines, tels que les alarmes incendie et les alarmes
de sécurité, entre 1910 et 1930, mais a été
maintenu à l'écart du secteur des alarmes Holmes d'AT
& T. ADT est devenue une société cotée en
bourse dans les années 1960 )
1877 Holmes connecte le nouveau téléphone Bell à
son système dalarme et le tout premier central téléphonique
au monde voit le jour :
L'année suivante, le bureau central des alarmes Holmes à
Boston est devenu le premier central téléphonique, les fils
du système d'alarme aériens étant utilisés
à des fins téléphoniques pendant les heures ouvrables.
Le premier standard était une affaire simple, desservant seulement
une poignée d'abonnés.
Le bureau de New York remplissait la même fonction.
Charles Glidden, un télégraphiste de lépoque,
a assisté à une conférence de Bell à Huntington
Hall, à Lowell. Glidden était inspiré et croyait
que la téléphonie était une progression logique de
la télégraphie.
Peu de temps après, le standard de Holmes a attiré l'attention
du monde entier, ce qui a incité Glidden à rendre visite
à la société de distribution téléphonique
Holmes.
Holmes écrira dans son livre, «A Wonderful Fifty Years»;
Glidden, un opérateur télégraphique, est entré
et est ensuite rentré chez lui avec les droits de Lowell dans sa
poche . Charles Jasper Glidden était un pionnier du téléphone
américain, un financier.
Charles Glidden venait de démontrer la faisabilité dun
standard téléphonique pouvant gérer 50 lignes téléphoniques.
en 1880 le Lowell Telephone Exchange a ouvert ses portes
et a été le premier central du Massachusetts à être
connecté « longue distance » à la Boston Telephone
Dispatch Company de Boston, MA.
Finalement, le Lowell Telephone Exchange, ainsi que la Boston Telephone
Dispatch Company, se sont transformés en The
New England Telephone and Telegraph Company.
Holmes retira ses téléphones des banques et lança
une véritable affaire de téléphonie auprès
des compagnies de messagerie express de Boston.
Mais à cette époque, déjà plusieurs centraux
avaient été ouverts pour les affaires courantes, à
New Haven, Bridgeport, New York et Philadelphie. Un homme du Michigan
était également arrivé, qui avait eu l'audace de
demander une agence d'État : George W. Balch, de Détroit.
Il fut si bien accueilli que Hubbard lui accorda avec joie tout ce qu'il
demandait : un droit perpétuel sur tout l'État du Michigan.
Balch n'eut pas à payer un centime d'avance, sauf son billet de
train, et, bien avant d'avoir atteint l'âge de plusieurs années,
il avait vendu son bail pour une belle fortune d'un quart de million de
dollars, honnêtement gagnée grâce à son initiative
et à son esprit d'entreprise.
Puis nous verrons par la suite que la New England Telephone and Telegraph
Company a été créée le 12 février 1878
par des investisseurs des États du Massachusetts et de Rhode Island
à la demande d'un agent de Gardiner Greene Hubbard , le beau-père
de l'inventeur du téléphone Alexander Graham Bell .
Le 17 février 1879, la New England Telephone and Telegraph fusionna
avec la Bell Telephone Company (fondée sur la base de brevets potentiellement
précieux) pour former la National Bell
Telephone Company, date à laquelle Theodore Vail prit
la relève. La National Bell Telephone Company fusionnera avec d'autres
le 20 mars 1880 pour former l' American Bell
Telephone Company ....
En août, alors que le brevet de Bell avait seize mois, 778 téléphones
étaient en service. Pour Hubbard, optimiste, cela semblait être
un succès. Il décida que le moment était venu d'organiser
l'entreprise et créa donc un accord simple qu'il baptisa «
Bell Telephone Association ».
Cet accord accordait à Bell, Hubbard et Sanders trois dixièmes
chacun des brevets, et à Watson un dixième. IL N'Y AVAIT
PAS DE CAPITAL. Il n'y en avait pas à acquérir. Les quatre
hommes détenaient alors un monopole absolu sur le marché
du téléphone ; et tous les autres étaient tout à
fait disposés à le leur accorder.
Le seul homme qui avait de l'argent et osait miser sur l'avenir du téléphone
était Thomas Sanders, et ce n'était pas principalement
pour des raisons professionnelles. Lui et Hubbard étaient attachés
à Bell principalement par sentiment, car Bell avait débarrassé
le jeune fils de Sanders de son mutisme et allait bientôt épouser
la fille de Hubbard.
De plus, Sanders ne s'attendait pas, au départ, à avoir
besoin d'autant d'argent. Il n'était pas riche. Son entreprise,
qui consistait à découper des semelles pour des fabricants
de chaussures, ne valait à aucun moment plus de trente-cinq mille
dollars. Pourtant, de 1874 à 1878, il avait avancé les neuf
dixièmes des fonds dépensés pour le téléphone.
Il avait payé le loyer de Bell, le salaire de Watson, les dépenses
de Williams et le coût de l'exposition du Centenaire. Les cinq mille
premiers téléphones, et plus encore, furent fabriqués
avec son argent. Et tant de longs et coûteux mois s'écoulèrent
avant que Sanders ne trouve un soulagement, qu'il fut contraint, bien
contre sa volonté et son sens des affaires, d'étirer son
crédit au bord de la rupture pour aider Bell et le téléphone.
Désespérément, il signa note après note jusqu'à
ce qu'il se retrouve avec un total de cent dix mille dollars. Si le nouveau
« jouet scientifique » réussissait, ce dont il doutait
souvent, il deviendrait le citoyen le plus riche de Haverhill ; et sil
échouait, ce quil craignait profondément, il serait
en faillite.
Pendant
ce temps en avril 1877,
Blake et Pierce
construisirent le premier téléphone portable conçu
par Peirce.
Il était fait de deux blocs de bois, dont l'un avait une embouchure
conique de deux pouces et un trou en son centre, L'autre bloc de bois
cubique, contenait un aimant en fer à cheval composé de
deux aimants permanents. Il y avait une plaque de tôle éffleurant
une bobine de fil isolé placée en son centre. (bobine de
petit calibre pour capter les sons) . Les courants électriques
générés par la bobine de fil étaient générés
par les vibrations de la voix d'une personne parlant devant l'embouchure.
Il pesait environ douze onces et pouvait être tenu dans une main.
Selon les procédures de la Rhode Island Historical Society, c'est
Peirce qui a inventé le nom "téléphone".
À la suite de cette recherche et de ces expériences, les
professeurs Blake et Pierce firent une démonstration au domicile
de M. Rowland Hazard, rue Williams, des téléphones ont été
installés sur des fils électriques entre deux pièces,
séparés d'une certaine distance.
Un grand rassemblement de personnes avait été invité
à assister à l'expérience et beaucoup d'entre elles
étaient complètement étonnées d'entendre les
voix d'amis qu'ils avaient reconnues, mais ne se doutaient pas qu'il y
en avait parmi les invités. Le 8 avril 1877, Pierce
ècrit à Bell pour l'informer des travaux qu'il mène
avec Blake
Lorsque Alexander Graham Bell pris connaissance des expériences
en cours dans les laboratoires de Brown et que la nouvelle de la remarquable
manifestation organisée à la Hazard House de Providence
lui est parvenue, il a fait exactement ce que tout inventeur ferait dans
les circonstances. Il en a perdu de sommeil et a leur a écrit plusieurs
lettres d'explications et de revendications .
Ont-ils tenté de tirer profit de leurs découvertes privées
? ont-ils fait appel à un avocat spécialisé en brevets
pour tenter de prouver qu'ils avaient déjà revendiqué
l'invention et mis au point ce qui semblait être un miracle de la
science ?
Pas du tout. Ils s'étaient juste amusés et poursuivaient
leurs recherches et leurs expériences.
Et quand ils eurent fini, lun de leurs instruments, qui aurait été
le premier à faire entendre le discours, fut emballé dans
une boîte en carton et envoyé à M. Bell, avec leurs
cartes de visite.
Peu de temps après, ils purent communiquer avec Bell, en affirmant
que, dans la mesure où ils ne l'avait pas fait pour s'enrichir,
mais agissaient uniquement dans le véritable esprit de la recherche
scientifique
Naturellement, cette action généreuse a amené Bell
immédiatement à l'université de Providence pour rencontrer
ses futurs amis et sentretenir avec eux, et à partir de ce
moment, beaucoup de choses se sont produites dans lévolution
de lappareil. John Peirce qui était un professeur
de chimie américain, un scientifique et un inventeur. a contribué
à la création d'un récepteur et d'un émetteur
à manche en bois utilisant un aimant permanent maintenu à
l'intérieur du manche en bois plutôt que des électro-aimants
qui avaient été utilisés auparavant. Les premiers
modèles de téléphone avaient un seul récepteur/émetteur,
mais cela était déroutant pour les utilisateurs, ainsi que
peu pratique car l'appareil devait être constamment déplacé
entre la bouche et l'oreille.
Les premiers abonnés au téléphone : Vendre
ou Louer , La Patent Association
À peu près au même moment où
la ligne Williams était inaugurée avec succès, des
préparatifs étaient en cours pour installer des téléphones
sur d'autres lignes. Certaines de ces connexions visaient simplement à
continuer de tester la praticabilité du téléphone,
tandis que d'autres étaient clairement destinées à
un usage commun.
Parmi ceux qui étaient sur le point de bénéficier
d'une telle connexion figurait Roswell C. Downer, un jeune membre
du cabinet bancaire Stone & Downer. Downer se distingue en effet par
le fait d'être le premier utilisateur commercial. Le 1er mai 1877
ou aux alentours de cette date, deux téléphones ont été
installés sur une ligne téléphonique reliant le siège
social de la société, State Street, à Boston, à
la maison familiale Downer à Somerville.
Il s'agissait des premiers téléphones installés dans
le cadre d'un accord de paiement pour leur utilisation. Le bail a été
signé le 26 mars 1878 et prédaté au 1er juin 1877,
indiquant ainsi que Downer bénéficiait d'un mois de congé.
Il a également bénéficié d'une réduction
substantielle sur le prix, car le tarif établi était de
10 dollars par téléphone et par an, alors qu'il ne payait
que 3 dollars par instrument. Apparemment, Roswell Downer a bénéficié
de cette considération pour son intérêt et son enthousiasme
à promouvoir le téléphone, qui semble avoir été
plus enthousiaste que son jeune frère Frank et en contraste marqué
avec l'opposition de son père, a été attribué
à sa jeunesse, à son agressivité et à son
sens aigu du mal. Sa connaissance de son compatriote Charles Williams a certainement
dû renforcer la conviction de Roswell selon laquelle la location
de deux téléphones serait pratique et lui permettrait de
montrer à ses amis un appareil intéressant. L'intérêt
de Roswell Downer pour le téléphone était si grand
qu'il a peut-être même payé les instruments de ses
propres fonds. Le 14 mai, les frères Downer ont répondu à
une question de Gardiner G. Hubbard. Ils ont noté le succès
des instruments et ont exprimé une nette préférence
pour le téléphone par rapport au système Morse en
raison de sa rapidité et de son efficacité. Ils ont conclu
: « Nous considérons certainement le téléphone
comme un succès et pensons qu'il peut être utilisé
en pratique avec de nombreux avantages par rapport à l'ancien système
de télégraphie. »
Si Roswell Downer fut le premier à commercialiser le téléphone,
James Enery, Jr. fut le premier à le payer en espèces. Les
circonstances entourant la location du téléphone par Enery
n'étaient pas sans rappeler celles de Roswell. C. Downer. Enery
possédait déjà un télégraphe privé
et s'intéressait également aux nouveautés, notamment
celles de nature électrique ou mécanique. Environ deux semaines
après la connexion du téléphone de Downer, Enery
a installé sa ligne téléphonique entre son domicile
et celui de son frère Freeman. Il a payé un an d'avance
de loyer de vingt dollars pour deux instruments à Charles Williams,
Jr., qui agissait comme agent pour les intérêts de Bell.
La nature de cette nouvelle entreprise de téléphonie était
si incertaine que Williams, ne sachant que faire du loyer, n'a pas inscrit
l'argent dans ses livres de comptes avant le 8 juin, après avoir
consulté Gardiner Hubbard. Enery a loué trois instruments
à dix dollars, ce qui lui a donné un total de cinq instruments
à un prix moyen de six dollars chacun. Comme Downer, Emery a bénéficié
d'une réduction sur ses téléphones.
Enery utilisait son téléphone comme moyen de communication
avec ses proches, ses partenaires commerciaux et ses associés,
tous résidant dans les environs de Charlestown. Finalement, les
trois frères de Dery et deux autres personnes, étaient membres
de deux entreprises de vente en gros de poisson, étaient liés
par téléphone.
La troisième personne à louer des téléphones
était James R. Osgood, membre senior d'une maison d'édition
de Boston. Son téléphone, probablement connecté en
mai, reliait son bureau de Boston à University Press à Cambridge.
Étonnamment, Osgood, comme ses collègues pionniers de l'utilisation
du téléphone, était connu comme un homme d'affaires
compétent et perspicace, qui gardait l'il ouvert sur les
nouveaux développements qui feraient progresser son entreprise.
James Osgood considérait le téléphone comme une avancée
technologique qui lui permettrait de gagner du temps et de l'énergie
dans la gestion de ses affaires entre Eastern et Cambridge. Il y en avait d'autres, en plus de Downer, Enery et Oegood, qui louaient
des téléphones et établissaient des lignes téléphoniques
pendant les derniers jours de l'existence de la Patent Association. En
fait, à la fin de juin 1877, un total de 234 téléphones
étaient en usage public. Parmi ces trois premiers, les utilisateurs
commerciaux méritent d'être distingués car ils semblent
avoir été représentatifs du type d'individus qui
ont très tôt adopté le téléphone. Ces
utilisateurs pionniers du téléphone étaient apparemment
des individus et des hommes d'affaires curieux qui appréciaient
le téléphone principalement pour son utilité dans
la conduite de leurs affaires. Ces mêmes traits caractérisaient,
dans une certaine mesure, les individus qui ont adopté le téléphone
comme une entreprise commerciale et d'investissement. Hubbard n'a pas tardé à capitaliser sur la satisfaction
de ces premiers utilisateurs de téléphone. Il a intégré
la déclaration de Downers dans une circulaire, « Le
Téléphone », destinée à la diffusion
générale. En outre, la circulaire contenait des déclarations
de Sir William Thomson et des autres juges du Centenaire, ainsi que de
George M. Wipple, secrétaire de l'Institut d'Essex, ainsi que des
articles de presse de deux tests privés différents.
Cette première publicité décrivait les avantages
du téléphone par rapport au télégraphe. Elle
expliquait clairement qu'en utilisant un téléphone, on pouvait
obtenir une communication plus rapidement (près de cent fois plus
vite), de manière plus économique et sans l'intervention
d'un tiers. La circulaire décrivait également la méthode
par laquelle les intérêts de Bell proposaient de mettre les
téléphones à la disposition du public. Ces téléphones
devaient être loués, et non vendus, à des tarifs différents
selon leur utilisation : vingt dollars par an pour des « fins
sociales » et quarante dollars par an pour des fins commerciales.
Des instruments supplémentaires placés sur la même
ligne, là où la confidentialité n'était pas
requise, pouvaient être vendus pour dix dollars. Le loyer devait
être payé semestriellement à l'avance.
Les bailleurs ont affirmé qu'ils maintiendraient les instruments
en bon état de fonctionnement sans frais pour les moins-disants,
sauf en cas de négligence. Ce souci de la qualité et de
l'état de l'instrument s'est également manifesté
dans la directive de Hubbard à Thomas Watson, selon laquelle tous
les instruments doivent être pleinement testés : «
Vous n'enverrez bien sûr aucun instrument tant qu'il n'aura pas
été minutieusement testé sur un circuit suffisamment
longtemps pour l'essayer... et aucun, en aucune circonstance, ne doit
être livré avant que vous ne soyez convaincu qu'ils fonctionneront
».
Bien que les titulaires de brevets Bell aient été principalement
intéressés par la location de téléphones à
cette date, ils ont indiqué qu'ils construiraient, s'ils le souhaitaient,
les lignes télégraphiques nécessaires, mais ont suggéré
que « tout bon mécanicien peut construire une ligne ».
Toutes les demandes de renseignements devaient être adressées
à Thomas A. Watson, 109 Court Street, Boston.
Outre le lancement de la location de téléphones, le titulaire
de brevets L'association a commencé à prendre des dispositions
formelles pour la fabrication et la distribution.
Ainsi, alors que l'existence de la Patent Association touchait à
sa fin, son directeur, Gardiner Hubbard, s'est activement engagé
dans un travail d'organisation et de promotion, assisté de Thomas
Sanders. Alexander Graham Bell n'avait que très peu à voir
avec la gestion ou le financement du téléphone aux États-Unis,
car lorsque sa tournée de conférences prit fin, il épousa
finalement Mabel Hubbard et tous deux partirent pour l'Angleterre.
Parmi les politiques les plus importantes formulées
durant cette période par l'Association des brevets figurait celle
de louer plutôt que de vendre des téléphones. Cela
a été rendu possible grâce aux résultats satisfaisants
de la tournée de conférences de Bell.
Compte tenu du contexte des personnes concernées et de l'état
actuel de la téléphonie, la location de téléphones
était une politique logique, mais pas la seule possible. L'influence
de Hubbard a probablement été décisive dans l'adoption
de cette politique.
Il avait engagé un avocat pour la Gordon McKay Shoe Machinery Company,
qui louait ses machines à coudre les chaussures aux cordonniers,
conservant ainsi le titre de propriété des machines et recevant
une redevance pour chaque paire de chaussures cousue avec. De plus, Chauncy
Snith, « le premier conseiller téléphonique »,
avait également été avocat pour la Gordon McKay Shoe
Machinery Company. Il ne fait donc guère de doute que le concept
de location de téléphones s'inspire de la Gordon McKay Company.
Et même si cest Gardiner Hubbard, plutôt que Chauncy
Smith, qui est à lorigine de lidée, comme cela
semble probable, Smith a apporté sa contribution en encourageant
son adoption.
John Ponton, un futur bailleur de fonds, a également influencé
le plan de location durant cette période de formation. Selon lui,
la première idée de Bell était de parcourir le pays
pour présenter le téléphone et créer des agences
de vente. Même si Ponton a pu se tromper en croyant être à
l'origine du plan de location, son opinion selon laquelle les intérêts
Bell pourraient gagner plus d'argent en louant plutôt qu'en vendant
des téléphones a sans doute pesé en faveur de l'adoption
finale de cette politique.
Les raisons avancées par Ponton et Smith
en faveur du plan de location étaient remarquablement similaires
et suggèrent une appréciation indépendante de la
vulnérabilité du téléphone initial. Smith,
comme l'a raconté son fils, a fait valoir qu'en raison de la nature
relativement simple du téléphone et de la facilité
avec laquelle il pouvait être fabriqué, il n'y aurait aucun
moyen, si les instruments étaient vendus, de garder une trace des
instruments qui pourraient être fabriqués et vendus illégalement,
tandis que, si aucun instrument n'était vendu et qu'un registre
était conservé de la disposition de chacun d'eux, la recherche
et la condamnation des contrevenants seraient faciles.
Ponton se rappelle qu'il avait préconisé la location de
téléphones parce que "ce qui m'avait le plus frappé
à l'époque était l'extrême simplicité
de votre téléphone et je n'arrêtais pas de penser
à l'impossibilité de gagner de l'argent sur votre brevet
en les fabriquant et en les assemblant, ce qui m'a conduit à l'idée
de les louer".
Les principaux facteurs qui ont motivé la décision de louer
des téléphones semblent avoir été la plus
grande rentabilité et l'élément de contrôle
qu'une telle politique offrait. En raison de la simplicité de construction
des premiers modèles de téléphones, une attention
particulière devait être portée aux contrevenants.
De plus, en conservant la propriété des instruments, les
intérêts de Bell pourraient effectuer les réparations
et modifications nécessaires pour maintenir l'efficacité
technique et fournir un service satisfaisant. Cette politique de location
a permis aux promoteurs de téléphonie de contrôler
leur nouvelle industrie dès ses débuts. En fin de compte,
cela garantissait qu'il y aurait une radio standard des équipements
et des procédures, qu'il y aurait un système téléphonique
unitaire. Comme l'a expliqué Watson : « La location des téléphones
nous a permis de les garder sous notre contrôle, ce qui nous a permis,
plus tard, de lancer plus facilement des centraux téléphoniques
dans tout le pays, d'où proviennent les services universels actuels.
»
Charles Eustis Hubbard, frère de Gardiner, officier et employé
de la Bell Telephone Company, a résumé succinctement la
valeur de la politique de location et a exprimé ses sentiments
sur la question de la responsabilité de sa suggestion lorsqu'il
a écrit : « Qui a eu l'idée de louer un article breveté
? Je ne peux pas dire si notre société peut bénir
la mémoire de son auteur ».
Le principe de location était si respecté quil était
rarement violé.
Une demande d'achat d'un téléphone « en tant
que relique » a été refusée, de peur de
créer un précédent. Même dans ses relations
avec le gouvernement fédéral, Bell n'a pas violé
ouvertement cette politique. Les téléphones ont été
loués au gouvernement pour la durée de vie de l'instrument
ou de ses brevets, à un prix si bas que la transaction équivalait
à une vente, mais le principe est resté intact.
Parmi les problèmes les plus critiques auxquels la Patent Association
a été confrontée figurait la collecte de fonds.
La plus intéressante, et certainement la plus ironique, des premières
tentatives de collecte de fonds liées au téléphone
fut une offre faite à la Western Union Telegraph Company. L'événement
s'est probablement produit à l'automne et à l'hiver 1876-1877.
En difficulté financière, Gardiner Hubbard a sollicité
l'aide de la Western Union, la principale compagnie de télécommunications
du pays. Il a proposé de vendre l'intégralité du
brevet téléphonique pour 100 000 dollars, ce que le
président William Orton a refusé. Un historien récent
suggère une explication raisonnable à cette décision :
Western Union a agi avec la prudence bureaucratique habituelle. L'idée
de réaliser de lourds investissements dans le développement
du nouveau téléphone et de mettre au rebut son équipement
actuel est également répugnante. De plus, une entreprise
puissante disposait de nombreux moyens pour prendre le contrôle
d'un nouveau produit, une fois sa faisabilité prouvée :
par imitation, par évasion ou par des poursuites judiciaires engagées
à des coûts énormes, au terme desquelles l'invention
pouvait lui revenir.
L'antipathie de longue date d'Orton envers Hubbard a certainement dû
influencer sa décision, comme précédemment, de contrer
la proposition d'Hubbard. L'inimitié d'Orton a également
entravé les efforts d'Hubbard pour intéresser financièrement
Chauncey Depew.
Hubbard, agissant en sa qualité de fonctionnaire de la Commission
du Congrès pour l'amélioration du courrier et du télégraphe,
avait fait la connaissance de Chauncey Depew, qui représentait
la New York Central and Hudson Ftivor Railroad dans des litiges concernant
le transport du courrier.
Selon Chauncey Depew, Gardiner Hubbard lui a offert un intérêt
d'un sixième dans les droits de brevet du téléphone
pour 10 000 dollars. Depew accepta d'examiner la proposition et,
ce faisant, sollicita l'avis de son ami William Orton. Orton informa Depew
que l'invention de Bell n'était pas réalisable et l'informa
également que Western Union contrôlait les brevets Gray et
pouvait donc « l'emporter ». Depew informa Hubbard de sa décision
de ne pas investir dans le téléphone, après quoi
Hubbard persuada Depew de son manque de sagesse et obtint sa promesse
de retirer les 10 000 $ de la banque le lendemain et de remettre le kit
entre les mains de Hubbard.
À peine étions-nous levés du dîner ce jour-là
que mon ami Orton est passé nous voir. Il m'a dit : « Après
que vous ayez quitté mon bureau, j'ai commencé à
m'inquiéter, de peur que vous ne soyez assez stupide pour laisser
Bell prendre les 10 000 $ Je veux vous expliquer plus
en détail pourquoi Bell n'a pas réussi à utiliser
son appareil, même s'il fonctionnait. Nous viendrions le lui reprendre,
et vous perdriez les 10 000 $.»
Depew crut plus tard que le conseil d'Orton était motivé
par son amitié, sa conviction sincère dans la validité
des affirmations de Gray et son désir d'empêcher le groupe
Bell de toucher de l'argent. Il est impossible d'établir la date
précise de l'offre de Hubbard à Depew, mais il semble probable
que la Western Union l'avait déjà déclinée.
Peut-être commença-t-elle alors à soupçonner
une erreur et que le moyen le plus simple pour M. Orton de protéger
les intérêts de son entreprise était d'empêcher
les gens de Bell de toucher de l'argent.
Les premiers efforts de Gardiner Hubbard pour réunir des fonds
pour le téléphone, bien que très intéressants
car ils préfiguraient plusieurs développements importants,
n'ont jamais dépassé le stade initial. L'un d'eux est allé
un peu plus loin : la proposition faite à John Ponton, rédacteur
en chef du Morning Herald de Titusville (Pennsylvanie). Il est intéressant
de noter que le parcours de John Ponton ressemblait à celui d'Alexander
Graham Bell. Il était originaire d'Édimbourg, bien qu'il
y soit né cinq ans plus tôt que Bell. Ponton a hérité
d'un intérêt pour la science de son père Mungo Ponton,
qui, comme Alexander Melville Bell, était membre de la Scottish
Society of Arts et avait également reçu une médaille
d'argent pour son travail scientifique. En effet, au cours de leur correspondance,
John Ponton se rappela à juste titre avoir été «
un ancien camarade de jeu et d'école d'Alexander Graham Bell ».
Ponton fit la connaissance de Bell en 1876, après avoir lu un article
sur le téléphone. Au cours de leur relation, Ponton suggéra
qu'il pourrait être intéressant pour Bell de mener une expérience
téléphonique sur une ligne reliant Titussville et Boston.
Bell était favorable à cette idée. Ponton proposa
également un plan lui donnant le droit d'introduire le téléphone
dans les régions pétrolières de Pennsylvanie. Bell
était également favorable à cette idée, mais
refusa de conclure un « accord indépendant », expliquant
qu'il avait cédé son brevet à « des messieurs
qui se sont constitués en société pour développer
et introduire » ses inventions. Dans cette offre, comme dans toutes
les autres, Bell a renvoyé Ponton à l'homme chargé
de la « gestion pratique » des brevets, Gardiner G. Hubbard.
En fait, Bell n'a même pas voulu envoyer d'instruments à
Ponton pour commencer les essais Titusville-Boston sans le consentement
de Hubbard.
La proposition de Ponton de faire de Bell un « millionnaire »
était agréablement dérangeante pour linventeur
en difficulté. Son offre de 10 000 $ à Bell pour la
moitié de sa participation dans le téléphone fut
dûment prise en considération par Hubbard. Hubbard a indiqué
qu'il était actuellement en contact avec des parties de Providence
et de Boston qui négociaient pour l'organisation d'une grande entreprise
dans le but de présenter le téléphone au grand public.
Cependant, en raison de l'intérêt de longue date de Ponton
pour le sujet, il aurait la préférence sur les autres parties.
Hubbard a noté que ces autres négociations n'avaient pas
besoin d'interférer avec les accords proposés entre Ponton
et la Patent Association. De plus, comme Ponton appréciait la «
chaleureuse amitié » de Bell, Bell souhaitait qu'il soit
« le premier à aborder l'affaire.
Les sociétés de Boston et de Providence auxquelles Hubbard
faisait référence étaient E. S. Converse de la Boston
Rubber Shoe Company et Henry Howard de Rhode Island. Ils étaient
intéressés par le développement des brevets téléphoniques
étrangers et américains de Bell.
La proposition de Howard prévoyait la création d'une société
composée de personnalités telles que le secrétaire
d'État Fish et Henry Adams, et contrôlant un capital de plusieurs
millions de dollars pour développer le téléphone
dans le monde entier. Gardiner Hubbard devait devenir président
de cette société, Alexander Graham Bell, vice-président,
et E. S. Converse, trésorier. Bell devait être payé
5 000 $ pour avoir consacré tout son temps au fonctionnement
du téléphone. Le grand projet de Howard devait être
réalisé en trois semaines.
Reconnaissant que les résultats commerciaux de la téléphonie
restent « quelque peu problématiques », Howard a suggéré
que l'objectif principal des actionnaires serait d'obtenir une position
avantageuse pour acquérir davantage d'actions si cela s'avérait
« une bonne chose ». Par conséquent, chaque souscripteur
devrait avoir droit à quatre actions supplémentaires pour
chaque action achetée, à un prix croissant de 10 % à
une date ultérieure. En organisant cette entreprise, 10 000 $ contre
s à lever immédiatement.
Les négociations de Hubbard avec Howard se soldèrent par
un échec. Compte tenu de la rentabilité encore inégale
de la téléphonie commerciale et du projet ambitieux proposé
par Howard, cela est compréhensible. Hubbard conclut alors un accord
avec John Ponton le 8 mars 1877.
L'accord prévoyait que chaque membre de l'Association des brevets
cède et mette en commun un dixième de ses intérêts
dans le brevet téléphonique. Neuf dixièmes de cette
somme devaient être versés à Ponton dès qu'il
remplirait certaines conditions spécifiées. Le reste serait
conservé pour le bien commun.
Bell et Watson devaient se rendre à Titusville et mener des expériences
qui satisferaient les amis de Ponton. S'ils étaient satisfaits,
ces derniers devaient payer Bell 2 000 $ en espèces et 2 000
$ par mois pendant quatre mois, jusqu'à ce que 10 000 $ aient
été payés. Les associés de Ponton devaient
également mettre en place une ligne télégraphique
et l'utiliser gratuitement pendant six mois pour leur propre entreprise
privée. Par la suite, la ligne devait être utilisée
par Bell à des fins expérimentales. Ponton recevrait ses
neuf dixièmes lorsque la somme indiquée de 10 000 $
serait payée en totalité. Une fois le téléphone
mis à la disposition du public, une société devait
être constituée et Ponton et ses amis devaient ensuite verser
100 000 $ à son trésor. Ils devaient également
accepter d'augmenter ce montant à 1 000 000 $, selon
les besoins.
Avec l'organisation de la société, une nouvelle division
des intérêts dans le brevet de téléphonie serait
créée. La Patent Association transférerait le brevet
à la société en échange de cinquante pour
cent de ses actions. Bell, Sanders, Hubbard, Watson et Ponton diviseraient
ce montant dans la même proportion que celle dans laquelle ils détenaient
auparavant le brevet. Vingt-cinq pour cent des actions de la société
seraient distribuées aux parties souscrivant les 100 000 $.
Les vingt-cinq pour cent restants seraient détenus par la trésorerie
de la société au profit des actionnaires, selon ce qui était
souhaitable. Selon les termes de l'accord, John Ponton ne deviendrait
alors associé dans la propriété du brevet téléphonique
que lorsqu'il obtiendrait le paiement de 10 000 $ à Bell.
Ponton était obligé d'aider à l'organisation de la
nouvelle société, mais sa participation à la division
du brevet ne dépendait pas de cette activité. Si ces efforts
échouaient, les titulaires de brevets concluraient de nouveaux
accords. En effet, les actionnaires de Ponton ne recevraient aucun avantage
durable pour leur investissement initial puisque les actions mises de
côté pour eux seraient conservées et cédées
autrement.
Hubbard envisageait la création d'une société sur
la base de 40 000 actions. Bell, Sanders et Hubbard détiendraient
chacun 5 400 actions ; Watson et Ponton, 1 800 chacun.
Deux cents actions supplémentaires seraient réparties proportionnellement
entre les cinq associés. Les « sociétés
Meash » recevraient 10 000 actions et les 10 000
actions restantes seraient placées dans le Trésor.
À la fin du mois de mars, Bell était déjà
découragé par les arrangements de Ponton. Ponton reportait
régulièrement les expériences de Titusville et Bell
concluait que cet accord ne donnerait rien.
Ponton répondit qu'il avait rencontré des obstacles à
Titusville.
Il recommanda à Bell d'accepter toutes les demandes de location
jusqu'à ce qu'il puisse appeler Bell à Titusville. Ponton
expliqua que l'adversaire de Bell, Elisha Gray, lui causait beaucoup de
problèmes. Néanmoins, Ponton rassura Bell en lui disant
que s'il ne pouvait pas lever de fonds d'une manière, il pouvait
le faire d'une autre.
Les retards de Ponton incitèrent Bell à prendre des dispositions
avec Frederick Gower pour une tournée de conférences aux
États-Unis et au Canada. Hubbard se dit surpris d'apprendre que
Ponton n'avait pas respecté cet accord. Hubbard était particulièrement
perturbé parce qu'il croyait que les téléphones étaient
prêts à être présentés au public et qu'il
les considérait comme préjudiciables à toutes les
parties. Sentant peut-être la futilité de son accord, il
rappela à Ponton qu'à moins que leur accord ne soit bientôt
respecté, il serait contraint d'en conclure d'autres. Comme Ponton
l'a indiqué à Bell, sa principale difficulté résidait
dans la levée des 10 000 dollars. Vingt-cinq ans plus tard,
Ponton expliqua les détails du problème. Après avoir
signé l'accord à New York, Ponton retourna à Titusville
uniquement pour apprendre qu'une des plus grandes banques du pays avait
fait faillite. Avec cet échec, les principaux investisseurs, y
compris le président de la banque, n'ont pas pu réunir les
10 000 dollars nécessaires, et Ponton a donc contacté un
autre banquier. Cet individu a non seulement refusé de croire aux
affirmations de Ponton concernant le téléphone, mais a également
suggéré d'une manière sarcastique que Ponton s'installe
dans un asile d'aliénés voisin.
Le récit de Ponton était probablement exact. Il ne fait
aucun doute que certains, comme le second banquier de Ponton, considéraient
le téléphone comme une curiosité scientifique ou
un jouet et n'en appréciaient pas la valeur en tant qu'instrument
de communication pratique ou comme un bon investissement commercial. D'autres,
cependant, comme le premier bailleur de fonds de Ponton, partageaient
un point de vue opposé. Malgré l'idée persistante
et romantique selon laquelle l'ancien point de vue était caractéristique
de l'accueil réservé au téléphone lors de
ses débuts, les nombreuses demandes et offres sérieuses
adressées à Bell à la fin de 1876 et au début
de 1877, et l'empressement de ceux qui recherchaient des agences téléphoniques,
ne veulent pas contredire cela. Ponton n'a pas réussi à
réunir la somme qui aurait fait de lui un associé dans le
téléphone, non seulement en raison d'un retournement de
situation et d'un manque de visibilité, mais aussi parce que l'accord
n'était pas entièrement satisfaisant pour ses bailleurs
de fonds potentiels. En mai 1877, Ponton notait : « Ce contrat est
trop peu pratique pour les financiers, car il requiert trop de personnes
intéressées qui prennent d'autres risques et leur accorde
trop peu d'intérêt pour les risques qu'ils courent. »
Ponton suggéra à Bell et à ses associés un
plan alternatif pour l'organisation d'une société. Suite
au succès de Bell, En faisant la démonstration de la gratuité
du téléphone à Titusville, un groupe d'investisseurs
créerait une société dotée du capital libéré
nécessaire. En contrepartie, Ponton recevrait une part du brevet,
qui serait transférée à la société
actuelle.
Les détenteurs de brevets recevraient cinquante et un pour cent
des actions et les investisseurs quarante-neuf pour cent. De plus, les
« intérêts financiers » auraient le
droit de nommer le président, le secrétaire et le trésorier
pour la première année. Le conseil d'administration serait
composé de représentants de l'ensemble des actions. Ponton
a imaginé que l'entreprise établirait un système
de téléphonie locale utilisant des instruments loués
par l'intermédiaire d'un bureau central de district où leur
utilisation serait facturée au taux d'un centime par minute. Hubbard
rejeta la proposition de Ponton, soulignant que l'état de la téléphonie
avait déjà enregistré de grands progrès depuis
la signature de l'accord initial à Kirch et que les titulaires
de brevets n'accepteraient pas maintenant une telle proposition comme
ils l'avaient alors faite. La Patent Association recevait de nombreuses
commandes d'instruments et beaucoup seraient bientôt inopérants
sur des lignes privées. En conséquence, Hubbard écrivait
: « Nous garderons probablement le contrôle général
entre nos mains, en incitant différentes parties dans différentes
villes à introduire le brevet dans leur localité. »
Ainsi prirent fin les espoirs de John Ponton de devenir partenaire du
brevet de Bell sur le téléphone. En guise de consolation,
Hubbard lui proposa de prendre des dispositions avec lui pour l'introduction
du téléphone à Titusville seulement. Ponton accepta
plus tard.
De toute évidence, les propriétaires de brevets avaient
rendu leur recherche de capitaux plus difficile en raison de l'exigence
de conserver un contrôle absolu sur le développement de leur
précieuse propriété. Portés, comme ils le
sont désormais, par les progrès techniques et la demande
croissante d'instruments, ils étaient fermement convaincus de pouvoir
obtenir des capitaux à des conditions plus avantageuses que celles
proposées par John Ponton. En attendant que cela soit accompli,
leurs propres ressources personnelles, combinées aux revenus téléphoniques
immédiats, devaient soutenir leurs efforts.
Dans ces conditions, la Patent Association a alors créé
la Bell Telephone Company pour la
commercialisation ultérieure du téléphone.
Le professeur Blake a poursuivi
ses expériences à Peace Dale, dans le Rhode Island, où
il a créé une ligne téléphonique commode pour
faciliter la tâche, entre le domicile de Rowland Hazard et celui
de son frère. Cette ligne avait un quart de mille de long et était
la première à être utilisée à des fins
autres qu'expérimentales.
Sur ordre de Bell, Watson,
passa à Williams la première
commande pour 25 box et 50 téléphones (handphone) les nouveaux
téléphones dont il est question maintenant.
Il y eut ensuite de nombreux scientifiques et amateurs pour améliorer
ce tout jeune téléphone de Bell, qui fabriquèrent
des modèles de plus en plus performants et ingénieux.
Puis vint la première des circulaires téléphoniques.
Trois pages contenaient des approbations de la presse et des scientifiques,
tandis que la première page contenait les déclarations suivantes
qui semblent uniques à la lumière des connaissances ultérieures
Le Téléphone
Les propriétaires du téléphone, invention d'Alexander
Graham Bell, pour lequel des brevets ont été délivrés
par les États-Unis et la Grande-Bretagne, sont maintenant prêts
à fournir des téléphones pour la transmission de
la parole articulée au moyen d'instruments distants d'une vingtaine
de kilomètres. La conversation peut être facilement poursuivie
après un peu de pratique et avec la répétition occasionnelle
d'un mot ou d'une phrase. A la première écoute du téléphone,
bien que le son soit parfaitement audible, l'articulation semble indistincte
; mais après quelques essais, l'oreille s'habitue au son particulier
et n'éprouve aucune difficulté à comprendre les mots.Le
téléphone doit être placé dans un endroit calme,
où il n'y a aucun bruit susceptible d'interrompre les conversations
ordinaires.
Les avantages du téléphone par rapport au télégraphe
pour les entreprises locales sont
1. Qu'aucun opérateur qualifié n'est requis, mais que la
communication directe peut s'effectuer par la parole sans l'intervention
d'un tiers.
2. Que la communication est beaucoup plus rapide, le nombre moyen de mots
transmis par minute par sondeur Morse étant de quinze à
vingt, par téléphone de un à deux cents.
3. Qu'aucune dépense n'est requise ni pour son fonctionnement,
ni pour son entretien, ni pour sa réparation. Il na pas besoin
de batterie et ne dispose daucune machinerie compliquée.
Il est inégalé en termes d'économie et de simplicité.
Les conditions de location de deux téléphones à usage
social reliant une maison d'habitation à tout autre bâtiment
seront de 20 $ par an, à des fins commerciales 40 $ par an, payable
semestriellement à l'avance, avec le coût du transport express
depuis Boston, New York, Cincinnati, Chicago, St. Louis ou San Francisco.
Les instruments seront maintenus en bon état de fonctionnement
par les loueurs, sans frais, sauf blessures résultant d'une grande
négligence.
Plusieurs téléphones peuvent être placés sur
la même ligne moyennant un loyer supplémentaire de 10 $ pour
chaque instrument ; mais il n'est pas conseillé d'en utiliser plus
de deux sur la même ligne lorsque la confidentialité est
requise. Toute personne se trouvant à une distance auditive ordinaire
peut entendre la voix qui appelle via le téléphone. Si un
appel plus fort est nécessaire, un appel peut être fourni
pour 5 $. Des lignes télégraphiques seront construites par les
propriétaires si cela est souhaité. Le prix variera de 100
$ à 150 $ le mile ; tout bon mécanicien peut construire
une ligne ; Le fil n° 9 coûte 8 £ cents la livre, soit
320 livres par mile ; 34 isolateurs à 25 cents chacun ; le prix
des poteaux et du montage varie selon les localités ; fil de cordage
5 $ par mile ; articles divers 10 $ par mile.
Les parties qui louent le téléphone n'engagent aucune dépense
au-delà de la location annuelle et de la réparation du fil
de ligne. Dans les pages suivantes figurent des extraits de presse et
d'autres sources relatives au téléphone.
------------------------------------------- Gardiner G. Hubbard. -----------------------
Cambridge, Massachusetts, mai 1877.
Pour plus dinformations et adresse de commande Thomas A. Watson,
109 Court St., Boston .
Le travail de fourniture aux clients des téléphones
portables, mentionnés dans la circulaire précédente,
fut confié à l'assistant de Graham Bell, M. Thomas A. Watson,
qui était entré au service des propriétaires du téléphone
vers le 1er avril 1876. Il occupa un petit espace de bureau et beaucoup
de bancs dans la petite usine de Charles Williams, au 109 Court Street,
Boston. Ici, M. Watson a fabriqué et assemblé les pièces,
comme les téléphones étaient nécessaires.
Naturellement, des améliorations étaient à l'ordre
du jour, et bientôt un magnéto-téléphone à
poignée en acajou plus petit et plus attrayant fut adopté.
La rapidité avec laquelle le « jouet de Bell » a commencé
à gagner la faveur du public est indiquée par la déclaration
selon laquelle le 31 juillet 1877, soit moins de quatre mois à
compter du jour où la première circulaire a été
envoyée par M. Hubbard, 778 téléphones avaient été
loués. , alors que selon toute probabilité, un nombre égal
de téléphones expérimentaux avaient été
fabriqués par des mécaniciens et des scientifiques qui pensaient
qu'il serait facile d'améliorer la méthode de Bell. À
la fin de lannée 1877, 5 491 téléphones Bell
étaient en service.
Puis le développement du commerce des changes et la cession des
droits territoriaux commencèrent sérieusement, et M. Hubbard
visita toutes les grandes villes cherchant à intéresser
des hommes éminents. Mais bien qu'il voyageât ici et là,
s'efforçant d'influencer le capital pour qu'il considère
favorablement le téléphone comme un investissement souhaitable,
la tâche d'intéresser les investisseurs au développement
des échanges locaux s'est avérée difficile, et les
progrès ont été réalisés lentement
aux États-Unis.
Aux États-Unis, le premier bail de droits territoriaux fut signé
les 2 et 1er octobre 1877 avec la Telephone and
Telegraph Construction Company, de Detroit, Michigan ; pourtant,
onze mois s'écoulèrent avant qu'un central téléphonique
ne soit ouvert dans cette ville.
Le deuxième bail a été attribué à la
District Telephone Company de New
Haven, Connecticut, et comprenait les comtés de New Haven et Middlesex.
L'ancien comté s'est développé rapidement et a l'honneur
d'avoir établi dans ses limites les deux premiers centraux téléphoniques
commerciaux (à New Haven et à Meriden), la première
mutuellecentral téléphonique (Bridgeport), le premier système
de central téléphonique privé (Ansonia) et les premières
lignes téléphoniques payantes régulièrement
connectées aux centraux téléphoniques commerciaux
en activité.
Le 12 février 1878, le territoire fut attribué à
la New England Telephone Company,
de Boston. Le 8 mars 1878, une licence fut accordée à l'American
District Telegraph Company, de Saint-Louis, et le 3 juillet 1878, une
licence fut accordée pour la ville de New York et incluant un rayon
de trente-trois milles.
Le 9 juillet 1877, Hubbard fonde et organise la Bell
Telephone Company et en devient président .
Cette activité a créé une forte demande de téléphones,
et par. à la fin de juillet 1878, plus de 12 000 avaient été
placés. Il a donc été jugé plus sage d'organiser
une société plus grande et plus flexible.
Ainsi, le 30 juillet 3 878, M. Hubbard organisa la Bell
Telephone Company, de Boston, sous les lois du Massachusetts,
pour fabriquer, vendre et utiliser des téléphones en dehors
de la Nouvelle-Angleterre, et la capitalisa à 150 000 $. M. Hubbard
était administrateur, M. Sanders, trésorier, le Dr Bell,
électricien, et Thomas A. Watson, surintendant. Cette société
a acquis tous les brevets, propriétés et droits de son prédécesseur,
la Bell Telephone Association, et son siège social est resté
à l'usine Williams au 109 Court Street.
Cette deuxième société mère a conclu neuf
accords formels accordant des droits exclusifs d'utilisation des téléphones
Bell dans certains territoires spécifiés et a fait un si
excellent travail en développant l'ouverture des centraux, que
quelque 22 000 téléphones étaient en service lorsque,
le 13 mars 1879, il a été a jugé plus sage d'organiser
une nouvelle société mère disposant d'un soutien
financier suffisant combiné à une influence personnelle
et commerciale qui permettrait de gérer l'entreprise à la
grande échelle qu'exigeaient les conditions de maturation.
Ainsi, la National Bell Telephone Company a été constituée
en vertu des lois de l'État du Massachusetts et la société
a capitalisé 850 000 $. Les bureaux exécutifs de cette société
mère furent transférés à New York, en août
1878, et situés aux 66 et 68 Reade Street. Un an plus tard, l'entreprise
est retournée à Boston et a obtenu des bureaux au 95 Milk
Street.
ORGANISATION DE LA COMPAGNIE DE TÉLÉPHONE
BELL ET CRÉATION D'AGENCES
Tout au long du mois de juin 1877, Gardiner Hubbard et ses associés
se sont activement occupés de la création officielle d'une
compagnie de téléphone. Le 9 juillet 1877, la Compagnie
de Téléphone Bell a vu le jour grâce à la signature
d'une déclaration de fiducie par Hubbard.
Avant l'exécution de la Déclaration, les brevets 161 739,
174 465, 178 399 et 186 89 ont été cédés à
Hubbard en tant que fiduciaire « pour son propre usage et pour son
propre compte... jusqu'à la fin complète du terme pour lequel
lesdites lettres [de brevet] ont été accordées ».
Bell a également cédé au fiduciaire « toutes
les inventions et améliorations que je pourrais apporter par la
suite à l'invention ». Concernant la téléphonie
ou les appareils téléphoniques. En vertu de ces cessions,
Hubbard, en tant que fiduciaire, contrôlait l'ensemble des brevets
téléphoniques de Bell et toute créance qu'il pourrait
obtenir à l'avenir. En signant la déclaration de fiducie,
Gardiner Hubbard a établi les conditions juridiques dans lesquelles
il devait exercer ses responsabilités de fiduciaire. La Bell Telephone
Company a été décrite à plusieurs reprises
comme une « association » et une « association volontaire
». Ce n'était pas une société et n'avait donc
pas de capital social.
Les détenteurs de brevets ont décidé de poursuivre
cette forme d'organisation, car les mérites du brevet et la nature
exacte de l'avenir de l'activité téléphonique étaient
incertains. De plus, le recours à des fiduciaires comme administrateurs
de biens et d'entreprises était une pratique assez courante à
Boston. Selon la Déclaration, l'activité de fabrication
de téléphones et d'octroi de licences d'utilisation devait
être gérée par le fiduciaire conformément aux
directives, règles et règlements d'un conseil d'administration.
Tous les fonds et biens placés sous le contrôle du fiduciaire
devaient être détenus en fiducie jusqu'à leur versement
à l'Association, dont les droits étaient divisés
en cinq mille actions. Chaque membre de l'Association disposait d'une
voix pour chaque action qu'il détenait, et l'argent était
réparti au prorata par le Conseil d'administration.
Aucun membre de l'Association ne détenait le droit de contrôler
les biens ou les fonds détenus par le fiduciaire ou le trésorier,
sauf par l'intermédiaire du Conseil d'administration. De plus,
aucun membre de l'Association ni du Conseil d'administration n'avait le
pouvoir d'engager la responsabilité de l'Association.
Toutes les affaires et tous les intérêts de l'Association
étaient entièrement sous la supervision et le contrôle
du Conseil d'administration, qui devait être composé d'au
moins trois et de plus de cinq personnes, y compris le fiduciaire.
Les membres du conseil d'administration devaient être élus
par et parmi les propriétaires et ne pouvaient agir qu'en tant
que conseil d'administration. Le conseil d'administration devait nommer
les agents, les employés et les domestiques qui devaient effectuer
toutes les activités de la société.
Il a été ordonné au Trésorier de tenir une
comptabilité claire et précise, en partie double, de toutes
les transactions commerciales. Ces registres et ceux du Fiduciaire devaient
être accessibles aux actionnaires et au Conseil de Gérance
pour inspection.
Le Fiduciaire devait agir en qualité d'agent général,
sauf disposition contraire du Conseil de Gérance. Il ne pouvait
disposer des biens détenus en fiducie qu'après avoir été
dirigé par un groupe d'au moins sept huitièmes des actionnaires,
détenus à cette fin expresse.
Contrairement à une société en nom collectif, le
décès d'un membre de l'Association ne la dissolvait pas
automatiquement. De plus, un héritier n'avait pas le droit de rendre
des comptes ni d'engager une action en justice à cette fin. Il
héritait simplement du droit au certificat du défunt et
aux actions qu'il représentait, sous réserve, bien entendu,
de la déclaration de fiducie.
Le fiduciaire exerçait son mandat au bon plaisir des actionnaires.
Il pouvait être révoqué lorsque trois quarts des actionnaires
en décideraient ainsi lors d'une assemblée spéciale.
Gardiner G. Hubbard, en tant que fiduciaire, se voyait ainsi confier la
supervision générale et l'exploitation des activités
de la Bell Telephone Company. La Déclaration de fiducie a officialisé
les pouvoirs du dirigeant exécutif qui ont été de
plus en plus exercés pendant l'existence de la Patent Association.
Selon cette Déclaration, Hubbard ne jouissait pas d'un pouvoir
ou d'un mandat illimité, mais ce n'était qu'une simple formalité,
comme Thomas Sanders s'en est plaint plus tard.
Les certificats de propriété délivrés le 1er
août 1877 étaient destinés aux propriétaires
du brevet téléphonique, ou de leurs dessins, à peu
près en proportion de leur intérêt initial. Mabel
G. Bell a reçu 1497 actions, Alexander G. Bell 10 actions, Thomas
Sanders 1497 actions, Gertrude McCurdy Hubbard 100 actions, Gardiner G
Hubbard 1387 actions et Charles Eustis Hubbard 10 actions. Ce dernier
a reçu ses actions « en rémunération de services
professionnels », parmi lesquels la rédaction des statuts
de l'association. En vertu de ses propres certificats (et de ceux de son
épouse) et du contrôle qu'il exerçait sur Mabel Bell
par l'intermédiaire de sa procuration, Gardiner Hubbard détenait
un intérêt majoritaire dans la compagnie de téléphone
Bell. Par conséquent, le consentement de Hubbard aurait été
nécessaire pour sa révocation en tant que fiduciaire. Le 1er août 1877, à midi, la première assemblée
des actionnaires de la Compagnie de Téléphone Bold a eu
lieu au n° 13 du Sears Building à Boston. Gardiner Hubbard,
Thomas Senders, Alexander G. Bell, Thomas A. Watson et Charles Eustis
Hubbard étaient présents et ils ont voté pour eux-mêmes
pour le conseil d'administration. Ils ont élu à l'unanimité
Thomas Sanders trésorier et Charles Eustis Hubbard greffier. Les
propriétaires ont également voté un règlement
intérieur spécifiant les devoirs des dirigeants et du conseil
d'administration de la société. Le conseil a été
chargé de nommer un électricien et un superviseur, ainsi
que les autres employés nécessaires. Le conseil a également
été autorisé à fixer les salaires du fiduciaire,
des dirigeants et des agents de la société.
Les statuts réaffirmaient le devoir du fiduciaire de superviser
l'entreprise, l'autorisaient à signer tous les baux avec l'approbation
du conseil d'administration et l'obligeaient à faire un rapport
écrit à chaque séance trimestrielle du conseil d'administration.
Le trésorier était chargé de la gestion de tous les
fonds de la société, mais n'était pas autorisé
à contracter une quelconque responsabilité sans le consentement
du conseil d'administration. Compte tenu des développements récents,
il est important de noter que le trésorier devait être responsable
de tous les baux signés par le fiduciaire. Il devait également
présenter des rapports trimestriels sur les sommes reçues
et déboursées.
Le surintendant était chargé de la fabrication des téléphones
et du matériel connexe. Le clerc s'acquittait des tâches
inhérentes à une telle fonction.
À la levée de l'assemblée des actionnaires, le conseil
d'administration s'est immédiatement réuni.
Le conseil a élu à l'unanimité Alexander Graham Bell
électricien et Thomas Watson surintendant. Le fiduciaire a présenté
un rapport sur la situation de la société et soumis le projet
de bail à utiliser pour la location de téléphones.
Avec l'adoption de la loi, le conseil d'administration a ajourné
sa séance. Les archives indiquent qu'ils ne se sont plus jamais
réunis officiellement.
En août 1877, l'organisation qui, pendant les onze mois suivants,
allait contribuer au développement commercial du téléphone
fut achevée. L'administrateur Hubbard était à sa
tête, et Thomas Sanders en était le second.
Dans cette période clé, Bell a pris un congé le 11
juillet 1877, pour épouser Mabel Hubbard, l'une de ses
élèves sourdes et fille de l'un de ses partenaires, Gardiner
Greene Hubbard. Alexander Graham Bell, électricien, fut nommé
pour perfectionner ce téléphone. En
réalité, Bell et sa femme s'installèrent alors en
Angleterre, où il resta dix-huit mois, ignorant totalement l'actualité
téléphonique américaine.
Le lendemain, Bell concéda 75 % de ses droits canadiens
à son père et le reste à Charles Williams
Jr. de Boston, Massachussetts, son fabricant déquipement.
en échange, ce dernier doit fournir 1 000 téléphones
sans frais. Toutefois, après cette transaction, deux enjeux importants
apparaissent. Dabord, la demande en téléphones aux
États-Unis, téléphones pour lesquels M. Williams
avait été payé, devient tellement grande que ce dernier
prend du retard dans les commandes placées par Melville Bell. Ensuite,
les frais de douanes canadiennes que doit débourser Melville Bell
pour chaque téléphone fabriqué aux États-Unis
sont élevés. De plus, les lois concernant les brevets obligent
les Canadiens à cesser limportation de téléphones
peu de temps après lémission du brevet en 1877.
Le 1er Aout 1877 Gardiner
Hubbard au conseil de direction de la compagnie du téléphone
Bell rédige un rapport sur les agences désignées
pour louer des téléphones.
Une circulaire de 1877 Le téléphone
Les propriétaires du téléphone,
l'invention d'Alexander Graham Bell, dont les brevets ont été
délivrés par les États-Unis et la Grande-Bretagne,
sont maintenant prêts à fournir des téléphones
pour la transmission de la parole articulée à travers
des instruments distants d'au plus trente kilomètres. La
conversation peut facilement être poursuivie après
une légère pratique et avec la répétition
occasionnelle d'un mot ou d'une phrase.
Lors de la première écoute du téléphone,
bien que le son soit parfaitement audible, l'articulation semble
indistincte, mais après quelques essais l'oreille s'habitue
à le son particulier et trouve peu de difficulté à
comprendre les mots.
Le téléphone doit être placé dans un
endroit calme, où aucun bruit n'interrompt la conversation
ordinaire.
Les avantages du téléphone par rapport au télégraphe
pour les entreprises locales sont les suivants :
(1) qu'aucun opérateur qualifié n'est requis, mais
une communication directe peut être établie par la
parole sans l'intervention d'une tierce personne.
(2) Que la communication est beaucoup plus rapide, le nombre moyen
de mots transmis par minute par Morse Sounder étant de quinze
à vingt, par téléphone de un à deux
cents.
(3) Qu'aucune dépense n'est requise ni pour son entretien,
ni pour sa réparation. Il n'a pas besoin de batterie et n'a
pas de machinerie compliquée. Il est inégalé
pour l'économie et la simplicité.
Les conditions de location de deux téléphones à
des fins sociales reliant une maison d'habitation à tout
autre bâtiment seront de 20 $ par an, à des fins commerciales,
de 40 $ par an, payables semestriellement à l'avance, avec
les frais d'expression de Boston, New York, Cincinnati, St. Louis
ou San Francisco.
Les instruments seront conservés en bon état de marche
par les bailleurs, sans frais, à l'exception des blessures
résultant d'une grande négligence.
Plusieurs téléphones peuvent être placés
sur la même ligne moyennant une location supplémentaire
de 10 $ pour chaque instrument; mais l'utilisation de plus de deux
sur la même ligne où la confidentialité est
requise n'est pas recommandée.
Toute personne se trouvant à une distance auditive ordinaire
peut entendre l'appel vocal via le téléphone.
Si un appel plus fort est requis, un appel peut être fourni
pour 5 $.
Les lignes télégraphiques seront construites par les
propriétaires si désiré.
Le prix variera de 100 $ à 150 $ le mille; tout bon mécanicien
peut construire une ligne; Le fil n ° 9 coûte 8 1/2 cents
la livre, 320 livres aux 34 isolateurs du mile à 25 cents
chacun; le prix des poteaux et le réglage varient dans chaque
localité; fil de filage de 5 $ par mille; divers 10 $ par
mile.
Les parties qui louent le téléphone n'encourent aucune
dépense au-delà de la location annuelle et de la réparation
du fil de ligne.
Sur la page suivante, vous trouverez des extraits de la presse et
d'autres sources relatives au téléphone.
Gardiner G Hubbard
Cambridge, Mass, mai 1877
MM. Sanders & Hubbard ont donc prêté
à M. Williams 500 dollars. Williams a commencé à
livrer des téléphones à nos agents le 10 juin et
depuis lors, il a livré 650 hand téléphones ... presque
tous sont actuellement en service, aucun deux na été
retourné ou, à notre connaissance, na pas donné
satisfaction
... Bell et Mabel
Hubbart et s'apprêtent à partir en voyage de noce, ils
embarquent pour l'Angleterre le 4 aout 1877 , Bell en profitera pour
promouvoir son invention en Europe bien qu'elle soit déjà
étudiée et reproduite à l'étranger simplement
avec ce que l'on trouvait dans la presse de cette époque.
Thomas Watson, jusqu'alors simple « factotum général
», devait superviser le développement et la fabrication des
téléphones et des équipements auxiliaires. Le
10 août, il fut relevé de ses fonctions de comptable
lorsque Robert W. Devonshire fut embauché à cette fin. Devonshire
devint ainsi le « premier employé du téléphone
». Enfin, Charles Hubbard fut élu au poste de clerc de la
compagnie. L'organisation centrale de la Bell Telephone Company était
au complet.
La décision de nommer Gardiner G. Hubbard administrateur était
logique. Non seulement il avait déjà fait preuve d'un excellent
jugement dans plusieurs décisions clés, mais il démontrait
également la personnalité et les qualités nécessaires.
Il était essentiel de promouvoir le téléphone. Ce
sont précisément ces qualités qui avaient contribué
à l'influence de Thomas Sanders en 1871, permettant à Hubbard
de devenir un partenaire à part entière avec lui et Bell.
De plus, Hubbard était particulièrement bien placé
dans son rôle de membre de la Commission spéciale sur le
transport ferroviaire par rail pour attirer l'attention de nombreuses
parties intéressées sur le téléphone.
Au cours de ses missions d'inspection auprès de la Commission,
Hubbard transportait une paire de téléphones à des
fins d'expérimentation et de démonstration à des
personnes intéressées.
Dans une période de finances serrées, la Commission a fourni
un moyen permettant d'effectuer des voyages promotionnels à peu
de frais, voire gratuitement, pour la Bell Telephone Company. Comme le
raconte Watson :
"Le voyage pour lequel j'ai essayé le téléphone
pour la première fois dans une mine était en grande partie
celui effectué par la U.S. Railway Commission, dont M. Hubbard
était le président". En réalité, son
seul but était de tester le téléphone.
En effet, Hubbard devint agent itinérant pour le téléphone.
En juin 1877, il distribua des téléphones à des agents
potentiels à Cleveland, Chicago et Pittsburgh.
L'incapacité des intérêts de Bell à lever des
capitaux à des conditions acceptables influença fortement
le programme que la Bell Telephone Company suivit pour promouvoir le téléphone.
La décision fut prise d'encourager les intérêts locaux
à développer l'activité téléphonique,
en utilisant les capitaux et la population locaux, la Bell Company conservant
l'autorité générale.
Le 1er août 1877, lorsque le fiduciaire Hubbard fit son rapport
au conseil d'administration, des agents avaient déjà été
nommés pour commercialiser le téléphone localement,
et des négociations étaient en cours avec d'autres. L'analyse
de ces agences et d'autres créées pendant que Hubbard était
administrateur indique un certain nombre de développements importants.
Certains agents ont commencé à nouer des relations avec
le téléphone par le biais de contacts avec Gardiner Hubbard,
comme dans le cas de l'agence de l'Ohio et de l'Indiana et de la Wisconsin
Telephone Company.
Les instruments laissés par Hubbard à cette occasion ont
été testés et exposés publiquement. Ces tests
et démonstrations ont parfois donné lieu à des commandes
immédiates de téléphones :
"Depuis votre départ, nous avons effectué plusieurs
tests avec le téléphone et ils ont été concluants.
Samedi, nous avons essayé sur une ligne de chevaux, c'était
un test très sévère et satisfaisant,
ce qui a abouti à une commande de trois instruments. Ne pouvez-vous
pas poncer une douzaine d'instruments ou plus à la fois ? ".
Un certain nombre d'agents ont reçu leur introduction au métier
de la téléphonie en tant qu'assistants de Bell au cours
de certaines de ses premières expériences et conférences.
Stearns et George, agent de Boston, avaient aidé à la construction
d'une première ligne pour Bell, tandis que George W. Coy,
qui allait plus tard rétablir le premier central téléphonique
commercial, construisit les lignes nécessaires à la conférence
de Bell à New Haven et l'y assista généralement.
Il semble cependant que le plus grand nombre d'agents aient découvert
la téléphonie grâce à leurs propres demandes
de renseignements auprès des propriétaires du brevet Bell.
Certains d'entre eux, comme John Ponton de Titusville, William A. Jackson
du Michigan et George S. Ladd de Californie, ont découvert le téléphone
grâce à des articles de journaux. William Jackson explique
:
"Durant l'été 1877, mon attention fut attirée
par un article de journal rendant compte du fonctionnement du téléphone.
Je m'adressai à M. Bell pour la création de l'agence du
téléphone Bell pour l'État du Michigan. Le dossier
fut confié à M. Gardiner G. Hubbard, et après quelques
échanges de correspondance et de documents, le 1er octobre 1877,
je pris en charge l'agence générale pour le Michigan.".
Nombre de ceux qui se sont renseignés sur le téléphone
étaient des fabricants ou des fournisseurs de matériel électrique.
Stearns et George étaient électriciens et fabricants d'appareils
électriques ; G. W. Stockley était vice-président
et trésorier de la Telograph Supply Company de Cleveland ;
tandis que Western Electric et Davis et Watts étaient principalement
fabricants et revendeurs de matériel électrique. Un nombre
important d'agents potentiels étaient déjà connectés
à certains réseaux de communications électriques.
E. T. Koines a dirigé un système d'alarme antivol à
Boston ; W illiam H. B ofinger était président de l'American
District Telegraph Company (Nouvelle-Orléans) et de la New Orleans
Local Telegraph Company ; C. H. Sew all était membre de l'American
District Telegraph Company d'Albany ; T. B. A. David était membre
de la Central District and Printing Telegraph Company de Pittsburgh ;
tandis que B. F. Blackall était surintendant de la ligne d'incendie,
de télégraphe et de travaux publics de Rochester et que
H. R. Rhoads était surintendant des lignes télégraphiques
du Pennsylvania Railroad..
Certains de ces individus ont fait appel à la Bell Telephone Company
pour obtenir une agence, car ils recevaient déjà des demandes
et des commandes locales de téléphones. D'autres pensaient
que leurs compétences et leur expérience dans la maintenance
et l'exploitation de divers types de systèmes télégraphiques
leur permettraient de réussir à établir une agence
téléphonique. Ainsi, C. H. Seval, de l'American District
Telegraph Company d'Albany, a cité son témoignage. Avantages
de l'entreprise si elle se voyait attribuer une agence : "Notre
entreprise ne dispose d'aucune agence pour aucun type d'instrument, à
l'exception d'une alarme anti-cambriolage, et n'en fait rien. Nous avons
un homme de première classe et une bonne organisation pour développer
une entreprise comme la vôtre".
Parmi les diverses entreprises à vocation électrique qui
se sont renseignées sur le téléphone, les compagnies
locales de télégraphe du district américain étaient
les plus nombreuses. Le téléphone était un complément
naturel, et finalement le successeur, des instruments déjà
utilisés sur ces systèmes. Après qu'un agent potentiel
eut établi un contact préliminaire avec la compagnie de
téléphone Bell, il rechercha un certain nombre d'instruments
pour examiner, tester et démontrer. Un certain scepticisme était
naturel, car il semblait impossible de croire à toutes les affirmations
faites concernant ce téléphone. Une partie intéressée
a écrit :
"Notre éloignement nous a empêché d'obtenir des
informations précises sur l'efficacité du système.
Nous ne connaissons que ce qui a été publié dans
les journaux, et la presse est rarement correcte en la matière.
« Envoyez-moi, par exprès, des instruments pour deux stations,
accompagnés d'instructions. Nous les paierons ou vous les retournerons
en bon état, selon votre préférence. » Cela
nous permettra de les tester en profondeur et de vous convaincre de ce
qui peut être fait avec eux sur notre marché" .
Les derniers points du contrat d'agence sont souvent restés en
suspens pendant une longue période. Hubbard a donné à
ses agents potentiels l'autorisation générale de conclure
la location de téléphones, mais a laissé les détails
non spécifiés ou énoncés de manière
ambiguë. George W. Moore, secrétaire et surintendant de l'American
District Telegraph Company (Erie, Pennsylvanie), ouvrit des négociations
avec Gardiner Hubbard le 16 juillet 1877, demandant des conditions de
location de téléphones. Trois mois plus tard, après
avoir reçu l'autorisation de créer une agence téléphonique,
il écrivit à Thomas Sanders : « Je n'ai pas encore
pu obtenir de déclaration quant à la part importante ou
faible des loyers qui vous revient ou au montant qui revient aux agents.
» Jusqu'au 6 février 1878, Moore se plaignait encore :
"Les perspectives sont bonnes, mais je ne ferai plus rien tant que
je ne connaîtrai pas quelque chose de positif concernant le territoire
et le pourcentage. J'ai été chassé à deux
reprises du territoire d'autres agents et je n'ai aucune garantie que
le mien s'étende sur plus de dix mètres carrés au-delà
de mon bureau."
Thomas Watson, lors d'une visite d'inspection générale,
a reconnu la validité des plaintes de Moore. Watson regrettait
que l'entreprise n'ait pas pris connaissance de Moore plus tôt,
car il aurait été « parmi nos meilleurs agents
désormais ».
Cet état résultait de la méthode de négociation
des contrats. Hubbard était responsable des négociations,
mais il ne pouvait pas leur accorder toute son attention. Son temps était
partagé entre la compagnie de téléphone et l'entreprise.
Commission postale. MM. Richardson et Barnard, cherchant à obtenir
des éclaircissements sur leur contrat, ont expliqué à
Sanders comment celui-ci avait été négocié :
"Nous joignons une copie de la seule lettre que nous ayons sur ces
sujets, et le rendez-vous était si vague que nous avons conclu
que nous ne pouvions pas accepter l'agence sous ces deux conditions. Nous
avons pris rendez-vous trois fois pour vous rencontrer, vous et M. Hubbard,
et trois fois, il n'a pas pu nous rencontrer. Nous avons enfin été
informés par votre M. Watson qu'il nous écouterait et nous
ferait un rapport après consultation avec M. H. Nous avons demandé
à recevoir ce message par courrier et M. W. a dit que nous devrions
l'avoir, mais que nous devions « aller droit au but »
et que tout irait bien."
Un agent a effectivement fait de la publicité et exploité
son agence sans avoir reçu de contrat.
L'étendue géographique des agences variait considérablement.
Celles de Charles Williams (Boston), Roosevelt et Cheever (New York),
Stearns et George (Boston), Thomas Cornish (Philadelphie) et R. A. Shipman
(Louisville) couvraient des villes importantes, tandis que d'autres couvraient
un État entier ou une série d'États. L'agence de
Frederick Gower couvrait les États de la Nouvelle-Angleterre, à
l'exclusion des zones précédemment attribuées ;
G. W. Stocklys comprenait lIndiana et lOhio, et lAgence
du Sud de Richardson et Barnard soccupait de certaines parties de
la Caroline du Sud, de la Géorgie et de la Floride.
Les agents qui obtenaient de grands blocs de territoire les subdivisaient
en sous-agents chargés de gérer l'activité téléphonique
dans leurs districts. La relation entre le sous-agent et l'agent général
était similaire à celle de l'agent général
et de la compagnie de téléphone Bell. Hubbard a également
nommé des agents avec des commissions de voyage comme Eliha Wilson
qui détenait une commission pour Syracuse et les villes à
l'ouest sur la ligne du New York Central Railroad. La tâche de Wilson
et d'autres agents de voyages était d'établir des agences
dans différentes villes, de louer des instruments et de construire
des lignes reliant les immeubles de bureaux aux autres points d'affaires,
et des maisons aux lieux de fabrication, afin d'habituer les gens à
utiliser le téléphone. Non seulement l'étendue géographique
des agences variait, mais aussi les conditions qui les régissaient.
Chaque contrat différait dans les détails, mais il y avait
des similitudes majeures. Les agents étaient généralement
rémunérés par une commission de quarante pour cent
sur la première année de location et de vingt pour cent
par an. Certains agents ont réussi à obtenir une commission
initiale plus élevée, comme l'ont fait G, W. Stockly et
H. R. Rhoads. Ces commissions plus élevées reflétaient,
en partie, la conviction de l'entreprise que des commissions plus importantes
devaient être accordées aux agents qui, selon les calculs,
ne recevraient qu'une petite partie. de leurs bénéfices
provenant de la construction de lignes.
Ainsi, Stearns et George, de Boston, ne percevaient initialement aucune
commission, car ils devaient percevoir leur salaire pour la construction
des lignes. Les conditions d'emploi des agents de voyages variaient également.
Elisha Wilson percevait une commission de cinquante pour cent, tandis
que James Hamblet, agent du Missouri, était embauché par
la Bell Telphone Company pour 2 500 dollars par an. La durée
des contrats d'agence était généralement indéterminée.
Aucune limite de temps précise n'était fixée pour
les agences de Charles Williams, Steams et George, et de Frederick Gower,
mais il était entendu qu'elles continueraient d'exister aussi longtemps
que les agents donneraient satisfaction ou jusqu'à la création
d'une Bell Telephone Company pour la Nouvelle-Angleterre. Si ce dernier
événement se produisait dans les deux ans, ce qu'Hubbard
avait anticipé dans le raid de 1877, alors ces agents recevraient
un intérêt dans la compagnie de la Nouvelle-Angleterre proportionnellement
à la valeur de leur activité d'agence.
Pour les agents maritimes situés hors de la Nouvelle-Angleterre,
la satisfaction de la Bell Company quant à ses performances était
un élément important de la durée des agences. Ainsi,
la commission de voyage d'Elisha Wilson était initialement limitée
à trois mois, sous réserve d'une prolongation pour bon service.
Le contrat de John Ponton était d'une durée d'un an, renouvelable
à la discrétion de la compagnie.
Les contrats fixaient les conditions dans lesquelles les agents devaient
louer des téléphones et du matériel auxiliaire. Les
conditions variaient de dix dollars par an par téléphone
(Williams, Steams et George, et Gower) à trente dollars par an
pour un ensemble de deux ou quatre instruments (Sawall), jusqu'à
quarante dollars par an pour un ensemble de quatre téléphones
(Stockly). Un ensemble de téléphones se composait généralement
d'un petit instrument, utilisé comme récepteur, et d'un
grand émetteur-récepteur, utilisé comme émetteur-récepteur.
JJohn Ponton était spécialement autorisé à
fabriquer de l'essence sur les terrains qu'il jugeait opportuns.
Ces prix ont suscité des réactions diverses de la part du
public. C. H. Sewall a constaté que le public était réticent
à louer le téléphone à raison de trente dollars
par an « Le téléphone est un instrument très
méritant. Mais je passe beaucoup de temps à argumenter sur
son prix. Aucune autre objection n'a été formulée
à son sujet, et beaucoup de gens en veulent manifestement et ont
peur uniquement du coût».
Cependant, G. W. Stock a noté que : « Personne
qui utilise le téléphone ne considère quil
est cher à un prix raisonnable chaque année et dès
que le public comprendra quil ne peut être obtenu quà
ces conditions, il reconnaîtra quil sagit de loin de
la méthode de télégraphie la moins chère jamais
mise au point. »
Malgré l'expérience de Stockly, la publicité concernant
la location de téléphones indiquait les prix existants.
Stockly a lui-même conclu que cette situation résultait de
l'absence de tarifs uniformes. Certains ont retardé la location
de téléphones, craignant de se voir proposer des prix plus
bas plus tard. Ce manque d'uniformité des prix reflète en
partie la reconnaissance par Bell Company des problèmes spécifiques
de chaque agence, sous forme de concessions et de tarifs spéciaux.
Les plaintes et la confusion suscitées par cette politique ont
toutefois suscité une reconnaissance de la part de Gardiner Hubbard :
« Nos tarifs téléphoniques ont varié sensiblement
selon les agences, ce qui est une erreur, même si j'en suis partiellement
responsable. Nous fixerons rapidement un tarif uniforme. »
Le 15 novembre 1877, la Bell Telephone Company, dans ses Instructions
aux agents n° 1, annonça officiellement sa politique de loyers
uniformes. Désormais, chaque téléphone devait être
loué pour dix dollars payables d'avance ; au moins une paire d'instruments
devait être utilisée à chaque station. Les agents
pouvaient désormais vendre des cloches d'appel pour quinze dollars
chacune ou continuer à louer à plus de cinq dollars par
an.
La décision exigeant des parties qu'elles utilisent deux téléphones
dans chaque gare a suscité l'indignation du public et, selon Sandors,
a contribué à une « paralysie » des activités
de la société. Face aux pratiques concurrentielles de Western
Union, la société Bell a été contrainte de
reconsidérer sa politique et d'autoriser la location d'instruments
uniques.
Le prix des téléphones n'était pas le seul problème
auquel les agents étaient confrontés lors de la création
de leurs agences. Au départ, ils devaient présenter le téléphone
aux habitants de leur territoire et stimuler la demande. Chaque agent
a développé sa propre stratégie pour attirer des
clients. Certains tentèrent de façonner l'opinion publique
en organisant des conférences et des démonstrations dans
le style de celui que Bell avait lancé. James Harablet, du Missouri,
utilisa des foires et des expositions, exposant le téléphone
à l'exposition Saint-Joseph pendant une semaine, puis à
Kansas City pendant une autre. Une telle technique exigeait vigueur et
endurance. Il expliqua :
"J'ai traversé un dur siège à ces foires, et
je tiens des expositions tous les soirs, ici, dans cette maison, à
plus d'un kilomètre et demi de fil jusqu'au bureau du télégraphe,
et je compte faire un tour demain soir à plus de trente kilomètres,
jusqu'à une ville voisine."
L'introduction, peu poussée, a stimulé l'imagination et
la demande du public. Les agents ont souvent attribué une réaction
moins enthousiaste aux particularités de leurs clients. Thomas
Cornish a mis en garde Gardiner Hubbard contre les attentes excessives
de Philadelphie et de ses habitants :
"Il ne faut pas s'attendre à ce qu'une très grande
activité démarre à Philadelphie. Sans travail, sans
temps, sans patience, un peuple lent et étrange, mais de bonne
nature, très sympathique et fiable, pas impulsif comme les hommes
d'affaires new-yorkais, désireux de voir et de savoir par eux-mêmes
s'ils sont satisfaits".
De même. C.P.E. Burgoyne de Virginie a adoré ses difficultés
dues à la nature conservatrice des habitants du Sud, mais a trouvé
l'espoir dans le fait que « lorsqu'une coutume ou une invention
est une fois introduite, elle restera en vogue longtemps ».
Plusieurs agents ont tenté d'influencer l'opinion publique en obtenant
le soutien du gouvernement local. La satisfaction d'un maire, d'un chef
de police ou d'un surintendant des services de gaz ou d'eau serait un
témoignage fort de l'utilité de ce téléphone.
Ainsi, certains agents ont effectué leurs premières démonstrations
téléphoniques auprès des dirigeants politiques et
administratifs des villes.
Comme le professeur Bell avant eux, les agents ont connu un certain succès
lors de leurs conférences et démonstrations. Il n'était
pas rare que les tests soient concluants ou échouent en raison
de l'état rudimentaire des instruments, d'interférences
télégraphiques ou de conditions climatiques locales. "Cette
interférence varie considérablement avec la météo.
Par temps sec et venteux, elle est bien plus importante qu'à d'autres
moments, et ce genre de temps est fréquent à Chicago. Certains
jours, le crépitement de l'instrument à main est si fort,
simplement à cause de cette interférence, qu'on peut l'entendre
à plusieurs mètres de distance de l'instrument."
Bien que des résultats comme ceux-ci aient confirmé les
idées des sceptiques quant à l'inutilité du téléphone
et à la nécessité de nouvelles démonstrations,
des démonstrations réussies ont atteint leur objectif et
ouvert la voie à la location de téléphones. Un agent
a écrit : « Je suis tout aussi satisfait de vous écrire
que je rencontre les succès les plus encourageants dans mes efforts.
» pour présenter le téléphone.
Au départ, le téléphone a été principalement
adopté à des fins commerciales.
Les agents ont donc déployé des efforts particuliers pour
dissiper l'ignorance et le scepticisme du monde des affaires à
l'égard de cette application. Rétrospectivement, certaines
objections des hommes d'affaires semblent étranges, voire absurdes,
mais il faut se rappeler qu'elles étaient conditionnées
à l'usage et aux techniques de la télégraphie.
Le président du Metropolitan Horse Rail Road était sceptique
quant à l'utilité de ce téléphone pour son
entreprise, car tant de personnes différentes utiliseraient cet
instrument qu'il serait impossible de les enseigner à tous. D'autres
s'opposaient au téléphone, arguant du risque d'inexactitude
de transmission, ce qui serait un défaut fatal. Certains refusaient
tout simplement d'abandonner les télégraphes à cadran,
qui s'avéraient efficaces.
Une simple explication ou démonstration nétait pas
toujours suffisante pour dissiper une telle incrédulité
et un tel scepticisme. J. N. George n'a pu conclure un contrat avec le
président du Metropolitan Horse Rail Road qu'après des efforts
soutenus et une concession selon laquelle cette entreprise garantirait
que les téléphones seraient « pratiques et satisfaisants »
et accepterait de renoncer à ses réclamations pour les câbles
et les instruments s'il en était autrement.
Le recours habituel, cependant, était de connecter les téléphones
à titre expérimental. Cette politique a été
lancée en 1877, date à laquelle le premier téléphone
a été loué. Afin de surmonter les objections et de
les faire introduire à des fins commerciales, j'ai non seulement
organisé une exposition dans des lieux où les gens pouvaient
les voir et les expérimenter à tout moment, mais j'ai également
fait des efforts particuliers pour inciter les gens à les essayer
dans leurs bureaux et leurs maisons, partout où ils se trouvaient.
« Il y avait des lignes existantes, ou partout où je
pouvais, sans trop de frais, les installer à cette fin.»
« J'ai toujours trouvé nécessaire de passer
beaucoup de temps à m'entraîner au téléphone
avec des personnes que je souhaitais familiariser avec elles.»
La politique de mise à l'essai des téléphones s'est
poursuivie jusqu'au 1er janvier 1878, date à laquelle la compagnie
de téléphone Bell a publié de nouvelles instructions
à l'intention des agents. La compagnie a constaté que « le
téléphone n'était plus une nouveauté »
et que, par conséquent, la nécessité de fournir des
téléphones à l'essai avait disparu. Désormais,
les loyers devaient être payés à l'avance et les agents
étaient tenus responsables des loyers non perçus dans les
trente jours. Les agents ont été confrontés à
d'autres difficultés à mesure que les agences de location
se développaient. Les progrès de W. H. Bofinger dans la
location de téléphones furent entravés par une épidémie
de fièvre qui fit quatre mille morts à La Nouvelle-Orléans.
Les activités de la ville furent mises en quarantaine et de nombreux
citoyens, y compris Bofinger, s'enfuirent, laissant leurs factures impayées.
Il en résulta une perte matérielle considérable pour
l'Agence de la Louisiane.
Les espoirs de John Ponton pour son agence téléphonique
de Titusville furent anéantis par une « grande dépression
économique ». Il expliqua : « Le prix du pétrole
a chuté à environ 1,30 $ le baril contre 2,90 $ à
la même époque l'année dernière, ce qui a entraîné
une perte sèche pour la région d'environ 6 000 $ par
jour. J'ai travaillé contre toute attente. » La situation
géographique s'est avérée un facteur important dans
la réussite d'un agent. C'était particulièrement
vrai pour les agences situées à l'ouest du Mississippi.
Le nombre de clients potentiels dans l'Ouest était considéré
comme inférieur à celui de l'Est. Selon l'analyse de George
Ladd, le territoire du Pacifique constituait un champ de développement
téléphonique plus restreint que celui de l'Est, car il y
avait moins d'établissements manufacturiers ou d'autres entreprises
impliquant des communications entre un bureau et le lieu de travail. Ladd
conclut :
"San Francisco, avec ses 300 000 habitants, et Virginia City,
avec ses mines et ses usines, constituent les principaux gisements. Le
reste sera dispersé dans plusieurs petites villes. Au total, le
gisement serait peut-être aussi vaste qu'Atlantic City, avec ses
500 000 habitants."
Hie West s'est avéré une zone difficile pour le développement
téléphonique, non seulement en raison de sa population relativement
clairsemée, mais aussi en raison de son éloignement de la
Bell Telephone Company de Boston. Il a fallu plus de trente jours pour
que les instruments expédiés de Boston arrivent à
San Francisco. En conséquence, l'agent a été contraint
de commander plus d'instruments que ses besoins immédiats. Cela
représentait une charge particulière pour lui et d'autres
agents situés dans la même zone, car la société
Bell exigeait des avances sur tous les instruments expédiés.
De plus, les frais de transport s'ajoutaient aux coûts de l'agent.
Le problème de l'approvisionnement des agences éloignées
a incité plusieurs agents à suggérer, à diverses
reprises, la création d'un dépôt occidental à
partir duquel les agents pourraient être approvisionnés plus
efficacement. En attendant une solution, un agent a commencé à
fabriquer ses propres cloches d'appel.
Certaines agences, de par leur emplacement, bénéficiaient
d'avantages particuliers.
Philadelphie et son territoire adjacent, qui comprenait les deux tiers
des mines de charbon de l'anthracite de l'État, offraient un champ
téléphonique plus vaste que d'autres districts d'étendue
comparable. Cela était dû à une loi exigeant que chacune
des cinq cents mines du district dispose d'un moyen de communication orale
entre l'intérieur et la surface. D'autre part, certaines agences
particulièrement situées étaient confrontées
à des problèmes particuliers. L'agent George C. Maynard,
de Washington, D.C., a été contraint de louer des téléphones
sans les contrats écrits habituels et a dû attendre les versements
plus longtemps que d'habitude, car une part importante de ses affaires
concernait le gouvernement fédéral et, conformément
à la loi, il était interdit aux fonctionnaires de conclure
des contrats ou de dépenser de l'argent au-delà de l'exercice
fiscal en cours.
Les agents étaient confrontés à de nombreux problèmes
découlant de leurs relations avec la société mère
à Boston. L'incapacité de la Bell Telephone Company à
expliquer pleinement ses décisions politiques, ainsi que les distances
impliquées, a contribué à créer un système
de communication médiocre. Parfois, les agents trouvaient difficile
d'obtenir des réponses à leurs questions ou simplement d'être
tenus informés de l'état actuel des choses. À d'autres
moments, les déclarations des entreprises manquaient de clarté.
L'agent Bofinger a écrit : « Votre faveur pour le 11e reçu
Je ne comprends pas votre lettre imprimée Je n'ai pas été
pleinement informé de votre plan. »
Outre les plaintes concernant les loyers élevés et les critiques
occasionnelles concernant la politique de l'entreprise consistant à
louer plutôt qu'à vendre des instruments, la politique que
les agents devaient le plus souvent défendre était la clause
insérée dans les baux téléphoniques exigeant
des abonnés qu'ils reconnaissent leur responsabilité. jusqu'à
la somme de cinquante dollars par instrument en cas de dommage ou de perte.
Les abonnés ont jugé la clause injuste ou la valorisation
des téléphones excessivement élevée et ont
donc hésité ou refusé d'adopter le téléphone
et de signer les baux requis. Stearns et George ont rapporté :
« Certaines parties s'y sont opposées au motif de son caractère
Il est exorbitant de profiter de leur malheur d'être épuisés
pour facturer autant pour un instrument aussi peu coûteux. G. W.
Stock a critiqué cette politique en faisant valoir que le public
« savait aussi bien que moi qu'il ne coûterait qu'environ
10 dollars à l'extérieur pour compenser la perte. »
L'explication de Sanders pour cette disposition impopulaire était
qu'en cas de tentative de fraude, l'entreprise pouvait intenter une action
en justice en vertu d'une loi concernant les cas de 50 $ ou plus et ainsi
contraindre l'accusé à payer les frais. Dans les cas où
la résistance des abonnés était très grande,
Sanders a instruit Frederick Gower : « Vous pouvez endosser au verso
du bail (en cas de perte par incendie, une somme ne dépassant pas
cinq (5 $) sur chaque téléphone et dix (10 $) sur chaque
appel sera facturée.) lorsque les parties exigent un tel endossement.
» Si les agents ne cherchaient pas à obtenir des éclaircissements
sur une divergence entre leurs comptes et ceux de la société
de Boston, ils se plaignaient de la politique exigeant des paiements anticipés
sur les appels téléphoniques reçus de Boston. Un
agent a considéré cette exigence comme un reproche envers
sa personnalité : « Le commerce des avances est
une bonne affaire de charlatanerie Si je ne suis pas assez honnête
pour gérer votre stock sans payer davance, je pense que je
suis trop malhonnête pour agir en tant que votre agent.»
La plainte la plus grave des agents téléphoniques, outre
la menace croissante de Western Union, concernait le manque d'instruments
suffisants et leur mauvaise qualité, notamment les Bells. Ces plaintes
et critiques ont persisté bien au-delà de l'existence de
Bell Telephone Company en tant qu'« association volontaire ».
Les agents ont souffert de pénuries de toutes sortes. Le travail
dans une agence a été interrompu car, pendant plusieurs
semaines, une commande de fils isolés est restée sans réponse.
Les pénuries les plus pressantes, cependant, concernaient les téléphones
et les sonnettes d'appel.
Les installations téléphoniques ont cessé, les agents
attendant les livraisons de téléphones, ou du moins une
date d'exécution des commandes. Des agents désespérés
ont posé des questions calmement, puis ont plaidé et parfois
même cajolé : « Si vous n'envoyez pas de téléphone,
Thora aura de grandes funérailles à Boston. Dupliquez ma
commande. »
Boston a reçu des rapports de toutes les régions indiquant
que les stocks d'instruments étaient épuisés et que
davantage de téléphones auraient pu être loués
si les agents avaient été approvisionnés plus rapidement.
Si nous pouvions obtenir beaucoup de téléphones, nous pourrions
accélérer les choses de manière très satisfaisante.
Tous les instruments dont nous disposons sont utilisés et donnent
la meilleure satisfaction, et nous devrions avoir au moins cent grands
instruments et autant de petits instruments dès que possible, si
nous voulons répondre aux appels qui commencent maintenant à
arriver sans être sollicités.
Les retards sont dangereux.
Comme solution temporaire, G. W. Stock a demandé la permission
d'en fabriquer lui-même un nombre limité.
Non moins importante que la pénurie de téléphones
était celle des sonnettes d'appel, sans lesquelles le téléphone
lui-même n'avait que très peu d'applications pratiques. Tout
au long de l'année 1877, la Bell Telephone Company a été
submergée de commandes et de demandes de sonnettes d'appel. Les
agents se plaignaient de ne pas pouvoir prospecter leurs districts en
profondeur et de perdre des commandes en raison de leur incapacité
à fournir des instruments. Les lignes téléphoniques
récemment construites restaient inactives, faute de sonneries d'appel.
Ce qui était encore plus frustrant pour les agents était
leur incapacité à obtenir des informations de la part de
l'entreprise concernant les expéditions futures. Le 28 septembre
1877, l'agent Hamblet écrivit à la Bell Telephone Company
pour demander une réponse à un télégramme
qu'il avait envoyé concernant une livraison de cloches. Le 20 octobre,
Hamblet remarqua : « Les jours passent et aucune cloche n'est encore
arrivée », et il nota qu'il n'avait toujours pas reçu
de réponse à un télégramme récent.
Finalement, onze jours plus tard, en désespoir de cause, Hamblet
écrivit :
"Mes employés me disent que nous perdons des clients à
cause de ce retard. Ceux qui passent commande se lassent vite d'attendre
et disent qu'ils annuleront les commandes si vous ne les avez pas envoyées
dès réception. Je vous prie de m'écrire ou de m'envoyer
un télégramme que je puisse montrer aux milliers de personnes
anxieuses qui attendent. Vous n'avez aucune idée de la pression
que je subis, des questions auxquelles je dois répondre et des
histoires que je dois inventer. Et pourquoi tout cela est-il ainsi ? Vous
pouvez et vous devez me le dire. Je vous prie d'avoir pitié de
cette communauté qui souffre".
En évaluant les raisons de son échec ultérieur, James
Hamblet a conclu qu'outre le mauvais temps, les routes boueuses et la
dépression générale des affaires, le fait qu'il n'ait
pas été doté d'instruments pendant les trois premiers
mois de son mandat était également une considération
importante. Lorsque les agents avaient la chance de recevoir des livraisons
de cloches d'appel dans les magasins, celles-ci étaient souvent
imparfaites. Malgré les améliorations apportées à
la conception et à la fabrication, les cloches continuaient à
être « récalcitrantes » et nécessitaient
beaucoup d'attention et d'ajustements. Les agents étaient non seulement
contraints de consacrer un temps précieux à les ajuster,
mais ils avaient également du mal à collecter les loyers
auprès des clients accablés de factures insignifiantes.
Les agents suggéraient parfois des méthodes possibles pour
gérer ces retards. Hamblet demanda avec insistance qu'on lui confie
la direction du département de fabrication. Il promit de rechercher
d'autres entreprises capables de produire les instruments à un
prix aussi bas que Boston. Lorsque la Bell Company abandonna sa politique
de location de cloches et autorisa les agents à les vendre à
la place, l'un d'eux indiqua qu'il chercherait d'autres fabricants d'instruments
électriques capables de fournir des cloches de qualité supérieure.
Quelles que soient les conséquences, et peu importe le nombre de
suggestions proposées par les agents, le problème de l'approvisionnement
en quantités suffisantes de bons instruments était un problème
que seule la société mère pouvait et voulait résoudre.
C'était un problème que la Bell Telephone Company devait
résoudre dans le cadre de ses accords généraux de
fabrication avec Charles Williams, Jr., de Boston. Les premières
agences créées par Hubbard et la Bell Telephone Company
avaient pour principal objectif de fournir des téléphones
pour les lignes privées construites par les agents. Cependant,
l'idée de connecter des haut-parleurs sur des lignes séparées
a rapidement été conçue et la fonction des agences
a commencé à changer.
CONNECTER LES TELEPHONES, LE CENTRE D'ECHANGE TELEPHONIQUE
Le concept d'un système d'échange central qui permettrait
l'interconnexion des utilisateurs de téléphones sur des
lignes séparées était l'une des premières
idées d'Alexander Graham Bell sur l'utilisation possible de son
invention. Il s'y attarde régulièrement à un moment
donné lors de ses conférences pour discuter de l'avenir
du téléphone. "Il prévoyait un jour où
Mme Smith passerait une heure avec Mme Brown, très agréablement,
à déconnecter Mme Robinson grâce à un central
téléphonique".
Bell prédisait que les fils téléphoniques et télégraphiques
seraient généralement utilisés dans les habitations
au même titre que le gaz et l'eau comme une nécessité,
et non comme un luxe. Il constatait, en effet, une forte similitude entre
un tel système téléphonique et le réseau existant
de conduites de gaz et d'eau :
" À l'heure actuelle [18 mars 1878], nous disposons d'un réseau
de canalisations de gaz parfait dans nos grandes villes.
Nous disposons de canalisations principales installées sous les
rues et communiquant par des canalisations latérales avec diverses
habitations, permettant ainsi aux membres de s'approvisionner en gaz et
en eau à partir d'une source commune.
De la même manière, il est concevable que des câbles
téléphoniques puissent être posés sous terre
ou suspendus, communiquant par des fils de dérivation avec des
habitations privées, des maisons de campagne, des magasins, des
usines, etc., et les reliant, par le câble principal, à un
bureau central où les fils pourraient être connectés
à volonté, établissant ainsi une communication directe
entre deux endroits de la ville."
Bien que les systèmes municipaux de gaz et d'eau aient influencé
l'idée de Bell d'un système d'échange central, des
exemples plus pertinents existaient déjà. Dès 1851,
François Karcelin et Aristide Dumont, de Paris, avaient suggéré
un plan d'intercommunication télégraphique. En 1867, un
système de connexion de fils télégraphiques hippomobiles
privés par l'intermédiaire d'un bureau central fut établi
à Philadelphie. En 1870, son inventeur était capable d'assurer
l'intercommunication d'une vingtaine de banquiers. La Gold and Stock Telegraph
Company avait développé un système d'intercommunication
pour les banques abonnées dès 1871.
Et en 1880, le meilleur de ces systèmes télégraphiques
d'interconnexion fut mis en place par la Law
Telegraph Company de New York.
Selon son inventeur, William A. Childs : " Nous avons adopté
un instrument à cadran similaire au système ABC de Wheatstone
... Il y avait un bureau central avec un seul fil pour chaque abonné
et un annonciateur individuel, une cloche. Le numéro était
indiqué par la frappe sur la cloche de l'abonné qui appelait.
[puis] nous reliont les deux abonnés."
La complexité des différents systèmes télégraphiques
et les compétences nécessaires pour communiquer avec eux
rendaient peu probable une utilisation intensive du système d'échange.
Cependant, la simplicité d'utilisation du téléphone
augmentait les chances d'une utilisation plus large du système
d'échange. Bell a reconnu la possibilité que d'autres aient
développé indépendamment le concept de commutation
téléphonique, compte tenu des systèmes télégraphiques
existants. Il a également concédé que la transition
d'un central télégraphique à un central téléphonique
était une conséquence naturelle. Mais par une logique irréfutable,
Bell a revendiqué la priorité dans la conception du central
téléphonique. Il affirmait que sa conception était
antérieure à celle de toutes les autres, « car
elle remonte à la création même du téléphone ».
Ainsi, Bell réfutait les affirmations d'autres personnes, dont
John Ponton et sa veuve, selon lesquelles ils étaient à
l'origine de l'idée du central téléphonique.
Bien que le concept ait pu être celui de Bell, son exécution
est tombée entre les mains d'autres.
En effet, s'adressant à un groupe d'investisseurs en Angleterre
sur la rentabilité potentielle d'un système d'échange,
Bell a concédé qu'il était alors impraticable. Ce
discours a été prononcé en mars 1888, à une
époque où plusieurs systèmes expérimentaux
avaient déjà été tentés et où
une bourse commerciale était en activité aux États-Unis.
Apparemment, Bell ignorait cette phase du développement téléphonique
américain comme il l'ignorait d'autres pendant son séjour
en Angleterre.
Comme nous l'avons vu avec le premier abonné relié par le
système Holmes, la première interconnexion téléphonique
publique a eu lieu le 17 mai 1877, dans le bureau de Boston de
Holmes.
Holmes exploitait un système d'alarme antivol et, par conséquent,
avait un certain nombre de banques reliées à son bureau
par fil. Il a proposé de faire la démonstration du téléphone
de Bell au public de Boston en conjonction avec son système d'alarme.
Hubbard demanda comment il pouvait faire cela et Holmes expliqua :
Je peux sonner à une banque depuis n'importe quel bureau et la
banque peut en retour sonner à n'importe quel bureau en utilisant
des téléphones et en donnant un signal préétabli
à la Banque de la Bourse. Nous pourrions tous les deux actionner
un interrupteur qui mettrait les téléphones en circuit et
nous pourrions parler ensemble. Si vous voulez bien m'envoyer trois instruments,
je pourrais les déposer à la Banque Hyde and Leather, et
après avoir rendu visite à M. Benzon à la Banque
de la Bourse, je pourrais appeler M. Ripley à la Hyde et Leather
Bank et lui dire que M. Benzon souhaitait lui parler, ainsi qu'au troisième
téléphone en circulation à mon bureau. J'ai pu entendre
que leur conversation avait été fructueuse.
Le premier test ne connectait que trois parties sur deux lignes. Par la
suite, Holmes en connecta trois autres, utilisant ainsi le petit standard
que Charles Williams Jr. avait fabriqué à sa pleine capacité.
Bien que le système fût de grande taille et de nature expérimentale,
il s'agissait d'un central téléphonique comme s'il y avait
eu « mille participants au lieu d'une demi-douzaine ».
Malgré le succès de son système d'échange,
Holmes n'en développa pas immédiatement l'application commerciale.
Il estima qu'il serait plus rentable de mettre en place un service express,
par lequel un abonné demandant un agent express téléphonerait
au bureau central de Holmes, qui à son tour transmettrait le message
par téléphone à un bureau d'express général.
En organisant la Telephone Despatch Company, ainsi nommée parce
que Holmes souhaitait distinguer son service express de son service d'alarme
anti-cambriolage, et aussi parce qu'il estimait que les choses faites
par téléphone « allaient être expédiées
très rapidement », Holmes a raté l'occasion d'établir
le premier central téléphonique commercial au monde.
Outre E. T. Holmes, plusieurs autres personnes ont expérimenté
des systèmes d'interconnexion téléphonique.
En juin 1877, Thomas B. Doolittle a temporairement connecté
quatre téléphones aux lignes de la Bridgeport Social Telegraph
Company, qu'il avait en grande partie construite lui-même.
La Social Telegraph Company utilisait un standard téléphonique
pour connecter ses abonnés. Avec la substitution des téléphones
aux instruments télégraphiques, Doolittle a créé
un « système téléphonique pur et simple, avec
des circuits capables d'être commutés de l'un à l'autre
». Une préoccupation concernant son activité régulière
d'agence téléphonique et un retard de Charles Williams dans
la construction d'un standard amélioré ont empêché
Doolittle d'ouvrir un central commercial régulier jusqu'en juillet
1878.
Le dernier des précurseurs importants du central téléphonique
commercial fut le « système mutuel » institué
durant l'été 1877 par le pharmacien de Hartford, Isaac
Smith. Smith avait déjà mis au point un système
de sonnerie de signalisation avec plusieurs médecins lorsqu'il
lui appliqua le téléphone. Finalement, il modifia et agrandit
le système afin qu'un grand nombre de médecins et de pharmaciens
de la ville puissent bénéficier d'une interconnexion téléphonique
via une station centrale, la pharmacie Smith. Le système de Smith
démontra son utilité lorsqu'il servit à appeler la
communauté médicale de Hartford lors d'une catastrophe ferroviaire
à proximité, en janvier 1878.
Étant donné que le système de Smith était
exclusivement réservé aux médecins et aux pharmaciens,
on ne lui a généralement pas accordé la distinction
d'avoir été le premier système d'échange téléphonique
commercial au monde. Néanmoins, les commentateurs, qu'ils soient
favorables ou non au système de Smith, affirment que ce travail
de pionnier mérite une grande reconnaissance.
Le premier central téléphonique commercial au monde, permettant
l'interconnexion de tous les abonnés, fut inauguré à
New Haven le 25 janvier 1878 par George W. Coy. (lire
la deuxième partie du téléphone aux Usa)
Coy avait acquis son expérience en contribuant à la construction
d'un système télégraphique de district et en assistant
le professeur Bell lors de la conférence de New Haven, où
Bell fit allusion à la similitude des réseaux de gaz et
d'eau avec la téléphonie.
Peu après celui de Coy, le deuxième central téléphonique
commercial au monde ouvrit à Meriden, dans le Connecticut, le 31
janvier 1878. Il intégrait une copie du standard perfectionné
par Coy. Dès lors, le central téléphonique devint
de plus en plus l'élément clé de la téléphonie.
Les abonnés utilisaient le téléphone « nouveau
et amélioré » Butterstamp,
nommé d'après un gadget de cuisine et de restaurant à
l'époque, utilisé pour presser un motif décoratif
dans un pot de beurre.
Les démonstrations se multiplient aux quatres coins du pays, certaines
villes commencent à installer des appareils;
L'un des plus prolifiques de ces inventeurs était le président
de Highland Park, Elisha Gray.pour qui sa demande de brevet est parvenue
au gouvernement seulement deux heures après une application similaire
de celle de Bell.
La malchance de Gray a contribué à garantir que l'histoire
de la téléphonie à Chicago serait longtemps dominée
par des entreprises qui ont ramené leur lignée à
Bell. Ces entreprises comprenaient Chicago Telephone
Company, la société dominante de Chicago au tournant
du XXe siècle, et Illinois Bell, qui a absorbé Chicago
Telephone en 1920.
Ces deux entreprises étaient des piliers du "Bell System",
le réseau téléphonique national qui était
coordonné après 1900 par American
Téléphone et Télégraphe (AT & T).
Bien que George Coy ait réussi à ouvrir le premier central
téléphonique commercial, John Ponton fut le premier à
proposer un tel projet aux propriétaires du brevet de Bell. Il
fut la première personne avec qui un contrat fut conclu pour lancer
le système d'échange.
Selon Watson, Ponton M. était si enthousiaste à ce sujet
et à cause de la facilité avec laquelle il pouvait réunir
les fonds nécessaires à l'établissement des échanges
qu'il m'a fait, du moins, penser que les profits étaient sur le
point de rouler.
Dès décembre 1876, Ponton discutait avec Bell d'un projet
d'interconnexion des réseaux téléphoniques. Bell
concluait que ce projet était « la méthode la plus
réalisable pour obtenir un rendement immédiat ». C'est
sans doute en raison de cette implication précoce dans le système
d'échange que Ponton se crut plus tard l'inventeur de ce système.
En acceptant une agence téléphonique, après son échec
à devenir partenaire dans le brevet Bell, Ponton a indiqué
qu'il était prêt à introduire le système d'échange
sur une base locale. Il proposa de partager la moitié des bénéfices
tirés d'un tel système en échange de l'accord du
titulaire du brevet de lui vendre des téléphones au prix
coûtant et de la cession du droit exclusif d'établir le système
partout où il le jugerait possible. Il conclut : « Je pense
qu'avec un centime par minute pour l'utilisation de l'instrument, les
titulaires du brevet tireraient un dividende plus important que tout autre
système. » Hubbard rejeta cette proposition, mais conclut
un accord avec Ponton, qui entreprit d'établir un système
de central téléphonique en Pennsylvanie.
En octobre 1877, Ponton publia un projet détaillé de quatre
pages décrivant le fonctionnement de la succursale de Titusville
du service central téléphonique de Ponton.
Il prétendait que le service central de Ponton anéantirait
la distance et permettrait aux clients de converser avec leurs amis, de
commander des marchandises dans n'importe quel magasin, d'envoyer un télégramme
ou une lettre à n'importe quelle partie du monde, de convoquer
le médecin de famille, ou d'appeler un policier, une voiture, un
messager et de faire une centaine de choses « momentanément
nécessaires dans les affaires ou la vie domestique ».
Le système d'échange si magnifiquement décrit devait
commencer à fonctionner dès que Ponton aurait obtenu les
noms de vingt-cinq abonnés. Malgré ses attentes optimistes
et ses rapports préliminaires à Gardiner Hubbard, Ponton
fut finalement forcé d'admettre son incapacité à
démarrer le système central. Il attribuait cela à
une « forte baisse du commerce » dans sa région, mais
son manque de connaissances électriques et mécaniques, malgré
la facilité avec laquelle il décrivait l'organisation et
le fonctionnement de son système « extrêmement simple
», était probablement un facteur déterminant.
Néanmoins, il espérait bientôt commencer le «
noyau » du système. Les discours et les promesses de Ponton
concernant le système d'échange central n'ont rien donné.
Selon Watson, « Ponton avait une formidable capacité à
produire du gaz à haute pression, mais son récipient était
trop étroit pour le contenir. Il a lâché très
tôt. »
Les associés de Bell, en particulier Gardiner Hubbard, étaient
réceptifs au concept d'échange et à son application
commerciale. Hubbard prit en charge son développement, en discutant
avec des hommes de terrain, dont E. T. Holmes. Bien qu'une bourse commerciale
fût opérationnelle dès le 1er janvier 1878 et qu'au
moins douze autres fussent établies d'ici la fin de la période
de confiance, l'accent principal, au départ, était mis sur
le développement d'une variante du système central connue
sous le nom de système de district. Même E.T. Holmes, qui
avait réalisé la première interconnexion d'utilisateurs
de téléphones, n'a pas immédiatement développé
un véritable système d'échange.
Système SiègeCentral ou Système de district
?
L'accord de Holmes avec Hubbard couvrait deux formes de systèmes
centraux.
L'une d'elles consistait à exploiter un câble unique
et exclusif reliant la résidence ou l'entreprise d'un abonné
au siège central afin de mettre l'abonné en « communication
directe » avec les abonnés du siège central.
L'autre, plus précisément un système de district,
envisageait de placer un certain nombre d'abonnés sur le même
circuit et de les faire téléphoner au bureau central pour
les relier à un messager de la police, les pompiers, etc... L'abonné
pourrait également appeler ou envoyer un message via le bureau
central à n'importe quel bureau express, chemin de
fer, télégraphe ou tout autre point public si de telles
connexions étaient demandées.
L'abonnement à un système de district signifierait également
que les utilisateurs du téléphone pourraient établir
une communication entre eux sur la même ligne en signalant la partie
appropriée.
En effet, l'accord de Holmes avec la Bell Telephone Company englobait
toutes les formes de système de bureau central :
"D'après ce que je comprends, je dois utiliser le téléphone
pour toutes les tâches du bureau central, que nous envisageons actuellement
ou qui pourraient se révéler à l'avenir, grâce
à l'expérience et à la connaissance que nous pourrions
acquérir grâce à l'utilisation constante du téléphone
dans le cadre de l'activité que nous envisageons de développer".
Ainsi, tout en dirigeant sa société de distribution téléphonique,
Holmes préparait l'organisation d'un véritable système
de central téléphonique qu'il entendait exploiter parallèlement
à celle-ci.
Nombre de sociétés de téléphonie de district
et de central téléphonique étaient issues d'agences
de lignes privées. Il s'agissait d'une étape naturelle entre
la construction et la location de lignes téléphoniques et
la création de systèmes de district.
Il était particulièrement logique que les entreprises de
télécommunication régionales, déjà
présentes dans la téléphonie en tant qu'agents, adoptent
également cette nouvelle technologie. En établissant un
système de district permettant aux abonnés d'une même
ligne de communiquer entre eux ou d'appeler une centrale pour obtenir
un messager ou un autre service connexe, une entreprise de télécommunications
de district n'avait qu'à remplacer ses dispositifs de signalisation
par des téléphones. Bien qu'une telle politique puisse paraître
logique, elle n'était pas toujours évidente ni facilement
adoptée. Les intérêts des télégraphes
des districts du nord de l'État de New York se sont opposés
à l'utilisation générale du téléphone
afin de continuer à monopoliser les affaires à leur manière.
Certains responsables des districts étaient incapables de voir
l'applicabilité du téléphone aux systèmes
télégraphiques existants.
Un autre facteur qui a freiné la conversion des systèmes
télégraphiques de district, des cabines de signalisation
ou des imprimantes aux téléphones, était la réticence
de certains responsables à opérer ce qui équivalait
à un changement radical :
"Est-il impossible pour nous doffrir aux citoyens lun
ou lautre ? Est-ce la cabine ou les téléphones ?
Je suis très attaché à ce système de cabine,
mais Si le téléphone doit combiner toute l'excellence
des (boxes) boîtiers avec ses autres avantages, alors nous voulons
être vos agents... et sortir nos boîtiers ; si, cependant,
les deux peuvent être utilisés, je préférerais
cela ".
G. W. Moore, surintendant de l'American District Telegraph Company d'Erie,
en Pennsylvanie, a interprété l'hésitation de son
supérieur à se convertir au téléphone comme
étant due au fait que mettre au rebut les boîtiers A.D.T.
semblait être un gaspillage.
Parfois, la Bell Telephone Company reconnaissait officiellement cette
réticence à abandonner les boîtiers de signalisation.
Dans son contrat avec W. H. Bofinger, il a été convenu que
les téléphones remplaceraient progressivement les boîtiers
de signalisation et seraient installés sur tous les nouveaux circuits
une fois les stocks actuels de boîtiers épuisés.
Le prix plus élevé des téléphones s'est également
avéré un facteur inhibiteur dans la substitution des téléphones
aux boîtiers de signalisation. L'American District Telegraph Company
du Missouri a cessé de louer des cabines de signalisation à
douze dollars par an, contre vingt dollars par an pour les téléphones.
Certains tarifs ont même augmenté de cent pour cent. Une
compagnie de télégraphe de district pourrait essayer de
maintenir ses tarifs de "Boxes telephoniques" aux anciens tarifs,
mais une telle politique ne pouvait pas perdurer indéfiniment.
Inévitablement, les tarifs ont alors augmenté et la Bell
Telephone Company a subi des pressions pour diminuer le prix des téléphones
aux compagnies de télégraphie de district.
La diffusion des systèmes téléphoniques de district
n'a pas seulement résulté de l'évolution des compagnies
de télégraphie de district, mais aussi des efforts directs
de la Bell Telephone Company. Consciente de l'importance des centraux
téléphoniques, la compagnie a commencé, dès
1878, à demander à ses agents d'inciter les compagnies de
télégraphie de district à adopter le téléphone.
En cas d'échec, les agents devaient tenter d'organiser leur propre
système téléphonique de district. En exhortant ses
agents à agir, la Bell Telephone Company a souligné que
l'un des avantages du téléphone par rapport au système
télégraphique de district était le suivant :
"Le message est envoyé au bureau par téléphone,
avec accusé de réception, ce qui permet de gagner beaucoup
de temps et d'argent, et le rend utile à de nombreuses fins, au
lieu de deux ou trois appels (types de messages possibles sur les appareils
télégraphiques de district)".
Parmi ses nombreuses autres fonctions, Thomas Watson entreprit, au début
de 1878, la première d'une série de tournées d'inspection
des agences de la compagnie. Il devait non seulement inspecter le fonctionnement
des agences et l'état du téléphone, mais aussi expliquer
et encourager la mise en place de réseaux de district. En tant
que surintendant de la Bell Telephone Company, il était bien placé
pour expliquer et donner des instructions sur la construction et le fonctionnement
du réseau de district.
J'ai découvert qu'il [G. W. Stockly à Cleveland] ignorait
que le système téléphonique du district avait jamais
été mis en place. Il n'avait pas essayé de l'introduire
dans son district, mais lorsque je lui ai expliqué comment former
les circuits et tout ce qui avait déjà été
fait dans ce sens dans le Nord-Est, ilt a promis de mettre en place un
circuit expérimental une fois pour toutes.
Avec le développement du système de district, un nouveau
type d'agence a vu le jour.
Les agents qui organisaient les systèmes de district se voyaient
octroyer des licences territoriales exclusives. Afin de rendre les systèmes
de district plus attractifs, la Bell Telephone Company accordait également
aux agents le droit de construire des lignes privées et de louer
des instruments pour celles-ci sur le territoire de leur district. Il
arrivait que des agents déjà titulaires de ces droits les
voient réduits ou supprimés afin de donner à la future
société de district un champ d'action plus dégagé
et de meilleures chances de réussite financière. Les territoires
assignés aux systèmes de districts étaient des villes
ou des villages dont les limites étaient définies par un
rayon de longueur variable, à partir d'un point important. Le contrat
de George Maynard couvrait le district de Columbia dans un rayon de dix
milles autour du Capitole, ainsi que le territoire du cinquième
district du phare. Davis et Watts avaient pour agence le Maryland, à
l'exception d'une zone dans un rayon de dix milles autour du district
de Columbia. Leur contrat leur enjoignait expressément de constituer
immédiatement une compagnie de district à Baltimore.
La compagnie de téléphone Bell fournissait des téléphones
aux agents à des prix et des remises variables. Les téléphones
utilisés à des fins de district bénéficiaient
d'une remise plus élevée, généralement de
cinquante pour cent, que ceux destinés à d'autres fins.
La durée des contrats du système de district variait. Certains
étaient d'une durée de six ans, d'autres de trois ans. La
durée moyenne était cependant de cinq ans. Si les contrats
tendaient à être des accords personnels avec des agents spécifiques
et ne pouvaient être transférés ou cédés
sans le consentement de la Bell Telephone Company. La Bell Telephone Company
exerçait en outre une influence de contrôle sur les activités
du réseau de district en conservant l'option de reprendre l'installation
d'une entreprise au prix coûtant à l'expiration de son contrat.
L'entreprise de district continuerait de percevoir sa commission pendant
toute la durée des baux. Dans son contrat avec E. T. Holmes, la
Bell Telephone Company a accepté non seulement d'acheter les lignes
de la compagnie de district au prix coûtant, mais aussi son fonds
de commerce pour une somme ne dépassant pas 5 000 $.
Selon Holmes, Gardiner Hubbard expliquait que l'option d'achat avait pour
but, dans ce cas précis, de permettre à la société
mère de tout posséder à Boston, berceau du téléphone.
Une explication plus plausible de l'application générale
de ce principe est qu'il visait à permettre à la société
mère de contrôler cet aspect de l'activité après
son développement.
En incitant ses agents à organiser des sociétés de
district, la Bell Telephone Company suggéra que le coût ne
devrait pas dépasser cent dollars par mile. Sur les actions émises,
la Bell Company devait recevoir « un montant égal »
pour les téléphones qu'elle fournirait. Cette pratique était
conforme à la pratique des propriétaires de brevets consistant
à conserver une part importante du capital social des sociétés
qu'elle contribuait à organiser. « Nous avons adopté
comme système l'organisation des sociétés de distribution
de télécommunications, dont Bell Co. conservera une partie
des actions, espérant tirer un revenu considérable des dividendes,
en plus des loyers. » À New York, par exemple, les intérêts
de Bell ont conservé 50 % de la Telephone Company of New York.
En encourageant la création d'une compagnie de téléphonie
pour Philadelphie, les brevets de Bell ont demandé trois cinquièmes
des actions.
Ainsi, la société mère ne se contentait pas de créer
des sociétés de district, mais acquérait également
des actions qui lui intéressaient, ce qui allait revêtir
une importance particulière lors de la révolution ultérieure
et du développement des systèmes d'échange.
De plus, elle commençait à développer une autre source
de revenus, en plus des locations de téléphones, basée
sur les dividendes qu'elle recevrait de ses participations dans les sociétés
de district et de bourse.
Les agents spécialisés dans le développement de systèmes
de district ont été confrontés aux mêmes types
de problèmes que leurs prédécesseurs et collègues
des agences de voyages privées. Les entreprises de district ont
souffert de pénuries d'instruments, d'une mauvaise communication
avec la maison mère et de la concurrence croissante de Western
Union. Mais elles ont persévéré avec ténacité.
En septembre 1878, Gardiner Hubbard conseillait à une partie intéressée
à établir son système téléphonique
comme central, plutôt que comme système de district. Il expliqua
qu'un système de central répondait à la demande publique
sans nécessairement entrer en conflit avec les systèmes
télégraphiques de district. Hubbard a également noté
que « l'activité de messagerie, caractéristique
des systèmes de télégraphie et de téléphonie
de district, a peu de valeur par rapport au téléphone, et
même les lignes privées sont intégrées au système
général. »
Ainsi, au cours de la première année d'utilisation commerciale
du téléphone, celui-ci a acquis une nouvelle utilité
en lien avec le système de district. Mais même pendant ce
développement, un changement d'orientation s'est opéré.
Le transfert du système de district vers le central était
également en cours. C'était le résultat naturel de
l'évolution du système de district.
À la fin de la période de confiance, de nombreux centraux
téléphoniques étaient en service dans tout le pays,
de New Haven à San Francisco.
Le central téléphonique devenait de plus en plus l'élément
principal de l'activité téléphonique. Nombre des
politiques ultérieures de la société mère
concernant les centraux téléphoniques découlaient
de ses politiques concernant les compagnies de district.
En janvier 1877, la téléphonie était «
proche d'une crise majeure » et, selon les termes du contrat de
septembre, Thomas Watson fut obligé de se consacrer entièrement
à la téléphonie. Non seulement il aida Alexander
Graham Bell à améliorer le téléphone, mais
il le seconda également dans des conférences et des démonstrations,
jusqu'à ce que la demande croissante d'instruments l'oblige à
revenir à l'atelier.
La demande de téléphones était cependant si forte
que Watson ne pouvait plus assurer seul cette tâche, et la fabrication
des instruments fut donc confiée à l'atelier d'électricité
de Charles Williams Jr., à Boston.
Jusqu'alors, Watson avait construit tous les instruments utilisés
à des fins expérimentales et de conférences. Désormais,
sa principale responsabilité était de superviser la construction
des téléphones et des équipements auxiliaires, et
de les rendre conformes aux normes. Les instruments bruts fonctionnent
mieux.
Watson connaissait bien l'atelier Williams, y ayant travaillé avant
de rejoindre, si possible, les intérêts de Bell. C'était
l'un des plus grands et des mieux équipés ateliers d'électricité
du pays, et il s'était rapidement forgé une réputation
de qualité de fabrication, comptant parmi ses clients inventeurs
le jeune Thomas Edison. Il était donc naturel que L'atelier de
Williams devrait recevoir les premières commandes pour la fabrication
de téléphones.
Williams reçut sa première commande de téléphones
de Bell and Hubbard en mars 1877. Dans le cadre de cet accord, Williams
facturait la main-d'uvre et les matériaux, plus un pourcentage
sur ces derniers.
En mai 1877, Williams enregistra pour la première fois une commande
de douze téléphones à cabine auprès de Watson,
les instruments devant être fabriqués selon les spécifications.
Le 21 août 1877, Williams a émis sa première facture
aux intérêts de Bell. Elle s'élevait à 6 309,83
$ et couvrait environ huit cents téléphones fabriqués
jusqu'au 1er août. Williams a ensuite signé un contrat avec
la nouvelle Bell Telephone Company, lui accordant une commission sur chaque
instrument fabriqué. Il a également été nommé
agent pour Boston et ses environs dans un rayon de dix milles.
Williams a commencé à livrer des téléphones
aux agents le 10 juin 1877 et, le 1er août, il avait expédié
six cent cinquante téléphones portables et "box telephones"
(cabines téléphoniques).
Avec la prolifération des agences, la demande a continué
de croître et, pour y répondre, Williams a accepté
d'augmenter la production de vingt-cinq à cinquante téléphones
par jour s'il pouvait obtenir une avance de fonds de la Bell Telephone
Company. La demande, cependant, a continué à dépasser
la capacité de Williams à produire et donc la capacité
de la Bell Company à fournir des téléphones.
Face aux demandes incessantes des agents pour obtenir des instruments,
Gardiner Hubbard a enquêté sur les efforts de Watson pour
honorer les commandes et a conclu : « Il semble ny
avoir ni ordre ni système Je pense que vous conviendrez avec
moi que nous ne pouvons pas fonctionner de cette façon Veuillez
voir si les choses ne peuvent pas être plus systématiques.»
Un système évident aurait consisté à honorer
les demandes par ordre darrivée, mais Watson a reçu
tellement de demandes urgentes quil sest senti obligé
de rationner ses téléphones entre elles. Il a expliqué :
« Je suis tellement en retard quil mest impossible
de men tenir à un autre système que la répartition
du produit quotidien entre les agents les plus urgents. »
Watson a largement ignoré les suggestions de Hubbard concernant
la systématisation des procédures. Il était sensible
aux demandes d'agents comme E. T. Holmes, qui réclamait un traitement
de faveur en raison de sa position privilégiée à
Boston. Hubbard s'est plaint auprès de Watson que les commandes
de Boston étaient exécutées le jour même de
leur réception, tandis que d'autres restaient sans réponse
pendant plus d'un mois. Finalement, Hubbard a demandé à
Watson d'exécuter désormais les commandes systématiquement,
sans aucune dérogation, sauf sur ordre de l'entreprise.
Il ne suffira plus de répartir la production du jour entre les
plus urgents, mais de suivre les règles de l'entreprise À
en juger par le passé, il n'y a aucune raison de penser que vous
« rattraperez vos commandes en deux semaines environ »,
car les commandes reçues augmentent chaque jour davantage que les
commandes exécutées.
La nouvelle politique mise en uvre a suscité une réponse
attendue de la part des agents qui bénéficiaient auparavant
dun traitement favorable. E. T. Holmes a demandé que Watson
ait le droit de faire preuve de discrétion, surtout dans son cas.
Mais Hubbard était ferme. Il a même demandé à
Watson d'exécuter les ordres de Sam Hubbard (le frère de
Gardiner) selon le principe du premier arrivé, premier servi, à
moins que l'ordre ne soit « extrêmement urgent » et
que V. K. T. ne soit alors tenu d'exécuter qu'une partie.
V. K. T. a appliqué strictement la règle de Hubbard et a
tiré au sort. un commentaire de l'agent Thomas Cornish de Philadelphie
: « Vous avez un homme de première classe en la personne
de M. Watson. J'ai fait de mon mieux pour qu'il remplisse
mes commandes. Samedi, il était inflexible, ayant reçu des
commandes positives de votre part, pour les remplir à tour de rôle
».
L'accord de Williams d'augmenter la production quotidienne sous réserve
d'une avance de 1 000 $ de la compagnie de téléphone
Bell a démontré l'étroite relation entre les parties.
Plus fréquemment, Williams a accordé du crédit à
l'entreprise sous pression. Ces obligations étaient un facteur
majeur. responsabilité de la Bell Company. " J'ai avancé
2 500 $ de ma poche à M. William, a écrit Sanders
et il doit avoir 2 500 $ de plus mardi prochain. Pourriez-vous m'envoyer
un chèque de ce montant, car sept jours après le versement
de l'argent par la nouvelle compagnie [[New England Telephone Company]],
nous n'aurons pas assez pour payer à M. Williams ce que nous lui
devons, car ses dépenses augmentent de jour en jour".
Sanders a satisfait les demandes de Williams du mieux qu'il a pu, mais
Williams avait encore « faim », expliquant qu'il n'avait aucun
excédent personnel pour payer les obligations qui nous incombaient.
Il avait utilisé toutes les économies qu'il possédait,
plus une grande partie de ses bénéfices téléphoniques,
pour agrandir ses installations de fabrication. Il a ensuite expliqué
ce que la Bell Telephone Company avait en jeu :
"J'ai fait de mon mieux pour maintenir le crédit de l'entreprise
et, lorsqu'on m'a demandé des factures, au lieu d'indiquer que
je ne pouvais pas obtenir l'argent de la compagnie de téléphone,
j'ai invoqué d'autres excuses, et aucun de mes agents de crédit
n'a eu la moindre idée du montant que la compagnie me devait."
Compte tenu de cela, Williams a jugé injuste la suggestion de Hubbard
selon laquelle certaines parties new-yorkaises pourraient être incitées
à payer les dettes de l'entreprise en échange de droits
de fabrication à New York. Williams a fait valoir :
J'ai loué des locaux supplémentaires, installé des
machines supplémentaires, effectué des modifications et
augmenté mes dépenses courantes expressément pour
votre travail. De plus, je peux fabriquer les appareils de manière
plus avantageuse et à moindre coût que n'importe quel autre
établissement. Non seulement Hubbard suggérait de mettre
fin à l'exclusivité de Williams en matière de fabrication
avec la Bell Telephone Company, mais il commençait également
à remettre en question la méthode de Williams pour fixer
le prix de ses téléphones. Jusqu'à la mi-mars, Williams
a continué de facturer le matériel à la Bell Company
au prix coûtant majoré de cinq pour cent de commission. Concernant
la main-d'uvre, il facturait « un certain montant en
avance sur ce que je payais aux ouvriers par jour ». Ce montant
variait de 65 livres à 1 dollar en plus du salaire de
chaque ouvrier. Cette somme servait à couvrir les frais généraux
de Williams pendant la basse saison (les agents ne pouvaient pas assurer
la liaison en hiver). Williams n'a pas rejeté la proposition de
la Bell Company de facturer la main-d'uvre et les stocks au coût
réel majoré de 20 ou 25 pour cent, mais il a noté
que les fabricants ajoutaient généralement de 33 à
50 pour cent.
L'atelier électrique de Williams produisait non seulement des téléphones,
mais aussi une grande partie du matériel auxiliaire nécessaire.
La Bell Company transmettait les téléphones à ses
agents, mais transmettait ses commandes de magnétos et de sonnettes
d'appel de district à Williams. Les agents devaient se procurer
des produits électriques non spécialisés auprès
de celui qui leur offrait les meilleures conditions et les meilleurs prix.
La compagnie de téléphone Bell a finalement accepté
d'user de son influence pour que les agents obtiennent des instruments
non brevetés de Williams, à condition qu'il soit en mesure
de fournir des articles de qualité acceptable et dans les meilleurs
délais. Malgré l'irritation de l'entreprise face aux demandes
d'argent constantes de Williams et son incapacité occasionnelle
à le contraindre à rendre des comptes exacts, elle semblait
généralement satisfaite de la qualité du travail
effectué à l'atelier Williams.
De juin 1877 à août 1878, la Bell Telephone Company
a expédié à ses agents 12 484 téléphones
fabriqués dans l'atelier Williams.
Parmi ceux-ci, 932, soit un peu moins de pour 7 1/2 %, ont été
retournés en raison de défauts techniques majeurs.
Il est difficile de déterminer si ce chiffre
était faible ou non en raison du manque de statistiques comparables
pour d'autres types d'instruments électriques, et aussi parce que
les agents étaient tenus par contrat d'effectuer « toutes
les réparations ordinaires » à leurs propres frais.
En
août 1877 La basique BOITE "Box" s'améliore
linconvénient de cette forme initiale pour un usage commercial
a été rapidement reconnu
Le modèle illustré à la figure ci contre a été
proposé par Gower en 1878.
En plaçant les pièces polaires et le diaphragme à
droite au lieu de s'aligner sur l'aimant de l'instrument était
bien adapté pour se fixer à un mur, et cela constituait
l'émetteur.
Le téléphone fit lobjet dune
première démonstration publique au Canada le 29
août1877; Baker avait organisé lévénement.
Le premier contrat de location déquipement téléphonique
au Canada, signé le 18 octobre, portait sur une connexion entre
le domicile de Baker et ceux de deux de ses collègues. Le mois
suivant, à Ottawa, Baker installa une ligne entre le bureau du
premier ministre Alexander Mackenzie et Rideau Hall, la résidence
du gouverneur général. Pendant encore deux ans, le père
de Bell promut la commercialisation du téléphone au Canada
et rechercha des agents pour les autres provinces.
Néanmoins, c'est grâce à son savoir-faire que Williams
a conservé son contrat de fabrication de téléphones
pour la Bell Telephone Company lorsque cette dernière a été
réorganisée en société et que son siège
social a été transféré à New York.
Durant la période de réorganisation, l'un des investisseurs
a suggéré à Thomas Sanders qu'une analyse du coût
de fabrication des téléphones pourrait indiquer que la Bell
Company payait de 25 à 50 % de plus pour ses instruments que ce
que la nouvelle société serait prête à payer.
Il a donc insisté pour qu'aucun engagement futur ne soit pris envers
Williams. Sanders a répondu que l'entreprise n'avait aucune obligation
particulière envers Williams, puisqu'il dépendait personnellement
de lui pour le paiement de ses factures. De plus, Williams tirait un bénéfice
substantiel de sa fabrication de téléphones. Cependant,
Sanders ne comprenait pas « pourquoi un tel point de vue devrait
être évoqué concernant le déménagement
envisagé. Les ouvriers ici semblent mieux maîtriser la fabrication
des téléphones que partout ailleurs dans le monde. »
En effet, Sanders considérait la supériorité des
téléphones fabriqués dans latelier Williams,
où au moins 30 000 $ avaient été investis, comme
un facteur majeur du succès de la Bell Telephone Company face à
une concurrence croissante.
Même Alexander Graham Bell, « avec tous les ateliers
d'Angleterre à sa disposition », fut contraint de reconnaître
et de se fier à la qualité supérieure du travail
de l'atelier Williams. Instruit par les directeurs de l'English Telephone
Company (Ltd.), Bell écrivit à Gardiner Hubbard pour lui
demander des échantillons d'instruments, une estimation des conditions
les plus basses auxquelles la compagnie américaine fournirait des
téléphones en plus grande quantité, et les dates
auxquelles elle serait prête à les livrer.
Bell s'appuya même sur les ouvriers de Williams pour réparer
les téléphones qu'il avait offerts à la reine Victoria :
« Je vous donne carte blanche pour faire ce que vous voulez,
mais renvoyez-moi seulement des instruments pour la reine qui ne déshonoreront
pas la cause du téléphone. » Même en utilisant
des téléphones américains comme modèles, les
ouvriers anglais ne réussirent pas très bien à construire
des téléphones. Un responsable L'entreprise anglaise a été
contrainte de demander à des ingénieurs américains
d'examiner les copies anglaises afin de découvrir la source de
leurs défauts.
Sans aucun doute, grâce à l'efficacité et à
la compétence des ouvriers et de l'atelier Williams, Hubbard a
pu signaler à Thomas Sanders en avril 1878 que le coût moyen
des instruments avait baissé, permettant ainsi à la Bell
Telephone Company de réaliser un bénéfice plus important,
notamment dans la vente de cloches d'appel.
Malgré l'efficacité de la boutique de Williams, elle a continué
à prendre « malheureusement du retard » dans ses commandes,
causant ainsi de graves difficultés aux agents de Bell.
Hubbard demanda à Sanders de veiller à ce que les commandes
soient honorées rapidement, mais Sanders ne pouvait pas faire grand-chose.
Pendant une grande partie de la relation Bell-Williams, la demande dépassait
la production téléphonique et Sanders écrivait à
Hubbard au sujet des lourdes exigences financières de Williams
: « Williams réclame de l'argent... Le jour J est arrivé
et son capital ne lui permettra pas de faire un autre investissement.
»
Bien que Sanders n'ait pas pu ou n'ait pas voulu reconnaître une
quelconque obligation particulière de la Bell Telephone Company
envers Charles Williams, probablement en raison de ses inquiétudes
et de la contribution de Williams, Thomas Watson a manifesté une
appréciation plus claire de la contribution de Williams lorsqu'il
a écrit :
La foi de M. Williams en nous était si importante qu'il a
mis ses ressources et son crédit à rude épreuve,
non seulement en agrandissant son atelier pour répondre aux exigences
de notre activité en pleine croissance, mais aussi, lorsque notre
trésorerie était à sec, en nous accordant suffisamment
de temps pour payer nos factures.
Recherche et développement
La recherche et le développement étaient un élément
important de la production de téléphones.
Au début, la quasi-totalité de ces activités était
assurée par deux hommes, Alexander Graham Bell et Thomas A. Watson.
Leur méthode était primitive, bien qu'une tentative de systématisation
ait été faite. Travaillant dans leur laboratoire d'Exeter
Place, Bell et Watson ont cherché à améliorer le
téléphone par essais et erreurs en faisant varier chaque
composant. Cette approche était possible en grande partie grâce
à la simplicité de construction du téléphone.
En cherchant le meilleur matériau pour le diaphragme du téléphone,
par exemple, Bell et Watson ont testé toutes sortes de matériaux,
y compris un morceau de plaque de chaudière et des parties d'une
oreille humaine.
En novembre 1876, les concepteurs du téléphone ont atteint
une impasse.
Le téléphone ne « parlait pas assez distinctement
pour un usage pratique », et selon Watson, lui et Bell avaient épuisé
leurs idées sur le sujet. Après avoir passé quelque
temps à la bibliothèque publique, Watson a cherché
l'aide d'un médium. Les informations qu'elle a diffusées
étaient « absurdes », et Watson s'est donc tourné
à nouveau vers une source plus orthodoxe, la bibliothèque,
où il a trouvé la clé de son problème.
Avec l'introduction commerciale du téléphone au milieu de
l'année 1877 et le départ de Bell pour l'Angleterre, la
tâche de superviser la fabrication, les essais et l'expédition
des téléphones incomba au surintendant général
Watson et à un employé, Robert W. Devonshire. L'introduction
commerciale du téléphone ne mit bien sûr pas fin à
son développement technique, car il était encore assez rudimentaire.
De plus, la concurrence croissante a nécessité davantage
de recherche et d'amélioration.
Dès le début de la téléphonie commerciale,
les intérêts de Bell étaient déterminés
à ne mettre à la disposition du public que les meilleurs
téléphones.
Cette détermination s'est manifestée non seulement par les
tests continus et approfondis de ses instruments par Bell Company, mais
aussi par sa politique de réparations extraordinaires, de remplacement
des instruments inutilisables et d'échange des anciens modèles
contre des modèles améliorés à un prix équitable.
Watson a assumé la majeure partie de la tâche de perfectionner
le téléphone jusqu'en septembre 1878, date à laquelle
d'autres électriciens et inventeurs ont été embauchés
pour le partager. Au début de 1878, Watson a effectué plusieurs
voyages d'inspection dans les agences Bell. Ces formations ont non seulement
fourni des informations sur le fonctionnement des agences de l'entreprise,
mais ont également permis à Watson d'évaluer les
performances du téléphone dans des conditions réelles
de terrain. Il a également pu former les agents sur l'entretien
et la maintenance de leurs instruments. Cela était particulièrement
nécessaire pour les agents maritimes manquant de connaissances
en électricité. À une occasion, Watson a noté
dans son carnet : « J'ai disséqué les trois instruments
et j'ai réussi à expliquer le réglage à Ponton.
Je sais qu'il n'a rien compris à ce que j'ai dit. Il ne semble
pas avoir la moindre compétence en mécanique et ne connaît
rien à l'électricité. »
Watson retournait généralement à Boston avec trois
problèmes à résoudre, parfois il parvenait à
les corriger, parfois non.
En supervisant la production à l'usine Williams, Watson fut incité
par Hubbard à adopter les dernières technologies industrielles,
non seulement pour des raisons de production, mais aussi de qualité.
« Chaque pièce de chaque instrument », écrivait
Hubbard, « d'une même série devrait être conçue
selon le même modèle et interchangeable, comme toutes les
autres pièces. C'est ainsi que l'on procède à la
Waltham Watch Factory, et si c'est possible avec les montres, c'est possible
avec les téléphones. »
En supervisant la production à l'usine Williams, Watson fut incité
par Hubbard à adopter les dernières technologies industrielles,
non seulement pour des raisons de production, mais aussi de qualité.
« Chaque pièce de chaque instrument », écrivait
Hubbard, « d'une même série devrait être conçue
de la même manière et interchangeable, comme toutes les autres
pièces. C'est ainsi que procède la Waltham Watch Factory,
et si cela peut être fait avec des montres, cela peut l'être
aussi avec des téléphones. »
Compte tenu de la situation financière précaire des premières
sociétés Bell, la décision de confier à Watson
une grande partie de son temps et de ses efforts à l'expérimentation
et au perfectionnement des équipements téléphoniques
témoigne d'un courage certain :
"Je suis toujours en train d'expérimenter, ce qui prend presque
tout le temps d'une personne et représente une dépense importante,
incluse dans le coût de fabrication". Mais cela a donné
des résultats. Watson a réussi à apporter de nombreuses
améliorations utiles et de nouveaux appareils. Entre septembre 1877 et avril 1881, Watson a obtenu 40 brevets américains
sur des inventions téléphoniques.
Les brevets de Watson couvraient les équipements auxiliaires ainsi
que les améliorations apportées au téléphone
lui-même.
L'une de ses premières modifications fut la réduction de
la Box téléphone à environ un quart de sa taille
d'origine. « Cela a tellement simplifié l'instrument que
Williams a pu le produire plus rapidement et à moindre coût.
»
La réduction de la taille de la Box a été la dernière
amélioration majeure de ce style d'instrument avant son remplacement.
Au printemps 1878, la Western Union était clairement établie
comme un concurrent du téléphone, et l'attention de Watson
se tourna alors vers la construction d'un téléphone
à charbon qui pourrait défier pleinement le modèle
de la Western Union.
Plus tard dans l'année, la société Bell pourrait
obtenir sa propre version de ce téléphone, mais ce serait
le résultat d'autres inventeurs employés par la société.
Toute discussion sur la recherche et le développement doit reconnaître
les contributions des chercheurs indépendants au téléphone
Bell.
Plus tard, leurs efforts ont constitué une source majeure de nouvelles
technologies téléphoniques, mais même à ses
débuts, ils ont contribué à leur amélioration.
Un groupe d'universitaires et de scientifiques, communément appelé
« les expérimentateurs » ou « les
expérimentateurs de Providence », s'intéresse
particulièrement à ce sujet. Ils ont effectué une
grande partie de leurs recherches téléphoniques au laboratoire
de physique de l'Université Brown.
Parmi les expérimentateurs figuraient Eli Whitney
Blake, professeur de physique, décrit par Bell comme « un
téléphoniste amateur aussi brillant qu'il soit » ;
le professeur John Pierce , un riche célibataire qui a consacré
sa fortune et son temps à des recherches scientifiques et à
aider d'autres à faire de même ; William F. Channing,
docteur en médecine, fils du célèbre divin unitarien
et collaborateur au développement du télégraphe d'alarme
incendie ; et plusieurs autres personnalités moins connues.
Ces expérimentateurs de Providence ont mené leurs tests
et modifications du téléphone simultanément et indépendamment
de celui-ci.
Lorsque Bell a appris l'existence de leurs activités, il les a
avertis d'y mettre fin, se méprenant apparemment sur leurs intentions.
Cependant, lorsqu'il devint clair que Blake expérimentait avec
un téléphone rudimentaire dans le cadre de ses fonctions
de professeur de physique, que le groupe travaillait uniquement dans l'intérêt
de la science et non pour un gain personnel, et que les expérimentateurs
reconnaissaient la validité du brevet de base de Bell sur le téléphone,
Bell changea d'attitude et finit par encourager leurs efforts. Bien que
les expérimentateurs de Providence aient fonctionné harmonieusement
en équipe, plusieurs de leurs membres ont acquis une certaine notoriété
grâce à leurs réalisations individuelles. Le Dr Channing
a été crédité d'avoir modifié la disposition
du téléphone fixe et ainsi construit le « premier
récepteur portable "Hand telephone" digne de ce
nom », bien qu'il soit encore trop grand pour être saisi par
une femme ou un enfant.
On attribue au professeur Pierce le mérite d'avoir démontré
la faisabilité de l'utilisation d'un petit aimant dans le téléphone
et d'avoir inventé l'embout buccal utilisé dans les téléphones
portables. Selon l'agencement de Bell, le couvercle et l'embout buccal
de projection étaient des composants séparés et distincts,
tandis que Pierce a combiné le couvercle et l'embout buccal pour
obtenir une « forme plus pratique ». Channing a affirmé
que linnovation de Pierce avait corrigé les gémissements
du téléphone et perfectionné son articulation. Une
autre modification majeure du téléphone attribuée
à l'expérience de Providence fut le remplacement d'un aimant
unipolaire par un aimant en fer à cheval, permettant ainsi la construction
d'un véritable téléphone portable, communément
appelé récepteur « butterstamp »
en raison de sa forme similaire à celle des ustensiles de cuisine.
Le 15 Mai 1877 - Bell Présente
le téléphone à main (hand telephone). Mentionné
dans une lettre de Theodore N. Vail à William A.
Childs, président de la Law Telegraph
Company. il
présente au public son invention sous une nouvelle forme imaginée
par le professeur Pierce : "the Hand
Telephone" ou "Téléphone à Main" aussi
appelé "butterstamp" car sa forme évoquait bien
les tampons pour mouler le beurre.
Parution tardive dans le Scientific American le 10 octobre 1877
Cette publicité de 1879 illustre le nouveau téléphone
mural, créé dans le but de satisfaire aux utilisateurs qui
perdaient des bouts de conversation lorsquils déplaçaient
le transmetteur/récepteur de la bouche à loreille.
Une découpure du Scientific American illustrant deux personnes utilisant
des téléphones manuels en bois
De 1877 à 1902, le récepteur « butterstamp »
est resté le récepteur standard, puis a été
remplacé par un modèle plus efficace. Les récepteurs
ont été appelés « butterstamp » parce qu'ils
ressemblaient au tampon utilisé pour faire de petites mottes de beurre.
A peu près à la même époque, le Dr Fenner H.
Peckham, futur responsable de la Providence Telephone
Company, a établi une communication entre son domicile du
27 Benefit Street et son bureau situé à proximité
du tunnel de chemin de fer de North Main Street.
Cette ligne avait une longueur de 800 mètres et utilisait des fils
télégraphiques déjà connectés entre
les deux endroits. Le premier appel à une assistance médicale jamais reçu
par téléphone a été transmis sur cette ligne,
un message durgence qui a immédiatement démontré
lénorme valeur pratique de la nouvelle invention...
Janvier 1878. Note à l'attention du rédacteur en chef du
Scientific American : Bell est partout reconnu comme l'inventeur du téléphone.
Que votre journal soit donc le premier à faire remonter son nom
dans le temps avec sa grande invention. Appelons-le tous le " Bellophone
".
Philadelphie, Pennsylvanie.
Dans le "Scientific American" du 9 juin 1877 on s'inqiète
déjà du devenir du télégraphe.
Le téléphone parlant du professeur Bell.
Un correspondant demande : « Pensez-vous que le téléphone
remplacera le télégraphe actuellement utilisé ? »
Comme cette question est posée par beaucoup de gens, nous répondrons
que non. Il peut peut-être remplacer le système Morse dans
une certaine mesure pour les lignes privées et autres, et peut-être
pourra-t-il être utilisé pour transmettre des articles de
presse ; mais pour la télégraphie commerciale régulière,
il ne nous semble pas présenter, dans l'état actuel des
choses, d'avantages. En premier lieu, les messages devraient être
notés en sténographie par l'opératrice réceptrice,
puis copiés en écriture ; et nous connaissons tous les risques
d'erreur, sans parler des longs délais d'un tel système.
En outre, bien que « Auld Lang Syne », « Home Sweet
Home » ou tout autre expression que nous connaissons parfaitement
puisse être très facilement reconnu, il est douteux que des
messages réguliers puissent être « télégraphiés
» sans que de graves erreurs ne se produisent. C'est un peu comme
parler à travers un petit télégraphe amoureux ou
un tube parlant ordinaire. Si vous prenez grand soin de parler lentement
et distinctement, et que vous avez une idée de ce qui arrive, vous
pouvez généralement comprendre ce que dit une personne.
Mais il nous semble que personne ne voudrait faire confiance à
des messages importants, parfois impliquant la vie ou la mort, ou des
milliers de dollars, envoyés de cette manière. Nous avons
relaté, dans l'avant-dernier numéro, une erreur ridicule
commise de cette façon. Un journaliste a télégraphié
par télégramme de la police au rédacteur en chef
d'un journal de Brooklyn qu'il se trouvait à l'asile de fous, où
il était allé pour affaires, et qu'il ne pourrait pas revenir
à temps pour l'édition de l'après-midi. Le sergent
a demandé à un policier de faire le tour du bureau du journal
et d'informer le rédacteur en chef que Koselowski (le journaliste)
se trouvait à l'asile de fous. Le policier a mal compris le message
et a signalé au rédacteur en chef que le cardinal McCloskey
était fou et avait été transféré à
l'asile de fous. Il nest pas exagéré de penser que
de telles erreurs se produiraient constamment si le téléphone
était utilisé pour la télégraphie commerciale.
Pour les raisons évoquées ci-dessus, nous ne pensons pas
que les télégraphistes doivent craindre que le téléphone
ne prenne, dans une large mesure, la place du système qui leur
a été transmis par le professeur Morse.
A Providence jeudi 28 juin 1877,
troisième des quatre jours réservés à l'une
des plus grandes célébrations de l'histoire du Rhode Island,
Rutherford B. Hayes , président
des États-Unis, était l'invité d'honneur de la
Grande Armée de la République à un Rocky Pointclambake.
Entre les discours, les coups de canon, les feux d'artifice, les défilés,
les acclamations et le tumulte général, il a été
annoncé qu'une démonstration de «ce nouvel engin »,
appelé le téléphone, avait été
organisée pour l'amusement du président et de son parti.
Après que le maire de Providence eut terminé son bref discours,
le président se retira dans ce que les journaux qualifièrent
alors de «salon», où l'agent du professeur Bell, M.
Frederick A. Gower,
avait installé un appareil téléphonique. Une connexion
a été établie avec le City Hotel de Providence, et
le président Hayes a expérimenté pendant quelques
minutes l'envoi et la réception de messages vocaux.
C'était la première expérience du directeur général
avec l'appareil, et il s'est dit satisfait des efforts «très
remarquables» produits et de la facilité avec laquelle il
a pu le gérer. Le gouverneur de Pennsylvanie et plusieurs autres
messieurs ont essayé leurs voix et leurs oreilles avec les mêmes
résultats gratifiants.
Plusieurs mois avant le premier message téléphonique présidentiel,
un appel sur une distance beaucoup plus longue avait été
passé lorsque le professeur Bell a parlé de Providence à
M. Watson, son assistant, à Boston. Le premier essai a été
réalisé à partir de l'ancienne gare Union, utilisant
la ligne télégraphique Providence et Boston, mais bien que
des sons puissent être entendus, le nombre de relais et la force
du vent soufflant contre les fils rendaient la parole inintelligible.
Mais en utilisant une nouvelle ligne télégraphique jusque
dans les salles de rédaction du Star and Press sur
Dyer Street, ce deuxième essai s'est avéré totalement
réussi.
Extrait du Providence Journal , 29
juin 1877
Le président au téléphone
Vers 3 heures, le président a connu une nouvelle sensation.
Sous la direction de M. Fred A. Gower, agent de gestion du professeur
Bell, un fil téléphonique a été connecté
au fil Western Union Telegraph [à Rocky Point], soumis aux
fins du directeur Bradford, et une communication téléphonique
établie avec le professeur. Bell à l'hôtel de
la ville dans cette ville.
Le président a ensuite été invité à
placer l'un des téléphones, qui ressemblait d'ailleurs
à une bobine assez grande, contre une oreille, ce qu'il a fait,
lorsque M. Gower a parlé dans l'autre d'un ton modéré
en disant: " Prof. Bell, j'ai l'honneur de vous présenter
le président des États-Unis, qui écoute à
l'autre téléphone; vous comprenez ? "
Le président écoutait attentivement tandis qu'un sourire
de plus en plus grand entourait ses lèvres, et l'émerveillement
brillait de plus en plus dans ses yeux, jusqu'à ce qu'il prenne
le petit instrument de son oreille, le regarda un moment avec surprise
et remarqua: «C'est merveilleux».
Pendant ce temps, le professeur Bell a déclaré, selon
M. Gower, qui écoutait au téléphone : «Monsieur
le président, je suis dûment conscient du grand honneur
qui ma été conféré en présentant
pour la première fois le téléphone parlant à
lattention. du président des États-Unis. Je suis
situé dans l'un des salons du City Hotel, à Providence.
Je vous parle à travers treize kilomètres de fil, sans
utiliser de courant galvanique sur la ligne. J'espère que vous
comprenez bien ce que je dis, et je serai très heureux d'entendre
quelque chose de votre part en réponse, s'il vous plaît.
"
À la suggestion de M. Gower, qu'il devrait parler au professeur
Bell, le président a dit: «Veuillez parler un peu plus
lentement.
Quelques messages supplémentaires sont passés, lorsque
le président a de nouveau déclaré: «C'est
merveilleux», disant qu'il pouvait très bien comprendre
certains mots, mais qu'il ne pouvait pas saisir les phrases.
Le gouverneur [de Pennsylvanie] [John] Hartranft a également
essayé le merveilleux petit instrument, avec à peu près
la même expérience que le président, disant en
réponse à une question du professeur Bell : "Je
vous comprends très bien."
Ce modèle de téléphone dit "Hand Téléphone"
ou "Butterstamp" va rapidement faire le tour du monde et
sera même copié juste avec les explications et photos lus
dans la presse.
Partout des amateurs fabriquent des téléphones
en Amérique et aussi en Europe.
Les ventes augmentèrent, début 1877
Watson avait déjà construit et vendu plus de 1000 appareils,
Le problème n'était pas un manque d'intérêt
des gens mais la réaction des hommes d'affaires qui considéraient
cet instrument comme un jouet.
De Thomas E.Cornish Philadelphie 1877
Une brochure rare et ancienne de 4 pages de la Philadelphia
Telephone Company, faisant la promotion du nouveau et étonnant
téléphone parlant .
La première version promotionnelle mérite d'être
citée: «Le téléphone parlant de Bell attire
l'attention du monde entier; moins de six mois après son introduction,
5000 ont été utilisés dans ce pays.
Aucune invention récente n'a été aussi bien reçue
par le public, et si pleinement approuvée par la presse et
il nest pas étonnant que les résultats soient
étonnants.
Avec cet instrument simple, on peut converser avec un autre, même
sur plusieurs kilomètres .
Description manuscrite d'un ancien récepteur
téléphonique mis au point par Alexander Graham Bell.
Source: Musées Victoria de Melbourne Australie.
Edward Symonds la peut-être écrite entre 1876
et 1877. Symonds était loncle de Bell.
Il a été acheté par Symonds lors
dune visite à la famille Bell à Brantford, en
Ontario, puis emmené par Symonds en Australie.
En Australie, le téléphone suscitait beaucoup
d'enthousiasme.
Linvention a été une inspiration pour commencer
à travailler sur le premier téléphone australien.
Un inspecteur des douanes de Geelong, WJ Thomas, a utilisé
un instrument artisanal et lié deux maisons de son quartier
à la fin de 1877. Il a ensuite transmis sur une distance plus
longue, entre Geelong et Ballarat, le soir du 9 janvier 1878, puis
entre Geelong et Queenscliff. .
Lettre de John Peirce à Alexander Graham Bell,
7 juillet 1877 : (page
1, page
2, page
3)
La contribution précise de lExpérience
à lart de la téléphonie a été
une source constante de désaccord. Frank Leslie a rapporté
que la modification du micro par Pierce a « fait du téléphone
un succès pratique ». L'auteur de la nécrologie de
Channing affirmait que l'arrangement de l'aimant du téléphone
par Channing avait permis de surmonter une impasse importante dans le
développement commercial du téléphone, et que, par
conséquent, l'honneur d'avoir réussi à obtenir un
téléphone performant lui revenait sans aucun doute. Il était
plus important pour lui que pour le professeur Bell lui-même. Certains
expérimentateurs eux-mêmes étaient perturbés
par la façon dont Bell traitait leurs contributions.
À l'origine, tous les expérimentateurs avaient reconnu la
validité du brevet de Bell sur son téléphone. Lors
d'une réunion de la Franklin Society où le Dr Channing a
exposé le téléphone de Bell et les modifications
apportées par les expérimentateurs, un article de journal
le citait. Il affirme avec insistance que « l'invention du téléphone
est une création unique et complète du professeur Bell ».
Cependant, réagissant à ce qu'il percevait comme de l'ingratitude
et de l'injustice de Bell, Channing donna en 1882 un compte rendu critique
des efforts d'Alexander Graham Bell pour inventer le téléphone.
Ressemblant fortement au point de vue de la Western Union, Channing suggéra
qu'Elisha Gray avait été la première à inventer
le téléphone, en 1875, et que Bell avait réussi à
obtenir un téléphone. La tente pour son téléphone
était le résultat de « circonstances les plus extraordinaires
».
Les critiques contemporaines et ultérieures
de Bell concernant l'expérience de Providence semblent injustifiées.
Lors d'une conférence devant la Society of Telegraph Engineers
à Londres, à la fin de 1877, Alexander Graham Bell a exprimé
sa dette envers les professeurs Pierce et Blake, le Dr Channing, Louis
Clarke et Edson Jones, tous de Rhode Island, « qui ont mené
ensemble des expériences cherchant à perfectionner la forme
d'un appareil requis. » Bell a également souligné,
cependant, que « beaucoup de leurs découvertes avaient été
anticipées » par les siennes, y compris la construction du
téléphone « butterstamp ». Il a félicité
Pierce pour ses travaux visant à réduire la taille des aimants
des téléphones et à inventer l'embouchure du "combiné
buccal".
La Providence Press a félicité Bell pour sa reconnaissance
des contributions des expérimentateurs à la téléphonie,
et à travers eux, des contributions de la communauté scientifique
de Providence. « C'est tout à l'honneur de M. Bell qu'il
reconnaisse le travail de nos scientifiques de Providence sans réserve.
»
Les participants à l'expérience et leurs défenseurs
étaient très troublés par ce qu'ils considéraient
comme une usurpation du crédit qui leur revenait pour la création
du téléphone portable. Souvent, le Providence Journal de
mai 1877 publiait un compte rendu illustré du nouveau téléphone
portable de Bell, un témoin oculaire rappelant que le professeur
Blake entra dans la salle de cours, très excité, un exemplaire
du devoir à la main, et s'adressa à la classe en ces termes :
« Messieurs, vous avez vu l'annonce du télé phone
du professeur Bell dans le journal de ce matin. Vous connaissez tous cet
instrument ; certains d'entre vous en ont eux-mêmes fabriqué. Je
tiens à vous dire qu'il y a quelque temps, le professeur Bell est
venu de Boston pour comparer ses notes avec celles du professeur Pierce,
du Dr Channing et de moi-même. Il nous a dit qu'il maîtrisait
le principe du téléphone, mais qu'il n'avait pas réussi
à concevoir un récepteur pas trop encombrant. Nous lui avons
montré notre récepteur, que vous connaissez tous. Je vous
demande de le comparer avec celui du professeur Bell, tel qu'il est photographié
dans le journal d'aujourd'hui. » Le témoin oculaire a conclu
: « C'était l'heure de triomphe du professeur Blake, car
il savait de quoi il parlait.
Avec la publication de la conférence en anglais de Bell, Pierce
lui fit part du mécontentement des participants à l'expérience
quant à la manière dont il les traitait. Bell assura Pierce
qu'il tenait à lui accorder, ainsi qu'aux autres participants à
l'expérience Providence, le crédit « non seulement
pour tout ce qui est nouveau dans vos recherches, mais aussi pour tout
ce que vous prétendez, même si j'ai peut-être moi aussi
inventé la même chose ». Bell a expliqué
ce qu'il percevait comme étant la cause de leur malentendu concernant
l'utilisation de l'aimant unipolaire dans le téléphone portable.
Il croyait que la confusion résultait du manque de familiarité
des expérimentateurs avec les spécifications du brevet de
Bell et aussi du fait que le premier téléphone portable
Bell que les expérimentateurs ont vu testé à Providence
contenait un aimant en fer à cheval plutôt qu'un aimant droit
testé précédemment. Ces circonstances, en particulier
ces dernières, ont persuadé les participants à l'expérience
Providence, selon Bell, qu'ils avaient précédé Bell
en incorporant l'aimant unipolaire dans le téléphone portable.
Quels que soient ses griefs ultérieurs, Channing suggéra
à la Bell Company, en novembre 1877, qu'il serait peut-être
judicieux de breveter le porte-parole de Pierce afin de neutraliser certains
avantages du téléphone Western Union. En avril 1878, Blake
demanda le prêt de quelques téléphones Bell à
des fins expérimentales, espérant ainsi « mettre
la main sur quelque chose de nouveau et d'utile pour l'entreprise ».
En reconnaissance des efforts scientifiques des Experiments et de leur
conduite irréprochable lors des récents conflits de la Western
Union, Alexander Graham Bell proposa en 1880 que Thomas Sanders, Gardiner
Hubbard, Thomas Watson et lui-même leur apportent chacun une partie
de leurs parts de la Continental Telephone Company. En faisant cette suggestion,
Bell estimait qu'il corrigeait une injustice commise par les sociétés
Bell qui lui ont succédé en ne reconnaissant pas les efforts
des expérimentateurs de Providence au nom des intérêts
du téléphone Bell. Il reconnaissait que les expérimentateurs
poursuivaient leurs travaux dans le but de contribuer à la perfection
commerciale du téléphone. Bell a suggéré :
Si nos propres chercheurs n'avaient pas anticipé bon nombre des
points ainsi communiqués, nous leur aurions été redevables
de certaines des fonctionnalités les plus précieuses qui
ont depuis fait du téléphone un succès.
Peu importe si les entreprises Experimentales ont contribué de
manière significative ou non à la commercialisation réussie
du téléphone Bell, elles étaient représentatives
dans une certaine mesure de la méthode par laquelle la société
Bell a acquis des améliorations et des inventions téléphoniques,
c'est-à-dire grâce aux efforts de scientifiques, d'inventeurs
et d'électriciens indépendants. La Bell Telephone Company
était constamment à la recherche de tels individus et de
leurs inventions. Hubbard a donc chargé l'agent de Bell à
Philadelphie d'enquêter sur un brevet de téléphone
délivré à un citoyen de Pennsylvanie :
"Je pense qu'il serait préférable de vérifier
ce qu'il possède, ce qu'il fait et ce qu'il envisage de faire.
S'il a réellement une longueur d'avance sur notre téléphone,
nous le voulons, mais s'il s'agit simplement d'une infraction, nous voulons
le savoir.
Une autre source de technologie téléphonique est venue des
agents et des titulaires de licence de la société Bell,
qui ont dû utiliser leurs propres ressources pour concevoir une
grande partie de leurs équipements et appareils en lien avec le
système d'échange en évolution. Ces agents, ainsi
que Thomas Watson, des inventeurs indépendants, et plus tard des
scientifiques et inventeurs de la Bell Company, en partie stimulés
par le concours de la Westem Union, se sont associés pour faire
du téléphone d'Alexander Graham Bell un instrument de communication
amélioré et en constante évolution".
Fin 1877 début
1878, le téléphone
construit par Brown Ayres, de l'institut Stevens, d'Hoboken
(États-Unis), se distingue par une organisation simple et une action
énergique. le Dr Brown Ayres, était président de
l'Université du Tennessee à sa mort en 1919.
C'était un homme brillant qui avait déjéà
installé une ligne téléphonique en 1877 sur un fil
de laWestern Union,
Son talent précoce en électricité et télécommunications
lui a valu de devenir ami avec Thomas Edison et Alexander Graham Bell,
qui lui ont offert lopportunité de rejoindre le système
de communication naissant de Bell alors quil était encore
jeune.
Il a même refusé l'offre d'emploi de Bell au profit de la
poursuite de sa carrière universitaire, qui l'a finalement conduit
à Knoxville à la présidence de l'Université
du Tennessee, où il a joué un rôle déterminant
dans la planification et la conception d'un nouveau bâtiment spectaculaire
qui devait être placé au sommet. de la plus haute colline
sur le campus. Mais il est mort deux ans avant la fin des travaux sur
The Hill.
On retouve la description de ce téléphone dans "Le
téléphone le microphone et le radiophone 1825"
de Swartze Théodor,
qui a certainement été inspiré de l'artile du le
journal de l'université .
de 1878.
Le premier commutateur téléphonique :
Même le composant électrique le plus simple d'un téléphone
a été breveté très tôt et son inventeur
est resté dans les mémoires des historiens.
Watson en septembre 1877 ne tarda pas à
perfectionner le crochet
commutateur et rendre pratique l'utilisation du téléphone
de Bell
AMÉLIORATION DE LA COUPURE AUTOMATIQUE DE L'INTERRUPTEUR POUR
LES TÉLÉPHONES.
Spécification faisant partie des lettres patentes n° 209
592, datées du 5 novembre 1878 ; demande déposée
le 17 septembre 1877
A tous ceux que cela concerne :
Sachez que moi, THOMAS A. WATSON, de Boston, dans le comté
de Suffolk et l'État du Massachusetts, j'ai inventé
un perfectionnement au mécanisme de commutation ou de coupure
pour les téléphones, dont ce qui suit est une spécification :
Il est d'usage, en relation avec les téléphones, d'employer
un interrupteur, qui peut être changé de position pour
diriger le circuit via le téléphone, ou via une cloche
électrique ou magnéto-électrique, pour attirer
l'attention.
Dans cette présente invention, le commutateur est rendu automatique
dans son fonctionnement, il reste, lorsque le téléphone
n'est pas levé pour l'utilisation, en contact avec une vis
ou un point métallique connecté en circuit avec la sonnerie
et la masse, et lorsqu'il est en cours d'utilisation, il reste en
contact avec une autre vis ou point métallique en circuit avec
le téléphone.
La figure 1 représente en élévation latérale,
en traits pleins, une forme de mon mécanisme de commutation
illustrant cette invention, le téléphone étant
supposé être utilisé, et sur cette figure les
lignes pointillées montrent le téléphone pris
en charge et non utilisé. La figure 2 représente, en
vue de face, l'appareil représenté sur la figure 1,
avec le téléphone non utilisé. La figure 3 montre,
sous forme de schéma, l'appareil dans une station lorsqu'il
est utilisé comme interrupteur ; Fig. 4, un diagramme
lorsqu'il est utilisé comme découpe.
La carte a, sur laquelle le mécanisme de commutation est fixé,
peut avoir n'importe quelle forme ou taille appropriée. Le
support téléphonique est, dans ce cas de l'invention,
constitué d'un levier, b, avec des bras c et un ressort, d.
Ce levier est supporté par les extrémités de
vis c, munies de sièges concaves pour recevoir les pointes
d'un arbre f, prolongé à travers le levier. À
l'arrière du levier se trouve un ressort g, pour presser la
partie métallique de fermeture du circuit 1 - de préférence
un ressort - contre la vis ou le point h, relié par un fil
approprié, comme en fi, à la coupelle à vis j,
avec laquelle est également connecté un fil, qui s'étend
jusqu'à l'une des coupelles à vis, 2, du téléphone.
Le levier b est, par le fil l, relié au fil de ligne. Lorsque
le poids du téléphone est retiré du levier, ou
lorsque le téléphone est mis en service, ce levier est
simultanément actionné pour déplacer la partie
d en contact avec la vis h, qui met le téléphone en
circuit avec le fil de ligne. .
La coupelle à vis 3 du téléphone est reliée
par un fil à la masse ou au fil menant au poste suivant. La
coupelle à vis m est reliée à la vis o, et est
également reliée par une cloche à la masse ou
au fil.
Dans le diagramme, la Fig. 3,1' représente la cloche, p s son
marteau, et son électro-aimant, étant utilisé
avec la cloche une batterie voltaïque appropriée ou un
autre générateur d'électricité.
Pour utiliser cet appareil comme découpe, les fils seront disposés
comme indiqué sur le schéma de la figure 4, dans lequel
le fil de ligne est représenté par la lettre l. Lorsque
le téléphone est mis de côté, la partie
d reposera contre la vis o, enlevant ainsi la résistance du
téléphone de la ligne.
Grâce à cette invention, il est évident que le
simple fait de prendre le téléphone pour l'utiliser
et de le remplacer ou de le laisser tomber après utilisation
change automatiquement le commutateur pour placer soit le téléphone,
soit la cloche en circuit, ou actionner la partie de fermeture du
circuit pour la placer. le téléphone en circuit ou le
couper du circuit.
Après avoir ainsi décrit mon invention, je ferai remarquer
que je ne prétends pas être le premier et original inventeur
du commutateur automatique actionné par le transfert du poids
du téléphone. En cela, je crois que H. L. Roosevelt
avait anticipé ce phénomène ; mais
Un support de téléphone composé des cointinten.'
combinaison d'un joug 011 extrémité d'un levier du premier
ordre, amené à basculer par le retrait du téléphone,
avec deux points fixes, l'un faisant circuit de connexion par l'intermédiaire
de l'instrument de signalisation ou d'appel, l'autre par le téléphone
, sensiblement comme illustré et exposé ici.
En témoignage de quoi, j'ai signé mon nom sur cette
spécification en présence de deux témoins signataires.
THOMAS A. WATSON. Les témoins: GW GREGORY, W. J PRATT.
Un mois plus tard c'est Hilborne Roosevelt,
un facteur d'orgues à tuyaux à New York
et l'un des fondateurs de la première compagnie de téléphone
de cette ville, dépose une autre demande de brevet sur un commutateur
téléphonique en octobre 1877.
Dans cette configuration, le téléphone est pendu en
sens inverses par un fil, la gravité agit sur un petit contacteur.
Hilborne L. Roosevelt, "Amélioration des commutateurs
téléphoniques", brevet
n° 215 837, daté du 27 mai 1879 ; demande déposée
le 3 octobre 1877.
Hilborne fils de Cornelius Roosevelt et donc frère de Cornelius
l'agent de Bell en Europe, était également largement
connu parmi les électriciens pour avoir inventé plusieurs
détails du téléphone, notamment le crochet commutateur
automatique, pour lequel il a reçu des redevances pendant de
nombreuses années (même si Thomas A. Watson prétendait
être le premier, et détenait une participation dans la
Bell Telephone Company.
L'un de ses dessins de brevet est illustré,
où l'interrupteur à ressort (S) entre en contact avec
une goupille (P) pour terminer le circuit du récepteur lorsque
le récepteur est soulevé.
Dans un autre dessin du brevet de Roosevelt, une broche (A) était
incluse dans un circuit de sorte que l'interrupteur fonctionnait
comme un interrupteur unipolaire à deux directions.
Dans les conceptions ultérieures, un crochet était
utilisé pour maintenir le récepteur, au lieu d'une
ficelle comme dans le brevet de Roosevelt; par conséquent,
le commutateur est appelé commutateur à crochet ou
crochet de commutateur.
Bien que la conception mécanique de nombreux interrupteurs
à crochet soit très intelligente, leur fonctionnement
électrique est plutôt évident.
Le journal "LA
NATURE" du 23 Mars 1878, du 27 AVRIL 1878, du 4 MAI 1878....
reproduis presque en totalité la conférence
de M. Bell. faite pour la revue 'La Nature'. Ce document, inédit
en France, nous paraît offrir une importance capitale ; nous le
recommandons à lattention de nos lecteurs.
Autre tentative de Téléphone
: Assez insolite, le téléphone de HavensParu
dans le "Scientific American" du 11 Aout 1877
M. George B. Havens, de Lafayette, Indiana, a inventé une
forme très simple de téléphone, que nous illustrons
dans la gravure ci-jointe.
On peut dire que l'instrument remplace une « touche télégraphique
», étant actionné par la voix au lieu de la main,
et au lieu d'envoyer un message comme dans les instruments télégraphiques,
c'est de la musique qui est transmise. Il peut être utilisé
sur n'importe quelle ligne télégraphique ordinaire.
On peut dire que l'instrument est constitué d'un cylindre métallique,
ressemblant à un seau d'un quart, tourné sur le côté
et attaché à un bloc de bois.
En référence à la gravure, A est le bloc ou la base
dans laquelle sont placées les parties fonctionnelles de l'instrument.
B est la caisse de résonance en métal, et peut être
en laiton, de la taille d'une mesure de quart, ouverte à l'extrémité,
C, et fermée à l'autre extrémité, qui sert
de vibrateur.
Devant E se trouve un étalon métallique, D, avec une vis
de réglage à pointe de platine, qui est en léger
contact avec le vibrateur, E. Les fils principaux, F, G, relient E et
D.
L'instrument est connecté à la ligne télégraphique
principale, comme un relais ordinaire, et les mélodies sont fredonnées
dans l'extrémité ouverte de la boîte, B, et entendues
depuis l'armature de tous les relais du circuit. De cette manière,
des mélodies ont été envoyées, comme nous
l'informe M. Havens, sur plus de cent milles. En parlant de l'instrument,
M. Havens dit : « Seule l'armature des relais en circuit vibre.
Ces vibrations sont si rapides que le levier n'a pas le temps de faire
des allers-retours. Souvent, en maintenant le levier du relais enfoncé,
les vibrations sont beaucoup plus fortes, et pour savoir si la musique
passe, nous utilisons la clé ordinaire et l'instrument télégraphique.
J'ai également pu télégraphier l'alphabet Morse avec
ma voix, en émettant un son long pour un tiret et un son court
pour un point. Nous rapprochons parfois les aimants du relais de l'armature
pour rendre le son plus fort. » Mais ce n'était toujours
pas un téléphone.
Cette même année
1877 Emile Berliner né
à Hanovre, Allemagne, immigre aux États-Unis et s'est tout
d'abord établi à New York, où il a effectué
de petits travaux afin d'assurer sa subsistance, puis décide de
déménager à Washington, D.C, car on lui avait offert
un emploi de commis dans une mercerie dont le propriétaire était
un compatriote allemand. C'est durant cette période que M. Berliner a commencé
à expérimenter avec la technologie associée au téléphone
nouvellement inventé. Ayant eut connaissance des travaux de Hughes
sur le microphone à charbon, Berliner a conçu et breveté
un émetteur ou microphone avec pastille de carbone .
Le microphone Berlinern'est à
proprement parler qu'un transmetteur téléphonique
du genre de celui de Pollard dont la lame vibrante est constituée
par une lame de charbon sur laquelle viennent appuyer, du côté
opposé à l'embouchure, une ou deux vis métalliques
en rapport avec le circuit téléphonique, et qui constituent
les pièces fixes du contact. On mentionne dans le brevet que ces
pièces peuvent être constituées avec du charbon; de
sorte que l'on pourrait admettre que ce serait M. Berliner qui aurait
le premier combiné les transmetteurs à charbon. Berliner Le 8 avril 1877 : notre chercheur expérimentait
un émetteur constitué d'une petite caisse à savon
en bois. Il avait remplacé le fond par une feuille métallique
mince formant diaphragme, une vis réglable terminée par
une bille d'acier poli venait buter au centre de cette menbranne. Un fil
reliat le diaphragme à une borne de la batterie, le second joignait
la vis à l'autre borne. Lorsqu'il ferma le circuit il entendit
un "cloc" venant de la membrane. Il subsista alors à
l'interrupteur un diapason, en enroulant une extrémité du
fil du circuit à une se ses branhes. Après avoir excité
le diapason, il obtent la note émise par la membrane. Berliner
nota " si cette membrane était capable de reproduire un son
musical, elle devait, en toute logique, pouvoir reproduire des mots, lorsque
à la place d'un courant alternatif simple, un courant modulé
plus complexe interviendrait pour l'influencer". En fait il avait
découvert un modèle de microphone à contact imparfait.
Trop pauvre pour prendre un brevet, il deposa un caveat le 14 avril 1877
qui sera transformé en demande de brevet le 4 juin suivant.
Berliner proposa son microphone à la Bell Company qui lui acheta
en septembre 1877 et le nomma conseiller technique. Mais la bell Company
préferera le micro de Blake.U.S. Patent
199,141 Telephone . the transmitter, déposé October
1877, accordé le 15 January 1878
Micro Berliner 4 mars 1877
Le microphone de Berliner était sensiblement le même qu'un
microphone construit et démontré publiquement par l'Allemand
Philipp Reis en 1864, ainsi que par un microphone
développé par l'Américain James W.
McDonough, (vu un peu plus en avant) qui a déposé
une demande de brevet pour son invention le 10 avril 1876.
Plus tard le microphone d'Berliner a été racheté
par Alexander Graham Bell pour la somme de 100 000 $ et de 5 000 $ par
année pour garder Berliner sous contrat. Cet argent a permis
à Berliner de se consacrer exclusivement à la création
du gramophone, mais c'est Edison qui concrétisera le gramophone
en 1878.
Reis et McDonough ont décrit à tort leurs
microphones comme établissant et rompant des connexions électriques
en réponse aux ondes sonores.
La communauté scientifique, ainsi que l'Office des brevets des
États-Unis, ont correctement noté que la parole ne pouvait
pas être transmise en établissant et en rompant des connexions
électriques. En tant que tels, les microphones Reis et McDonough
ont été rejetés par la communauté scientifique,
et la demande de brevet de McDonough a été rejetée
par le US Patent Office, car ils étaient basés sur une "fausse
théorie", même si les deux microphones ont fonctionné.
Cette même année 1877 Thomas Edison a breveté un
émetteur similaire, ou microphone, ce qui entrainera
une certaine controverse ( à savoir à qui doit être
attribué l'invention du microphone.)
Début 1877 les dirigeants de la Western
Union Telegraph Company se rendent compte que Bell
en inventant le téléphone, avait créé un nouveau
marché, dont il s'agissait de ne pas perdre la maîtrise.
La western Union prospecta les chercheurs succcéptibles de lui
fournir un autre appareil téléphonique que celui construit
par Bell. Pour ce faire , elle s'adressa aux laboratoirs Edison qui se
mirent aussitôt au travail.
Le 18 avril 1877, ces recherches aboutirent à la mise au point
d'un émetteur téléphonique à la plombagine,
D'une manière empirique, l'équipe Edison avait en effet
découvert que la résistance électrique de la plombagine
variait en raison inverse de la pression à laquelle elle était
soumise. Une pastille de plombagine intercalée derrière
la membrane vibrante d'un émetteur téléphonique permettait
donc de moduler un courant électrique, en fait Edison avait inventé
le microphone qu'il perfectionna par la suite en remplaçant la
plombagine par du charbon en poudre.
IL est très similaire aux microphones conçus par David
Edward Hughes qui restera officielemnt l'inventeur
du microphone à charbon.
La décision dEdison dutiliser le carbone sappuie
sur ses efforts pour comprendre les subtilités du des câbles
du télégraphe quil a vu en Angleterre en 1873. Afin
de mener des expériences en laboratoire, il construit des câbles
artificiels utilisant des rhéostats à haute résistance
constitués de tubes de verre remplis de carbone. Il a constaté
que ses câbles artificiels n'étaient pas fiables car la résistance
du carbone variait en raison du bruit et du mouvement, mais ce type de
résistance variable sensible était exactement ce dont il
avait besoin pour le téléphone.
À la fin de 1877, Edison avait donc conçu un émetteur
dans lequel un petit bouton de carbone noir de fumée était
placé sous le diaphragme de l'émetteur.
De plus Edison avait compris que le téléphone
devait communiquer à grande distance, ce que ne faisait pas le
système Bell, alors il employa l'énergie de "la pile"
et conçu aussi un système à variation de résistance
.
Presque dès ses débuts, la Bell Telephone Company a dû
faire face à une situation paradoxale : à mesure que
ses téléphones gagnaient en popularité, sa situation
financière devenait plus précaire. Face à la demande
croissante, la Bell Company a dû investir davantage dans leur fabrication,
mais les titulaires de brevets ont eu du mal à obtenir des capitaux
supplémentaires.
Dès le 3 juillet 1877, Gardiner Hubbard informa l'avocat Anthony
Pollok que le téléphone se portait très bien,
avec une centaine d'appareils en service dans de nombreux endroits, et
que les perspectives d'avenir semblaient prometteuses puisque des dispositions
étaient prises pour la location de 2 000 téléphones
à une agence de New York. Les efforts de Hubbard et de ses agents
suscitèrent un intérêt public remarquable et contribuèrent
à créer cette demande pour le téléphone. Il
en fut de même pour des articles favorables, comme celui du Scientific
American, qui déclarait : « Le téléphone
a considérablement progressé, dépassant le statut
de "magnifique jouet scientifique", que beaucoup qualifiaient
hâtivement. »
Au 10 octobre 1877, après seulement six mois d'exploitation, la
Bell Telephone Company comptait 2 000 appareils en service et, à
la fin de l'année, elle avait livré 5 319 téléphones
à ses agents. Le bilan de la société pour les six
mois se terminant le 31 décembre 1877 indiquait des paiements de
location de 8 656,93 $ et un bénéfice net total de
1 707,56 $. Un rapport ultérieur, contenant vraisemblablement
des informations plus complètes, chiffrait les loyers bruts à
10 164,88 $, ce qui signifiait que les bénéfices
nets des loyers étaient également plus élevés.
Le 1er janvier 1888, la Bell Telephone Company était
en mesure d'annoncer à ses agents qu'elle avait fabriqué
et livré 5 491 téléphones. Cela indiquait
à l'entreprise que le téléphone n'était plus
une nouveauté et qu'elle avait donc abandonné sa politique
de mise à l'essai des téléphones. Pour répondre
à une demande en forte croissance, Charles Williams accepta de
doubler la capacité de son usine à condition que la Bell
Telephone Company lui apporte son aide en lui avançant une partie
des fonds nécessaires. Mais d'où pouvaient provenir ces
fonds et les autres ? En rejetant la dernière offre de John
Ponton visant à fournir des capitaux, Hubbard avait décidé
de faire fonctionner l'entreprise sur ses revenus courants, en payant
les dépenses sur les recettes quotidiennes. Mais les dépenses
pouvaient être supérieures aux recettes, et c'est effectivement
le cas. Une solution évidente serait de créer une société
avec des investisseurs internes capables de fournir les fonds nécessaires.
Cela n'a cependant pas été immédiatement possible,
car le syndic a rejeté une telle proposition :
"Je n'ai jamais réalisé la nécessité
d'une entreprise dotée d'un capital important, même si je
sais que cela présenterait à bien des égards un grand
avantage, outre le fait de faciliter grandement la gestion de votre trésorerie.
Les avantages ne m'ont pas semblé du tout proportionnels à
l'ampleur de la perte. de contrôle à MM. Bell, Sanders et
Hubbard".
En attendant que les revenus courants correspondent aux dépenses,
ou que Hubbard reconnaisse la nécessité de créer
une société dotée de capitaux, la Bell Telephone
Company fut contrainte de s'appuyer sur les ressources financières
de deux de ses principaux membres, Hubbard et Sanders, ainsi que sur ses
revenus courants.
Malheureusement, Hubbard n'était pas en mesure d'apporter une aide
financière importante.
Alors même qu'il décrivait le succès du téléphone
en juillet 1877, il demandait à l'avocat Pollok de ne pas insister
pour obtenir le paiement de ses frais juridiques. Bien que Hubbard fût
un homme aisé et occupant une position sociale, il était
tout simplement incapable de fournir l'argent. Il a écrit à
Pollok :
"Mes questions d'argent sont des domaines, comme vous le savez, complètement
perturbés par les circonstances défavorables de ces dernières
années, et avec un très grand nombre de biens, j'ai plus
besoin d'argent que si je ne possédais rien, car j'ai des dettes,
des sommes importantes à payer pour les impôts et je n'ai
aucun revenu foncier. "
Malgré la dernière affirmation de Hubbard selon laquelle
lui et Sanders avaient contribué à hauteur de 50 000
dollars au lancement de l'entreprise de téléphonie, il n'a
jamais pu tenir sa promesse de contribution. Gardiner Hubbard était
enclin à se lancer dans des projets commerciaux et des promotions
risquées, comme il l'avait fait avec le téléphone.
Il était en difficulté financière à la suite
d'une de ces entreprises, vers le printemps 1878. Avec plusieurs autres,
Hubbard avait investi dans la Caledonia Coal Mining Company et la East
Cambridge Land Company, et à la suite de revers, les investisseurs
devaient conjointement 100 000 $.
Lubbard a dû faire appel à l'aide de son associé Thomas
Sanders et de son gendre, Alexander Graham Bell.
On ne peut que se demander comment un tel revirement commercial a influencé
ses décisions en tant qu'administrateur de la compagnie de téléphone.
Sa situation financière difficile a certainement influencé
sa relation avec Sanders.
"Certes, j'ai peut-être utilisé un langage qui semblait
vous offenser gravement et qui était critique. Si c'est le cas,
j'espère que vous m'excuserez et vous vous souviendrez que, depuis
trois ou quatre mois, je suis soumis à une très forte pression :
j'ai été constamment surmené et j'ai souffert plus
que vous ne pouvez l'imaginer. De ma valeur, je suppose, je découvre
que tous mes biens ont disparu, et ce, sans que ce soit de ma faute".
Presque dès le début des difficultés de l'entreprise,
il s'est excusé de son incapacité à fournir des fonds.
À une occasion, il expliqua à Watson qu'il n'avait pas pu
recouvrir une somme due à Watson, mais que si Watson en avait besoin,
il pouvait faire appel à S.S. Converse et lui demander de le lui
prêter sur le compte de Hubbard. Non seulement Hubbard était
incapable de fournir son argent à la compagnie, mais il ne pouvait
pas non plus lui prêter son crédit. Selon Sanders, Hubbard
n'avait aucun crédit. Un jour, Hubbard envoya à Sanders
un billet de 7 000 $ pour liquider une dette, et lui demanda de l'apporter
à J. M. Converse pour qu'il l'encaisse.
Converse a insisté pour que Sanders l'investisse et assume ainsi
la responsabilité.
Comme illustration supplémentaire de la mauvaise situation financière
de Hubbard, Sanders raconta que, avec la totalité des actions de
la Bell Telephone Association, "j'avais donné en gage à
la Banque une partie de ses billets Un nouveau mandat à la
Banque m'a contraint à reprendre non seulement ces actions, mais
aussi les billets, affirmant qu'il n'avait aucune capacité financière
et que le Président ne permettrait pas au Contrôleur «
de trouver de telles choses dans sa banque », comme il l'a exprimé
laconiquement".
Une telle situation, c'est le moins qu'on puisse dire, a déçu
Thomas Sanders. L'une des raisons pour lesquelles il accepta Hubbard comme
partenaire à part entière dans les inventions de Bell était
que Hubbard avait été « présenté
comme un homme fortuné, influent et qui nous serait d'une grande
aide pour optimiser l'utilisation de nos biens ». Une fois
les premières étapes du développement du téléphone
terminées, seul Sanders avait fourni les fonds. Pourtant, il continua
d'assurer, avec son crédit et son argent, le respect de ses obligations
financières jusqu'à ce qu'il puisse être relevé
de ses fonctions. Après avoir subi les rigueurs de la gestion des
finances de l'entreprise avec une trésorerie presque vide, il regretta
sa décision initiale. Il écrivit à Bell : «
Si j'avais su dès le départ qu'il [Hubbard] était
totalement incapable de payer les dépenses de l'entreprise, j'aurais
immédiatement mis fin à toute l'activité, ce que
j'aurais fait en refusant de payer les factures. »
Le crédit de Sanders était meilleur que celui de Hubbard,
mais avec le temps, il lui devint plus difficile non seulement de lever
des fonds, mais aussi de les consacrer à la compagnie de téléphone
Bell.
La crédibilité de Sanders reposait en grande partie sur
son entreprise de maroquinerie à Haverhill, dans le Massachusetts,
mais elle lui permettait également de lever des fonds. Ainsi, alors
même que Sanders avançait 2 500 dollars de sa poche
à Charles Williams, il informait Hubbard que cette entreprise de
maroquinerie nécessiterait la totalité de ses liquidités
ce même mois.
Sanders était découragé quant à ses chances
dobtenir un prêt de sa banque. Il désespérait
de formuler cette demande, car elle nécessitait de nombreuses explications
sur « une nouveauté : le téléphone »
à un groupe de gentlemen conservateurs. Bien que les responsables
de la banque aient indiqué qu'ils pensaient que le téléphone
était une bonne chose et que l'entreprise en tirerait profit, ils
n'étaient pas disposés à prêter de l'argent
en utilisant le brevet comme garantie. Les banquiers ne considéraient
pas le brevet comme une garantie suffisante face à la réitération
constante de nos ennemis selon laquelle l'Union européenne nous
ferait rapidement disparaître du brevet et de tout le reste. La
banque était prête à prêter à Sanders
entre dix et vingt mille dollars sur son « papier commercial
à nom unique ». Sanders pouvait utiliser ces fonds comme
bon lui semblait, mais la banque n'a pas considéré le téléphone
comme un moyen de renforcer son crédit.
En février 1878, la menace de concurrence de Western Union rendait
non seulement difficile l'attraction d'investisseurs potentiels et la
gestion de l'activité téléphonique, mais commençait
également à miner le crédit de Sanders.
"Mon entreprise (Sanders) a souffert, c'est-à-dire que mes
titres ont été mis sur le marché à un prix
élevé, du sentiment d'être largement intéressé
par une entreprise fragile, et il faudra tout l'argent que j'ai avancé
à Bell Co pour gérer l'entreprise à laquelle il appartient
légitimement".
Sanders finit par obtenir un prêt, de son propre chef, mais se sentit
obligé de rappeler à Hubbard qu'il ne pouvait pas se permettre
de le céder à la compagnie de téléphone, mais
qu'il en avait besoin pour sa propre entreprise. Une fois de plus, Sanders
fit appel à Hubbard : « Pourriez-vous obtenir le
renouvellement de notre billet de 2 500 $ arrivant à
échéance ? J'ai dû utiliser 4 000 $
sur les 12 000 $ que j'ai avancés pour acheter mes billets
et j'en ai besoin de plus pour soutenir mon entreprise.»
En réponse aux plaintes et aux propositions constantes de Sanders
pour lever des fonds, Hubbard suggéra à Sanders de fermer
son entreprise, d'investir les bénéfices dans la téléphonie
et d'en faire l'uvre de sa vie. S'il acceptait, il percevrait un
salaire et des intérêts sur son argent égaux à
ceux de son commerce de cuir. Si Sanders refusait, Hubbard suggéra
qu'il serait judicieux de chercher un nouveau trésorier capable
de fournir les fonds nécessaires. Dans un post-scriptum, il ajoutait
: « Il me semble que l'affaire a déjà pris de telles
proportions qu'elle devrait avoir toute l'attention d'un trésorier
compétent.
Les critiques de Hubbard étaient injustes compte tenu des sacrifices
de Sanders au nom de la Bell Telephone Company.
En mai 1878, Sanders avait suivi le conseil de Hubbard, pris des dispositions
pour fermer son entreprise de maroquinerie et avait engagé tout
son crédit et ses compétences envers la compagnie.
Le refus de Hubbard de tenir compte des propositions de Sanders de créer
une nouvelle société dotée d'un capital reposait
sur la théorie selon laquelle les revenus de la société
fourniraient tous les fonds nécessaires et que les détenteurs
de brevets n'auraient pas à sacrifier une quelconque partie de
leurs intérêts dans la société. Mais comme
l'a noté Sanders : « Théoriquement, c'était
vrai, en pratique, j'ai été obligé de fournir l'équivalent
de 30 000 $. » En réalité, cette théorie
était inapplicable, car le recouvrement des coûts de production
des téléphones ne se ferait que sur une période prolongée,
en raison de la politique de location plutôt que de vente des instruments.
Cependant, Hubbard, à juste titre, pensait que sa théorie
fonctionnerait, car la demande de téléphones augmentait
et que les revenus locatifs augmentaient en conséquence. Les recettes
de la Bell Telephone Company sont passées de 383 $ en août
1877 à 4 682 $ en janvier 1878. Durant cette période
de six mois, les loyers ont doublé, passant de 1 626,48 $
en octobre à 3 272,57 $ en novembre. Ainsi, en évaluant
la situation de la Bell Company, Hubbard a conclu :
"Nous devenons plus forts chaque jour et devrions bientôt être
en mesure d'affronter nos ennemis, à condition que nos amis nous
aident au lieu de nous gêner. D'après ce que je comprends,
nous pouvons désormais collecter suffisamment d'argent pour payer
nos dépenses quotidiennes (ou presque), à condition d'exiger
un prépaiement pour chaque appel téléphonique et
téléphonique".
Bien que la demande d'instruments ait augmenté plus rapidement
que ne l'espérait Hubbard, l'augmentation n'a pas été
uniforme. Le nombre d'instruments expédiés aux agents (reflétant
probablement dans une certaine mesure la demande) a fluctué d'un
mois à l'autre. En décembre 1877, un total de 153 instruments
a été expédié : en janvier, le nombre
est tombé à 1 013, pour remonter à 1 235
en février et 1 231 en mars, puis à 839 en avril et
731 en mai. Le nombre de téléphones livrés a temporairement
augmenté pour atteindre 1 202 en juin, puis est retombé
à 914 en juillet, dernier mois de l'existence active de Bell Telephone
en tant qu'« association volontaire ». Le nombre
de nouvelles installations a diminué, tout comme les locations
de l'entreprise. Par exemple, après avoir atteint un sommet de
4 682,17 $ en janvier, les recettes ont chuté à
1 804,97 $ en février.
Cette situation reflétait peut-être l'effet de la concurrence
croissante de Western Union, mais plus probablement le fait que l'intérêt
et la demande pour le téléphone étaient en baisse,
contrairement à l'intérêt et à la demande extraordinaires
de la période précédente. Les agents devaient désormais
redoubler d'efforts pour gérer leurs téléphones.
Face à cette situation, Sanders a été contraint de
réduire ses effectifs.
Le 18 janvier 1878, il licencia douze hommes, se plaignant de recevoir
peu d'argent des agents et de n'avoir « aucun ordre à
proprement parler depuis le 1er janvier ».
La situation persistant, il prédit :
"La faillite totale de l'entreprise est inévitable si nous
ne parvenons pas à nous procurer de l'argent. Nos agents sont paralysés
dans tout le pays, et il semble qu'il n'y ait aucune possibilité
d'obtenir de l'argent d'eux. Williams appelle quotidiennement des milliers
de personnes, et si, en plus, nous devons payer des avocats (en référence
à la possibilité d'intenter une action en justice contre
la Western Union), d'où viendra l'argent ? Mais pas pour emprunter
de l'argent pour l'avenir, avec quoi vais-je payer Williams et moi-même
aujourd'hui ? Je dois arrêter la fabrication de téléphones
si aucun arrangement n'est trouvé pour les payer".
Étant donné son optimisme, Hubbard a réagi comme
on pouvait s'y attendre. Là où Sanders voyait des raisons
d'être déprimé, Hubbard trouvait des raisons d'être
optimiste. Il a noté que l'entreprise possédait dix mille
instruments qui, bien que pouvant désormais être reproduits
à un prix inférieur à leur prix d'origine, représentaient
une expérience précieuse. Ni Western Union ni aucune autre
entreprise ne pouvait reproduire de tels instruments à un prix
inférieur à leur coût d'origine, faute d'expérience.
La Bell Telephone Company disposait d'un loyer annuel net de 36 000 $
pour les téléphones, ainsi que d'autres actifs de valeur.
Selon Hubbard, tous ces succès avaient été obtenus
en moins d'un an, et il doutait qu'un tel exemple puisse être observé
dans tout le pays pendant une période aussi longue.
Là où Anderson prétendait que les agents de l'entreprise
étaient « paralysés » et dans un état
de « stagnation désespérée », Hubbard
soutenait que l'entreprise se portait mieux qu'elle ne l'avait jamais
fait. Il a affirmé que les commandes de février étaient
plus importantes que celles de tout autre mois depuis que la société
était en activité.
Il ne s'agissait pas de commandes anticipées, mais d'une demande
régulière d'agents qui savaient qu'ils devaient payer l'avance
avant de pouvoir recevoir les instruments.
Hubbard avait prédit que la demande pour mars et avril serait plus
importante que pour février, notant également que la menace
d'une concurrence du syndicat des femmes avait effectivement incité
les agents de Bell à agir. Tout en reconnaissant la contribution
de Sanders à l'entreprise, Hubbard a néanmoins regretté
la décision de Sanders de prendre la direction de l'entreprise
car, a-t-il écrit :
" Je pense que la principale difficulté
vient de vous-même, car l'entreprise doit de l'argent et n'a pas
de trésorerie.
Vous pensez que l'entreprise est une « entreprise fragile »
et je sais que vous devez exprimer le même sentiment auprès
de vos interlocuteurs. Par conséquent, ils pensent qu'il s'agit
d'une entreprise fragile, car c'est votre cas, et par conséquent,
votre crédibilité et celle de l'entreprise sont compromises.
Je ne peux m'empêcher de penser que tout cela aurait pu être
évité, que l'entreprise aurait pu être maintenue relativement
facilement et que son crédit aurait été préservé.
Non,.. si une autre voie avait été suivie".
Les prévisions optimistes de Hubbard n'étaient pas entièrement
justifiées. La demande pour mars et avril, telle que reflétée
par le nombre de téléphones livrés aux agents de
Bell, n'était pas supérieure à celle de février.
En fait, le nombre total d'instruments livrés en avril était
inférieur de quatre cents à celui du 2 février. La
critique de Hubbard concernant la capacité de Sanders à
obtenir du crédit pour l'entreprise semble étrange, voire
injuste, venant d'un homme dont la propre cote de crédit était
peu souhaitable et dont le propre frère écrirait à
son sujet :
"J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que votre
papier soit décompté pour vous pendant plusieurs années
et vous ne saurez jamais ce que cela a représenté pour moi
de le faire J'ai confiance que vous réunirez suffisamment
d'argent pour payer vos dettes et vivre de vos revenus et si quelque
chose sort du téléphone, mettez-le de côté
pour rembourser vos hypothèques".
La Bell Company n'a pas pu utiliser ses recettes actuelles pour s'acquitter
de ses obligations, non seulement en raison de la baisse de la demande
et des loyers, mais aussi parce que le système censé rendre
cela possible ne fonctionnait pas efficacement. Sanders avait effectivement
raison lorsqu'il a constaté une différence entre la théorie
et son application.
Conformément aux politiques de l'entreprise, chaque agent était
tenu de verser un acompte partiel sur tous les téléphones
et les sonneries d'appel magnétiques reçus.
Par ses instructions aux agents, la compagnie de téléphone
Bell a également ordonné à ses agents de payer les
loyers à l'avance. Désormais, chaque agent était
tenu personnellement responsable de tous les loyers non perçus
dans les trente jours suivant la réception des appels téléphoniques.
Chaque agent était également tenu de conserver un nombre
suffisant d'instruments à disposition pour approvisionner les clients
sans délai. Cette exigence était intéressante si
l'on considère que la principale plainte des agents durant cette
période résidait dans leur incapacité à obtenir
l'exécution rapide de leurs commandes, mais son intention devient
claire lorsqu'on apprend également qu'un agent a dû payer
une avance de 2 $ par appel téléphonique et de 3 $ par appel
téléphonique. Par l'instruction n° 2, la compagnie de
téléphone Bell a expliqué qu'elle ne pouvait pas
considérer comme personne apte à agir en tant qu'agent ou
sous-agent toute personne qui ne pouvait pas payer l'avance requise pour
un nombre suffisant d'instruments permettant d'exécuter les commandes
sans délai.
À l'origine, c'était un système très ingénieux,
appliqué même au point où la compagnie Bell envoyait
un projet d'avance, payable trois jours après la date de la visite,
avec chaque facture d'instruments envoyée aux agents. Mais il y
avait une confusion et une opposition considérables parmi les agents.
Par exemple, lors de l'établissement de la liste des actifs de
la société Bell, Sanders était incertain quant à
la manière de traiter une agence particulière, car :
" il existe un doute concernant tous les agents, ils peuvent à
tout moment refuser de payer l'avance ou le loyer et prétendre
que les instruments sont devenus si courants par d'autres sources qu'ils
ne souhaitent pas poursuivre l'agence".
Il y avait une autre raison à l'échec du projet de Hubbard,
que Sanders considérait comme primordiale. Il était naturellement
en désaccord avec l'analyse de Hubbard selon laquelle les difficultés
financières de l'entreprise étaient dues à sa conduite
en tant que trésorier. Selon Sanders, le problème de la
collecte d'argent auprès des agents résultait du fait que
Hubbard lui ordonnait fréquemment d'agir contrairement à
son propre jugement. Autrement dit, Hubbard contrevenait fréquemment
aux ordres de Sanders et lui ordonnait d'envoyer des instruments, le moyen
par lequel Sanders devait avancer sur ses propres fonds, à des
agents qu'il jugeait indignes.
Sanders affirmait :
Je ne devrais pas être tenu responsable de la gestion financière
d'une entreprise dont je n'ai le contrôle que sur un seul aspect
Ne voyez-vous pas l'injustice de me rendre responsable de ce que je ne
peux absolument pas faire, à moins que je refuse d'exécuter
vos ordres ? Ce qu'il nous faut faire maintenant, c'est ne pas regarder
en arrière, ne pas facturer ni l'un ni l'autre. Nous sommes accusés
de mauvaise gestion, mais pour être honnêtes et prendre les
meilleurs moyens pour nous en sortir, Hubbard a reconnu que si les agents
ne respectaient pas la politique de l'entreprise concernant les avances
et les loyers, et si les dépenses dépassaient les revenus
courants, « nous ne pouvions nous en prendre qu'à nous-mêmes
». Mais il a continué à s'ingérer dans la gestion
de la trésorerie par Sanders. Sanders a écrit à Hubbard :
Je ne peux pas imposer de règlements lorsque les parties estiment
que le recours final vous appartient. Vous ne permettez pas aux agents
de comprendre quels sont mes pouvoirs. Beaucoup d'argent pourrait être
collecté si vous les émettez. Une circulaire informait spécifiquement
tous les agents que la gestion financière était entre mes
mains, sous réserve de contrats, et que ma demande d'argent devait
être prise en compte. Les relations financières de Sanders
avec les agents étaient certes contraignantes, mais elles se sont
parfois révélées très bénéfiques,
comme pour Thomas Cornish de Philadelphie. Peu après sa nomination
comme agent, Cornish s'est engagé à faire tout son possible
pour aider financièrement la Bell Company. Il a effectué
ses paiements à temps et a même avancé des sommes
importantes à la société. « Je vous ai maintenant
envoyé 2 000 $ Si vous êtes toujours à
court d'argent, faites-le-moi savoir. Vous pouvez compter sur moi pour
tout ce qui est en mon pouvoir, pour vous et pour le téléphone.
» Thomas Sanders a rarement pu s'exprimer comme il l'a fait lorsqu'il
a écrit à Cornish : « Je vous suis très redevable
pour la libéralité de vos avances à l'ancienne société
et si ce n'était pas pour quelques cas de ce genre, j'aurais été
soumis à un inconvénient personnel bien plus grand. Veuillez
accepter mes remerciements.
L'ingérence de Hubbard dans l'autorité et la responsabilité
de Sanders semble avoir été une habitude courante. Elle
a non seulement aggravé les difficultés de Sanders, mais
a également contribué à la confusion des agents,
notamment en ce qui concerne les contrats, les conditions, etc.
Conformément aux statuts de la Bell Telephone Company, le fiduciaire
a reçu la Il assurait la gestion générale et la supervision
de toutes les entreprises, et était habilité à exécuter
tous les contrats soumis au conseil d'administration. Sanders, en tant
que trésorier, devait superviser et faire respecter tous ces contrats
et baux. Cependant, Hubbard avait pour habitude de se contenter de présenter
aux défendeurs les contrats terminés et d'exiger une exécution
rapide des commandes. Il a d'abord mis en uvre ses propres plans.
t and th sn a consulté Sanders par la suite. Hubbard a même
ignoré l'exigence de l'entreprise de placer des copies des contrats
signés dans les archives du Trésor Sanders. Ainsi, Sanders
s'est plaint :
Ce ne serait pas trop demander si vous pouviez au moins nous envoyer une
copie de chaque contrat après sa signature. Il faut que nous ayons
un certain consensus et il semble juste que, dans le cadre de notre conformité
à nos règlements, des questions aussi importantes soient
soumises à notre attention à tous.
Hubbard a souscrit aux critiques des défenseurs et a promis d'essayer
de lui soumettre les projets de contrats avant leur signature. Il a écrit
: « Vous devriez être consulté, car vos droits et intérêts
sont les mêmes que les miens. J'ai signé les contrats généraux
sans vous les soumettre, car je supposais que nous étions globalement
d'accord. »
Par souci d'équité envers Gardiner Hubbard, il convient
de noter qu'au moins à une occasion importante, Sanders s'est rendu
coupable de ne pas l'avoir consulté. Fin décembre 1877,
alors qu'il négociait avec les organisateurs de la New England
Telephone Company, Sanders modifia de sa propre autorité certaines
dispositions importantes du contrat sans en informer Hubbard. Constatant
un fait accompli et motivé par d'autres considérations,
Hubbard accepta les modifications. Ce faisant, il a expliqué :
"J'ai confiance qu'un tel conflit ne surviendra pas et qu'aucun de
nous n'interférera avec le Département. Je comprends que
M. Watson se rend au service de fabrication, au service financier et que
je conclus tous les contrats avec les agents, les entreprises et autres
personnes concernant l'intérêt général des
brevets. Chacun communique avec l'autre avant de conclure tout contrat
important".
Sanders a reconnu le bien-fondé de la réprimande
de Hubbard, mais a défendu son action en affirmant que «
l'un des objectifs a été la promotion de nos intérêts
communs ».
Bien que cet incident ait amené Hubbard à entretenir une
suspicion persistante à l'égard de l'organisation de la
New England Telephone Company, Sanders ne semble pas avoir agi régulièrement
à l'insu ou sans le consentement de Hubbard dans des affaires officielles.
Hubbard, d'autre part, était enclin à agir de manière
indépendante. Ila expliqué sa raison à Bell : «
En tant qu'administrateur de Bell Tel & Co avant le 1er juillet, je
représente les deux tiers des actions de la société.
« Je n'ai pas consulté les défenseurs aussi complètement
que j'aurais dû le faire. »
Un certain nombre de politiques de brevets de Bell résultaient
de leurs lacunes financières. Les avances que les agents étaient
tenus de verser étaient nécessaires pour couvrir les coûts
quotidiens de fabrication et autres dépenses. Le recours à
des agents locaux rémunérés à la commission
était également motivé en partie par le manque de
fonds des titulaires de brevets. Ces agents pouvaient exploiter le téléphone
à titre complémentaire ou dans le cadre d'autres activités,
sans que les titulaires de brevets soient responsables de leurs dépenses.
La compagnie de téléphone Bell ne disposant pas de fonds
suffisants, elle a obtenu sa licence. Ils devaient construire et exploiter
même les précieux systèmes d'échange.
Dans une large mesure, bon nombre des politiques
mises en place et poursuivies par la Bell Telephone Company répondaient
à ses limitations financières.
Sanders était particulièrement sensible à la divulgation
de toute information sur la situation financière de l'entreprise.
Cependant, après avoir persuadé Hubbard d'accepter de réorganiser
l'entreprise, Avec de nouveaux capitaux, il est devenu nécessaire
de fournir des informations aux investisseurs potentiels. Naturellement,
Sanders a tenté de présenter les finances de l'entreprise
sous le meilleur jour possible, allant même jusqu'à manipuler
les chiffres. Les silhouettes chauves ont une si mauvaise mine que c'est
l'une des raisons pour lesquelles j'ai pensé qu'il valait mieux
inviter vos partenaires à venir à Boston, où ces
questions pourraient être expliquées et où la nécessité
de les montrer pourrait être évitée jusqu'à
ce que les choses progressent davantage. Sa réticence à
être franc résultait de sa conviction que trop d'informations
entre de mauvaises mains pourraient mettre en danger la compagnie de téléphone
Bell, ainsi que sa fortune et son crédit.
Hubbard et Sanders étaient disposés à voir la situation
de lentreprise différemment à tout moment en raison
de leurs personnalités et tempéraments opposés. Les
opinions de Sanders étaient largement influencées par ses
intérêts financiers dans le téléphone, tandis
que celles de Hubbard étaient largement influencées par
son optimisme. Ainsi, en mai 1878, lorsque Sanders se plaignit que Hubbard
n'avait aucune idée de la « situation déplorable »
de l'entreprise, Hubbard répondit : « Je ne vois pas comment
nos finances pourraient être dans un état particulièrement
déplorable. »
Même lorsque les deux partenaires ont examiné les mêmes
dossiers et sont arrivés à des conclusions opposées.
Hubbard a contredit l'évaluation de Sanders sur les activités
de la société pour février et mars. Il était
convaincu que les comptes démontraient clairement l'inexactitude
de la conclusion de Sanders selon laquelle les activités étaient
paralysées. Sanders a rétorqué :
Vous pouvez bien sûr tirer les conclusions que vous souhaitez des
chiffres et peindre un tableau aussi rose que votre imagination le suggère,
mais le fait persistant, comme je l'ai toujours dit, demeure que nous
devons entre 20 000 et 25 000 dollars sans aucun actif certain.
Le pessimisme de Sanders l'a parfois contraint à faire des déclarations
financières qu'il jugeait fausses :
M. Cheever est, je pense, suffisamment conscient de notre faiblesse financière
pour ne pas la rendre souhaitable. J'ai donc fait un détour et
lui ai menti en prétendant qu'il ne pensait pas que nous étions
en faillite. J'espère qu'on me pardonnera les nombreuses déclarations
hautes en couleur que j'ai constamment été obligé
de faire pour maintenir un semblant de solidité.
Hubbard n'était pas d'accord. Un examen des comptes de la société
confirmait effectivement la déclaration de Sanders à Cheever
selon laquelle les loyers arrivaient suffisamment vite pour couvrir les
dépenses courantes. Sanders n'avait donc pas menti. Une grande
partie des difficultés rencontrées par les agents résultait
de leur incapacité, parfois, à recevoir des informations
claires et actualisées de leur société mère
à Boston. La Bell Telephone Company en était en partie responsable,
car sa direction était surchargée et divisée.
Thomas Watson était le pilier de la direction de la Bell Company.
En tant que surintendant, il était principalement chargé
de superviser la fabrication des instruments et de perfectionner le matériel
téléphonique. Il était assisté dans ces tâches
par Edward Wilson, probablement un employé de Charles Williams.
Les fonctions de Watson ne se limitaient pas aux aspects techniques de
la téléphonie.
En tant qu'associé de la Bell Telephone Company, d'autres tâches
de gestion lui incombaient. Jusqu'en août 1877, il était
responsable de la comptabilité de la société. Robert
W. Devonshire fut ensuite engagé pour prendre en charge cette partie
des affaires de la société. Une grande partie de la gestion
quotidienne de l'entreprise restait sous la responsabilité de Watson,
désormais partagée avec Devonshire. La lourde charge de
travail de Watson s'expliquait par la répartition géographique
des directeurs généraux de l'entreprise.
Son directeur général, Gardiner Hubbard, était principalement
en poste à Washington, D.C., lorsqu'il n'était pas en mission
d'inspection pour la Railway Mail Commission ou pour la compagnie de téléphone.
Hubbard ne venait à Boston qu'occasionnellement. Le directeur financier,
Thomas Sanders, était en partie occupé par son entreprise
de maroquinerie à Haverhill, où il résidait. Il faisait
fréquemment la navette jusqu'à Boston. Par conséquent,
comme Watson était à Boston tous les jours, à l'exception
de ses visites d'inspection occasionnelles, il est devenu le partenaire
idéal pour effectuer les tâches de gestion quotidiennes.
Il nous incombait donc, à lui [Watson] et à moi, de nous
occuper de la fabrication, des essais et de l'expédition des téléphones
et des magnéto-sonneries, de la comptabilité, de la correspondance
et de tout ce qui se présentait. Toutes les lettres d'information
sur les téléphones et les sonnettes d'appel étaient
adressées au surintendant général, et comme nous
n'avions ni sténographe, ni dactylo, ni machine à tabuler,
nous étions contraints de rédiger nos lettres, nos rapports,
nos relevés, etc. à la main.
Cette division géographique compliquait naturellement le fonctionnement
et la gestion de l'activité téléphonique. Par exemple,
un agent a été chargé de surveiller attentivement
les infractions et de les signaler à la société de
Boston et à Hubbard de Washington. Une telle procédure était
difficilement calculable pour favoriser la rapidité et l'efficacité.
Watson, qui s'acquittait de ces nombreuses tâches, a exprimé
le souhait que Hubbard et lui puissent s'entretenir quotidiennement. «
Cela me donnerait une grande satisfaction et je pense que nous ferions
davantage de progrès. »
Même la question cruciale de la réorganisation de Bell Telephone
Company en société par actions a été retardée
et compliquée par la séparation géographique des
directeurs généraux de l'entreprise. Charles Eustis Hubbard
a décrit succinctement cet état de fait lorsqu'il a écrit
: « Il est parfaitement absurde de tenter de gérer une telle
entreprise avec vous à Washington, occupé à d'autres
affaires et M. Sanders à sa propre entreprise en plus de celle-ci.
Il aurait fallu deux hommes forts consacrant tout leur temps, l'un aux
finances, l'autre à la gestion générale. »
Il est devenu évident que l'activité de l'entreprise était
a déclaré qu'un directeur commercial était nécessaire.
Il est devenu évident, à mesure que l'activité de
l'entreprise augmentait, qu'un directeur commercial était nécessaire.
Lorsque Watson informa Hubbard que « le générateur
Watson était surchargé de travail », Hubbard répondit
qu'il connaissait l'homme idéal pour assumer la direction générale
de l'entreprise, « une machine à vapeur de mille chevaux
gaspillant ses compétences au sein du service postal ferroviaire
des États-Unis ». Hubbard faisait référence
à Theodore U. Vail, surintendant du service postal ferroviaire,
qu'il avait appris à bien connaître en tant que membre de
la commission du Congrès chargée d'enquêter sur le
service postal ferroviaire. Lors d'une de ses tournées d'inspection,
Watson s'est arrêté à Washington, a évalué
Vail et a télégraphié à Boston son approbation
et sa recommandation de l'embaucher.
La décision d'embaucher Vail pour superviser la direction générale
de la Bell Telephone Company constitue un autre exemple des différences
de personnalité et de style de gestion entre Gardiner Hubbard et
Thomas Sanders.
La réticence de Vail à quitter la fonction publique a été
surmontée lorsque le Congrès a jugé nécessaire
d'en débattre. les mérites de son allocation quotidienne
de 5 $.
Bien que le Congrès n'ait pas décidé de le réduire,
Vail a apparemment conclu qu'il y avait peu d'espoir de progrès
en matière politique.
Hubbard a proposé à Vail un poste auprès de la Bell
Telephone Company au moment même où des négociations
étaient menées pour réorganiser la société
et sécuriser les fonds des capitaux intéressés. Vail
hésitait à se joindre aux intérêts de Bell
à ce moment-là, craignant comme il le faisait qu'un accord
avec l'organisation actuelle ne contienne pas de garanties suffisantes
si la nouvelle société concluait un accord avec Western
Union. Vail n'était pas différent de nombreux agents de
la Bell Company qui exprimaient des craintes quant à leur avenir
si un accord était conclu avec Western Union. Hubbard a jugé
imprudent d'attendre la réorganisation de l'entreprise, car cela
ferait perdre beaucoup de temps précieux. Il a donc exhorté
Vail à accepter immédiatement son offre et, ce faisant,
il a peut-être agi sans le consentement de Sanders, puisque Sanders
avait auparavant insisté pour que Vail soit embauché plus
tard.
Hubbard a décrit les conditions d'emploi de Vail dans une lettre
à Sanders, que ce dernier devait transmettre à Vail s'il
approuvait. Dans cette lettre, Hubbard a d'abord abordé l'historique
financier de la Bell Telephone Company et ses récents accords avec
la New England Telephone Company. Il a ensuite proposé d'embaucher
Vail comme surintendant général, avec un salaire de départ
de 3 500 $ par an, plus une indemnité de déplacement,
et étant entendu que si l'entreprise de téléphonie
continuait de prospérer, le salaire de Vail serait porté
à 5 000 $. Sanders a jugé la lettre de Hubbard inacceptable
et a rédigé sa propre version. Il a omis les points dont
il estimait que Hubbard était certain qu'ils n'avaient pas leur
place dans un contrat commercial. La sensibilité de Sanders concernant
les révélations financières de Hubbard est redevenue
évidente : « Je pense que nous nous en remettons
trop à lui, et bien que je ne puisse pas lui cacher quoi que ce
soit quil soit dans mon intérêt de savoir, je pense
quil nest pas nécessaire de lui exposer nos conditions
ni dentrer dans des détails qui ne le concernent pas directement. »
Par conséquent, dans son projet de lettre à Vail, Sanders
a omis toute référence aux conditions et arrangements financiers
de la Bell Company.
Sanders était également préoccupé par les
termes de l'offre salariale de Hubbard.
Dans son projet, Sanders a proposé à Vail un salaire de
2 500 $ par an, plus des frais de déplacement ne dépassant
pas 5 $ par jour, étant entendu que lorsque lentreprise le
justifierait, le salaire de Vail serait augmenté à 5 000
$. Dans un post-scriptum, il a ajouté : « Si les tâches
de votre bureau sont accomplies de manière satisfaisante, nous
acceptons de vous verser la somme de 1 000 $, en plus de ce qui précède,
à la fin de la première année. »
Sanders a expliqué à Hubbard qu'il avait énoncé
les termes du salaire de Vail de cette manière parce qu'il lui
semblait « plutôt indigne de lui proposer des incitations
pour le pousser à accepter une augmentation de 1 000 $ par
an ». Sanders pensait que Vail recevait actuellement un salaire
de 2 500 $ et 5 $ par jour du gouvernement. Hubbard a reconnu qu'il
s'agissait bien des termes du salaire gouvernemental de Vail, comme il
le lui avait précédemment informé, mais en fait,
Vail a gagné 4 325 $, a dépensé environ 800 $ en
dépenses et a donc reçu un salaire net de 3 500 $. De toute
évidence, Vail n'envisagerait pas d'accepter un poste téléphonique
pour un salaire inférieur à son salaire actuel et à
la promesse d'une augmentation à 5 000 $ si l'entreprise le justifiait.
Il ne fait aucun doute que l'offre de la compagnie Bell devait être
suffisamment généreuse pour compenser l'offre du directeur
général des Postes d'accorder à Vail un congé
de six mois et de l'envoyer en Europe pour une tournée d'inspection.
Hubbard écrivait :
L'envoi de votre lettre le blesserait, car il implique une méfiance
et une crainte de ne pas être satisfait de ses services. Si je ne
l'avais pas fait, j'aurais immédiatement décliné
le poste et je n'ai aucun doute qu'il le ferait.
Le point de vue de Hubbard était probablement correct, puisque
la décision de Vail de quitter le service postal était le
résultat de ce qu'il considérait comme un traitement injuste
qui lui avait été accordé par le Congrès.
L'offre salariale de Sanders reflétait le fait que l'entreprise
était « à court d'argent ». En effet, il essayait
d'offrir à Vail le moins possible. Après que les conditions
salariales de Vail eurent été fixées selon les suggestions
de Hubbard, Sanders écrivit :
Je suis aussi impatient que vous de m'assurer les services de M. Vail,
mais je ne voulais pas qu'il pense que nous étions si entièrement
dépendants de lui. Je suis convaincu que ce salaire est assez modeste,
mais je ne sais pas vraiment d'où il vient.
En acceptant l'offre de Bell Company, Vail a modifié les conditions,
sous réserve de l'accord de l'entreprise, de sorte que ce salaire
serait de « 3 500 $ la première année
et de 5 000 $ l'année suivante si l'entreprise le justifiait,
au lieu de 5 000 $ lorsque l'entreprise le justifiait. »
Il a expliqué que les 3 500 $ étaient en fait inférieurs
à son salaire actuel, mais que sa foi dans le succès de
l'entreprise de téléphonie était telle qu'il était
prêt à lui faire confiance. « Si l'entreprise ne justifie
pas ce salaire dans une autre année, elle ne le justifiera jamais.
» Malgré la confiance de Vail, il a demandé une garantie
lui fournissant deux ans de service afin de couvrir l'éventualité
d'une consolidation avec des sociétés rivales, ce qui, selon
lui, se produirait sûrement si la société Bell réussissait.
Les défenseurs, pourtant prudents, ont convenu que la modification
de salaire de Vail était raisonnable, mais étant donné
que la société était sur le point d'être réorganisée,
il a estimé nécessaire de consulter Hubbard. Lorsque Hubbard
a informé Sanders qu'en conséquence après ce retard,
Vail sentit qu'on se moquait de lui et que toute l'affaire allait être
rouverte. Sanders approuva rapidement le nouveau contrat. Il expliqua
:
"Je tenais simplement à vous préciser que tout dépendait
entièrement du succès de la Société et que,
bien que légalement responsable des dettes de la Société,
je ne souhaitais donner à personne l'assurance que, quelles que
soient les circonstances, je Je veillerais à l'exécution
du contrat. J'ai simplement défini ma position au sein de la compagnie".
Par conséquent, tous les changements apportés par Vail furent
intégrés par Hubbard et Sanders dans un protocole d'accord
daté du 20 juin 1878.
Le 20 juillet, lors de la première réunion des directeurs
de la nouvelle Bell Telephone Company, Theodore N. Vail fut dûment
élu directeur général, bien qu'il ait déjà
pris ses nouvelles fonctions. Malgré les désaccords profonds
entre Fender et Hubbard sur les détails de l'emploi de Vail, tous
deux étaient désireux de s'assurer ses talents pour le développement
de l'activité téléphonique.
Tous deux étaient impatients de le voir consacrer ses compétences
à l'organisation d'agences efficaces et de systèmes téléphoniques
de district dans les principales villes du pays. Hubbard a déclaré
à Vail : « Nous comptons sur votre capacité exécutive,
votre fidélité et votre zèle inlassable, à
un grand degré, pour le succès de notre entreprise. »
C'est ainsi que commença la longue et prestigieuse carrière
de Theodora N. Vail, qui était censée apporter unité
et direction de la gestion de la Bell Telephone Company. Les contributions
de Vail aux intérêts de Bell furent variées et nombreuses,
mais aucune ne fut plus importante que ses efforts pour contribuer à
façonner l'organisation de la compagnie.
En effet, les contributions de Vail aux intérêts de Bell
furent si importantes qu'un historien de la compagnie considérait
Hubbard comme le plus grand. « Notre contribution a été
de sécuriser les services de Vail pour le téléphone. »
Les circonstances entourant l'embauche de Vail incarnaient le conflit
de personnalités et de tempéraments entre Thomas Sanders
et Gardiner G. Hubbard, et caractérisaient également, dans
une large mesure, le fonctionnement de la Bell Telephone Company sous
leur direction.
Plus tard, Watson a fait l'éloge de Thomas Sanders, le qualifiant
d'homme « courageux et optimiste », et estimait que tous ceux
qui étaient liés au téléphone étaient
voués à l'échec. Je pensais que Sanders n'avait pas
été un homme conservateur, car s'il l'avait été,
il n'aurait jamais risqué sa fortune pour elle.
Si l'on accepte la version de Sanders de sa libéralité financière,
la philosophie des affaires n'y est pour rien. Ayant pris son engagement
financier envers le téléphone, il ne pouvait plus s'en retirer,
mais était contraint de poursuivre son aide afin de protéger
cet investissement. « Le souvenir ultérieur de Watson
auprès des défenseurs était celui d'un individu joyeux
et encourageant ; » Le jovial Tom Sanders ! Comme
tout le monde l'aimait ! Même si les perspectives étaient
décourageantes, le ciel s'est éclairci lorsqu'il est entré
dans la boutique. Je peux entendre son rire résonnant maintenant !
Les souvenirs de Watson démentent les véritables sentiments
de Sanders, comme l'indique sa correspondance avec Hubbard. Son récit,
cependant, tend à confirmer le déni de Sanders selon lequel
il aurait transmis son sentiment de désespoir et de tristesse aux
personnes qu'il a rencontrées, et serait donc responsable des mauvaises
perspectives financières de l'entreprise.
"En réponse à ce que vous [Hubbard] dites concernant
mon opinion pessimiste sur En tant qu'homme d'affaires, je ne peux
que vous supplier de me croire lorsque je dis que je n'ai donné
aucune raison extérieure de penser que je considérais le
présent ou l'avenir de la B.T. Co. autrement que comme brillant".
Watson se souvenait de Hubbard comme d'un homme calme et serein en temps
de crise. Hubbard dégageait une telle confiance que Watson le croyait
capable de gérer l'entreprise. La confiance et l'optimisme de Hubbard
contrastaient véritablement avec l'insécurité de
Sanders. La caractérisation de Hubbard par Watson concorde avec
celle de A. W. Rose, un employé de la Compagnie de téléphone
de New York.
Lui (Sanders) et Hubbard avaient de petites disputes.
J'ai entendu Sanders lui dire une fois de se mêler de ses affaires.
Il n'a rien répondu. Il était toujours digne. Il ne perdait
jamais son sang-froid. Ils se disputaient souvent. Malgré les différences
de tempérament, malgré les critiques mutuelles de la conduite
de chacun dans ses fonctions, c'est-à-dire le regret de Hubbard
que Sanders ait assumé le poste de trésorier, et l'affirmation
de Sanders selon laquelle Hubbard n'était pas un homme d'affaires
et ne prétendait pas l'être, les deux hommes restèrent
en bons termes. Tous deux ont appelé à la fin des récriminations
mutuelles et à un regard neuf sur leurs problèmes et les
solutions possibles. L'âge de la réconciliation semblait
apparaître chaque fois que les différences devenaient trop
grandes. Hubbard écrivait à Sanders : « Vos lettres
ont été franches et viriles, et il est absolument nécessaire
pour notre succès et notre confort que nous soyons en permanence
en parfaite harmonie et que toutes nos relations soient ouvertes et franches.
»
Et Sanders pouvait écrire à propos de Hubbard : «
Il chérissait la méchanceté », un jugement
conforme à une évaluation antérieure selon laquelle
Hubbard était généralement considéré
comme « juste et honorable ».
Au milieu de leurs critiques, Sanders et Hubbard ont affirmé apprécier
les sacrifices et les contributions de lautre. Il convient de se
demander dans quelle mesure Hubbard appréciait les contributions
de Sanders, tout en lui attribuant les problèmes financiers de
l'entreprise et en commentant : « M. Sanders est un homme
aux moyens modestes, et il n'a pu payer ses dépenses réelles
que grâce à quelques spéculations fortuites dans son
secteur d'activité. » Les intérêts de Bell
ont eu la chance que Sanders soit un homme aux moyens tout aussi modestes,
car il a dû fournir environ 85 293 $ du 12 janvier 1878
au 29 juillet 1878. Au total, Sanders a avancé 110 000 $ pour
les travaux expérimentaux qui ont conduit à l'invention,
au développement et à l'application commerciale du téléphone.
« Il a investi 110 000 $ dans le téléphone
deux fois plus que ce que sa promesse lui avait demandé, vingt
fois plus que ce quil avait initialement envisagé de faire,
avant de récupérer un seul dollar. » Si Hubbard n'appréciait
pas pleinement la contribution de Sanders, ce dernier semblait reconnaître
celle de Hubbard, même s'il ne lui pardonnait pas ses fausses déclarations
financières. Sanders préconisait que Hubbard soit nommé
président de la Bell Telephone Company, récemment réorganisée,
même s'il n'était pas financièrement solide. Sanders
reconnaissait les faiblesses d'une telle décision, mais soulignait
l'efficacité et la connaissance de Hubbard. Les hommes sont partout
dans le pays, et l'expérience ferait plus que contrebalancer cette
responsabilité.
« Il [Hubbard] a droit à un grand crédit et mérite
mon admiration sans bornes pour la manière énergique, audacieuse
et habile dont il a créé des agences et organisé
le lancement de l'entreprise. »
Malgré toutes ses difficultés et ses crises financières,
la compagnie de téléphone Bell, avec le gardien G. Hubbard
comme administrateur et Thomas Sanders, a continué de fonctionner.
En tant que trésorier, Sanders a mis fin à son existence
active en tant qu'« association bénévole » le
1er août 1878, avec un bénéfice net de 25 000
$ et 12 484 téléphones loués à ses agents
et centraux. Un fait peut-être plus important était que les
problèmes financiers qui avaient tourmenté Sanders semblaient
sur le point d'être résolus avec l'organisation corporative
de la Bell Telephone Company.
Alexander Graham Bell, n'était que l'un des nombreux à la
fin du XIXe siècle à chercher à accroître la
vitesse et l'efficacité des communications, d'une manière
ou d'une autre. » D'autres avant lui avaient rêvé de
transmettre la parole par voie électrique.
Au cours des années 1870, de nombreux esprits convergeaient vers
cet objectif. Bell y parvint le premier. Son exploit fut le résultat
d'une conjonction de circonstances et d'événements.
Bell était un jeune homme enthousiaste, ambitieux, intelligent
et imaginatif, doté d'une ouïe exceptionnellement fine et
d'un sens aigu de la justesse, d'un pianiste de formation, un homme qui
connaissait les mécanismes de la parole et de l'ouïe et qui
s'intéressait vivement à la télégraphie ;
un homme qui vivait dans une société plus avide de communication
rapide que quiconque auparavant ; un homme qui avait facilement accès
à des scientifiques de premier plan, à des techniciens qualifiés,
à une communauté universitaire et à une communauté
de capitaux d'entreprise.
En d'autres termes, pour réussir, Bell a dû faire preuve
d'un grand enthousiasme et d'une grande motivation pour le soutenir pendant
les longues périodes difficiles de la recherche, lorsque les meilleurs
théoriciens étaient convaincus que la transmission électrique
de la parole était impossible.
Il lui fallait un sens de l'ouïe et de la hauteur aigus pour percevoir
et reconnaître les faibles transmissions électriques. Il
avait besoin à la fois de renseignements et d'une connaissance
approfondie de l'électricité et de la télécommunication.
Enfin, il lui fallait vivre au sein d'une communauté capable de
lui fournir d'autres scientifiques et techniciens, ainsi que des bailleurs
de fonds prêts à miser leur fortune sur son invention achevée.
À l'âge de vingt-cinq ans, Alexander Graham Bell possédait
la plupart de ces qualités, et celles qu'il ne possédait
pas, il allait bientôt les acquérir. Il avait un enthousiasme
naturel pour la recherche scientifique et le désir de récolter
les fruits d'une société technologique en plein développement
qui financerait une invention accélérant les communications.
Il avait le bon sens, formé par sa profession de professeur d'art
oratoire. Et Alexander Graham Bell vivait à Boston, haut lieu des
ressources intellectuelles et financières. Il était l'homme
qu'il fallait au bon moment.
L'une des conditions du succès de Bell, son soutien financier,
est né de ses travaux dans le domaine de la communication naturelle.
C'est en tant qu'enseignant auprès des sourds qu'Alexander Graham
Bell a rencontré Thomas Sanders et Gardiner G. Hubbard, qui ont
par la suite soutenu ses expériences en communication électrique.
Bell rencontra le premier de ses futurs bailleurs de fonds, Thomas Sanders,
au printemps 1871. Il venait d'arriver du Canada à Boston et enseignait
à l'école de jour pour enfants sourds de Boston. Le directeur
de l'école avait recommandé Thomas Sanders, un riche marchand
de cuir, à son fils sourd, George, qu'il appelait professeur d'état.
Durant l'automne et l'hiver 1871-1872, les deux hommes devinrent des amis
intimes, Bell rendant souvent visite à Sanders chez lui.
Comme George Sanders était trop jeune pour fréquenter l'école
de jour de Boston, Bell accepta de le prendre en charge comme élève
particulier. Par conséquent, en septembre 1872, George partit vivre
avec sa nourrice au 35 West Newton Street, à Boston, dans la même
pension que Bell. Il y resta tout l'hiver, période durant laquelle
son père lui rendit fréquemment visite et découvrit
que Bell expérimentait la télégraphie. Ce sont les
premières expériences en télégraphie qui ont
servi de base à l'invention du téléphone.
L'aménagement de la résidence de Boston s'avérant
insatisfaisant, Bell s'installa avec George en octobre 1873 chez sa grand-mère
paternelle à Salem. Bell se rendit à Boston pour ses études
supérieures à l'Université de Boston. Bell a eu l'occasion
d'utiliser le grenier de Sanders pour ses trois expériences. Alors
qu'il vivait à Salem, Bell informa Sanders de ses idées
sur la télégraphie multiple et le laissa même l'aider
à fabriquer des appareils expérimentaux.
Bell rencontra le deuxième de ses soutiens en avril 1872 à
l'Institut Clarice pour les sourds-muets lorsqu'il montra au président
de cette école, Gardiner G. Hubbard, ce qu'il avait accompli avec
les élèves en un court mois et lui fit part de ce qu'il
prévoyait de faire pour le reste de sa visite. Non seulement tout
s'est déroulé « à merveille », mais cela
a aussi marqué le début d'une amitié qui allait s'avérer
mutuellement avantageuse.
Bien que Bell et Hubbard s'intéressaient tous deux à la
télégraphie, leurs premiers échanges se limitaient
probablement à l'éducation des sourds.
Bell s'est rapidement rendu à l'asile américain de Hartford,
et l'occasion d'explorer d'autres intérêts mutuels est passée.
L'idée de la télégraphie multiple était née
dans l'esprit de Bell avant son installation définitive aux États-Unis
en octobre 1882.
Pendant les deux années suivantes, il travailla sur ses expériences
télégraphiques à Boston et à Salem, essayant
de mettre au point un appareil parfait capable de transmettre simultanément
plusieurs messages sur un seul fil télégraphique.
Durant ses vacances d'été au Canada en 1874, Bell non seulement
réfléchit à la télégraphie multiple,
mais conçut également une méthode pour transmettre
des messages verbaux articulés par fil télégraphique.
Il avait en effet conçu les éléments fondamentaux
du téléphone parlant, et il ne restait plus qu'à
mettre en pratique la théorie.
L'automne 1880 marqua un tournant important dans la carrière de
Bell en tant qu'investisseur, car il disposait désormais des fonds
nécessaires à la poursuite de ses expériences. Il
semble probable qu'après son retour du Canada, Bell ait confié
son concept du téléphone à Sanders, son confident
en multitélégraphie. Parce que Bell doutait que la transmission
soit audible et aussi parce que le concept n'était encore qu'une
théorie non testée, contrairement à la télégraphie
multiple de Bell, Sanders n'a peut-être pas été impressionné.
Quoi qu'il en soit, les plus récentes expériences de télégraphie
multiple de Bell étaient si prometteuses que, fin septembre ou
début octobre 1888, Sanders proposa de payer tous les frais d'obtention
de brevets et de construction d'instruments, en échange de la moitié
de ses intérêts.
Début octobre, Bell parla pour la première fois à
Hubbard de ses exportations télégraphiques. Un soir, alors
qu'il rendait visite à la famille Hubbard, il accepta de jouer
du piano pour eux. Au milieu de sa prestation, Bell s'arrêta, se
retourna, demanda si Hubbard savait que le piano répéterait
une note chantée et fit une démonstration du phénomène.
Bell expliqua alors que ce principe de vibration sympathique l'avait conduit
à un appareil permettant de transmettre simultanément plusieurs
messages télégraphiques sur un seul fil.
Hubbard s'intéressait déjà particulièrement
à la télégraphie multiple. Il avait participé
à une attaque infructueuse contre la compagnie monopolistique Union
Telegraph Company depuis la fin des années 1860. L'une des mesures
prises a été de lui reprocher de ne pas développer
la télégraphie dans son état le plus efficace et
économique, en ignorant les nouvelles avancées technologiques
qui permettraient une réduction des tarifs et, par conséquent,
une utilisation plus large de la télégraphie.
À titre de mesure corrective, Hubbard a présenté
au Congrès un plan prévoyant la création d'une nouvelle
société privée, la United States Postal Telegraph
Company, avec l'autorisation de construire des lignes le long des routes
et itinéraires postaux. La Poste servirait d'agence de réception
et de distribution des messages, tandis que la Telegraph Company se chargerait
de les transmettre pour la moitié du tarif en vigueur.
Hubbard proposa de se constituer en société, ainsi qu'à
ses proches et à ses amis. Le lobbying enthousiaste de Hubbard
mena le projet à la limite du succès en 1874. Il était
si proche du succès qu'il était prêt à risquer
non seulement sa fortune, mais aussi celle de son pays. Il fut cependant
bloqué par la défense vigoureuse de la Western Union menée
par son président, William Orton.
Lors d'une audition au Sénat ce printemps-là, Orton a nié
que Western Union ait sacrifié des avancées technologiques
à des fins de profits élevés et a souligné
la récente acquisition par son entreprise du système Duplex
de Steen, qui doublerait le nombre de messages transmis. Hubbard a réagi
en prédisant que de nouveaux développements permettraient
la transmission simultanée de quatre, voire de huit messages.
Peu de temps après, Western Union a également acquis le
système Quadruplex d'Edison, sapant ainsi l'argument de Hubbard.
Tel était l'état des choses lorsque Bell a indiqué
qu'il travaillait sur un système de télégraphie multiple
qui surpasserait les méthodes existantes.
Après avoir consulté l'Office des brevets pour une anticipation
possible de l'idée de la télégraphie biharmonique,
Hubbard fit à Bell une offre : une aide financière pour
ses expériences en échange d'une participation de moitié
dans l'invention.
Mais Bell avait déjà conclu un accord similaire avec Sanders.
Il a accepté, à condition quun arrangement puisse
être trouvé avec son premier partenaire.
Compte tenu des scandales actuels du Crédit Mobilier et de la méfiance
ambiante envers les « hommes publics », Sanders a d'abord
douté de la sagesse d'avoir laissé Hubbard participer aux
télégraphes multiples. Mais Sanders appréciait également
les talents organisationnels et promotionnels de Hubbard, et il a donc
finalement accepté que les trois deviennent des partenaires égaux.
Il ne fait aucun doute que Bell a également parlé à
Hubbard de sa plus récente conception, le téléphone.
Comme Sanders, Hubbard était probablement plus impressionné
par les réalisations télégraphiques de Bell, peut-être
comme une justification de ses propres prédictions en réfutation
de celles d'Orton, et il a donc pensé principalement en termes
de télégraphe plutôt que de téléphone
lorsqu'il est devenu associé. Il exprima alors son opinion selon
laquelle si Bell souhaitait que ses inventions aient une valeur commerciale
et sociale, il devait se limiter au développement de la télégraphie
multiple.
Ainsi, les trois hommes convinrent à deux reprises, en octobre
1874, que nous avancerions les fonds nécessaires à l'expérimentation,
à la délivrance de brevets et au développement de
l'invention, et que nous serions tous les trois propriétaires communs
de tous les brevets que la C.B. détenait. La première action
officielle issue de ce partenariat, que les auteurs ultérieurs
ont baptisée Bell Patent Association, a été entreprise
quatre mois plus tard, lorsque l'invention du télégraphe
harmonique de Bell était prête à être soumise
à l'Office des brevets.
Le 25 février 1875, jour de la cession, Bell a exécuté
une cession de brevet qui transférait à lui-même,
à Thomas Sanders et à Gardiner G. Hubbard tous ses droits,
titres et intérêts dans une certaine invention pour la transmission
de deux ou plusieurs messages télégraphiques.
Deux jours plus tard, le partenariat a été officialisé
par un protocole d'accord.
L'accord commençait par la réaffirmation et l'amplification
des termes de l'accord informel. Il a été pris note de l'invention
de Bell concernant « certaines méthodes et appareils
nouveaux et utiles pour la télégraphie », de
sa demande de brevet et de sa cession des inventions et des améliorations
ultérieures aux trois partenaires.
En retour, Sanders et Hubbard ont réaffirmé
qu'ils contribueraient chacun à hauteur de la moitié aux
dépenses, non seulement pour la mise au point des instruments,
mais aussi pour l'obtention de brevets et la défense contre les
interférences. L'accord ajoutait ensuite une disposition pour la
création d'une société, si les brevets s'avéraient
utiles, « dans le but de gérer et de contrôler plus
facilement lesdits brevets ». Les actions seraient émises
en fonction des intérêts respectifs des partenaires, un tiers
à chacun.
Bell a déposé des demandes de brevet supplémentaires
les 6 et 10 mars, augmentant ainsi le potentiel de la Bell Patent Association.
Ces trois demandes ont été impliquées dans une procédure
d'ingérence avec un autre inventeur, Elisha Gray. Bien que tous
les points d'interférence aient été finalement tranchés
en faveur de Bell, seule la demande du 6 mars a été délivrée
sous forme de brevet, sous le numéro 161 739.
Ainsi, six mois après que Bell, Sanders et Hubbard eurent convenu
de s'associer dans un partenariat, ils disposaient de leur premier actif
tangible. Il ne leur apporterait cependant aucune récompense financière,
car l'invention ultérieure de Bell, le téléphone,
remplacerait leurs intéressantes améliorations télégraphiques.
Sur la base de l'accord verbal et du mémorandum du 27 février,
Sanders et Hubbard ont fourni de l'argent pour l'équipement, les
fournitures et l'assistance de Thomas A. Watson, un employé de
l'atelier électrique de Char les Williams, où la plupart
des équipements Bell étaient en cours de construction, mais
n'a pas reçu d'argent pour son temps et son travail.
Pour subvenir à ses besoins personnels, il continua d'enseigner
et ne put donc pas se consacrer pleinement à son invention, au
grand dam de Gardiner Hubbard. Bell aurait vraisemblablement pu se tourner
vers ses partenaires pour obtenir de l'aide, mais il ne le fit pas. Il
insista pour conserver son indépendance. Même en février
1977, Bell parlait de « payer ses dépenses individuelles
de sa propre poche », même si ses associés étaient
légalement tenus de les payer. En cas d'urgence, Bell empruntait
une petite somme à Watson, qui était moins en mesure de
l'aider financièrement que ses associés. Une partie du désir
d'indépendance de Bell provenait peut-être de son intimité
croissante avec la famille Hubbard et de ses relations privilégiées
avec Mabel Hubbard.
À l'origine, la Bell Patent Association s'occupait principalement
d'inventions télégraphiques. Soucieux de promouvoir l'invention
de Bell et les intérêts financiers de l'Association, Gardiner
Hubbard organisa une manifestation devant le président Orton de
la Western Union le 20 février 1875 à Washington. D.C. Orton
fut suffisamment impressionné pour demander une autre démonstration
du télégraphe multiple à New York, dans de meilleures
conditions.
Mi-mars, le deuxième test eut lieu, mais l'attitude d'Orton envers
l'invention de Bell changea soudainement. Lors d'une pause déjeuner,
Orton reçut la visite d'Elisha Gray, qui présenta sa propre
version du télégraphe multiple. Lorsque les tests Bell reprirent
dans l'après-midi, Orton informa Bell que les instruments de Gray
n'étaient pas aussi rudimentaires que les siens. De plus, Western
Union refusa d'adopter l'invention, car cela serait bénéfique
pour Gardiner Hubbard. Hubbard proposa de se retirer lorsqu'il apprit
cela. Bell refusa. Hubbard conseilla alors à Bell de retirer son
invention des bureaux de la Western Union et d'en faire la démonstration
à l'Atlantic and Pacific Telegraph Company, une compagnie rivale.
Orton céda alors et déclara que, même si la compagnie
refusait de contribuer au développement de l'invention au profit
de Hubbard, ses sentiments personnels n'empêcheraient pas son acquisition
si elle était parfaite. Orton a toutefois promis de soutenir Gray
si les intérêts de Bell apportaient leur invention au rival
de Western Union. Afin de mieux protéger les intérêts
de cette société, Orton a engagé Thomas Edison durant
l'été pour enquêter sur la télégraphie
harmonique.
Cet épisode était présage de difficultés futures.
Hubbard, grâce à ses relations télégraphiques,
avait pu organiser la rencontre entre le responsable de la Western Union
et un inventeur inconnu. Pourtant, c'est aussi en grande partie grâce
à l'implication de Hubbard que les résultats de la réunion
furent quelque peu défavorables. Orton et la Western Union ne pouvaient
oublier les premières attaques de Hubbard. C'est pourquoi, au lieu
de solliciter l'aide d'un puissant acheteur potentiel, la réunion
a permis de tracer les grandes lignes de la future rivalité entre
les intérêts de Bell et la Western Union.
Bell a repris la tâche de perfectionner son télégraphe
harmonique avec l'aide de Thomas Watson.
C'est à cette époque que Bell entendit et reconnut pour
la première fois un son transmis électriquement. De plus,
cela se faisait sans pile.
La note musicale produite à la réception était sensiblement
équivalente à celle produite à l'émission,
tant en termes d'intensité que de hauteur.
Cette découverte du 2 juin 1875 révéla à Bell
que ses doutes quant à la capacité du téléphone
à transmettre un son audible généré magnétiquement
étaient infondés. Son concept téléphonique
était non seulement théoriquement correct, mais aussi réalisable.
Il restait encore beaucoup d'expérimentation et de développement
à faire, mais le téléphone était né.
Bell, cependant, ne put accorder toute son attention à la mise
au point de cette dernière invention, car ses associés lui
demandèrent de poursuivre ses travaux sur les deux télégraphes
multiples, dans lesquels ils voyaient un gain pécuniaire plus immédiat.
Leur insistance dura bien au-delà du 1er mars 1876, date à
laquelle un brevet fut délivré pour le téléphone.
Hubbard a même fait dire à sa fille Mabel, fiancée
à Bell, qu'elle ne l'épouserait pas avant qu'il n'ait terminé
son travail sur le télégraphe.
Ce n'est qu'à contrecur que Sanders et Hubbard ont renoncé
à leur intérêt pour la télégraphie harmonique
au profit de la téléphonie.
La question s'est donc nécessairement posée de savoir si
le partenariat couvrait ou non le téléphone.
Après la signature du protocole d'accord définissant les
termes de l'Association en février 1875, il ne fait guère
de doute que Sanders et Hubbard connaissaient tous deux l'idée
que Bell avait du téléphone. Cela explique peut-être
la conviction de Bell, telle qu'il l'a déclaré plus tard,
selon laquelle ce partenariat avec Sanders et Hubbard incluait bel et
bien le téléphone.
Cependant, au moment de la formation du partenariat, ni Sanders ni Hubbard
ne semblaient s'être beaucoup intéressés au nouveau
concept de Bell. La différence d'impression de Sanders et Hubbard
par l'idée au moment de la formation du partenariat pourrait expliquer
pourquoi Hubbard a plus tard cru que le contrat de partenariat ne couvrait
pas le téléphone, tandis que Sanders pensait que oui. Des
deux, Hubbard a peut-être été plus impressionné
par la télégraphie multiple de Bell au moment de l'accord,
car il en avait eu connaissance moins longtemps que Sanders et avait eu
moins de temps pour que son enthousiasme initial se dissipe. De plus,
la connaissance par Hubbard de l'idée du téléphone,
apparue peu après avoir découvert la télégraphie
multiple, aurait pu lui sembler moins significative. C'était important,
non seulement parce qu'il était sous-développé, mais
aussi parce que de multiples télégrammes promettaient de
réaliser les prédictions qu'elle avait faites lors de l'audition
du Sénat sur la Western Union. Le téléphone n'ayant
pas joué un rôle dans son association, il n'a probablement
pas été impliqué rapidement dans l'accord. Sanders,
quant à lui, étant moins frappé par la nouveauté
de la télégraphie multiple, a peut-être été
plus conscient de l'idée du téléphone. De plus, comme
Bell, il a peut-être considéré la transmission électrique
de la parole articulée comme une forme de télégraphie.
Résolu après sa soumission à Anthony Pollok, avocat
spécialisé en brevets il a conclu que, puisque Sanders et
Hubbard avaient fourni les fonds ayant mené à l'invention,
le téléphone devait à juste titre relever du partenariat,
même s'il ne faisait pas, à proprement parler, partie intégrante
du contrat.
Ainsi, le 15 septembre 1876, Alexander Graham Bell a exécuté
une cession de ses brevets téléphoniques 174 455 et
178 399 à Bell, Sanders et Hubbard. Aucune question ne serait
posée ultérieurement concernant les propriétaires
légaux du brevet téléphonique de base. La cession
du téléphone de Bell plus tôt avait conduit à
une erreur presque fatale. Lors d'un de ses séjours réguliers
au Canada, Bell avait pris des dispositions pour George Brown, un voisin,
aille déposer un brevet pour un téléphone en Angleterre.
La loi anglaise sur les brevets exigeait qu'aucune publication préalable
des spécifications de l'invention n'ait eu lieu. C'est pourquoi
Bell accepta d'attendre un brevet anglais avant d'en déposer un
aux États-Unis, bien qu'il ait déjà terminé
son mémoire descriptif pour une telle demande en octobre 1875.
Bell et ses associés attendirent des nouvelles de Brown, qui avait
embarqué pour l'Europe fin janvier 1876. Le retard dura jusqu'en
février, jusqu'à ce que Gardiner Hubbard, inquiet de perdre
sa priorité, prenne l'initiative et donne des instructions. Les
avocats de l'Association ont demandé le dépôt du cahier
des charges auprès de l'Office des brevets des États-Unis.
En conséquence, la demande a été déposée
le 14 février 1876, à l'insu de Bell et sans son consentement.
Plus tard ce même jour, une déclaration d'intention de déposer
un brevet a été déposée au nom d'Elisha Gray,
qui partageait ses idées sur la téléphonie. L'action
de Hubbard a été d'une importance cruciale. Étant
donné que la demande de Bell a été déposée
plus tôt que la mise en garde de Gray, une ingérence déposée
contre Bell a été rapidement dissoute, ouvrant ainsi la
voie à la délivrance d'un brevet. C'est ce brevet, 174465,
qui a conféré au téléphone de Bell son existence
légale. Le brevet et les revendications de priorité de Bell
sur son invention seraient contestés ; mais en attendant qu'elles
soient maintenues, les intérêts de Bell étaient en
possession d'un brevet légal leur accordant le contrôle exclusif
et la disposition du téléphone. Si ce dernier avait été
initialement suspendu et contraint de se soumettre à de longues
procédures judiciaires, il aurait été difficile,
voire impossible, pour les intéressés de Bell d'obtenir
un soutien financier pour se battre, voire pour démarrer leur activité
téléphonique. Pendant un tel intérim, ils auraient
été à la merci d'intérêts hostiles plus
puissants. une émission de télégrammes et donc la
décision de Hubbard de soumettre la demande au moment opportun.
En septembre 1876, lorsque Bell, Sanders et Hubbard parvinrent
enfin à un accord sur la propriété du téléphone,
Thomas A. Watson devint également membre de la Patent Association.
Jusqu'alors, Watson avait été employé par Charles
Williams à la fabrication de matériel électrique,
mais il avait été spécialement affecté à
Bell pour travailler sur le télégraphe harmonique, puis
sur le téléphone. En effet, c'était Watson qui était
à l'émetteur lorsque Bell entendit les premiers sons transmis
par téléphone, le 2 juin. Durant la longue mission de Watson
auprès de Bell, les associés furent très impressionnés
par son intérêt et ses efforts en leur faveur. C'est pourquoi,
à l'été 1876, à la demande de Bell, Hubbard
proposa à Watson un intérêt pour l'Association. Watson
fut satisfait de cette offre, car elle signifiait qu'elle était
satisfaisante pour son travail, mais il était indécis. Le
succès commercial du téléphone n'était pas
évident, et j'avais un bon emploi chez Williams, gagnant un salaire
de compagnon trois dollars par jour et déposant de
l'argent à la caisse d'épargne chaque mois. J'étais
en lice pour le poste de contremaître de l'établissement.
Après avoir examiné l'offre pendant deux semaines, Watson
a accepté, bien que toujours incertain quant à la justesse
de sa décision.
Selon les termes du contrat, Watson devait recevoir dix intérêts
dans les brevets 161 739, 178 399 et 174 465, après
leur transfert à une société par actions, conformément
à un accord non daté. Accord conclu par Bell, Sanders et
Hubbard
Sanders et Hubbard ont convenu de verser à Watson trois dollars
par jour tant qu'ils auraient besoin de ses services. Après le
5 septembre, il devait consacrer la moitié de chaque journée
à adapter, perfectionner, concevoir et fabriquer des instruments
pour le développement des brevets et leur présentation au
public.
Chaque fois que les partenaires le jugeaient nécessaire, Watson
devait en informer Williams et commencer à travailler à
temps plein pour l'Association. De plus, les partenaires ont accepté
de payer le loyer de Watson à Boston à condition qu'ils
le jugent opportun et que le travail de Watson les rembourse. Sous la
direction de Bell, Watson devait travailler sur les instruments de télégraphie
harmonique, l'instrument autographe, la transmission de messages par courant
ondulatoire et, enfin, la transmission télégraphique de
messages articulés. Par la suite, une clause fut insérée
stipulant que toute invention que Watson pourrait réaliser en vertu
de l'accord deviendrait la propriété d'un L'intérêt
de Bell a finalement obtenu une soixantaine de brevets grâce à
cette clause, et Watson a donc conclu : « Ce contrat était
aussi avantageux pour Bell et ses associés que pour moi. »
Ainsi, à la fin de septembre 1876, la première étape
de l'évolution juridique du système Bell était atteinte.
Elle resterait inchangée jusqu'en 1877, date
à laquelle une nouvelle étape d'organisation juridique fut
nécessaire pour permettre la commercialisation du téléphone.
Quels que soient les avantages découlant du dépôt
d'un brevet le 3 mars 1876, Alexander Graham Bell et ses associés
avaient encore beaucoup à faire avant de pouvoir récolter
les fruits du téléphone. Ils devaient le perfectionner et
le présenter au public. Dans la poursuite de ce dernier objectif,
leurs efforts n'étaient pas sans rappeler ceux de Samuel F. B.
Morse, un précurseur dans le domaine des communications électriques.
Samuel Morse cherchait à faire racheter son invention, le télégraphe,
par le gouvernement des États-Unis et à l'intégrer
au système postal.
Pour y parvenir, Morse et ses partenaires ont dû susciter la sensibilisation
et l'intérêt du public. De plus en plus, le télégraphe
a alors été exposé à de petits groupes d'amis
et de collègues universitaires, à des sociétés
scientifiques et au grand public. 3 En conséquence, la commission
du commerce de la Chambre a invité Morse à exposer sa télégraphie
dans ses salles du Capitole.
Malgré ces démonstrations, le Congrès a réagi
très lentement aux propositions de Morse, et près de deux
ans se sont écoulés sans qu'une décision définitive
ne soit prise. Un historien a conclu que la raison était lincapacité
du public à comprendre la signification de linvention révolutionnaire
et son identification du télégraphe avec « divers
projets chimériques ». Il fallait Tine pour obtenir le soutien
du public en faveur du télégraphe.
Le Congrès a finalement accepté de subventionner la construction
d'une ligne télégraphique reliant Baltimore à Washington,
D.C., à des fins de démonstration, mais n'a pris aucune
autre mesure en attendant la preuve de l'utilité de l'invention.
Pendant ce temps, le public, adepte de la « bonne mode américaine
», s'est rué pour découvrir cette dernière
merveille scientifique. Il s'est contenté de voir l'instrument.
et pouvoir dire qu'ils l'avaient vu.
La ligne Baltimore-Washington a été utilisée pour
diverses démonstrations et tests, notamment des parties d'échecs
entre joueurs des deux villes. Cette activité a rapidement dû
être interrompue, car elle faisait une impression défavorable
sur la communauté religieuse. Il est devenu clair que les bénéfices
que Morse et ses partenaires tireraient du télégraphe ne
pourraient en être que les résultats. Leurs propres efforts
portèrent sur le développement commercial. Ils entreprirent
donc d'obtenir un soutien privé par le biais d'expositions publiques
du télégraphe. La première exposition eut lieu à
Boston dans l'espoir de lever des fonds pour la construction d'une ligne
entre cette ville et New York.
La démonstration ne suscitant pas beaucoup d'intérêt,
elle fut déplacée à New York. C'est là que
les Morse s'y intéressèrent. Les hommes d'affaires seraient
plus prompts à reconnaître l'utilité commerciale de
ce télégraphe.
Avant que l'exposition puisse avoir lieu, les sponsors devaient toutefois
convaincre les autorités municipales que les lignes de toit au-dessus
des toits n'attireraient pas la foudre et ne provoqueraient pas d'incendies.
Ils y parvinrent lorsque le Dr Benjamin Silliman
se porta garant de la sécurité du télégraphe
et que les intérêts de Morse payèrent une redevance
de cinquante dollars. Malheureusement, l'exposition de New York ne connut
pas plus de succès que celle de Boston. Non seulement elle ne parvint
pas à réunir les fonds nécessaires à la construction
d'une ligne Boston-New York, mais elle échoua également
à réunir suffisamment de fonds pour couvrir les dépenses.
Les intérêts de Morse furent finalement contraints d'utiliser
d'autres moyens pour promouvoir la commercialisation du télégraphe.
Comme Morse, Bell a cherché à faire respecter son invention
en la présentant devant des organismes scientifiques et a tenté
de stimuler l'intérêt du public et le soutien financier en
donnant des conférences et des démonstrations.
Il y a même eu une brève communication avec le Congrès
afin d'obtenir une appropriation, et des dispositions ont été
prises pour tester le téléphone au Capitole. Bell a également
démontré sa sensibilité à l'intérêt
de la communauté religieuse pour son invention. Mais alors que
Morse n'a apparemment pas réussi à stimuler l'intérêt
et le soutien du public par des démonstrations, Bell et ses partenaires
ont réussi. Grâce à ses conférences et démonstrations,
Bell a non seulement fait connaître au public l'existence de son
téléphone et ses utilisations potentielles, mais a également
contribué à stimuler la demande et a ainsi augmenté
la probabilité d'une entreprise téléphonique prospère.
Deux mois après avoir obtenu un brevet pour son téléphone,
Alexander Graham Bell a lancé une campagne pour faire connaître
son invention au monde entier. Il a commencé par la présenter
à la communauté universitaire de Harvard.
Un peu plus tard, en 1876, Bell présenta
un article à l'Académie américaine des arts et des
sciences intitulé « Recherches en téléphonie
» et exposa un certain nombre de ses instruments en fonctionnement.
Quinze jours plus tard, il présenta sensiblement le même
article à la 197e réunion de la Société des
arts, tenue à l'Institut de technologie du Massachusetts à
Boston.
Le Boston Evening Transcript a noté que « les expériences
étaient nouvelles et réussies » et ont été
constatées par un large public qui a voté en remerciement
à Bell. En moins d'un mois, Bell avait pleinement exposé
son invention à des groupes éminents d'universitaires et
de scientifiques. Il en avait pleinement apprécié l'importance :
« Mon nom est désormais bien connu de tous les scientifiques. »
Tous les scientifiques de Boston parlent déjà de « téléphonie ».
Bell commença alors à envisager de se lancer dans le domaine
de la conférence publique. Il a spéculé que des cours
sur la « téléphonie » lui rapporteraient de
l'argent et des revenus. La première grande exposition et démonstration
de Bionext eut lieu à Philadelphie, le 25 juin 1876, lors de l'Exposition
du Centenaire. Bien qu'il s'agisse de la première occasion pour
le public de voir et d'évaluer le téléphone, l'Exposition
du Centenaire devait jouer un rôle plus important dans l'amélioration
de la réputation scientifique de Bell et dans l'impression de respect
qu'elle donna à son invention, plutôt que dans la création
d'une large attention du public.
La Western Union sortit de son indifférence. Il
fallait mettre un terme à cette infime atteinte à ses activités.
Elle réagit rapidement et créa l'« American
Speaking-Telephone Company », dotée d'un capital
de 300 000 dollars et comptant parmi ses employés trois inventeurs
de l'électricité, Edison, Gray et Dolbear. Forte de toute
sa richesse et de son prestige, elle s'abattit sur Bell et sa petite garde
du corps. Elle piétina le brevet de Bell avec aussi peu d'inquiétude
qu'un éléphant peut l'être lorsqu'il piétine
une fourmilière. À la stupéfaction totale de Bell,
elle annonça froidement qu'elle possédait « le seul
téléphone original » et qu'elle était prête
à fournir « des téléphones de qualité
supérieure dotés des dernières améliorations
apportées par les inventeurs originaux : Dolbear, Gray et Edison
».
L'arrivée de Vail au moment critique soulignait
que Bell était l'un des inventeurs les plus chanceux. Il ne fut
pas privé de son invention, comme cela aurait pu facilement arriver.
Un à un, des hommes compétents arrivèrent pour l'aider,
dotés de toutes les compétences requises par l'évolution
de la situation. La concentration des facteurs était telle que
toute l'affaire semblait avoir été préparée
à l'avance. À peine Bell apparut-il sur scène que
ses seconds rôles, chacun à son tour, reçurent leur
réplique et prirent part à l'action. Aucun de ces hommes
n'aurait pu faire l'uvre d'un autre. Chacun était unique
et indispensable. Bell inventa le téléphone ; Watson le
construisit ; Sanders le finança ; Hubbard le lança ; et
Vail en fit une entreprise commerciale.
Le 17 novembre 1877, Western
Union décida de contester le monopole de Bell dans le
secteur de la téléphonie et créa à la fois
l'American Speaking Telephone Co. et la Gold
& Stock Telephone Company pour combiner son intérêt
dans les brevets d'émetteur d'Edison avec les brevets de récepteur
d'Elisha Gray, maintenant détenus. par l'Harmonic Telegraph Company.
Western Union était une énorme entreprise à l'époque
et a commencé à déployer des systèmes téléphoniques
dans le monde entier. En théorie, la petite Bell Company n'avait
aucune chance.
Une fois que les responsables de la Western Union
eurent réalisé l'intérêt du téléphone,
ils voulurent se lancer eux aussi dans cette affaire. Mais ils durent
se passer des brevets de Bell. Fin 1877,
la compagnie Western Union décida
de contester la priorité de l'invention du téléphone
à Bell.
Elle passa donc un accord avec Gray et fonda ses revendications sur le
caveat de ce dernier. L'histoire de la bataille
juridique qui s'ensuivit est longue et confuse.
Le procès porté devant la cour itinérante des Etats-Unis
se termina par un compromis aux termes duquel la Western Union renonça
à ses intérêts dans le téléphone au
profit de l'American Bell Telephone Company,
en échange d'une participation de 20 % sur toutes les royalties
et les abonnements que celle-ci percevrait jusqu'à l'expiration
des brevets. Ainsi se termina l'intervention de la Western Union sur le
marché du téléphone.
Mais pour Elisha Gray, les améliorations du téléphone
continuaient, de même que la bataille juridique pour la priorité
de l'invention.
A l'époque du compromis, en effet, Gray venait juste de réaliser
l'intérêt commercial du téléphone. Durant dix sept ans, 600 procès vont
opposer les avocats de Bell aux différentes compagnies concurentes.
Après les années 1878-79, la compagnie Bell remporte des
centaines de poursuites judiciaires en matière de brevets, ce qui
fait la fortune dAlexander Graham Bell avant ses 35 ans. Vous
pouvez consulter divers documents , compte rendus de tribunaux sur ces
litiges.
Voila comment cela ça s"est passé :
Le tribunal de Boston ayant exclu toute possibilité de contourner
les droits de Bell, les tentatives dinvalidation du brevet sont
apparues. Là encore, lactivité était canalisée
par la configuration particulière du droit américain. Alors
que la plupart des pays reconnaissaient le premier demandeur à
déposer un brevet, les brevets américains étaient
délivrés uniquement au « premier et véritable
» inventeur une invitation permanente, acceptée avec
gratitude par le nombre croissant d'opposants à Bell, à
mettre en avant les inventeurs antérieurs « découverts
» après que la technologie soit devenue une entreprise en
activité.
On se souvient à juste titre du litige téléphonique
grâce à cette troupe de personnages hauts en couleur : des
hommes comme le mécanicien Daniel Drawbaugh d'Eberly's
Mills, Pennsylvanie, autoproclamé comme « l'un des plus
grands génies inventifs de cette époque », qui prétendait
avoir construit des téléphones en les années 1860
et le début des années 1870. Un autre prétendant,
le Dr Sylvanus Cushman, affirmait qu'il l'avait fait à Racine,
Wisconsin, en 1851, lorsque ses expériences électriques
lui avaient soudainement permis d'entendre le coassement des grenouilles
dans un marais voisin. Un troisième, le machiniste d'origine italienne
Antonio Meucci, affirmait avoir inventé un télégraphe
parlant alors qu'il était décorateur de théâtre
à La Havane en 1849 ou 1850. Meucci avait déposé
une réserve (avis d'invention) auprès de l'Office américain
des brevets en 1871, mais avait Il n'a pas déposé une demande
complète, a-t-il expliqué, parce qu'une explosion sur le
ferry de Staten Island l'avait rendu invalide. Ces hommes et dautres
comme eux pourraient sappuyer sur une longue histoire personnelle
dexpérimentation électrique. Mais leur qualification
principale était l'obscurité préalable, accompagnée
d'arguments de pauvreté pour expliquer pourquoi ils n'avaient pas
rendu public leurs découvertes plus tôt.
La société Bell, soucieuse de réfuter les affirmations
des prétendants, a répondu en engageant l'agence nationale
de détective Pinkerton pour découvrir les détails
discréditants.
Toutes les compagnies de téléphone rivales n'ont pas découvert
leur propre demandeur. Beaucoup ont invoqué les travaux du German
Reis, dont la réputation scientifique a connu un remarquable regain
dintérêt à titre posthume au milieu des années
1880. À l'aide d'un appareil qui, comme un télégraphe,
produisait et coupait alternativement un courant électrique, Reis
avait transmis des sons musicaux au début des années 1860.
Il na pas fallu grand-chose seulement le poids dune
armature ou létirement plus serré dun diaphragme
pour que le téléphone de Reis fonctionne avec le
courant constant et fluctuant utilisé par Bell. Ainsi configuré
et manipulé avec beaucoup de soin, le téléphone Reis
pouvait parler. Sur cette base, les opposants de Bell affirmaient que
Reis avait inventé le téléphone (certains prétendaient
qu'il avait transmis de la parole dans les années 1860), ou, à
tout le moins, que la distinction rigide établie par le tribunal
de Boston entre les téléphones à courant ondulatoire
et les téléphones à courant alternatif les dispositifs
de freinage ont devancé la compréhension scientifique de
l'électricité.
Bien que communément considérées comme des offres
de crédit inventif, les contestations de la priorité de
Bell étaient en fin de compte motivées par des considérations
financières. Le nombre de prétendants était, comme
le faisait remarquer Scientific American, « un indice fidèle
de la valeur du prix ». Meucci est resté obscur jusqu'à
ce qu'il soit porté à l'attention d'un syndicat de Philadelphie,
dont les membres ont organisé une société soutenue
par les intérêts du Baltimore & Ohio Telegraph. Cushman
a attiré le soutien des conseillers municipaux de Chicago et des
propriétaires de pharmacies.
Le lien le plus important s'est peut-être produit en 1879, lorsqu'un
avocat en brevets de Washington, Lysander Hill, a représenté
Drawbaugh et son partenaire Edgar Chellis dans un litige en matière
de brevet concernant un robinet. Peu de temps après, ces hommes
formèrent un partenariat pour promouvoir les réclamations
téléphoniques de Drawbaugh, s'associant à des hommes
d'affaires de New York, de Washington et de Cincinnati pour constituer
la People's Telephone Company avec une capitalisation autorisée
de 5 millions de dollars.
La Peoples Company a rejoint un groupe diversifié dentreprises
de téléphonie établies au mépris du brevet
de Bell. Il est impossible de les rendre tous compte ; même les
600 poursuites en contrefaçon engagées par Bell n'ont pas
permis de découvrir tous les échanges de l'arrière-pays
et tous les téléphones fabriqués en atelier. Cependant,
les contrevenants les plus déterminés ceux qui ont
mené la lutte juridique contre Bell ont adopté un
modèle spéculatif caractéristique. Après s'être
constituées avec une collection de brevets téléphoniques
mineurs et une importante valorisation papier, ces entreprises ont promu
des sociétés d'exploitation dans plusieurs États,
dans le but de tirer profit de la vente de licences et d'actions. Ainsi,
la Molecular Telephone Company, basée à New York, a autorisé
une succursale à Cleveland, tandis que l'Overland Telephone Company
a promu des filiales en Pennsylvanie, au New Jersey et au Kentucky.
La Panlectric Telephone Company, créée dans le Tennessee,
a commercialisé ses brevets auprès de parties du Missouri,
de l'Illinois, de l'Alabama, du Texas et de la région de Washington,
D.C. Certaines de ces entreprises ont abouti à la construction
de véritables lignes téléphoniques, tandis que d'autres
sont restées sur papier.
Tous partageaient cependant un objectif commun : éviter l'inévitable
poursuite en contrefaçon de Bell....
Dans cette bataille : En
1877 Amos Dolbear, diplômé de l'Ohio Wesleyan University,
professeur de physique et d'astronomie
Alors qu'il était étudiant à
Ohio Wesleyan, il avait fait un "télégraphe
parlant" et inventé un récepteur contenant deux caractéristiques
du téléphone moderne: un aimant permanent et un diaphragme
métallique . Il aurait inventé le premier récepteur
téléphonique à aimant permanent en 1865, 11 ans avant
qu'Alexander Graham Bell ne brevette son modèle.
En janvier 1876 Dolbear apprend que Bell a déposé une
demande le 15 janvier 1877 de brevet le concernant, mais ne donne
pas de suite sur ce point
mais Dolbear édite son livre "The
Telephone" en 1877
Reproduction
Prototype tel qui est photographié dans le livre "The
Telephone" de A.E Dolbear , le premier livre sur le telephone
publié en 1877.
En 1880 Dolbear déposera une demande
de brevet pour un type de téléphone élétrostatique,
différents du téléphone éléctromagnétique.
Il obtiendra son brevet en 1881 . Bell réagira et déposa
une plainte pour contrefaçon. Au procès les avocats de Dolbear
ont eut la mauvaise idée d'amener un téléphone de
Reiss pour lui en donner la patérnité, ce qui priverait
Bell de ce privilége. Mais l'appareil refuse de fonctionner. C'était
encore un système de type télégraphique à
rupture du courant et non pas courant de modulation produit par la voix.
Dans le jugement en 1883 le juge décrète que Bell a breveté
la véritable idée de transmission de la parole par l'électricité
....
Bell avait il été au courant de cette améloiration
et en a t'il tiré parti ?
Des échanges de courriers continueront entre
Bell et Pierce : (lettre du 13 avril 1878 page
1, page
2, page
3) ... voir les archives de Bell.
Au milieu des années 1880, la question
des brevets téléphoniques a dépassé le monde
des avocats, des financiers et des ingénieurs pour atteindre une
scène publique plus large.
Là, la réputation du brevet Bell s'est mêlée
à l'une des grandes préoccupations de l'âge d'or :
la corruption. Des allégations de malhonnêteté ont
tourbillonné autour d'Alexander Graham Bell et du Bureau des brevets,
aboutissant à l'accusation selon laquelle Bell avait obtenu son
brevet par fraude. Cette affirmation sensationnelle est devenue la base
dun procès du gouvernement fédéral contre la
société Bell une intervention remarquable qui allait
elle-même tourner au scandale.
En février 1878, ayant désespérément besoin
de fonds, la Bell Telephone Company accepta la création de la New
England Telephone Company pour gérer les activités
téléphoniques dans les États de la Nouvelle-Angleterre.
La nouvelle compagnie supplanta alors l'ancienne agence générale
dirigée par Frederick A. Gower.
Ce changement exigeait à la fois pression et diplomatie. Gower
s'était vu attribuer l'agence générale pour la Nouvelle-Angleterre,
à l'exclusion de Boston et d'un cercle dans un rayon de dix milles
de la ville. Il avait droit à une redevance de quarante pour cent
sur les loyers des premières années et de vingt-cinq pour
cent sur chaque année suivante. L'agent Gower était censé
garder suffisamment d'instruments à portée de main pour
remplacer ceux qui étaient défectueux à tout moment
et sans délai. Il devait également tenir une comptabilité
régulière, établir des rapports semestriels aux titulaires
de brevets, faire de la publicité pour le téléphone,
déployer tous les efforts raisonnables pour introduire le téléphone
et surveiller attentivement les contrefacteurs de brevets. À l'instar
des autres contrats d'agents, celui de Gower prévoyait la disposition
suivante :
"Les propriétaires de Bell's Telephone se réservent
le droit de changer d'agent sans en indiquer le motif. . . . Il n'est
ni dans l'intention ni dans l'intérêt des propriétaires
d'apporter des modifications à leurs agences, et chaque agent peut
compter sur l'honneur des propriétaires pour garantir qu'aucun
changement ne sera apporté lorsque l'entreprise sera menée
de manière approfondie et énergique par l'agent".
Dans ces conditions, Gower avait commencé à nommer des sous-agents
pour son vaste territoire afin qu'ils acceptent la responsabilité
de 50 $ pour les téléphones qu'ils louaient. - Comme eux,
il était incapable d'obtenir la quantité et la qualité
des instruments qu'il souhaitait, en particulier des cloches. Ses demandes
adressées à la Bell Company faisaient écho à
celles d'autres agents :
"La demande de cloches augmente de jour en jour et je ne vois pas
comment la société pourrait, de manière injuste envers
ses agents, ne pas prendre certaines mesures pour répondre à
ce besoin pressant. Les retards actuels dans l'exécution des commandes
placent les agents dans un état d'inaction qui tend à les
décourager et à diminuer leur valeur à nos yeux".
Néanmoins, Gower a progressé. En septembre 1877, il a touché
une commission de 90 $ et a versé environ 140 $ à la compagnie.
Le mois suivant, sa commission a plus que doublé pour atteindre
194 $ et il a versé 364,35 $ à la compagnie Bell. Le 5 novembre,
les loyers ont diminué, 6 mais ils ont de nouveau augmenté
en décembre.
En janvier, la commission de Gower Le total des recettes s'élevait
à 674,20 $, et il a versé 1 383,05 $ à la société
mère.
Pendant ce temps, Gower poursuivait ses travaux sur la harpe téléphonique.
Ce faisant, il suscita la colère des détenteurs de brevets
Bell, qui estimaient qu'il s'attribuait injustement le mérite de
son invention. Watson estimait que même si Gower l'avait inventée,
il « devrait investir l'entreprise de son ingéniosité
dans tout ce qui touche au téléphone ». Gower arguait
que la critique de Gardiner Hubbard était injuste. En perfectionnant
la harpe, expliqua-t-il, son objectif était de l'utiliser lors
de conférences pour promouvoir le téléphone et renforcer
Bell.
L'irritation des titulaires de brevets à l'égard de l'intérêt
de Gower pour sa conférence était peut-être motivée
par le fait qu'en octobre 1877, ils avaient commencé à envisager
des plans pour la création de la New England Telephone Company,
et que Gower demandait une participation dans le partage des actions de
la nouvelle société. À l'origine, Gower pensait que
Sanders, Watson et Bradley soutenaient ses revendications. Il écrivit
à Hubbard :
" Compte tenu de notre entente, vous ne proposez pas, comme
je le comprends parfaitement, que ma position soit compromise, mais je
soumets respectueusement que le moyen le plus simple et le plus sûr
de se prémunir contre ce résultat est de m'autoriser à
payer. Je participerais à la division des actions dès le
début de la nouvelle organisation. Cela ne coûterait que
peu, voire pas du tout, à la compagnie de téléphone,
ce qui me permettrait de sentir que mes efforts pour fonder l'entreprise
ont été pleinement reconnus et de m'engager aussi rapidement
et sérieusement que je le souhaite dans la création et l'accompagnement
de la nouvelle société".
Lorsque la demande de Gower pour la division des actions fut refusée,
il devint naturellement critique à l'égard de la Bell Company :
« L'entreprise de Nouvelle-Angleterre se redresse et peut payer
ses dépenses, et donc Hr. Hubbard accepte la proposition de M.
George L. Bradley de créer une société en Nouvelle-Angleterre.
Il a conclu que la proposition visait à indemniser le cousin de
Sanders pour certaines « prétendues souffrances » subies
lors du développement des brevets étrangers de Bell.
Contre les critiques persistantes, Gower a défendu son travail
sur la harpe et a également soutenu qu'il poussait son agence aussi
loin que le permettait l'offre limitée d'instruments. Ses commandes
étaient « en moyenne trois semaines en avance sur la capacité
de l'entreprise à les honorer ». Gower a expliqué
qu'il avait concentré son attention sur les domaines où,
selon lui, la concurrence ou la contrefaçon commenceraient.
L'explication a été jugée insatisfaisante. Après
avoir examiné attentivement le travail de Gower pour la Bell Telephone
Company, Hubbard exprima sa déception :
« Il me semble que nous aurions accompli presque autant de
choses sans agent général. En reprenant le téléphone
loué par les agents de Boston, MM. Clark et Hayward, tous deux
employés à mon époque, il ne reste que très
peu de résultats pour votre travail. Je ne pense pas que vous ayez
suffisamment dexpérience en affaires, comme le montre votre
travail pour faire une bonne et « agent efficace ou rendre
justice à nous ou à vos propres capacités ».
Par conséquent, à compter du 1er janvier 1878, les relations
de Gower en tant qu'agent général furent rompues par la
Bell Telephone Company.
Il est difficile de dire si les raisons invoquées par Hubbard pour
la révocation de Gower étaient les vraies. Les recettes
de Gower avaient régulièrement augmenté et, en octobre,
Sanders avait admis avoir été réconforté par
la nouvelle selon laquelle Gower était revenu d'un voyage parmi
ses sous-agents avec « une poche pleine d'argent ».
Il est difficile de dire si les raisons invoquées par Hubbard pour
le renvoi de Gower étaient les vraies. Les recettes de Gower étaient
en constante augmentation et, en octobre, Sanders avait admis avoir été
réconforté par la nouvelle selon laquelle Gower était
revenu d'un voyage auprès de ses sous-agents avec « une
poche pleine d'argent », dont une partie servirait à
payer une telle action à Charles Williams.
L'amélioration de la situation de l'agence, telle qu'indiquée
par ses rapports mensuels, tend à contredire fortement les affirmations
de Watson il y a de nombreuses années. que « Gower passait
tellement de temps à faire de la voile qu'il ne parvenait qu'à
louer très peu de téléphones.»
La Bell Company avait peut-être des attentes irréalistes
quant aux bénéfices du Territoire de la Nouvelle-Angleterre.
Lorsque le successeur de Gower, la New England Telephone Company, était
en activité depuis environ deux mois, Hubbard déclara également :
« Ils [New England Telephone Company] nont pas donné
de commande pour un seul téléphone qui aurait été
reçu si la New England Co. navait pas été organisée. »
Lorsque les détenteurs de brevets décidèrent de mettre
fin aux services de Gower, ils furent probablement fortement influencés
par l'aide financière qu'ils anticipaient dans l'organisation de
la New England Company.
Pour faciliter le départ de Gower, Hubbard le pressa de reprendre
les conférences téléphoniques, soulignant qu'un certain
M. Johnson avait plus ou moins bien réussi à donner des
conférences avec l'instrument Edison. Hubbard suggéra que
Gower pourrait rendre service à Bell et à la compagnie de
téléphone s'il reprenait sa carrière de conférencier.
De plus, il pourrait réaliser un joli bénéfice en
utilisant la harpe téléphonique comme accessoire pour une
série de conférences. « Avec vos capacités
supérieures de conférencier et des instruments bien meilleurs
», affirmait Hubbard, « vos travaux connaîtraient un
plus grand succès. »
Gower a accepté de résilier son contrat sans objection.
Il considérait la volonté de Hubbard de payer ce qui était
« juste et équitable » comme une forme de règlement
reconnue par leur accord. En se soumettant à la décision
de Hubbard, Gower souhaitait toutefois qu'il soit clairement entendu qu'il
n'admettait pas la justesse des opinions de Hubbard concernant sa conduite
au sein de l'agence de Nouvelle-Angleterre. Il réitéra ici
son argument selon lequel il avait placé toutes les sonnettes et
tous les téléphones fournis par l'entreprise, les avait
encaissés et remis le plus rapidement possible et ne voyait donc
pas ce qu'il aurait pu faire de plus. Il conclut par un reproche implicite :
"Merci pour votre aimable référence à ma conférence.
Depuis quelques semaines, il m'apparaît de plus en plus évident
que je peux et dois rendre un meilleur service à M. Bell, à
moi-même et à l'entreprise qu'en « vendant »
des téléphones dont la capacité est insuffisante".
Sanders, avide de fonds en perspective provenant de l'organisation de
la New England Telephone Company, était ravi de la décision
de Gower : « C'est un adorable garçon ! »
Plus tard, le peu aimable Thomas Watson concluait : « Gower
n'a pratiquement rien fait d'important dans son magnifique territoire,
et il était beaucoup plus intéressé à suivre
les traces de Bell. » Dans le domaine des conférences
Heureusement, son intérêt pour les conférences a permis
à M. Hubbard, alors très mécontent de Gower, de le
convaincre d'échanger son contrat commercial contre celui des conférences
La volonté de Gower d'opérer ce changement est une indication
suffisante de son amour pour apparaître sur la scène publique.
Début janvier, Gower rédigea une lettre d'information, sur
instruction de la Bell Telephone Company, informant ses sous-agents qu'en
raison de l'augmentation de l'activité téléphonique,
il était désormais jugé opportun de créer
une société pour en prendre la responsabilité en
Nouvelle-Angleterre. Par conséquent, son agence devait être
fermée immédiatement. Mais les postes d'agents rapides et
efficaces ne seraient pas compromis. Le 13 mars 1878, Gower soumet ses
comptes définitifs à la Bell Telephone Company. Bien que
le règlement des comptes ne se soit pas déroulé sans
quelques désaccords, il s'est déroulé à l'amiable.
Gower a continué à percevoir les loyers jusqu'à ce
que la New England Telephone Company commence ses activités en
février. Dans cette affaire et dans d'autres, durant la phase finale
de la relation entre la Gower et la Bell Company, Gower a agi en partant
du principe que, « à un moment où ses droits [à
Bell] sont remis en question, un front parfaitement solide devrait être
présenté par les amis de M. Bell ». Ainsi, Frederick
Gower a terminé sa carrière comme agent général
de la Nouvelle-Angleterre. Il est parti avec Il a exprimé publiquement
son amertume et a reconnu la courtoisie uniforme qu'il avait reçue
de Thomas Sanders.
Sanders avait initialement promis son argent et l'avait crédité
pour le développement du téléphone, croyant que ces
obligations seraient bientôt reprises par une société
à capital variable. Par conséquent, il prit des mesures
immédiates pour en organiser une et, en septembre 1877, il indiqua
à Hubbard qu'il avait identifié des investisseurs intéressés.
Sanders, protecteur des investisseurs, proposa une organisation rationnelle
des intérêts de Bell, mais Hubbard rejeta le concept. Il
était convaincu que les rentes couvriraient les dépenses.
Hubbard refusa d'envisager autre chose qu'une société de
Nouvelle-Angleterre, affirmant que les sociétés locales
étaient les mieux placées pour gérer les intérêts
des brevets.
Sanders dut céder et présenta donc son cousin George L.
Bradley, prêt à réunir 50 000 dollars pour une
nouvelle société de Nouvelle-Angleterre. « J'ai
examiné cela et cela s'est avéré être notre
seul moyen de nous sauver de la faillite et de la ruine »,
écrivit Sanders.
George L. Bradley était né à Providence. Sa famille
est issue d'une famille de frères et surs. Son père,
Charles S. Bradley, qui a également participé au financement
du développement du téléphone, avait été
juge en chef de la Cour suprême du Rhode Island.
Le 12 octobre 1377, Gardiner Hubbard commença à négocier
les termes de lorganisation de la New England Telephone Company
et ses relations avec la Bell Telephone Company. À l'origine, la
Bell Company proposait la création d'une société
au capital de 200 000 $, dotée du droit exclusif de louer
des téléphones en Nouvelle-Angleterre, d'y construire et
d'y entretenir des lignes. Quatre-vingt-dix mille dollars d'actions devaient
être versés aux propriétaires de Bell et 50 000
$ d'actions devaient être vendues par George Bradley à leur
valeur nominale, payables en trois versements au cours de l'année
suivante. À compter du 1er janvier 1878, Bradley devait recevoir
10 000 $ dactions pour ses efforts organisationnels, et 50 000
$ devaient être conservés en réserve et vendus au
comptant, selon les besoins, aux actionnaires proportionnellement à
leurs intérêts respectifs.
Douze jours plus tard, une deuxième proposition fut faite à
Bradley. C'est cette proposition qui fut finalement adoptée et
qui servit de base à la création de la New England Telephone
Company. Cette proposition était similaire à celle du 12
octobre, sauf que 100 000 dollars d'actions devaient être versés
aux propriétaires et que 3 radley devait vendre 100 000
dollars d'actions pour 50 000 dollars en espèces avant le
15 décembre. En effet, 900 actions, d'une valeur nominale de 100
dollars chacune, devaient être vendues à 55 555 dollars.
afin de réunir un capital de roulement de 50 000 $ et 100 actions
devaient être mises de côté pour promouvoir et démarrer
la société.
En faisant ses propositions à Bradley, Hubbard souligna qu'au 1er
octobre 1877, la Bell Telephone Company avait loué 2 000 téléphones
et que la demande augmentait, notamment en raison des multiples usages
possibles du téléphone. Hubbard était convaincu,
sur la base de son expérience, que pour obtenir les meilleurs résultats
en Nouvelle-Angleterre, il était nécessaire de disposer
d'un capital suffisant pour construire, entretenir et louer des téléphones,
ainsi que pour construire des lignes téléphoniques pour
les parties qui n'étaient pas en mesure de le faire elles-mêmes.
La société Bell a proposé de fournir les téléphones
pour 3 $ et d'acheter les cloches d'appel actuellement disponibles pour
12 $ ; celles produites après le 1er janvier coûtent
10 $. La proposition de Hubbard dressait un tableau très optimiste
de l'activité future et prévoyait de « bénéfices
considérables ». Il soulignait la location actuelle
de 800 téléphones à New England, pour un loyer moyen
de 7,74 $ chacun, et la conviction que 1 200 instruments
supplémentaires pourraient être loués dans les douze
à dix-huit mois à venir, ce qui nécessiterait
300 ou 400 lignes. Hubbard a calculé un excédent net
de 20 338 $ pour la première année d'exploitation,
qui atteindrait 28 320 $ l'année suivante, à mesure
que l'activité se développait. « À mesure
que l'activité se développe, les commissions et les dépenses
n'augmenteront pas à un rythme correspondant et, par conséquent,
le pourcentage de bénéfices devrait augmenter régulièrement. »
C'était un tableau très rosy, mais Hubbard essayait alors
de recruter de nouveaux investisseurs et de vendre les propriétés
de la Bell Company en Nouvelle-Angleterre.
Le problème le plus immédiat auquel Bradley était
confronté était de garantir des abonnés pour laction.
Bien qu'il n'ait contacté que quelques parties, et seulement celles
qui, à mon avis, soutiendront la question favorablement, il avait
obtenu des gages pour la totalité du fonds de roulement avant le
6 décembre 1913.
Un problème plus grave résidait dans le désaccord
entre Bradley et Hubbard concernant la représentation des intérêts
de la Bell Telephone Company dans la New England Telephone Company. Hubbard
souhaitait conserver le contrôle. Les relations téléphoniques
ne l'ont pas disposé à considérer l'organisation
de la compagnie de Nouvelle-Angleterre avec beaucoup d'enthousiasme. Il
a largement coopéré avec Sanders et Bradley, compte tenu
des besoins financiers de l'entreprise et de l'insistance de Sanders pour
que quelque chose soit fait rapidement.
On peut déduire les véritables sentiments de Hubbard de
ses instructions à Watson de ne pas remettre certains documents
importants à Bradley :
« Si M. Bradley est incapable de J'en serais très heureux,
car nous nous porterions mieux sans cette aide.
L'opposition de Hubbard à la New England Company a été
clairement exprimée dans son accusation selon laquelle Bradley,
par les termes de sa souscription d'actions, tentait de reprendre le contrôle
de l'entreprise et de la diriger indépendamment de l'intérêt
général de la Bell Telephone Company. Il écrivit
à Bradley :
"Je pensais que la Bell Telephone Company continuerait dassurer
la gestion, sous le nom de la nouvelle société, et que vous
seriez notre agent. Cétait ma compréhension distincte
de laccord, et si vous aviez dautres intentions, jaurais
été trompé. . . Si les plans de gestion de la société
ne sont pas satisfaisants, il serait alors sage dabandonner cette
interprétation".
Hubbard rappela à Bradley qu'il avait déjà décliné
une proposition qui lui aurait donné, à lui, le contrôle.
C'était précisément pour cette raison que la moitié
des actions de la société devait être placée
au nom de Hubbard. En vertu de ces dispositions, rien ne pouvait porter
préjudice aux intérêts de Bell. Sanders expliqua à
Hubbard que les abonnés de Bradley avaient acquis ces actions,
pensant qu'il s'agissait d'une nouvelle société indépendante.
Il expliqua également qu'ils avaient compris que les dirigeants
de la Bell Company, en tant que fiduciaires individuels, devaient détenir
des actions plutôt que la société elle-même
et s'unir à eux pour former la nouvelle société.
Thomas Sanders ne voyait aucun intérêt à insister
sur ce point. Il connaissait presque tous les gentlemen impliqués
dans l'aventure, et il savait qu'ils étaient des hommes de caractère
et d'influence qui traiteraient équitablement la Bell Company.
Sanders a exhorté Hubbard à ne pas retarder l'organisation
de la New England Company sur cette question :
"Avec ces 50 000 dollars, apparemment, il s'agissait des garanties
d'évaluation placées sur 100 000 dollars d'actions
de New England Telephone, que nous avons mises à notre disposition
en cas de besoin, je suis convaincu qu'aucune difficulté technique
n'interviendra.
Je sais que vous avez toujours considéré cela comme une
petite somme, mais il est très difficile de réunir de l'argent,
surtout en cette période de crise économique, et l'argent
liquide que nous obtenons ainsi vaut quatre fois plus que ce qu'il reste
aujourd'hui".
George Bradley a également nié l'interprétation de
Hubbard concernant la relation entre la Bell Company et la New England
Company. Il a soutenu que ceux qui avaient acquis la moitié des
actions de la New England Company par achat avaient tout autant le droit
de déterminer les politiques de l'entreprise que ceux qui avaient
acquis la moitié restante pour les droits de brevet. De plus, il
semblait étrange à Bradley que Gardiner Hubbard ait voulu
que la Bell Telephone Company contrôle la New England Company, qui
n'avait jamais exprimé le souhait de conserver la majorité
des actions. Rejetant l'accusation de Hubbard selon laquelle il tentait
de prendre le contrôle de la New England Telephone Company, Bradley
a réitéré sa conviction que les actions de la nouvelle
société devaient être émises et détenues
individuellement en fiducie par les dirigeants de la New England Telephone
Company. Hubbard a accepté que les actions soient émises
individuellement aux titulaires de brevets, à condition qu'ils
les placent dans un pool afin qu'elles soient détenues en fiducie.
une unité. De cette façon, il croyait respecter les termes
de l'accord de Bradley. Hubbard expliqua que le contrat avec Bradley était
contraire à son meilleur jugement, mais qu'il avait été
conclu uniquement pour satisfaire les souhaits de Sanders et donner un
poste à son cousin. Hubbard pensait qu'il aurait pu conclure un
meilleur accord avec d'autres investisseurs, mais il avait accepté
l'organisation de la New England Company car c'était le moyen le
plus rapide de régler la dette de la Bell Company envers Charles
Williams.
Gardiner Hubbard s'est déclaré prêt à se fier
à la parole de Sanders et Watson, à ne pas se séparer
de leurs actions de Nouvelle-Angleterre sans leur consentement mutuel
et à voter ensemble pour des politiques dans l'intérêt
de la Bell Company ; mais, a-t-il souligné, « la
mort ou d'autres causes pourraient facilement survenir, ce qui vous empêcherait
de conclure un accord honorifique. » Il exigea donc que certaines
phases de l'activité téléphonique soient entièrement
gérées et contrôlées par la Bell Telephone
Company et que la New England Telephone Company prenne en charge sa part
des dépenses liées au maintien du brevet téléphonique.
Sanders ne partageait pas, de manière caractéristique, la
compréhension de Hubbard de la situation. Il a apprécié
la considération de Hubbard pour ses souhaits et son consentement
à la proposition, mais il a demandé si un meilleur arrangement
aurait pu être trouvé ailleurs, soulignant qu'un arrangement
similaire avait déjà été refusé par
leurs amis new-yorkais. Sanders a conclu : « Je n'apprécie
pas que vous ayez une vision aussi sombre de ce qui semble être
le tremplin vers la réussite future. » Sanders avait
de bonnes raisons d'être satisfait du consentement de Hubbard à
la création de la New England Company, car il estimait que la Bell
Company lui devait la quasi-totalité de l'argent qu'elle recevrait
de la nouvelle société.
Alors même qu'il semblait que toute opposition à la New England
Company avait été surmontée, Chauncy lança
une note discordante.
Smith, l'avocat en brevets de la Bell Company, qui serait chargé
de la préparation du contrat de la New England Company, s'est prononcé
contre la création d'une société distincte. Il a
fait valoir : "Vous êtes condamné à avoir
une controverse immédiate avec l'adversaire le plus puissant de
ce pays de l'Union de l'Est ! et vous ne pouvez pas vous permettre
de faire un pas en arrière, ce qui placerait le contrôle
de l'invention dans des sociétés distinctes".
Smith a conseillé à la Bell Company d'augmenter ses actions
et de les vendre au lieu d'échanger des droits de la Nouvelle-Angleterre
contre des actions de la New England Company. Hubbard a approuvé
la suggestion.
Charles Eustis Hubbard, frère de Gardiner, était également
en désaccord avec l'idée de vendre les droits de la Nouvelle-Angleterre.
Il pensait que Sanders avait tellement soif d'argent qu'il cédait
« tout et n'importe quoi pour obtenir une petite partie de ces 50 000
dollars ». C. E. Hubbard a donc conseillé de retarder le
transfert des droits de brevet aux investisseurs de la New England Telephone
Company.
En attendant, Sanders collecterait suffisamment de recettes locatives
pour répondre aux besoins immédiats, ce qui permettrait
à Gardiner de maintenir sa proposition initiale à Bradley.
En cas de refus de Bradley, l'accord pourrait être annulé
et Gardiner pourrait procéder autrement.
Sanders a compris la sagesse d'unifier les intérêts téléphoniques
et espérait que cela pourrait se réaliser. Après
tout, il avait initialement suggéré un tel arrangement,
mais Gardiner Hubbard l'avait refusé. Le juge C. S. Bradley a également
considéré favorablement la consolidation des intérêts
si un accord satisfaisant pouvait être trouvé.
Sanders pensait qu'il serait nécessaire de faire aux investisseurs
de la New England Company une meilleure proposition que celle qu'ils avaient
déjà acceptée :
"En ce qui me concerne, je serais enclin à leur proposer des
conditions très libérales afin de former une seule entreprise
pour l'ensemble du pays, organisée sur le même principe que
la New England Company, exigeant des souscripteurs qu'ils collectent davantage
de fonds et leur accordent un soutien substantiel. Il s'intéressait
à la Bell Telephone Company".
Pendant ce temps, Sanders rappelait à Hubbard que l'argent était
absolument nécessaire.
Selon Thomas Sanders, la proposition de créer une société
nationale avec les investisseurs de la New England Telephone Company s'est
soldée par un échec, les investisseurs ayant refusé
de placer leurs fonds sous la gestion et le contrôle de Hubbard.
Hubbard, à son tour, a refusé d'accepter une société
nationale à d'autres conditions. Here a rejeté un plan proposé
par Sanders et soutenu par les investisseurs, et ainsi la création
de la New England Company a été achevée comme prévu.
Agissant conformément aux dispositions de la déclaration
de fiducie, Thomas Sanders et Thomas A. Watson, représentant un
tiers des intérêts de la compagnie Bell Telephone Company,
ont demandé au greffier C. E. Hubbard de convoquer une assemblée
extraordinaire des actionnaires afin d'examiner si les fiduciaires doivent
accorder une licence de fabrication de téléphones destinés
à être utilisés uniquement en Nouvelle-Angleterre
à la compagnie New England Telephone Company. En conséquence,
C. E. Hubbard a notifié aux actionnaires qu'une assemblée
extraordinaire se tiendrait le 1er février 1888.
En raison d'une violente tempête de neige, l'assemblée a
été ajournée au lendemain, 4 990 des 5 000
actions étant représentées en personne ou par procuration.
(Les dix actions d'Alexander Graham Bell n'étaient pas représentées.)
Les actionnaires ont voté à l'unanimité pour que
le fiduciaire soit autorisé à signer l'accord avec la New
England Telephone Company. Cette autorisation a été votée
en contrepartie de la réception par la Bell Telephone Company de
1 000 actions entièrement libérées, soit la
moitié des actions de la New England Company. Gardiner Hubbard,
Thomas Sanders et Thomas Watson, agissant en qualité de fiduciaires
de la Bell Telephone Company, se sont vu attribuer respectivement 600,
300 et 100 actions. Chaque fiduciaire était habilité à
voter sa part des actions comme il l'entendait et aucun n'était
tenu de transférer les actions en son nom sans un vote des trois
quarts des actionnaires de Bell Telephone Company. Conformément
à l'accord signé par Gardiner Hubbard et C. Bradley, le
Trust a cédé à la New England Telephone Company la
« licence complète, gratuite et exclusive » pour l'utilisation
des brevets 161, 739, 174, 465, 178, 399 et 186, 787 dans les États
de la Nouvelle-Angleterre. En outre, la Compagnie Bell a accepté
de céder à la Compagnie de Téléphone de Nouvelle-Angleterre
la licence de la Nouvelle-Angleterre relative à tout droit futur
qu'elle pourrait acquérir, moyennant le paiement par la Compagnie
de Nouvelle-Angleterre d'une juste et proportionnelle part du coût
d'acquisition de ces nouveaux droits et intérêts. Réciproquement,
la société Bell Telephone Company a eu droit à un
droit de brevet similaire en dehors de la Nouvelle-Angleterre, acquis
par la New England Telephone Company, après en avoir payé
une partie juste et proportionnelle du coût.
Le fiduciaire a vendu et cédé tous les téléphones,
les communications magnétiques et les contrats existants, qu'il
possédait ou contrôlait en Nouvelle-Angleterre, au tarif
de 3 $ par téléphone et de 12 $ par communication magnétique.
En contrepartie, la New England Telephone Company s'engageait à
employer exclusivement le fiduciaire de la Bell Telephone Company pour
construire les « machines » destinées à
être utilisées en Nouvelle-Angleterre, lesquelles ne devaient
pas être vendues à des tiers. Elle s'engageait également
à payer 3 $ pour tous les téléphones et 10 $ pour
les communications magnétiques. Si le coût de fabrication
devait être réduit ou augmenté à l'avenir,
le prix des instruments devait être ajusté pour correspondre
au coût de la main-d'uvre et des matériaux, majoré
de 15 % pour les frais généraux. Aucune modification
de prix ne devait être effectuée, sauf en cas de variation
d'au moins 10 % du coût. Si la Bell Company laissait des commandes
non honorées pendant une période excessive, la New England
Telephone Company pouvait alors trouver des moyens temporaires de combler
son déficit. Les compagnies New England Telephone et Bell Telephone
devaient se protéger contre l'utilisation de leurs appareils sur
leur territoire respectif. Ayant toutes deux un intérêt commun
dans le téléphone Bell, elles convinrent que les dépenses
futures liées aux interférences de brevets et aux litiges
relatifs à la validité des brevets seraient partagées,
la New England Company contribuant pour un quart et les autres parties
pour les trois quarts. Ainsi, les craintes de Chauncy Smith concernant
la séparation des organisations furent en partie dissipées
par cette disposition.
Enfin, les parties contractantes s'engagèrent à coopérer
à l'établissement et à l'exploitation conjointe de
lignes de raccordement. Les dépenses et les bénéfices
devaient être répartis au prorata ou sur une autre base tout
aussi juste et équitable.
Le 2 février 1878, jour même de la ratification du contrat
de la Nouvelle-Angleterre, les signataires de l'accord d'association se
réunirent afin de créer une société, la New
England Telephone Company. Hubbard fut invité à en assurer
la présidence. Les membres reçurent un règlement
intérieur, qu'ils débattirent et adoptèrent à
l'unanimité. Ce règlement était assez simple et,
comme on pouvait s'y attendre, assez similaire à celui de la Bell
Telephone Company. Il prévoyait la tenue d'assemblées annuelles
et extraordinaires, l'élection des dirigeants, la délégation
de pouvoirs et la tenue des registres. Contrairement aux règlements
de la Bell Telephone Company, le trésorier de la New England Telephone
Company devait déposer une caution de 20 000 $ pour l'exercice
loyaux de ses fonctions. Huit administrateurs furent élus, dont
Gardiner G. Hubbard, Thomas Sanders, Thomas A. Watson et Charles E. Hubbard.
Thomas Sanders fut également élu trésorier à
l'unanimité. Lors de la réunion du conseil d'administration,
tenue immédiatement après l'assemblée générale,
Gardiner Hubbard fut élu à l'unanimité président
et George L. Bradley, agent général, avec un salaire annuel
de 3 000 $. En effet, les dirigeants de la New England Telephone
Company étaient les mêmes que ceux de la Eell Telephone Company.
Charles Bradley et C. E. Hubbard reçurent l'ordre du conseil d'administration
d'obtenir les statuts nécessaires à la nouvelle société.
Le 6 février, Charles Hubbard informa le conseil d'administration
que le commissaire aux sociétés s'était déclaré
disposé à approuver les statuts de la Nsw England Company,
pour une valeur de 150 000 $ et un capital de 200 000 $, les
50 000 $ restants devant être versés en espèces.
Par conséquent, les administrateurs ont voté pour donner
instruction au Trésorier et à George L. Bradley de retirer
les 50 000 $.
***
Apparemment, certains souscripteurs ont hésité quant à
leurs achats d'actions, car H. Saltonstall a envoyé son chèque
à Sanders en lui demandant de ne pas l'utiliser avant le versement
total de la souscription. « Mon objectif n'est pas de retarder
le tirage du chèque, mais de considérer ma souscription
d'actions comme non contraignante jusqu'à ce que le capital en
espèces de 50 000 $ soit effectivement reçu, ce qui
évitera toute responsabilité personnelle. »
Le Commonwealth du Massachusetts a délivré un certificat
de constitution le 12 février 1878 à la New England Telephone
Company. Cinq semaines plus tard, le Commissaire des sociétés
délivrait un certificat de versement du capital indiquant que les
abonnés avaient versé leurs 50 000 $. Ainsi, la New
England Telephone Company, une société au capital social
de 200 000 $ et composée de onze actionnaires, fut créée
dans le but d'exercer une activité de fabrication et de location
de téléphones, ainsi que de construction de lignes télégraphiques,
dans les États de la Nouvelle-Angleterre.
Avec la création de la New England Telephone Company, les charges
financières de Sanders, trésorier de la Bell Telephone Company,
furent allégées, mais seulement temporairement. Le 20 février,
il avait touché tous les fonds dus par la New England Company,
à la grande indignation de certains de ses administrateurs, et
il lui manquait encore des fonds pour régler l'un des billets de
Williams arrivant à échéance le lendemain. Malgré
cela, Sanders était optimiste, car les commandes de Nouvelle-Angleterre
arrivaient plus rapidement que de toute autre région du pays. De
plus, « toute l'énergie d'une entreprise vraiment puissante
est désormais consacrée à cette petite section ».
Hubbard contestait l'analyse de Sanders selon laquelle les progrès
réalisés en Nouvelle-Angleterre résultaient des activités
financières de la New England Telephone Company. Mais, réfutant
l'affirmation de Sanders selon laquelle la situation financière
de la Bell Company n'était pas bonne, Hubbard reconnaissait la
valeur de la New England Telephone Company. Comme il l'a souligné,
la Bell Telephone Company comptait parmi ses actifs 100 000 dollars
d'actions de la New England Company, sur lesquelles 25 000 dollars
avaient été versés en espèces et qui, selon
lui, pouvaient être facilement vendues à 60 ou 70 %
du prix d'achat. De plus, Sanders pouvait utiliser une partie de ces actions
comme garantie pour un prêt.
Sanders reconnut plus tard que l'argent de la New England Company était
non seulement le premier à être avancé pour promouvoir
l'invention de Bell, mais aussi que la création de la New England
Telephone Company nous avait sauvés de la ruine et avait fourni
la seule base sur laquelle bâtir notre prospérité
future.
Quelle que soit son importance historique, la création de la New
England Company ne résolvait pas les besoins financiers à
long terme de la Bell Company.
Par conséquent, les discussions reprirent concernant la réorganisation
de la Bell Company, en envisageant l'inclusion éventuelle des investisseurs
de la New England Company. Hubbard désapprouva les suggestions
de Sanders et, au cours des négociations, réitéra
son hostilité envers la New England Company et ses bailleurs de
fonds. Finalement, les investisseurs de la New England vinrent en aide
à la Bell Company.
La New England Telephone Company fonctionnait de manière similaire
à celle de la Bell Company. Elle ne fonctionnait pas comme une
société d'exploitation, mais louait plutôt des instruments
à des agents et des sous-agents. La New England Company devait
à la téléphonie en Nouvelle-Angleterre ce que La
compagnie de téléphone Bell était chargée
de la téléphonie dans le reste du pays.
La Compagnie de Nouvelle-Angleterre nommait des agents pour son territoire
à des conditions très similaires à celles accordées
par la Compagnie Eell à ses propres agents. Elle accordait des
territoires exclusifs, exhortait les agents à faire de leur mieux
pour promouvoir et introduire le téléphone, et exigeait
d'eux une comptabilité précise et des rapports réguliers.
La Compagnie de Nouvelle-Angleterre enjoignait à ses agents de
surveiller les infractions et de les signaler, et les exhortait à
ne pas déroger à ses politiques. Les agents de la Compagnie
de Nouvelle-Angleterre étaient rémunérés par
des commissions sur les locations de téléphones et de sonnettes.
Et, comme dans les contrats de la Compagnie Bell, la pérennité
des agences dépendait de « l'énergie et du succès
avec lesquels vous meniez les affaires de votre entreprise ».
La politique de la Compagnie de Nouvelle-Angleterre concernant la mise
en place de réseaux téléphoniques de district était
également très similaire à celle de sa société
mère.
Parmi les dispositions importantes adoptées par la Compagnie de
Nouvelle-Angleterre figurait celle qui lui permettait d'acheter les câbles
et l'équipement d'une compagnie de district à tout moment,
à leur coût réel et moyennant un pourcentage de la
clientèle de l'entreprise.
À l'instar de la Bell Company, la New England Telephone Company
encouragea la création de compagnies de district dans les grandes
villes de Nouvelle-Angleterre. Ses loyers variaient en fonction de l'utilisation
des téléphones, et les agents étaient tenus de verser
des avances sur les appareils dès que les commandes étaient
honorées.
La New England Telephone Company, à son tour, a contribué
à influencer la politique de la Bell Telephone Company. C'est elle
qui a contribué à convaincre Hubbard que la location d'instruments
individuels devait être autorisée. Initialement, George Bradley
suggéra à Hubbard qu'il serait plus rentable de ne pas appliquer
la politique exigeant deux téléphones (l'un servant d'émetteur
et l'autre de récepteur) à chaque station. Hubbard était
d'accord avec cette théorie, mais indiqua qu'une telle politique
pourrait impliquer davantage la Bell Corporation avec l'Union des femmes
et, par conséquent, être plus nuisible qu'utile. Cependant,
une réunion plutôt impromptue des directeurs de la Mew England
Telephone Company s'est tenue le 13 février 1878, en présence
de Charles E. Hubbard, Thomas Fenders, Thomas Watson et C. S. Bradley.
Ils ont voté pour donner instruction à leurs agents d'autoriser
l'utilisation d'un seul téléphone par poste et de recommander
simplement l'utilisation de deux téléphones au lieu d'un
seul. Hubbard s'est dit surpris par l'action de la Now England Company,
compte tenu de l'opposition de son État à cette politique,
et plus particulièrement par le fait que le vote a été
adopté sans le consulter. Il a donc demandé que ce protocole
écrit soit inscrit dans les livres de la société.
Hubbard s'attendait à quelque chose de similaire lorsqu'il a insisté
pour que les actions de la Bell Company soient votées en bloc.
C'est ce genre de comportement qui l'a poussé à se méfier
des défenseurs et des investisseurs de la New England Company,
et qui a rendu la réorganisation de la Bell Company plus difficile.
Finalement, la Bell Company a adopté la politique de l'instrument
unique, mais Hubbard a attribué ce changement au fait que la concurrence
avait consenti à poursuivre une politique similaire. Il ne fait
aucun doute que l'action de la New England Telephone Company a également
contribué à faciliter le changement d'attitude de Hubbard.
Au cours de ses relations avec la Bell Telephone Company, la New England
Telephone Company semble avoir prospéré. En commençant
ses opérations avec une commande quotidienne moyenne de vingt téléphones,
Bradley prévoyait de meilleures choses pour l'avenir. Watson abondait
dans le même sens : « Si Bradley avait été
à la position où il se trouve actuellement il y a trois
mois, nous ferions de belles affaires à La New England Telephone
Company »
Fin février, la New England Telephone Company avait envoyé
342 téléphones et 54 appels à ses agents, et Bradley
entrevoyait la perspective de commandes plus importantes à l'avenir.En
avril, cependant, Hubbard se plaignit du déclin des affaires de
la New England Company. Il a cité comme preuve le fait que la New
England Company n'avait commandé que 200 téléphones,
tandis que le reste de l'activité de la Bell Company avait augmenté.
Hubbard persistait à croire que l'organisation de la New England
Telephone Company était inutile et que son adoption par Sanders
était une erreur.
Malgré l'insatisfaction de Hubbard, Bradley restait optimiste.
Dans l'affaire Kay, il prévoyait qu'au 1er juin, près de
2 200 téléphones seraient loués sur les 3 000
actions de la société. Il déclarait que la société
réalisait un bénéfice net de 14 000 dollars
par an, soit 7 % de la valeur de ses actions. « Tout bien considéré,
cela me semble être une performance très satisfaisante. »
La critique de Hubbard a peut-être été indûment
influencée par une controverse naissante avec la New England Telephone
Company. En préconisant la réorganisation de la Bell Telephone
Company, Sanders a souligné que les instruments vendus à
la New England Company n'apportaient aucun bénéfice durable
à la Bell Company, car chaque instrument vendu était vendu
au coût réel des matériaux et de la main-d'uvre,
majoré de 15 %. Apparemment, la Bell Company a surmonté
cette situation en vendant ses instruments à des prix gonflés.
Il a toutefois expliqué :
Rien, à part mes conventions personnelles, n'empêche la nouvelle
société de remplir son devoir d'investir dans la question
des coûts. Aucune partie des dépenses courantes avant 15
ans sur le coût des matériaux et de la main-d'uvre
ne sera prise en charge par NE Co, et nous serons appelés tôt
ou tard à rembourser chaque centime excédentaire sur ce
montant que nous aurons perçu depuis le 25 janvier.
En effet, le 12 avril, Bradley citait ces dispositions. Les clauses du
contrat relatives au prix des instruments pratiqués par la société
Bell et l'opinion selon laquelle si le prix de 3 $ était supérieur
à ce que Bell Telephone Company était en droit de recevoir,
elle aurait dû modifier ses prix en conséquence. Répondant
à la pression des actionnaires, Bell a ajusté ses prix sur
les téléphones. Depuis le 2 février, la New England
Telephone Company a accordé une remise de 1,25 $ sur chaque téléphone
portable livré. Au 31 mai, le prix était fixé à
1,75 $ pour les téléphones portables, 3 $ pour les téléphones
à cabine et 10 $ pour les sonnettes. Sanders a conclu à
propos des nouveaux prix : « Je pense qu'à l'avenir,
si nous sommes contraints de fabriquer aux prix de 9 %, nous ferions
mieux d'abandonner la fabrication pour la New England Telephone Company
et de leur permettre de fabriquer leurs propres produits. »
Un autre point qui a irrité la New England Telephone Company était
le fait que la Bell Telephone Company ne lui accordait pas le statut d'agence
la plus favorisée en ce qui concerne les prix des cloches d'appel.
Hubbard affirmait ne voir aucune raison pour laquelle la Bell Company
devrait vendre des cloches à la New England Company à des
prix spéciaux accordés à certaines agences. Il défendit
les actions de sa société en affirmant que certaines agences
étaient confrontées à une très forte concurrence
et exigeaient donc des prix spéciaux. Le 27 juillet 1878, après
avoir reçu le consentement de la Bell Telephone Company, les administrateurs
de la New England Telephone Company ont voté que leur société
achèterait désormais Bell directement à Charles Williams
ou à toute autre partie convenue. La Bell Company a également
accepté de vendre à la New England Company ses téléphones
au prix coûtant, à condition que la New England Telephone
Company contribue. une part raisonnable du salaire de Thomas Watson .
La New England Telephone Company a poursuivi son activité jusqu'en
mars 1879, période durant laquelle elle a dû faire face à
de nombreux problèmes similaires à ceux rencontrés
par d'autres agences et par la société mère. Bien
que son organisation n'ait offert qu'un répit temporaire à
Thomas Sanders, et malgré le fait qu'elle ait été
la cause de frictions et de malentendus entre Sanders et Hubbard, l'organisation
de la New England Telephone Company préfigurait l'organisation
régionale des sociétés « associées »
du futur Bell System.
De plus, grâce aux efforts de Sanders pour organiser la New England
Telephone Company Compagnie d'Angleterre
La Bell Company a pu plus tard s'implanter à Boston avec un puissant
élément financier.
Bell s'intéresse à New York.
La Bell Telephone Company comptait parmi ses actifs son contrat avec l'agence
de New York. Ce qui confère à cette agence un intérêt
particulier à cette période n'est pas seulement que ses
relations contractuelles avec la Bell Company étaient uniques.
et qu'elle servait d'agent pour la New England Company dans plusieurs
comtés du Massachusetts et du Connecticut,4 mais aussi que Hubbard
considérait les accords de New York comme une alternative plus
satisfaisante pour la collecte de fonds que les propositions de Sanders
pour l'organisation de la New England Telephone Company.
Les espoirs de Hubbard pour l'agence new-yorkaise étaient de longue
date.
Les deux principaux dirigeants de l'agence new-yorkaise étaient
Hilborne Roosevelt, cousin du père de Theodore Roosevelt,
considéré comme l'un des hommes les plus respectés
de New York, et Charles Cheever, infirme de naissance et membre d'une
importante famille new-yorkaise.
L'affiliation de Roosevelt au téléphone résultait
de sa participation à l'une des conférences de Bell.
Cheever a établi ses relations grâce à une présentation
d'Anthony Pollok à Gardiner Hubbard et Alexander Graham Bell.4
Ensemble, Cheever et Roosevelt ont négocié et obtenu des
droits d'agence exclusifs pour la ville de New York et certaines parties
du New Jersey.
Ils prévoyaient une introduction rapide et systématique
du téléphone, aboutissant à la mise en place d'un
système de central téléphonique sur leur territoire.
Les conditions obtenues par l'agence de New York étaient inhabituelles
à plusieurs égards. La Bell Company fixait la commission
et les prix de ses téléphones. Cependant, comme Cheever
et Roosevelt pensaient pouvoir louer des téléphones à
des prix plus élevés que la normale, il fut convenu qu'ils
percevraient une commission de 40 % sur les téléphones loués
à 20 $ et de 50 % sur toute somme excédant ce montant. De
plus, la Bell Telephone Company accepta de partager les pertes résultant
de remises inhabituelles sur les téléphones loués
en quantité.
L'agence de New York ne devait participer à aucun coût pour
la défense de la validité des brevets de Bell, comme la
New England Telephone Company fut ultérieurement tenue de le faire.
La caractéristique la plus particulière du contrat new-yorkais
était la clause par laquelle les agents garantissaient qu'au bout
de deux ans, ils paieraient au fiduciaire une somme égale au loyer
de 2 000 téléphones, sous peine de résilier
leur contrat. Plusieurs propositions ont été envisagées
pour la création d'une société new-yorkaise. Lun
envisageait la création dune société avec un
capital de 150 000 $, et un autre une société
avec un capital de 300 000 $. Cependant, selon les statuts de
la société, la « Electronic Corporation of New
York » fut constituée avec un capital de seulement 20 000 $.
Son entrée en activité était prévue le 1er août 1877
et sa fermeture le 31 août 1927.
Initialement, Kubbard pensait que les détenteurs de brevets Bell
obtiendraient une participation majoritaire dans la société
de New York, mais une fois constituée, la société
Les locataires n'ont reçu que la moitié du capital de la
société, d'une valeur de 10 000 $ en actions.
Cheever et Roosevelt ont été nommés agents de la
Telephone Company of New York et ont assumé la responsabilité
de la location de 2 000 instruments en deux ans.
Le contrat de la Bell Company avec la New York Company reflétait
le sentiment que New York représentait une zone lucrative propice
au développement du secteur de la téléphonie. Hubbard,
comme d'habitude, était très optimiste quant à l'avenir
et très généreux dans ses éloges : « L'activité
à New York vaut bien plus que celle de toutes nos autres agences
réunies. » Tandis que Hubbard
ne tarissait d'éloges sur les agents new-yorkais, Sanders leur
demanda de lui faire parvenir un virement pour couvrir quelque 400 instruments
déjà expédiés.
Malgré cela, Hubbard était fier du choix de ses agents new-yorkais :
« Plus je vois et connais Hubbard. « Mieux encore,
je suis satisfait de son agence et je doute que nous ayons pu trouver
quelqu'un qui nous aurait donné une aussi bonne satisfaction. »
Roosevelt et Cheever ont rencontré les problèmes habituels
dans la gestion de leur agence. Ils ont fait valoir que leurs remises
devraient être plus importantes, qu'ils étaient insatisfaits
de leurs appels de cloches et qu'ils se sont plaints que leurs commandes
n'étaient pas traitées rapidement. Les attentes concernant
l'agence de New York se révélèrent rapidement insatisfaites
dans le cadre des accords existants.
En novembre 1877, Cheever proposa la création d'une nouvelle société
chargée de gérer la téléphonie dans tout l'État
de New York. Cette proposition ressemblait à celle envisagée
pour la création de la New England Telephone Company.
Selon les termes de la proposition de Cheever, la société
new-yorkaise devait être réorganisée. Avec un capital
de 00 000 $, la moitié allant aux titulaires de brevets et
l'autre moitié à ceux qui fourniraient un capital de 110 000
$. Quinze mille dollars devaient être avancés immédiatement
à la Bell Company pour l'achat d'instruments. Bien que le plan
ne soit pas entièrement acceptable pour Hubbard, il le jugeait
bénéfique car il fournirait l'argent et le crédit
dont il avait tant besoin. Négociations entre Hubbard et Cheever
poursuivit et Hubbard rédigea même un accord détaillant
les termes de la proposition de Cheever. L'opposition au plan de Cheever
vint notamment de Thomas Sanders :
M. Cheever est extrêmement ambitieux dans l'élaboration d'un
plan pour une entreprise, mais pour autant que je puisse me faire cette
proposition, elle envisage de placer MM. Cheever et Roosevelt sur une
base bien meilleure que celle prévue par l'ancien arrangement et
aux dépens de la Chambre. Sanders était particulièrement
perturbé par la disposition exigeant que la compagnie Bell fournisse
des téléphones jusqu'à ce que les loyers s'élèvent
à 20 000 $ pour sa part des actions de la compagnie réorganisée.
Étant donné la théorie de fonctionnement de la compagnie
Bell et ses ressources fiduciaires limitées, une proposition qui
ne générait pas de revenus immédiats pouvait difficilement
être mise en uvre. être acceptable pour Sanders.
Il était toutefois disposé à reconsidérer
si la New York Company acceptait de payer 3 $ pour chaque téléphone
et 10 $ pour chaque sonnette, comme le faisait la New England Telephone
Company.
Les négociations se poursuivirent jusqu'en mars 1878. Cheever préconisa
une réorganisation de la Compagnie du Téléphone de
New York, arguant qu'elle était nécessaire pour obtenir
des capitaux supplémentaires. Cheever et Roosevelt refusèrent
de contribuer davantage à l'entreprise de téléphone.
Selon leurs estimations, ils avaient déjà avancé
18 000 dollars. Cheever conclut qu'à moins que quelque chose
ne soit fait rapidement, il devrait conseiller à l'un des plus
importants créanciers de la New York Company de se tourner vers
la Bell Telephone Company pour obtenir un paiement.
En avril, il devint clair pour Hubbard que la Bell Telephone Company devrait
reprendre l'entreprise de Cheever en main. Le 23 avril, Cheever et Roosevelt
ont informé Hubbard qu'ils souhaitaient être relevés
de leurs responsabilités et ont proposé de vendre leur participation
dans la société pour 30 000 $. Ils ont suggéré
que la Now Hnpland Telephone Company souhaitait très probablement
acquérir notre champ d'activité, car ils semblent avoir
beaucoup plus de courage que nous et se montrent prêts à
investir. Ils étaient dans l'entreprise de leur propre localité
peut-être qu'ils aimeraient nous racheter.
Hubbard chargea alors Sanders d'informer le plus grand créancier
de la New York Company de transmettre leurs factures à la Bell
Telephone Company. » Il s'agissait d'une nouvelle ponction sur les
ressources déjà surchargées de la société
mère.
L'agence new-yorkaise a échoué pour plusieurs raisons. Malgré
son évaluation optimiste initiale, Hubbard a finalement été
contraint de conclure que Cheever était « malade et inapte
» à prendre en charge sa propre entreprise. De plus, Hubbard
estimait que Cheever n'était pas entouré d'« hommes
compétents ». Ceci, combiné au fait que Cheever a
essayé d'en faire trop, a lui-même expliqué dans une
large mesure, du moins à Hubbard, l'échec de la compagnie
de téléphone de New York. L'analyse de Sanders était
probablement plus juste. Il estimait que la New York Company avait investi
trop massivement dans la construction et la location de lignes plutôt
que dans la location de lignes. concert avec certaines des compagnies
de télégraphes du district de la ville. L'analyse des états
financiers de Cheever montre en outre que la New York Company avait plus
d'instruments en stock, prêtés pour essai et entre les mains
de ses agents (50 £) qu'elle n'en avait loués (37 £).
Selon les termes définitifs du règlement, la Bell Telephone
Company a accepté de prendre le contrôle de New York propriété
et payer 14 000 $ à Cheever et Roosevelt, laissant un
solde litigieux de 14 000 $ qui devait être réglé
par un arbitre. La société Bell a versé à
la société de New York 2 012,12 $ en espèces
et trois billets de 4 666,6 $ chacun, plus les intérêts.
Hubbard proposa à la Bell Company de payer 8 000 $ sur
la somme litigieuse, Cheever et Roosevelt absorbant le reste de la perte.
Le 30 juillet 1878, les documents transférant les biens
de la Compagnie de téléphone de New York à la Bell
Telephone Company de Boston furent officiellement signés. En contrepartie
des biens cédés, la Bell Telephone Company a accepté
d'assumer toutes les obligations de la Telephone Company of New York.
Selon les estimations de Hubbard, la Bell Company recevait des biens d'une
valeur de 18 553,30 $. Elle a ainsi subi une perte de plus de 6 000
$. Lorsque la Bell Telephone Company a débuté ses activités
en tant que société en juillet 1878, elle a dû faire
face à l'instabilité de la situation à New York et
aux obligations financières qui en découlaient. Heureusement,
elle commandait désormais les services de Theodore N. Vail, à
qui l'on avait confié la responsabilité de sortir la Bell
Company de son impasse new-yorkaise en y créant une nouvelle société
et en s'assurant le soutien d'autres bailleurs de fonds.
Octobre 1878 dans le "Scientic American" Hopkins
décrit comment fabriquer son téléphone :
Le téléphone, bien que généralement bien connu
aujourd'hui, n'est pas moins intéressant qu'il ne l'était
au début. Il existe de nombreuses formes de ce merveilleux instrument,
dont certaines sont très simples, faciles à construire et
à utiliser, tandis que d'autres sont plus compliquées. Le
principe est le même dans toutes.
Dans la gravure ci-jointe, la figure 1 représente un téléphone
en service ; la figure 2 est un instrument facile à construire
; la figure 3 est une coupe verticale d'une partie du même ; la
figure 4 est un téléphone de la forme Bell ; et les figures
5 et 6 illustrent les méthodes de magnétisation des barres
pour téléphones.
Le téléphone représenté sur la figure 2 utilise
deux aimants en U ordinaires, qui peuvent être de n'importe quelle
taille pratique et peuvent être achetés dans presque n'importe
quelle quincaillerie ou magasin de jouets. Un noyau de fer de 80 pieds
est serré entre deux pôles similaires des aimants et est
fileté pour recevoir la bobine, sur laquelle est formée
une bride pour supporter le diaphragme et l'embouchure. Les extrémités
du fil qui forme la bobine sont reliées aux bornes de connexion
vissées dans la bride. Le disque ou diaphragme est constitué
d'une plaque de ferrotype ordinaire, telle qu'on peut s'en procurer chez
n'importe quel photographe.
Le téléphone représenté sur la figure 4 a
un manche en bois qui contient un aimant en barre ronde, K, ayant à
une extrémité une bobine, L, en fil fin isolé. Les
bornes de la bobine sont reliées aux bornes de connexion, N, à
l'extrémité du manche. Le disque en fer, J, est supporté
dans l'embouchure près de l'extrémité de l'aimant.
Lorsque les ondes sonores frappent le disque du téléphone
émetteur, le disque vibre devant l'aimant, et comme il est lui-même
un aimant par induction, sa puissance change constamment pendant qu'il
vibre. Lorsque la plaque se déplace vers la bobine, un courant
est induit dans cette dernière, qui traverse toute la longueur
du fil la reliant à un instrument distant ; lorsque la plaque revient,
un courant inverse s'ensuit. Ces courants ondulants produisent dans le
disque de l'instrument récepteur des vibrations similaires à
celles de l'instrument émetteur.
A l'intention de tous ceux qui désirent construire un téléphone,
nous avons publié dans le SUPPLÉMENT SCIENTIFIC AMERICAN,
n° 142, des instructions complètes, accompagnées de
dessins grandeur nature, pour la fabrication d'un téléphone
fonctionnel.
SUPPLÉMENT 142 page 2261 : COMMENT FABRIQUER UN TÉLÉPHONE
FONCTIONNEL. Par Georce M. Hopkins.
Comme la plupart, sinon tous les lecteurs de ce journal, connaissent le
principe du téléphone articulé, et comme une compréhension
approfondie du principe sur lequel il fonctionne n'est pas essentielle
à la construction de l'instrument, je vais omettre les détails
du principe de fonctionnement, et je vais procéder immédiatement
à la description de la manière dont un téléphone
peut être facilement fabriqué.
La figure 1 de la gravure de la page 2260 montre le téléphone
en fonctionnement actif, un téléphone utilisant des aimants
en U ordinaires.
La figure 3 est une vue en coupe détaillée du même.
La figure 4 est une élévation latérale partiellement
en coupe d'un téléphone qui est essentiellement le même
que celui de Bell. Les figures 5 et 6 représentent des dispositifs
pour magnétiser les barres des téléphones. Les figures
2, 3 et 4 représentent la taille réelle des instruments.
Le téléphone représenté sur les figures 2
et 3 est très facile à fabriquer. Les deux aimants en U,
B, qui peuvent être de la taille indiquée sur la gravure,
ou plus grands ou plus petits, peuvent être achetés dans
presque toutes les quincailleries ou magasins de jouets, et le noyau en
fer doux, A, sur lequel est placée la bobine, D, peut être
fileté extérieurement et aplati pour s'adapter entre les
aimants par n'importe quel forgeron ou ouvrier en fer. Le noyau en fer,
A, doit avoir un diamètre de 30 pouces, et l'extrémité
aplatie qui s'étend sur environ 1 pouce entre les aimants doit
avoir une épaisseur de 14 pouces, et les autres pôles doivent
être séparés de la même distance par un bloc
de bois.
Les deux aimants sont fermement serrés ensemble par les vis, C,
et la vis, qui s'étend à travers l'un d'eux dans un trou
taraudé dans l'autre. Les aimants doivent être disposés
avec des pôles similaires en contact avec le noyau en fer doux,
A.
La bobine en bois, D, a un diamètre de 1 pouce et une longueur
de 50, et a sur son extrémité extérieure une bride
concave, E ayant une surface d'appui annulaire pour le diaphragme ; F.
La bride a un diamètre de 244 pouces et la surface d'appui annulaire
a une largeur de 1/2 pouce, ce qui laisse la partie médiane du
diaphragme, qui a un diamètre de 134 pouces, libre de vibrer.
La bobine est enroulée avec 1/2 once de fil de cuivre recouvert
de soie n° 36 ou n° 38, et les extrémités du fil
sont fixées à de petites vis de serrage, a, qui dépassent
de l'arrière de la bride concave, E.
Le diaphragme, qui est simplement un disque de fer étamé
très léger ou une plaque de ferrotype, a le même diamètre
que la bride, E, sur laquelle il est placé.
L'embouchure, G, est fixée à la bride, E, par trois petites
vis ; le diaphragme étant fixé à trois endroits équidistants
pour permettre ce mode de fixation. Le diamètre de l'ouverture
de l'embouchure est de 14 pouces et l'embouchure, comme la bride, doit
être concave.
La distance entre le diaphragme F et l'extrémité du noyau
en fer doux A est réglée en vissant la bobine D vers le
haut ou vers le bas sur le noyau. Le meilleur réglage consiste
probablement à placer le diaphragme aussi près que possible
de l'extrémité du noyau sans provoquer de secousses lorsque
l'on parle à l'instrument.
Ce téléphone, lorsqu'il est connecté à un
autre du même type au moyen de deux fils porteurs fixés dans
les bornes de connexion, fonctionnera admirablement. Un seul fil peut
être utilisé pour connecter une borne de connexion de chaque
téléphone, l'autre borne de connexion étant connectée
à la conduite d'eau ou à un fil de terre correctement connecté
à de grandes plaques métalliques enterrées dans la
terre constamment humide.
Le téléphone ainsi décrit est plus facile à
fabriquer que celui représenté sur la figure 4, car le problème
de magnétisation de l'acier est évité.
En remplaçant le noyau de fer A par un aimant en barre de 3 pouces
de diamètre et de 5 pouces de long, fileté à une
extrémité, on obtient un téléphone très
compact et facile à régler.
Le téléphone représenté en coupe partielle
sur la figure 4 se compose de 5 parties principales : la poignée
H, l'embouchure I, le diaphragme J, l'aimant K et la bobine L. La poignée
est percée longitudinalement au centre pour recevoir l'aimant rond
K et il y a deux petits trous sur les côtés opposés
de l'aimant, à travers lesquels passent les fils robustes M, qui
sont soudés aux bornes de la bobine L et reliés aux vis
de fixation N à l'extrémité de la poignée.
La poignée H est logée pour recevoir la bobine L et possède
une embouchure I et un diaphragme J qui sont de la même taille que
ceux décrits précédemment.
Dans le cas présent, l'embouchure ou le capuchon est vissé
sur la poignée, mais il peut être fixé avec tout autant
d'avantages au moyen de petites vis, comme le montrent les figures 2 et
3.
La bobine doit être remplie d'environ 1 once. de fil de cuivre recouvert
de soie n° 36 ou n° 38, et les aimants doivent être placés
aussi près que possible du diaphragme sans le toucher, et lorsqu'il
est correctement réglé, il est serré par une vis,
O, à l'extrémité la plus petite de la poignée.
L'aimant en barre, K, a un diamètre de 3 pouces 1/2 et une longueur
de 6 pouces.
La connexion entre deux ou plusieurs téléphones et la connexion
à la terre est effectuée de la manière décrite
précédemment.
Il existe deux méthodes de magnétisation des barres que
je vais décrire. La première chose à faire est de
durcir et de tremper la barre. Cela se fait en la chauffant jusqu'à
ce qu'elle soit rouge cerise foncé et en la plongeant dans de l'eau
froide, puis en tirant la trempe jusqu'à ce qu'elle soit de couleur
paille. La première méthode de magnétisation consiste
à placer à chaque extrémité de la barre d'acier
trempé, Q (fig. 5), un capuchon en fer doux, R, et à enfermer
la barre ainsi armée dans une hélice, P, faite de trois
ou quatre couches de fil de cuivre isolé n° 16, et à
connecter l'hélice à 4 ou 6 piles Bunsen disposées
en fonction de la quantité. L'hélice doit s'étendre
jusqu'aux extrémités des capuchons en fer doux, et elle
doit être déconnectée de la batterie avant de retirer
l'aimant.
Une autre méthode consiste à faire passer une hélice,
8, sur la barre, T (fig. 6). L'hélice, 8, est composée d'environ
10 onces. Le fil de cuivre isolé n° 16 a un diamètre
intérieur de 40 pouces et une longueur d'environ 144 pouces.
L'hélice étant connectée à une batterie de
6 cellules Bunsen, elle est tirée sur la barre d'un bout à
l'autre et ramenée au milieu de la barre lorsque la batterie doit
être déconnectée. Ce sont des méthodes de magnétisation
faciles et peuvent être pratiquées par toute personne possédant
les appareils, mais les aimants ne posséderont pas la force présentée
par des aimants chargés par une puissante machine magnéto-électrique.
Le fil de la ligne téléphonique doit être isolé
de la même manière que les fils télégraphiques.
Pour les lignes courtes, un fil de retour doit être utilisé
; pour les lignes longues, il faudra une connexion à la terre.
Février 1878 vu dans le "Scientic American" Utilisation du téléphone.
Les gens de 'Bell telephone' dans une ville ont adopté le système
de location d'appareils à 50 $ la paire double par an pour une
utilisation sur les lignes locales et refusent de les vendre aux utilisateurs.
Afin d'empêcher toute violation de leurs brevets, ils confient à
des agents le soin de surveiller les tentatives de fabrication privée
de l'invention dans certains districts et, en cas de détection,
d'exiger du fabricant non autorisé le même loyer que s'il
avait régulièrement loué son appareil. Cette méthode
de gestion d'un brevet est rarement couronnée de succès.
L'appareil peut être construit très facilement et pour seulement
quelques cents ; c'est une telle nouveauté que des centaines de
personnes le fabriqueront, ne serait-ce que pour satisfaire leur curiosité,
tandis que d'autres, ayant trouvé des utilisations pour lui, continueront
à l'utiliser aussi librement qu'ils le feraient pour le télégraphe.
Aucun système d'espionnage ne peut tenir compte de tous ces cas,
et par conséquent, il serait probablement beaucoup plus rémunérateur
si l'invention était fabriquée et vendue avec un bénéfice
raisonnable. C'est ce qui se fait déjà en Allemagne, nous
écrit un correspondant, où le professeur Bell n'a pas de
brevets et où l'on peut acheter une paire d'instruments pour six
dollars. En Angleterre, le prix demandé est de 150 dollars, ce
qui est évidemment excessif. Les titulaires et les propriétaires
de brevets commettent une erreur en essayant de réaliser de plus
gros profits en gardant leurs appareils si étroitement. Il y a
plus à gagner en les laissant entrer dans l'usage le plus large
possible et en faisant preuve d'une libéralité raisonnable.
Confrontation Western Union et Bell Company
: UN GÉANT MENACE
La construction du téléphone de Bell était relativement
simple, malgré la complexité du principe scientifique qui
le sous-tendait, comme l'avaient souligné Chauncy Smith et John
Ponton. Par conséquent, plusieurs entreprises ont vu le jour, tentant
ponctuellement de répondre à la demande de téléphones
en fournissant des composants et des instructions permettant à
chacun de créer son propre modèle fonctionnel.
Dès 1877, C. E. Jones & Brother de Cincinnati, fabricants et
revendeurs d'équipements électriques et télégraphiques,
annonçaient comment construire des téléphones et
proposaient un ensemble complet de pièces détachées
pour 5 $. L'entreprise a reconnu sa dette envers Alexander Graham Bell :
« Le principe du téléphone est très ancien,
mais son application a été inventée et brevetée
par A.G. Bell de Boston. ».
Néanmoins, Hubbard déposa une plainte en novembre 1878 et
l'affaire fut finalement réglée au nom des intérêts
de Bell au début de 1879.
Une autre infraction précoce fut celle de L. G. Tillotson Co. de
New York.
Contrairement à l'affaire Jones, l'affaire Tillotson fut réglée
relativement rapidement et à l'amiable. Tillotson a proposé
des composants ayant la forme exacte de ceux des modèles Bell et
a décrit leur méthode d'assemblage, en utilisant même
une illustration de la Bell Company.
Charles Cheever a appelé à une action juridique, arguant
que « chaque jour, le retard ébranle la confiance du
public quant à notre force et fait de nous de nouveaux ennemis ».
Le comportement de Tillotson résultait apparemment d'un malentendu.
Après avoir été informé et avoir obtenu des
explications sur les droits de Bell, il a cessé ses activités
illicites. Il a affirmé n'avoir eu aucune intention de mal agir
et a exprimé ses regrets « à maintes reprises ».
Sous la direction du conseiller juridique de Bell Company, Tillotson and
Company a rédigé une lettre d'excuses publiques. Dans cette
lettre, l'entreprise annonçait avoir cessé la vente de composants
et demandait à ses clients de restituer les téléphones
précédemment vendus et d'être remboursés. Tillotson
a proposé de faire tout son possible pour indemniser la Bell Company.
Malheureusement, tous ces concurrents n'ont pas pu être traités
aussi rapidement et efficacement. D'autres ont nécessité
du temps, de la patience et de l'argent. Parmi eux, le plus important
était Western Union, qui représentait la plus grande menace
concurrentielle pour les intérêts de Bell.
La Western Union Telegraph Company a été la première
à être alertée des possibilités dune
invention téléphonique dans le cadre de ses recherches sur
la télégraphie harmonique. En juillet 1875, le président
William Orton a présenté à Thomas Edison un résumé
d'un rapport sur l'invention de Philip Reis, précurseur du téléphone.
Au printemps 1876, la Western Union versait à Edison une rémunération
mensuelle de 500 dollars pour effectuer des recherches sur le « télégraphe
parlant ».
Lorsque les détails du téléphone de Bell furent rendus
publics, Edison retourna à l'un de ses propres modèles et
découvrit qu'il était également capable de transmettre
des sons, bien que très faiblement. Edison pensait que sa mauvaise
audition l'avait empêché d'entendre les sons indistinctement.
Il écrivit plus tard : « Lorsque Bell a eu cette
idée de téléphone, jai essayé de la
modifier et le son qui sortait de linstrument était si faible
que je ne pouvais pas lentendre. »
Selon Matthew Josephson, biographe dEdison, Edison a reconnu avoir
été largement dépassé et a continué
à améliorer le téléphone, apportant ainsi
sa propre contribution. En effet, les améliorations téléphoniques
dEdison allaient constituer une menace très sérieuse
pour la société Bell.
La décision de la Western Union de se lancer dans le commerce téléphonique
a amené un adversaire redoutable dans ce domaine : la Western
Union Telegraph Company, puissante et riche. En 1876, année de
la création de la Bell Patent Association, le capital de la Western
Union s'élevait à 41 073 410 dollars. Ses
recettes brutes pour l'exercice 1876 s'élevaient à 10 034 983,66
$ et son bénéfice net à 3 399 509,97 $.4
L'année suivante, lorsque Western Union s'est inquiétée
des effets possibles du téléphone, son bénéfice
net a légèrement diminué, reflétant une réduction
du taux moyen de transmission. Elles s'élevaient à 3 140 127,67 $.
Néanmoins, la Western Union possédait d'importantes ressources
financières, comparées à celles de Bell Int'l en
difficulté.
Western Union s'est officiellement lancée dans le secteur du téléphone
en novembre 1877, avec la signature d'un protocole d'accord entre la Harmonic
Telegraph Company et la Gold and Stock Company pour le développement
et l'introduction du téléphone. La Harmonic Telegraph Company
avait été créée en mai 1876 pour développer
et exploiter les inventions d'Elisha Gray. La Gold and Stock Company exploite
un système de télégraphie de données qui transmet
diverses informations financières de la chambre de compensation
de New York aux banques et institutions financières abonnées.
La Gold and Stock Company avait un capital de 2 500 000 $,
dont près de la moitié appartenait à la Western Union.
En réalité, la Gold and Stock Company était une filiale
de la Western Union.
Selon les termes du protocole d'accord, repris dans les articles officiels
de l'accord du 22 décembre 1877, l'Harmonic Telegraph Company et
la Gold and Stock Company ont convenu de créer l'American Speaking
Telephone Company avec un capital de 300 000 $, dont les deux
tiers des actions devait être émis à la Gold and Stock
et un tiers à la Harmonic Telegraph Company.
La Harmonic Telegraph Company a cédé les inventions téléphoniques
d'Elisha Gray à l'American Speaking Telephone
Company. (AST)
Il s'agissait de dix lettres de brevet datées du 20 juillet 1875
au 28 août 1877, et comprenant un « émetteur (et
récepteur) pour télégraphe électro-harmonique »
et un « disjoncteur automatique pour télégraphes
électro-harmoniques à impression. »
La Gold and Stock Company a cédé à l'American Speaking
Telephone Company toutes ses inventions téléphoniques actuelles
et futures, principalement celles qu'elle avait acquises auprès
d'Amos Dolbear. Dolbear, revendiquant la priorité d'invention,
accepta en septembre 1877 de déposer des brevets sur ses inventions
téléphoniques et de les céder à la Gold and
Stock Company, qui devait prendre en charge les frais juridiques et les
dépenses d'obtention desdits brevets. La Gold and Stock Company
et l'Harmonic Telegraph Company convinrent que toute future invention
téléphonique qu'elles pourraient acquérir serait
également cédée à l'American Company. La "Société
de Téléphone Parlant" a, à son tour, cédé
à la "Société d'Or et d'Actions" le «
droit exclusif de fabriquer, d'utiliser, de vendre, de louer ou de concéder
sous licence à des tiers » les inventions téléphoniques
précédemment acquises. Les conditions devaient être
fixées par l'American Company. La Société d'Or et
d'Actions est ainsi devenue l'agent exclusif de l'American Speaking Telephone
Company. La Société d'Or et d'Actions était tenue
d'avancer les fonds et de fournir les garanties. identifier les moyens
et les installations nécessaires à laccomplissement
de ses tâches.
Il était prévu qu'elle avance des fonds pour l'obtention
de brevets et pour la poursuite et la défense des poursuites jugées
nécessaires par les administrateurs de l'American Company, pour
la protection et le développement de l'entreprise. Les droits de
l'Or et des Actions se limitaient à la fabrication, à la
vente, à la location et à l'octroi de licences pour la fabrication
et la vente d'instruments téléphoniques. Ils n'incluaient
pas la construction, la location, la vente ou l'entretien des lignes télégraphiques
sur lesquelles ces instruments devaient être placés. Il est
important de noter que les articles de l'accord contenaient une disposition
selon laquelle il était entendu et convenu que, chaque fois que
des téléphones étaient raccordés à
une ligne existante appartenant à la Gold and Stock Company, le
loyer de la ligne ne devait pas être augmenté au-delà
du loyer fixé par l'American Corporation pour le téléphone.
Lorsque les lignes téléphoniques furent érigées
exclusivement, leur longueur ne devait pas dépasser celle de lignes
similaires sur lesquelles seuls trois instruments télégraphiques
étaient fixés. Cette disposition semble avoir été
destinée à assurer la parité des tarifs téléphoniques
avec ceux de Gold and Stock. Le protocole d'accord et les articles de
l'accord conclus stipulaient que les souscripteurs admettraient les titulaires
des brevets de Bell Telephone. Les titulaires de brevets de Bell pourraient
acquérir un droit de vote d'un quart dans l'American Speaking Telephone
Company. Naturellement, ils devraient accepter les mêmes conditions
que les autres abonnés et, ce faisant, renonceraient à leur
droit d'exercer directement l'activité téléphonique,
puisque Gold and Stock était l'agent unique et exclusif d'AST Co.
Les articles de l'accord devaient rester en vigueur pendant vingt ans.
La Western Union n'était signataire ni du Mémorandum ni
des articles de l'accord et, par conséquent, techniquement, n'était
pas impliquée. Bien sûr, il était clair dès
le départ pour toutes les parties concernées que la Western
Union avait un intérêt dans le succès de l'American
Company et qu'elle jouait en fait un rôle directeur dans ses activités
par l'intermédiaire de la Gold and Stock Company. Les progrès
d'Edison dans le perfectionnement du téléphone améliorèrent
les chances de succès des concurrents de la Bell Company. En mars
1877, Edison avait obtenu des fonds supplémentaires de la Western
Union et envisageait désormais l'utilisation d'un transmetteur
à piles utilisant certains des principes du microphone. Un mois
plus tard, il déposait son premier brevet pour un téléphone.
Ainsi, l'« American Speaking Telephone Company »,
et par son intermédiaire la Western Union, était prête
à affronter la Bell Telephone Company dans sa lutte pour la suprématie
dans le domaine de la téléphonie. Non seulement l'AST possédait
des droits de propriété sur les revendications de priorité
de nombreux inventeurs, mais elle comptait également parmi ses
collaborateurs l'un des plus grands inventeurs américains dans
le domaine de la téléphonie. Par-dessus tout, la société
ASTF était solidement soutenue par les ressources de la GdH&
Stock-Western Union.
Les efforts des détenteurs de brevets Bell pour résoudre
les conflits de revendications de brevets ont commencé dès
le 18 janvier 1877, lorsque Hubbard a indiqué qu'il était
prêt à un compromis avec Elisha Gray sur les interférences
du télégraphe harmonique. Selon l'avocat de Gray, V. D.
Baldwin, Hubbard abandonna l'idée d'unifier la théorie de
Bell et les compétences pratiques de Gray. La suggestion de Hubbard
resta lettre morte, et le litige concernant les inventions du télégraphe
harmonique continua d'inquiéter les titulaires de brevets de Bell,
et ce d'autant plus qu'il était lié à la lutte pour
la Western Union.
Avant la création de la société AST, et alors qu'il
négociait avec la Western Union, Elisha Gray proposait un compromis
avec les intérêts de Bell. Utilisant Charles A. Cheever comme
principal interlocuteur, Gray suggéra aux titulaires de brevets
Bell d'échanger leurs revendications sur le télégraphe
harmonique contre celles de Gray sur le téléphone. Pour
renforcer sa position de négociation, Gray ajouta que ses revendications
téléphoniques couvraient celles d'Edison.
Pendant que Gray négociait avec les titulaires de brevets Bell,
la Western Union cherchait également un arrangement avec eux. Elle
souhaitait soit créer une grande entreprise qui contrôlerait
divers intérêts concurrents, soit gérer l'activité
téléphonique en partenariat avec les intérêts
Bell. Gray finira par rejoindre la Western Union pour créer la
société AST, mais en attendant, il poursuivra des négociations
séparées avec Gardiner C.
Hubbard. Cheever informa Gray de la volonté de Hubbard de « faire
un sacrifice » et lui fit confiance pour sa disposition. Sous
réserve de l'approbation d'Alexander Graham Bell, Hubbard accepta
d'échanger les droits harmoniques de Bell contre ceux de Gray en
matière téléphonique. De plus, il souhaitait que
le procédé télégraphique autographique de
Bell soit protégé. Hubbard souhaitait qu'il soit clairement
entendu que l'accord précédent n'était conclu qu'à
la condition que vous, Gray, disposiez, auprès de l'Office des
brevets ou autrement, de revendications antérieures couvrant les
revendications d'Edison sur l'invention du téléphone telle
qu'elle est actuellement formulée par lui, et bien entendu, couvrant
toutes les revendications similaires qui existent actuellement ou qui
le seront à l'avenir, et qui peuvent être tentées
de la même manière par quiconque.
En septembre 1877, Gray avait autorisé
le président de la Western Union, Grton, à négocier
en son nom. George Walker, vice-président de la Gold and Stock
Company, transmit cette information à Charles Cheever, ainsi que
le fait que la Western Union contrôlait également les inventions
d'Edison et de Dolbear. Malgré tout, Walker était disposé
à un compromis avec Bell Company si ses instruments fonctionnaient
de manière satisfaisante, car la politique de G&S était
de n'avoir aucun rival dans ce domaine digne d'être considéré
comme un concurrent.
Alors que les deux parties réclamaient un compromis, l'avocat en
brevets de Bell, Anthony Pollok, a fait valoir que les brevets de Bell
étaient suffisamment solides pour être utilisés indépendamment
et qu'il n'était donc pas enclin à recommander un compromis
impliquant un grand sacrifice pour les intérêts de Bell.
Il a préconisé une action en justice contre toute contrefaçon
dès qu'il y aurait des preuves tangibles pour la justifier.
Pollok a vivement approuvé le recrutement par la société
de l'éminent avocat Edward N. Dickerson, dont l'opinion, pensait-il,
aurait beaucoup de poids auprès du syndicat des démocrates.
Les détenteurs de brevets Bell semblaient accorder une grande confiance
à la sécurisation des services juridiques clés susceptibles
d'influencer la Western Union. En août, Hubbard avait tenté
d'engager W. D. Baldwin, l'avocat de Gray, pour représenter les
intérêts de Bell contre d'autres parties que Gray. Pendant
la création de l'American Speaking Telephone Company, le président
Orton, agissant par l'intermédiaire d'un tiers, proposa de créer
une société avec un quart d'intérêt pour Bell
et Gray et un demi-intérêt pour la Vfestern Union, représentant
Edison et d'autres. Western Union a proposé de fournir tous les
capitaux nécessaires et a offert des facilités pour une
introduction plus large des téléphones et une protection
adéquate de l'entreprise.
Cheever répondit à l'émissaire d'Orton que tout arrangement
concernant le « Téléphone parlant » devrait
inclure l'« Harmonic », car celui-ci possédait des
caractéristiques couvrant les revendications d'Edison et celles
d'autres contrevenants présents et futurs.
Cheever exhorta Hubbard à un compromis si la Western Union concluait
un arrangement « équitable ». Il appréciait
le fait que les litiges réduiraient le nombre d'instruments pouvant
être loués et mis en vente, ce qui se traduirait par une
location plus faible, une condition hautement indésirable en période
de lutte concurrentielle.
Pendant qu'Orton faisait son offre à la Bell Company, Hubbard envisageait
une consolidation d'intérêts avec l'American District Telegraph
Company et Elisha Gray. Les titulaires de brevets Bell recevraient trois
quarts d'intérêt et Gray un quart d'intérêt
dans le cadre du théâtre, tandis que Gray recevrait trois
quarts d'intérêt et Bell un quart d'intérêt
dans les instruments Harmonic. Le 21 novembre, quatre jours après
la signature du mémorandum créant l'American Speaking Telephone
Company, Elisha Gray sollicita une conférence avec la Bell Company
afin de régler définitivement la question d'une alliance
ou d'un combat. Prétextant n'avoir pas encore conclu d'accord avec
la Western Union, il accepta, « au nom de la paix », un arrangement
portant à la fois sur le télégraphe harmonique et
le téléphone. Lorsque Cheever proposa un compromis excluant
la Western Union, Gray refusa.
En décembre, Gray informa Cheever de l'achèvement de la
création de l'American Speaking Telephone Company.
Il réitéra l'offre d'un quart de participation aux titulaires
de brevets Bell. La Western Union devait apporter la totalité des
fonds, tandis que la Gold and Stock se chargerait de tout le travail et
assumerait la direction de l'activité téléphonique,
sous la responsabilité de l'American Company. Gray se montra disposé
à envisager un arrangement avec la Bell Company pour les inventions
harmoniques, mais les chances réelles d'un compromis séparé
s'achevèrent avec la création de l'American Company.
Rétrospectivement, il semble que Gray n'ait pas été
entièrement honnête dans ses relations avec la Bell Company.
Il prétendit n'avoir conclu aucun accord avec la Western Union,
alors qu'il en avait conclu un. Une déclaration de Gray en octobre
1877 vient également étayer ce point de vue :
"J'ai en poche une proposition du groupe Bell visant à me
racheter le téléphone parlant et à abandonner simultanément
toute prétention sur la fonction télégraphique multiple.
La priorité a fait l'objet de nombreuses discussions entre différentes
parties. Ils tiraient sur les cornes et la queue pendant que je trayais
tranquillement la vache. Gray avait déjà remarqué
qu'il était très occupé à équiper les
lignes télégraphiques de téléphones. Je savais
qu'elle était à moi et tant que je la possédais,
peu importait que les autres se disputent".
Bien que Charles Cheever continuât de prôner un compromis
pacifique, Hubbard commença à s'y opposer vers la fin de
1877. Il pensait que la Bell Company se renforçait de jour en jour
et serait bientôt en mesure de vaincre ses ennemis. Il concéda
une tendance à l'excès de sincérité, mais
ajouta : « Je ne crois pas que la WU Tel Co. possède une
organisation capable d'accomplir grand-chose ; l'argent n'est en aucun
cas le plus important ; il faut du jugement, de l'énergie et de
l'esprit d'entreprise. » Hubbard était soutenu par Thomas
Watson, qui considérait la création de l'American Speaking
Telephone Company et son offre à la Bell Company comme une simple
étape supplémentaire dans la « politique de destruction
» de la Western Union. Il ne pensait pas que les brevets de Bell
gagneraient en valeur s'ils étaient fusionnés avec la Western
Union. En fait, Watson était certain que si la Western Union avait
contrôlé les brevets dès le départ, le nombre
de téléphones actuellement en service ne serait pas dix
fois inférieur. Watson concluait : « Je ne sais pas où
nous allons trouver l'argent pour lutter, mais je suis prêt à
sacrifier mes chances de gagner de l'argent avec le téléphone
plutôt que de me soumettre à une telle imposition. »
En revanche, Thomas Sanders était d'avis qu'« il est de la
plus haute importance que nous prenions toutes les mesures possibles pour
éviter un procès, tout en préservant nos droits.
» L'attitude plus prudente de Sanders reflétait son important
investissement dans la société Bell.
Watson avait moins à perdre et pouvait donc se permettre d'être
plus audacieux.
Bien que Sanders considérait la proposition d'un quart des parts
de l'American Company comme injuste, il estimait que le syndicat des commerçants
était prêt à en proposer une plus avantageuse. Les
revendications de Bell étaient certes les plus solides, mais il
refusait d'engager un procès interminable contre une puissante
entreprise. Cela aurait probablement anéanti tous les bénéfices
de Bell Telephone Company, voire empêché toute perception
de loyers pendant cinq ou six ans, obligeant ainsi l'entreprise à
épuiser toutes ses ressources avant de percevoir ses droits, si
tant est qu'elle les perçoive. Sanders exhorta donc l'entreprise
à proposer les meilleures conditions possibles à «
cette puissante corporation ».
Sanders proposa que la Western Union crée une société
de 52 000 000 d'actions, dont la Bell Company recevrait un quart
ou plus d'actions, et sur laquelle la Western Union garantirait un dividende
minimum de 7 %.
La Bell Company, estimait-il, avait droit à l'intégralité
des bénéfices de tout ce qu'elle avait déjà
accompli, et la nouvelle société, qui s'appellerait également
Bell Company, devrait embaucher tous les agents actuels recommandés
par les intérêts de Bell. Enfin, Sanders insista pour qu'un
accord soit conclu avec Elisha Gray, par lequel la Bell Company deviendrait
copropriétaire des brevets Harmonic. Sanders rappela à Hubbard :
J'espère que vous ne voyez pas l'intérêt d'un compromis,
car je pense que ce serait judicieux même si leurs arguments étaient
plus faibles, car une bagarre est ruineuse, s'ils sont déterminés
à en avoir une, et il semble qu'ils le soient.
Sanders fut acclamé quelques jours plus tard lorsque George L.
Bradley a indiqué avoir obtenu les 50 000 dollars promis pour
le financement de la New England Telephone Company. De plus, les avocats
de Bell ont indiqué que l'opposition ne pouvait pas s'ingérer
dans la location de téléphones de la compagnie et ainsi
bloquer ses revenus. Sanders a alors soutenu une lutte si la compagnie
pouvait être assurée d'être approvisionnée en
« nerfs de la guerre », mais a insisté pour
qu'elle soit retardée le plus longtemps possible.
Il ne fait aucun doute que Hubbard, Sanders et d'autres étaient
confortés dans leur croyance en la suprématie de la Bell
Company par l'existence d'un certain sentiment anti-Western Union dans
les milieux d'affaires. Un représentant du Pennsylvania Railroad
fit part du souhait de son entreprise de voir la Bell Company triompher
dans sa lutte téléphonique contre la Western Union.
À ce stade des négociations, chaque entreprise tenta de
présenter l'autre comme plus disposée au compromis. Thomas
Cornish informa Hubbard que la Western Union faisait circuler l'information
selon laquelle la Bell Telephone Company souhaitait ardemment se joindre
à elle, mais que la Western Union ne le permettrait pas. La Western
Union se vantait également que les instruments de la Bell Company
appartiendraient bientôt au passé. Hubbard, de son côté,
affirma que c'était la Western Union qui souhaitait s'unir à
la Bell Telephone Company et que c'était la Bell Company qui avait
« décliné l'invitation ». Les avocats de Bell
restèrent convaincus que les brevets et les revendications de Bell
étaient invincibles. Pollok et Dickerson s'accordèrent à
dire que la Bell Company n'avait rien à craindre d'un procès
avec Western Union. Ce ne serait ni long ni coûteux.
Une nouvelle phase de négociations s'engagea à la mi-janvier
1878, caractérisée par une plus grande volonté des
intérêts de Bell d'engager une action en justice. « Lorsqu'Elisha
Gray rendit visite à Charles Cheever, ce dernier fut informé
qu'au vu des démarches entreprises par ses bailleurs de fonds,
la Bell Company se trouvait désormais dans une situation où
il lui était impossible de faire la moindre proposition.»
Néanmoins, la Bell Company était intéressée
par un règlement à condition qu'il soit équitable
et qu'il émane de l'autorité compétente et sous une
forme précise. La Bell Company n'examinerait aucune nouvelle proposition.
La Western Union comprenait les idées générales des
titulaires de brevets Bell et une offre fondée sur celles-ci serait
considérée comme acceptable. La Bell Company rejeta tout
arrangement basé sur une participation d'un quart dans la société
AST.
À la même époque, Cheever commença à
signaler, sur la base de discussions avec William Orton et Norvin Green,
président et vice-président de la Western Union, que l'opposition
semblait plus encline à négocier un règlement. Il
fut impressionné par les projets de Western Union visant à
étendre considérablement l'introduction du téléphone.
« Leurs idées sur l'utilisation du téléphone
et le nombre de numéros qui seront introduits dépassent,
selon eux, de loin les limites de nos rêves les plus fous. »
(Peut-être Cheever était-il si impressionné qu'il
imaginait une plus grande volonté de compromis de la part de Western
Union.) Orton et Green avaient tous deux beaucoup à dire sur le
coût du litige, et tous deux furent impressionnés par la
décision de Dickerson de rejoindre la Bell Telephone Company. »
Cheever conclut : « En un mot, la situation est bien plus exagérée
dans tous les détails, telle qu'ils la perçoivent, que telle
que nous la percevons.
Les deux parties exagérèrent leurs propres arguments. Orton
expliqua à Cheever que la Western Union prévoyait d'installer
un ensemble de téléphones fonctionnels dans chaque bureau
de la Western Union [7500] et que la compagnie envisageait d'établir
des antennes dans les magasins de campagne et les bureaux de poste, puis
de les relier aux bureaux principaux de la Western Union par téléphone.
Cheever informa Green que la Bell Telephone Company était prête
à céder plusieurs centaines de milliers de téléphones,
dont le coût ne dépasserait pas un dollar et demi à
deux dollars pièce. Cheever conclut de ses négociations
que, malgré les objections de la Western Union, elle garantirait
un dividende, même de sept pour cent, sur les actions émises
à la Bell Telephone Company. « Compte tenu de la taille
et du nombre indéniables des canons dont ils disposent et de la
résistance ruineuse qu'ils peuvent sans aucun doute opposer au
combat », Cheever proposa la création d'une société
dotée d'un capital de 3 000 000 $, qui serait réparti
entre les différents groupes téléphoniques. Cette
société devait verser aux titulaires de brevets Bell une
redevance d'un dollar par an sur chaque téléphone loué
et garantir, au bout d'un an, une redevance sur au moins vingt-cinq mille
postes téléphoniques. » De plus, Cheever a demandé
une garantie absolue que les intérêts de Bell bénéficieraient
d'une représentation fixe au sein du conseil d'administration,
qui, conformément aux statuts de la société, aurait
le pouvoir d'opposer son veto à toute proposition. Étant
donné que la Western Union prévoyait l'intégration
possible de la société Bell dans son réseau téléphonique
consolidé, et aussi parce que la Western Union n'avait pas encore
loué de téléphone, Sanders pensait que la Western
Union ne voulait pas se battre, mais était en fait prête
à offrir aux brevets Bell tous ceux qu'elle pouvait raisonnablement
demander. Il a donc insisté sur la proposition prévoyant
l'émission d'un bloc d'actions qui acquerrait immédiatement
une valeur marchande grâce à un dividende garanti par Western
Union. Sanders a interprété l'opposition de Hubbard à
cette approche comme étant le résultat de leurs tempéraments
différenciés :
"Je crains que cela n'ait pas assez de poids à vos yeux, car
« un tiens vaut mieux que deux tu l'auras » ne semble
pas faire partie de vos maximes, à condition que l'avenir indéfini
soit radieux, et que le présent semble ne pas vous importer beaucoup.
Vous avez un certain mépris pour l'argent. Un atout enviable, mais
guère souhaitable pour un partenaire commercial. C'est pourquoi
je me sens justifié de vous le rappeler afin que vous réalisiez
l'importance de sécuriser immédiatement une situation solide,
laissant l'avenir se construire de lui-même".
En sécurisant une situation solide, les défenseurs ne voulaient
pas dire que les détenteurs de brevets devaient sacrifier leurs
perspectives d'avenir, mais plutôt qu'ils devaient être prêts
à en faire un profit substantiel à ceux qui les avaient
placés sur cette base.
Ainsi, les défenseurs se sont opposés à un procès
ou à une lutte concurrentielle.
Il conclut qu'il serait impossible pour la compagnie Bell de parvenir
à un compromis satisfaisant avec la Western Union.
Il y avait donc deux alternatives : soit vendre l'intégralité
du téléphone à la Western Union (en protégeant
les agents de Bell autant que possibl e), soit vendre le droit exclusif
d'utiliser le téléphone à certaines fins spécifiques
à la Western Union.
Sanders estimait que les détenteurs de brevets Bell ne pouvaient
agir de concert avec la Western Union, car cela signifierait la fin de
la compagnie de téléphone Bell. Il suggérait qu'il
existait une « belle affaire » en dehors des intérêts
de la Western Union et que la compagnie Bell pourrait peut-être
conclure un accord commercial lui réservant le droit de propriété
sur les lignes téléphoniques privées, sans interférence
avec la Western Union.
Dans ses Instructions aux agents n° 3 du 1er février 1878,
la compagnie Bell a informé ses agents qu'un avocat éminent
avait été retenu et que des poursuites seraient engagées
contre tous les contrevenants.
La compagnie Bell a tenu pour acquis que les tribunaux autoriseraient
des injonctions, après quoi les contrevenants seraient contraints
de lui payer des loyers. Malgré cette annonce, Cheever a réaffirmé
la proposition de la Bell Company à la Western Union. La proposition
était essentiellement la même que son plan du 25 janvier,
sauf qu'elle prévoyait désormais la création d'une
société de 2 000 000 $, dont la moitié
des actions reviendrait à la Bell Company, et que la garantie pour
la première année était portée à 30 000 instruments
et à 60 000 pour la deuxième année. Cette
proposition plus agressive reflétait en partie le conseil de Chauncy
Smith selon lequel la compagnie de téléphone Bell devait
assumer la position selon laquelle elle était la seule entreprise
à posséder quelque chose de valeur et que tout ce qu'elle
désirait de la Western Union était son amitié plutôt
que son opposition. Il a également recommandé de laisser
la Western Union proposer ce qu'elle souhaitait et le montant qu'elle
allait offrir. Si une consolidation était proposée, la Western
Union devait démontrer ce qu'elle possédait et l'autoriser
à se soumettre à un contrôle.
En général, Smith conseilla à la compagnie Bell de
« se retenir et de les laisser parler et montrer leur jeu
sans jamais admettre qu'ils possèdent quoi que ce soit de valeur
sauf leur amitié.»
Après avoir consulté Gardiner Hubbard, Cheever envoya, le
4 février, une proposition officielle à Norvin Green
pour la fusion des intérêts téléphoniques conflictuels.
Cheever a réaffirmé que Bell était l'inventeur initial
du téléphone et que tous les autres fabricants de téléphones
étaient des contrevenants qui seraient presque certainement considérés
comme tels par les tribunaux. Il a reconnu que Western Union n'était
pas d'accord avec cette interprétation, mais a attribué
cela au fait que l'avocat de Western Union ne disposait pas de tous les
éléments du dossier. Cheever a exprimé sa volonté
de conclure un accord, car la société Bell reconnaissait
les importantes facilités offertes par le syndicat des femmes et
était consciente des dépenses importantes qu'impliquait
nécessairement ce litige, sans compter l'effet démoralisant
que cela pouvait avoir sur les clients de Bell.
En conséquence, Cheever a proposé une garantie d'un dollar
sur les téléphones. Ce chiffre est basé sur le fait
que les téléphones fabriqués et loués au cours
des cinq derniers mois rapportaient un loyer annuel de 30 000 $.
En cédant ses activités à la Western Union, la compagnie
de téléphone Bell s'attendait à recevoir une somme
au moins égale à ce qu'elle gagnerait si elle conservait
ces activités. Cheever a appelé à une action rapide,
soulignant que Hubbard négociait pour 50 000 $ afin d'engager
des poursuites. Après avoir rédigé ces propositions,
Cheever a ajouté plusieurs dispositions sur les instructions de
Gardiner Hubbard.
Ces dispositions soulignaient que la Bell Telephone Company était
la seule à posséder des brevets pour les téléphones,
et que si la Western Union louait des téléphones avant de
recevoir des brevets, elle devait nécessairement apparaître
comme un contrefacteur et ne serait pas disposée à attendre
la décision de l'Office des brevets auprès duquel elle avait
fait appel. De plus, une décision contre les brevets de Bell ne
ferait qu'empêcher la société Bell de réaliser
des bénéfices anticipés, tandis qu'une décision
contre Western Union paralyserait ses activités télégraphiques
privées et régionales.
Hubbard, par l'intermédiaire de Cheever, a menacé de conclure
un accord avec d'autres sociétés télégraphiques
du pays, à moins qu'un accord ne soit trouvé. Cheever a
également plaidé pour un règlement à l'amiable
en soulignant que la société Bell possédait trois
années d'expérience précieuse et qu'il était
peu probable que Western Union puisse acquérir la même expérience
dans un délai plus court. Il a expliqué :
"Nous avons l'expérience commerciale, les brevets, le revenu
net et les fonds nécessaires au maintien de nos brevets. La Western
Union possède ses propres lignes, son capital et des machines non
développées, basées sur des revendications non fondées
contre notre brevet".
Les instructions de Hubbard à Cheever exigeaient une garantie sur
au moins 4 000 instruments la première année et
30 000 la deuxième année.
Cheever a ignoré les chiffres de Hubbard afin de les rendre suffisamment
élevés pour pouvoir être revus à la baisse
si nécessaire. Hubbard a demandé qu'au moins deux représentants
de Bell soient nommés au Conseil exécutif et qu'ils en assument
la présidence si la Western Union contrôlait les finances.
Sanders a répondu favorablement à la dernière proposition
de Hubbard, bien qu'il n'ait pas approuvé que la Western Union
révèle le montant que la Bell Company pourrait lever. Il
estimait qu'il valait mieux faire étalage de ses ressources illimitées
plutôt que de révéler des informations et de donner
lieu à une éventuelle révélation de la situation
financière de l'entreprise. Cinquante mille dollars
« sembleraient un peu fragile » à Western
Union. Sanders a vivement encouragé
à essayer d'obtenir un demi-million de dollars d'actions garanties
à sept pour cent. Il a approuvé la candidature de Hubbard
à la présidence, notant :
Compte tenu de ce que vous avez fait, vos revendications méritent
certainement dêtre prises en considération et vous
pouvez compter sur moi pour les faire valoir dans la mesure de mes capacités.
Bien sûr, cependant, je suppose que vous navez pas lintention
de faire une remarque en votre nom.
Cheever était favorable à une demande de redevances sur
la base du montant proposé plutôt que d'une garantie de sept
pour cent, estimant que Western Union concèderait davantage sous
cette forme. Si une redevance était accordée sur la base
de la proposition de février à Green, la société
Bell recevrait plus que sept pour cent sur la base de 500 dollars d'actions.
Admettant qu'il devrait réduire légèrement ses prétentions,
Cheever a jugé sa proposition raisonnable compte tenu du nombre
de téléphones que la société Bell louait avec
ses installations légères.
Après mûre réflexion, les comités des compagnies
Gold and Stock et American Soeaking Telephone ont déclaré
à l'unanimité qu'aucun élément de la proposition
de Cheever de février ne pouvait être accepté sans
modification. Ils estimaient que cette proposition rendait tout nouvel
effort d'accommodement inutile. Cependant, Green a maintenu l'espoir de
négociations en se déclarant prêt à rencontrer
Cheever. Cheever s'est dit choqué par le rejet de sa proposition
par Green.
Cheever espérait que l'opposition examinerait attentivement chaque
point séparément et lui ferait part de ses objections. Une
telle procédure, a-t-il soutenu, faciliterait l'harmonisation des
idées opposées. En réalité, Cheever tentait
de gagner du temps jusqu'à ce qu'Orton, absent, revienne à
New York et puisse reprendre la direction des négociations. Cheever
pensait qu'Orton était beaucoup plus libéral et qu'il parviendrait
à un meilleur accord que le vice-président Green, car il
connaissait mieux la situation et comprenait mieux la force de la position
de la Bell Company. Cheever ignorait ou n'était pas conscient du
malaise entre Orton et Hubbard.
Orton a traité la proposition de Cheever avec moins de mépris,
mais l'a tout de même rejetée. Cheever ne s'est pas découragé,
car il croyait toujours qu'Orton pouvait être persuadé.
Sanders est devenu furieux lorsqu'il a appris le contenu de l'entretien
d'Orton avec Cheever. Selon Sanders, les arguments sur lesquels Orton
fondait ses affirmations concernant Western Union étaient si faibles
que Sanders s'est senti moins disposé que jamais à les prendre
en considération. Mais Sanders était encore moins confiant
quant à la capacité de l'opposition à considérer
favorablement les affirmations de Bell. Sanders était particulièrement
contrarié par l'attitude d'Orton : « Je ne peux
m'empêcher d'être dégoûté par un homme
qui prétend traiter une affaire avec une équité suprême,
alors qu'il sait qu'il est mal représenté. »
Conscient de son hostilité et de celle de Hubbard envers Orton,
Sanders estima que Charles Cheever devait continuer à veiller aux
intérêts de la Bell Company pendant les phases préliminaires
des négociations. De plus, Cheever était parfaitement qualifié
pour cette tâche, car il était basé à New York,
siège de la Western Union, et bénéficiait de la confiance
d'Orton. Sanders était convaincu que l'opposition comprenait chaque
jour davantage la force de la Bell Company et souhaitait donc parvenir
à un accord avec la Western Union. Sanders était également
contrarié par ce qu'il considérait comme le « désintérêt
» ou l'« indifférence » d'Anthony Pollok et de
Chauncy Smith.
La faiblesse de la situation de la Bell Company, telle que Sanders la
comprenait, résultait du « manque de liquidités solides
et stables », qui ne pouvait être assuré que par la
participation d'une grande partie des intérêts du titulaire
du brevet. Par conséquent, Sanders se demandait s'il était
préférable de partager une partie de l'activité permanente
avec les seuls adversaires de la Bell Company plutôt que de la partager.
Un intérêt avec des parties qui ne contribueraient qu'une
petite somme à un litige dont l'issue était douteuse.
Compte tenu de la réticence de Hubbard à céder un
intérêt dans les brevets à des tiers, Sanders était
convaincu que Hubbard était d'accord avec lui. Cependant, Sanders
ne croyait pas à l'existence d'un accord concernant la conclusion
la plus rapide de ce point. Il a écrit : « Si nous sommes
contraints de porter un coup, nous révélerons fatalement
notre faiblesse, et si, après nos menaces, nous négligeons
de porter le coup, nous ne gagnerons certainement pas de terrain. »
Craignant que la compagnie Bell n'ait exagéré sa part en
formulant des exigences exorbitantes, Sanders estimait désormais
qu'elle devait se contenter de 500 000 dollars d'actions garanties
et de tout ce qu'elle pouvait obtenir. Il a appelé à la
promotion et a insisté sur le fait que les titulaires de brevets
« ne se livrent à aucun marchandage ». Bien que les
craintes de Sanders l'aient incité à abandonner ses «
exigences exorbitantes », l'opposition était moins disposée
à faire des compromis. Après avoir rencontré Orton
et Green, Cheever a conclu que la Bell Company devrait se battre un peu
avant de parvenir à un accord raisonnable. Il discerna un «
mouvement résolument rétrograde », car désormais
la Western Union n'offrait pas plus d'un quart de participation en actions
pour les brevets Bell et une garantie ne dépassant pas 20 000 $.
Même la garantie n'était pas très souhaitable sous
la forme présentée. La Western Union ne la garantissait
qu'au nom de l'American Speaking Telephone Company, « une partie
irresponsable dont la garantie ne vaut rien ». Selon l'analyse
de Cheever, la garantie n'était rien de plus qu'un dividende privilégié
de quatre pour cent sur 500 000 $ d'actions. Hubbard lui-même
nétait désormais plus disposé à faire
des compromis. Afin de libérer la compagnie Bell du combat, il
a demandé à Cheever d'informer la Western Union de son souhait
de se retirer des négociations si elle ne parvenait pas à
faire une meilleure proposition. Cheever s'est exécuté,
affirmant qu'il était peu utile de poursuivre les négociations
compte tenu de la grande différence existant entre les deux compagnies.
Apparemment, Sanders n'était pas au courant de cette nouvelle évolution
des négociations, car il a écrit à Hubbard pour lui
demander quelle indemnisation ils demandaient au syndicat des femmes.
Il était également préoccupé par les revendications
de Gray et a suggéré que la compagnie Bell devrait savoir
exactement où en était l'affaire à Washington avant
d'engager des poursuites. Il a observé :
"Un réseau se tisse autour de nous grâce à l'immense
force de l'opposition qui ne ménage aucun effort pour nous réduire
à une position où nos revendications seront bien moindres
qu'elles ne le sont aujourd'hui, avant de faire leur offre finale. J'ai
peur que leur politique soit de retarder et d'atteindre tous ceux qui
nous sont, de quelque manière que ce soit, tributaires de nous,
par la corruption ou par tout autre moyen de leur part, ce qui les détournerait
de nous".
En réponse à la notification de Cheever, Orton considérait
les négociations comme terminées. Cependant, en raison de
la « très grande expérience » de Western
Union en matière de procédures judiciaires, l'entreprise
hésitait à les engager jusqu'à ce que cela soit absolument
nécessaire. Néanmoins, a informé Orton à Cheever,
la Western Union était préparée à toute procédure
susceptible d'être engagée et n'avait aucune appréhension
quant au résultat. Si seulement les parties concernées pouvaient
se rendre compte du coût et du temps nécessaires à
de telles activités, elles pourraient utiliser leurs ressources
plus efficacement. La proposition finale du Western Union a été
faite par Norvin Green le 21 février 1978, le jour même où
Orton a reconnu la fin des négociations formelles. Green a fait
son offre en espérant qu'en cas d'accord avec Cheever, ils pourraient
probablement obtenir l'accord de leurs associés. C-reen a suggéré
de « partager la différence » qui existait
lors de leur dernier entretien et a offert une garantie de cinq pour cent
des actions. Green n'a pas pu aller plus loin que la Gold and Stock Company,
et il pensait qu'il aurait du mal à convaincre Gray de l'accepter.
Green a soutenu que si l'activité téléphonique indivise
se révélait à la hauteur des attentes, les désaccords
sur la garantie ne serviraient à rien puisque « nous obtiendrions
plus que cela »,
Cheever a informé Green qu'il ne croyait pas que les titulaires
de brevets accepteraient ces conditions et qu'il ne pouvait pas leur conseiller
de le faire. Cheever a également offert à Orton plus de
temps, s'il le souhaitait, avant de mettre fin à toutes les négociations.
Cheever informa Green qu'il ne croyait pas que les titulaires de brevets
accepteraient ces conditions et qu'il ne pouvait pas leur conseiller de
le faire. Cheever offrit également à Orton plus de temps,
s'il le souhaitait, avant de mettre fin à toutes les négociations.
De ce fait, les négociations et les communications étaient
apparemment terminées.
La Bell Company envisagea alors de se battre pour conserver son emprise
sur le marché téléphonique. Sanders était
mécontent de cette perspective. Compte tenu de la situation déjà
précaire de l'entreprise, il se demandait où trouver les
fonds nécessaires pour répondre aux exigences financières
du litige. Il a suggéré que la Western Union, ou n'importe
qui d'autre, aurait donné davantage pour que la moitié de
la Bell Telephone Company possède un capital adéquat et
soit efficacement organisée que pour une entreprise entière
qu'ils considéraient comme sans stabilité ni pouvoir. Sanders
a ainsi laissé entendre qu'une grande partie du problème
de Bell Company. était due au refus de Hubbard de fournir ces facteurs
nécessaires par le biais d'une réorganisation de l'entreprise
avec de nouveaux Investisseurs.
Même si les défenseurs n'appréciaient pas cette perspective,
la Bell Company se prépara à une lutte acharnée.
Heureusement, elle put bénéficier de l'aide de la nouvelle
compagnie de téléphone britannique Hewlett-Packard.
Poussé de tous côtés, Hubbard prit des mesures pour
engager une action en justice immédiate.
En février 1878, les perspectives de victoire de la Western Union
s'étaient considérablement améliorées. Il
y avait un téléphone opérationnel. Après l'avoir
minutieusement inspecté et disséqué, Watson a conclu :
"Il fonctionne mieux que quiconque ne l'a encore reconnu. C'est un
travail remarquable et son coût doit être plus élevé
que le nôtre. C'est bien sûr un téléphone simple
et efficace qui fonctionne aussi bien que nos mains, pas mieux".
De plus, Edison avait déjà déposé un brevet
pour son deuxième téléphone. Son téléphone
utilisait un bouton en carbone noir qui, utilisé selon le principe
de la résistance variable en conjonction avec une batterie, produisait
de forts courants de transmission. Ces caractéristiques, associées
à une bobine d'induction, promettaient d'allonger la durée
de vie utile du téléphone de plusieurs centaines de kilomètres
sur les instruments à magnéto de Bell.
Un autre facteur dans l'attitude durcie de la Western Union était
certainement l'effet résiduel de la querelle Orton-Hubbard. Étant
donné les sentiments d'Orton envers Hubbard, on ne peut que se
demander dans quelle mesure Orton était enclin à régler
de vieux griefs. Un commentaire d'Amos Dolbear, rapporté par Thomas
Watson, tend à étayer ce soupçon : « M.
Hubbard a causé des ennuis à l'Union des travailleurs du
textile (WU) et ils étaient déterminés à s'asseoir
sur lui cette fois-ci. » Ces facteurs, ainsi que ses avantages
évidents, ont sans aucun doute incité la Western Union à
rejeter ce qu'elle considérait comme des demandes injustifiées
et largement exagérées de la part de la compagnie de téléphone
Bell.
D'autre part, la compagnie Bell avait ses propres raisons de présenter
des revendications qu'elle considérait comme justifiables et de
refuser de plus en plus de compromis. La société était
convaincue qu'elle détenait le brevet de base sur la téléphonie
et que, tant qu'elle le détenait, elle était seule légalement
autorisée à exercer cette activité. Cette conviction
était renforcée par les avocats de la société,
qui ont constamment soutenu que les arguments de Bell Company étaient
très solides.
Malgré la situation financière précaire de la Bell
Company, Hubbard était convaincu que l'entreprise était
suffisamment solide pour engager le combat contre Western Union. Il avait
tendance à surestimer les avantages réels et potentiels
de l'entreprise. Par exemple, Hubbard accordait une grande confiance à
l'expérience téléphonique de la Bell Company pour
compenser les avantages de l'adversaire. Il semblait croire qu'il serait
relativement simple de créer une organisation dérivée
de la Western Union en utilisant les sociétés de télégraphie
de district existantes. Outre sa confiance illimitée, parfois injustifiée,
Hubbard était également influencé par son hostilité
de longue date envers Orton et la Western Union. Par conséquent,
la situation de la Bell Company semblait s'améliorer. Pour s'améliorer,
il était moins enclin au compromis. En février 1878, la Western Union et la Bell Telephone Company
estimaient pouvoir remporter une lutte concurrentielle et, dans la mesure
où elles étaient convaincues de leur supériorité,
elles étaient peu disposées à faire des concessions
qui auraient pu aboutir à un compromis.
Concurrence au niveau local
Au cours de cette première étape de négociation,
Les agences Bell fonctionnaient sans réelle opposition de la part
de la Western Union sur le terrain. En effet, au début de 1877,
de nombreux directeurs de bureaux de la Western Union de l'Est furent
sollicités et reçurent des agences téléphoniques
Bell. Ces personnes pouvaient être particulièrement utiles
en tant que sous-agents de Bell et sollicitées. Richardson et Barnard,
agents du Sud, ont expliqué qu'il existait de nombreuses régions
du Sud où les conditions ne justifiaient pas l'envoi d'agents pour
construire des lignes courtes, mais que des agents de Western Union étaient
présents sur place et étaient prêts à intervenir
pour l'agence Bell.
Richardson et Barnard prirent soin d'utiliser ces hommes à leur
avantage, et de telle sorte que la Western Union n'en tirât aucun
avantage.
En novembre 1877, Hubbard ordonna à Richardson et Barnard de licencier
tous les employés de la Western Union. Cet ordre reflétait
le mécontentement croissant de la Bell Company face à l'utilisation
du personnel de la Western Union dans ses activités téléphoniques.
La Western Union était également mécontente de sa
relation indirecte avec la société Bell.
L'agent général Frederick Gower a rapporté en octobre
que J. M. Fairchild, directeur de Western Union et sous-agent de Bell,
avait démissionné de son poste de directeur téléphonique
en réponse à une sévère réprimande
du siège social de Western Union.
Fairchild avait accepté de poursuivre son activité de téléphoniste
si Gower lui garantissait un salaire de 1 500 dollars. Gower a conclu
qu'il pouvait recruter des hommes compétents à de meilleures
conditions et a laissé partir Fair Child.
La raison pour laquelle Fair Child s'est senti obligé de « nettoyer
ses affaires » des intérêts de Bell, et la raison
pour laquelle les sous-agents de Western Union à Hartford et Spring
Field ont également signé, était qu'ils étaient
convaincus que Western Union finirait par prendre le contrôle du
secteur téléphonique. De toute évidence, une connexion
établie sous les auspices de Gower ne les protégerait pas
du mécontentement de Western Union une fois les intérêts
de Bell éliminés. Par conséquent, Fair Children a
demandé au moins un an de salaire garanti.
Ainsi, alors que les deux entreprises commençaient à manuvrer
pour se positionner en prévision de leur conflit, chacune cherchait
à s'assurer la loyauté absolue de ses employés. Il
était tout à fait naturel que la société Bell
se méfie d'un sous-agent de Western Union à son service
qui n'avait pas loué un seul téléphone dans une ville
de 80 000 habitants. Par conséquent, la société
Bell a ordonné le renvoi des employés de Western Union de
toutes ses activités, tandis que la société Bell
a commencé à empêcher ses employés d'agir pour
la société Bell. La Western Union s'est apparemment abstenue
de louer ses propres instruments jusqu'en janvier 1878 et ne représentait
donc aucune menace sérieuse pour la Bell Telephone Company ni pour
ses agents. Ainsi, Gardiner Hubbard pouvait écrire en octobre 1877
avec une certaine précision : « La Bell Telephone
Company possède actuellement le seul téléphone du
marché. » Sanders a interprété cette situation
comme une indication de la volonté de Western Union de parvenir
à un règlement raisonnable plutôt que de se battre.
C'était peut-être vrai, mais une raison tout aussi importante,
liée à la trahison, pour laquelle Western Union a tardé
à louer des téléphones, était qu'elle n'était
pas préparée à le faire.
Orton expliqua à Cheever que la Western Union connaissait un retard
de fabrication et que les instruments produits étaient envoyés
à différents endroits comme téléphones d'essai
ou d'exposition. De plus, la Western Union ne disposait pas d'un téléphone
d'usine satisfaisant pour un usage public. Bien qu'Edison ait déposé
un brevet pour un téléphone en avril 1877, celui-ci n'était
pas encore parfait. En juillet 1878, après avoir rendu visite à
Edison et testé son téléphone, l'agent de Bell, Elisha
Wilson, rapporta que certains sons et mots n'étaient pas audibles,
mais que les mots jaillissaient rapidement et avec une grande force. Constatant
qu'Edison serait capable de « parler à tue-tête »
sur n'importe quelle distance s'il parvenait à perfectionner l'article,
Wilson conclut :
Ce téléphone sera sans doute utile, mais je ne pense pas
qu'il soit comparable au Bell. Pour l'instant, je le considère
comme une piètre invention, même s'il peut servir à
imiter des sons pour représenter des mots.
Bien que la Western Union ne louât pas de téléphones,
elle affichait son opposition. Elle annonçait son intérêt
pour la téléphonie dans les quotidiens et se vantait de
la supériorité de ses instruments, espérant dissuader
les particuliers de louer des instruments Bell. Ces tactiques ralentirent
les progrès de certains agents Bell. Certains abonnés, espérant
des instruments moins chers ou de meilleure qualité grâce
à la compétition imminente, ont reporté leur abonnement
aux téléphones Bell.
Une agence Bell a écrit : « Nos agents de Charleston affirment
qu'une partie de ceux qui avaient en partie convenu avec eux pour le téléphone
hésitent maintenant à me louer un téléphone
auprès du syndicat Western. » Le syndicat Western ne s'est
pas limité aux attaques. À certains endroits, il a perquisitionné
des employés de Bell. Par exemple, Elisha Wilson a été
contraint d'arrêter la construction d'une ligne lorsqu'un responsable
de Gold and Stock a embauché ses ouvriers qualifiés. Ces
tactiques, et d'autres encore, s'intensifièrent à mesure
que la concurrence s'intensifiait.
Pendant ce temps, les agents de Bell se battaient du mieux qu'ils pouvaient.
Financièrement incapables de répondre à la publicité
de la Western Union dans le journal, Charles Cheever, de New York, proposa
de fabriquer et d'accrocher sur Broadway, près du siège
de la Western Union, une bannière proclamant en lettres grasses
la primauté des brevets de Bell.
Les agents ont compris l'importance d'obtenir des emplacements stratégiques
avant l'apparition de l'Union occidental. La pénurie d'instruments
n'a pas amélioré leurs chances de triompher de l'opposition.
Cette pénurie, combinée à la menace de l'Union soviétique,
a incité Frederick Gower à adopter une stratégie
ingénieuse. Il a développé son activité dans
des zones ciblées.
Lorsque j'ai constaté l'insuffisance de l'offre d'instruments,
je me suis concentré sur les points où l'on pouvait craindre
une concurrence ou envisager des infractions. Une enquête très
brève a révélé que ces points étaient
d'importants centres de production, et je les promeus actuellement au
détriment des quartiers éloignés, voire au mépris
apparent de ceux-ci. À ce stade du concours, l'agent Thomas Cornish
a pu écrire :
"Je peux dire, dans la langue du grand Daniel Webster, que je vis
toujours et que chaque jour où je vis, je suis en colère
à l'idée de ces hommes qui n'ont pas assez de cervelle pour
inventer, mais assez pour voler. Chaque jour, nous ressentons leur influence.
Nous travaillons toujours plus dur et nous prospérons toujours".
Au moment où l'Union occidentale s'apprêtait à introduire
son télélephone, un accord fut conclu entre la compagnie
Bell et la compagnie téléphonique. George Walker, vice-président
de la Gold and Stock Company, chargea ses agents de fixer leurs prix conformément
à ceux de Bell. Il estimait qu'il serait judicieux de maintenir
les prix aussi uniformes que possible en vue d'une future fusion des intérêts
téléphoniques. Même si les chances de négociation
étaient minces. La stabilité s'étant affaiblie, Hubbard
a encouragé la coopération avec Walker et le respect de
l'entente. C'est pour cette raison que Hubbard s'est opposé à
la politique d'utilisation d'un instrument unique jusqu'à ce que
la Gold and Stock l'adopte elle-même.
Alors que les chances de compromis diminuaient et que la Western Union
commençait à proposer ses téléphones, laccord
fut sélectivement ignoré. Dès le 5 février
1878, G. W. Stockly se plaignait de la concurrence de la Western Union
sous forme de baisse des tarifs, mais dans le West Ham, Sam Hubbard rapportait
que l'opposition avait accepté de facturer les mêmes tarifs
que lui pour la construction des lignes.
Malgré l'intensité croissante de la concurrence de Western
Union, la compagnie Bell continuait de croire qu'elle bénéficiait
d'avantages particuliers. Outre son expérience et son activité
téléphonique opérationnelle, Hubbard considérait
que la meilleure qualité des téléphones et des appels
Bell constituait un avantage certain par rapport à Western Union.
Il prédisait que les instruments Western Union seraient bientôt
en panne, ce qui causerait de gros désagréments aux clients
et jetterait un discrédit sur l'ensemble de leurs opérations.
La plupart des agents de Bell étaient d'accord avec Hubbard sur
le fait que les instruments Western Union étaient inférieurs.
Thomas Cornish, de Philadelphie, après avoir retiré un ensemble
de « faux téléphones », a estimé qu'ils
ne valaient pas « deux centimes pièce, pas beaucoup mieux
qu'une boîte de conserve ». Sam Hubbard a confirmé
la prédiction de Gardiner selon laquelle les instruments de l'Union
soviétique ne dureraient pas trois mois. En fait, Sam a signalé
que le moment était venu plus tôt que prévu, car les
abonnés de Vfestern Union étaient déjà dégoûtés
de leurs instruments et envisageaient de les changer. Ces instruments
étaient si médiocres qu'un WU a sollicité Sam Hubbard
ou s'est associé à lui plutôt que de faire face à
ses clients.
Tous les agents de Bell n'ont pas pu signaler les incidents comme l'a
fait Sam Hubbard. C.P.E.
Burgoyne a suggéré que Gardiner Hubbard sous-estimait la
particularité du téléphone Phelps de la Vfestern
Union. Selon Burgoyne, l'instrument de Phelps fonctionnait presque aussi
bien que celui de Bell. Watson était d'accord avec ce constat :
« Notre instrument était un peu le plus fort, mais l'autre
était plus distinctif et l'articulation était caractérisée
par l'absence totale de la qualité nasale et sonnait bien. »
Malgré de tels rapports, Gardiner Hubbard persistait à affirmer
que l'opposition ne disposait pas encore de téléphones performants
et que, par conséquent, le Western Union ne pouvait pas être
un concurrent sérieux.
Mais Hubbard n'a pas tardé à souligner que le Western Union
tentait de remédier à la situation en cherchant à
prendre le contrôle du téléphone d'Edison, ce qu'il
prétendait être meilleur que n'importe quel autre.
Hubbard lui-même souhaitait acquérir les droits sur le téléphone
d'Edison. À cette époque, Hubbard était associé
à Thomas Edison, après avoir acheté, avec George
L. Bradley, Charles A. Cheever, Hillborne Roosevelt et Uriah S. Painter,
le phonographe Edison. Ironiquement, au moment même où certains
investisseurs de Bell avaient du mal à lever des fonds pour leurs
intérêts téléphoniques respectifs, ces investisseurs
consacraient leurs fonds et leur énergie à la création
de l'Edison Speaking Phonograph Company. Bien que la Phonograph Company
ait été créée pour capitaliser sur l'intérêt
généralisé du public pour la « machine
parlante » d'Edison, en concédant des licences à
des lectrices et des démonstrations publiques, et également
en louant les instruments, certains éléments indiquent qu'elle
devait servir à promouvoir le téléphone Bell. La
Phonograph Company a certainement envisagé de faire appel à
des agents Bell pour exposer et louer les instruments. Il y a même
une suggestion selon laquelle les investisseurs de Bell auraient pu soutenir
le phonographe afin de détourner l'attention d'Edison de ses recherches
sur le téléphone.Watson appréciait vivement cette
possibilité :
"Il serait judicieux de détourner l'attention d'Edison du
téléphone, si possible. On pourrait peut-être y parvenir
en lui expliquant à quel point le phonographe et l'aurophone sont
bien plus intéressants dans le monde entier que les autres. Le
téléphone a fait, etc., etc.
Je crois qu'il travaillera le plus dur sur celui qui lui donne le plus
de renommée".
Quoi qu'il en soit, Hubbard était suffisamment proche d'Edison
pour recevoir un rapport sur le nouveau téléphone à
charbon de la part de S. H. Johnson, l'assistant d'Edison. Johnson a décrit
le principe du succès d'Edison et a expliqué que le téléphone
à charbon d'Edison permettait une clarté absolue de l'articulation,
une augmentation du courant et une maîtrise du bruit d'induction.
Il conclut : « Il transmettra un murmure sur plusieurs kilomètres
ou recevra et transmettra clairement les mots murmurés à
l'émetteur lorsqu'il sera éloigné de 2 mètres
de la bouche. »
Hubbard a répondu au rapport de Johnson en indiquant son souhait
d'acheter le téléphone à charbon si la Western Union
ne le faisait pas. Il pensait que les intérêts de Bell pouvaient
se permettre de payer plus cher que quiconque, en raison de leur maîtrise
du secteur téléphonique. Il a donc Par cur :
« Je suis prêt à lui offrir [à Edison]
douze mille dollars par an et des droits d'auteur sur chaque téléphone
fabriqué sous ses brevets ou ayant un intérêt dans
notre entreprise. »
Hubbard s'est rendu à Menlo Park pour savoir s'il pouvait acquérir
le téléphone à charbon Edison pour la Bell Telephone
Company. Après l'avoir examiné, il a conclu que l'instrument
constituait une contrefaçon, mais a reconnu qu'il pourrait constituer
une amélioration précieuse. Il a sollicité l'avis
d'expert technique de Watson. La réponse initiale de Watson fut
défavorable, mais le 20 avril, il avait modifié son verdict,
circonstance que Hubbard invoqua comme raison pour ne pas avoir obtenu
l'instrument d'Edison.
Chauncy Smith conseilla à Hubbard de demander à Watson de
modifier le téléphone d'Edison et de ne pas perdre de temps
à déposer un brevet sur celui-ci.
Chauncy Smith a conseillé à Hubbard de demander à
Watson de modifier le téléphone d'Edison et de ne pas perdre
de temps à déposer un brevet sur celui-ci en tant qu'amélioration
et non en tant qu'invention originale. Hubbard a expliqué : «
H. Smith dit qu'Edison ne peut pas utiliser son téléphone
sans contrevenir à nos droits, ni à condition qu'il obtienne
un brevet. »
Puisque Watson a approuvé le téléphone d'Edison,
Sanders a convenu que la société Bell devrait essayer de
l'obtenir pour « une raison » Apparemment, Edison et la société
Bell n'ont pas réussi à s'entendre sur les conditions. Edison
a donc cédé son téléphone à la Western
Union pour 6 000 $ par an, et la Western Union a assumé
le risque d'obtenir un brevet. C'était bien moins que la somme
que Hubbard avait indiqué vouloir offrir à Edison.
C'est peut-être là que réside la véritable
raison pour laquelle la compagnie Bell n'a pas réussi à
garantir les droits sur le téléphone d'Edison. Sanders a
jugé les conditions d'Edison inacceptables :
"Je dois dire que les exigences de M. Edison étaient déraisonnables
dans l'état actuel des affaires. Je ne sais pas où nous
pourrions utiliser un téléphone Edison pour en tirer profit
aujourd'hui et je pense que sa rente devrait être calculée
en fonction de ses revenus".
Hubbard n'était pas d'accord avec l'évaluation de son partenaire.
Il appréciait la valeur de l'innovation pour répondre au
besoin de la Western Union d'un instrument, car elle ne possédait
pas d'instrument répondant à un « objectif valable
».
Hubbard a également réalisé que l'instrument Edison,
capable de surmonter l'induction, pouvait être utilisé pour
des lignes de deux ou trois cents kilomètres de long, ce qui permettrait
à la Bell Company de relier des compagnies de district dans différentes
villes. Il a insisté sur le fait qu'un téléphone
Edison pourrait être utilisé immédiatement sur la
ligne de chemin de fer de Pennsylvanie entre New York et Philadelphie.
Étant donné que la compagnie de téléphone
Bell n'a pas réussi à obtenir les droits sur le téléphone
d'Edison, elle a été contrainte de chercher d'autres moyens
pour surmonter le succès d'Edison. Elle a finalement obtenu l'aide
d'inventeurs rivaux dont les revendications pour un téléphone
amélioré dataient d'avant la date d'Edison.
La compagnie de téléphonie Bell estimait que son organisation
constituait un autre avantage dans sa lutte contre la Western Union. Hubbard
pensait que les agents de Bell étaient plus actifs et plus énergiques
parce qu'ils recevaient vingt-cinq pour cent de commission, tandis que
les agents de Western Union n'en recevaient que dix pour cent. Selon l'agent
de Bell, James Hamblet, la Western Union offrait peu d'incitations à
ses employés pour promouvoir l'entreprise. Sam Hubbard a obtenu
les services d'un employé de Western Union, en partie à
cause de son mécontentement face à la manière dont
il avait été traité. Thomas Watson, visitant les
agences et observant d'abord la menace de Western Union, a approuvé
Hubbard :
"Je ne vois aucune raison de craindre le WU pour l'instant, si nous
avons des agents intelligents et respectueux, qui comprennent parfaitement
le secteur et qui ont confiance en nous en tant que Co. Mais partout où
nous avons un agent inefficace, le WU nous devancera certainement".
Hubbard pensait que la Western Union était handicapée parce
qu'elle agissait par l'intermédiaire de la Gold and Stock Company,
qui était en opposition avec diverses sociétés de
télégraphie de district. C'est pour cette raison que la
Bell Company proposait des termes génériques aux compagnies
de district pour les inciter à devenir des agents de Bell. Hubbard
résumait ce qu'il considérait comme un avantage pour sa
compagnie :
« Gold and Stock » sont nos concurrents. Le
salaire total est un salaire fixe, pas aussi élevé que les
salaires moyens, et pour équilibrer cela, la WU Co a récemment
réduit les salaires des opérateurs de 10 %. De l'autre
côté, nous avons pour objectif de créer une meilleure
organisation, de rémunérer un employé plus de deux
fois plus et de reverser à nos agents tous les bénéfices
tirés de la construction des lignes. Vous pouvez juger, comme moi,
laquelle des deux réussira à long terme. Les avantages de
la Western Union sont cependant rapidement devenus évidents pour
Hubbard et la Bell Company. Elle proposait des instruments à des
tarifs réduits. G. W.
Stockly a rapporté qu'un responsable de Western Union suivait ses
agents et proposait des réductions de prix aux clients, tout en
évitant généralement tout contact avec ses clients.
La baisse des tarifs de Western Union était particulièrement
difficile pour les agents de Bell, car ils ne pouvaient pas réagir.
Les tarifs et réductions des téléphones Bell étaient
fixés par contrat et les agents navaient donc pas le pouvoir
de les modifier.
Les Instructions aux agents, n° 3, leur rappelaient clairement qu'«
aucun agent de cette société n'est autorisé à
réduire les loyers ni à accorder des réductions ».
Face à la concurrence des prix, Bell a dû implorer la société
mère d'autoriser la baisse des tarifs. On a avancé qu'une
fois l'ennemi chassé du terrain, les réductions de prix
pourraient être compensées par l'augmentation du volume des
locations. Comme l'a écrit un agent :
"Maintenant, j'aimerais que vous me donniez le privilège de
concurrencer le WU en termes de prix. Je veux les battre sur tous les
plans et, dans l'état actuel des choses, je ne peux pas le faire.
Ce que je veux, c'est pouvoir dire que je proposerai des instruments aussi
bon marché que ceux de la W. Union".
Le plus grand avantage de l'Union des femmes était son système
de lignes télégraphiques, facilement adaptable pour une
utilisation par téléphone.
Un agent de Bell a expliqué :
"Le colonel Talcot, surintendant de Danville Rr. dit qu'elle préférerait
utiliser les instruments Bell, mais que la WU lui propose une ligne déjà
construite et, bien sûr, il lui revient moins cher d'utiliser son
téléphone avec ses installations pour les réseaux
filaires etc ...".
Si la Bell Company s'estimait chanceuse grâce à son expérience
dans le domaine de la téléphonie, la Western Union, avec
sa longue expérience et son organisation dans la construction de
lignes électriques, l'a été encore plus. Les agents
de Bell ont tenté de suivre le rythme des agents de Western Union
en créant des lignes de distribution, mais ont finalement admis
qu'ils n'étaient pas à la hauteur de l'efficacité
de l'organisation Western Union.
Western Union pourrait proposer à ses clients non seulement des
téléphones à tarifs réduits, mais aussi des
lignes presque gratuites. Comme l'a déploré un agent de
Bell : « La WU Co. fournit des lignes téléphoniques
gratuites pour les faire entrer [les téléphones d'AST Co.].
Je ne peux pas le faire. »
En essayant de capter des abonnés, la WU a fourni des cordons électriques
gratuitement, forçant ainsi la Bell Company à envisager
de faire de même. La Western Union proposait non seulement des tarifs
avantageux, mais aussi des conditions de paiement avantageuses.
Dans certaines régions, elle autorisait les abonnés à
louer des lignes au mois, tandis que la compagnie Bell exigeait des loyers
annuels payés d'avance. Un agent l'a reconnu.
Si Western Union continuait à louer des téléphones,
la société Bell devrait modifier ses conditions, car les
abonnés ne continueraient pas à louer des lignes à
des conditions aussi strictes alors que Western Union proposait des conditions
plus avantageuses. « Western Union était en concurrence
pour les abonnements aux centraux ainsi que pour les abonnements aux lignes
privées. Elle appliquait bon nombre des mêmes tactiques que
celles utilisées contre les agences de lignes privées. »
Dans certains cas, Western Union a proposé de connecter gratuitement
ses abonnés à un central téléphonique central
pendant un an.
Cependant, les centraux Western Union offraient généralement
des tarifs inférieurs à ceux de Bell. Un agent de Bell s'est
plaint :
"La société WU sollicite des abonnements à un
central téléphonique concurrent à 50 $ par an
sur le même plan. Peu importe aux abonnés que cette entreprise
n'ait pas le droit d'utiliser le téléphone, mais cela menace
(du moins pour le moment) d'interférer gravement avec nos abonnements.
Nous basons nos abonnements uniquement sur un bénéfice équitable,
et à moins que les téléphones ne soient remis aux
grands de WU, aucun bénéfice ne peut être réalisé
dans un tel système. Leur motivation est évidente".
Bien que les bourses fixent leurs propres taux pour les abonnés,
ces taux sont largement déterminés par le coût de
leurs instruments.
Par conséquent, les agents de change demandent fréquemment
une réduction du coût de leurs instruments afin de pouvoir
faire face à l'opposition et maintenir leur position dominante
sans perte. Dans les endroits où la Western Union a établi
un véritable système d'échange central et où
la Bell Company n'en avait pas ou disposait simplement d'un système
de district où les appels étaient uniquement à sens
unique, la Western Union a gravement compromis les chances de succès
de la Bell Company.
Contrairement aux vues de Hubbard, la Western Union bénéficiait
d'une position plus avantageuse, précisément en raison de
son expérience et de son organisation. C'était puissant
et efficace. Hubbard a rapporté que les gens avaient peur de rejoindre
sa bourse centrale, car l'opposition « est dans le métier
depuis si longtemps qu'il sera difficile d'obtenir un quelconque avantage
sur elle ». La Western Union disposait d'un vaste réseau
d'agents qu'elle pouvait utiliser pour louer des téléphones.
Par conséquent, lorsque l'agent Bell fut renvoyé de l'État
de New York et que son successeur tarda à arriver, la Western Union
put capitaliser sur la situation. Elle indiqua que la Bell Telephone Company
s'était retirée du marché. Lorsque le nouvel agent
Bell arriva enfin, il fut dissout. Il a été souligné
que la Western Union avait loué de nombreux instruments.
Lorsque toutes les autres tactiques ont échoué, la Western
Union a pu faire appel à sa vaste influence. Bien que Hubbard ait
cru pouvoir mobiliser les entreprises régionales contre la Western
Union, c'est en fait la Western Union qui a exercé une forte influence
sur elles, car les entreprises de télécommunication privées
étaient étroitement liées à la plus grande
entreprise de télécommunication du pays. L'entreprise, la
Western Union, utilisait ces connexions chaque fois que nécessaire
pour dissuader les entreprises de district de rejoindre les forces Bell.
Une compagnie américaine de télécommunications de
district utilisant les téléphones Bell a été
informée que le président Orton avait décidé
de ne plus bénéficier d'une connexion professionnelle avec
la Western Union tant qu'elle était affiliée à la
compagnie de télécommunications Bell. Cette société
de district a non seulement été contrainte de rompre ses
liens avec la Western Union, mais elle a également perdu le bénéfice
du coût peu élevé et d'autres avantages : son
site a bénéficié du partage de quartiers avec une
société de télégraphie contrôlée
par la Western Union. L'agent de Bell a écrit :
"Pour conclure ce contrat avec vous, nous sacrifierons notre bon
marché dans ce bureau si bien situé. Les importantes dépenses
que nous économisons en ayant des employés d'A&P dans
notre entreprise la nuit, le dimanche, etc. Mon propre salaire sera considérablement
réduit par ce changement. Tout cela, nous le faisons en nous appuyant
uniquement sur notre foi en la clarté absolue de notre titre".
Une compagnie de district, souhaitant se libérer de sa connexion
Vfestern Union, a entrepris l'ambitieux programme de retrait de ses lignes
des pôles Vfestern Union.
L'influence de Western Union ne s'est pas limitée aux compagnies
de télégraphie de district. Lorsqu'un employé des
chemins de fer s'est renseigné sur la construction d'une ligne
reliant plusieurs compagnies de navigation à vapeur et chemins
de fer, il a été contraint de rejeter l'offre de Bell, même
si elle était exactement la même que celle de Western Union.
L'agent de Bell a expliqué :
"Il n'y a aucune différence de coût à prendre
en compte. La Western Union a « bulldozé »
les hommes du bateau à vapeur et a déclaré qu'elle
leur refuserait certains privilèges s'ils ne prenaient pas leurs
téléphones et, finalement, ils ont adopté les instruments
de la Western Union".
Les gens ne semblent pas se soucier du droit à la justice tant
qu'ils ne subissent aucune perte pécuniaire. « En cas
d'échec, les agents Western Union avaient parfois recours à
la force pure et simple.» Dans ce cas extrême, leur tactique
préférée consistait à couper les lignes téléphoniques
Bell et à détruire et interrompre les circuits.» Un
employé de Bell a rappelé plus tard :
" La compagnie de téléphone de New York avait
une très grande structure sur le toit de la Sherman House
Un jour, plusieurs de nos circuits reliés à la structure
ont cessé de fonctionner. J'ai envoyé des monteurs de lignes
à la recherche du problème. Ils m'ont signalé qu'ils
avaient été coupés. J'étais profondément
convaincu de l'auteur de ce délit, car il était un ancien
monteur de lignes de Western Union, alors employé par la société
Edison, et nous avions déjà eu des cas de croisement de
fils. Ils n'étaient pas les seuls internes, loin de là
Certains de nos jeunes opérateurs entendaient des messages sur
leurs lignes et commandaient des chariots à leurs abonnés,
ce qui a généré un grand taux de satisfaction".
En concurrence avec les agents de Western Union, les responsables de Bell
ont fait valoir la moralité de leur propre argument.
L'agent Burgoyne a déclaré à un abonné que
s'il utilisait un instrument de Western Union, ce serait comme recevoir
des biens volés. Watson, cherchant à dissuader un abonné
de remplacer un instrument de Western Union par celui de la Gold and Stock
Company, a décrit Western Union comme une entreprise déloyale
tentant d'écraser une petite entreprise, même si c'était
un « enfant sain ». « Laissant de côté
la question des poursuites judiciaires, etc., je lui ai dit qu'en tant
qu'homme d'affaires honorable, il ne devait pas encourager la fraude en
utilisant le téléphone Western Union.»
Dans les deux cas, les abonnés ont répondu que Western Union
proposait de les protéger, ainsi que les autres utilisateurs, contre
toute action en justice et de payer tous les frais en cas de poursuites.
Les tarifs plus bas et les garanties légales de Western Union ont
rendu inefficaces les menaces de poursuites contre les contrevenants,
leur arme principale, et ont parfois donné lieu à des moqueries.
Parfois, la perspective d'une action en justice suffisait à effrayer
dix abonnés de Western Union et à les amener à regretter
leur décision, mais le résultat décrit par un agent
de Bell était plus typique :
"En concurrence avec les agents de Western Union, les responsables
de Bell ont fait valoir la moralité de leur propre argument. L'agent
Burgoyne a déclaré à un abonné que s'il utilisait
un instrument de Western Union, ce serait comme recevoir des biens volés.
Watson, cherchant à dissuader un abonné de remplacer un
instrument de Western Union par celui de la Gold and Stock Company, a
décrit Western Union comme une entreprise déloyale tentant
d'écraser une petite entreprise, même si c'était un
« enfant sain ». « Laissant de côté
la question des poursuites judiciaires, etc., je lui ai dit qu'en tant
qu'homme d'affaires honorable, il ne devait pas encourager la fraude en
utilisant le téléphone Western Union."
Dans les deux cas, les abonnés ont répondu que Western Union
proposait de les protéger, ainsi que les autres utilisateurs, contre
toute action en justice et de payer tous les frais en cas de poursuites.
Les tarifs plus bas et les garanties légales de Western Union ont
rendu inefficaces les menaces de poursuites contre les contrevenants,
leur arme principale, et ont parfois donné lieu à des moqueries.
Parfois, la perspective d'une action en justice suffisait à effrayer
dix abonnés de Western Union et à les amener à regretter
leur décision, mais le résultat le plus courant était
décrit par un agent de Bell, garantissant sa position en cas d'accord
avec Western Union
Les craintes des agents ont été renforcées par la
lenteur de la Bell Company à instaurer une action légale :
"ils ignorent totalement laction de la Bell Company pour protéger
leurs droits et sont contraints de faire face à une concurrence
des prix si malsaine que toute leur perception sen trouve modifiée.
Bien que je ne pense pas que Bell Co. conclura un quelconque arrangement
avec WU qui sacrifierait ses agents, il me semble étrange que ces
entrepreneurs soient autorisés à vendre leurs marchandises
avec une impunité aussi apparente".
En vertu des termes de ses contrats, Bell Telephone Company était
tenue de protéger ses agents contre toute contestation judiciaire.
La société Bell était tenue de payer toutes les exonérations
légales pour la protection de ses brevets, mais disposait d'un
contrôle total sur les poursuites. Les agents, à leur tour,
étaient tenus de notifier à la société mère
toute contrefaçon sur leur territoire. Invoquant leurs droits et
s'appuyant sur l'assurance de la société Bell qu'elle engagerait
des poursuites « immédiatement », les agents
ont commencé à exiger une action.
Voyant que celle-ci n'était pas imminente, les agents et les abonnés
ont attribué le retard de la société Bell à
son incapacité à protéger ses droits. Les agents
ont vivement insisté pour que des mesures soient prises, de peur
que, sans cela, la société Bell, selon eux, ne puisse survivre.
Cela réduirait considérablement ses chances de succès.
Non seulement la Bell Company aurait une « armée à
combattre » si elle n'agissait pas de manière décisive,
mais sa force serait affaiblie. Les agents seraient peu susceptibles de
développer leurs activités si la Western Union n'était
pas au moins contestée. De plus,
" À moins qu'une certaine opacité ne soit donnée
au fait que la Bell Co. contrôle « Les agents du téléphone
sont déterminés à protéger leurs droits et
ont déjà engagé des poursuites judiciaires contre
la Vfestern Union Co. Vous ne pouvez pas vous attendre à obtenir
des capitaux dans de nouvelles compagnies téléphoniques
de district si, dès le départ, elles sont affrontées
par l'ennemi en pleine force".
Hubbard et Sanders ont tous deux reconnu la nécessité d'engager
rapidement une action en justice. Sanders a expliqué à un
agent que l'entreprise tardait à agir afin de ne pas commettre
d'erreurs lors des étapes préliminaires. Cependant, dès
le début de la procédure, Sanders a exhorté Hubbard
à ne pas engager les poursuites dans les circonstances actuelles
de l'entreprise. Étant donné que des négociations
étaient en cours pour la réorganisation de la compagnie
de téléphone Bell avec capital, la loi actuelle ne créerait
que désagréments et malentendus.
Le juge C. S. Bradley, figure importante de la réorganisation,
doutait également de l'opportunité d'engager un procès
qui risquait d'être long et coûteux sans avoir le « nerf
de la guerre », d'autant plus qu'il comprenait que la Bell
Company n'était pas financièrement solide. Sanders, convaincu
que la Bell Company bénéficiait d'avantages particuliers,
même face à la menace accrue de l'Union soviétique,
continua d'insister pour que l'affaire soit retardée : "La
sympathie du peuple est avec nous contre le WU... Nos agents se consacrent
entièrement à l'affaire en cours, à savoir la location
de téléphones, alors que le WU a divisé et diversifié
ses intérêts et n'a aucun « esprit de corps ».
C'est là que réside notre force jusqu'à ce que les
lois appropriées soient à nouveau décidées".
Hubbard nétait pas daccord avec Sanders. Il a exhorté
à agir rapidement, car il faudrait un certain temps avant que la
nouvelle Compagnie Bell puisse être organisée, et il serait
injustifié d'attendre. Sanders a convenu avec Hubbard que la Compagnie
Bell avait « assez longtemps jeté des pierres »,
mais, conformément à son tempérament, il a appelé
à la prudence :
"Je suppose qu'il n'y a aucun doute quant à la formation de
la Compagnie Nationale, mais tant que nous ne serons pas en poste, j'aurais
peur d'engager des poursuites judiciaires. J'approuve tout à fait
l'avis que vous envoyez pour publication, mais comme nous ne voulons plus
proférer de menaces en l'air, ne devrions-nous pas attendre d'avoir
de l'argent pour défendre nos poursuites avant de les publier".
À l'époque où Hubbard et Sanders débattaient
de l'opportunité d'engager des poursuites judiciaires immédiates,
un événement se produisit qui poussa de nombreux responsables
du Bell à espérer qu'un procès serait inutile :
le 22 avril 1878, le président William Orton, de l'Union des démocrates,
décéda. L'agent Cornish commenta :
"Je n'ai pas entendu dire si la mort d'Orton était une mort
naturelle ou un « remords ». Certes, son déplacement
avec « notre » téléphone ne la pas aidé
à obtenir une meilleure place au Paradis une triste leçon
pour tous ceux qui pourraient faire le mal".
Hubbard considérait que la Bell Company était renforcée
proportionnellement à l'affaiblissement de la Western Union par
la mort d'Orton. Il pensait que la Western Union ne trouverait pas de
sitôt un dirigeant égal à Orton en termes de compétences,
de connaissances ou d'appréciation du téléphone.
Mais Fenders avait peut-être une appréciation encore plus
claire du bénéfice de la mort d'Orton lorsqu'il écrivait :
"Je n'aime pas me réjouir d'un tel événement,
mais il me semble que cela nous facilitera la tâche. Un homme puissant
dans sa position et son animosité envers M. Hubbard, j'en suis
convaincu, nous ont causé un grand préjudice. Il n'a jamais
voulu que GGH gagne un seul dollar s'il pouvait l'aider".
Anson Stager, président de la Western Electric Company, renouvela
alors ses efforts pour trouver un compromis entre la Western Union et
la Bell.
Mais la Bell Company se renforçait de jour en jour, des négociations
étaient en cours pour apporter de nouveaux capitaux et Hubbard
rejeta donc l'offre de Stager.
Le 1er mai, Sanders se montrait optimiste : " Tout semble
prometteur, sauf l'inévitable retard qui nous ramènera dans
nos affaires juridiques. "
Alors que Sanders et Hubbard étaient tous deux impatients d'engager
des poursuites judiciaires contre le Life Star Union, ils continuèrent
à désespérer du moment opportun. Invoquant la « situation
financière déplorable » de l'entreprise, Sanders
insista sur le fait qu'il était souhaitable d'attendre la création
de la nouvelle Bell Company :
" Je dois protester contre la création de nouvelles obligations
jusqu'à ce que nous puissions honorer nos anciennes obligations.
Hubbard a soutenu au contraire qu'il était nécessaire d'engager
des poursuites afin de réunir l'argent nécessaire pour les
financer, et que la société perdrait ses agents et ses locataires.
Il a nié que les finances de la société étaient
dans un état lamentable. Je n'ai eu qu'un seul avis concernant
l'opportunité d'engager des poursuites au cours des quatre derniers
mois et j'ai insisté pour qu'elles soient engagées depuis
lors. Vous seriez bien plus riche que vous ne l'êtes aujourd'hui
si mon conseil avait été suivi, les poursuites engagées
et les frais payés. On ne peut pas faire face à nos anciennes
obligations sans en contracter de nouvelles".
Bien que Hubbard fût ferme dans ses convictions, le point de vue
de Sanders prévalut. Il était soutenu par C. S. Hubbard
et Chauncy Smith. Le procès, la principale attaque juridique de
la Bell Company contre la Western Union, ne fut intenté qu'après
la réorganisation de la Bell Telephone Company en société
anonyme.
La menace de concurrence pendant 1877 semble avoir été plus
grande que sa réalité. Bien que les agents de Bell se soient
plaints des activités de Western Union et de l'augmentation des
locations de téléphones contrefaits, il semble qu'en raison
de la forte demande de téléphones et de l'incapacité
de Bell Company à les fournir, Western Union n'ait pas réellement
nui à l'activité de Bell Company. Certes, la compagnie de
téléphone Bell et ses agents n'avaient pas le champ libre
qu'ils espéraient en raison du brevet de Bell, mais la perte d'activité
qu'ils ont subie semble minime.
L'activité de la Bell Company a diminué au début
de 1878, lorsque la Western Union a commencé à proposer
sérieusement ses propres instruments. Le nombre d'instruments expédiés
par Bell Company à ses agents a considérablement diminué
en avril, mai et juillet, ce qui pourrait être dû à
une activité accrue de Western Union, mais aussi à un réajustement
des activités de l'entreprise. Un agent de Bell a expliqué :
"Je suis conscient que nous n'obtenons pas autant de commandes sur
notre territoire qu'il y a quelques mois, mais cela ne signifie pas nécessairement
que nous ne prenons pas en charge les affaires. Nous avons fait ce que
nous pensions être la chose la plus sage à faire. Au départ,
nous avons précipité le lancement de l'entreprise alors
qu'elle était encore nouvelle et avant que l'opposition ne surgisse,
en testant des téléphones partout où il était
possible de les conserver ou de les utiliser. Résultat : nous
avons loué un grand nombre de téléphones et répondu
à toutes les demandes importantes. Bien sûr, le calme règne
et les clients sont moins nombreux. plus difficile à sécuriser".
En effet, l'activité de Western Union aurait pu être bénéfique
à la compagnie de téléphone Bell. De retour d'une
tournée d'inspection, Watson rapporta en 1878 que l'opposition
à Western Union était une « fraude » et qu'il
estimait qu'elle servait à « stimuler la situation dans presque
tous les endroits où je suis allé ». Ce point de vue
constituait une raison supplémentaire pour retarder les poursuites
judiciaires contre Western Union. La société Bell a expliqué
: " Il n'y a que du vent de la part de nos ennemis, nos agents font
tout le travail. Tant que l'efficacité de nos agents nous permet
de tenir le coup, nous pouvons prendre notre temps et notre place pour
porter plainte".
Néanmoins, les agents et les dirigeants étaient clairement
effrayés par la présence de Western Union sur les réseaux
téléphoniques, et la société mère a
réagi en se préparant à engager des poursuites judiciaires
et à affronter l'opposition de front. Un affrontement direct d'une
importance durable a eu lieu à Chicago, où la Bell Telephone
Company estimait que les enjeux étaient très importants.
L'agence de Chicago a vu le jour de manière assez similaire à
d'autres agences de lignes privées.
La Western Electric Company, important fournisseur de biens électriques,
a demandé à Gardiner G. Hubbard l'autorisation de louer
des téléphones. Comme beaucoup d'autres agents potentiels,
elle avait déjà reçu des candidatures pour des services
téléphoniques.
Le développement de l'agence de Chicago, sous la direction de la
Western Electric Company, était également assez similaire
à celui d'autres agences. Elle était confrontée à
une offre insuffisante d'instruments, à l'insatisfaction de 4 clients
à l'idée de louer plutôt que d'acheter des téléphones,
à des interférences électriques et à une insuffisance
d'informations de la part de la compagnie Bell Telephone.
À la fin de 1877, Hubbard commença à exprimer sa
crainte que la Western Electric Company ne développe pas l'activité
d'agence aussi activement qu'elle le pourrait. Cette crainte, et son désir
d'envoyer son propre téléphone sollicité à
Chicago, pourraient provenir de ses soupçons quant aux liens étroits
de l'agence avec Victoria Union, puisque Victoria Electric était
affiliée à cette dernière. La Bell Company se préparait
déjà à rompre de telles relations avec d'autres agences.
Western Electric s'est défendue contre les critiques de Hubbard
en affirmant que ses activités d'agence étaient infructueuses
en raison des problèmes électriques particuliers rencontrés
lors de l'utilisation d'un téléphone dans la ville de Chicago.
Bien que l'agence Western Electric n'ait pas été dissoute,
Hubbard était toujours favorable à l'idée d'envoyer
quelqu'un à Chicago pour travailler sur l'entreprise et partager
les bénéfices avec Western Electric. Ses soupçons
quant au lien entre les faibles performances de Western Electric et sa
relation avec Western Union se sont renforcés lorsqu'il a appris
que l'entreprise construisait des téléphones pour Western
Electric. L'agent Stockly de Cleveland a écrit à Hubbard
:
"Je suis très certain que la WE Co ne précipitera pas
le Bell'Tel ni ne fera quoi que ce soit à ce sujet, et elle estime
qu'un point aussi important devrait être occupé immédiatement.
Si vous décidez de révoquer l'agence donnez-nous une
chance".
Fin décembre, Enos Barton, secrétaire
de la Western Electric Company, a suggéré que, puisque sa
société s'apprêtait à fabriquer activement
des téléphones pour la Gold and Stock Company, il serait
judicieux de fermer l'agence Bell. Il a nié avoir précédemment
conclu des accords de « rouille » qui auraient empêché
Western Electric de faire tout ce qui était en son pouvoir pour
la Bell Company et a souligné qu'elle avait loué tous les
instruments qu'elle avait pu obtenir. Le président Anson Stager
a toutefois indiqué que ce secrétaire avait agi sans autorisation,
exprimant ainsi son souhait de mettre fin à l'agence. Stager a
expliqué que la Western Electric Company fabriquait les appareils
d'Elisha Gray depuis 1874, mais qu'elle n'avait rien fait de plus et qu'elle
était tenue de continuer à fabriquer les instruments de
Gray jusqu'à ce qu'elle soit informée de sa disparition.
Stager a assuré Hubbard que la Western Electric Company n'avait
aucun intérêt direct dans le développement d'un autre
téléphone que le Bell et qu'elle faisait de son mieux pour
le promouvoir. Il a réaffirmé que cette agence avait été
fidèle à la Bell Company, mais a ajouté que si Hubbard
continuait de proposer d'envoyer son propre agent à Chicago, la
Bell Company considérerait cela comme un reflet de sa capacité
commerciale et de son intégrité et « préférerait
abandonner l'entreprise ».
Ainsi, les choses restaient en suspens. Lorsque Watson visita l'agence
de Chicago en mars 1878, il constata que la situation de l'usine Western
Electric était toujours insatisfaisante. Il considérait
les explications de Barton pour ne pas avoir fait plus comme de simples
excuses.
Lors d'une réunion avec Stager, chaque partie a tenté de
bluffer. Stager a laissé entendre que la Western Union était
prête à maintenir la question du brevet devant les tribunaux
pendant cinq ans, tandis que Watson arguait que le téléphone
remplacerait les cabines téléphoniques d'ici trois ans.
Alors que Watson poursuivait sa tournée, il reçut de nouvelles
preuves du lien étroit entre la Western Electric et la Gold and
Stock Company.
La situation à Chicago resta inchangée jusqu'à la
mi-septembre, lorsque Hubbard apprit que l'American District Telegraph
Company allait y organiser un central téléphonique en lien
avec la Western Union. Il ordonna donc à S.E. Eldred, agent général
du Missouri, de partir pour Chicago et de commencer à solliciter
des abonnés pour un central téléphonique Bell. Eldred
fut chargé de faire appel à la compagnie d'électricité
de Washington pour voir s'il pouvait compter sur elle. Il devait solliciter
des fonds auprès des garde-fous si nécessaire. Hubbard a
expliqué aux défenseurs : « Il sagit
dune situation durgence inattendue et elle exige une action
rapide et efficace de notre part. Si le syndicat des travailleurs de lOuest
nous devance avec ce central téléphonique, nous aurons beaucoup
de mal à reprendre le contrôle. »
Prétextant par la suite qu'il n'avait pas eu suffisamment de temps,
Hubbard avait dépêché Eldred à Chicago sans
consulter Sanders. L'action hâtive de Hubbard a déclenché
un échange téléphonique qui allait sérieusement
saper les finances de la Bell Telephone Company et de ses successeurs.
Presque immédiatement, la décision de Hubbard d'affronter
l'opposition à Chicago a commencé à coûter
cher à la Bell Company. Eldred a demandé à Sanders
de cesser de solliciter ses avances sur les loyers du Missouri jusqu'à
ce que l'on puisse déterminer le montant nécessaire pour
Chicago. Eldred prévoyait qu'il aurait des difficultés,
car Hubbard avait attendu trop longtemps avant d'agir.
Il a également prédit une rupture entre les intérêts
de Bell et la Western Electric si ceux-ci refusaient de soutenir ses efforts
ou mettaient des obstacles sur sa route. Dans un tel cas, il devait travailler
directement pour la compagnie Bell. Dès son arrivée à
Chicago, Eldred envoya un prospecteur
pour trouver des abonnés à un projet de central téléphonique
Bell. Il le fit donc à l'insu de Barton. Lors de sa première
discussion avec Barton, Eldred le trouva évasif quant à
son aide à l'organisation du central Bell.
Barton a réitéré la volonté de son entreprise
de céder son influence si Hubbard le souhaitait. Eldred a conclu
: « Ce matin, j'ai appelé Barton. Je n'ai pas eu une très
bonne impression de lui lors de mon appel. Je ne pense pas qu'il soit
très sincère dans ses propos et qu'il soit enclin à
être sournois. »
Après avoir consulté Uatson, Eldred a fixé le prix
du téléphone Bell à 3 dollars par mois afin de compenser
les gains réalisés par l'opposition. Cette action a incité
le directeur de l'American District Telegraph Company à rendre
visite à Eldred et à le presser de trouver un arrangement
afin qu'aucune des deux sociétés ne gagne d'argent. Il a
proposé un compromis selon lequel une redevance serait versée
à l'une ou l'autre société si ses instruments n'étaient
pas utilisés par l'AOT. E ldred a apprécié la nécessité
de la prudence :
"Je comprends maintenant certaines de vos raisons, à la Hubbard,
de vouloir laisser Chicago tranquille pour le moment. Si nous obtenons
le feu vert, il faudra ouvrir un bureau et disposer de suffisamment de
liquidités pour faire prospérer l'entreprise à toute
vitesse Continuer est un champ de bataille ouvert, avec des chances
de succès dès le début, comme c'est déjà
le cas. Début, position et capital. Si je pouvais bénéficier
de l'aide de personnes compétentes, expérimentées
et fiables et du capital nécessaire, je ne douterais pas
de notre réussite".
La proposition de la société ADT était donc digne
d'intérêt.
Selon ses termes, les intérêts de Bell et de Western Union
en bénéficieraient. Par exemple, si l'entretien d'un téléphone
coûtait 1 $ par an aux compagnies de téléphone, la
compagnie de district paierait 7 $ par an pour chaque téléphone
utilisé, à la compagnie dont les instruments étaient
utilisés et 3 $ à celle dont les instruments n'étaient
pas utilisés. Barton a fait valoir que cela ne ferait aucune différence
pour la compagnie de district ou pour l'une ou l'autre des compagnies
de téléphone, quel que soit l'instrument utilisé.
L'entreprise de district gagnerait à avoir la liberté de
choisir le meilleur téléphone. Il concluait :
"De cette manière, vous seriez assuré d'un chiffre
d'affaires conséquent dès le départ et gagneriez
plus d'argent que vous ne pourriez en gagner avec une organisation concurrente,
car une telle organisation ne pourrait espérer obtenir la moitié
du marché, en raison de l'avantage que représente Am. Dist.
Tel. Co. est déjà présente dans le domaine".
Hubbard a répondu que, puisque la Bell Telephone Company détenait
les « antébrevets » pour le téléphone,
elle ne pouvait accepter aucune condition susceptible d'interférer
avec sa capacité à poursuivre les contrefacteurs. Cependant,
la Bell Telephone Company pourrait percevoir toute surtaxe qui lui serait
versée à titre de redevance pour l'utilisation de ses brevets.
Eldred a préconisé un compromis, arguant que les intérêts
de Bell pourraient attirer un grand nombre de personnes. Si les abonnés
à sa bourse s'abonnent, les taux, déjà bas, pourraient
être si bas qu'ils ne pourraient plus générer de bénéfices :
"Le principe de cet ajustement me semble mauvais ; comme Bell
Co détient les brevets, aucun autre ne devrait être réorganisé,
mais si nous ne sommes pas assez forts pour préserver nos droits
un compromis est certainement souhaitable d'un point de vue financier".
Eldred informa Hubbard que Barter et la société ADT souhaitaient
réellement un compromis. Il estimait que Barter s'efforçait
de faire preuve de loyauté envers tous, une tâche très
difficile puisqu'il était pris « entre deux feux ».
Les conditions semblaient réunies pour un compromis à Chicago,
Barter étant certain qu'un arrangement pourrait être trouvé
avec la société ADT. Anson Stager, détenant une participation
dans l'ADT, était également favorable à la proposition,
car il venait tout juste de placer l'entreprise en position de paiement
et n'avait pas l'intention d'utiliser son argent pour mener une opération
de vente au profit des intérêts de la société
téléphonique.
Eldred a fait remarquer à Stager qu'un compromis devrait être
trouvé rapidement, car la société Bell poursuivait
son démarchage et devrait bientôt commencer la construction.
Il a suggéré qu'un accord à Chicago pourrait devenir
la base d'un accord national entre les intérêts téléphoniques.
Watson a convenu qu'il pourrait être judicieux d'adopter le compromis
de Chicago.
L'analyse de Watson sur la situation à Chicago indiquait qu'à
moins qu'un compromis ne soit rapidement trouvé, Eldred aurait
besoin d'au moins deux mille dollars de la compagnie de téléphone
Bell pour lancer le système de central téléphonique.
Il était convaincu que l'opposition accepterait n'importe quelle
offre, pourvu qu'elle lui confère le monopole du central téléphonique.
Chauncy Smith a également conseillé un compromis, si la
proposition de Chicago était acceptable en tant que proposition
commerciale et si les détails pouvaient être correctement
réglés.
Pendant ce temps, les événements atteignaient rapidement
leur paroxysme à Chicago. Les négociations d'Eldred avec
l'opposition piétinaient et il conclut qu'il ne pouvait pas retarder
l'ouverture de la bourse Bell. La société ADT construisait
déjà ses lignes et Eldred loua donc un bureau pour sa bourse
et se prépara à construire ses propres lignes. Hubbard accepta
l'évaluation d'Eldred et lui ordonna de « tout mettre en
uvre ».
Au vu de ces décisions, Eldred a remis en question l'action de
Sanders visant à obtenir 200 dollars de sa part. Eldred avait tenté
de lancer l'échange sans solliciter directement les fonds de la
Bell Company. Il avait plutôt utilisé les fonds qu'il contrôlait
à l'agence de Saint-Louis. Il a souligné : « Si je
dois continuer à verser des avances, il faut que quelqu'un me fournisse
de l'argent Vous comprenez que mes dépenses sont très
lourdes actuellement et que je n'aurai aucun revenu pendant presque un
mois. » Sander a demandé au comptable Robert Devonshire de
faire appel à Eldred temporairement.
Eldred a fait de rapides progrès dans l'organisation de la bourse
Bell. Le 16 juin, il comptait une centaine d'abonnés. Les négociations
se poursuivaient, tout comme son travail sur la bourse. Il a donc demandé
501 $, ce qui, selon lui, lui permettrait de subvenir à ses besoins
jusqu'à la décision finale. Les fonds non seulement étaient
détournés de Saint-Louis, mais provenaient directement de
Boston. Eldred a succinctement décrit la situation : « La
lutte commence à s'intensifier. Fournissez-moi les fonds nécessaires
et nous en sortirons gagnants. »
Les négociations avec la société ADT se sont finalement
soldées par un échec. Apparemment, Stager n'était
plus intéressé par un compromis. Les dépenses d'Eldred
continuaient d'augmenter et, deux semaines après avoir reçu
le chèque de 500 $ de Sanders, il a téléphoné
à Hubbard pour lui demander 200 $ de plus.
Une société de capitaux locaux fut créée pour
prendre le contrôle de la bourse Bell. Les investisseurs promirent
à Eldred de recevoir les fonds nécessaires à la poursuite
de ses activités, mais ne parvinrent pas à les lui fournir.
Eldred a informé Hubbard : « Jai emprunté
personnellement, et si une nouvelle société ne parvient
pas à fournir les fonds nécessaires, je vous contacterai
par télégramme dès que je serai disposé à
vous fournir les fonds nécessaires. » Malgré
les assurances selon lesquelles la société de Chicago était
une organisation bénéficiant dune immense impulsion
et soutenue par des hommes de pouvoir qui avanceraient tous les fonds
nécessaires, Eldred a été contraint de conclure que
lorganisation récemment créée nétait
rien de plus quune « opération de bourse »
et il a demandé durgence. Hubbard se rendit à Chicago.
Ainsi, lorsque la Bell Telephone Company cessa son existence en tant qu'«
association volontaire », elle s'enlisa davantage dans le réseau
de la concurrence.
Les efforts pour négocier un accord à Chicago échouèrent
tout comme ils l'avaient fait au niveau national. Ironiquement, le compromis
final incluait un principe de royauté similaire à celui
proposé à Chicago.
Au Canada :
Alors que Melville Bell détient 75 % des droits du brevet canadien,
le reste est cédé à linventeur Charles Williams
Jr. de Boston, Massachussetts; en échange, ce dernier doit fournir
1 000 téléphones sans frais. Toutefois, après cette
transaction, deux enjeux importants apparaissent.
- Dabord, la demande en téléphones aux États-Unis,
téléphones pour lesquels M. Williams avait été
payé, devient tellement grande que ce dernier prend du retard dans
les commandes placées par Melville Bell.
- Ensuite, les frais de douanes canadiennes que doit débourser
Melville Bell pour chaque téléphone fabriqué aux
États-Unis sont élevés. De plus, les lois concernant
les brevets obligent les Canadiens à cesser limportation
de téléphones peu de temps après lémission
du brevet en 1877.
Il est donc évident que les téléphones doivent désormais
être faits au Canada.
On décide que James Cowherd, un électricien de Brantford,
ira étudier la fabrication des téléphones à
latelier de M. Williams; en décembre 1878, M. Cowherd commence
à fabriquer ses propres appareils. Comme le nombre de commandes
augmente, ce dernier bâtit un nouvel atelier le premier au
Canada consacré à la fabrication de téléphones.
Portrait de James H. Cowherd, vers 1880
En 1878, James H. Cowherd bâtit le premier atelier canadien consacré
à la fabrication de téléphones. Cet atelier était
situé au 32, rue Wharf, à Brantford, en Ontario. Le bâtiment
fut démoli en 1992. Le 15 décembre 1878, le premier téléphone
est officiellement testé, et cest une réussite. Cette
même année, la ville dHamilton en reçoit la
première commande pour lutilisation par la municipalité.
Facture originale déquipement téléphonique
acheté par Thomas Henderson, agent principal de la Bell Telephone
Company of Canada, auprès de Charles Williams Jr., fabricant autorisé
pour la National Bell Telephone Company, 1877.
James H. Cowherd a continué de fabriquer
des téléphones et des équipements accessoires pour
La Compagnie de téléphone Bell du Canada jusquà
son décès soudain en février 1881, à lâge
de 31 ans. Au cours de sa vie, il aura produit plus de 2 400 téléphones.
Le téléphone passe rapidement de curiosité
à objet du quotidien; en effet, de plus en plus dutilisateurs
désirent communiquer entre eux. Le premier central téléphonique
au Canada (neuvième au monde et premier à lextérieur
des États-Unis) entre en fonction en 1878 à Hamilton, en
Ontario. Le petit nombre dabonnés augmente sans cesse, et
bientôt, il devient possible de communiquer aux plus grandes villes
du pays.
En 1878, Hugh Crossart Baker établit le premier central téléphonique
au Canada à Hamilton, en Ontario.
Les abonnés du central téléphonique dHamilton
utilisaient ce téléphone à main à la fois
comme transmetteur et récepteur, en le déplaçant
de la bouche à loreille pour parler ou écouter. Le
téléphoniste opérait un standard téléphonique
à sept lignes, avec dix abonnés par ligne.
Le premier annuaire téléphonique du Canada (en forme de
livret), a été publié par la Toronto Despatch Company
en juin 1879.
LES TITULAIRES DE BREVETS COMMENCENT À PERDRE LE CONTRÔLE
Les négociations entre Gardiner Hubbard et Thomas Sanders concernant
la réorganisation de la société Bell ont illustré
leurs différentes approches de l'exploitation du téléphone
Bell. Hubbard s'opposa aux propositions de Sanders de lever de nouveaux
capitaux, estimant qu'elles l'obligeraient à abandonner une partie
de son contrôle sur la direction de l'entreprise. C'est pourquoi
il s'accrochait avec ténacité à la théorie
selon laquelle la Bell Company pouvait fonctionner principalement sur
la base des recettes courantes. Sanders, quant à lui, souhaitait
impliquer de nouveaux capitaux et investisseurs, probablement parce qu'il
souhaitait protéger son propre investissement et diluer le contrôle
de Hubbard.
Dès la création de la Bell Telephone Company en tant qu'«
association bénévole », Thomas Sanders avait ressenti
le besoin d'une organisation dotée d'un capital important et avait
uvré en ce sens. Début septembre 1877, il indiqua
à Hubbard qu'il connaissait un « canal » par lequel
la compagnie pourrait obtenir des fonds. Les investisseurs potentiels
de Sanders souhaitaient la création d'une compagnie nationale,
mais Hubbard a rejeté cette idée, affirmant que les loyers
couvriraient les dépenses et que la création d'entreprises
locales stimulerait l'activité. Sanders a cédé et
a tenté de satisfaire ses besoins financiers en soutenant l'organisation
de la New England Telephone Company, créée seulement après
un long débat avec Hubbard. Sous la pression croissante des affaires
et de la concurrence de Western Union, Sanders n'a cessé de rappeler
à Hubbard la nécessité d'une organisation financière
plus solide. En réponse, Hubbard a caressé l'idée
de vendre des actions de la Bell Telephone Company, décrivant la
capitalisation de l'entreprise comme étant de 500 000 dollars
sous la forme de 5 000 actions à 100 dollars chacune. (Cette
description était inexacte puisque la société Bell
était une association volontaire et n'avait pas encore été
constituée en société.). Proposant de vendre 300 000
$ d'actions d'une valeur nominale à 50 % contre espèces
afin d'obtenir un fonds de roulement de 150 000 $, Hubbard a demandé
à l'agent Thomas Cornish de Philadelphie si ses amis seraient intéressés
par un tel projet. Les actions pouvaient être vendues à si
bas prix, souligna Hubbard, en raison du besoin immédiat de liquidités
de Sanders. Il avertit que si les 25 000 à 30 000 dollars
requis par Sanders pouvaient être réunis d'une autre manière,
lui, Hubbard, serait « indisposé » à
vendre des actions, même si son associé estimait qu'un important
capital en espèces était indispensable.
Cornish fit des recherches, mais ne trouva personne disposé à
investir. L'éloignement du siège social est une excellente
excuse, et pourtant, tant de personnes ont été durement
touchées par la forte baisse des stocks ferroviaires et sont quelque
peu frileuses.
New York, espérant anticiper une réorganisation et estimant
que l'entreprise avait désormais besoin de toute l'attention d'un
trésorier compétent, Hubbard a déclaré à
Sanders que si ce dernier refusait de fermer son entreprise de cuir, d'investir
les bénéfices dans le téléphone et de lui
accorder toute son attention, Hubbard pourrait facilement trouver une
personne qui lui consacrerait toute son attention. Cheever n'était
pas pressé d'accepter l'offre de Hubbard. Il en était flatté,
mais craignait qu'elle ne lui demande plus d'argent qu'il n'en demandait
actuellement. Il souhaitait savoir précisément combien d'argent
serait nécessaire et si cet argent pouvait être investi sous
forme de prêt avec le privilège de conversion en actions.
Avec une telle option, il pourrait peut-être trouver des prêteurs.
Si tout se passait bien, ils pourraient réaliser un profit important
grâce à la conversion ; sinon, ils auraient la priorité
sur les biens de l'entreprise.
En réalité, Cheever n'était pas le meilleur candidat
pour le Trésor. Bien qu'il fût considéré comme
le meilleur dirigeant de l'entreprise, il avait déjà exprimé
sa réticence à risquer davantage d'argent dans son agence
new-yorkaise, à moins, bien sûr, que les perspectives de
rentabilité soient plus importantes que d'habitude.
Sanders continua d'insister sur la nécessité d'une réorganisation
de l'entreprise. Il a fait valoir que l'activité stagnait, que
l'emprunt ne faisait que reporter l'inévitable, que Cheever craignait
de prendre des mesures compte tenu de la situation actuelle de l'entreprise
et que la réorganisation aurait un effet globalement bénéfique
sur les agents de l'entreprise.
"L'effet moral de savoir que nous sommes forts et non des emprunteurs
renforcera nos agents, les incitant à collecter et à reverser
de l'argent. Les faits réels de l'affaire sont les suivants :
à ce stade, les agents d'affaires hésitent à s'impliquer
avec nous".
Sanders était incapable de comprendre l'entêtement de son
partenaire. En fait, tous ceux qui se penchaient sur la question, y compris
Charles Eustis. Hubbard, voyaient la nécessité d'une société
dotée de capitaux. Sanders était convaincu qu'en examinant
attentivement la question, Gardiner Hubbard parviendrait lui aussi à
la même conclusion.
Début mars, Hubbard étudiait un plan soumis par Thomas Sanders
et George L. Bradley pour une telle organisation.
Elle prévoyait la création d'une société nationale,
la Bell Telephone Company, dotée d'un capital de 700 000 $
et composée de 7 000 actions à 100 $ chacune. Parmi
ces 7 000 actions, 3 000 devaient être émises aux
titulaires de brevets Bell pour leurs droits de brevet, 3 000 à
la New England Telephone Company pour ses droits et propriétés,
et 1 000 actions devaient être vendues à 50 $ chacune.
La nouvelle société devait acheter au fiduciaire de la Bell
Telephone Company tous ses téléphones et combinés
Bell en stock, en mains propres ou loués, au tarif de 3 $ par téléphone
et de 10 $ par combiné. La nouvelle Bell Telephone Company reprendrait
l'ensemble des contrats de l'ancienne Bell Company et de la New England
Telephone Company.
Selon cette proposition, les dirigeants et les administrateurs de la nouvelle
société devaient être les mêmes que ceux de
la « W England Telephone Company ». Si elle était
adoptée, Gardiner Hubbard serait président, le trésorier
de Gardiner, George L. Bradley, agent général^ et C. S.
Bradley, Vilam G. Saltonstall, Alexander Cochrane, George L. Silsbee,
Gardiner Hubbard, Thomas Watson et Charles Eustis Hubbard, directeurs.
Après un examen plus approfondi, Hubbard trouva la proposition
plus défavorable qu'on ne le supposait à l'origine :
"Je pense que vous [Sanders] avez dû être tellement convaincu
de la nécessité absolue de lever des fonds immédiatement
que vous ne l'avez pas envisagée aussi sérieusement que
vous le feriez autrement. "
Sa principale objection était que le plan doublait presque la participation
financière (à distinguer de la participation au brevet représentée
par la Bell Telephone Company) de la New England Telephone Company dans
le brevet Bell, sans que celle-ci ne contribue à un seul dollar.
Selon l'analyse de Hubbard, la part financière du brevet Bell était
estimée à un huitième de la totalité du brevet,
ce qui lui donnerait droit à un huitième des 7 000 actions,
soit 875 ; mais selon les termes de la proposition, devait
recevoir 1 500 actions (1 500 actions revenant également
à la Bell Company en tant que copropriétaire de la New England
Telephone Company). Hubbard s'est également plaint que les actionnaires
recevraient 1 500 actions pour un huitième d'intérêt,
tandis que les actionnaires de Bell ne recevraient que 3 000 actions
(en plus de leurs 1 500 actions en tant que propriétaires
de la New England Telephone Company) pour cinq huitièmes d'intérêt.
Reste dans le brevet. En effet, les titulaires du brevet ne recevraient
que deux fois plus pour cinq fois la propriété. De plus,
les investisseurs avaient déboursé 55 000 $ pour un
huitième du brevet, soit 50 000 $ dans la trésorerie
de la Bell Company et une commission de 35 000 $ à George
L. Bradley, tandis que les nouveaux investisseurs paieraient 50 000
$ pour un septième et les titulaires de brevets paieraient léquivalent
dune commission en espèces de 10 000 $. Ainsi, pour
un intérêt plus important, les titulaires de brevets Bell
recevraient moins quauparavant. Hubbard conclut :
" Quel que soit l'angle sous lequel je considère le
nouveau plan, il me paraît extrêmement injuste envers Bell
Tel Co. Il est tellement injuste que je refuse de faire un tel sacrifice
des biens de M. Bell sans le consulter. "
Hubbard répliqua en proposant de créer une nouvelle société,
sans inclure la New England Telephone Company, au capital de 5 500
actions, dont 1 000 devaient être vendues pour 50 000
dollars. Cette proposition était prédite. Il était
convaincu que les affaires n'étaient pas aussi mauvaises que Sanders
le décrivait et que l'entreprise se renforçait de jour en
jour. En mars, selon l'évaluation de Hubbard de la situation de
l'entreprise, la compagnie de téléphone Bell devait 23 000 $.
D'après les chiffres de février, la dette nette pour mars,
c'est-à-dire les dépenses sur les recettes, n'était
que de 101 $. Hubbard arguait que les agents avaient obéi
aux instructions. Concernant les paiements anticipés, le solde
aurait été réglé.
Il pensait que les agents obéiraient aux instructions de l'entreprise
par la suite et qu'il était donc confiant que les revenus futurs
seraient suffisants pour couvrir les dépenses futures.
Entre-temps, la dette de l'entreprise, qui s'élevait à 25 000 $,
subsistait. L'assurance de Sanders qu'il pourrait emprunter 15 000 $
lui apporterait un soulagement temporaire. Si Sanders rencontrait des
difficultés pour obtenir le prêt, Hubbard indiquait qu'il
était en contact avec plusieurs parties prêtes à avancer
les fonds nécessaires. Hubbard a donc demandé à Sanders
d'emprunter les 15 000 dollars, étant entendu que s'il ne
parvenait pas à trouver un meilleur arrangement avant l'échéance
du prêt, il accepterait la proposition de Sanders. Il a conclu :
" « J'espère qu'un examen attentif de l'ensemble
du dossier vous redonnera confiance Et que vous essaierez
encore une fois. J'espère et je crois que ce sera la dernière
fois que vous aurez des difficultés à lever des fonds pour
Bell Tel Co." .
Sanders a bien obtenu un prêt, mais pour une durée de soixante
jours seulement, et non pour les quatre mois recommandés par Hubbard,
et uniquement sur sa garantie personnelle qu'une entreprise dotée
d'un capital suffisant d'au moins 100 000 dollars serait créée
au cours de cette période. Sanders a déconseillé
de « dévoiler son jeu » à quiconque sous prétexte
qu'il avait de l'argent, car toute sa fortune reposait sur le téléphone.
À long terme, une organisation composée d'honorables gentlemen
était un capital souhaitable. Sanders craignait que Hubbard ne
soit encore réticent à l'idée d'accepter des avances
de particuliers simplement pour combler des besoins temporaires. Une telle
politique contredirait totalement l'engagement de Sanders envers les banquiers,
mais elle créerait également deux organisations rivales,
avec de nombreuses conséquences indésirables, et créerait
également un état de malaise persistant entre deux entités
distinctes. Sanders a demandé à être autorisé
à participer aux conférences de Hubbard avec des investisseurs
potentiels, soulignant :
"Si vous aviez la moindre idée de l'état de sursaut
suprême dans lequel vous me mettez, du péril imminent dans
lequel se trouve toute notre propriété, et que vous réalisiez
que je devais en porter le fardeau, vous ne me tourmenteriez plus avec
ce délai, mais feriez ce qui est manifestement dans notre intérêt
une action immédiate Absolument essentiel au maintien de
notre crédit, de notre réputation commerciale, de tout "
Tout en appelant à une organisation d'hommes honorables, Thomas
Sanders s'est livré à une activité que certains pourraient
considérer comme déshonorante. Dans une lettre de huit pages
intitulée « Non officielle, personnelle et strictement
confidentielle », adressée à MM. C. S. Bradley,
M. Iliam G. Salton Stall, G. L. Bradley, A. Cochrane, G. Z. Silsbee et
Henry Salton Stall, amis, actionnaires et administrateurs de la New England
Telephone Company, Sanders a retracé l'histoire de sa « position
particulière » en référence à Gardiner
G. Hubbard.
Sanders a décrit ses premières relations avec Bell et Hubbard
pour montrer aux néo-colonialistes anglais que « je
suis tombé dans cette situation inconfortable non pas par stupidité
apparente de ma part, mais par une série de circonstances injustifiées.»
Sanders pensait qu'une explication était nécessaire, car
il ne pensait pas que ces messieurs sauveraient à nouveau la compagnie
Bell par une réorganisation. Ils avaient exprimé leur mécontentement
à Gardiner Hubbard concernant certaines prétentions salariales
de Sanders à la Kew England Company, et Sanders souhaitait dissiper
tout malentendu susceptible de compromettre leurs relations futures.
Sanders a rappelé aux investisseurs la confiance qu'ils lui avaient
témoignée lors de la création de la Kew England Telephone
Company, lorsqu'ils étaient prêts à lui confier leur
argent uniquement, et non à Hubbard.
Il a expliqué les fondements de ses réclamations salariales
et a sollicité leur aide et leur patience jusqu'à ce qu'il
parvienne à convaincre son partenaire déraisonnable de se
rétracter. Les investisseurs pourraient l'aider à poursuivre
ses projets le moment venu.
Souhaitant une compréhension équitable des futurs problèmes
si une consolidation des intérêts devait se produire, Sanders
commença par souligner que ce serait un acte de justice que Hubbard
soit élu président. Quels que soient les défauts
de Hubbard, Sanders le reconnaissait comme étant « juste
et honorable ». Si Hubbard se révélait moins, Sanders
serait le premier à exiger sa démission. Sanders expliquait
les inconvénients d'avoir un « homme sans prestige financier
à la tête de l'entreprise, l'efficacité de Hubbard
et son aptitude particulière à exercer ses fonctions seraient
plus que compensées. Vous devez comprendre qu'il a été
un pionnier dans l'exploitation des patients et qu'il mérite d'être
pris en considération à ce titre. Ne me croyez donc pas
déraisonnable en espérant que vous ne le choisirez pas. »
Sanders était prêt à renoncer à ses prétentions
au Trésor si cela favorisait la réalisation de la réorganisation
proposée. Néanmoins, il estimait avoir droit à un
procès. S'il était jugé inapte à occuper ce
poste, il promettait que son propre vote ne le maintiendrait pas en poste.
Sanders a décliné toute responsabilité quant aux
manquements éventuels dans les affaires de son poste actuel :
« Je dois dire, en mon nom personnel, au risque d'apparent
égoïsme, que, compte tenu des outils avec lesquels j'ai travaillé,
je n'ai pas commis beaucoup d'erreurs et que les résultats n'ont
pas été globalement insatisfaisants. »
En demandant aux investisseurs de la Nouvelle-Angleterre de coopérer
activement, Sanders leur a assuré qu'il ferait tout ce qui était
juste, équitable et honorable. Il ne prévoyait aucun problème
parmi les différents investisseurs après la création
de la nouvelle société. Sanders a toutefois mis en garde
les investisseurs : la propriété et la « façon
desprit particulière » de Hubbard impliquaient
quils ne lisent pas le contenu de la lettre, même si elle
pourrait leur être présentée ultérieurement.
En conclusion, Sanders a reconnu :
"Je me considère extrêmement heureux d'être entre
les mains de messieurs, dont beaucoup sont étroitement liés
à moi par des liens d'amitié et de parenté, et j'ai
confiance que nos relations mutuelles seront toujours agréables
et satisfaisantes".
Hubbard n'était pas d'accord avec l'évaluation que son partenaire
faisait des investisseurs de la New England Telephone Company. Il estimait
qu'ils n'avaient pas droit à la description d'« honorables
gentlemen », mais plutôt à celle d'« hommes d'affaires
avisés ». Hubbard a sympathisé avec la demande de
Sanders de participer à des conférences avec des investisseurs,
car Hubbard prétendait avoir été exclu des conférences
qui ont donné naissance à la New England Telephone Company.
Hubbard a rappelé à Sanders que sa fortune et son crédit
étaient également liés à l'affaire du téléphone.
Il réitéra ici son engagement à accepter la proposition
Bradley-Sanders s'il ne parvenait pas à former immédiatement
une nouvelle organisation dotée d'un capital. Bien que Hubbard
persistât à croire que la Bell Company pouvait continuer
à fonctionner avec ses moyens actuels, il était prêt
à se plier aux souhaits de Sanders. Il rappela à Sanders
que le « contrat Bradley » pour la New England Telephone
Company avait également été conclu conformément
aux souhaits de Sanders, même si Hubbard pensait pouvoir en obtenir
un meilleur.
Le prêt de 15 000 $ fut rapidement épuisé
et Sanders commença à exiger davantage de fonds. Il y avait
là une raison valable et évidente pour créer rapidement
une nouvelle société. Charles Eustis Hubbard soutint les
demandes de Sanders pour la création d'une société
nationale consolidée. Il estimait également que le capital
que son frère proposait de lever était totalement insuffisant
et serait anéanti presque immédiatement, notamment compte
tenu du combat prévu avec l'Union de l'Est.
Dans la presse concernant son plan concernant Hubbard, Sanders a souligné
que les quelques investisseurs anglais, contrairement aux candidats de
Hubbard, ne posaient pas de questions financièrement embarrassantes.
Leur position actuelle les incitait à accepter la Bell Company
telle qu'elle était. Sanders a nié l'affirmation de Hubbard
selon laquelle il avait été ignoré lors de la création
de la New England Telephone Company. Sanders a également suggéré
que le projet de Hubbard de vendre 1 000 des 55 % des actions
pour 50 000 $ serait en réalité préjudiciable
et n'était motivé que par des poursuites contre les investisseurs
de New England. La seule objection de Sanders au projet de New England
était qu'il ne prévoyait pas 200 000 $ au lieu
de 100 000 $. Il considérait que les 1 500 actions
offertes à la New England Cornuany pour céder ses droits
de valeur étaient insuffisantes pour se débarrasser d'un
« gêne inconfortable », et il pressa donc
Hubbard d'accepter la création d'une société incluant
les intérêts de New England. Sanders rappela à Hubbard
son engagement d'accepter la proposition de New England s'il ne pouvait
obtenir plus de 100 000 $ pour moins de 100 000 $
hors de la Nouvelle-Angleterre.
" Comme vous le dites avec justesse, nous sommes tous les deux dans
le même bateau, mais ce bateau dérive à la merci du
vent et de la marée, sans propulsion ni équipage, le capitaine
et le second se demandent s'il est judicieux de prendre la corde que leur
tend le seul navire en vue capable de les porter au large ou de les confier
à un autre navire qui leur demandera moins de sauvetage. Le Périlis
est grand et il me semble insensé de dériver plus longtemps".
Hubbard a expliqué que si les chiffres de l'entreprise paraissaient
si mauvais, c'était parce qu'ils ne disaient pas toute la vérité.
Selon lui, plus les étrangers examinaient attentivement les activités
de l'entreprise, plus ils étaient satisfaits des résultats.
Désespéré de créer une société
nationale consolidée, Thomas Sanders écrivit à Alexander
Graham Bell pour lui demander de tenter de convaincre Hubbard de son importance.
Sanders décrivit les circonstances entourant la création
de la compagnie de téléphone de Hew England. Il affirma
que Bell connaissait lui-même la quasi-totalité des investisseurs,
dont beaucoup étaient ses amis, et précisa qu'il s'agissait
tous de gentlemen avec qui il aimerait s'associer. Sanders a plaidé
en faveur de la société consolidée au motif que les
investisseurs de la Nouvelle-Angleterre étaient les seules parties
intéressées par les brevets Bell ; deux sociétés
pour des régions différentes du pays pourraient donner lieu
à des conflits dintérêts ; et l'intérêt
actuel des investisseurs pour les brevets permettrait de meilleurs échanges
commerciaux qu'avec d'autres parties. Une division des intérêts
pourrait désormais s'avérer fatale, car la société
Bell ne disposerait pas de l'unité nécessaire pour combattre
ses ennemis. Selon Sanders, le projet de Hubbard de créer une société
dotée d'un capital rapide de 50 000 dollars nécessiterait
la cession d'un montant sensiblement identique d'actions pour un montant
moindre.
Sanders considérait les préjugés de Hubbard à
l'égard de la New England Telephone Company comme déraisonnables.
Il a expliqué que la conviction de Hubbard selon laquelle la consolidation
proposée n'était qu'un plan visant à promouvoir les
intérêts des investisseurs de la Nouvelle-Angleterre était
inexacte, car le plan avait été conçu par George
L. Bradley, C. E. Hubbard et lui-même, sans les consulter ni consulter
qui que ce soit d'autre.
Sanders a réclamé une action immédiate, car il avait
utilisé au maximum son argent et son crédit pour rembourser
la dette de 10 000 $ de l'entreprise, et Hubbard était financièrement
incapable de l'aider. Dans un post-scriptum, Sanders a ajouté :
"Je n'insisterais pas autant sur ce point s'il m'était possible
d'apporter davantage d'avancées à l'entreprise He
Hubbard n'est pas un homme d'affaires, ne prétend pas l'être
et ne peut donc pas apprécier le poids du fardeau que je porte
et le besoin urgent de capitaux nous sommes tous ruinés,
si quelque chose ne se produit pas entre le 20 mars et le 11 mai 1878".
Eustis Hubbard, essayant de surmonter les objections de son frère
Gardiner au plan original de distribution des actions de la société
consolidée, s'est arrangé avec Sanders pour que les actions
soient distribuées comme suit : 1 030 actions devaient être
vendues ; 1 250 devaient être émises aux souscripteurs
en espèces de la How England Telephone Company ; 4 750 actions.
être émises à la Bell Telephone Company, dont 200
actions devaient être versées à titre de commission
pour le placement de 1 000 actions. Deux cent cinquante actions supplémentaires
devaient être versées aux souscripteurs en espèces.
Eustis a suggéré que cette somme supplémentaire soit
déduite des actions de Sanders, Hubbard et Watson, les deux principaux
associés contribuant chacun à hauteur de 107 actions et
Watson à hauteur de 36. Si aucun arrangement ne pouvait être
trouvé, a-t-il suggéré, Sanders devrait contribuer
à hauteur de 150 actions et Hubbard à hauteur de 100. Cette
mesure visait à surmonter les objections de Gardiner au paiement
de 1 500 actions aux souscripteurs en espèces de la New England
Telephone Company. Eustis Hubbard a critiqué la proposition de
son frère de vendre de nouvelles actions à 50 dollars l'action
et de demander aux investisseurs de la Nouvelle-Angleterre d'échanger
leurs actions contre des actions et, si nécessaire, en guise de
compromis, de leur offrir une action et quart contre une action ancienne.
Il a souligné que nombre de ces investisseurs avaient payé
70 dollars par action et que, même avec le plan de compromis de
Gardiner, ils auraient dû échanger une action de 70 dollars
contre une autre d'une valeur de 62,50 dollars.
La proposition de Gardiner, fondée sur son estimation selon laquelle
la Nouvelle-Angleterre valait un quart du pays, était tout simplement
inacceptable pour les investisseurs. Malgré ses critiques, Eustis
était satisfait que son frère ait accepté de créer
une société consolidée.
Eustis a également tenté de dissiper le malentendu de Gardiner
concernant la commission sur les actions de George Bradley. Il a expliqué
que Bradley devrait la partager avec lui (Eustis) et d'autres personnes
qui l'aideraient à placer les actions. L'aide de Bradley serait
précieuse pour persuader les Anglais de Kew d'investir davantage.
Eustis conclut : « Je pense que chaque action de la nouvelle action
aura dix fois la valeur boursière de l'action Bell actuelle, et
ce, pour toutes les raisons. »
Sanders était si heureux de la décision de Gardiner Hubbard
de créer une société consolidée qu'il refusait
de discuter du partage des 250 actions supplémentaires. Pourtant,
il ne comprenait pas pourquoi il devrait se séparer d'une plus
grande partie de ses actions que Gardiner. De plus, alors qu'il était
Ravie de voir Alexander Graham Bell conserver son intérêt,
il a jugé opportun que M. Bell participe à la division,
« car les brevets n'ont de valeur que dans la mesure où
ils sont gérés, et la valeur commerciale de celui-ci nous
a été apportée, à vous et à moi, autant
que par M. Bell. »
Hubbard s'opposa à la commission sur actions de Bradley et souhaitait
préserver l'intérêt de Bell, car il souhaitait diluer
la force des nouveaux investisseurs et conserver le contrôle de
la nouvelle société. Face aux objections de Gardiner, Eustis
persuada Bradley de céder la moitié des 1 000 actions
à Gardiner, qui devait les placer auprès de ses amis. Bradley
recevrait toujours l'intégralité de sa commission de 200
actions.
Selon les calculs d'Eustis, la distribution proposée d'actions
aux propriétaires de Bell, à l'exclusion de Sanders, plus
les 500 actions que Gardiner devait placer auprès de ses amis,
représenterait 3 558 actions en plus de celles des amis d'Eustis
dans la New England Company. Ainsi, les brevets bénéficiaient
d'une nette majorité, et si Sanders était inclus, d'une
très large majorité.
Gardiner Hubbard a rejeté l'argument de Sanders selon lequel ils
contribuaient tous deux à parts égales pour constituer les
250 actions. Il a estimé que toute cette affaire était inutile
et n'y a consenti que par respect pour les souhaits de Sanders :
"Je pense que je concède deux fois 250 actions pour vous faire
plaisir (car je la considère inutile). Je ne vois pas pourquoi
M. Bell devrait contribuer, et je ne le lui demanderai ni ne le lui conseillerai.
Comme M. Watson souhaite vivement apporter un changement, je pense qu'il
est juste et approprié qu'il contribue en partie".
En avril 1878, Hubbard commença à éprouver de nouveaux
doutes quant à la société consolidée. Il exigea
un rapport financier du trésorier Sanders avant de prendre une
décision définitive. Il expliqua à Bell ou lui-même
qu'en toute justice, il ne pouvait accepter la proposition sans modifications
essentielles. Soit les actions détenues par Sanders, M. et Mme
Bell et lui-même doivent être votées en bloc, soit
Bradley ne pourrait pas être choisi comme agent général.
Hubbard estimait imprudent de nommer Bradley comme
agent général, car il ne possédait pas l'expérience
nécessaire pour gérer des participations aussi importantes.
Selon Hubbard, l'arrangement proposé prévoyait que Sanders
et Bradley, cousins, contrôleraient entièrement les finances
et la gestion de l'entreprise, le laissant ainsi impuissant. Ce n'était
certainement pas l'intention de Sanders.
Rappelant à nouveau ses soupçons concernant la création
de la New England Company, Hubbard reprocha à son associé
de ne pas lui avoir fourni les rapports financiers nécessaires
à une décision éclairée. Il accusait également
Sanders de l'avoir induit en erreur quant à sa capacité
à lever des fonds. Enfin, Hubbard affirmait avoir été
mal informé des conditions de réorganisation de la Bell
Company, notamment du fait que Bradley devait recevoir l'intégralité
de la commission afin d'éviter que la direction de l'entreprise
ne tombe entre ses mains. Hubbard suggéra donc, comme modification
possible de l'accord proposé, d'élargir ses fonctions de
président afin d'y inclure un pouvoir de supervision sur toutes
les transactions de la société, autres que financières.
Il suggéra également que Bradley soit nommé trésorier
et que Theodore Vail, ou une autre personne compétente,
soit nommé agent général ou agent itinérant.
Hubbard annonça également qu'il négociait avec des
investisseurs new-yorkais et leur avait offert une participation dans
la direction générale de la société. Il estimait
que c'était la seule façon de protéger les intérêts
qu'il représentait.
Eustis répondit aux objections de son frère par une lettre
de sept pages dans laquelle il retraçait soigneusement l'historique
des négociations, réfutait certaines critiques de Gardiner
et tentait de dissiper ses idées fausses. Il exhorta de nouveau
Gardiner à adopter la proposition de la Nouvelle-Angleterre, même
s'il lui restait encore trente jours pour mettre au point une organisation
alternative. Les dernières objections de Gardiner Hubbard seraient
nécessaires dans le projet de vendre 1 000 actions contre
des espèces. Initialement, George Bradley et Eustis Hubbard devaient
vendre respectivement 750 et 250 actions, Bradley recevant la commission
complète de 200 actions. En réponse à la demande
de Gardiner de pouvoir placer 750 actions, Bradley a accepté un
compromis s'il pouvait conserver la totalité de sa commission.
Il permettrait à Gardiner de placer 500 actions tout en l'aidant.
Il a cédé les 500 actions restantes.
Selon Eustis, Bradley a insisté pour placer 500 actions afin qu'aucune
personne ne puisse détenir un intérêt majoritaire
dans la société. Cette mesure n'était pas dirigée
spécifiquement contre Hubbard, mais plutôt contre une personne
susceptible de contrôler la majorité.
Eustis a nié avoir entendu parler auparavant du souhait de Gardiner
d'inclure ses amis dans la nouvelle société. mais n'avait
aucune intention de les ignorer. Eustis rappela à son frère
que la proposition initiale prévoyait que la nouvelle compagnie
aurait les mêmes dirigeants que la Compagnie de Nouvelle-Angleterre.
George Bradley devait être nommé agent général
afin de satisfaire son père, figure emblématique des négociations,
qui en avait fait une condition à la réorganisation. Eustis
ne comprenait pas les objections de Gardiner. Ne pas satisfaire Bradley
aurait mis en péril la réorganisation, accru les difficultés
de placement des actions et incité la New England Telephone Company
à hésiter à transférer ses biens à
la Bell Company.
Eustis a défendu le comportement de Sanders, qui n'avait pas fourni
à Gardiner des informations financières complètes.
Il a expliqué que Sanders avait agi comme il l'avait fait parce
que les agents ne lui avaient pas fourni toutes les informations demandées.
Il est également contesté que les communications et les
négociations « aient été indûment
compliquées par la séparation des principaux intéressés ».
Compte tenu du récent accord de Gardiner Hubbard, Sanders a été
surpris par cette demande de modification de l'organisation proposée.
Si Hubbard voulait dire que les défenseurs ne devaient pas se joindre
à quiconque contre lui, alors la modification de Hubbard n'était
pas une modification du tout. Si, toutefois, Hubbard voulait que Sanders
se lie pieds et poings pour tout voir à travers les yeux de Hubbard,
alors Sanders ne pouvait pas envisager cela un instant. Les défenseurs
s'engagèrent à soutenir Hubbard pour la présidence
avec tout le pouvoir qu'il pouvait raisonnablement espérer, car
c'était un poste auquel il avait droit en vertu de l'intérêt
qu'il représentait et de son talent reconnu. Il a expliqué
que ni lui ni Bradley ne souhaitaient usurper les pouvoirs du président.
Sanders a ajouté : « Pourquoi persistez-vous à considérer
cela comme une conspiration visant à vous priver de pouvoir, alors
qu'au contraire, cela accroît votre pouvoir par rapport à
tout autre plan imaginable, envisageant n'importe quelle réorganisation
? »
Sanders était certain que Hubbard ne sacrifierait pas l'occasion
présente simplement pour l'humilier, car il croyait à tort
que Sanders travaillait contre lui. Néanmoins, il a protesté
contre les négociations de Hubbard avec d'autres investisseurs,
les jugeant injustes pour toutes les parties concernées et susceptibles
d'entraîner des conséquences désastreuses. Hubbard
répondit qu'il était devenu méfiant lorsque Sanders
avait tardé à envoyer les rapports financiers. Il qualifia
la proposition de Sanders de calculer pour prendre le contrôle de
Bell et de lui-même et le donner à Sanders et à ses
amis. Hubbard n'était pas sûr des intentions de Sanders,
mais il était certain que les bénéfices de la réorganisation
ne seraient pas proportionnels à la perte considérable subie
par Bell, Sanders et lui-même. Bien que Hubbard ait continué
d'insister sur le fait qu'un trésorier jouissant d'une bonne situation
financière et d'un bon crédit pourrait facilement gérer
l'entreprise, il a accepté une réorganisation si Sanders,
après réflexion, continuait de la croire nécessaire
et souhaitable. Comprenant désormais mieux la situation financière
de l'entreprise, Hubbard ne pouvait accepter la proposition initiale.
Il acceptait ses caractéristiques générales, mais
exigeait le droit de vendre la moitié des actions de la société
moyennant une commission de 20 % sur chaque action. De plus, George Bradley
ne devait pas être nommé agent général pour
l'ensemble du pays. Sanders pouvait décider si Bradley devait être
nommé trésorier ou agent général pour la Nouvelle-Angleterre.
Selon George Bradley, le plan modifié prévoyait désormais
que Hubbard serait président, avec un salaire compris entre 3 000
et 5 000 dollars, voire plus si le succès de lentreprise
le justifiait, et assurerait une supervision active des affaires de lentreprise.
Hubbard devait diriger les agents de lentreprise et superviser les
contrats importants soumis aux administrateurs. Sanders devait rester
un trésorier, son salaire et ses fonctions étant déterminés
par les directeurs. George Bradley devait être nommé directeur
général, étant entendu que ses fonctions se limitaient
au siège social. Les directeurs de la nouvelle société
devaient être les mêmes que ceux de la New England Telephone
Company, sauf en cas de démission, conformément à
ses statuts. Bradley devait recevoir 200 actions payées par la
Bell Company à titre de commission.
Bien que Bradley ait accepté de faire de son mieux pour faire adopter
le plan modifié de Hubbard, il a admis que ce serait une tâche
très difficile. Les objections de Hubbard au plan de Sanders ont
finalement amené Sanders à déclarer quelque chose
qui le rongeait sans doute depuis longtemps : « Mon seul objectif
et désir a été qu'une société soit
créée, dont vous seriez à la tête, mais dans
laquelle les autres actionnaires auraient voix au chapitre. Vous avez
tellement essayé de manipuler les actions que votre pouvoir devrait
être absolu dans chaque plan qui a été soumis ».
Bien que Sanders se méfiât d'une correspondance
privée que Hubbard avait échangée avec George Bradley,
il était prêt à accepter tout arrangement susceptible
d'accélérer la création d'une société
nationale. Il rappela à Hubbard que si leurs positions étaient
inversées, Hubbard se sentirait justifié de le réprimander
pour ses transactions secrètes. En réponse, Hubbard reconnut
son erreur en écrivant à Bradley et nota qu'il lui avait
déjà demandé de considérer la lettre retirée.
Il expliqua que, bien que n'étant pas de nature méfiante,
il avait parfois douté de Sanders et avait peut-être utilisé
un langage critique. Cela était toutefois dû à la
pression financière qu'il subissait. Hubbard lança un ton
conciliant :
"Vos lettres ont été franches et viriles, et il est
absolument nécessaire à notre succès et à
notre confort que nous soyons en permanence en parfaite harmonie et que
toutes nos relations soient ouvertes et franches. Je mefforcerai
de lêtre à lavenir".
À la mi-avril, quatre propositions de réorganisation de
la Bell Telephone Company étaient à l'étude.
* La première, celle de Sanders et Bradley, prévoyait la
création d'une société dotée d'un capital
social de 700 000 $, dont 300 000 $ seraient cédés
à la Kew England Company, 300 000 $ à la Bell
Telephone Company et 100 000 $ seraient cédés
au comptant. George Bradley devait recevoir 200 actions en guise de commission.
* La deuxième proposition était la modification de la première
par Gardiner Hubbard.
Les actions devaient être distribuées de la même manière,
sauf que Bradley et Hubbard devaient chacun vendre pour 50 000 $
d'actions et se partager équitablement une commission de 200 actions.
Ce plan prévoyait également la clarification des pouvoirs
et des responsabilités du président, ainsi que la création
d'un comité exécutif composé de trois membres, dont
l'un serait le président, chargé de ratifier les contrats
importants.
* Une troisième proposition prévoyait la création
d'une société à New York si Sanders rejetait le deuxième
plan. Cette société devait être dotée d'un
capital de 800 000 $, dont 300 000 $ d'actions seraient
reversées aux propriétaires de la New England Telephone
Company, 300 000 $ aux propriétaires de brevets et 200 000 $
seraient vendues à 50 % avec une commission de 20 %.
Gardiner Hubbard devait être président, Theodore N. Vail
agent général et les investisseurs new-yorkais devaient
nommer le trésorier.
* Le quatrième plan, intitulé « Organisation en Nouvelle-Angleterre
par MM. Sanders et Hubbard », prévoyait la création
d'une société dotée d'un capital de 600 000
$, dont 150 000 $ en « liquidités », 150 000
$ à verser à la Bell Telephone Company pour la moitié
de ses actions de la New England Telephone Company, et 300 000 $
à émettre pour le reste des brevets.
Gardiner Hubbard souhaitait réorganiser la Bell Telephone Company
sans l'aide de la New England Telephone Company, comme dans le quatrième
plan. Il était si désireux qu'il espérait que la
New England Company rejetterait la deuxième proposition. Sanders,
cependant, ne voyait aucune raison pour laquelle le deuxième plan
ne serait pas adopté, car il ne différait du premier que
dans la mesure où Bradley était privé (déraisonnablement,
selon Sanders) de sa commission. Non seulement le dernier plan de Hubbard
était inutile, mais il serait également difficile à
mettre en uvre. Sanders a affirmé que si Hubbard avait clairement
signifié sa modification du plan Bradley, quelque chose aurait
pu être adopté six semaines plus tôt. Il a observé :
"Tout projet qui vous a attiré, dès le départ,
reposait sur le fait que je me suis lié les mains et que j'étais
exclu de la direction de la société. Si une société
nationale devait être créée à aucune autre
condition, je suis prêt à me sacrifier et je l'ai été
dès le début, même si je ne comprenais pas pourquoi
vous désiriez cela alors que j'ai tout fait pour promouvoir vos
intérêts".
Les défenseurs ont conclu, comme Eustis avant lui, que les explications
et les malentendus auraient pu être évités si les
dirigeants s'étaient rencontrés en personne au lieu d'être
obligés de coucher leurs propositions sur papier.
Alors même que Gardiner Hubbard prédisait la création
d'une nouvelle société au mois de mai, le juge Bradley l'a
informé que les habitants de la Nouvelle-Angleterre n'étaient
pas disposés à signer l'accord proposé. Certains
ont refusé, privilégiant la séparation et la sécurité,
tandis que d'autres estimaient que les abonnés devaient contrôler
l'argent versé à l'entreprise, et non les brevets. Bradley
estimait que la justice et la politique interdisaient de demander à
Hubbard de prendre sa retraite, mais il a demandé que les abonnés
soient autorisés à assurer leurs biens et leurs intérêts
communs contre toute erreur de jugement éventuelle. Il a résumé
le sentiment des investisseurs de la Nouvelle-Angleterre :
"Aucune branche du droit nest aussi sûre dans son fonctionnement
que le droit des brevets. Et lorsque les détenteurs de brevets
sont remboursés, leurs investissements et une somme importante,
en plus, conservent presque tous les brevets, les souscripteurs risquent
une centaine. Des milliers de dollars, pour la plupart perdus en cas d'échec,
la meilleure affaire est celle des brevets. Aucune vente de ce type, contestée
et non testée, n'a jamais été réalisée
dans ce pays".
Néanmoins, Bradley a reconnu la nécessité de fonds
pour poursuivre les contrevenants et d'une harmonie entre les deux parties,
et s'est donc montré disposé à soutenir la dernière
demande de son fils.
Les investisseurs de la Nouvelle-Angleterre n'étaient pas les seuls
à refuser d'investir dans la société proposée.
En avril, Hubbard avait fait appel à des agents de renseignement.
dans l'entreprise au motif qu'il était important d'avoir des agents
financièrement intéressés par les titulaires de brevets.
Trois agents n'ont pas réagi avec enthousiasme, notamment parce
que les infractions n'étaient pas contrôlées. Thomas
Sanders était au moins disposé à prendre une part
dans l'association proportionnelle à la responsabilité qu'il
assumait. C'est à cette époque qu'il a décidé
de fermer son entreprise de cuir et a donné son crédit et
ses compétences à la compagnie de téléphone
Bell.
Les administrateurs de la New England Telephone Company se sont opposés
au projet de société consolidée, car Hubbard et Sanders
avaient l'intention de conserver leurs postes de direction. Sanders a
appris que ces personnes seraient disposées à doubler leur
investissement potentiel, c'est-à-dire à garantir la vente
de 2 000 actions pour 100 000 dollars supplémentaires
au capital de la New England, si Hubbard et lui renonçaient à
leurs droits. Il expliqua à Hubbard :
"On dit que M. Hubbard est un homme impraticable, et la théorie
sur laquelle il sappuie pour diriger lentreprise le prouve.
En outre, que ce soit par sa faute ou non, il semble avoir participé
à toutes les entreprises dans lesquelles il sest lancé,
de sorte quaprès une vie de brillantes opportunités,
il se retrouve incapable de faire face à ses obligations. M. Sanders
n'a aucune expérience qui lui permette d'être à la
hauteur de ce poste et fait preuve de stupidité en se plaçant
dans une situation où sa confiance et son crédit sont mis
en péril. À eux deux, ils ont réussi à placer
l'entreprise dans une situation de grand danger".
Sanders a suggéré que lui et son associé se retirent
si c'était la seule base sur laquelle la nouvelle société
pouvait être créée, même s'il considérait
cela comme injuste et non conforme à ses souhaits ni aux intérêts
de l'entreprise. Malgré ces complications, les chances de créer
une société nationale semblaient bonnes à Sanders.
Pendant ce temps, George Bradley sollicitait l'autorisation de Hubbard
pour introduire un nouveau plan prévoyant la création d'une
société hors de la Nouvelle-Angleterre. Celle-ci devait
posséder un capital social de 100 000 $, dont 300 000 $
devaient être émis à la Bell Telephone Company et
100 000 $ devaient être vendus pour 50 000 $
en espèces. Bradley offrirait aux souscripteurs de la New England
Company la première opportunité d'acheter des actions. Sanders
s'est opposé à certaines caractéristiques de cette
proposition, mais a estimé qu'il y avait une alternative si la
New England Company rejetait le plan initial. Face à l'opposition
de la New England Company, Hubbard et Sanders ont concilié leurs
points de vue. Sanders a écrit :
"Je pense que nous nous comprenons désormais et que, quoi
qu'il arrive, nous agirons ensemble et nous ferons confiance. C'est la
seule voie qui s'offre à nous et, en plus, cela nous facilitera
grandement la vie à tous les deux".
Hubbard était satisfait de la proposition de Bradley, car elle
témoignait de sa confiance dans la Bell Telephone Company. Hubbard
pensait que lorsque les investisseurs de la New England Telephone Company
réaliseraient qu'une société nationale était
en cours de constitution, ils seraient impatients de la rejoindre. Dans
le cas contraire, la Bell Company aurait besoin d'un capital de 50 000
$ et de 75 000 $ en espèces. Une telle organisation fournirait
aux titulaires de brevets presque autant de liquidités que si la
New England Company avait fusionné avec elle. Hubbard a finalement
reconnu l'importance de fusionner la New England Company et la Bell Company,
si possible. S'appuyant sur le dernier plan de Bradley, Hubbard a suggéré
une méthode permettant d'augmenter le capital de 250 000 dollars,
permettant ainsi à la New England Company de se consolider à
terme avec la Bell Company.
Selon les calculs de Hubbard, si la Bell Telephone Company
émettait cinq actions pour quatre de la New England Company, non
seulement le capital de la nouvelle société serait augmenté
à 700 000 $, mais les actionnaires de la Nouvelle-Angleterre
recevraient également une prime de vingt-cinq pour cent. Hubbard
estimait que soixante pour cent des habitants de la Nouvelle-Angleterre
pourraient être attirés, forçant ainsi les réticents
à se joindre à lui.6
Sanders exhortait alors à la retenue. Il pensait que si les investisseurs
de la Nouvelle-Angleterre rejoignaient la Bell Company, cela reviendrait
à les laisser « seuls ». Ils finiraient par
comprendre l'identité de leurs intérêts avec la Bell
Company, mais pour l'instant, il n'était pas judicieux de préconiser
de nouveaux plans.
Hubbard exprima son accord total avec l'évaluation de la situation
par Sanders, suggérant seulement que les habitants de la Nouvelle-Angleterre
pourraient être contraints de rejoindre la nouvelle organisation.
Malgré cette rencontre, les soupçons d'Hubbard persistèrent
et il envoya un représentant, A. O. Morgan, participer aux activités
de l'organisation. Morgan a expliqué :
"Concernant ma nouvelle visite à Boston, je pense que M. Hubbard
pense que ni vous (Sanders), ni son propre frère, ne lui rendez
pleinement justice, à lui et à ses efforts, et je suppose
simplement que, s'il est disposé à discuter, il souhaite
qu'une personne qui le connaît bien soit entendu".
Hubbard cherchait toujours à contrôler les actions de la
Bell Company dans la New England Company en cas de réorganisation.
Sanders rappela cependant au représentant de Hubbard que les parties
qui contrôlaient les actions étaient toutes majeures, dotées
de bon sens et d'un intérêt indivis, et qu'elles refuseraient
probablement d'être placées sous tutelle.
En juin, Sanders était prêt à soumettre un autre plan
pour la création immédiate d'une société sur
des bases solides, qui permettrait de payer les dettes de la Bell Company,
de laisser des fonds dans la trésorerie et de lever 30 000
à 50 000 dollars supplémentaires si nécessaire.
Ce plan, qui prévoyait d'intéresser Vail et ses amis financièrement,
a apparemment échoué.
Le 29 juin, dix personnes, dont plusieurs investisseurs de New England,
se sont officiellement associées dans le but de constituer une
société, la Bell Telephone Company, dotée d'un capital
de 50 000 $ et de 503 actions d'une valeur nominale de 100 $ chacune.
"La Société a pour objet de fabriquer et de vendre
des téléphones et leurs accessoires, ainsi que de construire,
d'entretenir et d'exploiter des lignes téléphoniques dans
l'ensemble des États-Unis, hors de la Nouvelle-Angleterre".
Ayant rencontré quelques difficultés pour lever des fonds
pour la nouvelle société, Sanders a proposé à
Hubbard une nouvelle proposition.
Il a accepté de vendre 200 actions pour 10 000 $ et George
Bradley a accepté de vendre 300 actions pour 15 000 $, plaçant
ainsi 25 000 $ dans la trésorerie de la société.
Ces cinq cents actions ont finalement été cédées
comme suit : Charles Williams Jr. a acheté 123 actions parce
quil « ne pouvait rien faire » ; Bradley
a acheté 300 actions parce quil « voyait la ruine
de la "N.E. Co" lors de la ruine de la Bell Company ; et
les amis de Sanders*ont pris les 77 actions restantes afin de le loger.
Sanders a également accepté de fournir 25 000 $
pour 1 000 actions, portant ainsi le capital en espèces à
50 000 $. Ces 1 000 actions devaient être conservées
et faire l'objet d'un vote par Sanders jusqu'à leur vente à
50 $ l'action. Si Bradley parvenait à céder ce bloc
d'actions dans les quatre mois, il recevrait une commission. Si, à
la fin de Si, pendant six mois, les 1 000 actions restaient
invendues, elles devaient être restituées à Sanders
au prix de son prêt, soit 25 $ par action. Sanders offrait
sa place à tout gentleman « honorable ».
La commission de 200 actions sur 1 000 actions devait être
reversée à la partie prêteuse si les stocks n'étaient
pas vendus dans le délai prescrit. De plus, le prêteur devait
recevoir un pour cent par mois pendant six mois, sauf si les actions ont
été vendues avant les six mois. Aux termes de cette proposition,
ni Sanders ni Hubbard ne devaient occuper aucun poste. Ils devaient accepter
les statuts de la New England Telephone Company, qui prévoyaient
la création d'un comité exécutif de trois personnes,
dont Sanders serait membre si Hubbard en était membre, et les investisseurs
en numéraire choisiraient le troisième membre. Theodore
N. Vail, agissant sous les conseils et la direction de ce dernier, Le
comité exécutif était chargé de gérer
les affaires de l'entreprise. Son bureau devait être situé
à New York, et les autres bureaux devaient être situés
là où le comité exécutif le jugeait nécessaire.
Finalement, 40 000 $ du capital de 50 000 $ devaient être
versés à lancienne Bell Telephone Company pour son
usine. Trente mille dollars devaient être versés immédiatement,
le solde dans six mois. Après avoir réglé les dettes
de l'ancienne compagnie pétrolière, l'excédent devait
être réparti entre Hubbard (6 000 $) et Watson (3 000
$ CA).1
Selon les termes de cette proposition, la direction de la compagnie devait
être transférée de Gardiner Hubbard à Theodore
Vail et au comité exécutif.
La proposition de Sanders est devenue « La base de la réorganisation
de la compagnie de téléphone Bell. »
Le 20 juillet 1878, le fiduciaire Hubbard céda les actions 161 739,
174 65, 178 399 et 186 737 à la nouvelle la nouvelle
Bell Telerhone Company en échange de 3 000 actions du capital
social de la nouvelle société. Le même jour, les signataires
des statuts de la société et adoptèrent un ensemble
de statuts. Ceux-ci étaient essentiellement les mêmes que
ceux de la New Bankland Company.
La principale exception L'article trois prévoyait la nomination
d'un comité exécutif par le conseil d'administration parmi
ses membres.
Ses signataires ont également élu à l'unanimité
Gardiner G. Hubbard, Thomas Sanders, Thomas Watson, C. E. Hubbard, James
Sturgis, Joseph H. Goodspeed et Thomas A. Eailey directeurs, ainsi que
Thomas Sanders trésorier.
Ils ont également voté à l'unanimité
que la nouvelle société achète au fiduciaire les
biens de la Bell Company.
Les administrateurs, réunis le même jour, ont élu
à l'unanimité Gardiner Hubbard président de
la Bell Telephone Company. Ils ont également élu
à l'unanimité Gardiner Hubbard, Thomas Sanders et
George Bradley au comité exécutif, qui s'est vu
conférer les pouvoirs nécessaires à la gestion de
la société.
Une semaine plus tard, lors d'une réunion à laquelle participaient
Gardiner Hubbard, Thomas Sanders, George Bradley, Thomas Bailey, C. E.
Hubbard, Charles Williams Jr. et A. O. Morgan, un règlement supplémentaire
fut adopté. Selon ce règlement, les détenteurs d'actions
payées en espèces disposeraient, pendant deux ans, des mêmes
droits et pouvoirs que les titulaires de brevets. Les souscripteurs en
espèces initiaux devaient exprimer deux voix pour chacune de leurs
actions, tandis que les détenteurs de brevets ne devaient exprimer
qu'une voix pour chacune de leurs actions. Ainsi, par l'ajout du règlement
treize, les détenteurs de brevets ont renoncé au contrôle
absolu de leurs brevets.
Afin d'acquérir un nouveau capital, Hubbard fut donc finalement
contraint de renoncer au pouvoir absolu qu'il exerçait
et qu'il avait exigé comme base de sa réorganisation. Le 14 juillet 1878, la Bell Telephone Company reçut son
certificat de constitution du Commonwealth du Massachusetts.
Sanders disposait enfin d'un capital pour sa société nouvellement
constituée.
Certificat n° 491. The American Bell Telephone Company. Certificat
d'actions rare de 300 actions. Émis à Thomas Sanders en
1880
La réorganisation de la compagnie de téléphone Bell
n'a pas eu d'impact immédiat sur le fonctionnement des agences.
Les agents ont été confrontés à bon nombre
des mêmes problèmes qu'auparavant. Ils ont continué
à se plaindre de l'absence de sonnettes d'appel, les considérant
comme un obstacle sérieux à la progression de l'activité.
Bien que jamais les modèles n'aient été aussi performants,
leur tissage était moins durable. Ainsi, à la fin de l'année,
la Bell Company demandait à ses employés de retourner toutes
les cloches défectueuses pour les remplacer par les modèles
les plus récents. Ces changements prenaient cependant du temps,
et les promesses de cloches de meilleure qualité ne regagnaient
pas toujours la confiance des clients.
Les agents et les bureaux de change se plaignaient fréquemment
des retards de livraison, des commandes d'instruments, de standards téléphoniques,
d'agencements de bureaux et de formulaires commerciaux. Ces retards ont
interrompu l'activité des agences et les centrales téléphoniques
ont perdu des abonnés.
Lorsque la société Bell a demandé des renseignements
sur l'état d'une centrale téléphonique, un licencié
a répondu :
"Nous n'avons pas de centrale téléphonique et il est
peu probable que nous en ayons une. Nous avons quelques éléments
de standard téléphonique, mais pas de sonnettes. Les téléphones
à batterie que nous avons commandés n'ont pas été
expédiés et nos clients partent pour une autre entreprise.
Je ne sais pas si je peux écrire assez fort pour vous faire part
de mon avis sur la question. Mais si rien n'est fait d'ici peu, je continuerai
jusqu'à ce que notre argent soit épuisé, ce qui ne
tardera pas à arriver, et je remettrai alors tout entre les mains
des hommes qui nous ont mis à mal [Bell Co.]. Ce n'est pas de notre
faute".
Les retards d'expédition ont naturellement entraîné
une recrudescence des critiques à l'égard de Charles Williams
Jr. Les agents qui passaient toutes leurs commandes chez Williams et qui
payaient rapidement leurs factures se sentaient particulièrement
lésés. Les retards persistants ont finalement contraint
les agents mécontents à rechercher des fournisseurs de matériel
électrique plus fiables. La réorganisation de la Bell Company
n'avait pas beaucoup amélioré la situation de Charles Williams.
Bien que l'ancienne Bell Company lui ait intégralement remboursé
ses obligations, il manquait encore de fonds et, en août 1878, il
demandait une avance de 2 000 $ à la nouvelle société
afin de poursuivre ses activités de fabrication. La pénurie
actuelle de Williams était due au fait qu'il avait utilisé
son « capital disponible » pour acquérir
une participation dans la Bell Telephone Company, récemment réorganisée.
De toute évidence, la Bell Company commençait à être
mécontente des performances de Williams. Hubbard reconnaissait
la nécessité de lui faire une avance, mais l'idée
ne lui plaisait pas. Après avoir visité la bourse de Chicago
et constaté de visu les conséquences des retards d'expédition,
Hubbard insista également pour que Williams soit dépêché.
Vail a demandé à Williams s'il ne pouvait rien faire pour
honorer les commandes en souffrance et maintenir un stock d'instruments
afin que les nouvelles commandes puissent être honorées sans
délai. Williams était lui-même insatisfait de la capacité
de la Bell Company à honorer ses obligations envers lui. Il s'est
plaint à plusieurs reprises à Sanders de ses difficultés
à obtenir une réduction sur les billets de la Bell Company.
Les exigences financières de Williams envers la Queen Elizabeth
Company ont régulièrement augmenté au cours des trois
derniers mois de 1878, et il s'attendait à ce qu'elles continuent
à augmenter à un rythme croissant. Williams a expliqué
que le solde qui lui était dû au 1er octobre était
de 9 265,40 $, au 1er novembre de 11 152,82 $ et au
1er décembre de 14 172,11 $. Il prévoyait que
le solde pour janvier 1879 serait de 17 000 $. Il avait besoin
de trois ou quatre mille dollars immédiatement pour payer ses factures,
car son crédit était compromis. La situation financière
difficile de Williams résultait principalement de lincapacité
de Hubbard à fournir tous les fonds nécessaires à
la conduite de lactivité manufacturière comme il lavait
promis, et en partie du fait que lentreprise de Williams employait
davantage de travailleurs.
Bien que Williams ait regretté les retards de livraison, il estimait
que les agents étaient injustifiés dans nombre de leurs
plaintes. Il a souligné qu'il avait récemment installé
de nouvelles machines d'une valeur de 2 000 $ et augmenté
le nombre d'employés travaillant sur des articles téléphoniques
afin de répondre à la demande croissante. Il a proposé
d'installer davantage de machines et d'embaucher des travailleurs supplémentaires,
si nécessaire, pour répondre aux demandes futures. Williams
a déclaré :
"En ce qui concerne les téléphones, jai rapidement
honoré toutes les commandes et je peux en augmenter le nombre
si nécessaire.
Depuis le 7 août, jai expédié 1400 appels
magnétique, soit une moyenne de 90 par semaine. Il y a eu un certain
retard sur les cloches de district en raison de changements de style
De nouveaux outils ont dû être fabriqués pour accélérer
la fabrication et réduire les coûts en quelques jours,
nous pouvons les produire très rapidement. Nous produisons les
annonciateurs aussi rapidement que nécessaire J'apprécie
pleinement votre position [celle de Vails] et je ferai de mon mieux pour
faire avancer ce travail".
Vail, à son tour, prétendait comprendre parfaitement les
difficultés de Williams, mais soulignait que chaque agent considérait
son territoire comme la clé de voûte de tout le système
téléphonique et qu'il refusait donc toute excuse pour retarder
le processus. Grâce à la perfection du téléphone
à pile, capable de rivaliser avec la concurrence du téléphone
à carbone Edison, de nouvelles pressions furent exercées
sur Williams pour qu'il produise en plus grande quantité. Malgré
ses propres efforts, Watson était d'avis que certains travaux téléphoniques
devaient être effectués dans d'autres ateliers.
Fin décembre, Williams avait porté son effectif à
6,5 personnes et rassura Watson qu'il serait capable de produire tout
le travail téléphonique souhaité. Williams s'inquiétait
désormais du prix des nouveaux modèles de téléphones.
Il conclut qu'il pouvait produire des téléphones pour 2,70
$ et facturerait 3,00 $ à la Bell Company. Cependant, plusieurs
fabricants lui avaient indiqué qu'un bénéfice équitable
serait d'environ 33 %. Par conséquent, alors qu'il souhaitait gagner
50 $ sur chaque instrument, il était prêt à partager
la différence avec la Bell Company et proposa de ne facturer que
40 pence de plus que le prix coûtant. La Bell Company accepta de
payer à Williams 3,10 $ à chaque téléphone
fabriqué.
Malgré cet arrangement, Villiams continuait à se plaindre
d'être « complètement débordé »
par manque de fonds, et il rappela à Sanders de ne pas manquer
de lui envoyer un virement important. Il expliqua : « J'espère
que vous avez bien réglé le solde Monsieur Sanders,
j'ai une somme importante à régler chaque semaine. Votre
entreprise me presse de payer Battery Telep. J'augmente mes effectifs
chaque semaine pour répondre à la demande, cela demande
de l'argent et des sommes importantes. Maintenez la situation en mouvement,
alors faites de votre mieux pour moi. »
L'incapacité de Williams à fournir des quantités
suffisantes d'instruments a poussé la Bell Company à explorer
la possibilité de faire appel à d'autres fabricants dont
le travail était de qualité égale et à bas
prix. Bien que Vail ait estimé qu'une telle solution était
absolument nécessaire, il a souhaité la limiter aux équipements
auxiliaires, laissant la fabrication des commandés exclusivement
à Williams. Par conséquent, lors d'une de ses tournées,
Watson commença à former Post & Co de Cincinnati à
la fabrication de ce type d'équipement téléphonique
auxiliaire.
L'entreprise était si désireuse de participer à la
production d'équipement téléphonique qu'elle commanda
1 500 $ de nouvelles machines pour effectuer le travail. Watson s'engagea
à confier l'approvisionnement des agents Bell à Post &
Co. et à George Bliss, qui s'apprêtait à créer
une usine à Chicago. Il a également visité les installations
d'un autre fabricant et, s'il les trouvait satisfaisantes, leur a demandé
de fournir une autre région du pays.
Fin février, Watson a pu signaler que Post & Company avait
commencé à fournir des cloches magnétiques à
Cincinnati, Louisville, Nashville, St. Louis, Iowa et Chicago. Il prédit
que Post & Co. et Bliss seraient en mesure d'approvisionner tout l'Ouest ;
Davis Watts et Patrick A. Carter, d'autres fabricants, le Sud et une partie
de l'Est ; et qu'avec l'implantation d'une usine à New York,
Williams serait libre de fabriquer uniquement des téléphones
et éventuellement des équipements auxiliaires essentiels.
Ces fabricants étaient tenus de respecter certaines normes et de
se soumettre à la supervision générale de Bell.
Watson a également suggéré qu'ils soient tenus de
signer un accord pour vendre du matériel téléphonique
uniquement aux agents de Bell en échange de son aide pour les aider
à démarrer. Parfois, Watson était tenu non seulement
de fournir une assistance technique, mais aussi une main-d'uvre
physique : « Je traverse les mêmes difficultés
chez Fost & Co. que chez Williams, lorsque j'ai commencé à
fabriquer. » « Je suis prêt à me retirer
et à m'investir aujourd'hui. »
La décision de la Bell Company d'accorder des licences à
d'autres fabricants d'électricité a non seulement contribué
à résoudre le problème d'approvisionnement, mais
a également permis à l'entreprise d'évaluer plus
attentivement les performances de Williams. Watson a déclaré :
"Jai demandé à un responsable de la Fost PC Co.T
de faire une offre pour les émetteurs. Il les fabriquera pour plus
de 2,60 $ chacun, par lots de 5 £. Frère Williams
devra venir. Je ne veux pas les fabriquer si je ne peux pas obtenir tout
ce que je veux de Williams".
Lorsque les agents ne se plaignaient pas des retards de livraison des
équipements, ils se plaignaient des retards de ratification de
leurs contrats. Il s'agissait là aussi d'un problème ancien.
À mesure que le secteur de la téléphonie gagnait
en maturité et évoluait, les systèmes de téléphonie
de district et de central téléphonique ont progressivement
dépassé en importance les agences de lignes privées.
Les agents ne pouvaient toutefois pas s'engager dans les différentes
phases de la téléphonie sans avoir préalablement
soumis des propositions à la société mère
et obtenu son consentement. Ainsi, la ratification et l'exécution
rapides des contrats étaient essentielles au lancement des systèmes
de district et d'échange. Certaines des premières agences
de lignes privées ont continué à fonctionner « sans
contrat » pendant une bonne partie de la période d'activité
de la société Bell. Parfois, ces « ententes générales »
se sont avérées bénéfiques pour la société
mère, par exemple lorsqu'elle souhaitait conclure de nouveaux accords
avec d'autres parties.
Les retards contractuels résultaient de plusieurs facteurs. Hubbard
avait tendance à négocier des accords provisoires avec des
agents par courrier, laissant les détails et l'exécution
finale des contrats pour les réunions lors de ses tournées
d'inspection. Les retards qui en résultaient s'avéraient
parfois coûteux. Les atermoiements de Hubbard à soumettre
une proposition à la société ADT d'Erie, qui envisageait
de mettre en place un système d'échange, ont conduit cette
société à se transformer en Gold and Stock Telegraph
Company. Bien que ces dernières conditions n'aient pas été
aussi favorables que celles de la compagnie Bell, elles ont été
acceptées en partie en raison du manque de réactivité
de la compagnie Bell face à ses demandes répétées,
qu'elle ne pouvait attribuer qu'à un manque de qualité commerciale
ou à une indifférence de notre part. Hubbard expliqua qu'il
avait espéré visiter Érié en juillet, puis
en août, mais qu'il n'était arrivé qu'en septembre.
Comme il s'attendait à être à Érié bientôt,
il n'avait vu aucun intérêt à réduire la proposition
d'écrire, préférant, comme il le fit, rencontrer
les personnalités en personne avant de faire une proposition formelle.
O. E. Hadden a résumé la situation en écrivant :
« Lentreprise dErie est un exemple de ce que lon
peut perdre à cause du retard».
Avant octobre, si un homme avait passé un
peu de temps avec eux, suffisamment de temps pour comprendre leur cas,
la Gold and Stock Company n'aurait jamais pu les obtenir. Je le sais.
Le deuxième facteur à l'origine des retards contractuels
était la nécessité d'obtenir l'assentiment du comité
exécutif de la Bell Company, composé de trois membres. Les
décisions n'étaient pas toujours prises rapidement. Par
exemple, bien que le Comité exécutif n'ait pas approuvé
un projet de contrat de licence pour Buffalo, le rejette, préférant
laisser les choses dériver.
Lorsque l'agent général Madden a fait pression sur Vail
pour qu'il prenne une décision, Vail lui a conseillé d'abandonner
la perspective d'investissements mécontents du retard, et si aucun
autre investisseur ne pouvait être trouvé, Madden a alors
décidé d'abandonner temporairement. Des flans pour un échange
à Buffalo. Madden a été confronté à
des retards similaires concernant Syracuse et Rochester. Dans les deux
cas, la Bell Company était confrontée à la perspective
de perdre l'intérêt et la coopération des capitaux
locaux et de voir l'opposition intervenir dans son propre programme. Madder
se plaignit :
"J'aimerais que vous (Vail) puissiez voyager parmi les agents et
ressentir par vous-même le degré d'insatisfaction qui existe
parmi eux, principalement parce qu'ils n'ont pas réussi à
obtenir satisfaction de la part de la C.O., cela vous amènerait,
j'en suis sûr, à apporter votre influence pour améliorer
la situation".
Les agents et les investisseurs potentiels ont également souffert
d'un manque de formation de la part de la Bell Company. La décision
de transférer le siège social de la société
à New York a aggravé le vieux problème d'une correspondance
commerciale irrégulière entre la société mère
et ses agents.
Les agents se sont plaints, comme par le passé, de l'incapacité
de la Bell Company à dissiper la confusion publique concernant
les fonctions des anciens agents. Les agents cherchaient souvent des informations
sur les dernières politiques de l'entreprise, notamment concernant
la création d'échanges : « N'ayant pas eu
de vos nouvelles, je travaille bien sûr dans l'ombre. Si je parviens
à lancer un échange, j'aimerais être informé
des modalités de financement.»
Les visites de représentants de l'entreprise ont souvent permis
de combler ces lacunes. Le chef des visiteurs était Thomas Watson,
qui non seulement révisait les informations, mais réussissait
également à apaiser les irritations des agents. Dam Hubbard,
en Californie, se sentait particulièrement isolé et demandait
fréquemment à être tenu informé des affaires
de l'entreprise. Lorsqu'un représentant de Bell lui rendit visite,
Sam écrivit à son frère Gardiner : « J'étais
ravi de le voir. Il m'a donné de nombreuses informations concernant
le secteur téléphonique, que je désirais depuis si
longtemps. Je pourrai désormais ouvrir très prochainement
une succursale de la District Telephone Co. »
Durant cette période de concurrence croissante et incessante au
sein du syndicat, la Bell Telephone Company a commencé à
exiger de ses agents qu'ils se consacrent à temps plein à
l'activité téléphonique. Après avoir inspecté
les dossiers de l'agent Ponton, Théodore Vail l'informa qu'il perdait
ses baux à l'expiration et que, par conséquent, des agents
supplémentaires étaient nommés sur son territoire.
Vail expliqua :
"Je sais que vous avez fait preuve d'énergie pour présenter
nos revendications mais ce qu'il faut, c'est un agent de promotion
énergique dans chaque ville. Vous ne pouvez pas louer de téléphones
d'une autre manière, ni lui accorder l'attention qu'il exige avec
votre autre entreprise".
À mesure que l'entreprise gagnait en maturité, des agents
à temps partiel démissionnaient, des agents à temps
plein étaient licenciés pour non-paiement des dépenses,
et d'autres cherchaient à réduire leur territoire, préférant
conserver des villes lucratives et les comtés environnants. Lors
de la nomination de remplaçants, la société Bell
semblait plus sélective quant aux personnes qu'elle choisissait.
Il était disposé à prendre des dispositions temporaires
afin de poursuivre la location de téléphones, mais cela
nécessitait du temps et de la réflexion avant d'établir
une relation permanente. Vail a expliqué : « Je
ne peux pas, avant d'avoir vu son travail et de connaître l'homme,
m'engager à conclure un contrat qui pourrait ne pas être
satisfaisant pour nos directeurs de magasin. »
Les agents de Bell ont continué à rencontrer le mécontentement
du public à l'égard des politiques de l'entreprise. La décision
de vendre les téléphones Bells au lieu de continuer à
les louer a causé beaucoup de difficultés aux agents. Alors
que les jeunes du Westerland étaient de plus en plus confrontés
à une concurrence sur les prix, les agents ont été
contraints de demander des éclaircissements ou de déposer
une plainte concernant les locations de téléphones et les
frais de central téléphonique. Afin d'empêcher ses
agents d'agir de leur propre chef face à une telle concurrence,
Bell leur a rappelé : « En ce qui concerne la réduction
des tarifs, nos instructions interdisent aux agents de louer à
des tarifs autres que ceux fixés par Bell Telephone Company, et
nous supprimerons toute agence qui agirait autrement. »
Cette question des prix était souvent source de désaccord
entre la société mère et ses agents. Dans ses contrats,
la société Bell exigeait de ses agents qu'ils paient les
loyers qu'elle pouvait fixer ponctuellement. Naturellement, les agents
craignaient que cette disposition ne les place dans une position désavantageuse,
car la Bell Company avait le pouvoir d'augmenter les tarifs annuels «
à tout moment », et ils seraient contraints de les payer,
sous peine de perdre leur contrat et d'imposer des conditions indésirables.
La société mère a expliqué que ses tarifs
seraient appliqués à toutes les agences en général.
Elle n'était pas disposée à établir un prix
général par contrat, car de telles conditions pourraient
rendre économiquement impossible la location de téléphones
d'un nouveau style au prix fixe. Vail a toutefois rassuré les agents
concernés :
"Il est peu probable que le prix augmente un jour, mais il pourrait
être souhaitable de le faire à l'avenir. Vous comprendrez
que nous devrons à tout moment fixer un tarif permettant à
nos agents de louer des téléphones et de réaliser
un bénéfice. Sinon, notre propre bénéfice
en pâtira".
Le prix des téléphones était un élément
particulièrement crucial dans l'organisation des centraux téléphoniques.
L'accent mis par la Bell Telephone Company sur le développement
de ce secteur était en grande partie motivé par ses difficultés
avec la Western Union. Gardiner Hubbard était convaincu que si
son entreprise parvenait à contrôler la téléphonie
par centraux, son avenir était assuré.
En août 1878, le secteur des centraux téléphoniques
supplantait celui des lignes privées. Watson, écrivant à
Bell en Angleterre, proclama que le système de bureau central était
un succès. Il rapporta que la Bell Company comptait 500 abonnés
à Chicago, dont plus de 200 étaient déjà connectés,
175 à Lowell, 30 à Albany, 30 à New Haven, et que
le système commençait à fonctionner avec succès
ailleurs. Watson avait prédit que d'ici un an ou deux, la Bell
Company aurait un central téléphonique dans chaque grande
ville des États-Unis.
Une grande partie du succès de la Bell Company en matière
de central téléphonique était due à ses encouragements
aux agents et aux parties intéressées à organiser
des sociétés de central téléphonique.
Les agents ont été incités à entreprendre
le projet, arguant qu'il n'y avait pas de meilleur retour sur investissement.
La Bell Company a également demandé à ses agents
généraux de consacrer leur temps, leur talent et un capital
suffisant à la mise en place de systèmes d'échange
partout où 100 abonnés pouvaient être recrutés.
Lors de ses tournées d'inspection, Watson a également vanté
la rentabilité des centraux téléphoniques et a encouragé
les agents à y investir. Plus tard dans l'année, il a déclaré :
« À cette époque (février 1879), j'ai
eu plusieurs conférences avec des hommes d'affaires prospères
et j'ai fait de mon mieux pour les convaincre d'investir dans un central
téléphonique dans une ville indienne.» J'ai
calculé des bénéfices merveilleux et je leur ai expliqué
le grand succès que nous obtenions dans l'Est. Ils ont semblé
incrédules lorsque je leur ai dit que dans notre Exchange de Lowell,
Massachusetts, il y avait 113 abonnés déjà connectés
et sur la liste d'attente ; qu'un jour, ils avaient reçu 452 appels
et avaient établi 85 connexions. Ma présentation de ces
faits frappants a évidemment eu un certain effet car un échange
a été lancé. cette même année.
Watson a fourni une assistance technique importante pour aider les agents
à mettre en place des systèmes de district et d'échange.
D'autres employés de Bell ont également été
chargés de cette tâche, mais les agents ont insisté
pour que Watson, et « personne d'autre », soit chargé
de configurer leurs échanges. La société Tie Bell
a également envoyé son directeur général conseiller
les organisateurs d'échanges sur les questions financières
et managériales. Bien que la société Bell ait été
disposée à tout mettre en uvre pour contribuer à
la mise en place de systèmes d'échange (centres téléphoniques),
ses offres d'aide ne comprenaient pas d'aide financière.
Sa situation financière ne le permettait pas. Les agences de change
se plaignaient souvent des loyers imposés par la Bell Telephone
Company pour ses instruments. Face à la concurrence de Western
Union, la société mère adoptait parfois l'expédient
de renoncer au loyer des téléphones pour la première
année, à l'exception de l'avance qui lui était due.
- Des conditions particulières imposaient aux agents des commissions
plus élevées que d'habitude afin de s'assurer leur coopération
et de les soutenir dans leurs efforts.
L'entreprise a également maintenu sa politique consistant à
verser des commissions plus élevées pour le loyer de la
première année, puis à les réduire après
l'arrivée à maturité du système d'échange.
Néanmoins, la compagnie de téléphone Bell a tenté
d'obtenir des conditions lui permettant de gagner un montant minimum compris
entre 5 $ et 10 $ par instrument et par an. Un agent général
estimait que l'exigence de la compagnie Bell d'un loyer minimum fixe le
privait de son droit d'exercer son jugement en matière de fixation
des conditions. Il a proposé qu'il soit autorisé à
exercer son propre pouvoir discrétionnaire en la matière.
Vail a expliqué que le minimum de temps requis par la Société
pour chaque location était déterminé par l'expérience.
Faire des affaires pour moins cher, sauf circonstances exceptionnelles,
équivaudrait à ne rien faire du tout. Concernant la discrétion
accordée à l'agent, Vail a déclaré :
« Je ne pourrais pas le faire si je le souhaitais Il
doit y avoir une limite, et cette limite doit être fixée
aussi précisément que l'expérience de la compagnie
Bell le justifie, laissant tout le reste à la discrétion
des agents. »
Bien qu'il puisse sembler que la compagnie Bell ait été
rigide dans sa politique exigeant un minimum de 5 $ par instrument,
elle n'était pas inflexible dans son fonctionnement. Elle a autorisé
l'agent Madden à proposer des téléphones à
des prix et des commissions qui ne permettraient à la Bell Company
que de libérer par instrument. Elle a également accepté
de garantir à la Buffalo Exchange Company tout excédent
supérieur à 3,00 $ dans le coût de connexion de 200
abonnés.
Les titulaires de licence ont rencontré de nombreux obstacles lors
de la mise en place de leurs échanges.
Afin de mettre en place des échanges d'opposition et de stimuler
l'intérêt et l'acceptation du public Vail a recommandé
aux agents de recruter des citoyens et des institutions de premier plan.
Hubbard a également conseillé :
Dès que vous avez 100 noms, ne serait-il pas judicieux dimprimer
une liste pour vos démarcheurs, de la transporter avec vous, de
ne la donner à personne, mais de la montrer à leurs clients.
Nous trouvons judicieux de suivre un cours de commerce avec un démarcheur,
tandis que dautres aimeraient quil en suive un autre.
La phase déchange téléphonique
étant relativement récente, Extrêmement nouveau, il
était difficile destimer le coût de construction dune
bourse.
De plus, une grande partie des coûts de mise en place d'un système
de district dépendait de la personne responsable de la construction.
Par conséquent, les coûts de construction dépassaient
souvent les estimations. Ainsi, par exemple, l'estimation initiale de
la bourse de Chicago se situait entre 12 000 et 15 000 dollars.
Le coût réel dépassait les 40 000 dollars.
Les échanges étaient fréquemment marqués par
des désaccords avec la politique de Bell Gompany concernant la
transmission de messages contre rémunération, c'est-à-dire
la transmission de messages payants. Lors de l'attribution de contrats
aux systèmes de district et d'échange, la société
mère s'est réservée cette fonction télégraphique,
tout en promettant d'autoriser les entreprises locales à y participer
ultérieurement. Les litiges à ce sujet ont souvent retardé
l'exécution des contrats et l'organisation des sociétés
d'échange. Parfois, la Bell Company accordait ce privilège
à certaines bourses, mais laissait généralement la
question en suspens. Le plus gros problème auquel tous les agents
étaient confrontés durant cette période était
la concurrence accrue de la Western Union. La Western Union et ses alliés
ont continué à s'appuyer sur leurs ressources financières
supérieures et sur une organisation bien établie pour défier
la Bell compagnie de téléphone et neutraliser tout avantage
dont cette dernière pourrait bénéficier dans un lieu
particulier. Par exemple, Sam Hubbard s'attendait à une «
lutte acharnée » de la part de l'American District Cornpany
lorsqu'il a commencé à établir un central téléphonique,
car il serait supérieur à un système complexe de
télégraphe-téléphone de district contrôlé
par l'ADT. Cependant, en essayant de lever des capitaux pour son central,
Hubbard a été informé qu'il était menacé
par les intérêts de la Gold and Stock Company et, par conséquent,
par une baisse des taux. On a dit à Hubbard : « Je
perdrais tout largent investi dans lentreprise Que leur entreprise
ninterférerait pas avec mon entreprise tant quelle
fonctionnait, mais que si je lançais le Tel. Ex., ils devraient
nous combattre dans tous les sens .»
Un représentant de la Gold and Stock a proposé de verser
à Hubbard 150 $ par mois pour ne pas mettre en service un système
téléphonique Bell. Le système de télécommunication
par télégraphe de district opposé permettrait également
de connecter tous les clients de Hubbard sans les obliger à utiliser
des instruments Gold and Stock. Cette offre reflétait la volonté
et les ressources que l'opération était en mesure d'utiliser
pour tenter de bloquer les progrès de l'Enfer. C'est ce même
pouvoir qui a contribué à convaincre les dirigeants de l'Eric
American District Company de choisir les instruments en or et en actions
plutôt que ceux de la Bell Company. Après avoir enquêté
sur la situation, Madden rapporta à Gardiner Hubbard : « La
société A.D.T. était faible et mal préparée
à faire face au mécontentement des 77 États,
notamment à lannulation du contrat de livraison de messages
qui suivrait inévitablement lutilisation de vos instruments.»
Les agents de Western Union étaient arrogants, reflétant
sans doute ce quils considéraient comme la puissance écrasante
de leur entreprise. Un agent a déposé un appareil de l'American
Telephone Company dans un bureau de police et a exigé de savoir
ce que la Bell Company comptait faire à ce sujet. La Western Union
a constamment fait circuler l'information selon laquelle un accord entre
les parties en conflit était imminent. S. J. Hall, du central de
Buffalo, a rapporté à Vail : « J'ai eu une
conversation animée avec M. Tillinghash, directeur de la Western
Union Il a déclaré en présence de plusieurs
personnes que la Bell Company faisait des efforts désespérés
pour fusionner avec la Western Union et qu'il pensait que cela aboutirait.
J'ai nié cette déclaration, mais il a affirmé qu'elle
reposait sur une connaissance personnelle et positive des faits. Comment ? »
Lorsqu'un autre agent de Bell apprit la même histoire cinq mois
plus tard, il rappela à Vail et à l'entreprise que si un
tel événement se produisait, ce serait une journée
terrible pour les agents, car ils seraient massacrés.
L'arme principale de l'opposition était le téléphone
à charbon Edison.
Les agents de Bell signalaient de plus en plus la perte d'abonnés
anciens ou potentiels, car ils estimaient que l'appareil Edison était
supérieur au Bell.
L'agent Cornish décrivit la frustration de son démarcheur :
"Il avait persuadé une partie d'avoir une ligne. Ils ont essayé
nos lignes pendant des semaines. Ils ont dit que c'était dix fois
plus fort. Cashell's J,
lui a donné [G. et S, agent] l'ordre, les garantit de tout ennui.
Les agents de Bell ont eux-mêmes décrit l'instrument Edison
comme étant plus puissant et plus clair que celui de Bell et ont
continué à exhorter leur société mère
à agir.
Le retard de la compagnie de téléphone Bell à intenter
une action contre Western Union a incité certains agents à
se plaindre de ce qui semblait être une inaction.
Un agent de Bell, également membre d'une société
ADT, qui envisageait d'adopter les instruments Bell, a écrit :
"Je ne souhaite pas nous impliquer dans un procès et, comme
la W.U. Co. propose de nous protéger contre quiconque, bien sûr,
M. Spencer [un responsable d'ADT] dit : « Utilisez-en
un qui soit le plus avantageux pour nous » Dans l'état
actuel des choses, la W.U. Co. nous combat et utilise son télégraphe,
et nous ne pouvons pas les arrêter, car vous ne nous protégez
pas comme vous le devriez. Et s'ils acceptent de nous protéger
contre vous, le résultat naturel sera pour nous de faire de notre
mieux".
Les agents de Bell étaient encore limités dans leurs réponses
à la concurrence. Ils n'avaient pas l'autorité nécessaire
pour réduire les tarifs.
Leur arme principale résidait dans leur capacité à
persuader les abonnés de la supériorité des instruments
Bell ou de l'intérêt d'avoir une connexion avec une centrale
Bell, ainsi que dans leur ingéniosité à équiper
les agents du syndicat des femmes de l'Est pour occuper des emplacements
stratégiques.
Grâce à des contacts personnels, des sous-agents de Bell
ont été mis en contact avec le maire de Norwich, dans le
Connecticut, qui a obtenu son propre numéro de téléphone,
et a obtenu gratuitement des poteaux d'alarme chaque fois que nécessaire
pour leurs propres lignes. Ces agents disposaient ainsi d'un avantage
distinctif sur leurs concurrents pour établir un central téléphonique.
Un autre agent a obtenu de la société Bell l'autorisation
de louer des téléphones à des prix inhabituellement
bas à plusieurs rédacteurs de journaux afin d'obtenir leur
aide. de leurs colonnes de journaux.
La Bell Telephone Company appréciait l'intérêt de
la publicité, mais ne pouvait pas l'utiliser à grande échelle.
Comme l'a expliqué Sanders : « Nous devrions faire
de la publicité plus largement ! » au nom de Bell
Telephone. Co. Une publicité d'une valeur de 2 000 ou 3 000
$, répondant à notre priorité, serait de l'argent
bien investi, si nous en avions les moyens. Par conséquent, une
grande partie de la charge publicitaire incombait aux agents. Les agents
de la New England Telephone Commary devaient accepter de faire de la publicité
pour le téléphone avant d'obtenir leur licence.
Un objectif majeur si une telle publicité visait à mettre
en garde le public contre l'utilisation d'instruments autres que Bell.
La Bell Company a conseillé à ses agents de mieux faire
connaître leurs droits en diffusant des circulaires décrivant
les brevets Bell et des copies d'une injonction obtenue à Cincinnati,
dans toutes les parties nationales, pour utilisation d'instruments de
contrefaçon.
La Bell Company a également utilisé le phonographe Edison
pour faire la publicité de son téléphone, bien qu'au
moins à l'occasion, un agent de la Western Union a anticipé
cette tactique et l'a utilisée lui-même, au grand dam de
l'agent local de Bell.
La Bell Telephone Company a également exposé ses instruments
en compétition avec d'autres lors de foires et d'expositions. Elle
a continué à mettre des téléphones à
la disposition des collèges et des écoles scientifiques
à des tarifs spéciaux. Les suggestions selon lesquelles
la société prêterait gratuitement ses instruments
à ces institutions ont été rejetées en raison
de la mauvaise situation financière de la société.
Malgré les contraintes financières, la compagnie Bell Telephone
et ses agents ont produit leurs propres publications pour contrer celles
de la Western Union. En septembre 1878, la Compagnie Bell a financé
la publication du « Record », dont on sait peu de
choses. Cet « organe semi-officiel de la Compagnie Bell »
était attendu avec impatience par un licencié de Saint-Louis,
dans l'espoir qu'il déclencherait les effets d'un organe rival.
Plusieurs agences et bourses ont également publié leurs
propres publications téléphoniques. L'un des premiers numéros,
The Telephone Journal, a été publié par le central
téléphonique Bell de Chicago en octobre 1878. Le premier
numéro expliquait :
"L'augmentation quotidienne du nombre d'abonnés à notre
central téléphonique et le succès remporté
par nos efforts pour placer la communauté des affaires dans une
communication rapide et fiable avec ses différents partenaires.
C'est ce qui nous a incités à créer le Journal Téléphonique,
conçu dans l'intérêt de nos clients".
Bien que le Journal ait pu être conçu dans l'intérêt
de ses clients, une analyse de son contenu indique clairement que son
objectif était de faire connaître la bourse et les équipements
Bell, de répertorier les abonnés de la bourse dans une sorte
d'annuaire rudimentaire et d'expliquer la position juridique de la société
Bell. Sous l'égide de la National Bell Telephone Company, successeur
de la Bell Company, plusieurs autres centrales ont publié leurs
propres publications.
En avril 1879, l'Agence Sud de la Bell Company a publié son premier
numéro du Southern Herald of The Telephone. Bien que
plus élaboré que le Journal, le Southern Herald se consacrait
principalement à faire connaître et à défendre
la cause de Bell contre ses opposants. Le Bell Exchange de Worcester,
dans le Massachusetts, publiait le Sunday Herald Jr., dont la principale
différence avec les autres publications résidait dans son
format miniature.
Fin mars 1879, le successeur de la Bell Company commença à
prendre des mesures pour publier une publication téléphonique
nationale intitulée Telephonic Journal.
Vail a expliqué l'objectif de son entreprise en sponsorisant cette
publication :
"L'objectif de l'entreprise n'est pas de faire de ce journal une
simple feuille publicitaire ; ni de faire plus qu'une opposition
sans scrupules ; elle ne pourra pas adopter une attitude partisane.
On espère que rien n'empêchera qu'elle soit utilisée
comme moyen de communication libéral entre tous ceux qui, pour
des raisons scientifiques ou commerciales, s'intéressent au développement
de cette invention des plus merveilleuses et précieuses :
le téléphone parlant ".
Malheureusement, la maladie de Francis Blake Jr., son rédacteur
en chef désigné, a contraint la National Bell Telephone
Company à annoncer le report de son premier numéro. On ignore
si le London Journal a été publié.
Alors que la National Bell Telephone Company tentait de contrer la supériorité
publicitaire de l'Union, elle tentait également de développer
un instrument pour concurrencer le téléphone à charbon
Edison. Watson avait commencé sa recherche d'un émetteur
concurrent dès avril 1878. Apparemment, la société
avait décidé de ne pas déposer de brevet pour le
téléphone d'Edison, comme l'avait suggéré
Chauncy Smith, mais de développer son propre appareil. Watson,
Edison était réticent à développer un téléphone
utilisant le principe de résistance variable, ce qui a contribué
au succès de l'instrument d'Edison. Comme il l'a rappelé :
"Chauncy Smith, notre avocat m'a dit que, bien qu'il soit certain
que le transmetteur Edison était largement couvert par les brevets
Bell, il pensait néanmoins qu'il était probable qu'Edison
puisse revendiquer valablement l'utilisation du carbone et, pour cette
raison, il m'a dit que je devais expérimenter avec d'autres matériaux".
Le problème de Watson s'est donc considérablement aggravé
lorsqu'il a rapidement découvert qu'il était relativement
facile de construire un transmetteur efficace avec de l'électrode
au carbone, mais qu'il était impossible d'en fabriquer un avec
un autre matériau. Cependant, un événement s'était
déjà produit qui allait faciliter la résolution du
problème de la Bell Company.
En février 1878, Charles Cheever avait écrit à Gardirer
Hubbard au sujet d'un « gentleman d'origine juive »
qui possédait un téléphone susceptible d'aider à
anticiper certains détails d'Edison. Cet inventeur, nommé
Émile Berliner, était réputé
pour être un « homme ingénieux ». Berliner
avait bricolé un télégraphe harmonique et, grâce
à lui, s'était intéressé à la téléphonie
et avait découvert le brevet de Bell. Au cours de ses recherches
électriques, Berliner a fréquenté un bureau d'alarme
incendie télégraphique et a appris qu'il fallait appuyer
fermement sur la touche Morse pour produire un son clair au niveau du
récepteur. Sur cette base, il a raisonné :
"Sachant que pour la production du son en téléphonie
électrique, il était nécessaire dutiliser des
courants ondulatoires, il mest immédiatement venu à
lesprit quen diminuant la pression du contact électrique,
le courant pouvait être modifié proportionnellement à
la pression appliquée, puis, en faisant vibrer lun ou les
deux côtés du contact, les vibrations du son pouvaient être
transformées en ondulations électriques".
Raisonnant comme il le faisait, Berliner avait élaboré en
janvier 1877 les éléments essentiels de la théorie
des transmissions microphoniques qui seraient incorporés à
l'émetteur Edison et qui feraient l'objet d'une controverse quant
à la priorité de son invention et de son application à
la téléphonie. En février 1877, Berliner avait réduit
ses théories à un modèle fonctionnel et, en juin,
il déposa une demande de brevet pour son transmetteur et récepteur
« contact ». Bien qu'une interférence ait
été déclarée à leur encontre au Bureau
des brevets, l'avocat de Bell, Anthony Pcllok, les jugea dignes d'intérêt.
Watson fut envoyé à Washington pour inspecter et tester
le transmetteur de Berliner. Il a constaté que :
"Il parlait assez bien, mais il était équipé
de l'électrode au carbone dont l'utilisation m'avait été
interdite. Cependant, comme il l'avait construite plusieurs mois auparavant,
j'ai pensé qu'il pourrait anticiper Edison sur une telle utilisation
du carbone et j'ai conseillé à M. Hubbard de conclure un
accord avec Berlin".
Par conséquent, des négociations furent entamées
par la Bell Telephone Company pour obtenir l'émetteur de Berlin
Line, qui utilisait le principe microphonique.
Bien que la demande de brevet de Berlin décrive un émetteur
possédant des électrodes métalliques, il pensait
qu'il couvrait également les formes carbonées. Il affirmait
que cet instrument, associé à trois récepteurs, fonctionnait
« parfaitement », démontrant qu'en tant que
transmetteur, son téléphone pouvait difficilement être
amélioré.
Hubbard était en désaccord avec Berliner sur le développement
de son invention et la valeur qu'il lui accordait. Il rapportait que les
instruments de Berliner n'avaient connu qu'un succès partiel, mais
il était convaincu qu'ils possédait le « germe »
dun instrument qui pourrait être utile à la Bell Company.
Il a donc suggéré à Berlin de réduire les
redevances qu'il réclamait en compensation. Berlin n'a pas été
facilement ému. Il a apprécié la valeur de sa revendication
selon laquelle cette mise en garde contrevenait à la demande de
brevet d'Edison pour un téléphone à charbon et qu'elle
couvrait également, en principe, tous les appareils similaires.
Il a souligné à Vail :
"Ma position contre M. Edison montre qu'avec un un examen approfondi
on peut s'attendre à une action contre lui, qui, judicieusement
menée, pourrait bien tourner complètement en ma faveur
Même pour assurer un autre niveau afin de faciliter vos manipulations
contre la W.U. Co., il pourrait être intéressant de conclure
un accord avec moi".
Un accord fut finalement conclu en septembre 1878. Il prévoyait
notamment que Berliner serait employé par la Bell Telephone Company
pour un salaire modeste. La Bell Company, à son tour, reçut
le contrôle de ses réserves et demandes de brevet potentiellement
précieuses.
Malheureusement, Berliner souffrit d'une maladie débilitante qui
l'empêcha de rejoindre la Bell Company jusqu'en novembre 1878. Entre-temps,
la Bell Telephone Company avait toujours besoin d'un instrument capable
de concurrencer celui d'Edison. Watson était « très
optimiste » quant à sa capacité à construire
un téléphone aussi performant que le transmetteur de carbone
d'Edison. Cependant, ses résultats ne correspondaient pas à
son optimisme. À la mi-octobre, il écrivait à Vail :
" Je perds environ 500 g par jour grâce à la batterie
de mon téléphone. Un jour, je me sens complètement
dépassé, pensant que j'ai réussi, et le lendemain,
je me sens plus bleu que l'indigo. Je comprends l'importance de la perfection
et je m'y mets autant que possible".
Watson travaillait encore dur pour perfectionner un transmetteur lorsque
Francis Blake apparut un jour d'octobre 1878 avec un transmetteur qu'il
avait conçu. Blake s'intéressa au téléphore
lorsqu'un membre du Comité du Centenaire lui rendit visite en 1876
et lui expliqua le principe ou le principe de l'invention d'Alexander
Graham Bell. Après avoir pris sa retraite après douze ans
de service au sein du Service topographique côtier des États-Unis,
Blake se consacra pleinement à la téléphonie. Il
commença à construire son transmetteur microphonique en
juin 1878, après avoir lu des articles sur les découvertes
anglaises sur le sujet. Les brevets de Blake ne mentionnaient ni le principe
du microphone ni le matériau théorique utilisé, mais
couvraient simplement les caractéristiques de construction de ses
émetteurs.
Watson a testé l'émetteur Blake et a déclaré
qu'il était plus puissant que celui d'Eisson, et que son réglage
était plus facile.
Bien que l'instrument de Blake reposait clairement sur l'électrode
au carbone « interdite », le besoin de la Bell Company d'un
transmetteur équivalent à celui d'Edison était si
grand qu'elle était prête à assumer les risques liés
à l'utilisation de contacts en carbone et a acquis le téléphone
de Blake.
En novembre, le transmetteur Blake était déjà en
production et avait été mis en service. Watson était
ravi de ses performances sur les lignes Holmes à Boston et annonça
qu'il faisait tout son possible pour accélérer sa fabrication.
Il indiqua qu'il restait encore des essais à effectuer sur le transmetteur,
mais suggéra que cela ne causerait aucun retard. Bien que Watson
ait indiqué que les transmetteurs à batterie pouvaient être
produits aussi rapidement que nécessaire, la société
Bell a rapidement rencontré des problèmes avec eux. Watson
a rapporté en décembre :
"Blake et moi travaillons comme des chevaux de Troie et si je n'en
tire pas quelque chose rapidement, ce ne sera pas ma faute. Aucun de nous
n'est satisfait des derniers instruments, bien qu'ils fonctionnent mieux
que les précédents. L'assurance qu'ils fonctionnent avec
succès nous serait plus que satisfaisante et me déciderait
à pousser plus loin leur fabrication".
Malgré ses défauts, le transmetteur Blake a commencé
à obtenir des résultats satisfaisants et Watson a promis
d'en fournir deux cents d'ici janvier.
La demande de Blake d'apposer ce nom sur chaque transmetteur fabriqué
a suscité la crainte de Watson de créer un précédent,
par lequel la société pourrait être dissoute. Le nom
« Bell » serait obscurci. Il a néanmoins
consenti à la décision.
George Bradley était heureux de recevoir l'assentiment de Watson.
Il pensait que la Bell Company, poursuivant ses activités, achèterait
occasionnellement de nouveaux investissements et qu'elle gagnerait beaucoup
à mentionner pleinement et justement les noms des inventeurs. Il
assura à Watson :
" Je pense que vous vous trompez dans votre raisonnement Monsieur
Bell est, et doit toujours rester, un inventeur par excellence en ce qui
concerne les téléphones, mais il y aura nécessairement
dautres étoiles dans le domaine du téléphone
quil ne nous fera jamais de mal de regarder et que vous suggérez
d« obscurcir » la plus grande lumière".
La demande de Blake de reconnaissance publique concernant le transmetteur
a également suscité l'opposition d'Émile Berliner,
qui a soutenu que Blake n'avait fait qu'améliorer un dispositif
qu'il avait lui-même montré. Berliner a affirmé que
s'il avait été en meilleure situation financière,
il aurait développé cette idée et construit un instrument
similaire à celui de Blake. Il estimait donc avoir autant le droit
que Blake de voir son nom affiché sur l'émetteur. George
Bradley a nié les allégations de Berliner. Il était
disposé à rendre public le nom de Berliner lorsqu'il a obtenu
son brevet, mais il a également souligné la différence
entre sa position et celle de Blake : « M. Blake nous
a donné un instrument que nous avons immédiatement mis en
pratique et qui nous a été d'une certaine utilité. »
Cependant, Bradley fut bientôt contraint de reconnaître la
contribution de Berliner au transmetteur Blake.
Bien que Vail ait informé les agents que la Bell Telephone Company
pensait que son émetteur était bien plus performant que
celui d'Edison l'instrument Blake nécessitait des améliorations
et une perfection.
Lorsque Francis Blake tomba malade, la tâche fut confiée
à Berliner et à un assistant. En six semaines, Berliner
avait perfectionné l'émetteur de Blake.
L'importance de l'entreprise berlinoise a ensuite fait l'objet de désaccords,
mais les Berlinois y ont vu un facteur important et ont aidé la
Bell Company à vaincre la Western Union Telegraph Company. Elle
a assuré à la Bell Telephone Company le monopole du téléphone.
Quelle que soit la valeur exacte du cigogne de Berlin, il ne fait guère
de doute que cette revendication de priorité dans l'invention du
microphone et son travail de développement sur l'émetteur
Blake, ainsi que la contribution de Blake, ont permis à la compagnie
de téléphone Bell de fournir à ses agents et abonnés
un émetteur à batterie d'une qualité au moins égale
à celle de l'Edison. Le recours par la Bell Company aux investissements
et innovations d'inventeurs indépendants pour résoudre le
problème du transmetteur reflète son intérêt
constant pour les inventeurs extérieurs à Bell. La société
a examiné attentivement les offres de ces personnes, car elle ne
savait jamais quand un inventeur innovant pourrait réussir à
inventer quelque chose d'utile. Par exemple, lorsque G. S. Moles informa
Hubbard qu'il avait inventé un appareil actionné par une
manivelle servant d'instrument d'appel sur une ligne, Watson commenta :
"Bien que Vail ait informé les agents que la Bell Telephone
Company pensait que son émetteur était bien plus performant
que celui d'Edison, l'instrument Blake nécessitait des améliorations
et une perfection".
Lorsque Francis Blake tomba malade, la tâche fut confiée
à Berliner et à un assistant. En six semaines, Berliner
avait perfectionné l'émetteur de Blake.
L'importance de l'entreprise berlinoise a ensuite fait l'objet de désaccords,
mais les Berlinois y ont vu un facteur important et ont aidé la
Bell Company à vaincre la Western Union Telegraph Company. Elle
a assuré à la Bell Telephone Company le monopole du téléphone.
Quelle que soit la valeur exacte du travail de Berliner, il ne fait guère
de doute que sa prétention à la priorité dans l'invention
du microphone et son travail de développement sur l'émetteur
Blake, ainsi que la contribution de Blake, ont permis à la Bell
Telephone Company de fournir à ses agents et abonnés un
émetteur à batterie d'une qualité au moins égale
à celle de l'Edison.
Le recours par la Bell Company aux investissements et innovations d'inventeurs
indépendants pour résoudre le problème du transmetteur
reflète son intérêt constant pour les inventeurs extérieurs
à Bell. La société a examiné attentivement
les offres de ces personnes, car elle ne savait jamais quand un inventeur
innovant pourrait réussir à inventer quelque chose d'utile.
Par exemple, lorsque G. S. Moles informa Hubbard qu'il avait inventé
un appareil actionné par une manivelle servant d'instrument d'appel
sur une ligne, Watson commenta :
" « Ne croyez pas quil y ait quoi que ce soit de brevetable
là-dedans, mais laissez lagent de Hamilton New York enquêter.
Lorsque des problèmes techniques surgissaient, il semblait toujours
y avoir quelqu'un qui prétendait avoir trouvé une solution".
Faisant référence à une telle offre faite à
Watson, l'agent Durant expliqua :
"C'est le quatrième homme qui vient à notre secours
avec exactement ce que nous voulons, et « si simple »
que Bell et Edison pourraient bien renoncer à leurs honneurs vains
Cette production, vous le constaterez, a été le travail
d'une heure un éclair pour ainsi dire (in the pan)".
La Bell Telephone Company souhaitait obtenir toutes les améliorations
liées aux appareils téléphoniques et aux communications,
même si elles n'étaient destinées qu'à un usage
futur. Naturellement, lors des négociations pour de telles inventions,
la Bell Company gardait un il attentif sur la Western Union. Thomas
Watson continua d'assumer la majeure partie de la charge de la recherche
et du développement. Outre son travail sur le transmetteur à
batterie, son fils a contribué à perfectionner le système
d'échange (central ou standard) et son appareil auxiliaire. Son
travail sur le terrain lui a permis d'acquérir une expérience
précieuse, sans frais pour la compagnie Bell.
Il était clair pour les responsables de Bell que l'activité
de district et de bourse allait générer de nombreux nouveaux
brevets et inventions. Par conséquent, dès ses débuts,
la société Bell a étudié ces brevets et inventions
en vue de les acquérir, de peur qu'un tiers n'en prenne le contrôle
et ne freine le développement de cette activité. Les politiques
de la Bell Telephone Company en matière de recherche et développement
étaient intimement liées à sa lutte pour atteindre
et conserver sa suprématie. La Bell Company affrontait directement
sa concurrence tout en recherchant des arrangements pacifiques. Elle négocia
un accord en septembre 1878 avec la Central District and Printing Telegraph
Company de Pittsburg, dont la majorité des actions étaient
détenues par la Gold and Stock Company. L'arrangement ressemblait
beaucoup, dans son principe, à celui suggéré par
Barton pour Chicago. La Pittsburg Company acceptait de verser à
la Bell Telephone Company une redevance de 3 $ pour chaque instrument
utilisé. Cela indiquait à Hubbard que la Central District
and Printing Telegraph Company n'avait aucune certitude. Cette concession
renforça encore la conviction de Hubbard selon laquelle la Bell
Company pouvait occuper le territoire du district sans révolution,
la Gold and Stock Company semblant incapable de développer une
bourse après sa création. Hubbard conclut que si sa société
parvenait à assurer cette phase de la téléphonie,
son avenir était assuré.
Hubbard a proposé cette solution à d'autres sociétés
de télécommunications régionales, préoccupées
par le coût et les problèmes liés à la décision
d'adopter le téléphone pour leurs systèmes. Sam Hubbard
a indiqué que cette opposition à San Francisco exprimait
son intérêt pour la mutualisation des activités d'échange
et, éventuellement, le paiement de redevances.
Le Dr Samuel White, actionnaire majoritaire de l'American Speaking Telephone
Company, a longuement discuté avec Sanders à l'automne 1913
au sujet de la convergence des intérêts téléphoniques.
Il a proposé une réunion avec d'autres dirigeants de Bell.
George Bradley a accepté de participer aux discussions, mais s'est
opposé à la consolidation, surtout si elle donnait le contrôle
à l'opposition. Apparemment, des responsables de Western Union
ont exprimé le souhait de rencontrer Bradley en secret, à
l'insu de Gardiner Hubbard. Ils espéraient peut-être exploiter
la méfiance existant entre Hubbard et les investisseurs représentés
par Bradley. Bradley a rejeté l'idée de rencontres secrètes
et a réitéré son opposition à tout projet
susceptible de porter ses fruits. Bell détient moins de la moitié
des actions d'une société consolidée.
Les actionnaires de Bell interrogés par Bradley ont suggéré
que si la situation était sincère dans son désir
de consolider sur une base équitable, un conseil d'arbitrage pourrait
déterminer la répartition des actions. En décembre,
George Walker, vice-président de la Gold and Stock Telegraph Company,
a soumis un mémorandum à Thomas Sanders proposant d'établir
des relations entre la Bell Company et les compagnies de télégraphe
Gold and Stock et Western Union afin de créer une compagnie téléphonique
consolidée. Le mémorandum de Walker soulignait les avantages
qui résulteraient d'une alliance. La Western Union comptait 8 000
bureaux et la Gold and Stock Company, en plus de ses vastes activités
à New York, détenait un consortium de sociétés
de district dans six grandes villes. Il a également été
proposé que la Gold and Stock Company conserve son activité
privée, telle qu'elle était exercée dans le cadre
de son contrat avec l'American Speaking Telephone Company. En demandant
ce privilège, Gold and Stock a affirmé qu'il ne s'agissait
pas d'un monopole téléphonique pour des lignes privées,
mais simplement que la compagnie de téléphone proposée
s'engage à ne pas s'engager dans l'exploitation de lignes téléphoniques
privées et qu'aucune autre compagnie dans son intérêt
ne devrait détenir le droit exclusif d'utiliser les téléphones
dans une localité donnée sans son consentement. Une telle
disposition n'interdisait pas la vente ou la location de téléphones
à toute société ou entreprise privée.
Walker a indiqué que Western Union était disposée
à céder à sa Gold and Stock Company, la branche de
la télégraphie commerciale, qui envisageait l'application
du téléphone sur les lignes téléphoniques
des succursales des stations Western Union vers les villes ou villages
périphériques. En retour, Western Union souhaitait un contrat
de la part de Gold and Stock prévoyant que toutes ces lignes secondaires
devraient fournir exclusivement des services télégraphiques
commerciaux.
Elle souhaitait également un contrat avec le fournisseur de téléphone
proposé, stipulant que ce dernier ne concurrencerait pas la Western
Union Telegraph Company pour les activités de télégraphie
commerciale.
Les deux sociétés de télégraphie ont convenu
d'utiliser exclusivement les téléphones de la nouvelle société.
Parallèlement à la publication du mémo Walker, William
D. Baldwin, l'un des avocats défendant les intérêts
de Western Union dans l'affaire Dowd, a informé le Dr White de
l'intérêt, voire de la nécessité, d'un accord
avec la compagnie de téléphone Bell. Il écrit :
"Sur le plan général de la méthode de transmission
téléphonique, je pense que Bell sera gagnant du fait que
Gray n'a jamais réduit l'invention à la pratique avant l'octroi
du brevet de Bell, et certainement pas avant Bell. Mais la revendication
de Gray sur le récepteur « iron-pan » lui
permettra de contrebalancer cette revendication de Bell, à condition
Son utilisation constituait une réduction à la pratique
et non une simple expérimentation. Compte tenu du prestige acquis
par Bell et de sa réduction préalable de l'invention à
la publication, je recommanderais un compromis avec lui chaque fois qu'il
ferait une offre raisonnable".
Baldwin était même disposé à accepter des concessions
sur les multiples revendications télégraphiques de Gray,
qu'il considérait comme plus précieuses que ses icônes
téléphoniques, afin que Victor puisse tirer un certain profit
de son important investissement. Il a toutefois fait remarquer que si
Bell décidait de se battre, cela coûterait à ses bailleurs
de fonds plus cher que ce qu'ils pourraient jamais tirer du brevet. V
White a dû suivre les conseils de son avocat car il était
prêt à vendre suffisamment d'actions pour que la Bell Company
puisse s'assurer le contrôle de la nouvelle société.
White a exhorté Sanders et son entreprise à agir rapidement,
car de nombreuses décisions importantes concernant les prix allaient
bientôt devoir être prises. Il a rappelé à Sanders
que Western Union ne pourrait pas mettre fin au caractère concurrentiel
de ses campagnes tant que des instructions et des limitations précises
ne seraient pas données. Il a affirmé : « Chaque
jour de retard gâche notre avenir, qui sera grandiose si un front
uni se présente. »
Les négociations entre la Bell Company et ses opposants semblent
avoir été interrompues fin janvier 1878. Vail a informé
un titulaire de licence :
"Vous pouvez nier catégoriquement que la Bell Telephone Company
fasse le moindre effort en vue dune consolidation. Les représentants
des parties rivales ont, à différents moments, soumis des
propositions allant dans ce sens, qui ont toutes été refusées
et qui nont plus été négociées. Des
opérations de toutes sortes sont en cours.
Vail a expliqué qu'aucune consolidation ne serait jamais réalisée,
ni aucune proposition envisagée, qui ne reconnaîtrait pas
pleinement les droits de la Bell Telephone Company sur ses brevets et
ne rendrait pas les intérêts de la société
téléphonique indépendants de tout autre intérêt.
Notant que les actionnaires de la Bell Company comptaient parmi les plus
importants et les plus influents de Boston, il a promis une campagne avec
« une nouvelle vigueur ». ou » contre les
adversaires de l'entreprise.
Il ne fait aucun doute que les négociations ont été
bloquées, comme elles le seraient plusieurs mois plus tard, concernant
le partage des intérêts dans les accords proposés.
William H. Forbes a alors résumé la situation :
Nous comprenons que la Western Union Co. ne souhaite pas envisager un
plan qui ne placerait pas le contrôle, par une majorité d'intérêts,
de l'activité téléphonique.
White a exhorté Sanders et son entreprise à agir rapidement,
car de nombreuses décisions importantes concernant les prix allaient
bientôt devoir être prises. Il a rappelé à Sanders
que Western Union ne pourrait pas mettre fin au caractère concurrentiel
de ses campagnes tant que des instructions et des limitations précises
ne seraient pas données. Il a affirmé : « Chaque
jour de retard gâche notre avenir, qui sera grandiose si un front
uni se présente. » Les négociations entre la
Bell Company et ses opposants semblent avoir été interrompues
fin janvier 1878. Vail a informé un titulaire de licence :
Vous pouvez nier catégoriquement que la Bell Telephone Company
fasse le moindre effort en vue dune consolidation. Les représentants
des parties rivales ont, à différents moments, soumis des
propositions allant dans ce sens, qui ont toutes été refusées
et qui nont plus été négociées. Des
opérations de toutes sortes sont en cours.
Vail a expliqué qu'aucune consolidation ne serait jamais réalisée,
ni aucune proposition envisagée, qui ne reconnaîtrait pas
pleinement les droits de la Bell Telephone Company sur ses brevets et
ne rendrait pas les intérêts de la société
téléphonique indépendants de tout autre intérêt.
Notant que les actionnaires de la Bell Company comptaient parmi les plus
importants et les plus influents de Boston, il a promis une campagne avec
« une nouvelle vigueur ». ou » contre les
adversaires de l'entreprise.
Les négociations ont sans doute été bloquées,
comme elles le seraient quelques mois plus tard, concernant le partage
des intérêts dans les accords proposés. William H.
Forbes résuma alors la situation :
"Nous comprenons que la Western Union Co. ne souhaite pas envisager
un plan qui ne lui confierait pas le contrôle, par intérêt
majoritaire, de lactivité téléphonique. Je
pense quun tel accord serait dangereux pour les intérêts
de nos actionnaires et je ne peux le recommander".
Un autre facteur ayant joué contre la consolidation pourrait être
Alexander Graham Bell qui, de retour d'Angleterre, accepta de consacrer
ses services à la Bell Telephone Company. Dans son contrat, Bell
se réservait le droit de se retirer si la Bell Company concluait
une consolidation avec toute autre compagnie que la New England Telephone
Company. Bien que les négociations se soient soldées par
un échec, un certain type d'accord existait entre les intérêts
concurrents du secteur téléphonique. En janvier, Hubbard
s'est opposé à une proposition de réduction sur les
téléphones, car elle était contraire à «
notre accord avec la Gold and Stock Telegraph Company, selon lequel aucune
réduction ne devait être accordée ».
Un mois plus tard, le directeur général de la Gold and Stock
Company pour la Nouvelle-Angleterre accusait le titulaire de la licence
de la New England Telephone Company à Worcester d'avoir réduit
les tarifs, contrairement à un accord entre lui et Bradley, afin
de remplacer les instruments Gold and Stock déjà installés.
En mars, la compagnie Bell Telephone a décidé de réduire
ses tarifs sur les émetteurs afin que ses agents puissent concurrencer
plus efficacement l'opposition.
La compagnie Bell a ainsi franchi une nouvelle étape dans sa campagne
visant à « prendre le contrôle du secteur de la
téléphonie aux États-Unis ».
Les agents de Bell continuaient de rapporter des rumeurs d'une consolidation
imminente. Même Watson les a notées :
" Partout où je vais, j'entends des rumeurs selon lesquelles
Bell Co. envisage de conclure un compromis avec la Western Union. Cela
découle sans aucun doute, je suppose, d'un désir intense
de consolidation de la part de l'opposition. S'ils ne changent pas leur
méthode de travail et ne nous poussent pas plus loin qu'ils ne
le font actuellement, cela ne nous servira certainement à rien
de collaborer avec eux".
Dans le cadre de son programme visant à « prendre le
contrôle du secteur de la téléphonie »,
la compagnie Bell Telephone a intenté une action en justice contre
des contrevenants indépendants, ainsi que contre Western Union
et ses alliés. Outre sa lutte contre les contrefacteurs, la société
Bell était chargée de défendre ses brevets dans l'affaire
des « interférences téléphoniques »
intentée par l'Office des brevets lors d'une précédente
procédure.
Lorsqu'Alexander Graham Bell a reçu son brevet de base pour le
téléphone, plusieurs personnes ont déposé
des demandes affirmant avoir inventé le téléphone
ou contrôlé des améliorations antérieures à
Bell. Ces revendications et demandes de brevets ont marqué le
début d'une série de litiges devant l'Office des brevets
des États-Unis, qui a duré près de onze ans (du 26
mars 1878 au 23 février 1889), et qui visait à déterminer
officiellement le premier inventeur du téléphone et ses
importantes améliorations. La majeure partie de ce litige sest
déroulée entre 1880 et 1889.
Il faut réorganiser
la Bell Company
Les plus éminents de ceux qui ont revendiqué la priorité
étaient Elisabeth Gray, Amos Dolbear et Thomas Edison, dont les
demandes appartenaient toutes à Western Union et à ses alliés
et constituaient la base de leur opposition téléphonique.
Étant donné que ces sociétés ont agi sans
attendre la décision finale du Bureau des brevets sur leurs revendications,
la Bell Telephone Company a intenté une action en justice contre
Peter A. Dowd devant le tribunal de grande instance du district du Massachusetts
le 12 septembre 1878.
Il s'agit du premier procès contesté concernant les brevets
Bell.
Bien que Peter Dowd, agent de la Gold and Stock Telegraph Company, ait
été le défendeur désigné, le véritable
défendeur était la Western Union, qui a assuré la
défense. Chauney Smith et James J. Storow ont mené le procès
pour la Bell Company, et George Gifford, Causten Browne et William D.
Baldwin ont présenté la défense.
La défense a tenté d'établir Elish Gray était
le principal inventeur du téléphone. Il prétendait
qu'entre 1874 et 1875, alors qu'il travaillait sur le télégraphe
harmonique, il avait construit plusieurs récepteurs utilisant des
électroaimants produisant des notes musicales par le passage d'un
courant intermittent. Gray aurait construit ces instruments, les aurait
utilisés expérimentalement et en aurait fait la démonstration
à plusieurs personnes.
Test d'Elisha Gray Il a déclaré que depuis que le téléphone
était entré en service sous les brevets de Bell, lui et
plusieurs experts en électricité avaient connecté
l'un de ses premiers récepteurs à un émetteur de
carbone et l'avaient trouvé capable d'agir comme un récepteur
pour la parole articulée.
La revendication de priorité de Gray présentait un certain
degré de plausibilité, puisqu'il avait déposé
une mise en garde reprenant ses idées sur la téléphonie
quelques heures seulement après le dépôt de la demande
de brevet de Bell. L'avocat de Bell a soutenu que, même en admettant
les dates auxquelles Gray a établi ses différents récepteurs,
il n'a pas dépassé le stade des expériences qui n'ont
rien donné d'utile, ont été abandonnées et
n'ont jamais été appliquées à la pratique
avant que Bell n'obtienne son deuxième brevet en 1877. Ils ont
soutenu qu'aucune expérience ou utilisation par Gray et ses assistants
ne justifiait l'état des connaissances à l'époque.
la croyance qu'un tel « dispositif » pourrait être
utilisé de manière pratique pour donner des résultats
utiles sous l'influence des variations excessives et faibles du courant
produites par le téléphone parlant. Les avocats de Bell
ont soutenu que l'existence d'un instrument qui, compte tenu du brevet
de Bell, pouvait être utilisé à la fois comme émetteur
et comme récepteur ne pouvait pas affecter la portée du
brevet de Bell, car un tel instrument était sans valeur entre les
mains de ceux qui n'avaient pas appris à transmettre la parole
par voie électrique. En d'autres termes, Gray n'avait pas expliqué
la théorie de la transmission de la parole comme l'avait fait Bell
dans son brevet initial.
Le témoignage, qui a débuté en janvier 1879 et s'est
terminé en septembre 1879, a occupé deux grands volumes
totalisant environ 1 200 pages.
Au cours de ce long procès, les principales parties ont entamé
des négociations privées qui ont abouti à un compromis.
L'affaire Dowd a donc été réglée par un jugement
de consentement et n'a jamais donné lieu à une véritable
audience. Néanmoins, le procès Dowd s'est avéré
être l'un des plus importants du litige relatif aux brevets Bell.
Outre son impact sur les négociations et le compromis, l'affaire
Dowd a été importante car elle a servi de prétexte
à la première déposition d'Alexander Graham Bell
dans le litige téléphonique. À quelques exceptions
près, ce fut son seul témoignage durant toute la procédure
concernant ses brevets. La déposition de Bell est restée
intacte, car son récit de l'invention du téléphone
a été retenu dans plusieurs affaires ultérieures.
Avec le début du procès Dowd, la Bell Company pouvait encourager
ses agents découragés. Hubbard promit que la compagnie ne
« relâcherait pas ses efforts » envers la Western Union.
George Bradley souligna que la Bell Company disposait d'avocats compétents
et compétents qui considéraient la réponse de la
Western Union à son acte de plainte comme « faible ».
De plus, la compagnie bénéficiait d'un avantage : le
jugement de l'affaire à Boston, où le processus pouvait
être plus rapide, et devant un juge « d'une compétence
reconnue et d'une réputation irréprochable ».
Bradley ne prévoyait qu'un seul résultat : l'ennemi
serait interdit d'utiliser des téléphones parlants. Bradley
était certain que la Bell Company pourrait obtenir des injonctions
dans tout le pays sur la base d'une telle décision. Ensuite, les
particuliers utilisant des instruments financiers liés à
l'or et aux actions seraient non seulement contraints de cesser de les
utiliser, mais également tenus de payer des dommages et intérêts
pour violation des brevets de Bell. En attendant, il exhortait les agents
de Bell à mener une lutte acharnée. Vail promit à
ses agents que la société Bell engagerait des poursuites
dans chaque circuit dès qu'une décision serait rendue dans
l'affaire Dowd.
La société Bell a également poursuivi la pratique,
initiée par son prédécesseur, consistant à
exiger de ses agents qu'ils tiennent un registre de toutes les parties
ayant fabriqué, utilisé, loué ou vendu des instruments
contrefaisants sur leur territoire. Dès réception de ces
informations, la société a conseillé à ces
personnes de solliciter une garantie d'indemnisation intégrale
auprès de Western Union, sous peine d'être contraintes de
payer à nouveau leur loyer, cette fois à la Bell Telephone
Company. La société Bell a indiqué qu'elle ne souhaitait
pas intenter de poursuites judiciaires contre les utilisateurs individuels,
mais souhaitait simplement qu'ils cessent d'utiliser les instruments contrefaits.
La Western Union et ses alliés ont eu recours au même type
de « tactiques alarmistes ». Après que l'Office
des brevets a publié l'un des brevets d'Elisha Gray, qui prétendait
couvrir le principe fondamental et le mécanisme substantiel du
Bell Telephone, la Harmonic Telegraph Company et l'American Speaking Telephone
Company ont publié conjointement un communiqué annonçant
l'événement. Ils ont également averti toutes les
parties utilisant des téléphones non fournis par eux ou
par la Gold and Stock Telegraph Company qu'elles s'exposaient à
des poursuites judiciaires.
La Bell Telephone Company a réagi en publiant sa propre dépêche
douze jours plus tard. Elle a rappelé au public qu'elle détenait
les « seuls brevets » couvrant les principes et mécanismes
des téléphones parlants. Elle a commenté la circulaire
d'opposition :
" Nous pensons que la circulaire émise par Harmonic Telegraph
Co. et American Speaking Telephone Co. visait uniquement à porter
préjudice au public ; cependant, il convient de garder à
l'esprit que l'affaire est devant le tribunal et qu'elle sera tranchée
par lui, et non par les déclarations de l'une ou l'autre des parties ;
en attendant, dans l'affaire Bell, les brevets offrent une protection
complète et suffisante à toutes les parties utilisant des
téléphones loués par cette société."
Cette bataille entre les deux camps s'est poursuivie jusqu'à la
fin février, chaque camp publiant au moins un nouvel avis imprimé
au public.
La compagnie de téléphone Bell ne s'est pas limitée
à une action en justice ni à une guerre des mots pour tenter
de combattre son opposition. Elle a informé ses agents que les
premiers baux de la société arrivaient à expiration
et leur a suggéré de rendre visite à chaque client
afin de déterminer l'état de ses instruments. Si nécessaire,
l'agent devait échanger les instruments insatisfaisants contre
des instruments neufs que la société Bell fournirait gratuitement.
Le directeur général Vail a ajouté :
"Nous sommes convaincus qu'en suivant ces suggestions, vous pourrez
fidéliser chacun de vos clients. Notre objectif est de fournir
des téléphones égaux à tous égards
et nous sommes convaincus qu'ils sont supérieurs à ceux
fournis par des parties contrefaisant nos brevets. La Bell Company a également
réduit les coûts de son instrument à piles, car bien
qu'il ait fonctionné comme l'Edison, il était constitué
d'un « émetteur-récepteur déconnecté »
et ne rivalisait pas avec l'« instrument combiné compact
et élégant » de l'autre côté".
Dans sa lutte contre la Western Union, la compagnie de téléphone
Beil a parfois pris des décisions contraires à sa politique
établie et qui se sont avérées coûteuses. L'un
de ces incidents a été son implication dans la création
du bureau de change de Buffalo.
L'agent J. N. Culbertson de Bell a éprouvé des difficultés
à établir un système de district à Buffalo
en raison des efforts de l'opposition. Gardiner Hubbard a recommandé
à la Bell Telephone Company de verser à un prospecteur 1
$ pour chacun des 200 premiers abonnés qu'il avait signés.
Cette somme devait être remboursée par la compagnie de district
une fois celle-ci organisée. Ainsi, pour seulement 200 dollars,
la Bell Company contribuerait à la création d'une société
de district à Buffalo et, ce faisant, faciliterait l'organisation
de sociétés similaires dans plusieurs autres grandes villes
de l'État de New York.
Le succès de O. E. Madden, Culbertson, a également connu
de grandes difficultés à mettre en place le système
d'échange. Les capitalistes étaient réticents à
investir dans l'échange proposé, à moins d'obtenir
des concessions spéciales de la part de la Bell Company. Hubbard
a accepté de garantir à deux investisseurs, Edward J. Hall
Jr. et H. C. Palmer, que le coût de connexion de 200 abonnés
ne dépasserait pas 3 000 $. Vail a calculé que la responsabilité
de la Bell Company ne dépasserait pas 500 $. Le comité exécutif
de la société Bell s'est opposé à la signature
du contrat. L'un de ses membres, George Bradley, craignait que la garantie
ne pèse davantage sur les ressources de l'entreprise que prévu.
Cependant, Vail a fait valoir : "Après l'intervention
de la C.B. (Bell Company), je pense qu'il est tout simplement désastreux
de se retirer du combat et de laisser l'opposition prendre possession
du terrain".
Nous sommes entrés sur le terrain allons-nous maintenant
prendre notre retraite ? Si, grâce à cette garantie,
nous pouvons sécuriser les affaires de Buffalo, ou même si
nous allons encore plus loin et leur versons à tous les loyers
des dix premières années, ce sera bien mieux que de laisser
l'opposition prendre pleinement possession de la ville de Buffalo et de
ses environs. Si nous souhaitons devenir une organisation permanente et
survivre à la durée de validité de nos brevets, cela
sera une erreur fatale.
Le contrat concrétisant la garantie a été ratifié
et signé le 20 novembre 1878. Il est intéressant de noter
que le contrat contenait également une clause stipulant que la
société Bell défendrait et dégagerait de toute
responsabilité les propriétaires de la bourse contre toute
poursuite pour utilisation d'instruments Bell. Un jour après la
signature du contrat, Vail a notifié Madden que les contrats négociés
à l'avenir ne contiendraient pas la mention « dégager
de toute responsabilité ». La société Bell
défendrait tous les titulaires de licence. Elle a fait de son mieux,
mais n'a pas pu accepter de payer des dommages et intérêts
si la justice la condamnait.
Alors que la bourse de Buffalo était confrontée à
une concurrence croissante de la part de Western Union, la Bell Company
a été contrainte de faire encore plus de concessions sur
sa licence. Elle a d'abord accepté de fournir des instruments à
des tarifs fixes lui permettant de concurrencer la position adverse, puis
a renoncé aux loyers pendant deux ans, à l'exclusion du
paiement d'une redevance. 2 $ pour chaque instrument manuel et 5 $ pour
chaque émetteur à pile. Heureusement pour la société
Bell, la bourse de Buffalo a rejeté toutes les réclamations
découlant du contrat du 20 novembre.
Il est concevable que la société Bell ait été
tenue de rembourser environ 6 000 $ à Hall and Palmer, car
il leur avait coûté 10 000 $ pour connecter 251 abonnés
à leur bourse. Malgré cela, Vail a calculé que La
renonciation au loyer pourrait coûter environ 4 000 $
à la Bell Company.
Devant le mécontentement persistant de George Bradley concernant
l'implication de la Bell Company dans l'affaire Buffalo, Vail a répondu :
« Le contrat Buffalo est l'une des erreurs commises par la
société, ou plutôt le résultat d'une de ces
erreurs, et la seule chose à faire est d'accepter les meilleures
conditions possibles et de se retirer. »
Les titulaires de licence de Buffalo ont continué à rencontrer
des difficultés financières. Cela s'explique en grande partie
par des coûts supérieurs aux estimations initiales. Par conséquent,
ils ont entrepris de créer une société au capital
de 30 000 $.
Hall a suggéré que la société mère
de Bell, la National Bell Telephone Company, récemment créée,
acquière un intérêt dans cette société.
Quelques mois plus tard, William H. Forbes, président de la National
Bell Telephone Company, a exprimé la décision de son entreprise
de ne pas investir dans les échanges régionaux :
« Notre plan est que cette gestion soit laissée aux
intérêts locaux et que le capital soit fourni par ceux qui
peuvent le mieux défier la concurrence, les hommes daffaires
qui exploitent les installations. »
Cette politique a été largement influencée par l'expérience
de la société mère à Buffalo et Chicago, qui
a débuté comme une réponse limitée pour défendre
les intérêts de Bell contre Western Union et a donné
lieu à des implication coûteuses des intérêts
locaux. De par sa proximité, la compagnie de téléphone
Bell était une zone Surchargé par les résultats de
son intervention à Chicago, H. H. Eldred a tenté en vain
d'obtenir des financements pour la bourse de Chicago. Il a donc continué
à faire appel à la Bell Company. Hubbard a expliqué
à son comité exécutif que le travail d'Eldred avait
coûté plus cher que prévu en raison de la nécessité.
de tout précipiter ou de tout perdre face à l'opposition,
les difficultés intrinsèques de la situation, le problème
de recruter de bons ouvriers et l'expérience d'Elfred.
Hubbard était convaincu que Chicago deviendrait le meilleur terrain
de jeu du pays pour le téléphone. Il regrettait donc la
décision de son entreprise d'essayer et a vendu son intérêt
pour Chicago, mais a convenu que l'entreprise devrait probablement se
contenter de bénéfices modestes, mais sûrs, laissant
le « gros lot » aux autres.
Hubbard pensait qu'il était nécessaire de développer
Chicago, non seulement parce qu'elle utiliserait probablement plus de
téléphones Bell que toute autre ville du pays, mais aussi
parce qu'elle était trop importante pour l'opposition.
Sanders, au nom du Comité exécutif, a exhorté Eldred
à tout mettre en uvre pour éviter toute dépense
inutile et à ne rien faire d'autre que connecter les abonnés
déjà inscrits. Eldred devait également utiliser le
crédit précédemment établi pour retarder les
paiements le plus longtemps possible. Eldred a pris note du sentiment
du comité et a apprécié la position de l'entreprise,
mais a expliqué qu'il était sans fonds en raison de dépenses
extraordinaires engagées dans le cadre de la lutte concurrentielle :
"Grâce à un versement d'argent, j'ai réussi à
faire en sorte que notre ordonnance relative à l'installation de
poteaux soit présentée au conseil lundi dernier et qu'elle
soit mise en uvre. Décédé comme une ordonnance
spéciale pour une décision finale lundi soir Western
Union a utilisé de largent contre nous pour acheter six voix
afin de garantir notre mesure Si nous ne parvenons pas à
obtenir des ordonnances pour installer des poteaux, autant se taire ici".
Malgré l'accord d'Eldred de se « retrancher »,
il continua d'exiger des fonds de la Bell Company. Fin septembre, il devait
16 175 $. Vail déclara que la Bell Company devrait faire
pression à Chicago pour garder le dessus sur l'opposition. S'il
ne désespérait pas de créer une compagnie locale,
il estimait que les perspectives étaient extrêmement douteuses.
Vail pensait que si la Bell Company laissait Chicago échapper à
son contrôle, elle pourrait bien abandonner tout le Nord-Ouest.
De plus, il soutenait que la Bell Company ferait un investissement judicieux
si elle conservait ses droits sur la bourse de Chicago.
Hubbard conseilla alors à Vail de conclure la meilleure affaire
possible en créant une société à Chicago et
en s'assurant des investisseurs, car la Bell Company avait besoin de fonds
pour mener à bien ses actions en justice. Vail fut contraint de
déclarer, après des efforts exhaustifs, qu'il ne parvenait
pas à obtenir le capital nécessaire et recommanda donc à
la société mère de finaliser l'organisation et la
constitution de Bell. Téléphone de Chicago. La société
de Chicago émettrait alors à la société Bell
80 000 $ de ses actions libérées pour obtenir le droit
exclusif d'utiliser les téléphones Bell et pour financer
les installations, le fonds de commerce et les activités de la
société. Les billets et les actions de la société
de Chicago serviraient de base à la levée de fonds, tant
pour ses propres besoins que pour ceux de la compagnie de téléphone
de Chicago. Sanders conclut que les difficultés rencontrées
par Vail pour attirer des investisseurs résidaient en partie dans
les conditions qu'il proposait. Sander exhorta donc Vail à ne pas
proposer de conditions qu'il ne pouvait abandonner dignement. Il a donné
les instructions suivantes à son directeur général :
"Veuillez considérer sérieusement la nécessité
vitale de disposer de liquidités, qui devrait lemporter sur
toute autre considération, aussi brillantes soient les perspectives
davenir si nous détenons la totalité des actions.
Si les factures dues à Chicago ne sont pas réglées
rapidement, nos perspectives seront bien plus compromises que de toute
autre manière".
La Bell Telephone Company envisageait alors de consolider ses intérêts
à Chicago avec l'opposition. Vail s'opposa à cette démarche,
affirmant que cela donnerait du crédit aux affirmations de la Western
Union selon lesquelles la Bell Company était en faillite et lui
serait bientôt vendue. Vail a reconnu la situation difficile de
son entreprise concernant son implication à Chicago et à
Buffalo :
"Une chose est sûre : si nous reculons, lopposition
pensera voir le début de la fin, ou, en dautres termes, elle
pensera avoir au moins pris le contrôle de nous, ce qui lui donnera
finalement lavantage quelle désire, mais que nous possédons
déjà. Il semble que notre entreprise ait connu bien plus
d'épreuves ou de transactions qu'auparavant".
À la fin de l'année, Vail ordonna finalement à Eldred
de constituer la Bell Telephone Company de l'Illinois.
Le magasin de la Bell Telephone Company reçut 80 000 $
d'actions entièrement libérées pour sa franchise
et ses locaux à Chicago. La Bell Company avait décidé
de conserver ses intérêts boursiers à Chicago plutôt
que de céder la Northwest à la Western Union. Dans son rapport
aux actionnaires et aux administrateurs de la Bell Telephone Company,
le président Hubbard expliqua que le coût réel de
la bourse de Chicago pour la compagnie s'élevait à 40 000
dollars. De plus, le développement de la bourse nécessitait
davantage de fonds, car les recettes ne dépassaient guère
les dépenses. Il n'est donc pas surprenant que Vail ait écrit
à Watson : « Chaque fois que l'on évoque Chicago,
nous tremblons car une nouvelle dose de responsabilité nous est
infligée. »
Ainsi, ce qui avait commencé comme une mesure d'urgence temporaire
visant à bloquer la Western Union s'est avéré être
un engagement très coûteux et durable de la part de la Bell
Telephone Company. Les besoins financiers de la centrale de Chicago ont
largement contribué à la nécessité de réorganiser
la Bell Company et, par conséquent, de retirer aux titulaires de
brevets originaux de la Bell tout contrôle réel de l'entreprise.
Quelques mois après la création de la Bell Telephone Company,
les agents n'étaient pas informés du transfert des cadres
supérieurs de Boston à New York. Il s'agissait de la concrétisation
d'une idée longtemps envisagée par les dirigeants de l'entreprise.
En janvier 1878, alors que Hubbard cherchait une alternative à
l'organisation de la New England Telephons Company, il trouva à
New Torlc des partenaires disposés à avancer entre 30 000
et 50 000 dollars à la Bell Company. Cet arrangement nécessitait
toutefois le déménagement des ateliers et des bureaux de
la société à New York. Hubbard a regretté
cette situation, mais a souligné que si les amis de Sanders ne
pouvaient pas fournir de fonds, il se tournerait vers ces investisseurs
new-yorkais. Sanders a indiqué qu'il regretterait vivement de déménager
à New York si des fonds pouvaient être obtenus d'une autre
manière.
La question s'est à nouveau posée en juin. Cette fois, Sanders
a convenu avec Hubbard qu'il était souhaitable que les bureaux
du président et du directeur général soient situés
à New York. Il n'a cependant pas vu la nécessité
d'y déplacer Watson.
Sanders a souligné que le capital de la Bell Company était
insuffisant pour l'établissement et l'entretien d'une usine sur
place. Les hommes de Watson étaient à pied d'uvre
dans l'atelier de Williamsà Boston, où au moins 30 000
dollars avaient été investis. Ils produisaient des instruments
de qualité supérieure, et cette activité pouvait
se poursuivre sans dépenser un dollar du capital de la Bell Company.
Les expéditeurs expliquent :
"La raison pour laquelle nous devrions continuer à fabriquer
des téléphones dans latelier de Williams est que nous
y disposons des hommes et des outils qui, sous la formation de M. Watson,
ont permis de fabriquer le seul téléphone performant au
monde. Cela coûterait plus cher que douvrir notre propre atelier,
sous la supervision de M. Watson, et nous ne pouvons pas et ne devrions
pas essayer dentrer dans un autre atelier du monde. pays sur les
mêmes toms que nous avons ici".
Sanders a ensuite soutenu que si les raisons justifiant le maintien de
Watson et des installations de production à Boston étaient
valables, il semblait tout à fait approprié et pratique
de conserver également le bureau du Trésor à Boston.
Pourtant, bien que Sanders ait préféré rester à
Boston, il se rendrait à New York plutôt que d'abandonner
une « entreprise » dans laquelle il avait un intérêt
personnel et financier si vital. Apparemment, les tentatives de Hubbard
de déménager les bureaux de l'entreprise à New York
visaient à écarter Sanders de la gestion des finances de
l'entreprise. Cependant, à cette époque, Sanders avait fermé
son entreprise et consacrait tout son temps et toute son attention à
la trésorerie. Il déclara à Hubbard : " Je ne
désire pas la trésorerie comme une sinécure et je
me soucie peu de savoir qui en détient le titre, mais je tiens
à gérer réellement les finances de l'entreprise.
Je ne pensais pas que vous seriez celui qui suggérerait une solution
de remplacement. Si un tel arrangement satisfaisait les messieurs qui
ont investi dans la société, je devrais le soumettre, même
si vous proposez de nous dispenser de tout repas ensemble. Je pense que
cela ne serait guère conforme à vos précédentes
déclarations, compte tenu de nos intérêts mutuels,
pour vous de proposer une telle solution",
Les efforts actuels de Hubbard s'inscrivaient dans
la lignée de ses précédentes suggestions : nommer
un trésorier fortuné.
En effet, l'un des derniers projets envisagés pour la réorganisation
de la Bell Company prévoyait la création d'une société
new-yorkaise dont les investisseurs new-yorkais nommeraient le trésorier.
Avec l'organisation de la Bell Telephone Company, le siège social
de l'entreprise fut finalement installé à New York. Watson
rappela plus tard que cette réussite était en grande partie
due aux encouragements de Hubbard et Vail, qui estimaient que New York
était le lieu idéal pour une entreprise exerçant
des activités nationales. Leurs points de vue ont pris le pas sur
les préférences de Sanders, Bradley et des autres dirigeants
de l'entreprise.
Plusieurs autres facteurs ont sans doute influencé cette décision.
New York était le siège de la Western Union Telegraph Company.
Peut-être pensait-on qu'en y installant également la Bell
Company, elle pourrait traiter plus efficacement avec ses concurrents.
De plus, depuis l'échec de Cheever et Roosevelt, la Bell Telephone
Company était intimement impliquée dans les affaires de
l'agence de New York. Ainsi, son implantation à New York facilitait
la supervision par la Bell Company des activités de cette agence.
La compagnie de téléphone Bell avait son siège à
New York en partenariat avec la Edison Phonograph Company.
Le personnel de la compagnie Bell était composé de Theodore
Vail, Robert Devonshire et Emille Berliner. Vail était le seul
dirigeant en poste permanent à New York. Watson, Sanders et Hubbard
venaient occasionnellement le rencontrer. Malgré les assurances
contraires de Hubbard, des retards se sont produits lors du déménagement
des bureaux de la Bell Company de Boston à New York. John Ponton
a rapporté avoir constaté des irrégularités
dans sa correspondance commerciale depuis le transfert. Si la décision
de déménager à New York avait eu pour but de faire
pression sur Sanders, elle a porté ses fruits. En novembre, il
s'est plaint à Bradley de son mécontentement quant à
son poste. Sanders a écrit :
"Je suis convaincu de ne pouvoir rendre justice à la
Société en ma qualité de trésorier tant que
je ne pourrai pas être en poste de façon permanente. Je suis
prêt et disposé à consacrer tout mon temps et toute
mon énergie à la conduite de l'entreprise dans tous ses
détails si je peux recevoir une rémunération qui
me permettra d'emmener ma famille à New York".
Après avoir été installé à New York
pendant seulement six mois environ, les bureaux de la Bell Telephone Company
ont été de nouveau transférés à Boston.
George Bradley n'était pas d'accord avec cette décision
car les conditions de travail n'étaient pas encore satisfaisantes
à l'usine de New York.
Il pensait qu'une telle décision permettrait à la Western
Union d'affirmer que « les Bell Yankees avaient tenté de
la combattre à New York et avaient dû abandonner ».
Cependant, il existait des raisons plus pressantes de revenir à
Boston.
Comme Bradley l'a lui-même souligné, ce déménagement
simplifierait certaines difficultés liées à la consolidation
des compagnies New England et Bell Telephone. De plus, cette décision
était probablement une conséquence du conflit entre Hubbard
et Sanders concernant la réorganisation envisagée de la
Bell Company. Cette théorie est corroborée par le fait que
la démission de Sanders du Trésor est devenue effective
dès le transfert de la Bell Company à Boston. Un autre facteur
important dans cette décision était linefficacité
résultant de la séparation géographique des dirigeants
de lentreprise. En réponse au dégoût d'un agent
concernant les retards, Vail a reconnu cette situation : « Les
retards persisteront jusqu'à ce que nos directeurs et cadres supérieurs
soient dans la même localité. C'est pourquoi nous avons l'intention
de déménager les bureaux à Boston, car nous ne parvenons
pas à convaincre les directeurs de déménager ici. »
Il était toutefois prévu que la situation financière
de Bell Telephone Company s'améliorerait considérablement
avec sa création. Or, ce n'était pas le cas. Tout au long
de son existence active, les finances de la Bell Company étaient
généralement sous pression.
Les difficultés financières de Hubbard continuaient de l'empêcher
d'apporter sa contribution financière. Avec plusieurs partenaires,
Hubbard devait 100 000 dollars à une autre entreprise. Lorsqu'un
plan visant à rembourser ses dettes échoua, Hubbard envisagea
de vendre une partie de ses actions téléphoniques, à
moins que, par l'intermédiaire des « bons offices »
de Sanders, il ne puisse vendre une partie de ses intérêts
dans l'English Telephone Company à la New England Telephone Company.
Hubbard n'était pas le seul associé à avoir besoin
de fonds ; Alexander Graham Bell et Thomas Watson en avaient également
besoin. Bell suggéra même que Watson, dans l'interview Le
reste des partenaires, en difficulté financière, investissent
dans la possibilité de fabriquer des jouets de Noël, notamment
un « Swearing Top ».
L'analyse des instruments expédiés aux agences et les échanges
indiquent que la compagnie de téléphone Bell progressait
dans la location de ses instruments. Bien qu'elle n'ait été
active que pendant sept mois, la société Bell a expédié
12 960 instruments, contre 12 262 pour son prédécesseur,
sur une période de douze mois. Les principales difficultés
financières de la société résidaient dans
les demandes constantes de la bourse de Chicago. Les difficultés
financières de la société Bell reflétaient
nécessairement ses perspectives et ses politiques. Sanders estimait
que la difficulté de l'entreprise à inscrire des investisseurs
en bourse pour ses trois sociétés boursières était
due à sa politique exigeant une part importante de leurs actions
en échange du droit d'utiliser les instruments Bell.
Il a donc suggéré que des conditions soient offertes qui
intéresseraient les hommes dès le départ afin d'assurer
la réussite de l'entreprise. Manifestement influencé par
la situation de Chicago, Sanders a noté : « Nos plus grandes
erreurs ont été commises lorsque nous avons insisté
sur des conditions qui étaient apparemment très avantageuses
pour nous Commençons du bon pied de telle sorte que
nous ne soyons jamais obligés de prendre en charge la propriété
locale. »
Sanders a également déconseillé de laisser les agents
salariés de l'entreprise opérer jusqu'à ce que l'entreprise
soit mieux financée. C'étaient précisément
les agents maritimes qui pouvaient impliquer l'entreprise dans des entreprises
coûteuses.
Lorsque Gardiner Hubbard exprima le souhait de trouver un représentant
en Californie pour discuter avec l'agent de Bell sur place de la possibilité
d'organiser une entreprise, Sanders répondit : « Ma seule
objection à l'envoi de M. Morgan en Californie est la constante
de ne pas être payé. « Éliminer de l'argent
jusqu'à ce que la trésorerie soit plus importante. »
Une conséquence immédiate des difficultés financières
de la Bell Company fut son incapacité à payer les frais
juridiques d'Anthopy Pollok. Comme la société n'avait pas
de fonds en trésorerie, Sanders recommanda à la New England
Telephone Company de le payer et de facturer à la Bell Company
les trois quarts des honoraires.Plusieurs autres avocats de la société
attendaient également leurs retenues et en décembre, il
y avait d'autres « factures pressantes ».
Malgré la gravité de la situation, Hubbard resta optimiste.
Après avoir cité toutes les dettes de l'entreprise, George
Bradley lui a fait ce commentaire :
« J'ai du mal à imaginer comment vous pouvez considérer
nos affaires avec autant d'optimisme en présence de faits aussi
concrets. »
Les besoins de la Bell Telephone Company ont été temporairement
satisfaits en novembre, lorsqu'elle a emprunté 5 000 dollars
chacun à George L. Bradley, Thomas Sanders et Charles Eustis Hubbard
(agissant en qualité de mandataire). L'entreprise s'est engagée
à rembourser ces sommes. Dans deux ans, un intérêt
de 7 % payable semestriellement.
L'obligation de la Bell Company prévoyait également que,
dans deux ans, la société pourrait émettre individuellement
cent actions ordinaires (l'obligation de Bradley spécifiait des
actions privilégiées) majorées d'un intérêt
de 7 % par an sur 5 000 $.
Selon George Bradley, il a levé les fonds nécessaires. Il
a établi le fonds de roulement de l'entreprise et s'est donc senti
obligé de clarifier son point de vue sur la politique de l'entreprise.
En général, il estimait que l'entreprise devait réduire
ses effectifs. Il arguait que les agents de l'entreprise ne devaient être
rémunérés qu'à la commission et que l'entreprise
devait se limiter temporairement à la location de téléphones,
laissant le reste de la téléphonie à l'ennemi. Brad
Ley a également suggéré Il a déclaré
que l'entreprise ne devait conclure aucun contrat susceptible de lui imposer
des charges dans un avenir proche ou lointain. Il a conclu : « Grâce
à cette politique, menée avec des moyens ordinaires, je
suis convaincu que nous pouvons couvrir nos frais généraux,
nos honoraires d'avocat, et dégager un excédent décent.
»
Bradley prétendait avoir l'aval de presque tous les actionnaires
et administrateurs. Sanders était entièrement d'accord avec
les suggestions de Bradley. Il expliqua à Vail :
"Je suis déterminé à utiliser tous les moyens
en mon pouvoir pour empêcher l'entreprise de contracter une dette
ou une obligation en dehors de son activité légitime, à
savoir la location de téléphones, et je vois dans l'affaire
Buffalo un enjeu majeur La moisson sera abondante lorsque nos brevets
seront tranchés en notre faveur, et si nous utilisons nos armes
de défense pour étendre nos activités, nous sommes
perdus".
Le trésorier Sanders a rendu compte de sa gestion financière
au comité exécutif de la compagnie de téléphone
Bell à la mi-décembre.
Depuis la création de la société, le 1er juillet
1878, jusqu'au 1er décembre 1878, il avait perçu de toutes
sources 75 519,63 $, en échange desquels il possédait
des biens à Chicago, 13 342 téléphones et 2 477 à
magnéto, ainsi que des actions de diverses sociétés
locales et des contrats avec elles, dont la valeur dépendait de
l'évolution future. Environ 12 000 téléphones
étaient loués à un loyer annuel moyen de 4,00 $,
et 1 400 Bells à un loyer similaire. La société
disposait de 3 086,30 $ en liquidités et d'une dette
de 7 939,52 $, dont le renouvellement probable équivalait
au moins à ce montant, mais n'était pas payable à
l'échéance.
La société Bell a été renforcée en
décembre par de nouveaux investisseurs que Sanders a qualifiés
de « solides et performants ». Ces investisseurs
exigeaient une représentation au conseil dadministration
dans le cadre du prix de leur assistance.
Lors de la réunion du conseil d'administration du 13 décembre,
deux membres ont démissionné et ont été remplacés
par William H. Forbes et Francis Blake Jr. George Bradley a exprimé
la surprise des nouveaux investisseurs en apprenant la véritable
situation financière de la Bell Company. Apparemment, le rapport
financier de Sanders de décembre n'avait pas décrit fidèlement
la situation de l'entreprise. Bradley écrivit à Hubbard :
« Nous sommes très perturbés en ce moment dapprendre
que la Bell Company doit 30 000 dollars et que certains billets
arrivent à échéance à la minute même.»
Bradley avait limpression que le passif de la Bell Company poussait
comme des champignons et que ses actifs nétaient quimaginaires.
William H. Forbes, fils de John Murray Forbes et l'un des nouveaux investisseurs,
a expliqué plus tard que ce n'est qu'après avoir acheté
leurs actions avec les autres investisseurs qu'ils ont découvert
que la société Bell possédait une dette de 40 000 dollars,
dont le montant et l'existence semblaient inconnus du comité exécutif.
Le directeur général Vail a indiqué à Hubbard
la véritable situation financière de l'entreprise lorsqu'il
a annoncé qu'elle aurait besoin d'environ 35 000 $ d'ici mars,
en plus des sommes recouvrées. Bien qu'il ait calculé que
l'entreprise recevrait 38 000 $ de plus que les dépenses,
il a conclu :
" Je ne m'attends pas à de gros revenus provenant de nouvelles
affaires, car elles absorberont une part aussi importante des revenus
que nous recevrons Pour payer les instruments, je ne compte que
sur une moyenne de 6 mois de loyers, alors que nous obtiendrons probablement
une moyenne beaucoup plus élevée, car une grande partie
sera payée d'avance. Cependant, cela sera déduit du chiffre
d'affaires de l'année prochaine et ne compensera peut-être
pas davantage les avances que nous avons déjà reçues
sur les téléphones loués l'année dernière,
mais cela ne représente qu'une partie de cette année".
À la mi-janvier, cependant, la situation de la Bell Company était
plus grave que ce que Vail semblait laisser entendre. Pour Alexander Graham
Bell, impliqué dans les discussions financières, elle
semblait au bord de la faillite. La description de Bell n'était
pas exagérée.
Il a expliqué que lorsque le conseil d'administration s'est réuni
le 23 janvier 1879, il était confronté à une crise
immédiate, car la paie de la bourse de Chicago était due
ce jour-là. Si les sommes n'étaient pas payées, l'opposition
était prête à s'emparer de notre propriété
et à nous déclarer en faillite. Afin d'éviter une
telle situation, le juge Bradley a avancé 1 500 dollars de
sa poche.
Comme d'autres factures importantes étaient dues le lendemain,
il était impératif d'agir rapidement. Selon Bell, présent
sur place, quatre plans ont été proposés.
* Tout d'abord, Sanders a proposé d'avancer 30 000 $ si la
société lui donnait des obligations pour ce montant, afin
qu'il puisse le gérer comme il l'entendait.
* Deuxièmement, il était proposé de faire appel à
tous les actionnaires pour fournir les fonds nécessaires.
* Troisièmement, il était proposé d'augmenter le
nombre d'actions de la société et d'en avoir suffisamment
pour fournir tous les fonds nécessaires au paiement des dettes
et pour remettre la société sur pied sans alarmer les actionnaires.
en effectuant des appels ou des évaluations.
Certains administrateurs ont garanti qu'ils pourraient trouver immédiatement
des acheteurs pour les nouvelles actions.
Si aucun de ces plans n'était adopté, il fut alors proposer
de liquider la société et de la déclarer en faillite.
Les administrateurs adoptèrent le troisième plan et chargèrent
Forbes et George Bradley de réunir les fonds nécessaires
pour le lendemain. Bien que les administrateurs aient exigé le
consentement des actionnaires de la société pour augmenter
le capital, tous les présents, dont Bell, se sont engagés.
Dans l'urgence, ils ont soutenu le comité s'il trouvait des acheteurs
disposés à payer d'avance.
Ainsi, sur proposition de William He Forbes, appuyée par Thomas
Sanders, les administrateurs ont voté que les actionnaires devraient
augmenter le capital social de la société de 75 000 $,
sur la base d'un apport supplémentaire en espèces déjà
versé ou à verser. Ils ont également voté
que les acheteurs de ces actions seraient autorisés à doubler
leur capital. Le droit de vote est décrit à l'article treize
des statuts de la société.
Bien que Bell ne connaisse pas les opinions de Gardiner Hubbard, il a
promis que son épouse Mabel, à qui il avait cédé
la majeure partie de ses actions, soutiendrait l'action de la société
en autorisant Forbes et Bradley à vendre sa part des actions augmentées.
Fort de ces assurances, selon Bell, Forbes et Bradley ont réussi
à obtenir les fonds nécessaires.
Il est cependant rapidement apparu qu'une loi imposait aux sociétés
de vendre leurs actions au pair et, comme les dirigeants estimaient qu'il
serait difficile d'accepter ces nouvelles actions sur cette base, il a
été proposé de dissoudre et de réorganiser
la société sur la base de l'augmentation du nombre d'actions.
Gardiner Hubbard ne voyait pas la nécessité de l'inquiétude
des administrateurs face aux affaires de l'entreprise.
Il demanda si Vail avait fait une déclaration sur les recettes
probables de l'entreprise provenant de nouvelles affaires pour l'année
à venir. Un tel rapport montrerait non seulement ce qui avait été
accompli, mais aussi les perspectives d'avenir. Hubbard s'est exprimé
plus en détail sur la situation de l'entreprise dans son mémorandum
aux actionnaires et aux administrateurs de la Bell Telephone Company,
préparé pour l'assemblée extraordinaire des actionnaires
du 8 février 1879. Après avoir brièvement retracé
l'historique financier de l'entreprise, il a ensuite expliqué les
circonstances entourant la dette actuelle de 40 000 dollars, qui
avait suscité un sentiment de méfiance chez les nouveaux
actionnaires et avait abouti à La révocation des pouvoirs
du Comité exécutif.
Il a expliqué que 30 000 $ du capital de la Bell Company avaient
été dépensés pour la bourse de Chicago, que
10 000 $ restaient dus pour cette propriété et que
10 000 $ supplémentaires seraient nécessaires pour
des extensions. Hubbard conclut :
" Ces états financiers sont suffisants pour démontrer
que si nous navions pas investi dans lentreprise de Chicago,
la société aurait été à lheure
actuelle libérée de toute dette et aurait pu poursuivre
ses activités sans nouvel appel aux actionnaires".
Hubbard a également décrit les facteurs qui ont poussé
le Comité exécutif à violer sa propre règle
interdisant à la Bell Company d'investir dans des sociétés
de district, ce qui a entraîné l'implication de la société
à Chicago. Il a également expliqué qu'en septembre
et novembre, l'opposition avait proposé de verser une redevance
à la Bell Company si elle abandonnait ses opérations de
change sur place, mais que le Comité exécutif avait refusé,
de peur de céder ainsi le Nord-Ouest à la Western Union,
même si la Bell Company aurait été soulagée
de ses charges financières à Chicago. Hubbard concluait
que, « dans ces circonstances, il n'y avait pas d'autre solution
à suivre ».
Hubbard n'envisageait pas encore la possibilité de vendre la propriété
de Chicago et soulignait que cela nécessitait des dépenses
supplémentaires. Cependant, il s'attendait à ce que la bourse
de Chicago dégage bientôt un bénéfice équitable
et prévoyait qu'une fois l'injonction obtenue contre la Western
Union, la société de Chicago serait la plus rentable de
toutes les sociétés du District.
Hubbard a fourni une brève déclaration sur le succès
du Comité exécutif dans la mise en place de systèmes
de change. Il considérait ces efforts comme une réussite
substantielle compte tenu de la puissante opposition de la Western Union.
Il expliquait :
"Il était absolument nécessaire de créer ces
entreprises dans tous ces endroits, car la première entreprise
à occuper le terrain dans n'importe quelle ville devait le tenir
face à tout nouvel arrivant, et l'échec de la Western Union
est dû à ce fait. Notre succès futur semble donc assuré".
Refusant toute responsabilité quant aux finances de l'entreprise,
Hubbard a admis que la Bell Company n'avait pas collecté autant
d'argent que prévu au cours des six derniers mois. Cela était
dû à la stagnation générale des activités,
à l'efficacité du téléphone à charbon
Edison et aux difficultés rencontrées par les titulaires
de licence pour établir leurs échanges et démarrer
leurs opérations. Il a toutefois souligné que la Bell Company
avait loué environ 12 000 téléphones à
un prix net de 5 $ chacun par an et que lentreprise nen était
quà ses balbutiements.
Hubbard prédisait que l'entreprise compterait bientôt plus
de 100 000 téléphones en service réel et que
le succès de la Bell Telephone Company ne serait pas pleinement
réalisé.
Hubbard concluait qu'« aucune entreprise n'avait jamais lancé
une nouvelle invention qui ait obtenu si rapidement un tel succès
ou qui ait été combattue par des ennemis aussi acharnés
et puissants. »
Le mémorandum de Hubbard était essentiellement une défense
de sa conduite en tant que président de l'entreprise. et membre
du Comité exécutif.
Hubbard avait de bonnes raisons de rédiger un tel rapport, car
il faisait l'objet de nombreuses critiques de la part des nouveaux investisseurs
et de leurs amis. Sanders s'est montré particulièrement
critique envers le manque de respect de Hubbard à son devoir de
soumettre les contrats au Comité exécutif pour inspection
et évaluation. Sanders a dû penser que Hubbard se comportait
comme il l'avait fait lorsqu'il était administrateur de l'ancienne
Bell. Entreprise. Lorsque Hubbard demanda l'autorisation de signer des
contrats pour Buffalo et Rochester, Sanders se plaignit de ne même
pas être au courant de l'existence de ces contrats. Il appela à
la prudence, à une réflexion plus approfondie et à
une discussion plus approfondie.
Sanders rappela à Hubbard que ce qui lui semblait parfaitement
clair ne l'était pas pour Bradley et lui-même, qui étaient
totalement dans l'ignorance.
Les efforts visant à ce que Hubbard soumette les contrats au Comité
exécutif constituaient en réalité une tentative de
Sanders et Bradley de limiter le pouvoir de Hubbard. Sanders s'est souvenu
à juste titre, en guise d'explication à George Bradley,
qu'aucune disposition des statuts de la société n'autorisait
à signer des contrats. Il estimait cependant que la suggestion
de Bradley, selon laquelle tous les contrats devaient être signés
par le Comité exécutif, était judicieuse car :
" Le souhait de M. Hubbard de voir lexécution de toutes
les affaires, sil y consentait, lui permettrait de se retrouver
avec trop de pouvoir. Nous ne devons pas permettre que de nouveaux contrats
soient signés sans que les parties en aient connaissance, ainsi
que leur contenu ".
Hubbard accepta la suggestion de Sanders, mais expliqua que le délai
nécessaire pour soumettre les contrats au comité pourrait
entraîner leur perte. Concernant son écart par rapport aux
lignes directrices établies par le comité pour l'élaboration
de ces contrats, Hubbard expliqua qu'il les respectait et qu'il les respecterait
invariablement, mais que dans presque tous les cas, des dispositions devaient
être prises pour s'adapter aux circonstances individuelles. Néanmoins,
il a demandé au directeur général Vail de soumettre
tous les contrats à l'approbation du comité exécutif.
Dans son mémorandum, Hubbard a souligné la critique des
« contrats imprévoyants ». Il a nié
cette accusation en déclarant :
"Je pense qu'il serait presque impossible, avec notre expérience
actuelle, de sélectionner des agents plus performants ou plus efficaces
ou de conclure des contrats plus satisfaisants. . . À quelques
exceptions près, nos agents n'ont pas gagné d'argent, mais
ont engagé des dépenses importantes, comptant sur leurs
futurs bénéfices pour se faire rembourser ; sans commission,
l'incitation aurait été insuffisante".
L'inaccessibilité de Hubbard fut une autre source d'orticisme.
George Bradley souhaitait fréquemment le consulter pendant les
périodes critiques, mais n'en était pas capable. Il en résulta
que les décisions importantes étaient souvent retardées.
Hubbard promit de consacrer plus de temps à l'entreprise lorsque
le Congrès clôturerait ses travaux et que ses fonctions au
sein de la Commission postale du Congrès prendraient fin. Même
lorsque l'entreprise traversait une crise organisationnelle et que la
position de Hubbard était en jeu, il n'était pas disponible
pour consultation.
Alors que les difficultés de l'entreprise devenaient plus critiques,
la direction de Sanders était également sollicitée.
Il a rappelé à Bradley :
"Nous devons tous prendre conscience que nous sommes mutuellement
responsables du succès ou de léchec de la compagnie
de téléphone Bell, et je ne devrais rejeter la faute sur
aucun membre du comité exécutif, car agir ensemble serait
déraisonnable. Vous et moi sommes daccord sur tous les points
importants et jespère que nous pourrons désormais
travailler ensemble sans aucune récrimination".
Alors que les critiques à l'encontre de Sanders se poursuivaient,
il exprima le souhait d'être déchargé de sa malheureuse
responsabilité, qui, bien que déchargée dans l'intérêt
de tous les partis, ne lui apportait que ce que Bradley appelait « une
mise à l'épreuve universelle ».
Sanders se demandait comment Bradley pouvait le juger objectivement, compte
tenu de leurs conflits d'intérêts. Il a noté :
"Je suis obligé de reconnaître que j'ai été
influencé par les luttes que j'ai traversées ces deux dernières
années et que j'ai sans doute été déraisonnable.
Je sais que j'ai biaisé ma position face à vous par ma manière
acerbe de la défendre, qui est aussi désagréable
pour moi que pour vous, mais je me suis senti particulièrement
seul dans cette affaire, comme si tout le monde était contre moi
".
Sanders a indiqué qu'il était prêt à renoncer
à toute prétention à la direction de l'entreprise
si c'était le seul moyen d'assurer la paix. Il regretterait toutefois
d'avoir à le faire, car il portait un profond intérêt
à l'entreprise et avait le sentiment d'avoir consacré toute
sa vie à sa cause.
Sanders espérait que son nom y serait au moins associé.
Sanders continuait de croire que Bradley avait tort de lui imputer tant
de défauts de gestion, d'autant plus que Bradley lui avait prodigué
tant de conseils. Mais bientôt, tout cela serait terminé
et Sanders espérait que Bradley et lui verraient les choses clairement
et redeviendraient amis un jour.
La crise financière et managériale de la compagnie Bell
Telephone avait atteint son paroxysme lors de la réunion des administrateurs
du 23 janvier, lorsque les problèmes financiers exigeaient une
solution immédiate. Selon Bell, les derniers investisseurs de l'entreprise
« soulevaient ciel et terre pour éviter une catastrophe ».
En prenant le contrôle des affaires de l'entreprise, ils avaient
aboli le comité exécutif. Au-delà de ses sentiments
personnels, Bell avait le sentiment que ces hommes poursuivaient la meilleure
voie qui s'offrait à eux.
Bell s'est fortement impliqué auprès de ces nouveaux investisseurs
pendant la crise et dans les activités organisationnelles qui ont
suivi. S'appuyant fortement sur l'apparence d'un individu et sur le moulage
de sa tête, Bell a poussé un soupir de soulagement en découvrant
« la tête de M. Forbes parmi les membres du conseil d'administration
». Il a commenté : « Cela semble être
une tête phénologique bien équilibrée, et c'est
un homme qui vous regarde en face, et cette apparence générale
inspire confiance.»
Sanders apparaissait à Bell comme un « bon gars »
, mais il estimait ne pas pouvoir se fier à son jugement. Bell
concluait que les défenseurs n'avaient pas beaucoup de compétences.
Il ne fait aucun doute que Bell était influencé par les
préjugés de son père, ainsi que par les siens. Bradley
semblait être un homme beaucoup plus solide que Sanders, mais Bell
le trouvait trop téméraire et optimiste pour être
équilibré. Tout en concédant que Bradley semblait
posséder du jugement et des compétences, Bell ressentit
un sentiment de manque d'expérience en le voyant. Bien que Francis
Blake ait exprimé ses idées avec une honnêteté
absolue, Bell estimait qu'il ne semblait pas posséder le pouvoir
ni la fermeté, et qu'il manquait de compétences particulières
en tant que réalisateur. Bell a qualifié Watson d'homme
doté d'un « grand et bon jugement », mais qu'il ne
possédait aucune expérience en tant que réalisateur.
Eustis Hubbard, tout en paraissant « parfaitement bon et intègre »,
n'a pas inspiré la confiance de Bell. C'étaient ces hommes
qui se voyaient confier la destinée de la compagnie de téléphone
Bell. Bell concluait :
"Me laissant une impression générale sur tous ces hommes
réunis pour examiner l'état de l'entreprise, je pense que
nous avons des raisons d'être reconnaissants d'avoir un si bon groupe
d'hommes liés à l'entreprise. Mais le seul homme qui m'impressionne
par ses capacités remarquables est M. Forbes".
Bell approuva pleinement la mesure prise le 23 janvier et estima que tout
dépendait de la coopération de Gardiner Hubbard, dont il
était convaincu qu'elle lui serait accordée lorsqu'il connaîtrait
tous les détails.
La nécessité de réorganiser la Bell Corporation offrit
l'occasion de fusionner la Bell Telephone Company et la New England Telephone
Company en une seule organisation. La principale difficulté de
cette proposition, selon Bell, résidait dans le refus des investisseurs
de la New England Company de réunir leurs biens à ceux de
la Bell Company si Hubbard en demeurait le patron. Ils soupçonnaient
la position financière de Hubbard, car on disait qu'une grande
partie de ses notes servaient à protester. En conséquence,
ils n'avaient aucune confiance dans la Bell Telephone Company tant que
Hubbard en était président.
Même à ce moment critique, Hubbard n'était pas à
Boston, au grand désespoir de son beau-fils. Bell a informé
Hubbard que s'il ne coopérait pas avec les investisseurs, la compagnie
téléphonique serait ruinée. Les investisseurs étaient
déjà alarmés et, en cas de désaccord interne,
une panique risquait de s'ensuivre, les obligeant probablement à
vendre leurs actions pour obtenir ce qu'ils pouvaient. Si cela se produisait,
Western Union pourrait profiter de la situation en achetant ces actions
et en prenant le dessus.
Bell a convenu avec les investisseurs que la « malheureuse
situation » de Hubbard avait des répercussions sur la
société Bell. Ses opinions concernant l'avenir de Hubbard
et de l'entreprise étaient toutefois ambiguës, comme il l'exprima
à sa femme, la fille de Hubbard :
"Je suis assez affligé par ce manque de confiance en Gardiner
Hubbard, mais je ne peux fermer les yeux sur ce fait et je sens
qu'une crise approche et que soit les riches nous quitteront soit
votre nom sera moins associé à l'entreprise. J'ai également
le sentiment que M. Hubbard ne consentirait jamais à ce qu'une
autre personne soit présidente de la Société et,
pour ma part, je ne soutiendrais aucune tentative de le destituer s'il
ne souhaitait pas démissionner" .
Bell rejeta les suggestions selon lesquelles ce problème pourrait
être résolu en le nommant président de l'entreprise.
Il prétendait ne pas être « fait pour ce poste »
et souhaitait seulement qu'on le laisse en paix. Bell était certain
que si toutes les parties intéressées se réunissaient
pour que la paix, l'harmonie et la prospérité reviennent.
Agonisant face à son dilemme, Bell écrivit à sa femme :
" Je suis troublé, anxieux et je ne sais pas quoi faire.Jaime
votre père et je suis fier de lavoir à la tête
de cette entreprise. Pourtant, même moi, jai limpression
que ce nom fait obstacle à lobtention du soutien financier
dont nous avons besoin et menace de ruiner lentreprise. Oh là
là ! Que pouvons-nous faire ? Comment tout cela va-t-il
sen sortir ? Jaimerais que tu me prennes dans tes bras,
ma chère femme, et que tu me dises ce que tu souhaites. Tout ce
que tu veux, je le ferai ".
De retour de Washington, Hubbard expliqua à son avocat que les
difficultés de l'entreprise provenaient de l'implication de Chicago.
Il estimait avoir bien introduit le téléphone malgré
les obstacles rencontrés. Hubbard affirma que si les comptes et
les finances de l'entreprise avaient été correctement supervisés,
la Bell Company ne serait pas dans sa crise actuelle. Il a réitéré
ici sa conviction que Sanders n'était pas apte à occuper
le poste de trésorier et que toutes les difficultés de l'entreprise
auraient pu être évitées avec un bon trésorier.
Il a reconnu que certaines parties le tenaient pour responsable de tout
ce qui n'allait pas dans l'entreprise, mais qu'il n'était pas préparé
au « retrait » de Hubbard de ses responsabilités. Il
accusait Hubbard d'avoir usurpé l'autorité dans tous les
services et, comme il l'a mentionné, il a fait référence
aux piles de lettres reçues de presque toutes les agences et aux
quelques exemplaires des réponses de Hubbard que la société
avait conservés. Sanders s'est également accusé d'avoir
usurpé l'autorité pour avoir assumé l'une des fonctions
de Hubbard qui avait été honteusement négligée,
à savoir la direction des poursuites judiciaires de la société.
Il a affirmé qu'il ne semblait y avoir aucune concertation entre
les avocats de l'entreprise et a soutenu que si Hubbard ne faisait rien,
il démontrerait son inaptitude à gérer ce service.
Hubbard a finalement tenu une réunion avec les directeurs de l'entreprise
au cours de la première semaine de février. La réunion
s'est avérée plus harmonieuse qu'il ne l'avait prévu.
Il a indiqué à Vail que l'entreprise n'aurait aucune difficulté
à réunir tous les fonds souhaités et a déclaré
avoir recruté d'excellents partenaires qui, selon lui, plairaient
beaucoup à Vail. Hubbard était cependant incertain de ce
qui allait lui arriver, expliquant :
"Je suis absent et j'aimerais tous rejeter toute la faute sur
mes épaules et m'attribuer l'entière responsabilité
de tout ce qui a été fait. L'accord avec M. Bradley lors
de la création de notre société prévoyait
que je serais président. J'ai besoin du salaire et je veux être
lié à la société. Je serais très déçu
si on me renvoyait".
Hubbard appréciait clairement que son mandat de président
de la Bell Company soit à responsabilité limitée.
Il avait supposé, depuis le départ de Sanders de la trésorerie,
que les nouveaux intérêts financiers le destitueraient parce
qu'ils n'avaient « aucune connaissance » de lui. Bell pensait
que le fort sentiment entre Hubbard et les actionnaires résultait
de la vengeance de Sanders envers Hubbard. Il a toutefois indiqué
que Forbes et Bradley étaient soucieux d'arranger les choses et
qu'il pensait donc que Hubbard pouvait être maintenu à la
présidence. Suite aux mesures prises lors des réunions du
conseil d'administration de janvier, une assemblée extraordinaire
des actionnaires s'est tenue à Boston le 18 février 1879,
au cours de laquelle il a été voté qu'un comité,
composé de Gardiner Hubbard, William Forbes et George Bradley,
soit autorisé à négocier avec la New England Telephone
Company en vue de la vente des biens des deux sociétés à
une nouvelle Bell Telephone Company. Cette société devait
être constituée avec un capital en espèces ne dépassant
pas 9 000 000 $, dont 200 000 $ devaient être
versés à la New England Company pour l'achat de tous ses
biens, et 450 000 $ devaient être versés action
pour action aux actionnaires actuels de la société Bell.
Soixante-quinze mille dollars d'actions devaient être vendues conformément
au vote des administrateurs du 23 janvier, et les actions restantes devaient
être détenues en fiducie par le Trésorier pour être
utilisées selon la décision des administrateurs. Les actionnaires
ont également voté qu'en cas d'échec de l'achat des
biens de la New England Company, la Bell Company vendrait ces biens à
une nouvelle société à constituer, dont le capital
ne dépasserait pas 600 000 $, dont 450 000 $
seraient émis action pour action entre les actionnaires de la Bell
Company.
Selon le vote de janvier, soixante-quinze mille dollars d'actions devaient
être vendus, le reste étant détenu par le trésorier.
Pendant cette période, Sanders accepta de vendre à George
Bradley 200 actions des sociétés Bell et New England à
65 dollars l'action. Six mois plus tôt, les actions de la société
Bell étaient vendues à 50 dollars l'action. La vente de
Sanders visait en partie à permettre à Bradley de prendre
le contrôle de la société par la détention
d'actions plutôt que par l'exercice d'un droit de vote des statuts,
dont Sanders espérait qu'ils ne seraient pas intégrés
aux statuts de la société proposée. Le 25 février,
Sanders avait vendu 600 actions aux amis de Forbes et ne pouvait plus
participer activement aux affaires de l'entreprise. Il prévoyait
de reprendre ses activités à Haverhill.
Conscient du mécontentement croissant envers sa direction, Hubbard
proposa de démissionner de la présidence si Alexander Graham
Bell était élu à sa place. Il estimait que le nom
de Bell devait être porté à la connaissance du public
en lien avec l'entreprise. Peut-être espérait-il maintenir
son influence sur les affaires de l'entreprise grâce à la
nomination de son gendre. Quoi qu'il en soit, Hubbard a expliqué
aux dirigeants de l'entreprise :
" En prenant cette mesure, vous comprendrez bien sûr que mon
intérêt pour l'entreprise ne sera pas diminué, et
que je serai toujours heureux de faire tout ce qui est en mon pouvoir
pour assurer le succès de notre entreprise, et que je serai toujours
à la disposition des dirigeants pour faire tout ce qui, à
leur avis, servira les intérêts de l'entreprise ".
Bell continua de refuser la présidence de l'entreprise. Il espérait
plutôt conserver Hubbard à ce poste. Cherchant la coopération
de Sanders, Bell souligna que Hubbard était le seul homme de l'entreprise
dont le nom était connu hors de Boston. Il exprima sa propre détermination
à quitter l'entreprise si Hubbard était traité injustement.
Alors que Bell tentait de concilier les intérêts différenciés,
il a reçu des indications selon lesquelles les « hommes
fortunés » pourraient accepter de maintenir Hubbard
à la présidence s'il n'avait aucun pouvoir sur les finances.
Bell était déterminé à insister sur le maintien
de Hubbard à la présidence, car il était perturbé
par les suggestions de Forbes concernant l'opportunité d'un compromis
avec la Western Union. Comme il l'a expliqué : « Le maintien
de M. Hubbard à la présidence constitue ma garantie qu'aucun
accord ne sera conclu avec la Western Union tant que ma réputation
n'aura pas été clarifiée. »
Bell a peut-être relâché son insistance à maintenir
Hubbard à la présidence lorsque Hubbard a indiqué
que ce respect ne lui permettrait pas d'accepter ou de conserver ce poste
simplement en raison des efforts de ses amis. Il expliqua à Bell :
« Si je suis élu président de la société,
ce sera forcément parce que les administrateurs pensent que je
peux servir la société mieux que quiconque. Mais si je ne
peux pas être président de la société, vous
devriez lêtre. »
Néanmoins, Bell continua dinsister sur la candidature de
Hubbard.
Lors d'une réunion du comité mixte des sociétés
Bell et New England, William Forbes a annoncé que plus de 160 000
dollars avaient été versés ou souscrits au titre
de fonds de roulement par des personnes « familiarisées
avec les affaires » qui souhaitaient simplement que les affaires
de l'entreprise soient gérées de manière professionnelle.
Forbes a déclaré qu'il semblait souhaitable et approprié
que les personnes qui avaient misé une somme aussi importante sur
le succès de la compagnie de téléphone Bell décident
de la manière dont l'entreprise serait organisée et confient
l'administration de ses affaires à des personnes qu'elles connaissaient
personnellement comme des hommes d'affaires expérimentés.
Néanmoins, les actionnaires souhaitaient reconnaître les
efforts des dirigeants des sociétés Bell et New England
pour implanter l'activité téléphonique, à
condition qu'ils ne gênent pas les personnes à qui l'entreprise
confie le contrôle. Forbes proposa alors un plan qui, selon lui,
permettrait d'atteindre ces objectifs, et il espérait que Hubbard
se joindrait au comité pour le recommander aux actionnaires. Selon
ce plan, les actionnaires éliraient un conseil d'administration
composé de onze administrateurs, d'un trésorier et d'un
secrétaire. Les directeurs éliraient un président,
un vice-président et tous les autres dirigeants nécessaires.
Le conseil d'administration devait également choisir un comité
de trois administrateurs chargé de contrôler l'ensemble des
affaires de l'entreprise, sauf dans les cas réservés à
l'ensemble du conseil d'administration ou expressément prévus
par les administrateurs. Le président, et en son absence le vice-président,
devait présider les réunions des administrateurs et des
actionnaires, et signer les documents requis par la loi de la société
ou de l'État. Le comité mixte des sociétés
Bell et New England a recommandé Gardiner Hubbard comme président
et Thomas Sanders comme vice-président.
La composition du Comité exécutif serait décidée
après de nouvelles consultations. Selon ce plan, Hubbard et Sanders
seraient alors relégués au rang de simples figures de proue,
car aucun des deux ne siégerait au comité des trois. Selon
Bell, cette offre de la présidence représentait la conviction
sincère des hommes fortunés qui « contrôlaient
tout » que Hubbard était l'homme le plus apte à occuper
ce poste, même s'ils manquaient de confiance en ses capacités
professionnelles. Forbes a déclaré à Bell qu'il croyait
que Hubbard était un homme doté de grandes ressources et
de grandes compétences, et qu'il avait toujours offert des services
exceptionnels. Il pensait que Hubbard pourrait être d'une grande
utilité en tant que président, tant que les administrateurs
pourraient bénéficier de ses idées et de ses suggestions,
et qu'il n'avait pas le pouvoir de leur imposer quoi que ce soit. Ainsi,
Bell conclut : « Mon opinion sur la position des hommes d'argent
est qu'ils veulent que vous soyez président, mais qu'ils ont peur
de vous donner trop de pouvoir. »
Bell a indiqué à Hubbard Sanders avait promis de ne pas
s'opposer à l'élection de Hubbard à la présidence,
sans toutefois promettre de voter pour. Lors d'une réunion tenue
le 24 février, Sanders a tenu parole et n'a pas dit un mot.
Hubbard a reconnu le droit du capital à détenir une participation
majoritaire dans l'entreprise jusqu'à ce que son succès
soit pleinement établi, et il a reconnu qu'il était «
approprié » de laisser le capital décider de la manière
dont l'entreprise devrait être organisée.
Il insista sur le fait qu'il ne pourrait accéder à la présidence
que si sa décision recueillait l'approbation totale de Forbes et
des intérêts qu'elle représentait. Cependant, Hubbard
estimait qu'il était normal qu'un des propriétaires des
brevets soit membre du comité exécutif, car rien ne justifiait
que le capital ait le contrôle total des affaires de l'entreprise.
Par conséquent,
" représentant avec Mme Bell environ un tiers de l'ensemble
des actions de la société, je pense que vous [Forbes] accepterez
l'intérêt que je porte à ce que je siège à
ce comité. Avec cette suggestion, j'approuve pleinement le plan
d'organisation proposé".
Alexander Graham Bell a soutenu les vues de Hubbard. Il a exprimé
sa surprise en apprenant que le conseil dadministration proposait
de nommer un comité exécutif entièrement composé
de capitalistes.
Bell a rappelé à Forbes qu'il était parfaitement
satisfait du contrôle exercé par le capital sur l'entreprise
et que les choses devaient être arrangées de telle sorte
que le président ne puisse intervenir que par l'intermédiaire
du conseil d'administration, mais qu'il n'avait certainement jamais préconisé
que les intérêts liés aux brevets soient ignorés.
Si les engagements de Hubbard l'empêchaient de siéger au
comité, Bell s'attendait alors à ce que quelqu'un jouissant
de la confiance des deux parties intéressées y soit placé.
Hubbard réaffirma le succès de sa gestion des affaires de
l'entreprise. Il affirma que même ses détracteurs, les nouveaux
investisseurs, souhaitaient modifier les politiques fondamentales qu'il
avait établies. Il a ajouté : « Notre succès
est également démontré par le fait que lentreprise
a attiré à elle certains des hommes daffaires les
plus influents de Boston. »
Il a répondu que les investisseurs n'avaient pas la même
vision des affaires de l'entreprise que Hubbard. Il avait tenté
de diriger ces affaires par l'intermédiaire d'un comité
exécutif composé de trois personnes : l'une résidant
à Boston et gérant la New England Company, l'autre à
New York, et la troisième, Hubbard lui-même, à Washington,
avec de nombreuses autres affaires à gérer. Cette situation,
conjuguée à la tentative de Hubbard de gérer l'entreprise
sans se soucier de ses finances, démontrait un manque d'appréciation
des activités de l'entreprise, ce qui est plutôt le cas pour
les hommes familiers avec ces questions. Forbes a soutenu que sans les
nouveaux investisseurs, les biens de Bell Company seraient tombés
entre les mains des premiers actionnaires puissants, qui attendaient d'en
profiter. Dans un tel cas, les anciens actionnaires n'auraient reçu
aucune contrepartie. Forbes a expliqué que les nouveaux investisseurs
considéraient simplement la Bell Company comme l'une des nombreuses
entreprises dans lesquelles ils détenaient des actions et pour
lesquelles ils avaient l'habitude d'exiger une gestion équitable.
Les investisseurs estimaient qu'ils répondaient aux souhaits de
Bell en proposant Hubbard à la présidence et Sanders à
la vice-présidence, et en les plaçant, ainsi que C. E. Hubbard,
au conseil d'administration. Selon eux, les intérêts liés
aux brevets seraient ainsi pleinement reconnus. Cependant, le comité
de réorganisation estimait que si Hubbard et Sanders étaient
élus à la présidence et à la vice-présidence,
le nouveau conseil d'administration devrait créer un comité
de travail composé de manière à pouvoir collaborer
et satisfaire les dirigeants d'entreprise.
Nommer Hubbard président et le placer au sein du comité
chargé de superviser immédiatement les affaires de l'entreprise
reviendrait à perpétuer l'ancienne situation, qui était
insatisfaisante.
Forbes a expliqué que les actionnaires estimaient simplement que
Gardiner Hubbard manquait de l'expérience commerciale que l'activité
de l'entreprise exigeait impérativement. Rien ne prouvait autant
qu'il était peu souhaitable de confier la gestion de l'entreprise
à Hubbard que le fait qu'il croyait alors que l'entreprise était
bien gérée, qu'elle réussissait et que ce succès
était dû à ses efforts. Les investisseurs pensaient
autrement :
" Pour nous tous qui avons étudié la question, il est
clair que le succès obtenu est dû à la valeur remarquable
de l'invention elle-même, et la seule raison pour laquelle les hommes
d'affaires sont désormais prêts à investir dans l'action
Téléphone est la croyance croissante dans le téléphone
en tant que valeur commerciale, et le fait que tous les actionnaires étaient
censés reconnaître que le moment était venu de mettre
la affaires de l'entreprise sur une base commerciale".
Sanders a maintenant exprimé son mécontentement quant à
la façon dont les événements se déroulent.
Il expliqua qu'il avait exprimé sa volonté de se retirer
et de permettre aux nouveaux actionnaires d'assumer la direction de l'entreprise,
mais qu'il découvrait alors qu'il était le seul membre de
l'ancien conseil d'administration à être exclu de la direction
selon le plan Forbes. Ses défenseurs estimaient qu'il devait avoir
le même droit de parole que Hubbard dans la gestion des affaires
de l'entreprise. Tout accord admettant Hubbard, mais l'excluant, serait
un reflet évident de ses performances passées. Il a rappelé
à Forbes : « J'ai renoncé à toutes mes prétentions
sous certaines conditions et par souci de paix, et non par choix. Je pense
que vous comprendrez l'inconvenance de tracer une ligne de démarcation
entre M. Hubbard et moi-même, à mon désavantage ».
Bell a soutenu la position de Sanders. Il a rejeté
les efforts visant à exclure les titulaires de brevets originaux
de toute participation dans la gestion réelle de l'entreprise.
Bell n'avait pas auparavant défendu la représentation de
Sanders au Comité exécutif comme il l'avait fait pour Hubbard,
car il avait mal compris la position de Sanders.
Bell estimait que ce serait une erreur d'apporter à la direction
de la société Bell un changement qui serait visible pour
le public. C'est pourquoi il a insisté sur le maintien des titulaires
de brevets aux postes de direction. De plus, il a expliqué :
" Je dois dire que si le président de la société
et la majorité des membres du comité exécutif sont
des hommes qui n'ont qu'un intérêt pécuniaire dans
le téléphone, ma confiance dans la direction sera ébranlée.
J'ai d'autres intérêts que pécuniaires dans la compagnie
de téléphone et tant que mes amis personnels, MM. Hubbard
et Sanders, auront voix au chapitre dans la gestion des affaires, je sais
qu'aucune négociation commerciale ne sera entreprise avec les compagnies
adverses qui compromettrait mon honneur et ma réputation ".
Par conséquent, Bell a insisté pour que Hubbard et Sanders
soient respectivement nommés président et vice-président,
et qu'ils soient intégrés au comité exécutif
ou nommés membres d'office sans droit de vote, afin qu'ils aient
au moins une voix consultative dans la gestion des affaires.
Pendant que les négociations se déroulaient, les mesures
nécessaires à la consolidation des sociétés
Bell et New England étaient prises. Le trésorier George
Bradley, apparemment dans son unique rapport aux actionnaires de la New
England Telephone Company, a déclaré que le bénéfice
net de la société pour onze mois s'élevait à
6 488,43 $. La société disposait ainsi de 22 403,31
$ en espèces, dont 15 914,88 $ de capital non dépensé.
Le président Sanders a également fait rapport aux actionnaires
de la New England Company. Il a convenu avec son trésorier que
la société jouissait d'une situation satisfaisante. Cependant,
constatant que les intérêts des sociétés New
England et Bell étaient si étroitement liés que le
succès ou l'échec de l'une impliquait nécessairement
celui de l'autre, il préconisa une consolidation. Sanders soutient
qu'en se consolidant, les intérêts de Bell pourraient présenter
un front solide et ininterrompu face à l'opposition, capable de
concentrer ses efforts sur un point unique, tel que Boston. La New England
Company avait investi massivement dans le district et le système
d'échange. Il serait peut-être judicieux de pouvoir compter
sur les ressources restantes du pays si une telle attaque devait avoir
lieu. Sanders a également souligné qu'à mesure que
l'activité téléphonique se développait et
que les réseaux régionaux étaient interconnectés,
il serait avantageux d'avoir un intérêt commun dans un tel
système, ce qui ferait des intérêts de Bell un adversaire
redoutable. Il n'y avait aucun point de désaccord substantiel entre
les comités des deux sociétés chargés d'élaborer
les détails de la consolidation. La New England Telephone Company
insista cependant pour qu'un dividende de ses revenus soit déclaré
avant la consolidation. Hubbard comprit cette demande et espéra
que Forbes et Bradley partageraient ce sentiment. Bien qu'il ait été
élu au comité de la Bell Company, Hubbard ne participa pas
activement aux délibérations. Il a indiqué sa volonté
d'« acquiescer » à tout rapport sur lequel
ses co-membres Forbes et Bradley pourraient s'entendre.
En effet, il a proposé sa démission afin que ce siège
au comité soit pourvu.
Le comité de consolidation de la Nouvelle-Angleterre a recommandé
à ses actionnaires le versement d'un dividende et la constitution
d'une société consolidée. Cette société
devait être constituée sur la base de 8500 actions d'une
valeur nominale de 100 $ chacune. Deux mille actions seraient distribuées,
action pour action, aux actionnaires de la New England Telephone Company.
Quatre mille cinq cents actions devaient être distribuées
sur la même base aux actionnaires de la Bell Telephone Company.
Sept cent cinquante actions devaient être vendues conformément
à un accord (23 janvier 1879) déjà conclu par la
Bell Company, et les 1 250 actions restantes devaient être
vendues par la trésorerie uniquement avec l'autorisation de la
majorité du conseil d'administration. Le rapport du comité
a été accepté et 1374 des actionnaires ont voté
pour que la New England Telephone Company vende la totalité de
ses actifs à la nouvelle société contre 2 650
actions de capital social. Ces actions, émises à Forbes
en tant que fiduciaire, devaient être cédées comme
suit : 2 000 actions aux actionnaires de la Nouvelle-Angleterre
et 650 actions détenues par le fiduciaire. Le jour même où
la New England Telephone Company a pris sa décision officielle,
les actionnaires de la Bell Company ont entendu le rapport de leur comité
(identique à celui du comité de la Nouvelle-Angleterre),
l'ont accepté et ont voté pour la vente de la totalité
des actifs de la société contre 5850 actions de la nouvelle
société, qui seront émises au profit de Forbes, en
tant que fiduciaire.
Quatre mille cinq cents actions devaient être émises aux
actionnaires, 750 actions devaient être cédées conformément
à un accord préalable et 600 actions devaient être
détenues par les fiduciaires sous réserve des administrateurs.
Comme lors de l'assemblée des actionnaires de la New England Company,
aucun vote négatif n'a été exprimé.
Le 17 février 1879, trois jours avant la décision des actionnaires,
quatorze personnes ont signé un accord d'association déclarant
leur intention de constituer une société appelée
National Bell Telephone Company. L'objet de cette société
était de fabriquer, vendre et louer des téléphones
et leurs accessoires, ainsi que de construire, entretenir et exploiter
des lignes pour la transmission de messages par voie électrique
ou autre. Parmi les personnes qui espéraient ainsi fonder la National
Bell Telephone Company figuraient Gardiner Hubbard et son frère
Eustis, Thomas Sanders, Alexander Graham Bell, les Bradley, William H.
Forbes et d'autres personnes liées aux intérêts de
Bell. Environ un mois plus tard, les différentes sociétés
recevaient un certificat de constitution du Commonwealth de Massachusetts.
Presque immédiatement après, les sociétés
Bell et New England ont exécuté les cessions nécessaires
à la National Bell Telephone Company.
Le président, le trésorier et la majorité des administrateurs
de la National Bell Telephone Company ont certifié, le 31 mars,
que 850 000 $ avaient été versés par transfert
de propriété.
Les actifs de la société se composaient de droits de brevet
relatifs à des téléphones déjà en service
(évalués à 650 000 $), de téléphones
et d'appareils (88 000 $), d'une participation de 14 dixième
dans le réseau du district de New York (35 000 $), le
réseau du district de Chicago (5 000 $), les réseaux
des districts de Boston et de Lowell (22 000 $) et de 10 000 $
en espèces. Les actionnaires Le conseil d'administration de la
National Bold Company s'est réuni le 10 mars et a adopté
un règlement intérieur contenant la solution au litige entre
les détenteurs de brevets et les investisseurs financiers. Les
dirigeants de la société devaient être composés
d'un secrétaire, d'un trésorier et de onze administrateurs
choisis par les actionnaires parmi eux. Le président et le vice-président
devaient être choisis par les administrateurs parmi eux. Les statuts
prévoyaient que les administrateurs assumeraient la « responsabilité
générale et la supervision » de toutes les activités
de la société. Ils s'engageaient à nommer un comité
exécutif composé de leurs propres membres, un directeur
général et tout autre dirigeant jugé nécessaire.
Les actionnaires ont élu C. E. Hubbard, secrétaire, et George
L. Bradley, trésorier. Ils ont également élu Gardiner
Hubbard, Thomas Sandors et William H. Forbes. Le conseil d'administration.
Le lendemain, le conseil d'administration a élu Forbes président
et a nommé Forbes, Gardiner Hubbard, Thomas Sanders, R. S. Fay
et Francis Blake au comité exécutif. George Bradley a ensuite
été élu vice-président. Ainsi, Bell et les
autres fondateurs ont rempli leur mission.
Ils étaient clairement représentés au sein de la
direction exécutive de lentreprise, même sils
ne pouvaient pas la contrôler.
Le premier central téléphonique de Providence
a été ouvert le 2 avril 1879 et la première
ligne interurbaine commerciale, de Providence à Boston a été
ouverte le 12 janvier 1881.
Dans certains États, il y avait, en 1879, une licence Bell pour
chaque comté, et comme chaque titulaire de licence était
totalement indépendant de tous les autres titulaires de licence,
il est naturellement apparu une grande diversité d'opinions concernant
les méthodes appropriées de construction et d'exploitation,
les échanges équitables. du trafic des lignes à péage,
des tarifs avantageux et de la protection juridique que la société
mère doit assurer à ses concessionnaires. En outre, les
titulaires de licences à l'esprit plus large ont commencé
à comprendre que le secteur du téléphone, au lieu
d'être simplement une question locale, avait non seulement un caractère
interurbain et interétatique, mais aussi une portée continentale,
et que la croissance saine et le succès ultime de ces sociétés
d'exploitation étaient dépend largement de l'étendue
et de la nature du service fourni, plutôt que de la protection par
brevet.
En 1879, il était également prévu qu'il faudrait
investir un montant de capital plusieurs fois supérieur à
l'estimation initiale demandée pour donner à l'entreprise
une base permanente. Ainsi, la sagesse de regrouper ces petits détenteurs
de licences de comté en grandes sociétés d'État
ou interétatiques a été perçue, et de grandes
sociétés d'exploitation contrôlant les bourses dans
de nombreux comtés existaient avant la fin de 1879.
À propos, il convient de rappeler que si certains des pionniers
étaient des hommes à qui on ne saurait accorder trop de
crédit pour la manière intelligente et persistante avec
laquelle les améliorations et les extensions du service ont été
introduites, il y avait d'autres pionniers dont la compréhension
des problèmes auxquels ils étaient confrontés étaient
extrêmement légers, même si ces derniers n'hésitaient
pas à qualifier d'hérétiques toutes les opinions
opposées aux leurs, ou à combattre les suggestions progressistes
de la société mère. Même la presse technique
était pessimiste quant à l'avenir du téléphone.
En 1882, le rédacteur en chef de The Operator écrivait :
« Le téléphone est presque entièrement une
commodité locale, presque autant que l'éclairage au gaz
et les voitures à chevaux ; son monopole, qui n'est pas oppressif,
repose sur la possession de brevets et doit expirent avec les brevets.
Le fait que certains des principaux titulaires de licences de Bell avaient
beaucoup à apprendre concernant les problèmes téléphoniques
est bien illustré par la déclaration publiée du président
de l'une des sociétés les plus importantes. En 1883, il
fut cité comme suit concernant la nécessité d'un
service longue distance.
Autres évenements et informations de cette période :
BELL avait dépose le 8 février 1878, un brevet
"Speaking Telephone" qui lui a été attribué
le 19 mars brevet No. 201,488.
Dans d'autres Brevets, j'ai montré
et décrit des méthodes permettant de produire du son
à distance au moyen de courants électriques régulateurs,
grâce à quoi un certain nombre de messages télégraphiques
peuvent être transmis simultanément dans un seul circuit
ou dans un sens ou dans l'autre, et grâce à quoi une
parole articulée peut être produite électriquement.
Pour illustrer mon système de téléphonie électrique,
j'ai montré dans mon brevet précité (n °
1 8 187), sous la forme d'une forme de téléphone électrique,
une tige droite en fer ou en acier avec une bobine de fil autour d'une
extrémité, dont l'extrémité est placée
très près d'une plaque de fer ou d'acier, sans toutefois
la toucher. La tige est soit un aimant permanent, soit est rendue
magnétique au moyen dabattants. Dans cette forme d'appareil,
la plaque est fixée à un bloc de bois et un tube parlant
ou auditif est utilisé pour véhiculer des sons vers
ou à partir de la plaque. La voix des orateurs est dirigée
contre le côté de la plaque qui est détourné
de l'aimant, et l'un des pôles de l'aimant reste inutilisé
... Mon amélioration actuelle consiste à utiliser un
aimant tubulaire à la place de la tige solide précédemment
utilisée et à fixer la plaque à ce pôle
de l'aimant qui n'avait pas été utilisé auparavant...
Mai 1878
en Angleterre, Mabel donne jour à une petite
fille Elie May. Hubbard demande à son gendre Bell de revenir
aux Usa. Mais Bell ne veut plus entendre parler du téléphone,
il désire refaire de l'enseignement.
Le 12 septembre 1878,
rappelons que la société Bell Telephone a intenté
une action contre Peter A. Dowd, chef de l'American Speaking Telephone
Company, affirmant que la technologie d'Edison et Gray enfreignait les
brevets de Bell.
Pour empêcher Western Union de voler toutes
ses affaires pendant la bataille juridique qui a suivi, Bell avait besoin
d'un meilleur émetteur pour être concurrentiel sur le marché...
L'un des avocats de Bell avait écrit le 22 janvier 1878, une lettre
à Berliner qui disait en partie : "Je ne suppose pas que vous
croyez sérieusement que votre invention vaut 12 000 $ à
l'heure actuelle." Mais Western Union gagnait du terrain sur Bell
et, en septembre 1878, la Bell Telephone Company se retrouva à
payer à Berliner 50 000 $ (l'équivalent de 877 000 $ en
dollars américains de 2001) pour les droits sur son brevet, en
plus de lui donner le poste d'ingénieur en chef. Ce téléphone
émetteur était initialement connu sous le nom de "téléphone
Bell-Berliner".
La mise en garde de Berliner, décrivant le concept de résistance
électrique variable résultant d'une pression variable, avait
été déposée le 4 avril 1877, juste avant la
demande de brevet d'émetteur de carbone d'Edison du 27 avril 1877.
Cela permit à la société Bell en septembre 1878 de
déposer une « interférence ». » contre
l'émetteur carbone à pression variable/résistance
variable d'Edison, puis utiliser un émetteur carbone de sa propre
conception sans être immédiatement arrêté par
les tribunaux. Cette démarche légale astucieuse a permis
à Bell d'acquérir les droits d'un nouvel émetteur
de carbone - tout ce dont ils avaient besoin maintenant, c'était
l'émetteur.
Heureusement, en 1878, le professeur David Edward Hughes a inventé
l'une des premières versions du microphone à charbon. Il
a découvert qu'une tige de carbone permettait un contact électrique
lâche contre un diaphragme, ce qui permet la production de courants
ondulatoires correspondant étroitement aux ondes sonores de la
voix humaine (Hughes et Berliner ont tous deux utilisé le terme
« microphone » pour distinguer leurs émetteurs). Francis
Blake, Jr, de Weston, Massachusetts, prodige des mathématiques,
photographe et ancien officier de l'U.S. Coast Survey, s'est inspiré
des expériences du professeur Hughes et a passé l'été
1878 à développer un émetteur reposant sur un contact
variable entre un diaphragme métallique et un bloc de carbone,
qu'il a également proposé à Bell en tant que rival
de l'émetteur d'Edison. La Bell Company a donné à
Blake des actions pour les droits sur l'émetteur de carbone et
a commencé à l'utiliser en décembre 1878.
En septembre 1878,
un émetteur de carbone (microphone) a été breveté
par un pasteur anglais, le révérend Henry Hunnings
de Bolton Percy, Yorkshire. L'émetteur de Hunnings reposait sur
de multiples contacts lâches sous la forme de granulés de
coke faiblement compactés qui vibraient entre deux électrodes
constituées d'un diaphragme et d'une plaque arrière en métal.
Le premier appareil de Hunnings avait un problème où les
particules de carbone se « emballaient » ou collaient ensemble,
réduisant leur efficacité à transduire la voix.
Pourtant, la technologie Hunnings-White a finalement remplacé celle
de Blake en tant qu'émetteur standard des sociétés
Bell, bien qu'Edison jouisse d'un crédit historique en tant qu'inventeur
du microphone en carbone du téléphone.
Le 31 octobre 1878, la petite famille
Bell reprend le bateau jusqu'à Québec. A sa grande surprise
l'attendait Watson son fidéle collaborateur, envoyé
par Hubbard pour le convaincre de rentrerà washington au bureau
des brevets suite au procès intenté le 12 septembre par
Hubbard et Vail, le tribunal a besoin de compléments à fournir
par l'inventeur lui même.
Avant la fin de 1878, les hommes qui réussissaient
dans dautres secteurs dindustrie se rendaient compte que si
loffre rudimentaire et limitéeles installations offertes
par ces premiers centraux offraient un service considéré
par le public comme une commodité souhaitable, alors les nombreux
avantages qui pourraient être tirés d'un système de
central téléphonique englobant tous les utilisateurs probables
du service téléphonique dans une ville ou un village seraient
en rapport direct à la croissance et à l'expansion de ce
système.
Par conséquent, comme il est apparu évident que cette nouvelle
industrie était parvenue à perdurer et qu'elle était
susceptible de se révéler une bonne source de revenus, les
capitalistes ont commencé à considérer favorablement
le « jouet de Bell », à se demander s'il ne se révélerait
pas un produit extrêmement précieux. et s'il était
sécuritaire de violer les brevets de Bell. C'est ainsi qu'avant
la fin de 1878, un certain nombre de promoteurs qui s'étaient autrefois
moqués de l'inventeur et de son téléphone offraient
de grosses sommes en espèces contre des droits exclusifs d'exploitation
sur un territoire donné, payant dans plusieurs cas une bonne prime
pour le même droits offerts pour un paiement symbolique un an auparavant.
Ces conversions soudaines à une croyance implicite dans la valeur
tangible du téléphone apparaissent d'autant plus remarquables
si l'on se souvient du fait que partout aux États-Unis, les affaires
commerciales et financières sont restées dans un état
déprimé pendant toute l'année 1878, et que ce fut
une question extrêmement difficile. pour intéresser les capitaux
à toute nouvelle entreprise.
Néanmoins, près de soixante-dix centraux Bell étaient
en cours de planification, ou étaient en construction, ou devenaient
opérationel à la fin de l'année.
Dans les villes du tableau ci dessous, les centraux Bell étaient
opérationnels à la fin de 1878 et, bien que le nombre de
téléphones en service soit relativement faible.
Ensuite, des centraux étaient en cours de construction à
Washington, Louisville, La Nouvelle-Orléans, Nashville, Cleveland,
Springfield, Hartford, Providence et ailleurs.
Une situation très différente prévalait dans les
milieux financiers et commerciaux un an plus tard, lorsque, à l'automne
1879, la reprise du paiement en espèces provoqua un sentiment d'exaltation
dans toutes les branches de l'industrie et déclencha un essor remarquable
dans la construction ferroviaire et dans la spéculation boursière
qui s'est répandue dans tout le pays. Il nest donc pas surprenant
que de nombreux investisseurs semblent désireux de sidentifier
à lindustrie du téléphone, ni si remarquable
que, parmi les résultats de cette activité frénétique,
il y ait plusieurs centaines de sociétés Bell en activité
à la fin de lannée 1879.
Chacune de ces sociétés fonctionnait sous sa propre direction,
était régie par sa propre politique et fournissait ses services
aux tarifs qu'elle jugeait les plus adaptés pour répondre
aux opinions des clients locaux. Il y avait peu ou pas d'uniformité
dans ces taux, car la majorité avait été établie
non seulement sans tenir compte de l'expérience brève mais
coûteuse des taux bas qu'avaient vécue les sociétés
créées en 1878, mais aussi à l'encontre des suggestions
judicieuses de la société mère de rendre le service
si bon que les entreprises paieraient au moins un dollar par semaine pour
le service téléphonique local. Encore une fois, non seulement
les tarifs ont été établis sans tenir dûment
compte du montant de l'investissement en espèces qui serait requis
par abonné, mais en oubliant complètement deux facteurs
essentiels dans la détermination du coût de production et
d'approvisionnement.
Janvier 1879, la Bell
Telephone Company fusionna avec la New England
Telephone Company pour former une nouvelle entreprise la National
Bell Telephone Company, à sa tête le financier,
William H. Forbes, gendre de Ralph Waldo Emerson , devint l'un des plus
importants.
Théodore Vail en devint le directeur général, et
Hubbard le président.
La nouvelle entreprise reçu en dotation les brevets de Bell et
les droits d'exploiter le téléphone en Nouvelle-Angleterre
en échange d'une participation de 50%.C'était le succès
qui servira de modèle pour le "Bell System", jusqu'en
1894
La compagnie Bell a commencé à chercher dautres fabricants
pour construire léquipement téléphonique associé,
comme des sonneries dappel et des appareils déchange,
afin de libérer Williams afin quil puisse se concentrer sur
les téléphones.
Au printemps de 1879 la National Bell Telephone
Company a conclu des ententes avec quatre autres fabricants d'équipement
téléphonique. The Electric Merchandising Co. de Chicago, Davis et Watts de Baltimore,
Post and Company de Cincinnati et la Indianapolis Telephone Company
(une récente licence de Bell gérée par ET Gilliland)
Williams était toujours le seul producteur de récepteurs
et démetteurs, mais désormais libre de concentrez-vous
sur eux seulement, bien qu'il ait fait des appareils pour les marchés
de la Nouvelle-Angleterre et de New York.
À la fin de lannée, Williams avait investi 2 000 dollars
dans de nouvelles machines et porté sa main-duvre à
60. Sa production est passée à 670 téléphones
par semaine et, en 1880, à 1 000 par semaine, mais cela ne
suffisait toujours pas.
Durant cette période, Bell fait face à une forte concurrence
de la part de Western Union.
En 1877, Gardiner Hubbard avait offert les droits de Bell à la
Western Union pour 100 000 $, mais Western Union a refusé et décida
plus tard de se lancer dans le secteur du téléphone avec
les brevets d'Elisha Gray,
Thomas Edison, George Phelps et d'autres entreprentent un procès
pour contrefaçon de brevet qui en novembre 1879 a abouti en faveur
de Bell.
À Chicago et à New York. Ce règlement en justice
a exclu la Western Union des activités téléphoniques
Le premier central téléphonique de Providence a été
ouvert le 2 avril 1879.
La première ligne interurbaine à succès sur le plan
commercial, entre Providence et Boston, sera mise en service le 12 janvier
1881.
Au début de l'année 1879, on comptait plus de
26 000 téléphones Bell d'un usage quotidien aux États-
Unis. Williams fabriqua tout le matériel de
Bell Telephone jusqu'au printemps 1879.
La demande de téléphones dépassant la capacité
du magasin de Williams, d'autres fabricants obtinrent une licence.
Le téléphone installé chez les abonnés s'appelait
le "cercueil Williams" en raison de sa forme de boîte
étroite et de sa construction en bois.
Williams a également construit le premier standard téléphonique
de conception Doolittle en 1878 à Boston, dans le Massachusetts..
Il s'agissait d'un standard à vingt circuits. Le tout premier modèle
Doolittle fut construit à Bridgeport, dans le Connecticut.
Lensemble des activités, des installations physiques et des
licences de Williams a été acheté par Western Electric
en 1882.
La réputation dinnovation de Williams sest maintenue
et a beaucoup influencé Western Electric.
En 1879 Gardiner Hubbard fonde l'International Bell
Telephone Company afin de promouvoir la vente de son équipement
téléphonique dans toute l'Europe. Lors de sa tournée
sur le continent, le gouvernement belge lui a offert les meilleures incitations
financières pour établir le siège de sa filiale européenne
dans son pays. L'International Bell Telephone Company (IBTC) est rapidement
devenue une société de portefeuille pour ses différentes
divisions de service téléphonique et de production, dont
la principale entreprise manufacturière est la Bell Telephone Manufacturing
Company (BTMC), fondée à Anvers, en Belgique, le 26 avril
1882.
En 1879 Edison
a produit un récepteur téléphonique connu sous le
nom de «récepteur à craie, «récepteur
de motogramme».
Il n'a pas eu de succès commercial. A la base un projet datant
de 1875 qu'il avait appelé l'électromotographe. rateur était
connecté au bout de la barre. Des chevilles ont été
insérées dans les points de croisement pour permettre la
connexion de deux téléphones.
L'American Bell Company, a été
créée le 20 février 1880, avec un capital de plus de
sept millions de dollars. Bell gère maintenant 133 000 téléphones.
En tant que chef de lexploitation, Theodore Vail a commencé
à créer le système Bell, composé de sociétés
régionales offrant un service local, dune société
de services interurbains offrant un service de péage et dun
groupe de fabrication fournissant des équipements.
Pour le fabricant, il s'est tourné vers un ancien rival de l'entreprise.
En 1880, Vail commença à acheter des actions de Western
Electric et prit une participation majoritaire en novembre 1881.
La prise de contrôle sera effectuée le 26 février 1882,
Western Electric cédant ses droits de brevet restants et acceptant
de fabriquer des produits exclusivement pour American Bell. Ce n'est qu'en
1885 que Vail fondera sa compagnie de téléphone longue distance.
Qui s'appelait AT & T.
En 1880, lorsque le gouvernement français a décerné
à Alexander Graham Bell le prix Volta de 50 000 francs pour l'
invention du téléphone (équivalent
à environ 10 000 $ US à l'époque, ou environ 290
000 $ maintenant), il a utilisé le prix pour financer la Volta
Laboratoire (également connu sous le nom de "Alexander Graham
Bell Laboratory") à Washington, DC en collaboration avec Sumner
Tainter et le cousin de Bell, Chichester Bell . Le laboratoire était
diversement connu sous le nom de Volta Bureau , Bell Carriage House ,
Bell Laboratory et de Volta Laboratory .
Bell s'est concentré sur l'analyse, l'enregistrement et la transmission
du son. Bell a utilisé ses bénéfices considérables
du laboratoire pour poursuivre ses recherches et son éducation
afin de permettre la "diffusion [accrue] des connaissances relatives
aux sourds", aboutissant à la fondation du Volta Bureau (vers
1887) qui était situé à Bell's la maison du père
au 1527 35th Street NW à Washington, DC Sa remise est devenue leur
siège social en 1889.
En 1893, Bell a construit un nouveau bâtiment à proximité
au 1537 35th Street NW, spécifiquement pour abriter le laboratoire.
Ce bâtiment a été déclaré monument historique
national en 1972. Après l'invention du téléphone,
Bell a maintenu un rôle relativement distant avec le système
Bell dans son ensemble, mais a continué à poursuivre ses
propres intérêts de recherche personnels.
Les époux Bell eurent deux filles, Elsie May Bell (1878-1964) et
Marian Hubbard « Daisy » Bell (1880-1962), ainsi que deux
fils, Edward (1881) et Robert (1883), qui meurent tous deux en bas âge.
La National Bell fera valoir
ses propres droits dans plus de 600 affaires de brevets en produisant,
devant les tribunaux, des témoignages dune épaisseur
totale de neuf pieds et aurait finalement gain de cause.
Dans le lien suivant : Vous pouvez consulter
divers documents , compte rendus de tribunaux sur ces litiges.
Une fois la bataille judiciaire terminée, Bell a décidé
de supprimer progressivement l'émetteur Blake-Berliner et de le
remplacer par la technologie supérieure d'émetteur à
bouton d'Edison. Mais avant que cela ne se produise, les idées
d'Edison, Blake et Berliner ont été encore améliorées
par l'ingénieur Bell Anthony C. White en 1892. Dans l'émetteur
de White, deux électrodes à bouton en carbone ont été
placées en contact. L'un était fixe et l'autre (devant)
était attaché à un diaphragme constitué d'un
disque de mica. Des granules de carbone en vrac se trouvaient entre les
deux. Les vibrations sonores ont déplacé le disque de mica
d'avant en arrière comme un piston, bousculant les particules de
carbone et faisant varier rapidement la résistance du circuit.
Cet émetteur "à dos solide" était le plus
fiable jamais conçu et a été utilisé de 1892
jusqu'en 1925 environ.
Au cours des six années quil avait consacrées à
ce champ de recherches, linfatigable Bell, curieux de tout, avait
travaillé à divers instruments.
En 1879, il avait conçu un audiomètre ; incidemment,
une unité de mesure des signaux acoustiques et électriques,
le décibel, serait baptisée en son honneur. Sa dernière
invention en télécommunications vit le jour au début
de 1880, pendant quil collaborait avec un fabricant dinstruments
doptique, Charles Sumner Tainter.
Le téléphone est une merveille, mais sans
le central téléphonique, sans le système téléphonique,
il ne serait pas une merveille révolutionnaire.
Bien quil nait joué quun rôle mineur dans
la construction du système, Alexander Graham Bell a vu clairement,
et avant tout le monde, ce que cela impliquerait.
Dans une lettre écrite en 1878, il en a détaillé
les détails avec une précision remarquable :
« Nous disposons actuellement dun réseau parfait
de conduites de gaz et deau dans nos grandes villes. Nous avons
des canalisations principales posées sous les rues et communiquant
par des canalisations secondaires avec les différentes habitations,
ce qui permet aux membres de sapprovisionner en gaz et en eau à
partir dune source commune».
« De la même manière, il est concevable que des
câbles téléphoniques puissent être posés
sous terre ou suspendus au-dessus de la tête, communiquant par des
fils secondaires avec des habitations privées, des comptoirs, des
navires, des usines, etc., etc., en les unissant par le câble principal
à un bureau central où les fils pourraient être connectés
à volonté, établissant une communication directe
entre deux endroits quelconques de la ville. Un tel plan, bien quimpraticable
à lheure actuelle, sera, je le crois fermement, le résultat
de lintroduction du téléphone au public. Non seulement
cela, mais je crois quà lavenir, les fils uniront les
sièges sociaux des compagnies de téléphone dans différentes
villes et quun homme dune partie du pays pourra communiquer
de bouche à oreille avec un autre dans un endroit éloigné.
»
La vision de Bell dun « réseau parfait » a guidé
la compagnie de téléphone bien après la fin de sa
participation active à la société. Sa lettre concentre
lattention exactement là où elle doit être :
non pas sur le téléphone lui-même, mais sur le système
téléphonique. Il nest pas logique, après tout,
de parler dun seul téléphone ; il faut être
deux pour parler. Mais il est logique de parler dun seul système.
« Le réseau téléphonique qui interconnecte
aujourdhui les continents est de loin la plus grande machine intégrée
du monde ». Et dans un essai publié juste avant la cession,
dans le numéro dadieu du Bell Telephone Magazine , lhistorien
Theodore H. White a commenté : « Système
est le mot auquel il faut saccrocher alors que nous nous séparons.
Ni les miracles des micro-ondes, ni les miracles du transistor,
ni les miracles à venir de la fibre de verre transportant des photons
à la vitesse de la lumière ne peuvent se comparer à
la réalisation dun système unique. »
Lhistoire dAT&T est lhistoire du système.
1875 - 1882 Les principaux brevets de Bell et Watson
Quelques-uns des brevets accordés à
Alexander Graham US 161,739 Apr 6, 1875 Improvement in Transmitters and Receivers
for Electric Telegraphs(tuned steel reeds) US 174,465 Mar 7, 1876 First Telephone Patent:Improvement
in Telegraphy US 178,399 June 6, 1876 Telephonic Telegraphic Receiver (vibrating
reed) US 181,553 Aug 29, 1876 Improvement in making electric currents
to replace voltaic batteries US186,787 Jan 30, 1877 Second Telephone Patent: Electric
Telegraphy(permanent magnet receiver) US 201,488 Mar 19, 1878 Speaking Telephone (receiver design) US 213,090 Mar 11, 1879 Electric Speaking Telephone (frictional
transmitter) US 220,791 Oct21,1879 Telephone Circuit; Return wires for
quality improvement US 228,507 June 8, 1880 Electric Telephone transmitter US 230,168 July 20, 1880 Automatic short circuiter for Telephones US 235,199 Dec 7, 1881 Apparatus for signaling and communicating,
called Photophone US 235,496 Dec 14, 1880 Photophone transmitter US 238,833 Mar 15, 1881 Electric call bell US 241,184 May 10, 1881 Telephone Receiver US 244,426 July 19, 1881 Telephone Circuit US 250,704 Dec 13, 1881 Speaking Telephone: ear piece and
mouth piece
Quelques Brevets de Thomas Watson: Au total,
il avait quelque 60 brevets à son nom. US 199,007 Jan 8, 1878 Buzzer for telephone apparatus US 202,495 Apr 16, 1878 Improvement in telephone call-signal
apparatus US 209,592 Nov 5, 1878 Improvement in automatic switch or
cut-out for telephones US 210,866 Dec 17, 1878 Polarized Armature for Electric Bells US 217,561 July 15, 1879 Speaking Telephones: improvement
of Blakes telephone US 231,739 Aug 31, 1880 Telephone: improving the transmitter US 232,788 Sep28, 1880 Telephone Circuit US 232,862 Oct 5, 1880 Vibrating surface for Sound Transmission US 234,154 Nov 9, 1880 Telephone Exchange System US 245,105 Aug 2, 1881 Telephone: improvements in the conversion
of sound waves in electric undulations US 245,600 Aug 16, 1881 Telephone Signal US 252,160 Jan 10,1882 Compound Telephone US 256,258 Apr 11, 1882 Telephone Exchange System
En 1884 WH PREECE était en visite ay Canada et aux
Etats-Unis, et rapportait :
Le téléphone a traversé une période assez
difficile aux États-Unis. On a tenté avec détermination
de renverser les brevets de Bell dans ce pays ; et ceux qui ont visité
lexposition de Philadelphie ont vu les instruments exposés
sur lesquels les avocats du plaignant sappuyaient. On dit quun
Américain très ingénieux, nommé Drawbaugh,
avait devancé tous les inventeurs de chaque partie du système
téléphonique ; quil avait inventé un récepteur
avant Bell ; quil avait inventé le dispositif à charbon
comprimé avant Edison ; quil avait inventé le microphone
avant notre ami le professeur Hughes ; et quen fait, il avait tout
fait sur la surface de la terre pour établir les revendications
énoncées. Certains de ses brevets ont été
présentés, et jai non seulement dû examiner
ses brevets, mais jai dû passer en revue un grand nombre de
dépositions des preuves présentées, et je dois avouer
que je nai jamais vu de cas plus fragile porté devant un
tribunal. Je ne sais pas si je serai diffamatoire en exprimant mon opinion
(je m'en remettrai à notre avocat avant que les notes ne soient
imprimées), mais je n'hésiterais pas à dire que je
n'ai jamais vu de complot plus évident pour tenter de perturber
la position d'un brevet bien établi. Cependant, j'ai entendu dire
que le jugement a été rendu comme le public l'avait généralement
supposé ; car dès que l'affaire a été terminée,
les actions de la compagnie Bell, qui valaient 150 dollars, ont grimpé
à 190 dollars, et maintenant que la décision est rendue,
on m'a dit qu'elles atteindront probablement 290 dollars.
Les principales sources d'information sont les archives
de l'American Telephone and Telegraph Company à New York et la
collection AT&T de la National Geographic Society à Washington.