Le téléphone arrive à Walnut Grove vers 1881 Ce sont des images qui nous reviennent à
l'esprit quand on évoque l'arrivée du téléphone
dans l'Ouest des Etat-Unis, tellement ce feuilleton était et
est populaire, il raconte la vie des pionniers Amércains, la
modernisation ... l'arrivée du téléphone.
L'histoire de A.G.
BELL devient l'histoire du téléphone dans le monde.
Pour comprendre les évenements de façon
chronologique, je vous invite à lire auparavant les biographies
de Reiss,
Gray et Meucci,
la vie
et les travaux d'Alexandre Graham Bell
entre 1874 et 1879, il breveta le téléphone, puis
sera le moteur du déploiement, de l'industrialisation et de la
commercialisation des téléphones aux USA ....
Au début de l'aventure il ne faut pas oublier quelques
évolutions et évenements importants depuis le début
ou Bell commença ses travaux.
Début 1877, un premier prospectus vantait
l'appareil capable de communiquer jusqu'à 20 milles.Aucune allusion
n'était faite à des réseaux d'abonnement. Il faut se rappeler que : 1 - Le
brevet d'alarme qui avait été brevetée en 1853 par
le révérend Augustus Russell Pope (18191858) de Somerville,
dans le Massachusetts. a été acquis par Edwin Holmes
pour 1500 USD et a fabriqué l'appareil dans son usine de Boston,
dans le Massachusetts. Il a commencé à les vendre en 1858.
Son fils Edwin Thomas Holmes a repris l'entreprise après
son décès. La Holmes
Burglar Alarm Company va sedévelopper
rapidement sur New-York et Boston. Au début, les gens avaient peur
et étaient sceptiques quant à l'utilisation de l'électricité
pour les alarmes, et l'entreprise ne s'est pas bien développée.
C'est pourquoi, en 1859, à la recherche d'un marché nouveau
et plus vaste, Holmes déménage son entreprise à New
York, qui est alors perçue comme un lieu où "tous les
cambrioleurs du pays ont élu domicile".
En 1866, il installe 1 200 alarmes sonores et commence à commercialiser
avec succès auprès des entreprises.
En 1877, il établit le premier réseau d'alarmes surveillé
par une station centrale à New York et envoya son fils installer
et développer ce système à Boston. Edwin Thomas a
cependant découvert que le réseau pouvait utiliser les câbles
téléphoniques préexistants au lieu de poser les siens.
De cette manière, il a rapidement assemblé un réseau
de 700 alarmes, que son père a ensuite imité à New
York. 2 -
En 1863, sur ce type de réseau (télégraphique-alarme),
Edward A. Calahan invente un nouvel usage pour la bourse
et a créé la Gold and Stock Telegraph
Company en 1867 pour exploiter cette technologie.
Gold and Stock a mis au point un système
de messagerie qui envoie des instructions à destination
de la bourse. Trois ans plus tard, le président de la Gold
and Stock Telegraph Company s'est réveillé en surprenant
un cambrioleur dans son domicile, ce qui l'a inspiré pour créer
un système d'alerte basé sur le télégraphe.
Ce système a permi de connecter 50 de ses voisins à
une station centrale où toutes les boîtes d'alerte étaient
surveillées.
Il existait de nombreuses petites entreprises de distribution télégraphique
aux États-Unis au 19ème siècle.
En 1874, 57 entreprises de distribution télégraphique
de district se sont affiliées et sont devenues "l' American
District Telegraph".
(Nous le verrons plus tard qu'avec l'augmentation de l'utilisation
du téléphone à la fin du 19ème siècle,
l'activité de messagerie d'ADT
a lentement décliné en popularité. ADT a essayé
de se diversifier et de développer son activité de signalisation,
tout en maintenant son activité de télégraphe
en tant que principale source de revenus. ADT sera intégrée
à Western Union en 1901 et a séparé son activité
de messagerie de son activité principale de signalisation à
cette époque. En 1909, Western Union et ADT passèrent
sous le contrôle de l'American Telephone & Telegraph Company
(AT & T). ADT a commencé à s'étendre dans
de nouveaux domaines, tels que les alarmes incendie et les alarmes
de sécurité, entre 1910 et 1930, mais a été
maintenu à l'écart du secteur des alarmes Holmes d'AT
& T. ADT est devenue une société cotée en
bourse dans les années 1960 )
Peu après son arrivée à
Somerville, Charles Williams a commencé à
travailler dans la fabrication de télégraphes, ouvrant finalement
sa propre usine et son bureau à Boston. Déménageant
au 109 Court Street en 1862, son entreprise fournit des équipements
aux grandes entreprises de télégraphe et constitue également
le lieu de la recherche et des inventions.
La première ligne téléphonique privée à
usage pratique a été installée entre Boston et Somerville. Le 4 Avril 1877 Charles Williams
impatient d'essayer la nouvelle invention réalisée par Bell
et Watson : "le téléphone" a construit
la toute première ligne extérieure entre son bureau situé
au 109, rue Court, à Boston et son domicile rue Arlington,
Somerville. à environ 5 km,
Lorsque M. Williams voulut appeler chez
lui, il frappa du bout d'un crayon à papier le diaphragme de l'instrument
qui servait à la fois d'émetteur et de récepteur.
S'il y avait quelqu'un près du téléphone à
l'autre bout du fil, et si la pièce était calme, on pouvait
entendre le bruit du martellement.
Cependant, il était au mieux peu fiable et les tapotements répétés
blessaient le diaphragme et le rendaient inutile en peu de temps.
Croquis d'artiste du bureau privé de Charles Williams.
dans le bureau de son usine au 109, rue Court à Boston, Massachusetts
.
Dans cette scène, ET Holmes regarde Williams
qui parle avec son téléphone.
En
mai 1877, un ami de C.Williams,
du nom de E. T. Holmes,
qui comme on vient de le voir, exploitait une entreprise dalarme
antivol à Boston, proposa à Hubbard de relier quelques
lignes de téléphones.
Hubbard n'a pas tardé à saisir cette occasion et
a immédiatement prêté à Holmes une douzaine
de téléphones. Sans demander la permission, Holmes se
rendit dans six banques et y installa un téléphone.
Cinq banquiers ne protestèrent pas, mais le sixième
ordonna indigne de faire sortir "ce jouet". Les cinq autres
téléphones pouvant être connectés via un
commutateur dans le bureau de Holmes, est ainsi né le premier
standard téléphonique minuscule et grossier. (voir
en détail ci-dessous)
Il fonctionna pendant plusieurs semaines comme système téléphonique
le jour et comme alarme anti-effraction la nuit. Aucun argent n'a
été demandé aux banquiers. Le service rendu était
sous forme d'exposition et de publicité. . Le
premier client au monde, Roswell C.
Downer, banquier à Salem, le 1er mai 1877,
a loué deux téléphones reliés sur une
ligne privée entre son bureau au State Street à
Boston et sa résidence au 170 central Street .
Le premier client payant sera James Emery, le 30 mai 1877,
pour 20 dollars sur un bail d'un an. Les 20 dollars, Williams les
mis dans sa poche pendant un moment jusqu'à ce qu'il puisse
demander à Gardiner Hubbard quoi faire, car à cette
époque, seule une «association de brevets» existait,
il n'y avait pas encore de socièté commerciale déclarée.
Pour remédier au
soucis de la signalisation, les téléphones de cette
ligne étaient équipés du développement
alors tardif connu sous le nom de "Thumper" de Watson.
Dans ce dispositif, un petit marteau était monté à
l'intérieur du téléphone de telle manière
que le fait d'appuyer sur un bouton à l'avant du boîtier
amènerait le marteau à frapper le bord du diaphragme.
Le seul avantage que ce système avait sur la méthode
du crayon était d'éviter les blessures au diaphragme.
Le Numéro 22 de la première série fabriquée
par Watson.
Un son audible "Thump" d'ou le nom de "Thumper
".
Lorsque l'appelant voulait lancer un appel, il appuyait sur le bouton
(à gauche ) sur le devant, ce qui a fait que le battant heurte
le diaphragme en fer. Les vibrations engendraient une grande impulsion
dans la bobine, qui se rendrait au téléphone de la partie
réceptrice et générerait un "coup" fort
dans son diaphragme, appelant la partie réceptrice au téléphone.
Mais le public exigeant voulait quelque chose de mieux, et Watson
a conçu le "Buzzer" . C'était une grande
amélioration par rapport au "Thumper", Cela ressemblait
tout à fait au signal d'une voiture avec une râpe à
raifort. . .. Cela n'a apporté qu'une renommée éphémère
car Watson l'a rapidement remplacé par une sonnerie d'appel magnéto-électrique.
En 1877, Boston était l'épicentre de l'innovation. Latelier
délectricité de Charles Williams Jr, à
Boston, comme nous l'avons déjà cité, fabriquait
des instruments de télégraphe, mais était également
le lieu de prédilection des innovateurs et des inventeurs.
La Holmes Burglar
Alarm Company a grandi et sest étendue à dautres
villes. En 1877, lactivité dalarme sétait
développée à un point tel que latelier Williams
ne pouvait plus accueillir le volume daffaires de Holmes. De nouveaux
ateliers ont donc été aménagés pour la fabrication
d'armoires et d'appareils électriques .
Holmes a connecté le nouveau téléphone de Bell
à son système dalarme et le tout premier central téléphonique
au monde a vu le jour :
L'année suivante, le bureau central des alarmes
Holmes à Boston est devenu le premier central téléphonique,
les fils du système d'alarme aériens étant utilisés
à des fins téléphoniques pendant les heures ouvrables.
Le premier standard était une affaire simple, desservant seulement
une poignée d'abonnés.
Le bureau de New York remplissait la même fonction.
Charles Glidden, un télégraphiste de lépoque,
a assisté à une conférence de Bell à Huntington
Hall, à Lowell. Glidden était inspiré et croyait
que la téléphonie était une progression logique de
la télégraphie. Peu de temps après, le standard de
Holmes a attiré l'attention du monde entier, ce qui a incité
Glidden à rendre visite à la société de distribution
téléphonique Holmes.
Holmes écrira dans son livre, «A Wonderful Fifty Years»;
Glidden, un opérateur télégraphique, est entré
et est ensuite rentré chez lui avec les droits de Lowell dans sa
poche . Charles Jasper Glidden était un pionnier du téléphone
américain, un financier.
Peu de temps après, Holmes retira ses téléphones
des banques et démarra une véritable affaire de location
de téléphones dans les sociétés de messagerie
express de Boston.
En mai 1877, M. Edwin T. Holmes utilisa le téléphone
portable de Bell comme accessoire de son système d'alarme antivol
central à Boston, un ensemble de fils servant aux deux fins. Cinq
de ces fils d'alarme ont été coupés dans un petit
tableau télégraphique à broches en laiton, permettant
de connecter ou de brancher un téléphone portable sur n'importe
quelle ligne. MFE Kinsman, qui était alors à l'emploi de
M. Holmes, a déclaré que (en août 1877) le service
n'était pas assuré en connectant deux circuits quelconques
ensemble, mais qu'« il était assuré par l'opérateur
prenant le message et pouvait parler par téléphone à
la personne à qui le message a été transmis. Trois
mois plus tard, M. Holmes a installé des téléphones
portables dans de nombreux magasins de vente en gros et de commission
pour permettre à ces abonnés au système d'avertir
le bureau central de Holmes pour demander à la société
de transport express d'appeler pour les colis prêts à être
expédiés. Puis un système de standard téléphonique
fut installé et, en mars 1878, 256 téléphones portables
étaient en service. L'utilisation de téléphones portables
uniquement aurait continué dans ce système pendant plus
de douze ans, bien que le nombre d'abonnés ait finalement dépassé
500.
Un accord formel n'a été établi que
le 1er août 1878, donnant à Williams les droits exclusifs
de fabrication. Il s'agissait d'un contrat de trois pages écrit
à la main.
La compagnie de téléphone Bell a convenu d'acheter tous
ses téléphones à Williams, en lui payant 1,60 $ pour
chaque téléphone à main, et 2,45 $ pour chaque téléphone
Box. Williams numérotait tous les instruments avec un numéro
de série, les baux ont été étroitement surveillés,
et Watson personnellement expédié tous les téléphones.
Williams fabriquait des téléphones au rythme de 25 par jour.
Ce mois-ci, Williams a promis d'augmenter sa production de 25 à
50 par jour, bien qu'il encourrait des dépenses de production importantes.
La compagnie Bell, à court de capital, s'est fortement appuyée
sur le crédit accordé par Williams. Courant Juillet la compagnie
posséde 200 lignes, mises en service (point à point) avec
2 postes et une ligne. Hubbard décide d'appliquer une politique de location
au lieu de vente des téléphones
pour 20 dollars l'an à un particulier, 40 à une société,
les premiers clients sont des sociétés, banques, journaux
... sur de courte distances.
Le 10 août 1877. Hubbard écrit à Holmes
Cambridge, le 10 août 1877.
E. T. HOLMES, Esq.,
MONSIEUR, Il est entendu que vous disposerez
du droit exclusif d'utiliser le téléphone dans la
ville de Boston et dans un rayon de dix miles, à des fins
de central téléphonique, c'est-à-dire pour
les circuits reliant un central téléphonique à
des habitations, bureaux, magasins et autres bâtiments.
La Bell Telephone Company fournira les téléphones
pour 10 $ par an, payables trimestriellement à l'avance.
Les différentes villes de votre territoire seront dotées
de circuits similaires reliant les centraux téléphoniques
à celui de Boston dans un délai de deux ans. À
défaut, la Bell Telephone Company aura le droit d'autoriser
d'autres parties à établir de tels circuits, ces centraux
téléphoniques étant reliés au central
téléphonique de Boston, selon des modalités
à convenir ou fixées par un arbitre.
Le droit exclusif qui vous est accordé par les présentes
est à condition que vous serviez le public rapidement et
fidèlement, en construisant de nouveaux circuits ou en étendant
les anciens à mesure que la demande augmente, et que vous
exécutiez l'ensemble de vos activités à la
satisfaction de Bell Telephone Company.
Bell Telephone Company se réserve le droit d'acquérir
ces lignes avec le fonds de commerce de l'entreprise, à une
valeur estimative, sans toutefois excéder le coût réel
des lignes, ou pour un fonds de commerce ne dépassant pas
5 000 $ si l'acquisition est effectuée dans les trois ans
suivant la date indiquée par les présentes.
Je suis, sincèrement,
GARDINER G. HUBBARD.
Le système d'échange, si clairement présent
à l'esprit des auteurs, ne fut pas immédiatement développé
par Holmes. Le besoin commercial du public, qui semblait offrir les perspectives
de succès les plus immédiates, était de connecter les
abonnés à un central téléphonique auquel ils
pourraient transmettre des commandes pour une agence de messagerie générale,
ces commandes étant retransmises depuis le central téléphonique.
La valeur pécuniaire d'un tel service était plus facilement
démontrable, et c'est dans cette optique que le téléphone
fut développé à Boston. L'expérience et la familiarité,
acquises grâce à l'utilisation constante du téléphone,
n'étaient pas nécessaires à ceux qui proposaient d'introduire
le système de central téléphonique, mais plutôt
au public, dont la clientèle était essentielle à son
emploi rémunérateur.
S'ensuit une période d'expérimentation, avec de nombreuses
tentatives de concevoir un instrument téléphonique capable
de transmettre la parole avec un volume suffisant pour qu'un "ahoy"
ou un "bonjour" assez fort pour attirer l'attention de la personne
à l'autre bout de la ligne. Toutes ces tentatives ont été
des échecs, heureusement, car la confidentialité avec laquelle
les conversations téléphoniques peuvent être menées
est l'une des caractéristiques les plus souhaitables et les plus
utiles.
Aussi en 1877, Alfred Galpin,
un banquier dAppleton, fit construire une ligne téléphonique
entre son domicile et son bureau et selon certaines i
15 Mai 1877 - Bell Présente
le téléphone à main (hand telephone). Mentionné
dans une lettre de Theodore N. Vail à William A. Childs, président
de la Law Telegraph Company.
En Mai 1877 Graham
Bell présente au public son invention sous une nouvelle forme imaginée
par le professeur Pierce : "the Hand
Telephone" ou "Téléphone à Main"
aussi appelé "butterstamp"
car sa forme évoquait bien les tampons pour mouler le beurre.
C'est ce modèle de téléphone dit
"Hand Téléphone" ou "Butterstamp" qui
va rapidement faire le tour du monde et sera même copié
juste avec les explications et photos lus dans la presse.
En Angleterre on pense que la première
ligne téléphonique résidentielle permanente d'Angleterre
a été installée en 1877 par Alexander Graham Bell
lui-même lors de son voyage promotionnel en Europe en commençant
par le Royaume-Unis.
Bell séjournait avec Robert Bayly, à Tor Grove House, à
la périphérie de Plymouth, Devon, la femme de Bayly se serait
sentie nerveuse à l'idée de vivre dans une propriété
aussi isolée, alors Bell lui a installé une ligne téléphonique
entre la maison principale et la maison du jardinier afin pour qu'elle
se sente plus en sécurité. La ligne a été
utilisée pendant de nombreuses années, même si Bayly
a construit plus tard un nouveau manoir sur son terrain en 1882 pour remplacer
l'ancienne maison. L'équipement a finalement été
présenté au musée de Plymouth.
Fait marquant à Providence
(État du Rhode Island) :
Le colonel William H. Reynolds, qui vivait
à Providence plusieurs années avant sa mort en 1906,
et qui était le grand-père du citoyen local bien connu,
qui porte le même nom, sintéressa beaucoup à
linvention de M. Bell et a pu entrer en contact avec celui ci.
Le colonel Reynolds était un ancien combattant de la guerre de
Sécession, ayant été lieutenant-colonel du premier
régiment d'artillerie à la tête de la batterie A à
la bataille de Bull Run. ... Pour la somme de 5 000 $, le colonel Reynolds
a finalement acheté le contrôle du brevet de M. Bell
pour le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, et pour 2
500 $ de plus, il a obtenu les droits de contrôle pour l'Espagne,
l'Italie, le Portugal et la Russie.
Une brochure rare et ancienne de 4 pages de la Philadelphia
Telephone Company, faisant la promotion du nouveau et étonnant
téléphone parlant .
La première version promotionnelle mérite d'être
citée: «Le téléphone parlant de Bell attire
l'attention du monde entier; moins de six mois après son introduction,
5000 ont été utilisés dans ce pays.
Aucune invention récente n'a été aussi bien reçue
par le public, et si pleinement approuvée par la presse et
il nest pas étonnant que les résultats soient
étonnants.
Avec cet instrument simple, on peut converser avec un autre, même
sur plusieurs kilomètres .
Description manuscrite d'un ancien récepteur
téléphonique mis au point par Alexander Graham Bell.
Source: Musées Victoria de Melbourne Australie.
Edward Symonds la peut-être écrite entre 1876
et 1877. Symonds était loncle de Bell.
Il a été acheté par Symonds lors
dune visite à la famille Bell à Brantford, en
Ontario, puis emmené par Symonds en Australie.
En Australie, le téléphone suscitait beaucoup
d'enthousiasme.
Linvention a été une inspiration pour commencer
à travailler sur le premier téléphone australien.
Un inspecteur des douanes de Geelong, WJ Thomas, a utilisé
un instrument artisanal et lié deux maisons de son quartier
à la fin de 1877. Il a ensuite transmis sur une distance plus
longue, entre Geelong et Ballarat, le soir du 9 janvier 1878, puis
entre Geelong et Queenscliff. .
Le 17 Mai 1877 . T.
Holmes a ouvert le premier tableau de connection expérimental
au 342 Washington Street, Boston.
Tivadar Puskás
Ingénieur et inventeur Hongrois qui après avoir étudié
le droit à Vienne, des études d'ingénieur à
l'université de Budapest, émigre en 1866
à Londres, puis en 1873 part travailler aux États-Unis,
où il collabora avec Thomas Edison et son équipe,
pour créer le « Telegraph Exchange », un multiplex
qui aboutit à la construction du premier centre manuel expérimental,
il fut inauguré par la Bell Telephone Company
à Boston en 1877.
Le jeudi 28 juin 1877,
Rutherford B. Hayes , président des États-Unis, était
l'invité d'honneur de la Grande Armée du Royaume des États-Unis,
le troisième des quatre jours réservés à l'une
des plus grandes célébrations de l'histoire de la Grande
Armée de la République à Rocky Point Clambake.
Entre discours, salut au canon, feu d'artifice, défilé,
acclamations et tumulte général, il a été
annoncé qu'une démonstration de "ce nouvel engin",
appelé le téléphone, avait été
organisée pour amuser le président et son parti.
Après la brève allocution du maire de Providence, le président
s'est retiré dans ce que les journaux ont décrit comme un
"salon", où l'agent de M. Bell, M. Frederick
Allen Gower, avait installé un instrument téléphonique.
Une connexion a été établie avec le City Hotel à
Providence, et le président Hayes a expérimenté pendant
quelques minutes l'envoi et la réception de messages vocaux. C'était
la première fois que le directeur général utilisait
l'appareil, et il s'est dit satisfait des efforts "très remarquables"
produits et de la facilité avec laquelle il a été
en mesure de le gérer.
Le gouverneur de Pennsylvanie et plusieurs autres messieurs ont fait entendre
leur voix avec les mêmes résultats encourageants.
Il serait intéressant dentendre parler de toute personne
vivante qui se trouverait à lautre bout de la file à
lhôtel City, lorsque, pour la première fois de lhistoire,
la voix dun président aurait été portée
sur au moins un point douze miles de distance.
Petite parenthèse importante pour la suite du développement
du téléphone en France et en Angleterre : Frederick
Allen Gower travailla comme éditorialiste chez Providence
Press et Star en 1871. Il est dit que Gower rencontra Bell par hasard,
lorsqu'il perdit un pari avec un autre membre du personnel, le perdant
devant interroger le "fou" qui a pensé qu'il était
possible de transmettre la voix humaine sur des fils télégraphiques.
Intrigué par les idées de Bell, Gower devint agent de presse
de Bell, puis partenaire d'affaires et conseiller en chef, ce qui en fit
un homme riche.
Selon un article paru dans le journal Providence en 1940, Gower aurait
convaincu Bell que le téléphone était une invention
pratique destinée à un usage autre que commercial. Gower
est décédé le 18 juillet 1885, alors qu'il tentait
de traverser la Manche en ballon à Cherbourg, en France.
Le journal Providence
du 29 juin 1877 rapporte : (traduction approximative)
Le président au téléphone
Vers 3 heures, le président connut une nouvelle sensation. Sous
la direction de M. Fred A. Gower, agent exécutif du professeur
Bell, un fil téléphonique a été connecté
au réseau de la Western Union Telegraph [à
Rocky Point], offert aux fins du gestionnaire Bradford, et une communication
téléphonique a été établie avec le
professeur. Bell au City Hotel dans cette ville.
Le président a ensuite été invité à
placer l'un des téléphones, qui ressemblait d'ailleurs à
une bobine de taille assez importante, contre une oreille, ce qu'il a
fait lorsque M. Gower a parlé d'une voix modérée,
en disant: " Professeur Bell, jai lhonneur de vous présenter
le président des États-Unis, qui écoute lautre
téléphone, comprenez-vous? Le président écouta
avec attention tandis qu'un sourire progressivement croissant parcourait
ses lèvres, et l'émerveillement brillait de plus en plus
dans ses yeux, jusqu'à ce qu'il prenne le petit instrument de son
oreille, le regarda un instant avec surprise, et remarqua: "C'est
merveilleux."
Pendant ce temps, le professeur Bell a déclaré, selon M.
Gower, qui écoutait au téléphone: "Monsieur
le président, je suis parfaitement conscient du grand honneur qui
ma été conféré pour la première
fois en présentant le téléphone parlant à
lattention de du président des États-Unis. Je me trouve
dans lun des salons de lhôtel City, à Providence,
je vous parle à travers treize milles de fil, sans utiliser de
courant galvanique sur la ligne. J'espère que vous comprenez distinctement
ce que je dis, et je serai très heureux d'entendre quelque chose
de votre part en réponse, s'il vous plaît.
À la suggestion de M. Gower, de parler avec le professeur Bell,
le président dit: "Parlez un peu plus lentement, s'il vous
plaît." Quelques messages supplémentaires ont été
transmis, lorsque le président a de nouveau déclaré:
"C'est merveilleux", affirmant qu'il pouvait très bien
comprendre certains mots, mais qu'il ne pouvait pas comprendre de phrases.
Le gouverneur [de Pennsylvanie] [John] Hartranft a également essayé
le merveilleux petit instrument, avec une expérience similaire
à celle du président, en réponse à une question
du professeur Bell: "Je vous comprends très bien."
Le 9 juillet 1877
création de la société Bell
Telephone Company à Boston, au Massachusetts
par le beau-père d'Alexander Graham Bell, Gardiner Greene Hubbard,
qui a également aidé à organiser une société
sur : Telegraph Company ,
Hubbard devient l'administrateur (association même pas constituée
en société). Son capital est de 500 000 dollars, dès
le lendemain Bell cédera 75% de ses droits canadiens à son
père Melville et 25% à C.Williams, fabricant et ancien patron
de Watson sous condition de fournir 1000 téléphones à
Meleville.
Le 10 juillet 1877
Avec environ 5 lignes. Isaac C. Smith, à Hartford, Connecticut,
installe un standard pour connecter plusieurs lignes louées à
des médecins et des pharmacies. Le 10 juillet 1877 -
Bell a céde 75 % de ses droits à son père (canadien)
, qui a organisé et exploité lactivité téléphonique
partout au Canada, La Compagnie de téléphone Bell du Canada
a été fondée sur le 29 avril 1880.
Linventeur céde aussi 25% de ses droits à Charles
Williams Jr. de Boston, en paiement pour que 1000 téléphones
soient livrés à Bell Sénior (père). Le 25 Juillet 1877 Bell dépose son brevet No 119626
en France , "pour des perfectionnements dans la téléphonie
électrique ou la transmission des sons comme dépêches
télégraphiques, ainsi que dans les appareils téléphoniques"
Le 11 juillet 1877 Gardiner Hubbard (premier président de la
National Geographic Society), n'a plus de raison de repousser le mariage
de sa fille Mabel avec Bell. Mabel sourde à la suite
d'une scarlatine, était élève de Graham Bell.
Les jeunes gens se marient le 11 juillet, chez elle, à Cambridge,
en dote Bell lui offrit un magnifique collier de perles et la majorité
des actions de la nouvelle société. Le couple aura quatre
enfants.
Aussitôt ils partent en voyage de noce à Brantford voir les
parents de Bell, reviennent en aout à Boston ou Bell participera
à la première réunion des actionnaires de la "Bell
Téléphone". Le 4 Août 1877, poursuivant leur voyage de noce, ils embarquent
pour l'Angleterre, pays natal de Bell qu'il a quitté 7 ans plus
tôt.
Ils ne reviendront aux États-Unis que le 10 novembre
1878. Peu de temps après
le 1er septembre, à Bridgeport, Thomas B. Doolittle
a installé des téléphones sur plusieurs lignes connectées
au standard téléphonique de la Bridgeport Social Telegraph
Association, dont Doolittle était directeur et promoteur.
Arrivé en Angleterre Bell, en profite pour
faire des démonstrations promotionnelles de son invention. Première
présentation à Londres,
Pour organiser la logistique de ses conférences Bell, fait appel
à Fréderic Gower, jeune éditeur
du journal "Providence Press",
Deuxième présentation à Glasgow avec de nombreux
journalistes et scientifiques comme le Français TH.Du Moncel, "Extrait
de l'exposé de l'électricité de TH Du Moncel" Sir William
Thomsonqui était présent à l'Exposition
du centenaire des Etats-Unis à Philadelphie en juin 1876, en Septembre
1876, invite
Bell à la réunion annuelle de la "British Association
For The Advancement Of Sciences" à Plymouth. Etait
présent le Français A. Niaudet de la maison Bréguet
qui repartent avec une paire de téléphones et introduiront
à leur tour le téléphone de Bell en France.
Les démonstrations faites par Alexander Bell en Angleterre et les
développements commerciaux qui en ont résulté ont
montré que le téléphone, bien qu'encore un produit
immature essayant de trouver son application, avait un grand potentiel
commercial. Pour Bell et ses associés, il était clair qu'après
avoir obtenu les brevets américains, leur invention devait également
être protégée en Europe.
Le premier pays à déposer une demande de brevet fut la Grande-Bretagne,
un choix évident pour de nombreux inventeurs américains
de lépoque. Pour Bell, c'était très intéressant,
car les droits étrangers n'étaient pas inclus dans l'accord
d'association et pouvaient constituer pour lui une source de revenus supplémentaires.
Pour obtenir son brevet britannique, affaire compliquée et comportant
toujours le risque d'une publication préalable, il passe un accord
avec les frères canadiens Brown. Cependant, cet effort a échoué
et cest par une voie différente que Bell a obtenu le brevet
britannique 4 765 en 1876. Ce brevet ne contrôlait cependant
que le récepteur téléphonique, alors que le brevet
britannique dEdison contrôlerait lémetteur.
Bientôt, Bell s'est organisée pour obtenir des droits de
brevet dans d'autres pays européens. Là encore, il a rencontré
les mêmes problèmes. Obtenir un brevet en Europe était
compliqué car chaque pays avait sa propre loi sur les brevets.
En novembre 1877, il écrivit à Hubbard : J'ai déposé
des brevets en Italie, en Norvège, en Suède et au Danemark,
mais aucun brevet n'est accordé aux Pays-Bas ou en Suisse et si
je ne vends pas rapidement ici, l'Europe sera inondée de téléphones
bon marché en provenance de Hollande et de Suisse. .
Les brevets scandinaves ont été obtenus grâce au fait
quun ingénieur civil norvégien nommé Jens Hopstock
a, de sa propre initiative, déposé des brevets scandinaves
au nom de Bell. Le reconnaissant Bell lui a donné une licence de
deux ans . Cependant, le brevet allemand avait été perdu
parce que Bell était arrivé trop tard selon les règles
de la loi allemande sur les brevets.
Et en effet, la société allemande Siemens & Halske,
déjà un fabricant électrique dominant actif dans
le domaine de la télégraphie entre autres moteurs
électriques et dynamos , a rapidement produit des téléphones
bon marché. Obtenir un brevet aux Pays-Bas était impossible
car le droit des brevets y avait été suspendu en 1869. Et
en France, la demande de brevet était menacée parce que
la téléphonie menaçait le système télégraphique
gouvernemental.
Faire des affaires dans tous ces différents pays s'est avéré
encore plus
difficile. Les gouvernements ont agi différemment et les partenaires
commerciaux locaux potentiels nont pas toujours été
choisis judicieusement. Et Edison était un adversaire sérieux
en Grande-Bretagne en raison de sa position en matière de brevets,
et non en raison du succès de son entreprise. Puis, après
pas mal de difficultés, Edison et Bell unissent leurs forces et
créent la « United Telephone Company Ltd. » (brevet
de Bell et Edison) le 13 mai 1880.
Dans l'ensemble, le voyage en Europe aurait pu sensibiliser le public
au nouveau phénomène de la téléphonie, mais
d'un point de vue commercial, il n'a pas été très
réussi. Pour Alexander Bell personnellement, faire des affaires
ne faisait pas partie de ses meilleures capacités, comme il le
reconnut quelques années plus tard lorsqu'il écrivait :
Je ne suis pas un homme d'affaires et je dois admettre que les relations
financières me déplaisent et ne correspondent pas du tout
à mon métier.
Cependant, dautres ont désormais compris le potentiel commercial
du télégraphe parlant. Pas seulement en Angleterre, mais
dans toute l'Europe du Nord ...
Un autre
but de son séjour en Angleterre était d'assurer
la mise en place d'une société d'exploitation du téléphone,
l'Electric Telephone Compagny of Great
Britain avec l'aide e son associé le Colonel
William Reynolds arrivé en Septembre.
Pour la somme de 5 000 dollars, le colonel Reynolds
avait acheté le contrôle du brevet de M. Bell pour
le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande pour 2 500 dollars
supplémentaires, il a obtenu aussi les droits de contrôle
pour l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la Russie.
L'un des documents les plus
intéressants sur ce sujet est un compte rendu de journal
à Osborne House, à Londres, lorsque Bell et le colonel
Reynolds ont présenté leur téléphone
à la reine Victoria.
Cest le colonel Reynolds de Providence qui permettra
à Bell, en janvier 1878, de se rendre en Angleterre et dy
organiser la manifestation historique en présence de Sa Majesté.
Janvier 1878 Bell,
encore en Angleterre, reçut un télégramme de
Sir T.Bidduph serétaire privé de la
reine Victoria d'Angleterre pour faire une démonstration
à Osborne House, résidence royale familiale dans l'ile de
Whight. Bell accepta mais il y sera reçu seul sans sa Mabel très
déçue de cette réponse Reynolds fera réaliser
une liaison est établie entre Osborne House et la ville de Cowes
située à un kilométre et invite la journaliste Kate
Field, du Times de Londres, du New York Herald pour cet évenement.
Le 14 janvier en soirée Bell commence la présentation et
la reine Victoria qui put prendre l'appareil pour dialoguer avec son secrétaire
... la démonstartion dure trois heures. La
reine a consigné dans son journal (voir site) cet événement
et Sir Thomas Biddulph demanda à Bell dans une lettre, que la reine
Victoria était très intéressée à acquérir
un ensemble de téléphones pour le palais (photo ci dessous).Voir
aussi les correspondances.
Correspondance concernant l'achat de téléphones par la reine
Victoria pour la maison d'Osborne.
En Angleterre, sur le plan des affaires c'est trise
mine, Reynolds et Bell éprouvent des diffiultés pour mettre
en place la nouvelle société, pour trouver des capitaux
... les commandes n'arrivent pas, les britaniques bien équipés
en télégraphes ne voient pas beaucoup d'interêts dans
le téléphone.
Pendant que les Bell étaient en lune de miel, Hubbard a tenté
de vendre tous les brevets de Bell à Western Union pour 100 000
$ (environ 1 660 000 $ en dollars de 2001). Mais la compagnie de télégraphe
a pensé que l'appareil était inutile et a refusé
l'offre - sans aucun doute l'une des pires décisions commerciales
de tous les temps.
Mabel enceinte pendant ce séjour oblige le couple à rester
sur le sol britanique, ils s'installent à Londres ou Bell reonstitue
un laboratoire pour poursuivre ses travaux.
Bell en profite pour établir la première
liaison téléphonique intercontinentale (36 Km) entre Douvres
et Calais sur un seul fil et retour par la terre.
Dans l'univers illustré page 754 du
1 décembre 1877 , nous lisons en France
que le téléphone vient de fonctionner entre la France et
l'Angleterre.
Deux cornets acoustiques aimantés ont élé placés
la semaine dernière a Saint-Margaret, sur la côle
anglaise, près de Douvres, et a Sangaite, près de
Calais, puis reliés entre eux par un fil métallique. Des
conversations ont été échangées ainsi à
travers le détroit, les résultats obtenus ont paru très
satisfaisants aux inspecteurs des lignes de Douvres et de Calais.
Les téléphones qui ont servis à cet événement
sont aujourd'hui chez un collectionneur
Australien .
Un premier réseau fut établi à
New-York en 1877, mais ce n'est que vers le milieu de l'année
suivante que l'emploi du téléphone commença à
se généraliser.
A partir de ce moment, son développement fut rapide. Plusieurs
autres sociétés se formèrent dans les différentes
contrées de l'Amérique.
En
photo ci dessous, les quatre premiers
modèles commerciaux de récepteurs téléphonique
"hand telephone" aux USA
Ces récepteurs ont tous été fabriqués
en 1877, et sont classés par ordre chronologique de gauche
à droite .(Mai 1877, Juin 1877, ??? et Décembre 1877)
Le corps des quatre modèles étaient en bois, en noyer
noir pour le premier. En acajou pour le second modèle.
On utilisait des aimants permanents unipolaire et des diaphragmes
en fer. Dans les trois premiers modèles, une bobine de fil
isolé est placée sur l'extrémité du barreau
en fer. Dans le quatrième modèle, la bobine a été
placée sur une pièce polaire en fer doux qui est fixée
à l'extrémité de l'aimant permanent. A droite
une affiche pour une démonstration le 20 novembre 1877.
Le 1er août 1877, 778
téléphones fonctionnaient sans défaillance. Williams
fabriquait des téléphones au rythme de 25 par jour.
Ce mois-ci, Williams a promis d'augmenter sa production de 25 à
50 par jour, même s'il encourait des frais de production importants.
La compagnie Bell, à court de capital, comptait beaucoup sur le
crédit accordé par Williams.
L'accord de fabrication entre les détenteurs
de brevets et Williams avait été informel jusqu'à
présent. Un accord formel n'a été conclu que le 1er
août 1878, conférant à Williams des droits de fabrication
exclusifs. Il s'agissait d'un contrat écrit de trois pages.
La Bell Telephone Company a accepté dacheter tous ses téléphones
auprès de Williams, en lui versant 1,60 $ pour chaque téléphone
portable et 2,45 $ pour chaque poste téléphonique.
Chacun a été soumis à l'inspection du surintendant
de l'entreprise, Watson. Williams a numéroté les instruments
en série, les baux ont été étroitement surveillés
et Watson a personnellement envoyé tous les instruments.
Ces téléphones étaient facilement
installés sur les réseaux de sonneries privées
pour communiquer d'une pièce à l'autre ou vers un
autre poste via une ligne télégraphique.
Nous allons bientôt découvrir comment
converser avec un autre abonné à partir d'un tel modèle
de téléphone. Mais il ne faut pas oublier que beaucoup
d'installations "point à point" sans passer par
une opératrice éxistaient et il fallait crier fort
dans le téléphone pour attirer l'attention de l'autre
correspondant muni d'un appareil identique.
Modèle Mai 1877 avec bouton d'appel pour interpeller
l'autre correspondant ou une opératrice.
Plus tard
en 1878 , la simple
planche sera remplacée par un boitier appelé le "Coffin
Téléphone " (oui son boîtier fait penser
un peu à un cercueil) voir la photo ci dessous équipé
de 1 ou 2 hand-téléphone pour écouter et parler.
Le Coffin est équipé d'un générateur
à magnéto entraîné par une manivelle
à main qui envoie du courant alternatif sur la ligne pour
alimenter un dispositif de sonnerie reliée soit à
un téléphone directement au bureau central , pour
alerter un opérateur, ou à l'autre correcpondant en
point à point. Watson a déposé le brevet de la sonnerie , le 1er
Août , 1878.
Le vendredi 27 avril 1877 au
soir, Alexander Graham Bell donna une conférence sur le
téléphone à l'opéra de New Haven,
Bell s'adressa également à des audiences à Hartford
et à Middletown. avec des téléphones connectés
à un circuit télégraphique prêté par
la Atlantic and Pacific Telegraph Company. M. Frederick Gower a mené
la conférence à Hartford, et M. Thomas A. Watson était
à Middletown.
Après avoir donné un certain nombre dillustrations
intéressantes sur le bon fonctionnement du téléphone
et sur la facilité avec laquelle une conversation pouvait se dérouler
sur des distances considérables, le Dr Bell a affirmé que
le moment était venu de considérer le téléphone
indispensable dans chaque maison,, que le téléphone remplace
le télégraphe dans de nombreuses transactions commerciales
et quun homme daffaires nait pas plus de difficulté
à parler à son agent à cent milles de distance ...
Et il a ajouté que les fils téléphoniques seraient
encore enfouis sous terre, car les conduites de gaz et d'eau sont maintenant
posées.
Le 9 juillet 1877,
The Electric Telephone Company était organisée
comme une «association bénévole» sans personnalité
morale, sans capitalisation.
Alexander Melville Bell, père d'Alexandre
Bell, en 1877, ayant obtenu 75 pour-cent des brevets Canadiens relatifs
au téléphone, engage des agents pour promouvoir la location
d'appareils à relier avec des lignes privées appartenant
aux locataires.
Incapable de trouver des acheteurs canadiens pour
ses brevets, il les vend à National Bell (États-Unis) en
1880.
A Detroit Michigan l'honneur de posséder
le premier téléphone dans le revient à une entreprise
de plâtre de Grand Rapids dont le président était
un ami personnel proche dAlexander Graham Bell. qui lui envoya une
paire de prototypes de téléphone et une démonstration
publique de la merveille scientifique eut lieu le 4 août 1877.
Le mois suivant, la première ligne téléphonique commerciale
était installée entre une pharmacie de Detroit et
son laboratoire à environ trois kilomètres de distance.
En octobre, un ensemble de téléphones connectait les unités
du département de police de Detroit.
Le 10 août 1877 - Robert W. Devonshire, le
premier employé du système Bell, a été embauché
à Boston comme comptable.
Devonshire, sera nommé vice-président de l'American Telephone
& Telegraph Company le 16 décembre 1913, et a été
honoré lors dun dîner-témoignage le 17 août
1927, cinquante ans après son premier emploi.
Le 27 AOÛT La compagnie de téléphone de New York formé
par Charles A. Cheever et Hilborne L.Roosevelt, en tant quagence
Bell, entrera en activité le 31 août. Une de ses premières
lignes semble avoir été fourni à J. Lloyd Haigh,
qui fabriquait du fil pour la suspension des câbles du pont de Brooklyn,
et qui avait une ligne de son bureau à New York à son usine
à Brooklyn, il traversait le pont partiellement terminé.
Le 29 AOÛT - La première configuration de plus de deux téléphones
sur une seule ligne privée a été installée
pour la A. M. Bell à Hamilton, en Ontario, dans la province
et les maisons de MM. Baker, Cory et Mewburn.
A la fin d'août 1877, on comptait 1300 lignes
téléphoniques directes poste à poste, en service
aux Etats Unis.
Le 6 octobre 1877: le Scientific American publie l'invention
de Bell.
Dès ses balbutiements le téléphone
vise le grand public, la question du centre téléphonique
se pose très vite. Un des premiers essais connu est celui d'E.T.Holmes qui
comme nous venons de le voir, posédait à Boston une
entreprise de systèmes d'alarme ou les maisons à
protéger étaient reliées par un système de
sonnerie éléctriques. En mai 1877
il installa des téléphones chez certains de ses clients
qui demandèrent bientôt de communiquer entre eux.
A la même époque, I.Smith, pharmaien à Hartford
Connecticut, installa un réseau téléphonique entre
son officine, les cabinets de médecins en ville et les écuries.
Il avait fabriqué lui même un standard primitif qui permettait
aux médecins de communiquer entre eux en cas d'urgence avec les
palefreniers.
Ce système connu son petit succès et fût étendu
à d'autres personne.
Fin 1877 la Bell
Compagny aura plus de 600 abonnés relié point à point.
12
février 1878, le beau-père
de Bell, Gardiner Greene Hubbard, Thomas Sanders et George L. Bradley,
avec l'argent d'investisseurs du Massachusetts et du Rhode Island, créèrent
la New England Telephone Company au
43 Sears Building, Boston.
Un an plus tard, "New England Telephone and Telegraph a fusionné
avec la Bell Telephone Company (qui a été créée
sur la base de la détention de "brevets potentiellement précieux"),
le 17 février 1879, pour former la National
Bell Telephone Company date à laquelle Theodore Vail
a repris ses opérations.
Cette toute première brochure de vente de téléphones
de Bell décrivait non seulement les conditions de location de l'équipement,
mais devait également expliquer aux clients comment utiliser le
système et comment résoudre les problèmes inévitables
qui survenaient régulièrement. Étant donné
que la New England Telephone Company n'a été en activité
que de février 1878 à février 1879, la brochure a
probablement été publiée au début de 1878.
PUBLICITE
Offre spéciale. Notre nouveau téléphone métallique
amélioré à double bobine est le meilleur au monde
et le seul instrument à bas prix complètement satisfaisant,
avec un dispositif d'appel à ressort, fabriqué par des machinistes
pratiques selon des principes scientifiques ; garanti pour fonctionner
sur un mile, sans être affecté par les changements de temps.
Nous enverrons à une adresse un ensemble d'échantillons,
comprenant deux téléphones, deux supports en noyer, six
isolateurs en cuivre et un fil épais de 200 pieds, avec une remise
de 25 pour cent sur les tarifs réguliers, soit 3,00 $ pour les
instruments à 4,00 $. Cette offre ne sera pas valable après
le 15 janvier 1879, car nos produits seront alors suffisamment connus
pour être vendus dans le commerce et nous serons obligés
de maintenir strictement le prix de détail. Toute personne d'intelligence
ordinaire peut les mettre en vente en suivant les instructions envoyées
avec chaque paire. Nous avons vendu au cours des trois derniers mois près
de 1000 de ces instruments et avons des centaines de témoignages
de toutes les régions du pays. Nous garantissons tous les instruments
vendus. Pour tout téléphone qui ne fonctionne pas, nous
vous rembourserons l'argent et paierons tous les frais. Demandez à
n'importe quelle agence commerciale et vous constaterez que nous sommes
bons pour tout ce que nous acceptons de faire.
Nommez ce document lorsque vous écrivez. Kent, Woodman & Co., 25 Congress St., Boston, Mass.
Autre publicité : TÉLÉPHONES « BELL ».
N'importe qui peut en fabriquer en quinze minutes. Envoyez trois timbres
de 3 cents indiquant « Où trouver les pièces, les
prix (total 3,60 $ la paire) et comment les assembler ».
Entre autre invention, Bell a engagé son cousin,
Chichester Bell, ainsi qu'un scientifique anglais, Charles Sumner Tainter,
qui a vite fait de détourner leur attention vers la conception
d'un phonographe amélioré basé sur le brevet anglais
d'Edison daté de 1878. Le photophone
:
Pour alimenter un circuit téléphonique, ils avaient mis
au point une cellule photosensible au sélénium.
Un rayon de soleil se réfléchissait sur la cellule par lentremise
dun miroir auquel la voix imprimait des vibrations.
Ces vibrations modifiaient lintensité du rayon et la résistance
de la cellule et transformaient le courant de celle-ci en courant ondulatoire.
Ensuite, le courant se changeait en un son audible par lintermédiaire
dun récepteur. « Jai entendu un rayon de soleil
», écrivit Bell à son père le 26 février.
1880
Avec son photophone, il réalisa
une transmission sans fil, 16 ans avant la transmission radio de Guglielmo
Marconi, c'était un présage de la fibre optique.
Le TELEPHONE CHARLES WILLIAMS CO. MANUFACTURER, BOSTON"
fabriqué vers 1880
TROUVE DANS LA "RÉSIDENCE MALVINA
K. WETMORE", AVENUE BELLEVUE, NEWPORT "(Rhode Island)
ce téléphone a été vendu aux enchères
en 2018 pour $ 22,000
Brevet Williams "téléphone switch" en 1880
avec le crochet la sonnerie lé téléphone et
le parafoudre, que l'on trouva chez les abonnés au téléphone.
.Patent
226528
En 1880 il y avait aussi le microphone à charbon d'Edison
pour compléter ce poste.
Patent 226528,
April 13, 1880, Edward N. Lord, Assignor of one half to Charles
Williams Jr., Telephone Switch.
FONCTIONNEMENT DE LA COMPAGNIE DE TÉLÉPHONE
NATIONAL BELL
Regardons plus en détail les évenements de la "National
Bell Telephone Company" contre la "Western Union" .
L'une des premières décisions de la direction de la National
Bell Telephone Comparer fut de corriger ce qu'elle considérait
comme des pratiques peu professionnelles des administrateurs précédents,
notamment la manière dont Hubbard avait recruté ses agents.
Hubbard avait fréquemment conclu des accords verbaux avec des agents
et des entreprises, ce qui était souvent source de malentendus.^
En conséquence, la National Bell Telephone Company a demandé
aux agents de lui transmettre des copies de lettres ou de mémorandums
d'accords verbaux relatifs aux nominations d'agences, afin que chacun
puisse s'appuyer sur un « écrit formel avant que
les deux parties ne l'oublient complètement. »
Le président Forbes a cherché une méthode pour se
familiariser avec ces « ententes » et les classer.
La National Bell Company a également réglementé et
standardisé d'autres aspects de ses relations avec les agents.
Elle a réduit le nombre de rapports que les agents soumettaient
à un par an, et a même anticipé une période
où cela ne serait plus nécessaire, car elle prévoyait
de faire appel à des agents de voyage.
Bien que Gray ait peut-être manqué
de recevoir la distinction d '«inventeur du téléphone»,
il a fait beaucoup d'argent grâce à ses 70 autres brevets.
Et, en 1880, il devint professeur d'électricité dynamique
à l'Oberlin College, à Oberlin, Ohio. Gray est mort d'une
crise cardiaque à Newtonville, Massachusetts en 1901. Peu de temps
après, une note a été trouvée parmi ses effets
personnels qui est peut-être le commentaire le plus ironique de
tous sur la naissance du téléphone. Il disait, en partie,
"L'histoire du téléphone ne sera jamais entièrement
écrite... Il est en partie caché, et en partie couché
sur les curs et les consciences de quelques-uns dont les lèvres
sont scellées - certains dans la mort et d'autres par un fermoir
doré dont la prise est encore plus serrée.
Gardiner Hubbard préconisait la nomination d'un auditeur itinérant
dont la mission serait de se déplacer auprès des agences
pour s'assurer que leurs comptes étaient tenus avec précision
et que leurs versements étaient effectués rapidement. Le
président Forbes a convenu qu'il était important qu'un représentant
rende des visites fréquentes à ses agences. C'est pourquoi,
à la fin du printemps 1879, la Rational Bell Company commença
à nommer des agents de voyage spéciaux. Ces hommes devaient
assurer certaines des fonctions assurées par Watson, Vail et Hubbard
lors de leurs divers circuits et visites. Les agents de voyages ont été
autorisés par la National Bell à inspecter leurs agences
afin de déterminer la meilleure méthode de tenue des comptes
entre la Société et ses agents, ainsi que l'adoption d'un
système uniforme pour la tenue des comptes des agents devant être
fixés par cette Société en vertu de ses contrats,
et à conclure des accords entre les agents et cette Société.
La National Bell Telephone Company proposa une nouvelle méthode
de perception et de perception des loyers afin d'établir une « uniformité
exacte » dans ses comptes et d'offrir à tous les agents
et titulaires de licence le même avantage en matière de délai
de paiement. Désormais, à compter du 14 octobre 1879, les
loyers devaient être facturés sur tous les instruments à
compter du premier jour du deuxième mois suivant celui de leur
expédition par la compagnie. En conséquence, la Bell Company
a abandonné sa politique d'avances auprès de ses agents.
Selon cette nouvelle politique, les agents bénéficiaient
d'une marge de temps substantielle entre l'expédition et la réception
des instruments, au moment où la location commençait. Un
responsable de Bell a calculé que, sur une année d'activité,
cette marge correspondait à plusieurs instruments gratuits, selon
ses besoins. De plus, comme les agents percevaient les loyers six mois
à un an à l'avance auprès de leurs abonnés,
ils pouvaient utiliser une grande partie de cet argent, car la National
Bell Company ne leur facturait qu'une fois par mois.
Bien que les dirigeants de la National Bell Telephone Company aient déployé
des efforts concertés pour rationaliser les opérations de
l'entreprise, de vieux problèmes persistaient. Les agents continuaient
de s'irriter des retards résultant de litiges contractuels avec
la société mère. Un agent s'est plaint d'avoir été
contraint d'attendre si longtemps que la National Ball Company réduise
un accord par écrit qu'il a finalement été contraint
d'accepter des conditions moins souhaitables en raison de changements
dans la politique de l'entreprise. Il a écrit à Vail :
"Je suis agent intérimaire pour votre société
depuis près de deux ans, et cest votre faute, et non la mienne,
si cet accord na pas été conclu comme vous laviez
promis il y a six ou huit mois ; et si cela avait été
le cas, lancien formulaire de contrat de courtage aurait été
utilisé sans aucun doute".
Lune des difficultés les plus critiques et persistantes auxquelles
les agents et les titulaires de licences étaient confrontés
était le manque dinformations sur les affaires téléphoniques
importantes. Wahtson a commenté : « Ce qui ma
frappé dans cette vision, cest lignorance de nos agents
concernant les affaires de notre entreprise. Ne pourrions-nous pas, dune
manière ou dune autre, les rapprocher davantage ? »
Peut-être en réponse à l'observation de Watson, la
National Bell Company a demandé à ses agents de signaler
tout retard ou négligence dans les réponses aux lettres
ou demandes de renseignements adressées au bureau de Boston. La
confusion et le manque de communication étaient en partie dus à
la correspondance surabondante de la société mère,
à mesure que son activité se développait. Pour faciliter
les choses, elle a commencé à systématiser sa correspondance.
Il a été recommandé aux agents de limiter chaque
lettre à un seul sujet, de numéroter chaque question et
de la distinguer des autres, et de conserver séparément
les commandes de téléphones et d'autres équipements.
L'ignorance des agents était en grande partie due à l'incapacité
de l'entreprise d'origine à les tenir informés des questions
importantes. « Lorsque la National Bell Telephone Company a repris
les négociations confidentielles avec Western Union, elle n'en
a pas informé ses agents. Par conséquent, les agents de
Bell étaient incapables d'évaluer les rumeurs concernant
une consolidation imminente entre les deux rivaux. L'un d'eux écrivit
à la société mère : « Je joins
un fragment d'article relatant la rumeur selon laquelle la Western Union
avait absorbé la National Bell Company de Buffalo Courier d'hier ;
" j'ai rédigé une contradiction Je suppose que
le rapport ci-joint est sans fondement."
La Western Union a capitalisé sur cette ignorance des agents de
Bell. Elle a pu acquérir des participations de contrôle dans
plusieurs compagnies Bell en les informant que la compagnie de téléphone
N Bell faisait des compromis avec elle. Par conséquent, la compagnie
Bell a finalement été contrainte d'informer ses agents des
négociations avec Western Union et de les assurer qu'aucun arrangement
ne serait conclu qui ne leur garantirait pas les privilèges prévus
par leurs contrats avec la compagnie nationale.
Lorsque le directeur général Vail a demandé au surintendant
des agences de tenir l'entreprise pleinement informée de la situation
des agents et de leurs sentiments, ce dernier a répondu :
"Vous pensez que je n'ai aucun motif de plainte ? J'en ai un,
et c'est simplement parce que je dispose de trop peu de faits pour fonder
mon action Les informations que j'ai reçues de l'entreprise
concernant le compromis en cours sont incomplètes, si ce n'est
les faits Rien concernant les détails, bien sûr la
prudence a pu dicter une certaine réticence sur ce point",
Les agences et les centrales téléphoniques ont été
confrontées à des problèmes nouveaux et anciens.
Les agents du Sud, Richardson et Barnard, ont expliqué à
Vail qu'il ne leur serait pas très rentable d'établir un
système de district dans une certaine ville du Sud, car il taxait
les téléphones.
Les efforts pour obtenir une modification de la loi ont échoué.
D'autres agents ont rencontré des difficultés avec les autorités
municipales lorsqu'ils ont demandé l'autorisation d'ériger
des poteaux et de tendre des fils. Thomas Cornish, de Philadelphie, s'est
plaint : « Nous nous battons contre le maire et la police
depuis plusieurs semaines ; ils nous arrêtent ; ils nous
ont interdit de tendre nos fils électriques sous peine de lourdes
sanctions. Nos fils sont en panne et nous avons beaucoup de mal à
les remplacer. Nos carnets de commandes sont remplis, mais nous ne pouvons
pas les honorer, à moins d'obtenir une charte en nous adressant
au conseil municipal et en payant une somme importante. »
Le défi le plus sérieux auquel étaient confrontés
les agents et les titulaires de licences Bell provenait de la Western
Union.
Puisque la Bell Company concentrait ses efforts sur la mise en place de
systèmes d'échanges (centres téléphoniques),
la Western Union en faisait autant. La simple présence d'un guichet
de change dans une localité donnée suffisait à inciter
la Western Union à agir. Par conséquent, la National Bell
Company a adopté des précautions particulières. Ses
responsables utilisaient fréquemment des codes de chiffrement pour
s'envoyer des télégrammes, parfois même en utilisant
des pseudonymes. La société conseillait à ses agents
de prendre toutes les dispositions nécessaires pour pénétrer
dans une zone, occuper le territoire et commencer les opérations
de prospection avant de faire connaître leurs intentions. En fait,
la clé du succès pour établir un système d'échange
était de prendre la ville d'assaut. Vail a conseillé : «
La meilleure façon de commencer serait de tout organiser,
puis d'entrer et d'occuper la ville sans donner la moindre information.
Commencez par vos démarcheurs et suivez-les directement avec les
constructeurs de lignes. »
Ces tactiques étaient nécessaires pour empêcher la
Western Union d'effrayer les investisseurs potentiels. La Western Union
a réussi à inciter les bailleurs de fonds à retirer
leur soutien aux bourses Bell dans plusieurs villes, simplement en menaçant
de lancer une bourse d'opposition et en prenant des mesures préliminaires
à cette fin.
Dans certains endroits où les centraux Bell étaient déjà
établis, ces tactiques ont incité des actionnaires timides
à vendre leurs actions à Western Union. Si la National Bell
Telephone Company accordait la plus grande importance à ce que
les agents et les bourses obtiennent un capital suffisant avant de commencer
leurs opérations, elle reconnaissait également l'importance
de le sécuriser localement. Si un agent y parvenait, il pourrait
présenter cet échange comme une institution locale attaquée
par un étranger monopolistique, gagnant ainsi le soutien des habitants
locaux.
La Bell Company conseillait à ses agents de « tenir
bon » une fois l'échange lancé. Là où
l'opposition a chassé les agents de Bell, elle s'est rapidement
retrouvée en difficulté lorsqu'elle a commencé à
construire son bureau de change, car elle était incapable (peut-être
réticente) de fournir les instruments et l'appareil central. Western
Union a ainsi sécurisé le terrain simplement en fidélisant
ses abonnés et en leur promettant tout.
La National Bell Telephone Company considérait ses efforts concurrentiels
face à Western Union comme très fructueux. Elle estimait
que là où elle avait établi des centraux en Angleterre,
elle avait pratiquement chassé l'opposition du terrain. Il y eut
des exceptions à Worcester, Spring Field et Providence, mais la
Bell Company pensait avoir tellement d'avance dans ces deux dernières
villes qu'il n'y eut pas de véritable compétition.
Il est peut-être significatif que les plus grands défis de
la Bell Company aient été rencontrés dans les grandes
villes, comme Buffalo, Chicago et celles de la Nouvelle-Angleterre.
La Western Union n'offrait peut-être qu'une opposition symbolique
dans des lieux de moindre importance. Pour une raison ou une autre, la
compagnie Bell a constaté que ses adversaires étaient généralement
infructueux, sauf dans certains domaines.
La compagnie de téléphone nationale Bell a donné
une image de confiance à ses agents. Elle revendiquait la supériorité
de ses instruments et systèmes. Elle a informé un agent
que cette position d'opposition se révélerait « plus
fanfaronnante que combative ».
Forte de son succès face à la « forte position
d'arrêt », la compagnie Bell se considérait comme
« quasiment invincible ». Les intérêts
de Bell continuaient d'attribuer une grande partie de leur succès
à leur longue expérience. Ils ont donc conseillé
aux agents :
"Comme nous avons jusquà présent réussi
à prévenir de six mois à un an lopposition
au sein de notre système de bureau central, je suggère de
faire preuve de la plus grande prudence avant dexpliquer à
ceux qui ne sont pas connus pour être liés à cette
société les méthodes de conduite du système
de bureau de change ou de district".
La National Bell Company a affirmé qu'elle pouvait exploiter une
bourse à des taux et conditions qui entraîneraient des pertes
en cas de tentative de la part de l'Union des commerçants. Si son
expérience ne suffisait pas à rassurer les investisseurs
dans les systèmes d'échange Bell, la société
Bell a suggéré que même si l'opposition remportait
la victoire dans le procès en cours, elle serait heureuse de trouver
un accord avec un système déjà opérationnel
et donnant satisfaction.
À ceux qui se plaignaient de l'énorme avantage financier
de la Western Union, Vail répondit : « La Western Union n'a
pas plus de capital, voire autant, par rapport au volume d'affaires réalisé
que vous n'en avez dans votre entreprise, et elle n'est pas plus en mesure
de rivaliser pour ce marché que vous. » Il affirmait que
si la Western Union concentrait son capital dans une seule ville, elle
serait toute puissante, mais elle a été contrainte de le
répartir sur l'ensemble des États-Unis. De plus, l'opposition
était représentée par des agents qui Ils n'avaient
aucun intérêt personnel dans le succès de l'entreprise
et ne lui ont donc pas fourni de service personnalisé, contrairement
aux agents de Bell.
Western Union a simplement intensifié les tactiques adoptées
précédemment.
Elle s'est appuyée sur ce que Bell qualifiait de « bulldozing »,
c'est-à-dire utiliser sa force pour intimider les investisseurs
et les abonnés. L'agent de Bell à Worcester, dans le Massachusetts,
qui tentait de mettre en place un système d'échange, a signalé
que l'opposition s'était adressée à l'un de ses abonnés,
l'avait menacé de lui retirer son contrat, le forçant ainsi
à demander sa libération de son engagement envers la bourse
Bell. La « mise à l'arrêt » de l'opposition
a également consisté à effrayer les utilisateurs
de téléphones Bell, leur faisant croire qu'ils risquaient
des poursuites judiciaires s'ils ne le faisaient pas. Instruments d'or
et d'actions usagés.
La Western Union ne bénéficiait plus de l'avantage de posséder
un émetteur de qualité supérieure.
Si un agent de Bell était confronté à la concurrence
du transmetteur Edison, il pourrait se tourner vers le transmetteur Blake,
dont les abonnés jugeaient souvent qu'il était bon, voire
meilleur. La National Bell Company considérait son transmetteur
et son téléphone portable comme incontestablement plus satisfaisants
que tous les instruments dont disposait son adversaire.
La Western Union a continué d'utiliser son influence télégraphique
pour persuader les compagnies de télégraphie de district
d'adopter les instruments Gold and Stock. Au lieu des instruments Bell.
À Cleveland, par exemple, la société ADT a dû
s'engager par écrit à ne conclure aucune affaire en conflit
avec les intérêts de Western Union afin d'obtenir le renouvellement
pour cinq ans de son contrat avec cette société pour un
service de messagerie.
Alors que Western Union continuait de baisser les tarifs des services
téléphoniques et des services centraux, la National Bell
Telephone Company continuait généralement de refuser de
lui faire concurrence. De la même manière, Vail pensait qu'une
fois que la société Boll aurait commencé à
baisser ses tarifs, on ne savait pas où cela finirait. Il estimait
que l'entreprise perdrait moins en permettant à l'adversaire de
gagner un « client occasionnel » en baissant ses
tarifs qu'en essayant de rivaliser. Non seulement la National Bell Telephone
Company a admis qu'il était inutile d'essayer de concurrencer les
prix de Western Union, mais elle a également cru qu'une politique
de concurrence excessive sur les prix aurait une incidence importante
sur la question des dommages et intérêts, qui devrait être
réglée en dernier ressort.
Si Western Union adoptait une réduction générale
de ses tarifs, la National Bell Telephone Company a indiqué qu'elle
fournirait à ses centrales téléphoniques de meilleurs
instruments à un prix qui leur permettrait de lutter jusqu'à
ce que les poursuites soient tranchées et que l'opposition soit
chassée du terrain. Ainsi, la National Bell Telephone Company a
reconnu (à un moment où le compromis avec Western Union
était sur le point d'être conclu) : « Si
la concurrence se poursuit, notre société devra et proposera
de prendre des dispositions pour aider les bourses à atteindre
les mêmes prix, car nous ne pouvons évidemment pas nous permettre
d'être évincés du marché.»
La National Bell Telephone Company a renoncé aux locations sur
une base sélective. Elle ne souhaitait pas encourager la pratique
du « deadheading », car elle risquait d'échapper
à tout contrôle. Néanmoins, Vail reconnaissait qu'« un
« deadheading » un peu judicieux répondait
très souvent à un objectif judicieux ».
À certains moments, la société mère a contourné
sa politique concernant le « deadheading » ou la
baisse des taux en prêtant des instruments à une bourse particulièrement
menacée. Afin de gagner l'amitié des autorités municipales,
l'entreprise autorisait souvent ses agents à fixer des tarifs préférentiels
pour les téléphones utilisés dans les établissements
publics. Ces locations devaient durer toute la durée du concours.
Parfois, la National Bell Company fournissait des téléphones
gratuitement pendant une durée limitée à une entreprise
qui s'apprêtait à établir une centrale téléphonique
afin de lui donner un bon départ et de combler sa position initiale.
Elle a également utilisé des instruments gratuits pour inciter
les échanges à sécuriser la connexion des abonnés
clés, comme par exemple les principales imprimeries à coton,
les bureaux des lignes de navigation et les bureaux des chemins de fer.
Vail a expliqué :
"Notre règle a été de fixer le prix des
téléphones pendant la mise en service des centraux
et les premières luttes au plus bas possible, afin daider
les entreprises dans la mesure de nos moyens à fixer le prix à
la hausse plutôt quà la baisse, une fois le processus
bien engagé".
À au moins une occasion, Vail a suggéré que le meilleur
moyen pour les agents de faire face à la concurrence, autrement
que par une baisse des prix, était d'acheter les activités
régionales de leurs adversaires. Ironiquement, Western Union a
poursuivi une telle politique et, au milieu de l'été, avait
acquis la majorité des intérêts dans plusieurs bourses
Bell. La National Bell Telephone Company a conclu que les offres de Western
Union pour racheter les sociétés de district et de change
de Bell étaient faites en prévision d'un accord négocié,
alors en discussion entre les deux parties prenantes du secteur téléphonique.
Le président Forbes a rappelé aux actionnaires des sociétés
du district Bell qu'ils ne pouvaient pas se séparer de leurs intérêts
dans une franchise sans le consentement de la National Bell Company. Forbes
a également formulé une demande spéciale pour que
la société mère ne soit pas dissoute avant qu'un
actionnaire ne décide de céder une partie de ses intérêts.
En réponse aux nouvelles tactiques du Vfestern Union, la National
Bell Telephone Company a tenté d'insérer dans ses contrats
d'échange une clause stipulant que les actionnaires souhaitaient
vendre leurs actions à d'autres parties, par exemple À l'exception
des autres actionnaires de la société, elle devait être
la première à bénéficier de cette option.
La société mère a souligné que cette disposition
visait non pas à prendre le contrôle des sociétés
locales, mais à empêcher Western Union de prendre le contrôle.
Forbes a dû réagir avec des sentiments mitigés lorsqu'il
a reçu une lettre de George C. Maynard de Washington, D.C., l'informant
qu'il avait effectivement reçu de nombreuses sollicitations d'achat
d'une participation dans son entreprise de téléphonie, mais
qu'il n'avait aucune intention de céder une quelconque partie de
celle-ci. Maynard a plutôt écrit :
"Je compte entièrement sur votre entreprise pour exécuter
pleinement la lettre. Je m'engage à respecter ses contrats et à
m'indemniser de toute perte et de tout dommage. Je propose d'être
défendu par Bell Téléphone et tous ses intérêts,
jusqu'à la fin de l'année".
L'engagement de Maynard était accompagné d'une demande d'assistance
contre les menaces de Western Union d'ouvrir un central téléphonique
concurrent. Si un agent de Bell capitulait devant la menace de la concurrence
et rejoignait Western Union, la National Bell Telephone Company se sentait
profondément lésée par ce qu'elle considérait
comme un acte non seulement de lâcheté, mais aussi de trahison.
Dans un tel cas, la société mère a refusé
de reconnaître le transfert et a tenu son agent strictement responsable
de ce contrat.
Western Union a réussi à rallier à sa cause non seulement
des agents de Bell, mais aussi, occasionnellement, un haut fonctionnaire.
Son plus grand succès a été le recrutement de S.H.
Eldred, qui avait contribué à établir la bourse Eell
à Chicago. Eldred a quitté Bell pour prendre la tête
du département téléphonique de Vfestern Union, estimant
ne pas avoir été traité correctement. Les responsables
de Bell étaient très préoccupés par la défection
d'Eldred, estimant qu'il pourrait être particulièrement efficace
pour attirer des investisseurs potentiels en bourse en raison de sa connaissance
approfondie de cette phase de la téléphonie.
Pendant une grande partie de l'année 1879, une trêve a existé
entre la Western Union et la National Bell Company, pendant qu'elles négociaient.
Cependant, les deux compagnies ne l'ont respectée que sur une base
sélective. Contrairement à son accord de cesser ses services
téléphoniques dans les territoires où elle n'avait
pas de centraux en service, la Western Union a pris des dispositions pour
ouvrir des centraux, ce qui a donné lieu à des plaintes
et des demandes d'aide de la part des agents de Bell.
Les responsables de l'opposition ont affirmé qu'ils ne faisaient
que se défendre contre la conduite perfide des employés
de Bell. Malgré les problèmes de concurrence, certains responsables
de Bell pensaient que la lutte contre Western Union serait finalement
bénéfique si elle ne se poursuivait pas trop longtemps.
Vail a expliqué :
"Une forte opposition permet à l'entreprise d'être mieux
connue du public que par toute autre méthode. Il est probable qu'au
bout de six mois, vous aurez trois fois plus d'abonnés à
votre système que si vous n'en aviez rencontré aucun".
Convaincue que ses chances de vaincre l'opposition s'amélioraient,
la National Bell Company a commencé à adopter une ligne
plus dure envers les agents et les bourses.
En mars et avril, elle a prédit qu'elle n'accorderait aucune remise
sur les instruments utilisés à des fins de district et de
bourse dès que sa décision serait prise.
En annonçant à ses agents l'existence de négociations
avec Western Union, la National Bell Company a également expliqué
qu'à mesure que ses risques diminuaient, elle espérait tirer
davantage de bénéfices de son activité et a proposé
de partager ces bénéfices avec ceux qui avaient partagé
le risque. L'argument selon lequel ceux qui ont rejoint la Bell Company
alors que le risque subsistait bénéficieraient donc de conditions
plus favorables que ceux qui ont attendu que le risque soit éliminé
est devenu un élément important dans les négociations
avec les agents potentiels et les investisseurs boursiers.
En octobre 1879, alors qu'un accord négocié avec la Western
Union était pratiquement conclu, la National Bell Telephone Company
se montra plus déterminée à réduire les remises
et à imposer des conditions plus strictes à ses agents.
Ceux qui avaient tardé à conclure leurs contrats avec la
compagnie nationale se virent alors contraints d'accepter les lettres
les moins désirables.
Bien que la Bell Company n'ait pas abandonné la pratique consistant
à accorder des remises à ses agents, elle les a réduites
des 40 ou 50 % habituels à 30 %, et ses contrats ont été
d'une durée plus courte. Les bourses qui avaient obtenu de meilleures
conditions au cours d'une période antérieure ont continué
à en bénéficier, mais ont été obligées
d'acheter des bourses Western Union dans leur région après
la conclusion du règlement. La National Bell Company a fait valoir
qu'elle ne pouvait pas offrir plus de trente pour cent de réduction
aux centrales téléphoniques établies après
le compromis, car elles ne seraient confrontées à aucune
concurrence et seraient titulaires de licences en vertu des brevets téléphoniques
de Bell et de Western Union.
Parfois, les centrales téléphoniques cherchaient à
ce que les contrats existants couvrent un territoire supplémentaire.
De plus, la société mère a expliqué que les
conditions antérieures, plus favorables, avaient été
négociées dans des conditions qui n'existaient plus.
Les contrats étaient désormais conclus pour cinq ans et
n'étaient valables qu'à 30 %. La compagnie Bell a expliqué
que non seulement il serait inutile de négocier de meilleures conditions,
car elle était sûre de pouvoir trouver des agents pour son
territoire, mais que de meilleures conditions seraient également
injustes pour ceux qui avaient pris possession du territoire à
des conditions moins souhaitables. Néanmoins, la National Bell
Company a proposé de conclure des accords spéciaux avec
certaines bourses lorsqu'elles ont accepté d'assumer des charges
inhabituelles pour le développement de leur territoire. Dans son
rapport à ses actionnaires, Bell Telephone Company explique les
raisons de la réduction de la durée de ses contrats :
"Immédiatement après la signature du contrat avec Western
Union, la politique de ne conclure que des contrats de cinq ans a été
adoptée afin de laisser à notre entreprise le temps d'établir
les meilleures bases permanentes pour les relations entre elle et ses
titulaires de licence. , et de voir lesquels dentre eux savéreraient
satisfaisants en tant quassociés".
Avec la fin de la concurrence, la National Bell Company est devenue très
sélective dans le choix de ses agents de change. Avant d'accepter
les conditions, elle a souhaité que les candidats fournissent des
informations pertinentes les concernant. Elle a également contacté
les candidats pour obtenir leurs références et leur demander
des informations sur leur capacité à investir dans l'entreprise.
L'accord conclu avec Western Union en novembre 1879 a rendu possibles
les contrats standardisés. La société mère
a exigé la renonciation aux anciens contrats et l'adoption de nouveaux
contrats standardisés comme condition pour l'octroi de licences
à ses agents et ses centraux en vertu des brevets téléphoniques
de Western Union qu'elle contrôlait désormais. Madden a expliqué
à un agent de Bell :
"Afin que nous puissions vous octroyer des licences en vertu des
brevets distincts qu'il sera nécessaire que vous renonciez à
votre forme actuelle de contrat et acceptiez à la place de celui-ci
le contrat que nous concluons par la présente. Ce contrat ne diffère
pas sensiblement de celui que vous détenez actuellement, mais il
entre plus dans les détails".
L'échange d'anciens contrats contre des formulaires types a permis
aux agents de renégocier les conditions avec la société
mère. Dans un cas, un échange a permis d'étendre
ses droits territoriaux et d'éliminer sa responsabilité
pour les téléphones détruits par un incendie. Toutefois,
la National Bell Company a également obtenu la clause selon laquelle,
à l'expiration du contrat, si les deux parties ne parvenaient pas
à s'entendre sur un renouvellement, la National Bell Company devait
acquérir la bourse à sa juste valeur.
« La National Bell Telephone Company, limitant ses contrats à
cinq ans, a stipulé qu'à l'expiration du contrat, une possibilité
de renouvellement serait accordée à l'origine. La société
mère offrirait des conditions aussi favorables à la licence
qu'à toute autre personne. Si le contrat n'était pas renouvelé
et que le droit de poursuivre l'activité était accordé
à d'autres parties, ce serait à la condition qu'elles achètent
le bien d'échange à un prix déterminé par
arbitrage, ne dépassant pas le coût réel.
En outre En raison des divergences avec la société mère
et des problèmes soulevés par la concurrence de Western
Union, les agents et les bureaux de change ont dû faire face à
des pénuries d'équipement.
La plainte d'un directeur de bureau de change rappelait celles entendues
il y a quelques années : « Sont en détresse
pour les émetteurs. Je veux que cinquante personnes soient là
pour mettre la main dessus. » Impossible de recouvrer les factures
ou de compléter les lignes et les clients nous informent qu'ils
prendront Edison si nous ne pouvons pas honorer nos commandes.
Les pénuries de sonnettes, de téléphones et de fils
isolés, ainsi que les retards dans la construction des standards
téléphoniques, ont entraîné des retards coûteux
dans les activités des agences et des centraux. Face à l'augmentation
des activités et à la persistance des retards, le directeur
général Vail a conseillé aux agences et aux centraux
de passer leurs commandes le plus tôt possible. Il a également
demandé aux agents de retourner tous les instruments dont le délai
de livraison dépasse un mois. Conscient de la gravité de
la situation, le président Forbes a commencé à percevoir
la nécessité d'accroître la capacité de production
de l'entreprise si Charles Williams Jr. ne parvenait pas à maintenir
le rythme. George Bradley a expliqué que l'entreprise poussait
Williams à l'extrême, mais a convenu qu'il serait judicieux
de prendre immédiatement des dispositions avec d'autres fabricants
pour fournir à la fois des téléphones et des équipements
auxiliaires. En réalité, des mesures préliminaires
avaient déjà été prises lors de la fermeture
de la Bell Telephone Company, lorsque Thomas Watson avait établi
des contacts avec plusieurs fabricants d'équipements électriques.
En mars, les directeurs de la National Bell Telephone Company avaient
autorisé le directeur général à contracter
les téléphones et les fournitures téléphoniques
nécessaires pour honorer les commandes et maintenir un stock disponible
en cas d'imprévu.
Par conséquent, la National Bell Telephone Company a officiellement
autorisé quatre fabricants d'équipements électriques,
en plus de Charles Williams, Jr., à fournir à ses agents
des équipements téléphoniques auxiliaires et du matériel
électrique. Il a utilisé la société de marchandisage
électrique de George Bliss à Chicago, qui avait été
créée en grande partie en réponse aux assurances
de S. H. Eldred selon lesquelles elle recevrait les activités
de la bourse de Chicago de la Bell Company ; Davis et Watts de Baltimore,
agents de la Bell Company et fabricants de « produits électriques
de toute description » ; L'Indianapolis Telephone Company
et la Post and Company of Cincinnati.
En conseillant la National Bell Telephone Company pour l'octroi d'une
licence à George Bliss, Vail a recommandé un certain nombre
de conditions qui s'appliqueraient finalement à tous les fabricants
agréés de l'entreprise. Le fabricant fournirait du matériel
téléphonique uniquement aux agents de Ball. Les instruments
fabriqués sous les brevets Bell ou dans le cadre des échanges
téléphoniques Bell porteraient la mention qu'ils ont été
fabriqués pour la National Bell Telephone Company.
Toute redevance que la National Bell Company pourrait être amenée
à payer serait incluse dans le prix du fabricant et remboursée
à la société mère. Les fabricants seraient
tenus de déposer régulièrement des rapports auprès
de la National Bell Company, et tous les instruments seraient soumis à
une inspection par un agent Bell accrédité afin de vérifier
leur conformité aux normes. En retour, la National Bell Telephone
Company accorderait des licences pour la production d'instruments sous
des brevets Bell existants ou futurs, et recommanderait ces instruments,
bien que non exclusivement, à ses agents.
Les fabricants étaient fiers de leurs installations de production. E. T. Gilliland, de l'Indianapolis Telephone
Company, a vu son démarrage des opérations retardé
car il faisait fabriquer des standard calibres afin de tout fabriquer
avec des pièces interchangeables. Fin mai, son usine était
achevée et, après une brève inspection, Madden a
déclaré : « Il dispose dinstallations
lui permettant de produire des pièces de toute sorte, ce que Williams
possède entièrement les machines que Gilliland possède
lui permettent, grâce à une main-duvre non qualifiée
et donc bon marché, de rendre toutes ses pièces parfaitement
interchangeables.»
Gilliland a non seulement adopté des technologies de production
progressistes, mais a également développé un modèle
amélioré de l'émetteur Blake, ce que Madden espérait
si la société mère remplaçait son modèle
actuel, encombrant.
Watson a également été impressionné par Gilliland
et son usine et l'a assuré que Vail passerait commande d'émetteurs
à son entreprise. En 1880, Vail déclarait : « Il
[Gilliand] a fait plus pour le développement des appareils utilisés
pour les centraux que quiconque, à l'exception peut-être
de ceux qui travaillent directement pour cette entreprise. »
Malgré ces éloges, Gilliland n'a reçu aucune commande
pour la production de téléphones. L'entreprise de Williams
est resté le seul fabricant de ces instruments. Cela a été
fait afin que la société mère puisse garder le contrôle
total de la production de téléphones. Tous les transmetteurs
expédiés de Boston ont été soumis à
un test approfondi, a indiqué Watson. Inspecteur en chef des instruments,
Smile Berliner :
" En plus de vos autres fonctions, vous devez inspecter les différents
procédés de fabrication en réalisant Au moins une
fois par jour, faites une visite chez les ouvriers qui fabriquent des
téléphones et des émetteurs et signalez-moi rapidement
les défauts que vous pourriez observer".
Suite à cette politique, la National Bell Telephone Company a eu
tendance à rejeter les plaintes concernant ses instruments, suggérant
plutôt que les difficultés pouvaient être dues à
des connexions défectueuses ou à des équipements
auxiliaires mal construits. La Bell Company a également attendu
avant de mettre à disposition de nouveaux instruments ou appareils
qu'ils soient d'abord soumis à des tests complets à Boston.
Fin avril 1879, Williams produisait un surplus de téléphones,
et les pénuries de standards et autres équipements auxiliaires
allaient bientôt être résolues par les fabricants agréés.
Williams continuait de se tourner vers la Bell Company pour d'importantes
sommes d'argent, car certains de ses agents ne payaient pas leurs factures.
En mai 1879, il demanda 1 500 $ pour payer ses salaires, et comme
la trésorerie de l'entreprise n'avait pas mis cette somme de côté,
le président Forbes a personnellement prêté l'argent
à la National Bell Company afin qu'elle puisse répondre
à la demande de « Williams ». À la mi-juillet,
la société lui devait plus de 4 000 dollars.
L'atelier de Charles Williams bénéficiait d'avantages particuliers
par rapport aux autres usines agréées. Lorsque la Post and
Company se plaignit que Williams semblait contacter ses agents plus rapidement
que quiconque, Vail expliqua que ces derniers avaient tendance à
acheter leurs appareils chez Williams, car il était « universellement
connu » comme le fabricant de la National Bell Company. De plus,
lorsque de nouveaux échanges demandaient des échantillons
d'instruments, la Bell Company envoyait ceux fabriqués par Williams.
Malgré les avantages de Williams, ses produits suscitèrent
quelques plaintes. Selon un agent, les fabricants occidentaux produisaient
de meilleures cloches et, comme ils n'avaient pas à facturer de
tarifs de fret élevés, ils étaient également
moins chers. Cet agent conclut que Williams devrait soit fabriquer de
meilleures cloches, soit les vendre moins cher s'il souhaitait faire du
commerce dans l'Ouest. En échange de son statut privilégié,
Williams a accepté de fournir à la National Bell Telephone
Company des magnétos pour ses propres centraux de Boston, New York
et Chicago, à des prix inférieurs à ceux pratiqués
auprès d'autres centraux et agents. Les autres fabricants agréés
ont également accepté d'accorder des tarifs spéciaux
aux centraux de la National Bell Company.
La National Bell Company n'avait pas l'intention d'instaurer une quelconque
concurrence entre ses fabricants agréés. Lorsque Post and
Company s'est plaint de la concurrence de la police indienne, Vail a répondu
:
"S'ils baissent les tarifs, nous y mettrons un terme, car nous ne
pouvons en aucun cas permettre que cela continue, car notre objectif est
d'uniformiser les prix et, s'il y a une différence, elle doit être
due à la supériorité de leur qualité de fabrication".
Une brève période de concurrence entre les fabricants eut
lieu à la fin de l'été et à l'automne 1879,
en raison d'une baisse de la demande résultant de la trêve
observée par la National Bell Company et la Western Union. Vail
rassura le titulaire de licence de Chicago :
"Dès que nous reprendrons nos activités, la demande
sera suffisamment importante pour maintenir en activité toutes
les usines actuellement sous licence. Nous n'avons pas réussi à
faire progresser nos activités du tout au cours des trois derniers
mois en raison de négociations en cours entre nous et la Western
Union Telegraph Company".
En accordant des licences aux fabricants, la National Bell Telephone Company
ne leur imposait aucune redevance sur les instruments qu'ils fabriquaient,
mais s'efforçait plutôt de maintenir le coût des appareils
auxiliaires au plus bas afin de faciliter l'utilisation du téléphone.
Cependant, à partir de novembre 1879, la National Bell Company
interdisait à ses fabricants d'exiger une redevance sur les magnétos
et les électro-sonnettes. Cela était rendu nécessaire
par les accords conclus entre la société Bell et les inventeurs.
Néanmoins, la société mère a pu déclarer
en mars 1880 : « Le coût des appareils électriques
utilisés par nos agents représente à peine 50 %
de celui des appareils similaires utilisés à des fins télégraphiques,
lorsque l'activité téléphonique a débuté
il y a environ trois ans. » En janvier 1880, Madden signalait
que la Bell Company disposait d'un stock important de téléphones
et que les commandes étaient exécutées le jour même
de leur réception. Les installations étaient telles qu'il
était convaincu que la société serait en mesure de
continuer à fournir des instruments tout aussi rapidement. En juillet,
Madden a demandé à Williams de limiter le nombre d'instruments
livrés à l'entrepôt de la Bell Company.
La National Bell Telephone Company a continué d'octroyer des licences
aux fabricants jusqu'en 1884, date à laquelle elle a commencé
à mettre fin à ses licences et a pris des mesures pour consolider
ses activités de fabrication sous la Western Electric Company.
Au moment où la National Bell Telephone Company a cessé
son existence, le problème de production avait été
résolu grâce à la résolution des problèmes
par Williams et à l'octroi de licences à d'autres fabricants
d'équipements auxiliaires.
Recherche et développement
La National Bell Company a poursuivi les pratiques de recherche et développement
de ses prédécesseurs. Elle s'appuyait sur les efforts de
son propre personnel et d'inventeurs indépendants pour développer
des appareils téléphoniques nouveaux et améliorés.
La Bell Telephone Company avait déjà fait appel aux services
d'Alexander Graham Bell à son retour d'Angleterre. Bell avait accepté
de consacrer tout son temps et toute son énergie à l'entreprise,
lui cédant tous ses droits, titres et intérêts dans
toute investissement qui pourrait en résulter. Lorsque la National
Bell Telephone Company fut créée, Bell négocia un
meilleur contrat avec elle.
Le président Forbes se plaignit que l'entreprise n'ait reçu
aucun retour sur les dernières recherches de Bell. Il a toutefois
expliqué que, pendant plusieurs mois, il avait consacré
une grande partie de son temps aux poursuites judiciaires en cours.
Bien que Bell soit toujours intéressé par la téléphonie,
il ne souhaitait pas limiter ses recherches à ce domaine et, lors
de la négociation de son dernier contrat, il avait recherché
des conditions lui permettant de décider du temps à y consacrer.
Forbes a jugé cette condition inacceptable.
Néanmoins, Bell a déposé un brevet. Plusieurs inventions
liées à la téléphonie. L'une d'elles était
un photophone utilisant du sélénium
cristallin, dont la conductivité variait en fonction de l'exposition
à la lumière, pour produire un « fac-simile du
son » à partir d'un faisceau lumineux d'intensité
variable. Bell n'a pas perfectionné cet appareil pour un usage
commercial, mais a plutôt poursuivi ses recherches dans d'autres
domaines, comme l'aviation.
Ainsi, peu après son retour en Amérique, Alexander Graham
Bell laissa à d'autres la tâche d'améliorer le téléphone
et de développer ses appareils auxiliaires.
Thomas Watson continua d'être une source majeure d'inventions téléphoniques.
En mai 1879, il passa un contrat avec la National Bell Company pour lui
céder toutes les inventions qu'il avait réalisées
et brevetées, et toutes celles qu'il pourrait réaliser au
cours de l'année suivante. Pour cela, Watson a reçu 1 000 $
et a été nommé inspecteur général.
En tant quinspecteur général, Watson a supervisé
lexpansion des départements des instruments et de lélectrotechnique,
qui, à la fin de lexistence de la National Bell Company,
comptaient environ neuf employés, dont deux ingénieurs électriciens.
La National Bell Telephone Company a non seulement affecté des
fonds supplémentaires à son département expérimental,
mais a également commencé à structurer officiellement
son fonctionnement.
Watson était spécifiquement chargé de superviser
et de maintenir la haute qualité et la qualité de fabrication
des instruments fabriqués par les titulaires de licence de l'entreprise.
Il était également censé concevoir des formulaires
pratiques et pratiques pour les instruments fabriqués en vertu
de brevets détenus ou contrôlés par des sociétés.
Whitson devait continuer à répondre aux questions des agents
concernant les instruments, leurs défauts et les solutions pour
y remédier.
Un employé devait recueillir des suggestions pour l'amélioration
du système téléphonique de l'entreprise. Un autre
était chargé de recueillir des informations sur la pose
des câbles et la résolution des problèmes électriques
qui y étaient liés. Un troisième employé devait
mener et superviser des expériences sur les émetteurs et
les magnétotéléphones. La National Bell Telephone
Company a mis en place une politique systématique d'acquisition
des « mille et un petits brevets et inventions »
essentiels au fonctionnement de l'activité d'échange. George
Bradley a expliqué : « Je pense qu'il est extrêmement
important que nous déposions des demandes de brevet immédiatement
pour couvrir tout ce qui est brevetable concernant l'appareil que nous
utilisons. » Nos branches d'activité.
Le service expérimental de l'entreprise analysait les investissements
réalisés par le personnel de Bell ou par des inventeurs
indépendants, tandis que le service des brevets déterminait
leur brevetabilité. La National Bell Company était toujours
prête à envisager l'acquisition, par achat ou cession, de
tout appareil lié à la téléphonie.
Dans la poursuite de son objectif de contrôle de la téléphonie,
la National Bell Telephone Company était prête à acquérir
des brevets de faible ou de nouvelle valeur afin d'éliminer leur
valeur potentiellement nuisible.
De même, l'entreprise était disposée à acquérir
des brevets sans valeur immédiate. Vail a exprimé cette
philosophie lorsqu'il a écrit à un inventeur :
"Nous ne considérons pas que votre brevet couvre un principe
qu'il serait particulièrement souhaitable pour nous d'obtenir
Le seul objectif de notre achat de votre brevet serait la simple possibilité
d'obtenir quelque chose d'utile à l'avenir, et nous ne le jugeons
pas suffisamment précieux pour vous offrir un prix conséquent".
Si l'entreprise estimait qu'une invention valait la peine d'être
détenue, elle proposait de payer les frais engagés par l'inventeur
pour obtenir un brevet. Elle lui a également proposé une
somme forfaitaire et accepté de payer des droits d'auteur sur chaque
appareil utilisé, jusqu'à un montant maximal. En contrepartie,
la National Bell Company a exigé l'utilisation exclusive de l'invention
et s'est également engagée à se voir attribuer toutes
les améliorations.
En mars 1880, plusieurs mois après la signature de l'accord avec
la Western Union, Theodore Vail rapporta que la National Bell Telephone
Company possédait ou contrôlait les principes fondamentaux
de tous les téléphones connus, ainsi que la quasi-totalité
des combinaisons d'appareils téléphoniques. De cette façon,
conclut-il, les intérêts de l'entreprise étaient doublement
protégés : d'une part, en détenant ou en contrôlant
les brevets du téléphone, et d'autre part, en détenant
ou en contrôlant les appareils absolument nécessaires au
bon fonctionnement du téléphone. En conséquence,
le président Forbes a déclaré aux actionnaires de
la société :
"Grâce à l'occupation complète des principales
villes et villages par nos licenciés, à la détention
de nombreux brevets concernant l'utilisation du téléphone
parlant et au contrôle de la quasi-totalité des inventions
d'appareils nécessaires à l'activité téléphonique,
le danger de la concurrence de nouveaux venus semble faible".
Vers l'établissement d'un système téléphonique
national
La National Bell Telephone Company a insisté pour que les organisateurs
de centraux disposent d'un capital suffisant avant de commencer leurs
opérations, non seulement parce qu'elle ne souhaitait pas être
contrainte de reculer par l'opposition, mais aussi parce qu'elle ne souhaitait
pas être obligée, en raison de sa situation financière,
de construire et d'exploiter elle-même le central. Elle a continué
à insister sur ce point. Il n'a pas pour politique d'exploiter
les systèmes de district et d'échange pour son propre compte.
On croyait également que les intérêts d'une localité
étaient plus susceptibles d'être pris en compte par une société
locale que par une « société étrangère
».
Cependant, lorsque les tentatives de construction d'une bourse à
Fall River, dans le Massachusetts, se heurtèrent à des difficultés
financières au printemps 1879, le président Forbes se demanda
s'il ne serait pas opportun pour la National Bell Company de vendre ses
intérêts à Chicago et d'investir les fonds à
F. All River et cinq ou dix autres places importantes. Il a suggéré
que l'argent investi dans ces bourses renforcerait généralement
les intérêts de Bell, même si le plan était
en conflit avec la politique déclarée de la compagnie.
Gardiner Hubbard considérait que c'était une erreur pour
la National Bell Company
d'investir de l'argent dans des sociétés de district, aussi
opportun que cela puisse être dans une situation donnée.
Il a dû trouver ironique qu'on lui demande de soutenir un plan similaire.
à celle qu'il avait adoptée pour Chicago et pour laquelle
il avait été sévèrement critiqué par
les investisseurs représentés par Forbes et qui l'avait
finalement écarté du pouvoir. Se réjouissant peut-être
de ces positions inversées, Hubbard conclut : « Le
président d'une entreprise comme la nôtre doit parfois assumer
ses responsabilités. Dans un tel cas, ma règle est
de soutenir l'action du fonctionnaire sans me référer à
mon propre jugement dans le cas particulier ».
À la fin du printemps 1879, les directeurs de la National Bell
Telephone Company réfléchissaient à la politique
à adopter concernant la lutte contre la Western Union. Ils voyaient
deux alternatives : Soit nous nous accrochons à nos positions en
attendant que les procès en matière de brevets soient tranchés,
soit nous livrons une lutte vigoureuse à l'opposition.
Vail a spéculé que si cette dernière décision
était prise, l'entreprise lèverait des fonds pour investir
dans des systèmes de district. Entre-temps, il a recommandé
à la société mère d'autoriser les sociétés
de district en pleine lutte à ne payer comptant qu'une petite partie
de leurs loyers, le reste devant être payé après la
bataille, lorsque l'activité serait plus rentable.
Vail a reconnu que « ce ne sera pas une aide précieuse, mais
je pense que ce kit permettra à nos agents de sentir que nous avons
une confiance considérable dans le téléphone. »
La National Bell Company a finalement décidé de ne pas se
lancer dans les opérations de change pour lutter contre la Western
Union, mais a plutôt entamé des négociations qui ont
abouti à un compromis. Après cet accord, la question de
la relation de la société mère avec ses opérations
de change a été soulevée. La National Bell Telephone
Company, apparemment confiante quant à sa capacité à
lever des capitaux, a commencé à discuter avec certaines
bourses de la possibilité de fournir des capitaux pour leur permettre
de développer leurs activités. En contrepartie, la National
Bell Company recevrait une participation partielle, mais laisserait la
gestion aux acteurs locaux : « En d'autres termes »,
comme l'explique Vail, « donnant à chaque bourse tous
les avantages d'une grande organisation dotée d'une expérience
générale et d'un capital abondant, ainsi que de la force
d'une organisation locale. »
Un comité nommé par le conseil d'administration a indiqué
qu'il serait imprudent pour la National Bell Company de prendre immédiatement
en charge la propriété et la gestion de l'entreprise. Le
contrôle de l'ensemble du système de centraux téléphoniques
de district était essentiel, car cela nécessiterait un capital
très important et un corps d'agents qui ne pourraient être
recrutés avant plusieurs mois. Il a donc été recommandé
de ne détenir que certaines sociétés de district
ou les personnes intéressées par celles-ci, si cela était
jugé opportun. Ainsi, bien que le souhait de réunir les
différents services téléphoniques sous une « organisation
centrale » soit devenu un facteur primordial dans la recherche
d'une réorganisation de laNational Bell Telephone Company, la société
a continué à s'abstenir d'investir dans les systèmes
de district et de central téléphonique.
La National Bell Company a acquis des intérêts dans des bourses
sélectionnées.
Elle a commencé à attribuer des contrats permanents à
des bourses qui exerçaient leurs activités avec « énergie
et succès » en échange d'un « intérêt
substantiel » dans leurs actions. Suite à cette politique,
la société mère prévoyait d'acquérir
progressivement « une participation importante et permanente
dans le secteur de la téléphonie » dans tout
le pays, afin de ne pas dépendre des redevances pour générer
des revenus une fois les brevets expirés.
La pratique consistant à investir en échange d'une franchise
exclusive n'était en aucun cas nouvelle. Il avait été
utilisé par les prédécesseurs de la National Bell
Company et, dès juin 1879, la National Bell Company elle-même
négociait avec un groupe d'investisseurs pour créer une
société pour C Leveland dans laquelle elle prendrait des
actions en paiement de l'équipement téléphonique.
L'accord de la Western Union de novembre 1879 a non seulement contraint
la National Bell Telephone Company à reconsidérer la nature
de ses relations avec ses centraux, mais aussi à élaborer
des politiques concernant la connexion des réseaux de districts,
des villes et des villages, ainsi que la collecte et la distribution des
données commerciales aux compagnies de télégraphie
par l'intermédiaire de ses centraux. La National Bell Company a
envisagé soit de réaliser elle-même la connexion,
soit d'octroyer une licence à d'autres pour le faire. Toutefois,
le comité de direction, créé pour définir
l'avenir de l'entreprise, a recommandé que la société
mère s'assure la propriété, en tout ou en partie,
auprès d'entreprises locales, uniquement des lignes sélectionnées
reliant les centraux. La société nationale a retardé
sa décision finale jusqu'au début de 1880, lorsqu'elle a
passé un contrat avec d'autres parties pour la construction des
lignes de raccordement et le versement de vingt-cinq pour cent des recettes
brutes de la ligne.
En vertu de son contrat extraterritorial, la société mère
autorisait les agents à connecter des abonnés individuels
dans les villes dépourvues de central téléphonique.
Les agents étaient autorisés à facturer ce service
au tarif qu'ils jugeaient approprié, à condition que ce
tarif soit « raisonnable ». La National Bell Company, suite
à de nombreuses demandes, a commencé à envisager
des plans pour relier les petites villes et villages de campagne qui ne
pouvaient pas se permettre d'installer des installations télégraphiques.
Puisqu'un seul fil pouvait être installé à très
peu de frais, il n'y avait aucune raison de ne pas maintenir un bureau
téléphonique dans chaque village ou quartier. Vail a suggéré
que le meilleur moyen d'y parvenir était d'autoriser les centrales
à étendre leurs lignes dans les pays environnants. Il a
prédit :
" Cela permettra de communiquer par téléphone ou télégraphie
avec des milliers de lieux qui, autrement, seraient isolés et,
au total, d'alimenter une immense activité pour nos lignes principales
reliant les différents centraux, ainsi que pour les compagnies
de télégraphie qui les relient, ce qui permettra de générer
des revenus indirects considérables, en plus des revenus directs
provenant des locations de téléphones utilisés.
Au cours des derniers mois, la National Bell Telephone Company a commencé
à préparer des contrats pour ces « lignes secondaires ».
Ces contrats permettraient aux centraux de connecter des points tributaires
naturels là où il n'y en avait pas. La société
mère ne recevrait aucune compensation particulière pour
ce privilège, autre que le loyer normal qui lui était versé
en vertu des contrats de centraux.
Ces « lignes secondaires » pouvaient être
utilisées pour la transmission de messages contre rémunération,
c'est-à-dire de messages payants, sauf lorsqu'elles étaient
en concurrence avec la Western Union Telegraph Company. Cette restriction
était imposée par les termes de l'accord avec la Western
Union. Par le passé, la National Bell Company avait pris des dispositions
pour la transmission de messages contre rémunération, recevant
un pourcentage des recettes brutes en échange de ce privilège.
Il est toutefois significatif que les différentes organisations
mères n'aient pas utilisé la transmission de messages contre
rémunération comme arme contre Western Union. L'absence
d'un réseau téléphonique national a peut-être
rendu un tel système impraticable. Ce n'est qu'en avril 1880 que
les directeurs de la National Bell Company adoptèrent un plan général
pour la transmission de messages contre rémunération.
La National Bell Telephone Company acheva le processus par lequel les
activités de central téléphonique remplaçaient
les activités de lignes privées. Elle n'attribua plus une
grande partie de son territoire à des agents à des fins
générales. Elle attribua plutôt le territoire entourant
un central téléphonique à ses organisateurs.
De cette façon, la zone a été mieux exploitée
et davantage de téléphones ont été loués.
Bien que la compagnie nationale ait continué à nommer des
agents de lignes privées, elle se réservait le droit de
nommer d'autres agents pour le même territoire qui étaient
disposés et capables de mettre en place des systèmes de
district et de central. Quiconque acceptait une agence de ligne privée
risquait ainsi de perdre son histoire, car un système d'échange
absorbait naturellement une partie du territoire environnant. La National
Bell Company s'est montrée très franche dans ses efforts
pour décourager les agences de ligne privées et encourager
l'organisation de systèmes d'échange. Madden a expliqué
à une partie intéressée :
"Si vous occupez un poste, il serait, à notre avis, préférable
de le conserver plutôt que de créer une agence, à
moins que vous ne disposiez dun capital disponible suffisant, auquel
cas il pourrait être judicieux denvisager la mise en place
dun système de district et déchange à
un endroit inoccupé".
Les agences de lignes privées étaient vouées à
l'extinction, non seulement en raison des politiques de la société
mère, mais aussi parce que les bourses offraient un meilleur service.
À mesure que l'intérêt des systèmes d'échange
est devenu évident, les abonnés ont rapidement abandonné
leurs lignes privées et cherché à se connecter aux
bourses.
En général, la National Bell Telephone Company a adopté
des politiques axées sur le développement de la téléphonie
sur un réseau national, notamment à la fin des hostilités
avec Western Union. Lors de l'exécution des contrats, la National
Bell et ses prédécesseurs se réservaient généralement
certains droits. Ces droits impliquaient la téléphonie inter-agences
et inter-changes. Vail a expliqué :
"Je dois dire que notre société insistera pour
conserver le contrôle absolu de lutilisation du téléphone,
sauf à des fins locales dans chaque district. Elle ne sen
est pas encore séparée et na pas lintention
de le faire, la considérant comme plus précieuse que tout
autre usage. Quelle ait raison ou tort reste à déterminer
pour lavenir . Mais je ne considère pas que nous ayons
encore développé facilement toutes les utilisations du téléphone
Concernant notre méthode de développement, nous la verrons
bien sûr plus tard ". La National Bell Telephone Company se préparait manifestement
à lancer un système téléphonique national
lorsque son programme fut repris par son successeur, l'American Bell Telephone
Company.
Les finances
Peu après la création de la National Bell Telephone Company,
une estimation des recettes et des dépenses fut établie
pour l'année 1879.
Elle estima que les recettes pour 1879 s'élèveraient à
160 000 $, tandis que les dépenses seraient d'environ 120 000
$, laissant ainsi une marge de 40 000 $. Le rapport soulignait que
le secteur de la téléphonie était nouveau et en pleine
expansion et qu'il devait être systématisé immédiatement.
Ce travail, ajouté à la nécessité de défendre
les agences contre les poursuites pour infraction, serait coûteux.
Par conséquent, le rapport suggère qu'il pourrait être
judicieux de conserver la majeure partie de l'excédent anticipé
comme marge de manuvre face aux difficultés imprévues
et à une éventuelle augmentation des frais juridiques.
La collecte de fonds suffisants pour normaliser et organiser l'activité
téléphonique est devenue l'une des principales préoccupations
de la National Bell Telephone Company. Presque immédiatement, ses
dirigeants ont commencé à discuter de l'opportunité
de vendre les actions propres afin de fournir les fonds nécessaires.
Gardiner Hubbard s'est opposé à cette proposition, sauf
si elle était absolument nécessaire. Il a fait valoir que
plusieurs actionnaires, dont lui-même, pourraient être incapables
d'acquérir leur part d'actions. Dans ce cas, leur intérêt
dans l'entreprise diminuerait, et ceux qui pourraient acquérir
des actions supplémentaires verraient leur intérêt
augmenter. Hubbard s'attendait à ce que Forbes, agissant en tant
qu'administrateur des actions non distribuées, prenne naturellement
en compte les intérêts des actionnaires les plus pauvres
ainsi que ceux des actionnaires les plus riches. Hubbard a suggéré
que les difficultés financières de l'entreprise pourraient
être atténuées par la nomination d'un agent itinérant
dont la seule fonction serait de veiller à ce que les titulaires
de licence soient comptabilisés. Les données étaient
conservées avec précision et les virements étaient
effectués rapidement. Si ce plan échouait, il recommandait
à l'entreprise de vendre son système de district de Boston
ou de Chicago. La suggestion de Hubbard de nommer un agent de voyage fut
adoptée. Même si les loyers n'étaient pas payés
rapidement, Forbes se montrait optimiste quant à l'avenir, car
la National Bell Company signait d'importants contrats pour des territoires
et des brevets, et sa situation semblait solide. Theodore Vail exprimait
une grande confiance, voire une certaine exubérance, lorsqu'il
écrivait :
" Je suis heureux de dire que les affaires sont florissantes et que
les indicateurs de croissance sont très stables. nous devons en
effet prendre bien soin de ce que nous avons déjà ",
L'analyse du nombre d'instruments expédiés par la National
Bell Company au cours de ses trois premiers mois confirme la validité
de l'optimisme de Vail. Le nombre d'instruments expédiés
a augmenté régulièrement, passant de 2 260 en
mars à 4 828 en juin. Bien que ce nombre ait diminué
en juillet et en août, le total a été supérieur
à la moyenne mensuelle. Au 1er juin 1879, plus de 33 000 téléphones
étaient en service.
Outre les besoins financiers de lentreprise pour systématiser
ses activités, elle avait également besoin de sommes importantes
pour son central de Chicago afin de conserver son avance sur ses concurrents.
Entre le 1er mai et le 31 juillet 1879, la National Bell Telephone Company
a dépensé environ 16 633 $ pour le réseau de
Chicago. Les directeurs de la National Bell Company se sont réunis
fin juin pour étudier les moyens de lever des fonds. Ils envisageaient
d'augmenter le capital de la société et espéraient
le vendre au-dessus de la valeur nominale. (Le 11 juin 1879, Hayes et
Henshaw, apparemment courtiers en bourse, vendirent des actions de National
Bell à 110 $.) Cependant, selon la loi du Massachusetts, ces actions
devaient être vendues au pair. Par conséquent, les administrateurs
ont envisagé de réorganiser la société avec
un capital social de 600 000 $, dont 450 000 $ seraient
échangés action contre action avec les actionnaires de la
National Bell Company. Les administrateurs espéraient que les 150 000 $
dactions restantes pourraient être vendus en quantité
suffisante pour couvrir les besoins les plus urgents de la société.
Le solde serait conservé en réserve pour être vendu,
à un prix plus élevé, espérons-le, si le besoin
s'en faisait sentir.
Pendant ce temps, George Bradley devait organiser la vente d'actions propres
afin de lever des fonds immédiatement. Sur ordre du directeur général
de la société, Bradley publia une circulaire stipulant que
Hayes and Henshaw vendrait deux cents actions de National Bell. Le trésorier
Bradley estima que la société aurait une dette totale de
32 189,57 $ pour juillet et août. Alors qu'il préparait
son rapport, Bradley a été sommé de verser 10 764,18 $,
ce qui, tout en réduisant la dette de l'entreprise pour juillet,
a fait passer sa réserve de trésorerie de 13 626,98 $
à 2 862,80 $.
Même ce faible montant a été pratiquement anéanti
lorsque Charles Williams a exigé le paiement de ses factures et
que Bradley lui a avancé 1 200 $ sur ce compte de plus
de 4 000 $. Ainsi, à la mi-juillet, la National Bell
Telephone Company n'avait pratiquement plus de liquidités disponibles.
Gardiner Hubbard avait correctement analysé une partie des problèmes
de l'entreprise lorsqu'il a mis en évidence le système défectueux
de recouvrement, Bradley a confirmé cette analyse lorsqu'il s'est
plaint qu'environ la moitié des recouvrements de l'entreprise pour
juin avaient été effectués le dernier jour du mois.
La nomination d'agents de voyage permettrait, espérait-on, de remédier
à cette situation en veillant à ce que les agents paient
leurs factures à leur échéance. En novembre 1879,
la National Bell Company avait embauché quatre de ces agents maritimes.
Entre-temps, la société avait apparemment sécurisé
des fonds grâce à des ventes supplémentaires d'actions
propres en août et septembre, à des prix variant de 2,25
$ à 3,70 $. Le conseil d'administration avait nommé un comité
en août pour examiner la question des finances et la possibilité
de créer une nouvelle société avec un capital accru.
Les finances de l'entreprise sont devenues plus critiques en octobre,
lorsqu'il est devenu clair que les termes du règlement de Western
Union obligeaient la société Bell à acheter les instruments
de l'adversaire. Cette dépense, ajoutée aux dépenses
courantes de l'entreprise et à sa « faible dette »,
indiquait la nécessité de lever entre 1 150 000
et 1 200 000 dollars pour les six mois suivants. L'entreprise
a en réalité levé 1 150 000 dollars par
diverses ventes d'actions à ses abonnés.
Le comité d'administration a recommandé que la société
soit habilitée, dans ses statuts, à émettre des actions
le plus rapidement possible afin de garantir leur rentabilité.
Considérant qu'il n'était peut-être pas judicieux
de fournir immédiatement des capitaux pour une activité
plus étendue, le comité a noté qu'il était
tout à fait probable que le développement d'une alliance
commerciale avec les sociétés de télégraphie
permettrait d'utiliser avantageusement des capitaux considérablement
accrus.
Le comité estimait que la compagnie nationale aurait besoin de
1 200 000 $ pour mener à bien ses activités jusqu'à
la fin de 1879 et 1880.
Par conséquent, il recommanda que la National Bell Telephone Company
soit réorganisée avec un capital de 10 000 000
$, dont 4 800 000 $ seraient distribués aux actionnaires
de la compagnie dans un rapport de six pour un, et dont 1 200 000
$ seraient vendus comme fonds de roulement. d'abord aux actionnaires actuels,
au prorata. Les 4 000 000 $ d'actions restantes devaient
être conservés par le Trésor. Le comité a également
suggéré que la nouvelle société soit constituée
selon les lois de tout État que les administrateurs jugeraient
opportun.
Le conseil d'administration a approuvé le rapport du comité
et a élu un nouveau comité chargé d'examiner la question
de la constitution d'une nouvelle société. Le même
jour, les actionnaires ont autorisé les administrateurs à
vendre les biens de la société à une société
devant être constituée conformément aux recommandations
du comité.
La levée officielle, en novembre, de la position d'opposition de
Western Union a nécessité une réévaluation
de la situation de la National Bell Company. Le directeur général
Vail a estimé les dépenses de la société pour
l'exercice en cours à environ 100 000 dollars. De plus,
l'entreprise pouvait utiliser une somme importante pour la publicité,
car la cessation de la concurrence a mis fin à la publicité
gratuite qui en résultait.
Vail a calculé que la compagnie Bell aurait 50 000 téléphones
loués (sans compter les 5 shillings 35 000 de l'opposition)
au 1er novembre, et en louerait 15 000 de plus au cours des deux
mois restants. En tenant compte de nouveaux types de dépenses,
comme la publicité, et des erreurs de jugement, indissociables
d'une entreprise nouvelle et en plein développement, il estima
un revenu net de plus de 400 000 $ pour 1879.
Vail prédit qu'après des dépenses initiales importantes
pour la construction de centraux et de lignes de raccordement et d'alimentation,
la compagnie y parviendrait. Les revenus les plus importants provenaient
précisément de ces phases de l'activité.
En reportant ses estimations à 1881, il calcula que le revenu net
total de l'entreprise s'élèverait à 1 126 000
$. Bien que Vail n'ait pas été en mesure d'estimer les revenus
des nouvelles phases de téléphonie, il estimait qu'ils seraient
suffisamment importants pour compenser les dépenses ordinaires
et extraordinaires de l'entreprise. Le directeur général
a ainsi présenté une image très optimiste de l'avenir.
Actuellement, cependant, Madden lui a signalé que les commandes
d'instruments arrivaient très lentement et représentaient
un déclin considérable par rapport aux activités
passées. Vail a expliqué que cela était dû
à la situation actuelle insatisfaisante et douteuse (concernant
le règlement avec W.U.), mais n'a aucun doute que dès que
la situation sera rétablie, les gens sauront exactement ce qu'ils
font.
Les instruments expédiés aux agences et aux bourses ont
progressé, passant du sommet annuel de 4 828 en juin à
leur plus bas niveau de 2 617 en septembre. Le total a atteint 3 572
et 3 577 en octobre et novembre, mais n'a dépassé 4 000
qu'en décembre. Le 13 novembre, le conseil d'administration a autorisé
le président et le trésorier à émettre une
circulaire offrant aux actionnaires de la société cinq cents
actions au prorata. La circulaire suggérait qu'il était
préférable de rester dans le Massachusetts si une autre
action pouvait y être obtenue. Cependant, en attendant la réorganisation,
des fonds considérables étaient nécessaires pour
effectuer les paiements nécessaires à la Western Union conformément
aux termes du règlement et pour développer l'activité
téléphonique. Par conséquent, cinq cents actions
alors détenues en fiducie devaient être vendues à
600 $ l'action, générant 300 000 $ pour les besoins
immédiats de l'entreprise. Parmi les tâches auxquelles la
National Bell Telephone Company a été confrontée
au début de l'année, selon son directeur général,
figurait l'organisation de la trésorerie en fonction des besoins
futurs et la mise en place d'un système de vérification
des comptes des agents et de recouvrement.
En janvier 1880, la National Bell Company n'a pas pu obtenir de prêts
auprès de Kidder and Peabody and Company^ et de Blake Brothers
and Company. Apparemment, les conditions proposées par le président
Forbes n'étaient pas acceptables pour ces entreprises.
Par conséquent, le comité de réorganisation a indiqué
que de nombreux actionnaires étaient disposés à avancer
le prix des actions à vendre dans la nouvelle société,
afin que tous les fonds nécessaires puissent être réunis
avant la constitution de la société. Le comité a
recommandé que le trésorier soit autorisé à
consentir les prêts qu'il jugeait opportuns et que le paiement anticipé
des nouvelles actions soit autorisé, à condition que six
actions nouvelles soient données pour chaque action de la National
Bell Telephone Company, et que 9 000 actions nouvelles soient offertes
aux actionnaires actuels au pair et au prorata. De cette façon,
la National Bell Telephono Company a satisfait ses besoins financiers
jusqu'à sa réorganisation.
Accomplir.
La création d'une nouvelle société a été
retardée car les dirigeants de la National Bell Company rencontraient
des difficultés à obtenir une charte du Commonwealth du
Massachusetts, où ils prévoyaient de rester en raison des
liens historiques de la société avec cet État. Une
mesure législative particulière était nécessaire
pour obtenir une charte autorisant expressément la société
mère à détenir des actions d'autres sociétés.
C'était le moyen par lequel la compagnie nationale exercerait le
contrôle sur le réseau téléphonique en expansion.
En cherchant une nouvelle charte, la National Bell Telephone Company ne
souhaitait pas être régie par les lois existantes qui réglementaient
le télégraphe comme un « transport commun de
renseignements par électricité ».
J. J. Storrow, avocat de la compagnie de téléphone, a fait
valoir que, puisque le travail de la compagnie Bell consistait principalement
à fournir des moyens de communication privés et personnels
entre les habitations et les locaux privés, et non à transmettre
des informations publiques, ses lignes ne pouvaient pas être libres
d'accès, comme le prévoyaient les lois régissant
les lignes téléphoniques ordinaires. Storrow a également
soutenu qu'il n'y aurait aucun danger de monopole sur les lignes puisque
le profit de la compagnie de téléphone résulterait
de l'extension de l'utilisation de ses instruments. Il a expliqué
que la National Bell Telephone Company avait accordé à Western
Union une licence exclusive pour la transmission de messages, non pas
pour empêcher l'utilisation de leurs téléphones à
ces fins, mais parce que, dans un compromis où les brevets des
deux parties devaient être mis en commun pour permettre à
chacun d'utiliser de bons téléphones, nous avons dû
admettre qu'ils devaient servir le public dans ce secteur particulier.
Malgré les arguments de Storrow, une opposition s'est manifestée
à l'octroi d'une nouvelle charte à Bell. La découverte
que la société n'autoriserait pas l'utilisation de ses instruments
pour la transmission d'informations aux journaux a suscité des
critiques au sein du Parlement. Le président Forbes a donc demandé
un réajustement des dispositions pertinentes de l'accord Western
Union, qui imposait cette restriction à l'utilisation du téléphone.
Il a fait de son mieux pour éviter que la charte de l'entreprise
ne soit « chargée d'amendements » ou que
des lois inacceptables ne soient adoptées pour réglementer
la téléphonie.
Forbes a souligné que toute loi adoptée dans le Massachusetts
serait examinée et éventuellement copiée dans d'autres
États si des questions téléphoniques se posaient.
Il a expliqué : " « Je considère comme impératif
que notre charte et les lois antérieures susceptibles d'être
adoptées concernant les téléphones laissent les utilisateurs
aussi intouchables que possible'. La Western Union a accepté de
coopérer avec elle.
Forbes a jugé la situation critique, estimant qu'il n'était
pas prudent pour lui de quitter Boston, l'ennemi guettant l'occasion d'introduire
un amendement à la charte.
Les directeurs de la Bell Company avaient étudié la possibilité
d'obtenir une charte du Rhode Island, mais après avoir reçu
une charte acceptable du Massachusetts, Forbes a conseillé à
C. S. Bradley d'annuler la demande déposée dans son État.
Par la suite, les actionnaires de la National Bell Telephone Company ont
accepté de vendre les biens de la société à
l'American Bell Telephone Company, dont la constitution en société
avait été autorisée par la législation du
Massachusetts avec un capital pouvant atteindre 10 000 000 $.
Tous les signes annonçaient un avenir prometteur pour les intérêts
de Bell, car la National Bell Telephone Company a mis fin à sa
première année d'activité en mars 1880. Un important
défi avait été relevé grâce à
un accord de compromis. Le nombre d'instruments expédiés
aux agences et aux bourses augmentait. La société livrait
des commandes à un rythme de près de 5 000 téléphones
par mois.
Il y avait à peine une douzaine de villes de 15 000 habitants
qui navaient pas de contrat de central téléphonique.
Et, comme le président Forbes la rapporté aux actionnaires
de son entreprise, lattention était portée sur la
connexion des villes et des villages entre eux. Le rapport du directeur
général a détaillé plus clairement le succès
de lentreprise. Il y avait 35 141 instruments entre les mains
des agents, dont environ 25 000 instruments Western Union. Le loyer
net moyen de l'entreprise sur les téléphones centraux avait
été augmenté de 5 à 6,50 dollars par an, et
les remises actuellement pratiquées étaient plus faibles,
de sorte que le loyer net moyen atteindrait bientôt 7 dollars. Malgré
l'anticipation d'une forte baisse des commandes après la consolidation
avec Western Union, les commandes ont continué d'augmenter régulièrement,
indiquant ainsi à Vail que la demande passée avait été
saine et non le fruit de la concurrence ou de la rivalité.
La National Bell Company détenait la quasi-totalité des
participations dans les bourses de Chicago et de Boston. Elle détenait
également une participation majoritaire dans les bourses de New
York et de Californie, ainsi qu'une participation importante dans la bourse
de Floride.
Vail a indiqué que ces sociétés étaient déjà
rentables et qu'elles généreraient pour la société
nationale un chiffre d'affaires net « très intéressant
» pour l'année en cours. Il était convaincu que ce
chiffre d'affaires augmenterait considérablement dans les années
à venir.
Les contrats de bourse de la société prévoyaient
998 villes et villages, dont la population variait de 5 000 à
15 000 habitants. Seules 175 villes et villages de taille similaire
n'étaient pas encore couverts.
Vail a estimé que le chiffre d'affaires net de la société
pour 1860 s'élèverait à 460 000 $. Cela représentait
environ 7 % des 6 500 000 $ de capital. Bien que le directeur général
ait donné son estimation sans commentaire, le service du trésorier
s'est montré prudent. Tout en reconnaissant que les actionnaires
pouvaient raisonnablement espérer des résultats aussi positifs,
cela leur rappelait que les conditions d'activité de l'entreprise
étaient nouvelles et que les mécanismes d'exécution
des paiements étaient encore rudimentaires.
Néanmoins, " si l'activité continue de croître,
car toutes les indications actuelles nous laissent présager une
croissance rapide du bénéfice net après cette année.
Nos dépenses courantes n'augmenteront pas de manière significative
par rapport aux recettes, et avec une demande telle que celle-ci, il semble
raisonnable de s'attendre à ce que le résultat net augmente
facilement de 6 % par an sur un capital de 6 000 000 $
pendant quelques années, tandis que les succursales de l'entreprise
en dehors du simple réseau téléphonique connaîtront
un succès. Aussi heureux que lon puisse raisonnablement lespérer,
il existe une bonne perspective dune perspective plus flatteuse
".
Le 29 mars, le président Forbes a annoncé aux actionnaires
que les besoins financiers de la société pour les douze
prochains mois s'élevaient à 1 300 000 $.
La somme était importante, mais les perspectives d'avenir étaient
excellentes, car il était également en mesure de signaler
que « le danger de la concurrence des nouveaux entrants semble faible
» et des dispositions avaient déjà été
prises pour la réorganisation de l'entreprise avec une capitalisation
plus importante.
Début 1881
à la première réunion des actionnaires de la National
Bell Telephone Company, W Forbes annoncera un bilan
satisfaisant, la société était bénéfiiare
et representait 130 000 lignes.
Le 23 juillet 1881,
Charles Williams a offert de vendre son entreprise à lAmerican
Bell Co pour 120 000 $ en espèces ou en actions de la nouvelle
Consolidated Mfg Co. Un contrat a été signé le 6
février 1882 avec une série complexe de transferts de titres.
De ce fait, la Western Electric Company a
été créée en recevant des droits permanents
et exclusifs pour la fabrication de téléphones et dappareils
pour American Bell. Charles Ezra Scribner,
en était l'ingénieur en chef de Western Electric, il détiendra
plus de brevets (441) que nimporte quel homme dans l' industrie
électrique. Sa contribution la plus importante a été
le développement du standard multiple.
1881 Hubbard devient aussi le principal investisseur de la Edison
Speaking Phonograph Company et, alors qu'Edison négligeait
le développement du phonographe, aide Alexander Graham Bell à
l'organisation d'une société concurrente développant
des cylindres et des disques en carton enduits de cire à utiliser
sur un graphophone. Chichester Bell, cousin d'Alexander et Charles Sumner
Tainter, collaborant à la Volta Laboratory and Bureau, développent
et perfectionnent ainsi des modèles de phonographe.
Hubbard et Chichester Bell proposent à Edison de combiner leurs
intérêts mais ce dernier refuse.
L'association de la Volta Laboratory avec la Volta Graphophone Company
deviendra en 1886 la Columbia Records.
En avril 1882, Bell détenait
53% du stock de Western Electric.
Le magasin de Williams, maintenant agrandi, situé au 109 et au
115, rue Court, est devenu une usine de Western Electric, Charles Williams
étant son directeur
Seulement trois ans plus tôt, la Western Union avait rejetée
l'offre de Gardiner Hubbard de lui vendre tous les droits au téléphone
pour 100 000 $ US (environ 2,54 millions de dollars).
En quelques années seulement, le président de la Western
Union reconnut qu'il s'agissait d'une erreur commerciale sérieuse,
qui a presque fait que son entreprise a failli être engloutie par
le nouveau géant des télécommunications dans lequel
Bell Telephone allait évoluer.
La Western Union a été sauvée seulement par les interventions
antimonopoles du gouvernement américain .
Après avoir quitté Bell en 1881,
Watson, enrichi indépendamment par sa part des redevances
au téléphone, a parcouru l'Europe, s'est marié, a
fondé une famille et a tenté en vain de cultiver le long
de la rivière Weymouth Fore, à East Braintree, dans le Sud-Est.
de Boston. En 1885, après avoir ouvert un atelier d'usinage dans un
bâtiment de sa propriété agricole, il créa
une nouvelle entreprise, la Fore River Engine Company, en partenariat
avec son assistant, Frank O. Wellington. Les deux partenaires ont d'abord
construit des moteurs marins, puis en 1896, ils ont reçu leur premier
contrat avec le gouvernement, pour deux destroyers. Au cours des huit
années suivantes, Watson déménage le chantier naval
à Quincy, dans le Massachusetts, change le nom de la société
en pleine croissance en Fore River Ship & Engine Company et prend
des contrats pour la construction de bateaux-phares, croiseurs, cuirassés,
goélettes et autres navires.Après sa retraite de la construction
navale en 1904, Watson mena une existence agitée et itinérante.
Lui et sa femme ont étudié la géologie; il a agi
dans une compagnie shakespearienne; et en 1926, il publia une autobiographie,
Exploring Life.
Bell obtint la citoyenneté américaine
en 1882, mais ses liens avec le Canada se resserrèrent à
compter de 1885.
Cet été-là, lui-même et sa femme visitèrent
Baddeck, sur les lacs Bras dOr, dans lîle du Cap-Breton,
en Nouvelle-Écosse.
Ils y avaient été attirés par le livre consacré
à Baddeck par lauteur de récits de voyages Charles
Dudley Warner et peut-être aussi par le climat tempéré
Bell détestait les grandes chaleurs dété.
La région et les habitants lui rappelaient lÉcosse.
Lété suivant, ils louèrent un chalet, dont
ils deviendraient propriétaires, et commencèrent dacheter
des terres sur la grande pointe de Red Head, dans la baie de Baddeck.
En 1885 et 1886 respectivement, Bell et son cousin ont
obtenu un brevet d'invention canadien et américain pour leur machine,
qu'ils ont baptisée graphophone.
Il ressemblait au phonographe mais comptait quelques améliorations
importantes. Au lieu d'une feuille d'étain, qui était difficile
à enlever et à remplacer sans endommager l'enregistrement,
Bell et Tainter ont utilisé des cylindres de carton enrobés
de cire. En plus de la plus grande facilité de manipulation, l'utilisation
de la cire permettait également de produire un enregistrement de
qualité supérieure et permettait une utilisation plus longue.
De plus, Bell et Tainter ont utilisé un mécanisme d'horlogerie,
une pédale et, par la suite, un moteur électrique au lieu
de la manivelle d'Edison.
Le 1er avril 1879, peu après la création de la National
Bell Telephone Company, dix-huit actionnaires, représentant la
majorité des intérêts, ont accepté de retenir
de la vente les montants déclarés de leurs actions afin
de se protéger contre une tentative de l'opposition d'acquérir
le contrôle de la société. Ils s'engageaient en outre
à ne donner leurs procurations à personne, sauf entre eux.
L'accord devait rester en vigueur jusqu'au 1er avril 1880, ou jusqu'à
ce que les souscripteurs acceptent de le résilier. C'était
une mesure du danger appréhendé. Le 15 décembre 1879,
les investisseurs résilièrent leur accord. Ils le firent
car un accord avait été conclu avec la Western Union. La
menace à l'origine de l'accord n'existait plus. Ce chapitre retracera
les manuvres et les accords qui ont sauvé la situation. Le
Dr Samuel S. White, actionnaire important de l'American Speaking Telephone
Company, semble avoir lancé la dernière phase des négociations,
qui ont abouti à un échange de propositions le 11 avril
1879. Il a indiqué à Forbes que si chaque partie pouvait
soumettre un plan modifié, dont les principales caractéristiques
seraient acceptables par l'autre, il serait alors relativement facile
de régler les derniers points de désaccord. White a également
émis l'hypothèse qu'après tous les témoignages
dans le procès Dowd, les deux parties pourraient être plus
réceptives à des propositions évitant le retard d'un
arbitrage. Il pense qu'il est préférable pour chaque partie
de céder quelque chose plutôt que de poursuivre un combat
coûteux. Storrow a conseillé au président Forbes d'accepter
un plan d'union si celui-ci accordait à la National Bell Company
cinquante pour cent des actions d'une société consolidée,
avec une réserve supplémentaire de vingt-cinq pour cent
à attribuer ultérieurement. La National BeU Company accepterait
de céder la moitié de ce dernier montant si elle était
déboutée dans ses procès. Storrow a conseillé
: « Je serais enclin à accepter cette proposition, en fondant
mon jugement sur des considérations commerciales et sur le risque
général de litige, et non sur des craintes particulières
concernant vos droits légaux, d'après ce que je peux voir.
» Storrow ne croyait pas que la Western Union intenterait une action
en justice contre un brevet dont elle est partiellement propriétaire,
ni qu'un tribunal entendrait une telle affaire. Il a conseillé
que tout règlement à l'amiable soit soumis à la responsabilité.
L'opposition au règlement du litige par un procès était
contestée.
Forbes était sceptique quant à la possibilité d'une
consolidation avec la Western Union, car un vice-président de la
Western Union avait dû informer Gardiner Hubbard que cette société
ne consentirait à aucun accord avantageux pour la Bell Company.
Par conséquent, Forbes n'avait pas demandé à ses
administrateurs d'entamer des négociations, bien qu'il ait partagé
le souhait de White d'une union. La proposition initiale de Forbes était
le résultat d'une Consultation avec C. S. Bradley, et non avec
le conseil d'administration.
Le principal obstacle à la consolidation a été l'insistance
de Western Union sur la majorité des actions.
Forbes ne pouvait pas recommander un plan aussi dangereux pour les actionnaires
de Bell. Il expliqua à White :
"Bien que je croie, comme X, vous la dit Il est possible
d'élaborer un plan qui protégera les intérêts
de la Western Union Company et, en même temps, donnera aux propriétaires
des brevets téléphoniques les fruits légitimes de
leur propre activité. Il me semble que si l'ancienne société
maintient l'attitude que j'ai décrite, ce serait une perte de temps
de tenter une négociation".
Toutefois, Forbes était prêt à présenter l'affaire
devant le Conseil et à se joindre à White pour tenter de
faire de cette négociation un succès si elle prenait une
forme différente et si White estimait qu'une combinaison pouvait
être trouvée dans des conditions satisfaisantes pour les
deux parties.
Waite a suggéré que le rapport de Hubbard ne représentait
pas correctement les vues de l'opposition. White a soutenu que cette attitude
représentait l'esprit avec lequel Forbes souhaitait être
rencontré, et il a exhorté Forbes à informer les
administrateurs des récentes négociations. Puisque tout
le monde admettait l'intérêt d'une union, White était
convaincu que des hommes sensés et intelligents pourraient s'arranger.
White informa Forbes qu'il avait obtenu le consentement d'un membre de
longue date du comité exécutif de la Western Union et des
sociétés Gold and Stock pour regrouper tous les intérêts
téléphoniques au sein d'une nouvelle organisation. Cette
société devait être capitalisée. 2 000 000 $,
dont 500 000 $ devaient rester dans le Trésor comme fonds
de roulement, et le reste devait être réparti entre les opérateurs
téléphoniques.
Forbes n'a pas agi ainsi, malgré les protestations de White ;
il s'est contenté de porter l'affaire à l'attention des
directeurs lors d'une future réunion du conseil d'administration.
Il a peut-être tenté d'obtenir le témoignage des témoins
dans l'affaire Dowd, croyant que l'argument principal de l'ennemi, c'est-à-dire
, que les instruments décrits dans le premier brevet de Bell ne
fonctionneraient pas, étaient sur le point de tomber et que, par
conséquent, les vastes revendications de brevet de la société
Bell seraient maintenues.
L'opposition n'a pas admis être du tout préoccupée
par cette possibilité. White a informé Forbest que la Western
Union était sur le point de demander à tous ses bureaux
de commencer à solliciter des abonnés pour établir
des échanges téléphoniques. White a suggéré
que lavocat de Forbes avait probablement conclu, tout comme celui
de Western Union, que le téléphone breveté par Bell
nétait pas très pratique et que linstrument
pratique inventé par lui nétait pas breveté.
Si le tribunal décidait que le brevet Bell couvrait le téléphone
magnétique, la Western Union pourrait toujours s'appuyer sur la
décision d'Edison, qui ne porterait pas atteinte à ses droits.
White a prétendu faire ces remarques simplement pour stimuler l'enquête
de Forbes dans ces instructions. Forbes a apprécié l'intention
des suggestions de White, mais a estimé que les deux intérêts
concurrents étaient trop divergents quant à ce que chacun
attendait du procès pour qu'un accord soit conclu à ce moment-là.
Toute tentative de négociation immédiate pourrait en réalité
retarder les progrès lorsque les conditions seraient « mûres
».
Forbes a conclu que le tribunal pourrait modifier les termes proposés
par chaque partie, et il a suggéré de fixer un arrangement
temporaire en attendant la décision du tribunal. Il souhaitait
que l'éditeur comprenne clairement que la société
nationale de téléphonie Bell s'engageait à contrôler
certaines phases de son activité. Cependant, un plan pourrait être
élaboré pour protéger la Western Union de la concurrence
tout en développant rapidement l'activité de téléphonie.
Forbes a présenté le sujet au conseil d'administration.
Son point de vue général, comme le sien, était qu'il
serait probablement plus opportun d'entamer des négociations après
que tous les témoignages aient été entendus dans
l'affaire Dowd. Néanmoins, le Conseil était prêt à
examiner toute proposition qui pourrait être proposée. Forbes
a reconnu le droit de la Western Union de faire toute la guerre en baissant
les tarifs, mais a suggéré qu'une telle politique était
en réalité contraire à ses intérêts,
car les deux entreprises pourraient récolter de belles récompenses
tant que le litige se poursuivrait. De plus, une attaque générale
contre Bell Exchange créerait une forte opposition locale à
la Western Union, car toutes les Bell Exchange, sauf deux ou trois, appartenaient
à des intérêts locaux.
Le 3 mai, White a indiqué les caractéristiques d'une organisation
qu'il estimait praticable et exempte des défauts qui avaient bloqué
sa réussite auparavant. Il a rappelé à Forbes que
le concept d'arbitrage qu'il jugeait inacceptable avait été
initialement suggéré par le juge Bradley.
Selon le dernier plan de White, tous les intérêts téléphoniques
devraient être regroupés dans une nouvelle société
capitalisée à 5 000 000 $. La National Bell
Telephone Company et l'American Speaking Telephone Company recevraient
chacune 1 500 000 $ d'actions, dont chacune contribuerait à
hauteur de 400 000 $ au fonds de roulement. Les 2 000 000 $
restants en stock devaient être répartis par un conseil d'arbitrage
qui déciderait de la valeur respective des brevets concurrents
après le témoignage du demandeur, dans le cadre de ce procès.
La Bell Company et l'American Speaking Telephone Company ne céderaient
plus à la nouvelle société tous les téléphones
en service. La Western Union et les Gold and Stock Company paieraient
tous les instruments qu'elles pourraient utiliser. L'activité de
change téléphonique serait laissée à la nouvelle
société, tandis que Gold and Stock conserverait son activité
de ligne privée.
White a conclu que la nouvelle société serait tout aussi
compétente pour répondre aux intérêts de Bell
en tant qu'organisation actuelle. Apparemment, l'opposition était
sur le point de négocier un accord, car la Western Union a autorisé
White à ouvrir des discussions et il a passé plusieurs jours
à Chicago avec Forbes. Il a alors entièrement dévoilé
la nature de l'organisation juridique de l'opposition. Forbes pensait
que White, en tant qu'actionnaire de l'American Speaking Telephone Company,
était principalement motivé par son désir de prévenir
le suicide infantile dans le secteur de la téléphonie. White
a reconnu que la société Bell avait surpassé l'opposition
en développant le secteur de la téléphonie. La Bell
Company avait loué environ 30 000 instruments qui ont donné
satisfaction au public, tandis que ses opposants n'en avaient loué
qu'un tiers environ, environ quatre fois, ce qui représentait le
coût de la Bell Company et de ses instruments, mais n'a pas donné
satisfaction au public. Forbes a conclu que l'opposition jouait un jeu
perdant et le savait. De plus, les avocats de Bell Company étaient
convaincus que le tribunal ferait droit à la revendication générale
de la société sur le brevet de Bell, lui accordant ainsi
le droit exclusif d'utiliser le téléphone. Le président
Forbes pensait que l'opposition était vraiment désireuse
de faire des compromis, et que la Western Union et l'American Telephone
Company étaient prêtes à sacrifier la Gold and Stock
Company pour y parvenir. Par conséquent, lui et le juge Bradley
étaient enclins à penser que la politique de White Cette
proposition, avec quelques modifications, pourrait être la solution
la plus sûre à adopter pour l'entreprise.
Les avocats de la National Bell Company étaient convaincus que
des arbitres compétents accorderaient la grande majorité
des actions réservées à leur société.
Même si ce n'était pas le cas, la Bell Company garantirait
un intérêt substantiel et une alliance solide.
Il semblait toutefois préférable pour Forbes de reporter
la consolidation jusqu'à ce que le tribunal ait rendu sa décision,
afin que les parties qui deviendraient propriétaires du bien puissent
contrôler les accords préliminaires qui auraient une influence
importante sur les activités futures. Entre-temps, le directeur
a recommandé un accord permettant aux deux entreprises de poursuivre
leurs activités sans concurrence. White a poursuivi sa tournée
d'action rapide. Son équipe n'était pas particulièrement
impatiente d'occuper la présidence de l'entreprise. Si les deux
camps choisissaient le même nombre de directeurs, Vail serait probablement
maintenu comme superviseur. White pensait que le plan proposé mettrait
fin à la concurrence destructrice et démoralisante. Il a
également souligné que certaines personnes favorables à
la consolidation envisageaient de partir à l'étranger et
que leur absence pourrait sérieusement gêner la réalisation
des accords. Forbe a informé White que les directeurs présents
à leur prochaine réunion à la mi-mai seraient probablement
favorables à lexamen dune union, mais que la sélection
dun arbitre pourrait être difficile. De plus, une décision
formelle du tribunal offrirait une protection aux futurs propriétaires
de brevets contre les nouveaux venus, protection qu'aucun arbitrage ne
pourrait offrir et qui serait d'une importance particulière pour
la Western Union si la société Bell lui accordait des droits
de brevet exclusifs.
White estimait, au contraire, que la stabilité antérieure
et l'unité d'intérêts offriraient une résistance
imprenable à tous les défis. En outre, un accord faisant
des deux parties des partenaires téléphoniques rendrait
les arguments présentés devant le tribunal inappropriés.
White n'avait que trois choix possibles : un accord sans arbitrage,
un accord par voie d'arbitrage ou une « lutte acharnée »
contre l'accord sans arbitrage.
Lors d'une réunion spéciale, les administrateurs de la National
Bell Telephone Company ont nommé C. S. Brada, président
de Forbes. Ley et R. S. Fay ont été invités à
un comité chargé d'examiner la proposition de White et toute
autre communication sur le sujet. Le comité a été
chargé de faire rapport sur une future réunion du conseil
d'administration.
Les agents de Bell se sont naturellement inquiétés de leur
avenir lorsque la nouvelle des négociations a fuité. Vail
Il leur a assuré qu'une consolidation se ferait sur une base qui
protégerait pleinement tous les utilisateurs connectés à
la compagnie nationale de téléphone Bell. Il a déclaré
que la compagnie n'avait « aucune intention d'être absorbée
ou absorbée par une quelconque organisation, sentant et sachant
comme nous Il s'agit simplement de savoir quand le télégraphe
sera absorbé par le téléphone, et non l'inverse.
Parmi les points pris en compte dans le cadre de la proposition de consensus,
figurait l'accord de Bell Company de ne pas concurrencer la Western Union
dans ses activités de télégraphe. De plus, la National
Bell Telephone Company ne devait pas se connecter aux entreprises de télécommunication
concurrentes.
White estimait, au contraire, que la stabilité antérieure
et l'unité d'intérêts offriraient une résistance
imprenable à tous les défis. En outre, un accord rendant
les deux parties prenantes au téléphone rendrait la plaidoirie
de l'affaire devant le tribunal inappropriée. White n'a vu que
trois choix : un accord sans arbitrage, un accord par voie d'arbitrage
ou une bagarre jusqu'au bout sans accord. Lors d'une réunion spéciale,
les directeurs de la National Bell Telephone Company ont nommé
le président Forbes, C.S. Bradley et R.S. Fay à un comité
chargé d'examiner la proposition de White et toute autre communication
sur le sujet. Le comité a été chargé de faire
rapport lors d'une future réunion du conseil d'administration.
Les agents de Bell se sont naturellement inquiétés de leur
avenir lorsque la nouvelle des négociations a fuité. Vail
leur a assuré qu'une consolidation serait effectuée sur
une base qui protégerait pleinement toutes les personnes connectées
à la compagnie nationale de téléphone Bell. Il a
déclaré que l'entreprise n'avait « aucune intention
d'être absorbée ou absorbée par une quelconque organisation,
sentant et sachant que ce n'est qu'une question de temps : le télégraphe
sera absorbé par le téléphone, et non l'inverse ».
Parmi les points pris en compte dans le cadre de la proposition de consolidation
figurait laccord de la société Bell de ne pas concurrencer
la Western Union dans ses activités de télégraphie.
De plus, la National Bell Telephone Company ne devait pas se connecter
aux entreprises de télécommunication concurrentes.
White a considéré cette disposition comme une contrepartie
à l'accord de la Western Union visant à louer ses téléphones
uniquement auprès de l'opérateur téléphonique,
au tarif payé par la plupart des abonnés favorisés.
De plus, il pensait que si l'opérateur téléphonique
établissait des connexions téléphoniques et fournissait
des services à la Western Union, cette dernière accepterait
de payer une commission. La Western Union était légitimement
préoccupée par sa protection contre les entreprises de télégraphie
concurrentes, car Jay Gould était en train de créer un rival
important.
Le président de la Centrale Union Telegraph Company, le noyau de
l'organisation de Gould, David H. Bates, a indiqué à Vail
que seule une connexion avec une société publique permettrait
à Bell d'espérer répondre aux attentes du public
tout en s'équipant d'un contre la Western Union. Il a plaidé :
« Je vous en prie de retarder Nous pouvons certainement
faire autant pour vous que les autres partis et nous irons de lavant,
et cela doit naturellement vous aider.» »
Vail a apprécié le potentiel de concurrence entre l'organisation
de Jay Gould et la Western Union. En réponse à la plainte
d'un agent de Bell affirmant que la Western Union ne recevait pas de messages
de son échange, Vail a conseillé :
" Vous pouvez dire à vos clients qu'avant . À l'automne,
il y aura un télégraphe d'opposition atteignant tous les
points importants du pays, dans un ordre de travail complet et il semble
que, avec cette opposition majeure à l'automne, l'Union soviétique
sera trop heureuse d'être autorisée à recevoir des
messages de votre échange".
L'Union occidentale n'a manifesté aucune inquiétude apparente
quant aux effets possibles de la concurrence télégraphique
sur sa lutte contre le téléphone. Plutôt que d'attendre
des décisions contre des entreprises ou leurs agents, elle a commencé
à poursuivre des individus qu'elle considérait comme utilisant
des instruments (Bell) contrefaisants, Forbes a averti White que cette
tactique porterait gravement préjudice aux négociations
et compromettrait l'entreprise. La principale motivation de la consolidation
était la suivante : le 26 mai 1879, la proposition
principale de la Western Union en faveur de la consolidation consistait
en une nouvelle société dont les actions devaient être
divisées par arbitrage. L'ensemble de l'activité de Telegraph
devait être cédé à la Western Union.
De plus, elle ne devait pas concurrencer les activités commerciales
et privées de Gold and Stock Company, même si la nouvelle
société conserverait un travail de district et d'échange.
Les sociétés Western Union et Gold and Stock devaient payer
des redevances sur tous les téléphones qu'elles utilisaient.
La nouvelle société devait construire des lignes téléphoniques
pour la Western Union si cette dernière le souhaitait. Fin mai,
Forbes, Bradley et Fay ont signalé au Conseil d'administration
que l'opposition préférait trancher la question des droits
de brevet par arbitrage, tandis que le comité estimait qu'une décision
judiciaire pourrait être rendue. Cela a été rapidement
réalisé et renforcerait les brevets. De plus, la National
Bell Telephone Company avait de meilleures revendications concernant les
brevets de téléphonie, et pourtant, un arbitrage diviserait
très probablement les intérêts en matière de
brevets de manière égale. Le comité a recommandé
qu'une proposition alternative soit soumise aux Blancs et aux Verts,
Après des discussions prolongées, le conseil d'administration
a approuvé à l'unanimité une proposition de quinze
points. Tout accord devait inclure Harmonic Telephone Company, American
Speaking Telephone Company, Gold and Stock Telephone Company, ainsi que
Western Union et National Bell. Toutes les entreprises. Les parties contractantes
devaient céder tous les brevets relatifs aux téléphones
et aux appareils auxiliaires actuellement détenus ou acquis pendant
la durée du contrat à une seule entreprise de téléphonie,
qui devait être cédée à toutes les entreprises
de téléphonie, sauf disposition contraire. La cession des
brevets ne devaient pas affecter le statut des parties dans ces différents
litiges.
Jusqu'à la division des intérêts, l'activité
des sociétés de téléphonie devait être
menée sous la direction d'un comité choisi par l'AST et
National België. l sociétés.
Le capital social de la nouvelle compagnie de téléphone
devait être d'au moins 5 millions de dollars, dont l'American Speaking
Telephone Company et la National Bell Telephone Company recevraient un
cinquième chacune. Le reste devait être divisé comme
convenu par le comité avec l'aide d'un avocat. Il devait Il a été
entendu que le procès Dowd, ou tout autre procès susceptible
d'être intenté par un avocat, devait être porté
devant le tribunal afin de « justifier » les droits
d'Alexandre Graham Bell, l'inventeur du téléphone.
Ni la nouvelle société, ni ses systèmes de district
et d'échange ne devaient concurrencer la Western Union ou les sociétés
Gold and Stock. Dans la mesure où il était possible que
la société de téléphonie cède l'ensemble
de ses activités de téléphonie à la Western
Union. La nouvelle société devait se voir attribuer l'ensemble
des services de téléphonie et des biens, compte tenu de
l'accord, et devait respecter les dispositions existantes. tracts,
Sur instruction du conseil d'administration, son président a nommé
un comité de cinq personnes, pleinement habilité à
convenir d'un règlement. Le comité a demandé à
l'avocat de la société de laisser le procès suivre
son cours naturel et a également sollicité un plan d'arbitrage
auprès du juge E. Radley, White a continué à mettre
fin à la « misérable » compétition. Il
a fait état d'une résistance accrue de sa part à
tout plan de compromis et a affirmé avoir déjà intenté
une action en justice contre la National Bell Company pour son utilisation
du transport Blake uniquement grâce à son assurance qu'un
accord serait conclu. Certains, du côté de la Western Union,
a-t-il dit, soupçonnaient Bell d'utiliser les négociations
uniquement pour améliorer sa position sur le terrain.
Sa propre position serait donc désagréable et difficile
à justifier si une combinaison n'était pas réalisée.
Le comité spécial de la société Bell a remis
au président une proposition pour White, qui devait servir de base
aux négociations entre les deux parties. Forbes a également
été chargé d'informer White que chaque partie devrait
probablement divulguer les responsabilités et les contrats existants
avant la conclusion de tout accord. Le comité a également
nommé William H. Forbes, Gardiner G., Hubbard et C. S. Bradley
a créé un sous-comité chargé d'élaborer
un plan de division des actions. La proposition adressée à
White contenait les principes précédemment approuvés
par les administrateurs.
L'American Speaking Telephone Company a reçu 8 000 000 $
sur les 5 000 000 $ de son capital social, tandis que la
National Bell Telephone Company a reçu 1 200 000 $,
compte tenu de la valeur productive de l'activité qu'elle a générée.
Trois cent mille Des stocks de déchets devaient être mis
de côté pour la vente comme fonds de roulement ou pour une
division, selon ce qui pourrait être décidé. Les 2 700 000
$ restants du stock devaient être attribués aux parties contractantes
conformément à un plan soumis. La proposition prévoyait
toutefois que, lors de la répartition finale du stock, chacune
des deux parties opposées devait recevoir pas moins de 1 000 000
000 $ du stock total.
Le comité spécial a rejeté la première proposition
du Dr. Blanc pour une société capitalisée à
5 000 000 $ : 1 000 000 $ pour chacune
des sociétés de téléphonie adverses, 5 000 000 $
pour le fonds de roulement et les 2 500 000 $ restants
à répartir après une décision des tribunaux
ou par un plan ultérieur. White a remis en question la méthode
de division des actions de Bell Company et son introduction du concept
de « valeur productive de l'entreprise ». De plus, bien que
son camp ait considéré 5 000 000 $ comme
un fonds de roulement suffisant, il a préféré que
1 000 000 $ soit mis de côté à cette
fin. Il a également remis en question la signification et les implications
de certaines terminologies de Bell Company. White a interprété
la disposition de Bell concernant le droit exclusif de la nouvelle compagnie
de téléphone au district et à l'échange. L'entreprise
ne se contente pas d'éliminer les différents systèmes
d'échange de la Gold and Stock Company, mais restreint également
son exploitation de l'entreprise privée afin de la rendre relativement
peu rentable. White conclut : " J'ai toujours cru comprendre
que les échanges existaient sous les auspices de l'une ou l'autre
des sociétés, au moment de la consolidation, à l'exception
de l'accord selon lequel la nouvelle société devait détenir
l'exclusivité de l'activité d'échange. Cela laisserait
des entreprises rivales dans la plupart des grandes villes, mais je pense
que si les sociétés mères se réconcilient,
les entreprises locales parviendront bientôt à un accord".
White avait raison dans son évaluation selon laquelle les activités
de Gold and Stock seraient considérablement réduites, mais
Vail était absolument certain que si un compromis était
trouvé, Gold and Stock Company aurait moins à faire avec
la téléphonie qu'elle n'en a actuellement. En effet, la
Gold and Stock Company n'était même plus prise en compte
par les deux parties depuis que des accords étaient conclus avec
la Western Union et l'American Speaking Telephone Company.
Forbes n'était pas d'accord avec le point de vue de White concernant
la répartition des échanges concurrents. Si la nouvelle
compagnie de téléphone abandonnait son activité de
télécommunications, les entreprises adverses devraient se
regrouper et échanger leurs activités de téléphonie.
La compagnie Bell devait cet important soulagement à ses titulaires
de licences de télécommunications. De plus, Forbes a indiqué
que cette société avait décidé de ne pas soumettre
les questions de droit à l'arbitrage, mais de les laisser aux tribunaux.
Vail croyait que l'insistance de la National Bell Company à donner
à la nouvelle société toutes les activités
de change téléphonique expliquait les tentatives de Western
Union de prendre le contrôle des sociétés de change
Bell. Si les conditions générales de la National Bell Company
prévalaient, ces sociétés seraient très précieuses.
Forbes estimait que cette tactique de la Western Union était en
conflit avec l'esprit des négociations en cours et risquait de
les compromettre gravement.* En fait, la National Bell Company envisageait
désormais une opposition plus vigoureuse à ses concurrents.
Vail a expliqué à Haddeni :
"La semaine prochaine, nous déciderons définitivement
si nous voulons la paix ou la guerre, et si c'est la guerre, nos partis
y participeront dans le but de « rester » jusqu'à ce
que nous soyons obligés d'abattre notre drapeau ou jusqu'à
ce que nous ayons vaincu l'ennemi. Si nous nous lançons dans ce
secteur (échanges concurrents), nous disposerons de suffisamment
d'argent pour construire et exploiter des centraux téléphoniques
partout où cela sera nécessaire".
White a proposé une réunion entre les comités des
entreprises opposées afin de déterminer les points obscurs
des négociations et de conclure ceux sur lesquels ils étaient
d'accord, laissant les autres à l'arbitrage. Il estimait qu'un
comité pourrait alors être désigné pour gérer
l'entreprise.
Les réunions se sont déroulées sans heurts. Selon
Gardiner Hubbard, le syndicat Westem a admis la réclamation de
la société Bell selon laquelle elle devait recevoir une
contrepartie pour la valeur du téléphone ainsi que pour
les loyers. Il a également accepté de payer une commission
sur tous les échanges commerciaux Bell qui lui étaient livrés.
Affaibli peut-être par les menaces de la compagnie Bell de ne pas
faire de compromis, le président Norvin Green a non seulement accepté
de revenir sur la position de sa compagnie sur la question de l'arbitrage,
mais a également exprimé son souhait de ne voir les brevets
de Bell invalidés sous aucun prétexte, car la compagnie
Bell transférerait une part importante de son activité téléphonique
à Western Union, et il a préféré que ce soit
le cas. C'est une entreprise qui a fait cela plutôt que plusieurs.
Hubbard a conclu : « Le résultat général de
la réunion a été de susciter un sentiment plus bienveillant
les uns envers les autres. »
Les rumeurs concernant cette probable combinaison inquiétaient
non seulement les agents Bell, mais aussi D. H. Bates, directeur de l'organisation
de télégraphie rivale de Gould. Bates a affirmé que
l'existence et la croissance de son entreprise renforçaient la
position de négociation de Bell Company, et il a exhorté
les dirigeants de Bell Company à ne pas conclure d'accord définitif
avant d'avoir discuté des possibilités avec son entreprise.
Les agents de Bell eux-mêmes ont suggéré qu'un lien
avec la concurrence de la Western Union pourrait être une arme utile
dans la lutte, même si un tel lien ou il faudrait que la National
Bull Company renonce à ses droits exclusifs de collecte et de livraison
des télégrammes aux centrales. Les agents avaient de plus
en plus le sentiment que la Western Union retardait les négociations
afin d'occuper le terrain.
Craignant que la compagnie Bell ne soit pas préparée à
une attaque, le surintendant Madden a averti que, sous couvert de négociations
de compromis, l'opposition se préparait à un combat acharné
et sans merci. « Je suis sûr », a-t-il écrit,
« que le train est préparé avec une habileté
consommée à travers tous les États-Unis pour être
tiré dès qu'un compromis sera trouvé. Nous devrions
être prêts, seau et torche à la main. »
D'ici là Fin juin, les négociations étaient dans
l'impasse. Le principal obstacle était de savoir si les différends
en suspens devaient être réglés par voie d'arbitrage
ou de procédure judiciaire.
L'avocat de Western Union, George Gifford, s'est opposé à
un règlement par voie contentieuse, car il risquait de prendre
beaucoup de temps et risquait, suite à une vive controverse et
à un examen minutieux, d'exposer les points faibles de chacun des
brevets et de les réduire à une interprétation si
étroite, afin de communiquer aux investisseurs tous les points
qu'ils devaient connaître pour produire un brevet. - instrument
de contrefaçon. Le président Norvin Green estimait qu'aucun
progrès ne pourrait être réalisé tant que les
conseils respectifs des sociétés divergeraient autant. Il
a donc souscrit à une suggestion de Forbes selon laquelle Smith
et Gifford devraient se rencontrer pour déterminer certains points
fondamentaux d'accord et de désaccord. Avant de partir pour Londres,
Hubbard a fait un compte rendu à Forbes de ses dernières
conversations avec Green. Il a mentionné l'approbation par Green
d'une conférence juridique, mais a conseillé de la reporter
jusqu'à ce qu'Alexander Graham Bell ait donné sa déposition
dans l'affaire Dowd, puisque Gray avait déjà donné
la sienne. Hubbard a informé Forbes que Green n'avait aucune objection
à ce que la question du règlement soit tranchée.
(Soit Hubbard a mal compris la position de Green, soit Green a tenté
de brouiller les pistes.) Green a exprimé son inquiétude
quant à un arrangement rapide. Il a dit à Hubbard que le
Dr White coopérerait naturellement, n'ayant aucun intérêt
ni avec la Gold and Stock Company ni avec la Western Union, et que la
Western Union prêterait à la nouvelle société
entre 100 000 et 200 000 dollars si nécessaire.
Hubbard a tenté de négocier un accord séparé
avec la Western Union, mais Green a estimé que l'idée était
injuste envers la Gold and Stock Company et le Dr White.
Green a assuré à Hubbard que la Western Union ne proposerait
aucune nouvelle mesure. Alors que les négociations se poursuivaient,
Green et Walker ont également nié que leurs entreprises
aient pratiqué des prix inférieurs à ceux de Bell
Company.
Forbes a approuvé l'idée de mettre fin à la concurrence
autant que possible, car les deux parties travaillaient non pas pour nuire
à l'entreprise, mais pour la mettre en copropriété.
Le 4 juillet, il a déclaré à Chauncy Smith que l'autre
partie ne soumettrait aucune nouvelle proposition tant que Smith n'aurait
pas discuté avec Gifford de l'ordre du jour et des modalités
de l'arbitrage, ainsi que d'autres plans pour régler le litige.
différenciés, le règlement est approprié.
Toutefois, Forbes a conseillé : « Si M. Gifford semble enclin
à recommander un règlement direct à ses parties,
vous l'encouragez à s'orienter dans cette direction, car je pense
que notre comité préférerait largement cette méthode.
»
Alors que Green ne s'engageait pas à cesser d'établir des
bourses, affirmant que le manque d'activité de cette entreprise
lui avait déjà conféré un avantage désavantageux,
il a affirmé que la Western Union ne prévoyait aucun Nouveaux
échanges.
Ceux récemment conclus avaient été entamés
avant le début des négociations. Il a en effet prédit
à juste titre que la principale difficulté résulterait
des échanges établis par la National Bell Company, puisque
ses droits et ses biens échappaient au contrôle de la société.
En réponse, la compagnie Bell a proposé de ne rien faire,
ni dans le cadre d'accords actuels ni dans le cadre d'accords anciens,
avant le 1er septembre, qui compliquerait les négociations.
Smith et Gifford se sont rencontrés fin juillet. À la demande
de Gifford, Green a accepté une proposition de Forbes selon laquelle,
pendant vingt jours, pendant que les avocats se concertaient, les entreprises
ne devraient rien faire qui puisse nuire à leur travail. Ayant
entendu dire que des agents de Bell traitaient avec les concurrents télégraphiques
de Western Union, Green souhaitait savoir s'ils étaient autorisés
à le faire.
Forbes a expliqué que les titulaires de licences Bell ne disposaient
de droits pouvant servir à de tels rivaux que dans quelques rares
endroits seulement. À Albany, principale ville où les restrictions
télégraphiques imposées par la Bell Company à
ses titulaires de licences avaient été suspendues, l'American
Union Telegraph Company, rivale de Western Union, avait déjà
racheté ces droits. En acceptant cet armistice de vingt jours,
Forbes a promis de maintenir ces restrictions, même si l'entreprise
se sentait libre de vendre ses participations dans des sociétés
d'échange. Il n'a pas pris la peine de déplorer que ses
agents cessent complètement d'établir des bourses. Cependant,
le principal agent de prospection de l'entreprise serait immédiatement
empêché d'ouvrir de nouveaux territoires et Forbes s'attendait
à ce que ce partenaire de Western Union, H. H. Eldred, soit également
empêché.
Western Union, pour sa part, n'a pas interprété cette trêve
comme un obstacle à la fourniture de téléphones téléphoniques
à la demande actuelle, à condition qu'ils puissent être
cédés à prix coûtant à la nouvelle entreprise
en cas de règlement. Green a ordonné la création
d'aucune organisation locale, mais a autorisé la poursuite des
travaux effectués pour le compte et avec les fonds propres de la
Western Union, car ils seraient entièrement sous le contrôle
de l'entreprise en cas de règlement.
Ces qualifications de la trêve expliquent probablement les accusations
de violation portées par les agents des deux camps. Tandis que
lavocat adverse tentait de surmonter limpasse existante, un
événement se produisait qui allait finalement fournir la
base dun règlement de compromis.
La Bell Telephone Company avait attribué à James M. Ormes,
de New York, un contrat d'agence pour les États de Virginie, de
Virginie-Occidentale, de Caroline du Nord et du Sud, de Géorgie,
de Floride et d'Alabama, à l'exception des zones précédemment
accordées à d'autres parties. Le contrat d'Ormes était
d'une durée de cinq ans, renouvelable pour cinq ans supplémentaires.
Cependant, au cours des six premiers mois, si la Bell Company n'était
pas satisfaite des réalisations d'Ornes, elle avait le droit de
résilier le contrat. Malgré la concurrence acharnée
de la Western Union, Ormes a réalisé d'excellents progrès
dans l'histoire. Gardiner Hubbard a commenté : « La valeur
du territoire sudiste s'est avérée bien plus importante
que nous ne l'avions supposé lors de notre accord avec lui. »
Il dispose d'un contrat très précieux et a réalisé
son travail à notre entière satisfaction. Il a donc droit
à ce contrat permanent. Outre la pérennisation du contrat
d'Ormes, le conseil d'administration a autorisé le président
et le trésorier à remettre à Ormes les loyers précédemment
perçus sur des téléphones loués à Richmond,
en Virginie, jusqu'à concurrence de 1 000 $. autorisa l'achat
d'un maximum de 10 000 $ d'actions de la Richmond and Petersburg Telephone
Company qu'Ormes devait organiser. S'appuyant ainsi sur le soutien financier
de la National Bell Company, Ormes se prépara à se battre
contre l'opposition.
À la mi-juillet, Ormes informa la National Bell Company que la
Gold and Stock Company accepterait de cesser toute activité téléphonique
dans le Sud en échange de 1 dollar pour chaque téléphone
installé par Ormes. L'agent général de la Gold and
Stock Company pour le Sud serait également disposé à
s'associer financièrement à Ormes, et Ormes estimait que,
sur cette base, il pourrait installer entre 8 000 et 10 000
instruments au cours des quinze prochains mois. Affirmant sa loyauté
envers la cause Bell, Ormes expliqua que ce secteur était « chaud »
et que les prix étaient fortement abaissés. Aux termes de
cette proposition, il était convaincu de pouvoir louer quatre fois
plus d'instruments tout en conservant le contrôle de l'entreprise.
Au même moment, Ormes informait la National Bell Company d'une offre
flatteuse qu'il avait reçue de l'American Union Telegraph Company
pour l'aider sur son territoire. Il était donc impatient de savoir
s'ils étaient libres d'agir sur l'une ou l'autre proposition. Ormes
et l'agent général de l'or et des actions pour le Sud, DeLancy
H. Loudorback, s'entretinrent avec William H. Forbes le 22 juillet 1879.
Louderback expliqua que ni lui ni Ormes ne demandaient de concessions
à la National Bell Company, mais souhaitaient plutôt savoir
si leur plan recevait l'approbation de Forbes, si Ormes en était
effectivement propriétaire. Même territoire que Louderback,
et si la Boll Company continuait à accorder à Ormes des
contrats comme auparavant, là où les deux parties souhaitaient
ouvrir des bourses communes, Loudorback précisa qu'en échange
du paiement de 1 $ à l'Or et aux Actions, lui et Ormes garantiraient
leur territoire libre de toute concurrence, et que l'Or et les Actions
lui permettraient de décider quels instruments utiliser. Ormes
et Louderback ont accepté et accepteraient d'utiliser uniquement
des téléphones Bell, permettant ainsi à la National
Bell Company de recevoir une redevance sur chaque téléphone
utilisé sur le territoire de leurs sept États.
Cet accord permettrait également à Ormes et Louderback de
« gagner de l'argent, au lieu de fournir des services publics,
à perte ou avec un très faible bénéfice ».
Les deux agents souhaitaient qu'il soit clairement entendu qu'en cas de
guerre entre la National Telegraph Company et la Western Union ou Gold
and Stock Telegraph Company, leur territoire composé de sept États
serait considéré comme un terrain neutre et qu'ils ne seraient
pas tenus de se sacrifier. Louderback conclut ! « Quoi
qu'il en soit, cette situation est avantageuse pour votre entreprise,
car elle vous garantit à tous, sur l'ensemble du marché,
les locations et les téléphones, et nous permet de nous
opposer, à raison de deux contre un, à l'accord actuel.»
Forbes a répondu que la National Bell Company ne s'opposerait pas
à ce qu'Ormes verse des redevances à Western Union et aux
sociétés Gold and Stock afin de les tenir à l'écart
de son territoire. Mais avant que la société Eell n'accepte
d'utiliser l'argent des adversaires pour établir des échanges,
Forbes souhaitait connaître les conditions générales
de cet argent, notamment en ce qui concerne les connexions télégraphiques
et téléphoniques avec d'autres villes que la société
Eell se réservait normalement. Si un accord pouvait être
conclu avec les garanties appropriées pour le retrait de l'opposant
et qu'un contrat satisfaisant pouvait être signé pour les
activités de district et de bourse, Forbes recommanderait à
la Bell Company d'approuver la proposition d'Ormes. Ormes a télégraphié
à Forbes que la Gold and Stock Company lui garantissait un contrôle
sans entrave de son territoire en vertu des mêmes contrats qu'il
utilise actuellement, y compris la National Ell Company. Réservation
de la société pour les activités de télégraphie.
Le vice-président de Western Union, H. M. Twombly, a expliqué
qu'il était disposé à financer Ormes et Loudorback
et à leur accorder le contrôle exclusif de leur territoire,
car il estimait que cela serait rentable et aussi en raison de la volonté
de son entreprise de « dépasser » l'American
Union Telegraph Company. Twombly souhaitait vivement que les centrales
d'Ormes coopèrent avec Western Union pour la collecte et la distribution
de télégrammes. Le 29 juillet, Ormes a demandé l'autorisation
de rejoindre Louderback selon les conditions proposées, notamment
une commission à la National Bold Company en échange de
ses droits de collecte et de livraison de télégrammes. Assuré
qu'Ormes et Louderback contrôleraient toute bourse dans laquelle
la Western Union pourrait investir, Vail recommanda l'adoption de cette
proposition, accordant à Ormes le droit exclusif d'organiser des
compagnies de district dans le Sud, conformément au contrat type
de la National Bank of America (NBA) pour une durée d'un an.
Pendant ce temps, la Western Union tentait des accords similaires avec
d'autres agents de Bell. Elle a proposé de rester hors de Burlington,
dans le Vermont, si le titulaire de la licence Bell lui fournissait des
services télégraphiques en exclusivité, et hors de
Dayton, dans l'Ohio, si l'agent Bell acceptait d'utiliser un émetteur
Edison à la place du Blake partout où un instrument à
batterie était requis. Vail a interprété cela comme
signifiant que seuls les téléphones E e ll seraient utilisés,
puisque le magnéto Bell suffisait partout où il n'y avait
pas d'opposition.
Bien que Vail doutât de la sagesse d'un « arrangement
détaché », il estimait que l'arrangement d'Ormes
établirait un précédent de grande valeur pour les
négociations futures.
Le 8 août 1879, le comité spécial de négociation
de la National Bell Company approuva l'accord d'Ormes et le soumit au
conseil d'administration. Deux semaines plus tard, le contrat tripartite
intégrant l'accord Ormes-Louderback fut signé. Selon ses
termes, James Ormes obtint un contrat exclusif de la National Bell Telephone
Company pour établir des centraux téléphoniques de
district sur son territoire pendant dix ans.
La National Bell conservait toutefois le droit d'établir ou d'octroyer
des licences à d'autres pour l'installation de centraux dans tout
lieu non occupé pendant quinze mois. Si la société
nationale exerçait ce droit, tous ces centraux seraient soumis
aux conditions du contrat d'Ormes.
La National Bell Telephone Company a accepté de céder à
Western Union, en exclusivité et dans la mesure de ses possibilités,
tous les messages collectés par la société. Des échanges
stricts pour la transmission vers d'autres points. Western Union acheminait
ces sièges à des tarifs réguliers et versait à
la compagnie Bell une commission de quinze pour cent sur les tarifs bruts.
Si elle utilisait le téléphone pour la livraison, elle versait
un « prix équitable .
En contrepartie d'une prime ne dépassant pas 1 $ par téléphone
loué dans le Territoire du Sud, la Western Union Telegraph Company,
représentant la Gold and Stock Telegraph Company, l'American Speaking
Telephone Company et la La Harmonic Telegraph Company a accepté
de cesser de louer des téléphones sur place, accordant ainsi
à la National Bell Telephone Company et à ses titulaires
de licence des droits exclusifs sur ce territoire pour les investissements
ou améliorations téléphoniques détenus par
Western Union et ses filiales.
La National Bell Telephone Company ou ses titulaires de licence pourraient
relier les stations télégraphiques Western Union à
tout endroit du territoire dépourvu de ligne ou de bureau Western
Union. La Bell Company a accepté de transmettre exclusivement à
Western Union tous les messages collectés à ces points.
Elle ne se connecterait ni ne coopérerait avec aucune autre compagnie
télégraphique. Si la National Bell Telephone Company construisait
des lignes dans une nouvelle zone et développait des activités
pour la Western Union, cette dernière ne devait pas construire
jusqu'à ces points sans continuer à payer la commission
habituelle sur toutes les activités générées
par ces lignes ou acquérir l'usine de la National Bell Company
au prix coûtant. Afin de conserver le droit de connecter les centraux
téléphoniques de district ou les villes pour les communications
personnelles des abonnés, la National Bell Telephone Company a
accepté que ses lignes ne soient pas utilisées pour la transmission
de messages commerciaux généraux, de cotations boursières
ou d'informations destinées à la vente ou à la publication,
en concurrence avec Western Union ou ses filiales.
Enfin, si Western Union ou ses filiales ses associés souhaitaient
utiliser des téléphones dans le cadre de leurs activités
dans le Territoire du Sud. Ils devaient payer à Bell Company le
même loyer que d'autres parties les utilisant à des fins
similaires.
La Western Union a accepté de n'utiliser aucun instrument, à
l'exception de ceux fournis par la National Bell Telephone Company. Le
contrat tripartite devait rester en vigueur pendant vingt ans, après
quoi chacune des parties pouvait le résilier moyennant un préavis
d'un an. Le contrat stipulait qu'aucune des parties ne pouvait l'utiliser,
ni aucun de ses éléments, au préjudice de l'autre
dans un procès ou un litige en matière de brevets en cours
ou susceptible de survenir.
Le contrat tripartite pour le territoire sud a établi la base générale
sur laquelle les intérêts téléphoniques concurrents
seraient éventuellement harmonisés pour le reste du pays.
Peu après la signature du contrat, Louderback a signalé
que l'agence fusionnée recevait d'importantes commandes de téléphones
Bell. Il avait prédit qu'Ormes et lui feraient une « affaire
magnifique » partout où il n'y avait pas eu de baisse de
taux, puisque le public était parfaitement disposé à
payer. Cela démontrerait ce qu'une consolidation pouvait accomplir.
Il a noté : « Tout le monde nous félicite pour notre
rapprochement, et j'espère que vous aurez également des
raisons de vous féliciter. » Si Louderback pensait que le
public paierait, il pensait également qu'il réagirait de
manière critique s'il apprenait que les intérêts de
Bell et de Western Union avaient été fusionnés. Il
craignait que cela n'accuse l'entreprise consolidée d'être
un monopole dès qu'elle tenterait d'obtenir des prix rémunérateurs.
Par conséquent, Louderback a conseillé de ne pas faire connaître
le règlement et de le faire connaître progressivement au
public. Vail n'était pas d'accord. Il estime qu'il serait préférable
d'annoncer l'accord dans une circulaire parrainée conjointement
par la National Bell Company et la Western Union, a expliqué Vail.
« Cela mettra immédiatement en évidence l'existence
d'un monopole dans ce domaine, mais cela dissipera également tous
les doutes des parties utilisant les téléphones quant à
leur responsabilité en cas de dommages, etc. »
De plus, si lon laissait croire aux gens que la concurrence allait
continuer, ils pourraient retarder la location de téléphones,
espérant en tirer profit.
Lors des négociations avec Ormes et Loudorback, Forbes a demandé
à Chauncy Smith de préciser clairement, lors de ses discussions
avec George Gifford, que si les tribunaux confirmaient les brevets Bell,
Western Union devrait assumer la charge de régler les litiges concurrents
afin de permettre une alliance avec la National Bell Telephone Company.
De plus, Western Union ne pourrait exiger le paiement que des brevets
auxiliaires dont elle était propriétaire. Étant donné
que Forbes estimait que le procès de la société Bell
serait couronné de succès, il estimait que le cinquième
des actions proposées pour Western Union était globalement
excessif. Il suggérait que si les intérêts de la société
Bell rapportaient quelque chose, il faudrait soit 300 000 à
400 000 dollars en espèces, soit 600 000 à 800 000
dollars d'actions sur un total de 5 000 000 dollars. Forbes
souhaitait que Smith avertisse Gifford que si les entreprises concurrentes
devaient saisir les tribunaux pour parvenir à un accord et que
les réclamations de Bell étaient retenues, la société
Bell exigerait des dommages et intérêts pour le préjudice
subi.
Les discussions juridiques semblaient progresser. Smith a indiqué,
confiant, que Gifford, aux fins de négociation, était prêt
à reconnaître la prétention d'Alexander Graham Bell
d'être le premier inventeur du téléphone parlant.
Cependant, alors que Gifford exprimait la volonté de son entreprise
d'utiliser le téléphone, Smith craignait que si le public
se tournait massivement vers le téléphone, Western Union
pourrait tenter d'économiser des commissions en empêchant
son utilisation pour alimenter le télégraphe.
Le 5 août 1879, Smith rapportait à Forbes : « Je suis
convaincu que Clifford souhaite vivement parvenir à un accord,
mais nous n'avons pas encore abordé les questions les plus difficiles.
»
Bien que Forbes ait approuvé l'hypothèse de Gardiner Hubbard
selon laquelle les négociations n'avanceraient pas rapidement,
il a pu lui signaler à la mi-août que des progrès
étaient réalisés et que la Western Union commençait
à voir Bell comme l'inventeur du téléphone. À
la fin du mois, Forbes s'attendait à des « progrès
immédiats »1 dans les accords pour l'ensemble du pays.
La trêve devait expirer le 1er septembre, mais elle a été
prolongée.Des discussions continues étaient nécessaires,
car durant la dernière partie du mois d'août, les principes
du contrat d'Ormes sont devenus la base des négociations pour un
règlement national, pensait Samuel White. Le principe d'Ormes constituait
une capitulation excessive, mais, sur les assurances de Green, il accepta
de l'examiner. Thomas Watson était convaincu qu'un accord national
pourrait être trouvé sur la base du contrat d'Ormes. Il interpréta
la volonté de la Western Union d'exécuter le contrat d'Ormes
comme un avantage lié au manque de confiance de la Western Union
dans ses arguments. Le point de vue de Watson fut rapidement confirmé.
Le principe général du contrat d'Ormes pouvait être
appliqué à l'ensemble du pays, mais divers détails
devaient être précisés.
Par exemple, si l'American Speaking Telephone Company devait faire faillite,
elle ne pourrait pas expédier ses instruments ailleurs, contrairement
à ce qui se fait dans le Sud. Par conséquent, le président
Green a souhaité que la National Speaking Telephone Company reprenne
les actifs téléphoniques de la Western Union à prix
coûtant et reprenne ses contrats sur les commutateurs et les appareils
pour des redevances « insignifiantes ».
Le 3 septembre, le président Green a proposé de régler
la question. Il s'agissait d'une redevance ou d'une prime pour les droits
de brevet et la clientèle de Western Union. Cette proposition a
finalement mis fin à la concurrence. Il a suggéré
une redevance de vingt pour cent du loyer annuel de tous les téléphones
(moins les commissions des agents) et une prime d'au moins 1 dollar par
instrument et par an (sauf dans des conditions particulières où
elle pourrait être réduite à au moins 75 livres).
Aux taux actuels, Green a calculé que les redevances s'élèveraient
à 1 10 $ sur chaque première année de location
et à 1 30 $ par an par la suite. Il a affirmé avoir
eu des difficultés à convaincre la Western Union d'accepter
une si petite part de l'activité. La Western Union estimait toujours,
selon Green, que ses brevets étaient plus solides que ceux de la
Bell Company, mais qu'elle accepterait des compromis au nom de « la
paix et de l'harmonie, et pour éviter les ennuis, les pertes et
les dépenses d'une concurrence acharnée et inutile ».
L'accord pourrait être finalisé dès que plusieurs
questions seraient réglées. Les titulaires de licence Western
Union devraient bénéficier d'une protection complète
et égale à celle des titulaires de licence Bell, et des
échanges bien établis pourraient être maintenus. En
attendant l'harmonisation des intérêts locaux, Tho Gold and
Stock Company devrait conserver son activité privée, tout
en utilisant les instruments Bell.
La société Bell achèterait les actifs téléphoniques
de Western Union au prix réel et assurerait une connexion exclusive
avec Western Union, comme dans le contrat d'Ormes. L'accord devrait être
valable pendant dix-sept ans, soit la durée de vie de chaque brevet,
a expliqué Groen, car un contrat de dix ans, comme dans le cas
d'Ormos, pourrait permettre à la National Telecom Company d'occuper
le marché de la téléphonie, tandis qu'au bout de
dix ans, Western Union devrait repartir de zéro pour valoriser
ses brevets. Green a suggéré que « l'accord soit
conclu pour une durée qui ne laisserait plus aucun sujet de litige
par la suite ».
Contrairement à l'avis de Green, le comité de la National
Gold Company estimait que la prime devait être un simple pourcentage,
sans minimum ni maximum. Il a convenu que la Gold and Stock Company serait
libre d'exercer une activité privée, mais uniquement en
fournissant régulièrement des informations sur le marché
et des cotations. Et la société Eell devrait avoir une déclaration
sur le coût des échanges qu'elle devait assumer. Malgré
ces réserves, Foi'bes a conclu :
"Je ne pense pas qu'il y ait actuellement d'obstacle substantiel
à un accord et si vous pouvez nous présenter les
chiffres afin que nous puissions connaître approximativement les
montants demandés, je pense qu'il est possible de prendre une décision
rapide".
Durant les négociations, la société Bell a continué
à faire pression pour obtenir une prise de position dans l'affaire
Dowd. Western Union a interprété cela comme une tentative
de pression, et Green a averti que la société pourrait réagir
défavorablement. Forbes a expliqué que cette action avait
été prise par les avocats de Bell sans aucune instruction
de la société.
Compte tenu des sentiments de la Western Union, la National Bell Company
a décidé de reporter son contre-interrogatoire. Le mois
de septembre a été consacré à clarifier et
à négocier les points d'opposition que Green avait exposés
dans sa lettre du 3 septembre. La Western Union ne semblait pas pressée
de parvenir à un règlement définitif. Green a expliqué
que « c'est une affaire trop vaste et qu'elle implique trop
d'engagements d'envergure pour être menée à bien,
jusqu'à ce que nous soyons satisfaits ». J'ai été
informé par un avocat qu'il pourrait ne pas être capable
de réaliser une construction qui n'est pas prévue. Toutefois,
le 1er octobre, les différents accords et garanties avaient été
finalisés, et Green a télégraphié à
Forbes qu'il ne craignait aucun problème quant à la ratification
du contrat par son groupe. Le même jour, les administrateurs de
la compagnie Eell ont recommandé que l'accord proposé soit
soumis aux actionnaires. Le 6 octobre, le président Forbes a informé
les sociétés du district que la Western Union et la National
Bell Telephone Company avaient pratiquement conclu un accord par lequel
les intérêts concurrents du secteur téléphonique
seraient unifiés.
La National Bell Company conclurait bientôt avec eux des accords
pour la collecte et la livraison des services télégraphiques,
conformément aux dispositions du règlement. Entre-temps,
les compagnies de district s'interdisaient de prendre des dispositions
concernant ces questions, de peur de mettre en danger leurs intérêts.
L'un des objectifs de cet avis était vraisemblablement de bloquer
toutes les activités de l'American Union Telegraph Company, qui
tentait de faire en sorte que les centrales téléphoniques
lui fournissent des services télégraphiques publics en exclusivité,
en échange d'une commission et d'autres contreparties intéressantes.
Les événements commencèrent alors à se dérouler
sans heurts et rapidement. Forbes consulta le juge Ebenezer R. Hoar, qui
déclara le contrat clairement et fermement rédigé.
Il ne fit qu'une ou deux suggestions concernant sa construction. Smith
rapporta que les négociations avec George Gifford concernant le
contrat avaient également été conclues.
Lors de l'assemblée extraordinaire des actionnaires du 24 octobre,
cinquante-cinq actionnaires de la société Pell, représentant
6 862 actions sur un total de 8000 £, étaient présents.
Après lecture d'un résumé du projet de contrat, ils
ont voté à l'unanimité que le président, le
trésorier et le secrétaire de la société étaient
autorisés à signer et à délivrer un accord
avec Western Union. Il devait être préparé conformément
à un accord signé par les comités spéciaux
des sociétés concernées (24 septembre 1899), avec
les modifications qui pourraient être approuvées par le conseil
d'administration.
Cette même assemblée des actionnaires a autorisé la
vente des biens de la National Boll Company à une nouvelle société
devant être constituée avec un capital de 10 000 000 $.
Les finances de la National Bell Telephone Company étaient donc
intimement liées au règlement de la Western Union. Le 12 novembre 1879, les directeurs ont déclaré
que l'accord entre la National Union Telephone Company et la Western Union
Telegraph Company, daté du 10 novembre 1879, était «
autorisé, approuvé, ratifié et confirmé ».
Ils ont également créé un comité doté
des pleins pouvoirs pour régler tous les différends entre
les parties en conflit sur tout territoire mentionné dans le contrat
et pour conclure de nouveaux contrats avec toutes les parties. Conformément
au précédent établi dans le contrat d'Ormes, l'accord
du 10 novembre 1879 fut conclu entre la Western Union Telegraph Company
pour elle-même et la Gold and Stock Telegraph Company, l'American
Speaking Telephone Company, l'Harmonic Telegraph Company et la National
Bell Telephone Company. Selon ce contrat, la National Telephone Company
a accepté de verser à Western Union une « redevance
ou prime » de vingt pour cent, après déduction
des commissions et de certaines indemnités, sur tous les téléphones
utilisés aux États-Unis.
Le loyer standard était fixé à 10 $ par an pour
un seul instrument et à 15 $ par an pour une paire. La société
Bell pouvait modifier ses loyers avec le consentement de la Western Union,
mais aucune modification ne devait réduire la redevance de la Western
Union à moins de 1,00 $ pour chaque instrument et à 1,80
$ pour chaque paire. Si les deux sociétés ne parvenaient
pas à s'entendre sur une modification des loyers, des arbitres
devaient être nommés.
La Western Union devait prendre en charge vingt pour cent des frais juridiques
engagés par la Bell Company pour défendre ses droits téléphoniques.
La Western Union a accordé à la National Bell Company une
licence exclusive pour fabriquer et utiliser des téléphones
en vertu de ses brevets téléphoniques. Elle a également
accepté d'acquérir les nouvelles inventions de Phelps et
Edison et d'accorder une licence d'exploitation à Bell Company,
contre remboursement de leurs coûts. Ce contrat a été
interprété comme une libération des parties de toute
réclamation pour contrefaçon de brevet faisant l'objet de
poursuites. La Western Union a accepté de se retirer de la fabrication,
de la location et de l'utilisation des téléphones et de
coopérer avec la Bell Company pour étendre l'utilisation
des téléphones en mettant à disposition ses lignes,
poteaux et structures. L'accord prévoyait le transfert de tous
les échanges Western Union, à l'exception de ceux situés
dans un rayon de trente-trois milles autour de l'hôtel de ville
de New York et de ceux couverts par le contrat Ormes. Il a établi
une série de grilles horaires selon lesquelles les centraux téléphoniques
de la Western Union devaient être ajustés et transférés.
La National Bell Telephone Company conservait le droit de connecter les
systèmes de centraux téléphoniques pour les conversations
personnelles, mais pas pour les messages commerciaux généraux,
les cotations boursières ou les nouvelles destinées à
la vente ou à la publication, en concurrence avec la Western Union
ou la Gold and Stock Company. En fait, La National Bell Company devait
empêcher la transmission de ce type d'informations sur ses propres
lignes ou celles des sociétés qu'elle contrôlait.
La National Bell Company acceptait de transmettre à la Western
Union tous les messages télégraphiques, dans la mesure où
la loi le lui permettait. La Western Union devait les transmettre et verser
à la National Bell Company une commission de quinze pour cent.
Si la National Telephone Company construisait des lignes secondaires pour
les entreprises de télécommunication générale,
la Western Union paierait une commission de quinze pour cent, plus des
frais supplémentaires pour la transmission de ces messages.
Les poursuites et interférences existantes devaient être
réglées selon les conseils des avocats des sociétés
Western Union et National Bell, sous réserve des ordonnances des
tribunaux et des conclusions de l'Office des brevets.
La National Bell Telephone Company devait tenir une comptabilité
de tous les instruments, qui devait être mise à la disposition
de la Western Union trimestriellement et à tout moment raisonnable.
Le contrat devait être en vigueur pendant dix-sept ans à
compter du 1er novembre 1879 et couvrait l'ensemble des États-Unis,
à l'exception du territoire couvert par le contrat d'Ormes, lequel
territoire serait inclus à l'expiration de ce contrat. Il devait
s'appliquer aux successeurs de chaque partie, et aucune disposition ne
devait être interprétée comme imposant une obligation
illégale à l'une ou l'autre des parties.
L'accord fixait une limite à la mesure dans laquelle le téléphone
pouvait être utilisé en concurrence avec le télégraphe,
car un central ne pouvait pas dépasser un rayon de quinze milles.
En retour, la compagnie Bell obtint le monopole du secteur téléphonique.
La valeur de cet accord fut rapidement appréciée. Le 11
novembre 1879, un jour après la signature de l'accord, trois actions
de la National Bell Telephone Company furent vendues à 1 000
$ l'action. Quatre jours plus tard, Hayes et Henshaw vendaient les actions
de la National Bell à 977,50 $ l'action, soit une hausse de 72,50
$ par rapport à leur dernier prix de vente de septembre.
Avec la signature de l'accord, les signataires ont procédé
à l'organisation des détails des transferts de téléphones
et des centraux. Naturellement, des désaccords sont apparus sur
la signification exacte de diverses dispositions, notamment sur la question
de savoir si la Bell Company était tenue ou non de recevoir des
instruments défectueux de la Western Union.
Un obstacle majeur au transfert rapide des propriétés téléphoniques
résidait dans la difficulté de consolider les centraux concurrents
lorsque des tiers bénéficiaient de droits exclusifs. La
National Bell Company ou la Western Union. Ces tiers refusaient souvent
de convenir de conditions permettant la consolidation de leurs échanges.
Samuel White a suggéré que Thomas Cornish, le titulaire
de la licence Bell à Philadelphie, refusait de coopérer
car il estimait que la National Bell Company était obligée
de l'aider dans son combat contre l'échange adverse et qu'elle
poursuivrait donc ses actions contre cet adversaire. En réalité,
Gardiner Hubbard, propriétaire de la bourse de Philadelphie, exhortait
Cornish à retarder le règlement des affaires, arguant que
plus le délai était long, meilleures seraient les conditions
du règlement.
Là où la National Bell Company ou la Western Union conservaient
le contrôle exclusif, les transferts de propriété
et les échanges étaient plus rapides, non sans quelques
désaccords.
La National Bell Company a informé ses agents réticents
à acheter les échanges de leurs concurrents que c'était
une condition nécessaire, non seulement pour mettre fin à
la concurrence, mais aussi Il est également possible d'obtenir
une licence en vertu des brevets de la Western Union.
Vail a expliqué à ceux qui remettaient en question les prix
qu'ils payaient.
"La seule façon d'aborder la question est de se demander combien
cela vaut-il pour vous d'être entièrement soulagé
de l'opposition, et de décider qu'une certaine partie de la somme
dépensée pour l'usine sera payée pour ce soulagement
et cela seul".
Le conseil d'administration de la National Bell Telephone Company autorisa
l'octroi de prêts aux sociétés de centraux locaux
à cette fin.
Malgré les retards et les désaccords, les administrateurs
du successeur de la National Bell Company rapportèrent en mars
1881 qu'à une exception près, tous les centraux de la Western
Union avaient été achetés et revendus à des
titulaires de licences Bell.
Ainsi, seize mois plus tard, la National Bell Company Après la
signature de l'accord, la société Bell a pris le contrôle
de cinquante-cinq bourses d'échange opposées pour un coût
de 325 160,06 $. De ce montant, la société nationale
Bell a conservé la bourse de Boston, évaluée à
26 000 $, et a cédé le solde à ses quatre
titulaires de licence pour 267 187,98 $. La société
Bell a également acquis environ 35 000 téléphones
opposés de différents styles. Selon ses propres calculs,
la société mère a subi une perte de 31 972,08 $.
Les cessionnaires de la Bell Company ont conclu :
"Cet accord peut être considéré comme satisfaisant,
car il y avait beaucoup de gaspillage et de mauvaises constructions de
la part des bourses adverses, pour lesquelles nos licenciés n'étaient
pas disposés à payer. Pourtant, il était de la plus
haute importance de stabiliser l'ensemble du pays et de le soumettre à
un seul système".
Un journaliste mal informé a expliqué que l'accord avec
Western Union n'était qu'un autre exemple de la pratique habituelle
de cette entreprise consistant à étrangler son concurrent
à ses débuts. Il a suggéré que la Bell Company
avait été trompée par les « manipulations
astucieuses des intérêts communs de Vanderbilt ».
Or, c'était tout le contraire, tant en ce qui concerne les causes
que les effets de l'accord.
La Bell Company considérait son accord avec la Western Union comme
un succès, dû en grande partie à la solidité
de sa position en matière de brevets. Chauncy Smith a expliqué :
"Après que les faits de laffaire aient été
pleinement exposés, les avocats avisés et perspicaces de
Western Union Tel. Co. étaient convaincus que M. Bell aurait gain
de cause. Ce règlement reposait sur lhypothèse et
la reconnaissance que le brevet Bell était valide et quil
couvrait tous les appareils connus".
L'avocat de la Western Union, George Gifford, a confirmé cette
interprétation. Il a déclaré en 1882 :
" La Western Union Company a présenté une défense
très vigoureuse et a recueilli des témoignages longs et
coûteux pour étayer sa réponse. Après
la clôture des témoignages, j'étais convaincu des
deux côtés, que Bell était le premier inventeur du
téléphone, que le défendeur, Dowd, avait contrefait
le brevet de Bell en utilisant des téléphones intégrant
des transmetteurs de carbone et des microphones, et qu'aucun des moyens
de défense invoqués ne pouvait prévaloir contre lui.
J'ai donc conseillé Western Union à cet effet. et que la
meilleure politique était de parvenir à un règlement
avec les plaignants".
La National Electronic Company n'a pas cherché à obtenir
un règlement judiciaire de l'affaire Dowd, car la Western Union
et ses alliés avaient intenté des poursuites contre elle
dans plusieurs villes, affirmant que leurs brevets couvraient certaines
caractéristiques essentielles du téléphone. Bien
que la société Bell ait cru pouvoir se défendre contre
ces poursuites, elle n'était pas certaine de réussir. Par
conséquent, afin de se protéger et de protéger ses
abonnés contre tout litige, elle a accepté une licence exclusive
sur l'ensemble des brevets de la Western Union. Toutefois, le règlement
a été conclu sur la base de la suprématie des droits
de la National Bell Telephone Company en vertu des brevets Bell. Gifford
a également souligné que les brevets et les revendications
de Western Union avaient renforcé sa position. Outre les conseils
de son avocat, d'autres facteurs ont incité la Western Union à
faire des compromis plutôt qu'à utiliser sa supériorité
et ses ressources contre la Bell Company. Le principal facteur semble
avoir été sa préoccupation face à la concurrence
croissante de Jay Gould et de l'American Union Telegraph Company. Tout
au long des négociations de la Western Union avec la National Bell
Company, l'American Union a fait des rapprochements avec la Bell Company
et ses licenciés. Elle a cherché à établir
des connexions téléphoniques qui renforceraient non seulement
ses propres intérêts, mais aussi ceux de Bell dans sa lutte
contre la Western Union.
Au milieu de l'été 1879, Jay Gould était un acteur
important et en pleine croissance dans l'industrie télégraphique.
Il était en opposition avec la Western Union Telegraph Company,
contrôlée par des actionnaires conservateurs de l'Est, principalement
intéressés par la préservation de la situation financière
et des revenus de l'entreprise, dirigée par William H. Vandeerbilt.
Apparemment, Vandeerbilt manquait de courage et de caractère. ,
ou une personnalité à la fois importante et importante dans
les batailles corporatives de l'époque.
Un historien a conclu que les attaques répétées de
ses adversaires l'avaient contraint à une stratégie négative.
Il était incapable d'élaborer des plans mûrs et bien
conçus pour vaincre son adversaire et l'obliger, et non lui-même,
à demander la paix. Et lorsque l'opposition persistait dans son
agressivité, il recherchait fréquemment la paix. Il devint
ainsi l'un des plus grands partisans de l'apaisement du pays.
Ainsi, face à la perspective d'une lutte avec Jay Gould et après
avoir été informé par son avocat que ses revendications
téléphoniques étaient juridiquement faibles, il n'est
pas surprenant que la direction de la Western Union ait été
compromise à l'automne 1879.
Épilogue
La disparition de la menace Western Union et la création de l'American
Bell Telephone Company, dotée de ressources financières
suffisantes, ont marqué la fin des phases de développement
commercial du téléphone et le début de sa maturité.
Les Bell intérêts ont continué à étendre
et à développer le système téléphonique
commencé au début de cette période. Ce faisant, ils
ont été confrontés à de nombreux défis
techniques, économiques et politiques majeurs, mais les décisions
et les politiques de cette période formatrice ont permis aux héritiers
commerciaux d'Alexander Graham Bell de les surmonter et de créer
« le troisième plus grand service public et la plus grande
entreprise du monde ».
Alexander Graham Bell était la bonne personne au bon endroit au
bon moment lorsqu'il a inventé le téléphone. Il avait
un enthousiasme naturel pour la recherche scientifique, et désirait
récolter les fruits d'une société technologique en
plein développement, capable de financer une invention accélérant
les communications. Il possédait les compétences requises,
et il était formé par sa profession de professeur d'art
oratoire. De plus, Bell vivait à Boston, un centre de ressources
intellectuelles et financières. Bell était depuis longtemps
fasciné par le problème de l'accélération
des communications et c'est en travaillant sur un système de télégraphie
multiple qu'il a inventé le téléphone. Il a obtenu
un soutien financier pour ses expériences télégraphiques
grâce à ses contacts en tant qu'enseignant permanent auprès
des sourds-muets.
Le fils du marchand de cuir Thomas Sanders était l'un des élèves
de Bell, et Gardiner G. Hubbard, un avocat fortuné, était
président d'une école pour les sourds-muets que Bell enseignait.
À l'automne 1874, Sanders et Hubbard proposèrent de financer
les expériences télégraphiques prometteuses de Bell
en échange d'une part égale dans toute invention qu'il pourrait
breveter. Hubbard était particulièrement enthousiaste à
propos des expériences télégraphiques de Bell, car
elles résultaient de son intérêt général
pour la télégraphie. Hubbard critiquait depuis longtemps
ce qu'il considérait comme le refus de la Western Union Telegraph
Company de les utiliser. Il a également proposé au Congrès
un plan visant à créer une nouvelle compagnie de télégraphie
qui remplacerait la Western Union comme principale compagnie de télégraphie
du pays.
Le partenariat informel entre Bell, Sanders et Hubbard est devenu la base
de la Bell Patent Association, la première organisation juridique
du système téléphonique de Bell. Initialement, la
Bell Patent Association a été créée pour exploiter
les inventions télégraphiques de Bell. Suite à ses
relations télégraphiques, Gardiner Hubbard a organisé
plusieurs tests des inventions télégraphiques de Bell avant
la Western Union. Bien que ces tests aient été techniquement
réussis, le président William Orton a exprimé la
réticence de son entreprise à développer l'invention
de Bell en raison des critiques et attaques passées de Hubbard.
Cet épisode marqua le début d'une sérieuse rivalité
entre les intérêts de Bell et la Western Union.
En juin 1875, Bell découvrit que le son pouvait être transmis
et reproduit électriquement. Il en élabora rapidement les
principes et les transposa à un modèle fonctionnel. Cependant,
ce n'est qu'en février 1876 qu'un brevet fut demandé pour
ce téléphone, car Bell attendait qu'un voisin canadien,
un soutien potentiel, dépose une demande de brevet anglais. En
février, Hubbard craignait de retarder davantage la demande américaine
et, à l'insu de Bell, déposa son mémoire descriptif
pour un brevet de téléphone. La décision de Hubbard
de déposer sa demande au moment opportun s'est avérée
très judicieuse, car quelques heures plus tard, le même jour,
un autre inventeur, Elisha Gray, a déposé une mise en garde
pour sa propre invention téléphonique. En raison du dépôt
antérieur de Hubbard, une interférence temporaire contre
la demande de Bell a été abandonnée et Bell a rapidement
reçu un brevet pour son téléphone. Ce brevet signifiait
que les associés de Bell détenaient le contrôle et
la disposition exclusifs du téléphone. Il aurait été
très difficile, voire impossible, pour les intéressés
de maintenir leurs revendications face à divers contestataires
sans ce brevet. S'ils en étaient propriétaires et ont pu
le faire, c'est en grande partie grâce à la décision
de Hubbard.
En septembre 1876, le partenariat s'élargit lorsque Thomas A. Watson
reçut une part minoritaire en échange de ses services mécaniques
et électriques.
Watson, en tant qu'employé de l'atelier d'électricité
de Charles Williams, avait collaboré étroitement avec Bell
au développement de ses inventions télégraphiques
et téléphoniques.
Peu après avoir reçu son brevet téléphonique,
Bell lança une campagne pour faire connaître son invention.
Il commença par réaliser des démonstrations et des
expériences pour la communauté universitaire et scientifique
de Boston. Son invention gagna rapidement l'attention locale. Bell établit
sa réputation nationale et internationale après avoir présenté
avec succès son téléphone à Sir William Thomson,
considéré comme l'un des plus grands électriciens
au monde, à l'Exposition du Centenaire de l'été 1876.
Ce n'est qu'après que Sir William Thomson eut approuvé l'invention
de Bell que le public américain remarqua Bell et son téléphone.
Suite à la publicité croissante, Bell commença à
recevoir des demandes de renseignements et des propositions commerciales
concernant son invention. Cependant, pendant que ces propositions étaient
à l'étude, il avait besoin d'argent pour exploiter ses brevets
étrangers et pour pouvoir épouser Mabel Hubbard, la fille
de Gardiner Hubbard. Ce besoin, ainsi qu'une démonstration réussie
devant l'Institut Essex de Salem, incitèrent Bell à donner
une série de conférences publiques au printemps et à
l'été 1877.
Bien que ces conférences aient été un succès
artistique et technique, elles ne se sont pas révélées
aussi gratifiantes financièrement que Bell l'avait espéré.
Ils ont toutefois fourni des fonds immédiats, ce qui a permis à
Bell de résister aux suggestions selon lesquelles les téléphones
Bell devaient lever des fonds immédiatement. Cette décision
de ne pas les vendre a rendu possible la politique ultérieure de
location de téléphones, qui a donné naissance au
système Bell.
En mars 1877, l'Association des brevets décida de rendre le téléphone
accessible à un usage commercial. Les premiers téléphones
furent loués par de jeunes hommes d'affaires de Boston, qui appréciaient
son utilité dans la conduite de leurs affaires. Fin juin 1877,
234 téléphones étaient en usage public. La décision
de l'Association des brevets de louer plutôt que de vendre des téléphones
reposait sur la connaissance qu'avait Hubbard du cabinet en tant que conseiller
juridique dans le secteur des machines de tir, et également sur
le fait que la politique de location permettrait aux parties prenantes
d'exercer un plus grand contrôle sur leurs instruments. La levée
de capitaux s'est avérée être un problème majeur
pour l'association. Elle a échoué non seulement à
cause de la pression exercée par Western Union sur les investisseurs
potentiels, mais aussi parce qu'elle a refusé de céder tout
contrôle sur l'activité téléphonique en échange
de nouveaux capitaux. En attendant de trouver des investisseurs disposés
à accepter leurs conditions irréalistes, les détenteurs
de brevets prévoyaient d'utiliser leurs propres ressources financières,
combinées à leurs recettes actuelles, pour développer
leur activité. En juillet 1877, la Patent Association fut remplacée
par la Bell Telephone Company, une association bénévole.
Hubbard, en tant que fiduciaire, continua de gérer les intérêts
de Bell. Sa nomination comme fiduciaire était logique. Il avait
fait preuve d'un excellent jugement dans plusieurs décisions clés,
possédait la personnalité idéale pour promouvoir
le téléphone et, en tant que membre de la Commission spéciale
sur le transport postal ferroviaire, il a su attirer l'attention de nombreuses
personnes influentes sur le téléphone. Comme Hubbard contrôlait
la majorité des actions de l'entreprise (grâce à ses
propres actions et à celles de sa fille et de son gendre), il gérait
l'entreprise comme un dictateur, au grand dam de Thomas Sanders.
L'incapacité des titulaires de brevets à lever des capitaux
à des conditions acceptables et leur pénurie de fonds ont
largement déterminé la manière dont ils ont commercialisé
le téléphone. Par exemple, leur manque de capitaux les a
contraints à faire appel à la population et aux fonds locaux
pour développer le téléphone localement, tout en
conservant une autorité générale. Le syndic a signalé,
le 1er août 1877, que des agents avaient été nommés
pour louer des téléphones et que des négociations
étaient en cours avec d'autres. Nombre des premiers agents ont
été initiés au téléphone par Bell ou
Hubbard. Cependant, la plupart d'entre eux ont commencé à
se connecter au secteur de la téléphonie à la suite
de leurs propres recherches. Nombre d'entre eux étaient déjà
en contact avec certains aspects du secteur des communications électriques.
Les termes des contrats d'agence variaient d'un endroit à l'autre.
Certains contrats concernaient des villes, des sections d'un État,
un État entier, voire un groupe d'États. Les agents étaient
généralement rémunérés par une commission
de 40 % sur le loyer de la première année et une commission
moindre sur les loyers des années suivantes. Les commissions étaient
sujettes à des variations selon la localisation et les problèmes
de chaque agent. Les contrats étaient généralement
conclus à la discrétion de la société mère.
Les premières agences Bell ont été créées
principalement pour fournir des instruments aux lignes privées.
Cependant, l'idée de connecter des intervenants sur des lignes
distinctes a rapidement émergé, et les fonctions des agences
ont commencé à évoluer. La première connexion
téléphonique publique a eu lieu le 17 mai 1877 à
Boston, au bureau d'alarme anti-cambriolage de S.T. Holmes. Le premier
central téléphonique commercial a ouvert ses portes un an
et demi plus tard à New Haven. Ce système central est progressivement
devenu la principale caractéristique du secteur de la téléphonie.
Outre les divers problèmes rencontrés par les agents lors
du lancement de toute nouvelle activité, ils étaient fréquemment
confrontés à une pénurie d'instruments. Cette pénurie
et les retards qui en résultaient sont devenus particulièrement
critiques lorsque Western Union a commencé à proposer ses
propres téléphones au public. L'atelier d'électricité
de Charles Williams était le seul fabricant de téléphones
pour la compagnie de téléphone Bell. Mais, pour une raison
inconnue, il était incapable de produire suffisamment d'instruments.
Les demandes de Williams à la compagnie Bell pour obtenir des avances
afin d'agrandir ses installations, et surtout, ses demandes de paiement
des factures impayées, ont lourdement pesé sur les finances
déjà mises à rude épreuve de la compagnie
Bell. Williams était principalement responsable de la fabrication
des téléphones, et non du perfectionnement de leur fonctionnement.
Cette tâche fut confiée à Watson et à d'autres
lorsque Bell partit pour un séjour de dix-huit mois en Europe afin
de développer ses droits de brevet anglais. La compagnie Bell s'appuyait
fortement sur ses agents et sur des scientifiques et inventeurs indépendants
pour améliorer son équipement téléphonique.
Leurs efforts combinés firent du téléphone Bell un
instrument de communication amélioré et en constante évolution.
En octobre 1877, après seulement six mois d'exploitation, la compagnie
Bell comptait 2 000 téléphones en service et, à
la fin de l'année, elle avait livré 5 319 appareils
à ses agents. La décision des titulaires du brevet d'exploiter
l'entreprise sur la base des recettes courantes s'avéra irréalisable.
L'entreprise en pleine croissance nécessitait des fonds supérieurs
à ses revenus actuels, d'autant plus qu'elle ne parviendrait à
amortir le coût de ses instruments qu'à long terme, car elle
louait des téléphones plutôt que de les vendre. Hubbard
rejeta la solution évidente, suggérée par Sanders,
consistant à créer une nouvelle société avec
de nouveaux investisseurs, car cela l'aurait obligé à céder
une partie de son contrôle sur la gestion de l'entreprise.
Le refus de Hubbard de suivre les suggestions de Sanders pour la création
d'une société bien dotée en fonds devint une source
majeure de désaccord entre les deux associés. Sanders, qui
fournissait la majeure partie du capital, en raison de la quasi-faillite
de Hubbard, chercha à se libérer de ses charges financières.
Sa volonté de réorganiser l'entreprise était peut-être
en partie motivée par la volonté de diluer le contrôle
de Hubbard. À mesure que l'activité de la Bell Company se
développait, il devint nécessaire d'embaucher un directeur
général à temps plein. Hubbard contribua significativement
au développement de l'entreprise en embauchant Theodore Vail, ancien
du Railway Mail Service. À mesure que le pouvoir de Hubbard diminuait
progressivement en raison des réorganisations de l'entreprise,
Vail exerça une influence croissante sur la direction de l'entreprise.
Lorsque la Bell Telephone Company mit définitivement fin à
son existence légale en août 1878, elle avait réalisé
un bénéfice net de 25 000 dollars et expédié
12 484 téléphones à ses agents. Les plaintes
constantes de Sanders concernant la situation financière difficile
de l'entreprise persuadèrent finalement Hubbard d'accepter la création
d'une société chargée d'exploiter l'activité
téléphonique en Nouvelle-Angleterre. Bien que Sanders aurait
préféré la réorganisation de la société
mère, il a accepté la création de la New England
Telephone Company en février 1878.
Le capital de la société a été porté
à 200 000 dollars ; la moitié de ce capital a
été cédée à la Bell Company en échange
du droit exclusif d'exploitation en Nouvelle-Angleterre. Les actions,
ainsi que les fonds provenant de la vente par la Bell Company de ses biens
situés dans l'État de Nouvelle-Angleterre à la New
England Company, n'ont apporté à Sanders qu'un soulagement
financier temporaire. La New England Company était importante non
seulement parce qu'elle a créé un précédent
pour la création d'entreprises régionales, mais aussi parce
que nombre de ses propriétaires sont devenus plus tard des investisseurs
de la société mère.
Les intérêts de Bell ont été confrontés
à des contrefaçons presque dès le début de
la commercialisation du téléphone. Leur plus grand défi,
cependant, est venu de Western Union, qui, après avoir rejeté
une offre d'achat du brevet de Bell, a rapidement compris l'erreur de
sa décision et a pris des mesures pour rivaliser avec les intérêts
de Bell pour le contrôle du secteur émergent de la téléphonie.
La Harmonic Telegraph Company, qui contrôlait les inventions et
les applications brevetées d'Elisha Gray, et la Gold and Stock
Telegraph Company, filiale de la Western Union, créèrent
l'American Speaking Telephone Company pour exploiter une activité
téléphonique concurrente, fondée sur les revendications
concurrentes de divers inventeurs. Bien que la Western Union ne fût
techniquement pas impliquée, il était clair pour tous qu'elle
exerçait une influence dominante. Bien que les deux parties aient
très tôt appelé à un règlement négocié
et que des contacts aient été établis à cette
fin, le compromis était moins envisageable au début que
plus tard. Chaque camp était convaincu de posséder des avantages
supérieurs et souhaitait donc tester son adversaire. Sanders, conscient
des conséquences financières d'un combat avec la Western
Union, était plus réticent que Hubbard ou Watson.
Renforcé par les assurances de ses avocats selon lesquelles les
agents de Bell et leur expérience étaient supérieurs
à ceux de la Western Union, Hubbard attendait le combat avec impatience.
Western Union a tiré profit de sa solidité financière
supérieure. Elle a fait davantage de publicité et proposé
ses instruments à des tarifs plus avantageux que les agents de
Bell. Elle a découragé les investisseurs et abonnés
potentiels de Bell. Western Union a utilisé son influence télégraphique
pour dissuader les entreprises de télégraphie locales d'adopter
les instruments Bell.
Comme les agents de Bell n'étaient pas habilités à
modifier les tarifs de location des téléphones, ils se tournèrent
vers la société mère, ainsi que vers leur propre
ingéniosité, pour obtenir de l'aide dans la lutte contre
leurs adversaires. Ils firent appel à la société
Bell pour leur fournir des instruments comparables à ceux de Thomas
Edison, proposés par la Western Union. Ils ont également
exhorté la société mère à engager des
poursuites judiciaires contre les contrevenants. Les poursuites ont été
retardées en raison d'un désaccord entre Hubbard et Sanders
concernant le moment opportun pour les engager. Hubbard a insisté
pour une action immédiate, mais Sanders, protestant contre l'engagement
de nouvelles obligations financières alors que les anciennes n'avaient
pas encore été respectées, a conseillé un
report et a obtenu gain de cause. En 1877, la menace de la concurrence
semble avoir été plus grande que sa réalité.
La Western Union n'était pas encore prête à s'engager
dans une concurrence à grande échelle. Avec l'intensification
de la concurrence après janvier 1878, l'activité de la Bell
Company déclina, bien qu'il ne soit pas certain que cela soit uniquement
dû aux effets de la concurrence. En fait, certains responsables
de Bell pensaient qu'une légère activité de Western
Union stimulerait l'activité.
Réagissant à la pression exercée par Western Union
à Chicago, Hubbard fit venir d'urgence un agent de Bell pour établir
un échange téléphonique. L'action de Hubbard, dont
Sanders n'a été informé qu'après son intervention,
a eu pour conséquence d'impliquer la société mère
dans une confrontation directe avec ses opposants.
Par conséquent, la Bell Company a été contrainte
de fournir des fonds de son trésor limité pour financer
la construction de sa bourse et se lancer dans d'autres pratiques concurrentielles.
Les appels constants de Sanders à la réorganisation de la
Bell Company avec un capital plus important ont conduit à la coopération
réticente de Hubbard. Il a généralement critiqué
les propositions de Sanders, car il pensait qu'elles avaient été
conçues par Sanders et les investisseurs de la Nouvelle-Angleterre
pour le dépouiller de son contrôle.
Après de nombreuses négociations, compliquées par
la séparation géographique des mandants, Hubbard accepta
finalement un plan qui consoliderait la New England Company et la Bell
Company. Les investisseurs de la New England Company ont rejeté
le concept de consolidation en raison d'une certaine préférence
et d'une certaine sécurité sous la forme de leur organisation
distincte, tandis que d'autres s'opposaient à ce que les détenteurs
de brevets contrôlent l'argent qu'ils (investisseurs NET) avaient
versé à la société. La consolidation fut temporairement
abandonnée et la Bell Telephone Company fut constituée en
société par actions avec un capital de 450 000 $.
Trois mille actions du capital social (d'une valeur nominale de 100 $
chacune) furent cédées à l'ancienne Bell Company,
ainsi que 40 000 $ pour ses biens. Mille cinq cents actions
furent utilisées d'une manière ou d'une autre pour lever
50 000 $ en espèces. La nouvelle Bell Company adopta
essentiellement les mêmes statuts que ceux de la New England Company,
à l'exception de la création d'un comité exécutif
chargé de gérer les affaires de la société
et de l'adoption d'un article doublant le droit de vote des investisseurs
en numéraire. Les détenteurs de brevets furent ainsi contraints
de partager leur contrôle avec les nouveaux investisseurs. Le 30
juillet 1878, la Bell Telephone Company a officiellement vu le jour.
La nouvelle organisation n'a pas sensiblement modifié les opérations
de l'entreprise.
Les agents ont continué à faire face à bon nombre
des anciens problèmes. Compte tenu de la capacité persistante
de Williams à fournir des quantités suffisantes d'instruments,
la Bell Company a commencé à explorer la possibilité
d'octroyer des licences à d'autres fabricants.
Au cours de cette période, la Bell Company a résolu au moins
un problème majeur : elle a produit un transmetteur comparable
à celui d'Edison en termes de qualité et de principe. La
Bell Company a acheté les demandes de brevet d'Eknile Berliner,
qui prétendait avoir devancé Edison en inventant le principe
microphonique utilisé dans l'émetteur Edison.
En combinant les revendications de Berliner avec l'instrument acheté
à Francis Blake, la compagnie Bell a pu atténuer la concurrence
de l'instrument Edison. Les négociations entre la compagnie Bell
et la Western Union ont continué d'échouer. La Western Union
a refusé d'envisager tout plan qui ne lui donnerait pas le contrôle
de l'activité téléphonique. Malgré l'échec
du compromis, un accord fut trouvé prévoyant le maintien
de prix similaires. Cet accord ne fut pas uniformément favorable
et, en mars 1879, la Bell Company décida de réduire ses
tarifs afin de permettre à ses agents de concurrencer plus efficacement.
De cette façon, la Bell Company défendait également
ses intérêts juridiques contre ses adversaires. En septembre
1878, elle intenta un procès contre Peter A. Dowd, un agent de
la Gold and Stock Company. Le véritable défendeur était
bien sûr la Western Union. La défense tenta d'établir
qu'Elisha Gray était le principal inventeur du téléphone.
L'avocat de Bell a nié cette affirmation. Même si les dates
auxquelles Gray prétendait avoir inventé ses divers instruments
étaient admises, il n'était pas allé au-delà
de la simple expérimentation, et ce, à une date postérieure
à celle des travaux de Bell. Il n'avait obtenu aucun résultat
utile. De plus, Gray n'avait ni compris ni expliqué la théorie
de la transmission téléphonique de la parole comme Bell
l'avait fait. Durant les neuf mois de recueil des témoignages dans
l'affaire Dowd, les négociations entre les parties adverses reprirent
et, en novembre 1879, un compromis fut trouvé. Par conséquent,
l'affaire Dowd fut tranchée par un jugement de consentement et
ne fut jamais entendue.
Malgré une concurrence croissante, la Bell Telephone Company continua
de progresser dans la location de ses instruments.
À la fin de ses sept mois d'existence, elle avait expédié
12 964 instruments, contre 12 262 expédiés au
cours des douze mois d'existence de son prédécesseur.
Les exigences financières de la bourse de Chicago ont continué
d'exercer une pression financière sur la trésorerie de la
Bell Company. En décembre, un nouveau groupe d'investisseurs, dirigé
par William H. Forbes, fils de John Murray Forbes, a temporairement reconstitué
la trésorerie épuisée de la société.
Peu après leur admission à la direction de l'entreprise,
ces investisseurs ont pris connaissance de l'étendue de ses obligations
financières. Hubbard a de nouveau été contraint d'accepter
une nouvelle réorganisation pour obtenir des fonds supplémentaires.
Pour des raisons juridiques et techniques, il a été décidé
de dissoudre la société Bell et de créer une nouvelle
société dotée d'un capital plus important. Cette
occasion a également permis de réunir la New England Telephone
Company et sa société mère. Le processus de réorganisation
a déclenché une lutte de contrôle entre les détenteurs
de brevets d'origine et les nouveaux investisseurs. Soutenu par son beau-fils,
Hubbard résista à tous les efforts visant à le destituer
de la présidence et de la direction active de l'entreprise. Les
investisseurs étaient favorables à ce que Hubbard reste
président tant qu'il ne serait qu'une figure de proue. Ils étaient
très critiques à l'égard de la direction précédente
de Hubbard et ne le croyaient pas qualifié pour diriger l'entreprise
en pleine croissance. Le problème fut finalement résolu
en confiant la direction des affaires de l'entreprise à un conseil
d'administration composé de onze membres. Le conseil devait créer
un comité exécutif chargé de cette responsabilité.
Hubbard et Sanders figuraient parmi les personnes nommées à
ce poste. Ainsi, l'intérêt initial pour le brevet était
clairement représenté au plus haut niveau de la direction,
bien qu'il ne puisse exercer aucune influence de contrôle.
La National Telephone Company a été créée
en mars 1879 avec un capital de 850 000 $. Deux mille actions
ont été distribuées, action pour action, aux actionnaires
de la New England Telephone Company.
Quatre mille cinq cents actions ont été distribuées
sur la même base aux actionnaires de la compagnie de téléphone
E e ll. Sept cent cinquante actions ont été vendues conformément
à un accord antérieur, et 1 250 actions ont été
détenues par le trésorier pour être vendues selon
les besoins.
La nouvelle direction a presque immédiatement commencé à
éliminer ce qu'elle considérait comme des pratiques non
commerciales initiées par ses prédécesseurs. Elle
a régularisé et standardisé de nombreux aspects de
ses relations avec ses agences et ses bourses.
Le principal problème de la nouvelle société et de
ses agents était la menace persistante de Western Union. La Bell
Company présentait à ses agents une image de force et de
confiance. Elle revendiquait le succès dans sa lutte concurrentielle
avec Western Union. Il est peut-être significatif, cependant, que
les plus grands défis de l'entreprise aient eu lieu dans les grandes
villes, où son succès semblait moins évident. Peut-être
la Western Union n'offrait-elle qu'une opposition symbolique dans des
endroits de moindre importance. Quelle qu'en soit la raison, la Western
Union trouvait généralement son adversaire peu attrayant,
sauf dans certaines zones. La National Bell Company a continué
de refuser de s'engager dans une guerre des prix générale
avec son adversaire. Non seulement elle n'en était pas capable,
mais elle estimait qu'une telle politique affaiblirait ses demandes de
dommages et intérêts. Cependant, dans certains cas particuliers,
la National Bell Company s'écartait de sa propre politique.
Estimant que ses chances de victoire s'amélioraient, la compagnie
a commencé à durcir sa politique envers ses agents. Elle
a réduit les commissions, raccourci la durée des contrats
et, de manière générale, imposé des conditions
plus strictes à ses titulaires de licences. L'accord avec la Western
Union a permis à la National Bell Company d'étendre ce développement.
La National Bell Company a résolu le problème de l'approvisionnement,
notamment grâce à l'octroi de licences à quatre fabricants,
outre Williams.
Williams est resté le seul fabricant de téléphones,
contrairement aux autres équipements, mais il semble avoir surmonté
ses premières difficultés de production.
La Bell Company a continué à exploiter les inventions et
les améliorations apportées par des inventeurs indépendants
et par ses propres équipes. Elle a commencé à organiser
son propre département de recherche et développement. Elle
a également cherché à acquérir, par un moyen
ou un autre, les différents appareils qui assuraient le bon fonctionnement
du système téléphonique.
Le règlement de Western Union du 10 novembre 1879 et le droit d'utiliser
les brevets de Western Union ont donné à Bell un contrôle
suprême sur les aspects techniques de la téléphonie.
Presque dès sa création, les dirigeants de la National Bell
Company ont reconnu le besoin de capitaux supplémentaires et ont
commencé à explorer les méthodes pour les lever.
En attendant la constitution d'une nouvelle société, la
National Kell Company s'est financée en vendant des actions de
sa trésorerie. Le règlement avec Western Union a accentué
l'urgence de lever de nouveaux capitaux. Des sommes importantes étaient
nécessaires non seulement pour payer les redevances requises par
le règlement, mais aussi pour mettre en uvre les plans de
création d'un système téléphonique national,
maintenant que le champ était ouvert. Par conséquent, une
nouvelle charte a été obtenue pour l'organisation de l'American
Bell Telephone Company, avec un capital de 10 000 000 $.
Tous les signes annonçaient un avenir prometteur pour La National
Bell Company a terminé sa première année d'exploitation.
Le téléphone a été accepté par le public
comme un instrument de communication important. L'entreprise approvisionnait
ses agents et ses centraux téléphoniques à raison
de 5 000 par mois. Rares étaient les grandes villes qui ne
disposaient pas d'un central téléphonique.
L'accent était mis sur la mise en place d'un système téléphonique
national. Et, plus important encore, le plus sérieux adversaire
des intérêts de Bell avait été éliminé
à la suite d'un compromis.
Les négociations menant à cet accord reprirent en avril
1879. L'accent était mis sur la création d'une nouvelle
compagnie qui regrouperait les intérêts de l'Eell et de la
Western Union. Le principal obstacle restait la question du contrôle.
Bien que la création d'un comité mixte chargé de
gérer les affaires téléphoniques ait fait l'objet
de nombreuses discussions, en attendant la résolution des questions
juridiques, rien n'a été fait et la concurrence a continué.
À l'été 1879, les négociations étaient
dans l'impasse. Une conférence des avocats adverses a été
organisée, afin de tenter de trouver une nouvelle solution. Entre-temps,
cependant, un événement se produisit qui allait poser les
bases d'un règlement. James M. Ormes s'était vu confier
la location de téléphones Bell dans le Sud. À la
mi-juillet, il informa la National Bell Company d'une offre de la Gold
and Stock Company de se retirer de l'activité téléphonique
dans le Sud, en échange d'une redevance de 1 $ sur chaque appareil
Bell installé par Ormes. Elle a également indiqué
que son agent général pour le Sud serait disposé
à collaborer avec Ormes pour établir des échanges
sur leur territoire commun.
La Western Union a fait cette offre principalement pour tenter de devancer
la compagnie télégraphique concurrente de Jay Gould, qui
devenait une menace importante et qui s'opposait totalement à la
Bell Company.
Après avoir reçu certaines garanties, la National Bell Company
a consenti à l'accord de compromis entre Ormes et Western Union.
Ormes a accepté de payer une redevance sur chaque instrument installé
en contrepartie de l'élimination de la concurrence de Western Union.
La National Bell Company a accepté de céder à Western
Union l'ensemble de ses activités de télécommunications
sur le territoire d'Ormes. La Western Union a également autorisé
Ormes à utiliser ses inventions téléphoniques sur
son territoire.
À la fin du mois d'août, le principe de l'accord d'Ormes
est devenu la base des discussions visant à parvenir à un
règlement national. Grâce à son adoption, l'impasse
fut surmontée et des progrès furent réalisés
relativement rapidement.
Un contrat reprenant les principes d'Ormes fut signé le 10 novembre
1879 entre la National Bell Telephone Company et la Western Union.
L'accord fixait une limite à la mesure dans laquelle le téléphone
pouvait être utilisé en concurrence avec le télégraphe,
mais en contrepartie, la Bell Company obtenait le monopole de ce dernier.
Dans le secteur des téléphones, la société
Bell a considéré son accord avec Western Union comme le
résultat d'une défense réussie de son dossier de
brevet. L'avocat principal de Western Union a soutenu cette interprétation.
La société Bell n'a toutefois pas sollicité de règlement
judiciaire, car elle faisait face à plusieurs contre-procès
intentés par Western Union, qui l'accusait d'avoir contrefait plusieurs
brevets sur ses améliorations téléphoniques. Afin
de se libérer, ainsi que ses abonnés, d'un long litige,
la société Bell a accepté un règlement à
l'amiable. La Western Union a été amenée à
accepter l'avis de son avocat principal de faire un compromis, malgré
sa capacité à harceler financièrement la compagnie
Bell, car elle était confrontée à une forte menace
concurrentielle de la part des intérêts télégraphiques
de Jay Gould. La Western Union, contrôlée par un groupe d'investisseurs
conservateurs dirigé par William H. Vanderbilt, a préféré
faire des compromis plutôt que de s'engager dans une lutte concurrentielle
élargie.
La disparition de la menace Western Union et la création de l'American
Express Telephone Company, dotée de ressources financières
suffisantes, ont marqué la fin des phases de formation du développement
commercial du téléphone et le début de sa maturité.
Aussi le 19 juillet 1881, Bell
obtint un brevet pour le concept à deux fils reliant chaque téléphone.
Jusque-là, un seul fil de fer connectait les abonnés au
téléphone, tout comme un circuit télégraphique,
avec mise à la terre de chaque extrémité
Jusqu'alors les maisons, les usines et le système télégraphique
mettaient tous leurs circuits électriques à la terre en
utilisant la même terre que la compagnie de téléphone.
Par conséquent, une quantité énorme de parasites
a été introduite en utilisant le circuit mis à la
terre. Un circuit métallique, par contre, utilisait deux fils pour
compléter le circuit électrique, évitant complètement
la mise à la terre et offrant ainsi une meilleure sonorité.
Dans les années 1880 dans le monde rural,
des milliers de kilomètres de fils de fer barbelés parcouraient
le pays.
Pour transformer les fils de clôture en acier en lignes téléphoniques,
il leur fallait simplement les connecter à un téléphone
dans une maison ou une grange avec un morceau de fil lisse. Le signal
a ensuite traversé le fil lisse et le long du fil barbelé,
soit vers un standard téléphonique, soit vers dautres
maisons situées le long de la ligne. Dans certains cas, pas moins
de 20 téléphones étaient raccordés ensemble,
et tous sonnaient simultanément à chaque appel, quels que
soient les destinataires et les destinataires. Les codes convenus - trois
sonneries courtes pour vous, deux longues sonneries pour moi - aidaient
les gens à savoir si l'appel les concernait.
Cette façon de se conneter a changé la nature de la vie
aux frontières. Au Big Bend Country, au Texas, lavantage
du réseau nétait pas la façon dont il reliait
les agriculteurs au monde extérieur, mais la façon dont
il reliait les soi-disant voisins qui vivaient à des kilomètres
de distance.
«Partout où ces téléphones de pays ont été
introduits, et ils peuvent sembler extrêmement primitifs, ils sont
considérés comme une commodité indispensable»,
écrit Richard F. Steele dans Une histoire illustrée du pays
du Big Bend .
En cas d'urgence médicale, un médecin peut être convoqué
en quelques minutes, sans l'attente atroce d'un messager à cheval
pour se rendre en ville et revenir à nouveau.
À Colfax, au Nouveau-Mexique, les téléphones à
fils de fer barbelés ont également fourni des divertissements,
à une époque où les loisirs étaient peut-être
limités à la lecture et à la relecture de journaux
et de livres. «Lopérateur a amené tout le monde
à écouter les garçons Floyd et dautres jouant
du banjo, du piano ou de la guitare et chantant. Cinq sonneries signifiaient
également que quelqu'un avec une radio avait les nouvelles du soir
pour que tous les agriculteurs puissent avoir les informations et la météo.
Lorsque, ailleurs dans l'État, deux chers taureaux de race
pure ont été tués par de nouveaux trains en direction
de l'Arizona, la compagnie de chemin de fer a indemnisé les homesteaders
locaux du comté de Hidalgo en leur permettant d'utiliser le fil
de fer barbelé de la clôture de la voie ferrée comme
téléphone. ligne.
Dans la courte histoire de la société, l'événement
le plus important a été l'accord sur les revendications
croisées de brevets, qui a eu lieu lorsque la National Bell Telephone
Company a remporté une bataille contre son principal concurrent,
Western Union , devant la Cour suprême des États-Unis le
10 novembre 1879. L'essence de l'accord entre les deux sociétés
était la division de leurs secteurs d'activité. Western
Union a reçu une garantie que National Bell ne lui ferait pas concurrence
dans les services télégraphiques et ne coopérerait
pas ou ne fusionnerait pas avec les concurrents de Western Union à
l'avenir . National Bell, d'autre part, a reçu une garantie que
Western Union ne lui ferait pas concurrence sur le marché des services
téléphoniques. De plus, National Bell a accepté de
racheter toutes les actions et tous les équipements (y compris
56 000 appareils téléphoniques) appartenant à American
Speaking Telephone, une filiale de Western Union opérant sur le
marché téléphonique américain. L'accord était
valable jusqu'à l'expiration des deux brevets de base.
La National Bell avait besoin de fonds pour poursuivre son développement
et son expansion. Cependant, les tentatives d'obtention d'un prêt
bancaire se sont avérées infructueuses . Pour obtenir le
capital nécessaire, il a été décidé
de transformer l'entreprise .
Le 20 mars 1880
la National Bell Telephone Company
de Hubbard-Sanders fusionne avec American Speaking
Telephone Company, pour former
l'American Bell Telephone Company.
Le 17 avril 1880, la National Bell Telephone Company a été
remplacée par l'American Bell Telephone Company,
qui donna naissance plus tard à l'American
Telegraph & Telephone Company ( AT&T
). La capitalisation de l'American Bell Telephone Company était
de 7,35 millions de dollars (73 500 actions de 100 dollars chacune) .
Le 26 novembre 1881, American Bell prit une participation
majoritaire dans la Western Electric Manufacturing Co., la fusionnant
avec la propre usine de fabrication de Bell à Boston et la réorganisant
sous le nom de Western Electric Company,
qui fit ses débuts le 6 février 1882.
Western Electric était désormais le seul fournisseur de
téléphones et d'équipements téléphoniques
du système Bell - les contrats de licence des cinq fabricants de
téléphones d'origine étaient désormais attribués
à Western Electric. (L'entreprise a refusé de renouveler
les contrats lorsqu'ils ont expiré.) La petite entreprise d'Elisha
Gray et d'Enos Barton est finalement devenue l'une des plus grandes entreprises
de fabrication d'électricité au monde.
Conditions téléphoniques et financières
1880-1883.
Voici les statistiques de Bell pour les quatre années
1880-1883 :
Le 1er mars 1880, on comptait 138 centraux téléphoniques
Bell, en activité ou sur le point d'ouvrir, tandis qu'un an plus
tard, leur nombre était passé à 408, soit un gain
net de 270 centraux, soit près de 200 %. Bien que seulement trois
ans se soient écoulés depuis l'ouverture du premier de ces
centraux pionniers, le 1er mars 1881, 66 centraux étaient interconnectés
par des lignes à péage. Boston disposait de communications
à péage vers soixante-quinze villes et villages, le nombre
total de localités pour lesquelles des permis de construire des
centraux avaient été accordés était de 1 523,
et trente-deux contrats avaient été attribués pour
la construction de lignes à péage de raccordement. Or, ces
408 centraux ne fournissaient le service téléphonique qu'à
47 880 abonnés répartis dans 463 villes, villages et villages,
soit une moyenne de seulement 117 abonnés par central.
À la fin de l'année 1881, le nombre de centraux Bell était
passé à 592, avec un total de 70 525 abonnés, situés
dans 1 593 villes, villages et villages, tandis que le nombre moyen d'abonnés
par central était passé de 117 à 120.
Au 31 décembre 1882, on comptait 1 070 centraux Bell en activité,
soit un gain net de 478 pour l'année, soit 81 %. Cette croissance
représentait une augmentation moyenne de deux nouveaux centraux
pour presque chaque jour ouvrable de l'année. Pourtant, le nombre
total d'abonnés n'était que de 97 728, soit une allocation
moyenne de 91 abonnés par central, soit 29 abonnés de moins
que la moyenne de l'année précédente. L'uvre
du constructeur spéculatif de petits centraux, en quête de
profits rapides, est ici gravée de manière indélébile
dans les registres. Dans les grands centraux, le tarif fixe élevé
limitait la croissance aux riches des quartiers résidentiels et
aux grandes entreprises et bureaux professionnels où la communication
téléphonique était une nécessité absolue.
Cette conclusion semble raisonnable compte tenu d'une croissance de seulement
38 % du nombre d'abonnés et de 81 % du volume échangé.
Le bilan de 1883 est tout aussi trompeur. Au 31 décembre,
1 325 centraux Bell étaient en service dans 46 États et
territoires, desservant 123 625 abonnés et employant 4 762 personnes.
Autrement dit, chaque central employait en moyenne près de quatre
personnes, bien que le nombre
Quelle était la situation financière du
pays durant ces quatre années, de 1880 à 1883 ?
Quel était le sentiment dominant parmi les investisseurs qui a
permis la persistance de conditions aussi anormales ?
L'année 1880, malgré une élection
présidentielle, s'avéra une période admirable pour
la promotion des entreprises industrielles et spéculatives, et
les projets téléphoniques de toute nature semblèrent
être accueillis avec enthousiasme par le public investisseur. Pour
les anciens titulaires de licences, enrichis par la sagesse acquise au
cours d'une longue expérience, il devint vite évident que
nombre de nouveaux centraux étaient construits et exploités
uniquement à des fins spéculatives par des promoteurs locaux,
en prévision de consolidations rentables, plutôt que comme
un investissement permanent pour le capital local. Car la question de
tarifs équitables générant un juste retour sur investissement
légitime, ou les conséquences fâcheuses d'une dégradation
de la qualité du service par des appels illimités à
un tarif non rentable, encombrant ainsi les lignes de ragots et de conversations
futiles, au détriment d'un service rapide et légitime, ne
concernaient pas le spéculateur. Alors que les anciens titulaires
de licences s'efforçaient de mettre en garde les investisseurs
locaux contre l'acceptation des déclarations des spéculateurs
sans preuves substantielles, ces derniers se sentaient justifiés
de dénoncer publiquement ce qu'ils qualifiaient de tarifs exorbitants.
Conséquence naturelle : les bourses spéculatives se sont
retrouvées avec une longue liste d'abonnés à des
tarifs non rentables, jusqu'à ce que la consolidation amène
une nouvelle direction proposant de prendre soin des actionnaires en premier
lieu, puis d'offrir le meilleur service possible aux abonnés. Cela
impliquait une augmentation des tarifs à un niveau garantissant
un retour sur investissement équitable ; la moitié des abonnés,
qui bénéficiaient jusque-là de tarifs non rentables,
ont alors rapidement manifesté leur gratitude en abandonnant le
service plutôt que de payer la hausse.
Le 21 janvier 1881, de nombreuses compagnies de téléphone
de l'Est subirent la tempête de neige la plus dévastatrice
qu'ait connue cette région depuis longtemps. Le poids de la neige
fondue sur les fils fixés aux toitures était tel que, dans
de nombreux cas, les toits furent arrachés et les murs endommagés.
Des kilomètres de lignes électriques tombèrent et,
dans les principales artères des grandes villes, les fils téléphoniques
furent inextricablement emmêlés aux circuits télégraphiques
et d'éclairage électrique. Grâce aux méthodes
de construction modernes, une catastrophe d'une telle ampleur était
désormais impossible, bien que des pertes plus importantes aient
été enregistrées lors de plusieurs tempêtes
de neige. Mais c'était la première catastrophe grave ce
type à laquelle la jeune industrie du téléphone avait
dû faire face, et son résultat désastreux fut extrêmement
décourageant. La perte immédiate pour la compagnie new-yorkaise
s'élevait à près de 100 000 dollars, tandis que les
pertes indirectes, dues aux retards dans les travaux d'extension et d'amélioration,
et au détournement des investissements des caisses des compagnies
sinistrées, furent considérables.
Le seul changement remarquable survenu dans les milieux financiers en
1881 fut l'agitation sur le marché boursier qui suivit l'assassinat
du président Garfield le 3 juillet 1881. Pour le financier clairvoyant,
cette « agitation proche de la panique » pouvait indiquer
le début de la dépression générale qui s'étendit
progressivement au pays et qui s'avéra la plus grave en 1885.
Le 14 juillet 1881, le New York Tribune affirmait dans un éditorial
que
L'agitation qui a provoqué cette vague de mécontentement
était totalement infondée, et la proportion d'affaires réalisées
au comptant est plus importante que jamais, tout comme la proportion d'affaires
réalisées sans emprunt, sur le capital des entreprises engagées.
. . . Il n'y a jamais eu non plus d'époque où les revenus
de la population étaient globalement aussi élevés
qu'aujourd'hui. Les salaires sont bons, tandis que les prix sont relativement
bas.
Mais du point de vue des spéculateurs téléphoniques,
les effets néfastes de cette agitation de juillet furent plus que
compensés, pour les investisseurs, par la décision admirablement
sage et désormais célèbre rendue par le juge Lowell
le 27 juin 1881, dans le procès intenté le 22 juin 1880
dans l'affaire Eaton-Spencer. Cet avis était notamment le suivant
:
Si le brevet de Bell concernait un simple arrangement, ou une combinaison
d'anciens dispositifs, visant à obtenir un résultat légèrement
supérieur dans un art connu, alors, sans aucun doute, une personne
substituant un nouvel élément inconnu à la date du
brevet pourrait échapper à l'accusation de contrefaçon.
Mais Bell a découvert un art nouveau celui de la transmission
de la parole par l'électricité et a le droit de revendiquer
la plus large revendication qui puisse être admise dans tous les
cas ; non pas le droit abstrait de transmettre des sons par télégraphe,
sans égard aux moyens, mais tous les moyens et procédés
qu'il a inventés et revendiqués. . . . La revendication
n'est pas aussi large que l'invention. . . . Un appareil fabriqué
par Reis, d'Allemagne, en 1860, et décrit dans plusieurs publications
avant 1876, est invoqué pour limiter la portée de l'invention
de Bell. Reis semble avoir été un homme érudit et
ingénieux. Il utilisait une membrane et des électrodes pour
transmettre les sons, et son appareil était bien connu des curieux.
Le regret de tous ses admirateurs était qu'il ne pouvait ni envoyer
ni recevoir de parole articulée. . . . Un siècle de Reis
n'aurait jamais produit un téléphone parlant par une simple
amélioration de la construction.
Le président Arthur se révéla un digne successeur
du regretté Garfield, et sa politique ferme et conservatrice sembla
gagner la confiance de la population, dont beaucoup s'attendaient à
une administration plus radicale et moins sûre. L'année 1882
s'ouvrit ainsi pour tous les intérêts spéculatifs.
Mais en février survint la fameuse rupture à Richmond et
Danville, de 219 à 130, qui bouleversa la bourse et accentua l'inquiétude
générale concernant tous les investissements. Néanmoins,
le volume total des transactions effectuées dans tout le pays au
cours de l'année fut considérable, pas moins de 350 millions
de dollars étant consacrés à la construction de nouvelles
voies ferrées.
La situation financière et commerciale générale
de 1883 peut se résumer ainsi : on dénombrait 9 184 faillites,
pour un passif total de 172 874 000 $, contre 4 735 en 1880, pour un passif
total de seulement 65 752 000 $. Non seulement le volume total des échanges
commerciaux a fortement diminué, rendant impérative la réduction
des dépenses dans presque tous les secteurs d'activité,
mais une méfiance générale à l'égard
de l'intégrité des actions et des obligations régnait,
entraînant une chute considérable de la valeur boursière
de nombreux titres, y compris ceux des nouvelles sociétés
de téléphonie. Un éminent auteur financier, évoquant
la fièvre spéculative qui avait sévi au cours des
deux années précédentes, 1881-1882, déclarait
:
Tout notre peuple s'est emballé à l'idée de construire
un chemin de fer, persuadé qu'il était facile de gagner
deux ou trois dollars pour chaque dollar investi, soit par le succès
de leurs entreprises, soit par la vente de leurs titres. Cette illusion
était partagée par le capitaliste et l'aventurier.
Néanmoins, malgré ces conditions décourageantes,
les sombres perspectives pour l'année à venir, les neuf
mille faillites dans d'autres secteurs d'activité, ou la faible
valeur boursière des actions de certaines grandes sociétés
titulaires de licences organisées pour absorber l'uvre des
spéculateurs, comme en témoignent les nombreuses petites
centrales téléphoniques peu rentables, l'art d'établir
de nouveaux centraux téléphoniques, notamment dans les petites
villes et les villages, progressa encore plus activement en 1883 que jamais
auparavant. Tant d'investisseurs étaient convaincus qu'il suffisait
d'établir n'importe quel type de central dans n'importe quel village,
aussi petit ou peu rentable que soient les tarifs, pour réaliser
des profits de trois pour un, que le rédacteur en chef d'une revue
spécialisée dans l'électricité écrivit
: « Aucune fable concernant le téléphone n'est trop
grossière pour être crédible ; aucune prédiction
de son avenir n'est assez extravagante pour susciter un sourire. »
Et les quotidiens alimentaient cette illusion en évoquant constamment
les millions de dollars prétendument gagnés grâce
au téléphone, alors que la société mère
n'avait versé aucun dividende en espèces avant janvier 1881.
Nombre de lecteurs considéraient ces affirmations comme s'appliquant
uniquement aux centraux établis dans les petits villages, tout
comme, trois ans plus tôt, de nombreux investisseurs pensaient que
la construction de petites lignes ferroviaires secondaires générerait
d'importants profits. Et sans les nombreux investissements effectués
par les agriculteurs dans les titres ferroviaires, totalisant plusieurs
millions de dollars, souvent sans retour sur investissement, il est fort
probable que la communauté agricole développé un
réseau téléphonique rural parallèlement à
son développement initial dans les villes et les villages.
De nouveau, les compagnies de téléphone
contrevenantes, nombreuses et dont les promoteurs exerçaient une
forte influence politique et financière dans les années
1880, ont diffusé les déclarations les plus absurdes concernant
les millions engrangés grâce à la consolidation des
sociétés d'exploitation Bell et à la manipulation
des actions téléphoniques. L'une d'elles disait : «
On peut raisonnablement affirmer que l'intégralité des biens,
droits et franchises de la société Bell et de ses titulaires
de licence pourraient être dupliqués pour un vingt-cinquième
du capital investi. » Il est pourtant intéressant de noter
qu'au cours des trois années 1881-1883, dans le seul État
de New York, cent vingt-cinq compagnies de téléphone contrevenantes
ont été constituées et capitalisées pour un
total de deux cent vingt-cinq millions de dollars, une capitalisation
autorisée par un seul État et trois fois supérieure
au capital social combiné de toutes les sociétés
Bell de tous les États de l'Union, y compris celui de la société
mère.
Fort heureusement pour les investisseurs, rares étaient
ces entreprises contrefaisantes qui réussissaient à se lancer,
même lorsque les plus hauts responsables de l'État et de
la nation semblaient faire tout leur possible pour les aider à
s'emparer de récompenses honnêtement gagnées et octroyées
avec mérite. De plus, il a été affirmé que
nombre de ces revendications de contrefaçon étaient proposées
à la société mère Bell pour des sommes modestes
ou importantes, selon que la situation était plus ou moins optimiste.
Un aspect comique de ces systèmes concurrentiels contrefaisants
résidait dans la certitude avec laquelle les déclarations
apparaissaient dans les circulaires imprimées, selon lesquelles
le téléphone avait été présenté
au public pour la première fois à l'Exposition universelle
de 1876 et que la première ligne téléphonique avait
été construite à Boston en 1877. Le fait qu'elles
admettent ainsi que le téléphone d'Alexander Graham Bell
était le premier téléphone ne plaisait même
pas à leur sens de l'humour.
Même l'annonce, le 24 janvier 1883, de la décision
du juge Gray lors de l'audience finale dans l'affaire Dolbear, et de la
décision du juge Lowell en août suivant, ne semblent pas
avoir découragé l'investissement dans les titres des sociétés
contrevenantes, alors que les deux décisions ont servi à
stimuler la construction de petites bourses par des promoteurs spéculatifs
et la consolidation rapide de ces propriétés non payantes
en organisations surcapitalisées.
L'opinion du juge Gray était en partie la suivante
:
L'opinion dans l'affaire Spencer souligne clairement que « Bell
a découvert un nouvel art celui de transmettre la parole
par l'électricité et a le droit de revendiquer la
revendication la plus large qui puisse être autorisée dans
tous les cas. » . . Les preuves dans cette affaire montrent clairement
que Bell a découvert que les sons articulés pouvaient être
transmis par des vibrations ondulatoires de l'électricité,
et a inventé l'art ou le procédé de transmission
de ces sons au moyen de ces vibrations. Si cet art ou procédé
est (comme le disent les témoins cités par le défendeur)
le seul moyen lequel la parole peut être transmise par l'électricité,
ce fait ne diminue pas le mérite de son invention, ni la protection
que la loi lui accordera. . . . Quel que soit le nom que l'on puisse donner
à la propriété, ou à la manifestation, de
l'électricité dans le récepteur du défendeur,
les faits demeurent qu'ils se prévalent de la découverte
de Bell selon laquelle les vibrations ondulatoires de l'électricité
peuvent transmettre de manière intelligible et précise la
parole articulée, ainsi que du procédé que Bell a
inventé, et par lequel il a mis sa découverte en pratique
; qu'ils copient également le mode et l'appareil par lesquels il
crée et transmet les vibrations électriques ondulatoires,
correspondant à celles de l'air.
Le 25 août 1883, l'avis du juge Lowell lors de l'audience
finale a été rendu en partie comme suit :
J'ai décidé dans l'affaire American Bell Telephone Co. c.
Spencer, 8 Fed. Rep. 509, que Reis n'avait pas décrit de téléphone
anticipant l'invention de Bell. Ce point a depuis été tranché
de la même manière en Angleterre : United Telephone Co. c.
Harrison, 21 Ch. D. 120. Il est admis en l'espèce que l'appareil
de Reis, s'il est utilisé comme prévu, ne peut jamais servir
de téléphone parlant, car le courant électrique est
constamment interrompu ; or, il est essentiel à la transmission
de la parole que le courant ne soit pas interrompu. Le défendeur
(Dolbear) témoigne maintenant que l'appareil de Reis peut être
utilisé pour transmettre la parole, dans certaines circonstances,
s'il est utilisé de la manière dont Bell a démontré
la nécessité. En 1877, il a exprimé à plusieurs
reprises l'opinion que Bell avait inventé l'appareil, et non Reis.
L'expérience réalisée en présence d'un avocat,
qui visait à prouver la justesse de l'opinion actuelle du défendeur,
s'est soldée par un échec total. Lors de la précédente
audience dans cette affaire, devant le juge Gray et moi-même, nous
avons décidé que le défendeur (Dolbear), quels que
soient les mérites de son téléphone, y recourt au
moins en partie au procédé de Bell. Aucun élément
de preuve supplémentaire n'a été présenté
lors de l'audience finale, à moins qu'une explication complémentaire
à celle déjà fournie ne soit considérée
comme complémentaire ; et je maintiens l'opinion exprimée
par le juge qui présidait alors.
Les professionnels du téléphone n'étaient
pas les seuls à comprendre que la survie résidait dans la
concentration. Les financiers commençaient en effet à percevoir
la sagesse du plan initial d'une grande entreprise, à comprendre
également combien la croissance et le développement futurs
du secteur dépendaient d'une politique centralisée, et à
pressentir que le fruit d'une unité d'objectifs, de méthodes
et de gestion serait utile aux utilisateurs et rentable aux investisseurs.
Il était déjà évident que le service téléphonique
était destiné à perdurer, qu'il constituait un outil
important pour les transactions commerciales dans tous les secteurs d'activité,
et qu'il allait certainement révolutionner de nombreux aspects
de la vie industrielle, commerciale, professionnelle et sociale.
Dans son rapport annuel pour l'exercice financier se terminant
le 28 février 1883, la société mère Bell a
déclaré :
Les rapports des entreprises locales à travers le pays sont encourageants.
La plupart d'entre elles génèrent et versent désormais
des dividendes et développent leurs activités dans le secteur
de l'énergie. Un fait marquant a été la consolidation
des intérêts téléphoniques locaux en grandes
entreprises, couvrant de nombreux comtés, et même, dans plusieurs
cas, la totalité ou la majeure partie d'États. Cette politique
a approuvée dans la mesure où son adoption semblait répondre
à des impératifs de gestion pratique et économique,
mais elle ne doit pas être encouragée au point de laisser
ces entreprises entièrement aux mains de personnes ne résidant
pas sur le territoire où elles exercent leurs activités.
Notre politique a toujours été de maintenir autant que possible
l'intérêt des capitaux et des influences locales dans l'entreprise,
et c'est probablement à cette politique que l'on peut attribuer
une grande partie du succès qui a accompagné le développement
de l'entreprise.
Un an plus tard, la société mère
a réitéré les conclusions précédentes
concernant la prudence dans la consolidation des sociétés
et a ajouté :
Malgré l'opinion dominante selon laquelle le développement
du téléphone sous un contrôle essentiellement unique
est contraire à l'intérêt public, nous croyons qu'un
examen intelligent de cette question démontrerait que cela n'est
pas vrai et que d'aucune autre manière les résultats souhaités
ne pourraient être obtenus et les difficultés surmontées
aussi rapidement et aussi bien que par la présente méthode.
Comme l'année précédente, 1883 fut une année
de fusions ; et lorsque cette période de deux ans prit fin, le
nombre de sociétés Bell avait été réduit,
par absorption ou consolidation, de quelques centaines à moins
d'une centaine, et la société mère se trouvait progressivement
dans une position où elle pouvait fortement influencer la politique
qui devait prévaloir.
Dans certains États, la quasi-totalité des échanges
fut absorbée par une seule compagnie puissante ; dans d'autres,
trois ou quatre compagnies contribuèrent à la consolidation,
puis se partagèrent le territoire. Par exemple, à l'été
1882, les quotidiens racontaient :
Les capitalistes de New York et de Philadelphie visitent différentes
régions de Pennsylvanie dans le but de regrouper toutes les compagnies
de téléphone locales entre New York et Pittsburgh en une
seule organisation générale, avec des bureaux principaux
à New York, Philadelphie et Pittsburgh.
Si les promoteurs n'ont pas réussi à mener à bien
une entreprise d'une telle envergure, leurs efforts ont ouvert la voie
à des consolidations de portée plus limitée. Dans
le Massachusetts, un regroupement connu sous le nom de syndicat Lowell
a réussi à consolider de nombreuses bourses.
Faisant référence aux nombreuses consolidations
de petites entreprises locales titulaires de licences en de nouvelles
organisations chargées de travailler sur des plans plus vastes,
la société mère Bell a déclaré dans
son rapport annuel de 1883 que :
La tendance à la consolidation des compagnies de téléphone,
constatée dans notre dernier rapport, s'est poursuivie et vise
principalement à une gestion économique et pratique de l'activité.
. . . À mesure que des méthodes seront élaborées
pour rendre le téléphone commercialement utile sur de longues
lignes, les avantages de cette centralisation de la gestion deviendront
encore plus évidents, tout comme l'importance pour le public de
confier l'exploitation de vastes territoires à une seule personne
responsable, avec des connexions étendues sur tout le territoire.
Rendre ce service de la plus haute valeur pour la population sera déjà
assez compliqué sous un contrôle unique. S'il était
entre les mains de nombreuses entreprises concurrentes, la confusion qui
en résulterait serait très grave, car la valeur du téléphone
se mesurera en grande partie à sa capacité à assurer
une connexion rapide avec toutes les régions du pays.
La société mère estimait également
que les titres émis par ses sociétés d'exploitation
devaient représenter des valeurs légitimes, et non des valeurs
spéculatives ou estimées en fonction des revenus futurs
de l'usine ; que la valeur intrinsèque des titres téléphoniques
devait être clairement communiquée aux investisseurs et que
l'intégrité de l'investissement devait être préservée
par la constitution de fonds d'amortissement et de réserves suffisants
pour parer à toute éventualité. Sa politique explicite
était la suivante :
pour encourager le versement de dividendes par les entreprises locales
en vue d'intéresser l'influence et les capitaux locaux aux téléphones,
mais elle n'a jamais encouragé le versement de dividendes, sauf
lorsqu'ils sont gagnés.
Ces méthodes conservatrices ne cadraient pas avec
les spéculateurs, qui préféraient expérimenter
avec la crédulité d'investisseurs irréfléchis,
tant que ces expériences rapportaient d'importants profits. Les
gens croyaient aux articles de presse sur les profits fabuleux que les
petites centrales téléphoniques réalisaient grâce
à des investissements limités. Alors, pourquoi détruire
des croyances aussi honnêtes en présentant des faits bruts
? La consolidation des bourses était une bonne chose : elle signifiait
d'importants profits pour les promoteurs.
Lorsque ces centraux locaux furent transférés
à la nouvelle organisation, on s'aperçut rapidement que
de nombreux abonnés bénéficiaient d'un service à
des tarifs entraînant des pertes constantes pour l'entreprise, comme
indiqué précédemment. Une augmentation des tarifs
s'ensuivit naturellement, ce qui poussa certains de ces abonnés
à bas tarif à abandonner le service. Parfois, 25 à
50 % des abonnés de ces centraux consolidés abandonnaient
leur service, et la perte de revenus anticipée de ces abonnés
bouleversa de nombreux plans. En effet, la plupart de ces nouvelles organisations,
espérant pouvoir céder facilement les nouveaux titres, avaient
entrepris de reconstruire les anciennes installations absorbées
afin d'offrir un service de meilleure qualité et de gérer
rapidement et efficacement une forte augmentation du nombre d'abonnés.
Pour faire face à l'endettement ainsi contracté, il fallut
soit vendre des actions à un prix nettement inférieur au
prix autorisé, soit régler la dette avec les fonds réservés
au versement des dividendes, et, au lieu de verser des paiements en espèces
aux actionnaires, distribuer des dividendes en actions. De plus, cette
incapacité à réunir les fonds nécessaires
aux extensions et améliorations nécessaires et à
répondre à la demande croissante du public signifiait que,
pendant une période indéterminée, les revenus bruts
devaient couvrir tous les travaux de construction et de reconstruction,
ainsi que les frais d'exploitation et d'entretien. Autrement dit, entre
1883 et 1886, jusqu'à ce que l'amélioration de la situation
financière permette la vente de titres téléphoniques
à des prix raisonnables, la croissance et le progrès furent
nécessairement limités à des marges étroites
assurant des rendements sûrs aux détenteurs de certificats
d'actions
Bell n'oublia jamais la contribution d'Henry. Peu après
la mort d'Henry en 1878, il organisa un service téléphonique
gratuit pour sa veuve, Harriet, et ses filles. Plusieurs années
plus tard, il intervint lorsque le téléphone fut mis hors
service. Dans une lettre adressée au président de l'American
Bell Telephone Company, son nom actuel, Bell expliqua pourquoi il insistait
fortement pour le rétablissement du service : « Ce
téléphone a été installé là
et aucun frais n'a été facturé en reconnaissance
des efforts et des services du professeur Henry, qui a contribué
aux débuts de l'invention de l'instrument et qui a grandement contribué
à encourager l'invention.»
La sollicitude de Bell envers la famille Henry se manifesta également
peu après la mort d'Harriet en 1882. Lorsque sa fille Mary eut
besoin de financement en 1883 pour un investissement immobilier et un
voyage d'affaires à New York, Bell accepta de lui acheter la bibliothèque
d'Henry pour 5 000 dollars. Bien des années après
la mort de Bell, ses descendants ont fait don de la bibliothèque
Henry au Smithsonian, ainsi que de quelque 2 000 livres et brochures
ayant appartenu à Bell. La bibliothèque Bell-Henry, comme
on l'appelle, unit à juste titre deux grands scientifiques...
Puis Bell mit fin à ses recherches en communications, mais
il dut subir ensuite 12 années de batailles judiciaires.
Dans un discours prononcé à Washington en 1891 à
loccasion dun congrès sur les brevets, Bell expliquerait
ce qui le poussait à travailler avec autant dacharnement
: « Linventeur est un homme qui observe le monde et qui ne
se satisfait pas de létat des choses. Il veut améliorer
tout ce quil voit pour le bénéfice de tous. Une idée
le hante. Lesprit dinvention le possède et cherche
à se matérialiser. » Les nombreux papiers et carnets
de Bell ont permis aux biographes disoler dautres traits de
sa personnalité : fierté, recours fréquent à
lanalogie, doute constructif, absolue confiance en soi, ténacité
dans lapplication, dossiers minutieusement tenus, satisfaction de
réaliser ses ambitions.
Administrées avec beaucoup de discernement par Mabel,
les richesses provenant du téléphone permettaient à
Bell de donner libre cours à son génie inventif.
Leurs maisons de Washington étaient élégantes et coûteuses.
Avec les 50 000 francs qui accompagnaient le prix Volta, reçu du
gouvernement français en 1880 pour le téléphone, Bell
finança à Washington un laboratoire de recherche et dinvention
au bénéfice des sourds.
Après que son fils nouveau-né eut succombé, lannée
suivante, à une insuffisance respiratoire (son deuxième fils
mourrait à la naissance en 1883), il se lança dans la recherche
médicale. Il inventa une veste sous vide (ancêtre du poumon
dacier) ainsi quun détecteur de métal dont les
journaux parlèrent beaucoup parce quil le mit au point dans
lespoir de sauver le président des États-Unis, James
Abram Garfield. Cet appareil, ancêtre de lultrason, permettait
de repérer une balle de fusil à lintérieur dun
corps à laide des ondes sonores. Par la suite, Bell le combina
à une sonde en forme daiguille connectée à un
récepteur téléphonique qui émettait une sonnerie
quand laiguille touchait une balle. Bien quil en ait laissé
la commercialisation à une entreprise de lextérieur,
cette sonde téléphonique lui permit de remporter en 1886 une
distinction rare, soit un doctorat honorifique en médecine de la
prestigieuse université Rupert-Charles de Heidelberg, en Allemagne.
Beaucoup dautres diplômes et prix lui seraient décernés.
Bell déplorait de ne pas avoir montré plus dobstination
dans ses recherches sur les appareils phonographiques.
En 1882, au Volta Laboratory, il avait mis au point le graphophone
en collaboration avec son cousin Chichester A. Bell et Charles Sumner Tainter.
Cet appareil était muni dun stylet mobile qui enregistrait
les sons sur un cylindre réutilisable en cire et les reproduisait
en les lisant sur ce même cylindre.
Devancé de plusieurs années par Thomas Alva Edison dans la
mise en marché dun modèle pratique de phonographe, Bell
regrettait davoir « laissé cette invention [lui] filer
entre les doigts ». Les brevets de ses inventions phonographiques
demeuraient quand même les plus lucratifs pour lui après ceux
du téléphone.
Bell nétait pas homme à thésauriser. Quand il
vendit ses actions de la société de portefeuille qui exploitait
le graphophone, il remit à son père le produit de la vente,
100 000 $, afin quil constitue un fonds de fiducie pour la recherche
sur la surdité.
En outre, il aida le Science de New York à se maintenir à
flot jusquà ce que, en 1900, lAmerican Association for
the Advancement of Science, sise à Washington, en fasse son organe
officiel.
Comme dans les premières
installations de quelques villes, le service téléphonique
public a ouvert avec quelques clients à AKRONle 15 août 1879
.
Après des semaines passées à passer du fil de fer
sur des poteaux en bois, Akron a finalement répondu à l'appel.
Il ny avait pas beaucoup de clients payants
lorsque lAkron Telephonic Exchange a commencé à fonctionner
le 15 août 1879, dans un bureau « joliment tapissé
et peint » du Bennetts Block au 131 S. Howard St. (renuméroté
plus tard 31 S. Howard).
La société a été constituée
avec 5 000 $ d'actions et les hommes d'affaires Wilson G. Robinson, Arthur
L. Conger, le Dr George G. Baker, Ohio C. Barber et Noah Hodge en sont
les administrateurs. Le conseil municipal a accordé à l'entreprise
une franchise de 10 ans.
Oscar E. Madden, surintendant de l'America Bell
Telephone Co. à Boston, est venu à Akron pour superviser
l'installation d'un standard Williams, du nom de l'inventeur du Massachusetts,
Charles Williams Jr.
Le dispositif mécanique avait un tableau
vertical avec « 75 énonciateurs », un tableau incliné
avec six touches et une série de bandes de connexion. Larrière
de la console était un fouillis de fils dénudés.
Comme l'Akron Daily Beacon a tenté de l'expliquer
: « Grâce à la manipulation appropriée de ces
clés et à l'insertion des cales, qui fonctionnent sur un
système de poulies, directement sous les énonciateurs, les
connexions requises peuvent être établies. »
L'équipement encombrant ne permettait de
connecter que six clients en même temps.
L'Akron Telephonic Exchange a commandé «
une quantité de poteaux télégraphiques » et
15 miles de fil pour la ville de 16 000 habitants. Les abonnés
utilisaient des appareils téléphoniques muraux et payaient
5 centimes par appel.
Le premier appel a eu lieu le 15 août 1879
entre le Daily Beacon et la quincaillerie Paige Brothers. Bien que nous
ne sachions pas ce que le rédacteur en chef Thomas Craighead Raynolds
a dit au propriétaire du magasin David R. Paige, nous espérons
secrètement qu'il lui a proposé de lui vendre un abonnement
à un journal.
La conversation historique naurait pas pu
être plus banale que la remarque de linventeur Alexander Graham
Bell à lassistant Thomas A. Watson lors de son premier appel
en 1876 : « Mr. Watson, come here. I want you."
Bell était un ami de l'industriel d'Akron
: Benjamin F. Goodrich et lui a offert deux téléphones en
noyer noir. Goodrich a fait tendre un câble depuis son usine d'Akron
jusqu'à sa maison de Gimlet Hill, dans les rues Quaker et Bowery
actuelles, pour établir la première ligne privée
de la ville.
Anna Brodt a été lune des premières
opératrices téléphoniques dAkron, connectant
les appels au fur et à mesure quils arrivaient sporadiquement.
« Mes tâches étaient relativement
légères », a-t-elle plaisanté près de
50 ans plus tard. "Tout ce que j'avais à faire était
d'aider, de gérer les appels longue distance, d'apporter de l'argent
liquide à la banque, de superviser le bureau et d'aider aux appels
locaux, de prendre la place du directeur à midi, de vérifier
les tickets, de faire tous les rapports, de réparer cordons, testez
toutes les lignes et effectuez des réparations mineures. Ils ne
mont pas demandé de grimper aux poteaux.
Au 1er septembre, il y avait 20 abonnés. Au 1er
octobre, il y en avait 60. Au 1er décembre, il y en avait 80. Les
lignes ont été étendues aux villes voisines.
Akron disposait d'un service téléphonique
avant son voisin du nord. Comme le raillait le Beacon le 10 septembre
1879 : « Cleveland est ravi de son projet de centre téléphonique.
Venez à Akron, mon voisin, et voyez un central téléphonique
de première classe exploité par une société
par actions, possédant ses propres poteaux et fils, entretenant
un bureau central et faisant déjà des affaires florissantes.
Le bureau d'Akron a ajouté un opérateur
de nuit pour un service 24 heures sur 24. J.H. Stanford, ingénieur
en chef de la caserne des pompiers, a installé un fil pour faire
sonner une cloche qui réveillait l'opérateur lorsque les
appels arrivaient après l'heure du coucher.
Avant l'arrivée de 1880, la bourse installa un
standard de la Gilliland Manufacturing Co.
d'Indianapolis. La nouvelle console ressemblait à un clavier de
piano et permettait 400 connexions simultanées, une nette amélioration
par rapport aux six originales. Les résidents
d'Akron ont aimé jouer avec la nouvelle technologie. George
G. Baker et son épouse, Celia, ont donné un récital
de piano, de flûte et de cornet dans leur maison d'East Market Street.
Une poignée dabonnés au téléphone écoutaient
« de la musique finement rendue », notamment les airs «
Home Sweet Home » et « Swanee River ». Le
révérend T.E. Monroe a prononcé un sermon à
la First Congregational Church que 13 abonnés ont entendu, faisant
techniquement de lui le premier télévangéliste de
l'histoire d'Akron, mais certainement pas le dernier.
Nous supposons que le premier mauvais numéro
et le premier appel frauduleux ont également eu lieu à cette
époque. Les clients ennuyés ont appelé l'opérateur
pour connaître l'heure correcte ou pour des bavardages inutiles.
Dans son annuaire de 1880, la bourse avertissait
ses abonnés : « Ne menez jamais une conversation inutile
».
La société d'Akron comptait 140 clients,
250 poteaux, 160 miles de câbles et quatre opérateurs recevant
1 400 appels par jour.
À l'occasion du premier anniversaire du service
téléphonique, le Beacon s'est exclamé : « Akron
est la pionnière parmi les villes occidentales dans l'utilisation
du téléphone et surpasse de nombreuses villes plus grandes
de l'Est, en termes de nombre d'abonnés et de popularité
générale.
En 1898, la Central Union Telephone Co., une filiale de
Bell, rachète la société Akron, mais de nombreux
clients se plaignent que le nouveau service n'est pas aussi bon que le
précédent. La ville comptait environ 42 000 habitants et
disposait de 400 téléphones.
Après que la ville ait accordé une
franchise de 25 ans à Central Union en 1898, des clients mécontents
ont mené une révolte. Les hommes d'affaires d'Akron ont
créé une société concurrente, la Akron People's
Telephone Co., en 1899, avec un capital-actions de 150 000 $. Ses officiers
étaient le président Will Christy, le vice-président
James Christy Jr., le secrétaire A.B. Conklin et le trésorier
J.R. Nutt.
Pour garantir l'accès à tous les clients,
les entreprises d'Akron devaient s'abonner aux deux sociétés
et conserver deux numéros de téléphone pour gérer
les appels entrants. La situation délicate persista jusqu'à
ce que les entreprises rivales se regroupent en 1921 sous la Ohio Bell
Telephone Co.
En 1929, Ohio Bell a construit un siège social
à Akron dans les rues Bowery et Quaker pour ses 42 000 clients
locaux. Et il va sans dire que la technologie téléphonique
a connu quelques progrès depuis lors.Aujourdhui,
presque tout le monde à Akron possède un téléphone.
Comme le notait le Beacon en 1879 : « Cela
semble se propager par contagion, si quelquun le prend, un autre
doit lavoir, et ainsi de suite, car rien dautre quun
procès nest nécessaire pour prouver que cest
à la fois une économie et une commodité. »
Théodore Vail rejoint
la Bell Telephone Company -- 1878-1887
Sachant, grâce au financement de février
1878, qu'une condition de tout nouvel investissement serait l'embauche
d'un directeur général à plein temps, Hubbard
pensa immédiatement à Theodore Newton
Vail. Hubbard, maintenant membre du Congrès de Boston et
membre du Comité postal du Congrès, avait rencontré
Vail lors d'une tournée d'inspection du système postal à
travers le pays. Vail, le surintendant général du service
postal des chemins de fer , avait dirigé la tournée et était
aussi impressionnant que sa réputation le voulait. Lorsque Hubbard,
le promoteur accompli, a sorti ses deux téléphones, ce qu'il
ferait à chaque occasion possible, Vail a immédiatement
saisi leur potentiel de transformation tout comme l'homme nécessaire
pour bâtir le secteur du téléphone.
À leur retour à Washington, Hubbard fit envoyer deux téléphones
au domicile de Vail, où non seulement il les utilisa, mais commença
à promouvoir la perspective de leur avenir sans limites.
Enfant, Vail connaissait par cur l'histoire
d'Alfred Vail, son cousin autrefois éloigné, associé
et principal collaborateur technique de Samuel FB Morse.
Le père de Vail dirigeait même Speedwell Iron Works, l'endroit
même où Alfred avait construit les télégraphes
originaux de Morse. Vail était également attiré par
le télégraphe. Son premier emploi consistait à travailler
dans la pharmacie locale, qui se trouvait également être
le bureau télégraphique local. Bientôt, il en savait
plus sur la télégraphie et la construction de télégraphes
que sur sa droguerie. À dix-neuf ans, son oncle Issac Quinby lui
a trouvé un emploi chez Western Union
à New York.
Dans le journal qu'il tenait, il montrait un jeune homme pris entre son
sens moral du devoir et ses instincts de complaisance : Rester éveillé
tard la nuit en jouant au billard et en buvant de la bière blonde
n'est pas ce que les jeunes hommes devraient faire et, pour ma part, je
suis déterminé pour l'arrêter. Les intentions s'avérèrent
plus faciles que la pratique, et comme sa carrière ne semblait
mener nulle part, il déménagea avec sa famille à
Waterloo, Iowa en 1866.
Cependant, la vie à la ferme n'était
pas pour Vail. Après avoir pris connaissance des opportunités
télégraphiques dans l'Ouest, il est parti devenir l'homme
de nuit de l'Union Pacific Railroad dans le Wyoming. Puis, en 1869, l'oncle
Quinby revint et Vail fut nommé commis au service postal des chemins
de fer. Cela sest avéré lopportunité
dont il avait besoin et il a excellé. En 1873, il fut promu au
siège social de Washington DC. Là, il révolutionna
le traitement du courrier, améliorant considérablement le
service. En 1874, il devient surintendant général adjoint
et en 1876, surintendant général. À mesure que ses
finances s'amélioraient, il commença à investir dans
des brevets, dans l'espoir toujours d'en trouver un ayant le potentiel
du télégraphe. Son rêve de richesse et d'influence
futures différait de son travail, devenu plus bureaucratique, plus
politique et moins à son goût. Sa tolérance fut dépassée
lorsqu'une audience du Congrès au début de 1878 passa une
journée à discuter du coût et de la pertinence de
son indemnité journalière de 5 $.
Quelques jours plus tard, il annonça à Hubbard qu'il était
prêt à rejoindre la Bell Telephone Association, ce qu'il
fit fin juin.
Lorsque la nouvelle est tombée, la plupart des gens ont été
stupéfaits : pourquoi aurait-il abandonné sa carrière
pour un autre fantasme de Hubbard ? Un membre du Congrès a écrit
à Vail : Ne volez pas au public un serviteur inestimable simplement
parce que nous avons essayé de vous tromper et de vous affamer.
Son patron lui écrit : Écoute la prophétie d'un
vieux fou à un ami. Dans un ou deux ans, il y aura plus de compagnies
de téléphone quil ny a aujourdhui dentreprises
de machines à coudre.
Ainsi, tout comme le Morse Telegraph Club avait embauché Kendall
du système postal, Graham Bell fit de même avec Vail. (Vail
deviendra la force la plus dominante de lhistoire de Bell.)
Vail a hérité d'une situation désespérée
en tant que nouveau directeur général de la Bell Telephone
Association. Chaque jour qui passait, il semblait plus certain que les
tactiques agressives du colosse Western Union-AST allaient couler leur
start-up en difficulté. Comme si cela ne suffisait pas, les pratiques
de gestion à temps partiel et à moitié informées
de Hubbard avaient créé un tel désordre au sein de
l'organisation que si elle ne s'effondrait pas sous l'effet de forces
extérieures, elle imploserait à cause du chaos interne.
Sans ressources suffisantes et stressé de bien des manières
inimaginables, Vail devait agir rapidement et avec compétence,
car il y avait peu de chances qu'il ait l'occasion de réparer ce
qu'il n'allait pas.
Il devait dabord contenir, et, inverser lagression
créée par WU-AST. Pour Vail, moralement enclin, le fait
que WU-AST agissait au mépris total des droits de brevet de Bell
l'a rendu furieux et lui a donné la force d'un animal acculé.
Il a immédiatement écrit à chaque agent pour renforcer
sa détermination à rivaliser : "Nous
possédons les seuls brevets téléphoniques originaux.
Nous avons organisé et introduit l'entreprise et nous ne proposons
pas qu'une quelconque société nous la prenne".
En quelques semaines, WU-AST a annoncé un nouveau
téléphone intégrant l'émetteur innovant d'Edison.
Connu sous le nom de « plumbago », ou « bouton
en carbone », qui a largement surpassé le diaphragme
en métal martelé de Bell pour la transmission de la parole.
WU-AST na pas perdu de temps pour exploiter son nouvel avantage.
Là où la WU-AST, comme les Robber Barons
qui ont tant influencé lhistoire de WU, ne pouvaient pas
intimider un agent pour quil abandonne ses efforts, ils ont essayé
de les racheter. Sur les deux marchés critiques de New York et
de Chicago, les agents ont abandonné. Pour inciter encore plus
Vail, qui avait été nommé nouvel agent pour la ville
de New York. (L'un de ses premiers actes en tant que directeur général
a été d'accorder l'agence de Chicago à quelques amis.)
Vail a investi le peu d'argent dont il disposait et qu'il pouvait récolter
auprès de ses amis dans la nouvelle Bell
Telephone Company of New York (BTC-NY). Car c'était
dans cette dernière que Vail détenait sa participation au
capital, et non dans l'organisation mère même s'il
en était le directeur général.
Holmes, du système d'alarme antivol et de commutateur, qui a été
nommé président de BTC-NY ; Charles Williams est devenu
investisseur.
En juillet, une partie de la pression financière
immédiate s'est atténuée avec l'incorporation dans
le Massachusetts de la Bell Telephone Company (BTC). La capitalisation
était de 450 000 $, même si seulement 50 000 $ étaient
de nouvelles liquidités. Tous les droits de brevet de Bell lui
ont été attribués en dehors de la Nouvelle-Angleterre.
Les investisseurs étaient représentés à parts
égales au conseil d'administration même s'ils n'avaient investi
que 25 000 $ ; Sanders a investi les 25 000 $ restants. Un comité
exécutif a également été créé,
avec Hubbard mais l'un des trois membres. Vail est devenu directeur général
à temps plein.
Avec la création de NETC,
BTC-NY et maintenant BTC, la
structure fondamentale des sociétés Bell a commencé
à prendre forme. Ce nétait plus une association de
brevets qui accordait des licences aux agents et leur louait des téléphones.
Au contraire, les titulaires de brevets sétaient transformés,
ou, plus précisément, avaient été transformés,
en actionnaires de deux sociétés : NETC et BTC. Ces deux
sociétés, en tant que titulaires des droits de brevet, sont
désormais des agents agréés et, dans une nouvelle
tournure, ont fait le point sur les sociétés d'agents
comme elles l'ont fait avec BTC-NY ; Hubbard avait accepté, de
son propre chef , de fournir un financement à BTC-NY en échange
d'actions. Le rendement financier à gagner pour la détention
des brevets était désormais des dividendes et non un pourcentage
des loyers. Une forme d'organisation de société holding
avait été créée, mais sans que la ou les sociétés
détiennent les actions, car elles ne le pouvaient pas légalement
c'était en 1878, quatre ans avant le Standard Oil Trust.
Seulement quelques semaines à bord et avec des
finances apparemment sous contrôle, Vail devait maintenant mettre
de l'ordre dans le chaos. Une grande partie de cette somme viendrait simplement
de la main dun bon directeur général à plein
temps. Mais il lui fallait également une stratégie cohérente
pour guider et éclairer ses actions. Par son expérience
et sa vision, il était d'accord avec le grand système de
Graham Bell. Il fallait dabord faire valoir les droits du brevet
et avec succès.
Puis vint la construction en 1893-1894 dune entreprise suffisamment
importante pour résister à la concurrence qui émergerait
sûrement à lexpiration des droits de brevet. On pensait
qu'une Bell compétitivement robuste consistait en des services
d'échange viables sur tous les principaux marchés, interconnectés
à un réseau interurbain. Si cela était accompli d'ici
1894, tout concurrent devrait créer des services de commutation
locaux face à une concurrence bien établie, ainsi que trouver
un moyen d'offrir des appels interurbains intégrés. En mettant
en place un grand système, une concurrence efficace devrait avoir
une portée nationale, ce qui augmenterait considérablement
les coûts et les risques pour les concurrents potentiels. Cependant,
une telle vision était loin de la réalité puisque
BTC expédiait à ce moment-là son premier modeste
commutateur et que la distance maximale d'un appel téléphonique
longue distance était de plusieurs dizaines de kilomètres.
De 1880 à 1893, l'ABTC a intenté 600 poursuites pour contrefaçon
de brevet, avec cinq recueils de cas Amos E. Dolbear et al., Molecular
Telephone Company et al., Clay Commercial Telephone Company et al., People's
Telephone Company et al., Overland. Compagnie de téléphone
et tous ont fait appel devant la Cour suprême. (lire
la page litiges)
La lutte pour les droits de brevet d'ABTC ne s'est pas
limitée aux tribunaux. Un de ces cas est celui de la Pan
Electric Telephone Company (PETC). Fondée en 1883 autour des
brevets de J. Harris Rogers, la PETC comptait deux sénateurs américains
comme administrateurs. En novembre 1884, ABTC intenta une action contre
PETC. Les partisans du PETC ont ensuite tenté de faire adopter
une loi au Congrès autorisant le gouvernement à intenter
une action en justice et à annuler des brevets dans certaines circonstances,
comme celles de l'ABTC. La mesure a été adoptée par
la Chambre, mais pas par le Comité sénatorial des brevets.
Peu de temps après, l'avocat du PETC est devenu
procureur général des États-Unis. Lorsqu'on lui a
demandé d'intenter une action contre les brevets de Graham, pour
les faire déclarer frauduleux et invalides puisque Graham n'était
pas le premier à avoir inventé le téléphone,
le procureur général a refusé de le faire probablement
en raison d'un conflit d'intérêts évident. Mais lorsqu'il
a quitté Washington pour quelques jours, une autre demande a été
faite au bon moment et, après une journée d'examen, le ministère
de la Justice a intenté une action contre ABTC.
L'audience de la Circuit Court The American Bell Telephone
Company et La Pan Electric Company s'est
prononcé pour ABTC. L'avocat de PETC a fait valoir que toute décision
devrait être suspendue jusqu'à ce que le dossier du gouvernement
contre ABTC soit tranché. Si la Cour était daccord,
PETC pourrait continuer ses activités. Cependant, dans la précipitation
pour intenter une action en justice, le ministère de la Justice
a commis une erreur et l'affaire a dû être temporairement
retirée. Le président Forbes de l'ABTC a ensuite rencontré
le président Grover Cleveland pour plaider la cause de l'ABTC.
Sans le procès en cours contre l'ABTC, la Circuit Court a rejeté
la demande de suspension de la PETC : la PETC n'a pas fait appel. Le 1er
janvier 1887, le gouvernement a déposé une plainte contre
l'American Bell Telephone Company et Alexander Graham Bell. Plus d'un
an plus tard, le 19 mars 1888, la Cour suprême s'est prononcée
par quatre voix contre trois en faveur de l'ABTC dans les cinq affaires
dont elle était saisie. Neuf ans plus tard, en 1896, deux ans après
l'expiration des brevets de Graham, le gouvernement abandonna sa cause.
Une troisième conséquence pour ABTC de son
accord avec WU en 1879 fut la nécessité de rationaliser
son approvisionnement en produits. ABTC avait besoin d'un approvisionnement
en produits plus fiable et plus important que sa série de petits
ateliers de production centrés autour de Charles William.
En février 1880, ABTC possédait 60 873 téléphones
avec titulaires de licence et 138 centraux et était sur le point
de reprendre les 56 000 téléphones et cinquante-cinq centraux
de WU. Tous ces téléphones ont dû être transformés
en instruments dotés à la fois d'un émetteur et d'un
récepteur, répondant ainsi à la demande croissante
de nouveaux téléphones. Ces demandes sans précédent
en matière de capacité de production nécessitaient
une solution immédiate. Deux décisions ont été
prises : prendre le contrôle de la Western Electric Manufacturing
Company (WE) et standardiser le téléphone. WE était
le plus grand fabricant d'appareils électriques du pays et le fournisseur
de téléphones de WU. Dans le cadre de l'accord de règlement
entre ABTC et WU, WU a rompu sa relation formelle avec WE. En juillet
1881, ABTC rachète 40 % de WE. 320 En février 1882, ABTC
a augmenté sa participation majoritaire à 52,05 %. Ensuite,
ABTC et WE ont signé des accords aux termes desquels ABTC s'engageait
à acheter uniquement à WE, et WE acceptait de vendre uniquement
à ABTC. (Cet accord fait l'objet d'une enquête gouvernementale
et de poursuites judiciaires depuis un siècle.) La deuxième
décision était de normaliser. La normalisation était
nécessaire pour assurer une production à volume élevé,
de haute qualité et à faible coût. La normalisation
a à la fois simplifié la conception et la mise en uvre
des commutateurs, créant essentiellement une barrière, un
pare-feu, contre les efforts des concurrents pour pénétrer
les technologies de transmission et de commutation. Le téléphone
était simple donc ils ont standardisé. Les exigences
en matière de transmission et de commutation étaient complexes
et difficiles. Ils ont donc investi dans l'innovation dans le but de créer
des brevets de protection.
Revenons en 1879 , la compagnie Bell comptait exclusivement
sur le magasin de Williams pour fournir les téléphones
et les appareils connexes.
Au début de 1879, Williams ne pouvait plus répondre à
la demande. Les ouvriers de Williams n'étaient pas habitués
à faire de la de production, ils étaient considérés
comme des artisans, habitués à apporter des modifications
à la volée aux inventeurs.
En outre, Williams a déclaré: «Presque tous les lots
que nous avons trouvés étaient une amélioration par
rapport aux précédents.
Le 7 février 1879, les employés de Williams travaillaient
11 heures par jour, mais la production ne pouvait atteindre que 35 téléphones
par jour.
Dans le monde rural :
Les commis aux brevets américains navaient guère
pu imaginer comment cette invention,changeraient la vie solitaire
des Américains.
Ensemble, dans un étonnant déploiement d'ingéniosité
rurale, ils ont connecté des fermes isolées à
leurs voisins ruraux et au reste du monde.
Laissés aux compagnies de téléphone et à
leurs résultats, les agriculteurs n'auraient pas du tout de
télécommunications.
La construction de lignes était coûteuse et ne valait
guère la peine de sefforcer dans les zones à faible
densité de population. Mais, selon l'historien Ronald R. Kline,
les fabricants ont sous-estimé l'esprit entrepreneurial et
novateur de ces hommes et de ces femmes. «Les éleveurs
et les hommes de la ferme ont construit bon nombre des premiers systèmes
en tant que lignes privées pour connecter leurs voisins»,
écrit Kline , «en utilisant souvent les clôtures
omniprésentes en fils de fer barbelés qui divisaient
une grande partie des terres à l'ouest du Mississippi».
Ci contre : Déja utilisé pour le télégraphe
ou la signalisation, le brevet 1874 de JF Glidden d'utilisation
du fil barbelé était un moyen économique de relier
éléctriquement deux sites.
Il a été amélioré par rapport à
un modèle précédent et a rapidement été
adopté comme norme pour le téléphone
Avant de parler de réseaux et de centraux téléphoniques
pour mettre en relation les abonnés entre eux, il faut rappeler
que ce concept existait déjà pour les télégraphes
avec la Law Telegraph Company qui
était une société américaine dont l'objectif
était de faciliter les communications entre les avocats de la ville
de New York .
La société est fondée le 10 avril 1875 par William
A. Childs, puis rachetée par la Metropolitan Telephone and Telegraph
Company à New York
Ce fut la première entreprise à fournir des services téléphoniques
dans la ville.
Bien avant le téléphone, au début
de 1874, William A. Childs proposa d'établir un système
de téléscripteur pour les avocats similaire à celui
prévu pour les cotations boursières. Son service mettrait
en relation les avocats avec différents tribunaux afin qu'ils puissent
déterminer les calendriers judiciaires de chaque jour, les décisions
des juges et d'autres actualités judiciaires. En sollicitant les
idées des avocats qui seraient ses clients, il n'a trouvé
aucun intérêt, car ces informations étaient déjà
disponibles dans les quotidiens, mais les avocats voulaient plutôt
un système où ils pourraient se connecter les uns aux autres
pour communiquer ; si un système était prévu permettant
à un avocat de communiquer avec n'importe quel autre avocat également
présent dans le système, cela serait utile, selon l'un des
avocats consultés par Childs. Ainsi est née la Law Telegraph
Company
Sur la base des suggestions faites par ces avocats,
Childs a conçu un système dans lequel il y aurait un bureau
central et un système de signalisation où tout avocat pourrait
faire signe à ce bureau de connecter son fil à un bureau
spécifié, en utilisant un appareil similaire à celui
de Charles Wheatstone. Le service a été annoncé auprès
des avocats locaux et s'est vendu très rapidement. L'entreprise
Childs a installé 60 "cloches" dans une pièce
centrale ; chaque avocat se voyait attribuer un numéro et signalait
à l'opératrice le numéro qu'il souhaitait joindre
en sonnant la cloche (par exemple, 3 sonneries suivies de 1 pour atteindre
le « 31 »). La cloche a ensuite été remplacée
par un sondeur télégraphique Morse.
Le 10 avril 1875, le système fonctionnait
et était suffisamment acclamé pour que The Telegrapher,
une publication industrielle, fasse référence au système
Law Telegraph.
Bien qu'Alexander Graham Bell ait décrit des idées pour
un système d'échange central, la Law Telegraph Company a
appliqué des téléphones à l'installation du
central avant que Bell n'en ait un, et a ainsi précédé
Bell à New York avec un central téléphonique fonctionnel.
The Law System a obtenu un brevet, n° 220 874 (à Frank Shaw),
pour l'adaptation du principe du fil d'appel (utilisé auparavant
pour la télégraphie) aux téléphones, le 21
octobre 1879. Dans le brevet Dans sa demande, Shaw a également
souligné l'avantage d'attribuer des numéros de téléphone
aux abonnés, plutôt que de les identifier par leur nom, comme
cela avait été fait auparavant, même si la Law Telegraph
Company n'a peut-être pas été la première à
utiliser des numéros.
Tivadar
Puskás
Le hongrois Tivadar
Puskás, ingénieur et
inventeur Hongrois qui après avoir étudié le
droit à Vienne, des études d'ingénieur à
l'université de Budapest qui en 1866 émigre à
Londres, puis en 1873 part travailler aux États-Unis, où
il collabora avec Thomas Edison
et son équipe, il crée le « Telegraph Exchange
», un multiplex qui aboutit à la construction du premier
centre manuel téléphonique expérimental à
Boston.
Il fut inauguré par la Bell Telephone
Company à Boston en 1877.
En tant que détenteur d'une licence
d'Edison, en 1879 il revint en Hongrie et, en
collaboration avec son frère (Ferenc), il construisit des centraux
manuels sur le territoire de l'empire austro-hongrois, puis il construit
le premier véritable centre téléphonique manuel
de grande envergure en 1879 à
Paris le premier en Europe,
puis à Marseille, à Budapest ... .
La légende raconte
que le mot « Allô ! »
(ou « ha-lo ! ») utilisé
internationalement pour les appels téléphoniques vient du
hongrois, parce que le pionnier du téléphone Tivadar Puskás
lors de son premier essai répondit : « Je vous entends »,
ce qui se dit en hongrois : hallom,
et les étrangers qui assistaient à cette expérience
reprirent ce mot sous la forme d'une onomatopée, qui devint internationale
à l'exception des Italiens qui disent pronto!, des Portugais
qui disent estou?/estou, sim?, ou des Japonais qui disent mushi mushi.
En Allemagne, un central téléphonique
a ouvert le 12 novembre 1877 à Friedrichsberg, près
de Berlin, sous la direction de Heinrich von Stephan.
La sonnerie polarisée.
L'UN des problèmes secondaires auxquels Bell a dû faire
face après sa première démonstration du téléphone
était la fourniture d'un moyen d'attirer l'attention de la
personne à l'autre bout de la ligne. Watson avait déjà
breveté un système d'appel (Trumper) pour le premier
modèle Bell Box, mais pour les nouveaux téléphones
il fallait encore avoir recours à l'imagination de Watson.
Le premier brevet US210886
de sonnerie le 17 décembre 1878.
Pour assurer une bonne sonnerie, les gongs sont ajustés de
manière à ce que la bille du battant ne repose sur aucun
des gongs à l'arrêt, mais dans des conditions de sonnerie,
la flexibilité de la tige est suffisante pour permettre à
la bille de frapper le gong.
Cette forme générale de sonnerie, inventée par
Watson en 1878, sera longtemps utilisée comme signal d'appel
d'un abonné. Cependant, les magnétos comme source de
courant de sonnerie ne seront utilisés que sur les lignes rurales.
Le
28 Janvier 1878 en Amérique à New Haven , le premier
centre téléphonique manuel ouvre :
Sans même être au courant des premières expériences
de réseaux comme celui de Boston, Chicago ... , George W. Coy
a conçu et construit le tout premier tableau de distribution
(Switchboard) sans recours à la télégraphie et à
usage commercial.
George
W. Coy inspiré par la conférence
d'Alexander Graham Bell au Skiff Opera House à New Haven
le 27 avril 1877 ouvre le
premier service commercial de téléphonie en janvier 1878
à New Haven, Connecticut. Le 3 novembre 1877, Coy
a demandé et obtenu une concession de la Compagnie de téléphone
Bell pour les comtés de New Haven et de Middlesex. George W. Coy, avec Herrick P. Frost et Walter Lewis, ils créent
la District Telephone Company de New Haven
le 15 janvier 1878.
En
1882, cette société était connue sous le nom de Southern
New England Telephone Company.
Le 28 janvier 1878 au Boardman Building à New Haven,
était ouvert le premier système commercial au monde qui
permettait à de nombreux clients de communiquer entre eux, Ce
concept sera le fondement, le principe de base de tous les centraux manuels
dans le monde entier.
Les premiers tableaux de commande ont été
construits à partir de «boulons de carrosserie, de poignées
de couvercles de théière et de câbles divers»
et le tableau ne pouvait gérer que deux conversations simultanées.
(Reproduction du tableau)
Le tableau se compose de quatre bras (connexion métallique) pouvant
être tournés de manière circulaire pour établir
les contacts, les terminaisons de la ligne partagée, un avertisseur,
une réglette avec contacts, un instrument téléphonique
opérateur et un appareil appelant.
Le tableau dessert huit lignes de groupe et chaque ligne de
groupe dessert en moyenne douze abonnés, ce qui permet de desservir
12 × 8 = 96 abonnés. L'opérateur peut manipuler
les connexions à l'aide de quatre bras en laiton rotatifs. Sur
ces quatre bras, deux bras sont utilisés pour connecter deux fils
des deux abonnés (appelant et appelé) sur le tableau, le
troisième bras est utilisé pour connecter l'opérateur
au circuit et le quatrième bras est utilisé pour faire sonner
l'abonné appelé. Une fois la connexion sur le groupe de
l'appelé établie, l'opérateur envoie un courant d'appel
sur le groupe de téléphones reliés sur la lignes
(de huit téléphones maximum). Si il veut joindre le cinquième
abonné, il envoi cinq signaux longs sur la ligne (avec le calling
device) pour indiquer que cet appel est destiné à l'abonné
cinq. Si le demandé répond, il termine la connexion avec
le demandeur ...
Cet équipement continua à fonctionner en paralléle
au téléphone et servait à signaler le début
et la fin de la communication téléphonique à l'opérateur.
Deux personnes étaient nécessaires, un assistant recevait
les signaux télégraphiques et prévenait par bordereau
de papier le téléphoniste qui établissait la communication.
C'était pas très commode mais c'était un succès
foudroyant.
Ces plans sont ceux que G.W.Coy
fit après l'installation du standard, pour pouvoir breveter son
invention.
Le tableau a été
conçu et construit par M. Coy, en décembre 1877,
avec l'aide d'un charpentier local. Le tableau formait une partie de la
cloison qui séparait le bureau de la salle des batteries. Pour
autant qu'on le sache la cloison a été cassée, le standard
a été perdu.
vieilles photos du tableau et vidéo sur son fonctionnement
Accroché au mur de la chambre ou du bureau
de l'abonné, le téléphone ou "hand téléphone"
était en acajou ou recouvert de caoutchouc il pendait sur
un crochet en acier vissé sur le panneau de bois en noyer
généralement.
Il était complété par une sonnerie extérieure
pour le premier modèle ou fixée sur le même
panneau de bois pour le second appareil.
Des vis pour relier les fils ont été fixés
à chaque coin de cette planche.
Un simple parafoudre relie les deux bornes supérieures, ligne
et terre.
En bas de la planche on trouve les deux connexions pour le "hand
téléphone".
Au centre de la planche et reliée à la terre, se trouvait
un bouton-poussoir de coupure du circuit que labonné
pouvait utiliser pour appeler le «Central».
Sous le bouton-poussoir était inscrit le numéro d'ordre
du téléphone sur la ligne.
En 1878, comme nous l'avons vu, Holmes
devint président de la compagnie de téléphone Bell
nouvellement créée.
Alors qu'il vendait ses intérêts deux ans plus tard pour
100 000 USD, il conservait le droit d'utiliser les lignes téléphoniques
de la société pour son système d'alarme En octobre 1878, la société mère, Bell
Telephone Company, publia une circulaire décrivant une
forme de standard téléphonique à bande de laiton
«adaptée pour six circuits».
L'utilisation des appels commutés, à partir de 1878, nécessitait
qu'un « opérateur » transmette les appels via des
cordons d'une prise de ligne à une autre. Des hommes ont été
embauchés pour ce travail, mais se sont révélés
trop indisciplinés, de sorte que des femmes aux manières
féminines ont rapidement remplacé les "wild boys."
(garçons sauvages).
Lorsqu'un appel était passé, l'appelant demandait à
être connecté nommément à l'appelé.
Les opérateurs ont rapidement appris à quelle prise du
standard était connectée la ligne de chaque abonné.
En 1879, une épidémie de rougeole à Lowell,
dans le Massachusetts, a fait craindre que les quatre opérateurs
de Lowell ne succombent et ne paralysent le système téléphonique
qui desservait plus de 200 abonnés. Afin de faciliter la formation
des opérateurs remplaçants, on commença à
utiliser des numéros plutôt que des noms. Ce changement
majeur dans le traitement des appels est entré en vigueur presque
sans préavis.
Le service téléphonique sous licence Bell
a débuté à Baltimore, Maryland, en 1877, à
Washington, D.C., en 1878, à Richmond, Virginie, en 1879, dans
la ville d'Alexandria, Virginie, en 1880-1881, à Falls Church,
Virginie, en 1888. , et à Arlington (Rosslyn), Virginie, en 1898.
En 1878, une ligne téléphonique a été
installée dans ce qui est aujourd'hui la région de Tysons
Corner du comté de Fairfax. La ligne allait de la maison de John
Shipman à celle de William Tyson et était reliée
à plusieurs autres voisins.
En 1879, le premier annuaire téléphonique du District
de Columbia fut publié. A l'époque, Rutherford B. Hayes
était Président et son numéro à la Maison
Blanche était le 1. Le Capitole était le 2 (ces deux bâtiments,
la Maison Blanche et le Capitole n'avaient chacun qu'un seul téléphone)
Avec ce premier tableau de M. Coy, deux connexions téléphoniques
seulement étaient possibles en même temps.
C'est-à-dire que deux conversations seulement pourraient être
menées en même temps.
Si un troisième abonné souhaitait une connexion, il estait
nécessaire dattendre la libération de lune des
lignes.
Un jour, l'opérateur a pensé
que, en mouillant ses doigts et en les plaçant sur les plots respectifs
des deux abonnés, ils pourraient parler à travers son corps.
Ce mécanisme de fortune très ingénieux a permis de
surmonter la brève période au cours de laquelle deux autres
cercles ont été ajoutés au tableau dorigine,
augmentant ainsi sa capacité de 50%.
Mais un jour, alors que l'opérateur laissait ses doigts mouillés
pour effectuer une conversation, un signal de sonnerie provenant d'un
autre abonné, lui envoya un puissant courant, le choc reçu
mis fin à cette pratique plutôt risquée.
En un an, laugmentation du nombre
de lignes dabonnés dans la circonscription de New Haven
a rendu nécessaire la création dun nouveau tableau.
Le tableau Snell (ci contre) avait une capacité de trente-cinq
lignes dabonnés et a été installé
à la place de l'ancien modèle de New Haven.
La ligne relie les leviers ensemble perpendiculairement.
Les ressorts reliés horizontalement, forment les barres de
liaison.
Deux circuits quelconques sont connectés en plaçant
les leviers correspondants sur la même rangée de ressorts.
Il y eut des témoignages de centres utilisant ce commutateur,
où un opérateur effectue tout le travail de manière
satisfaisante pour trois cent abonnés, tandis quavec
les systèmes existant à l'époque, il en fallait
au moins deux, ce qui permis de diminuer les frais dexploitation.
La figure ci contre montre un type de
tableau de contrôle Snell moins cher, utilisant ce que l'on
appelle des "prises à basculement".
Ce tableau consistait en une table inclinée, comportant autant
de rainures, larges dun quart de pouce et profondes, selon les
besoins, pour le raccordement de barres.
Entre chaque troisième rainure se trouve une rangée
de trous encastrés pour les poteaux à l'intérieur
d'un ressort en spirale; un fil plus petit passant à travers
les extrémités des poteaux forme la ligne et sert de
charnière pour les petits vérins de renversement qui
relient la ligne à la plaque de laiton au fond de la rainure.
Le ressort permet d'établire ainsi une connexion frottante
et tenant fermement les vérins à leur place lorsque
deux d'entre eux sont basculés vers le haut sur la même
rainure.
La figure ci contre montre un commutateur
manuel de ce type. qui a été installé à
Hartford en 1879.
En décembre 1881, à Providence, il y avait treize tableaux
de commutation post-Snell de vingt-cinq lignes chacun, quatre de cinquante
et un de soixante lignes, disposés sur trois côtés
de la salle dopération.
Les standards adoptés par dautres centres avaient un
caractère aussi unique que ceux installés à New
Haven.
À St. Louis, en avril 1878, M. George F. Durant a utilisé
un «tableau de commutation », dont le fonctionnement est
décrit ainsi:
Sur la position de l'abonné qui sonnait, l'avertisseur tombait
et l'opérateur se connectant à cette position demandait
: "Que voulez-vous ?" . Déterminant ce qui était
demandé, le garçon établissait la connexion désirée,
à l'aide des deux fiches d'un cordon, en plaçant chacune
des fiches dans les prises nécessitant la connexion.
Le second tableau avait des barres de laiton sur toute la longueur
du panneau, avec des trous tous les cinq ou six pouces pour insérer
les bouchons
En 1877, M. Doolittle avait fabriqué un petit tableau
à barres croisées à six branches à Bridgeport,
dans lequel il substituait de simples commutateurs aux habituelles fiches
télégraphiques, ces dernières étant plus faciles
à manipuler pour établir des connexions. En juillet 1878, Thomas B. Doolittle a planifié et
fait construire par Charles Williams Jr., de Court Street, Boston, un
standard téléphonique à vingt circuits.
Standard qui, a déclaré M. Williams, était «le
premier standard entièrement équipé d'appareils de
signalisation fait dans mon établissement.
Ce tableau (Doolittle1) a été placé dans le central
de M. Doolittle à Bridgeport (Connecticut), qui a succédé
au premier système de central téléphonique Doolittle1,
Dooolittle
2
Entre-temps, Doolittle conçut sa «planche à connexion
directe» (Dooolittle 2) dans laquelle chaque ligne aboutissait à
la planche après avoir traversé une cloche (sonnerie) à
un coup, au marteau de laquelle était fixée une boule de
laiton creuse suspendue par un fil de soie.
Un téléphone pour l'opérateur était raccordé
à chaque circuit et les câbles étaient d'une longueur
suffisante pour atteindre la limite la plus éloignée du
tableau.
Suite à un appel de l'abonné, le coup de sonnette provoque
le balancement de la boule de laiton. ( Ces poids ont d'abord été
utilisés, car leur longueur empêchait les cordons de se balancer
et de s'emmêler, mais ils ont ensuite été remplacés
par des poids de plomb plus petits mais plus lourds) .
Elle en informe donc l'opérateur qui a coupé la batterie
en tournant un commutateur, puis a inséré une fiche dans
la prise de ligne et a reçu l'appel.
Le cordon daccompagnement a ensuite été retiré
de la plaque de masse et inséré dans la prise de la ligne
demandée.
M. Doolittle déclare que sur plusieurs commutateurs, il a vu lopérateur
soccuper de quatre appels en même temps en tenant deux téléphones
dans la main, cest-à-dire quil devait parler puis écouter
quatre téléphones distincts; en d'autres termes, en utilisant
ses deux oreilles ainsi que ses deux mains.
Incidemment, on peut mentionner que M. Doolittle prétend que c'est
sur ce tableau que la première opératrice téléphonique
avait était employée.
À Chicago,
le premier système de mise en communication d'abonnés
au téléphone a été installé au
bureau central du Bureau de télégraphe.
C'est un dispositif gréffé sur le système déjà
utilisé depuis longtemps l'American
District Telegraph Service, pour avertir
en cas d'incendie et s'appuyant sur le télégraphe
Morse.
Les quelques abonnés du système avaient
été reliés au standard, et un opérateur répondait
à leurs appels pour établir les connexions dont ils avaient
besoin.
Chaque abonné disposait, en plus de sa propre ligne téléphonique,
d'une connexion télégraphique et un petit appareil qui transmettait
un signal indiquant ses besoins. Un registre situé au bureau central
enregistrait, sur une bande, les signaux reçus par télégraphie,
et cest en réponse à ces signaux enregistrés
quune connexion avec la ligne téléphonique individuelle
de labonné pouvait être établie par l'opérateur
du centre télégraphique.
Un récit de cet ingénieux système se trouve dans
un article de M. Haskins dans La Lumière Électrique de 1880
:
Il exista en Amérique plusieurs systèmes
pour la création de communications téléphoniques
entre particuliers, et les plus important de ceux-ci est celui connu sous
le nom de 'Américain District Systém'
.
La figure suivante qui illustre le circuit et lappareil de 'L'American
District Telegraph' et des téléphones utilisés
est extrait du brevet américain Firman n ° 328.305
demande déposée le 16 janvier 1880. Leroy B.
Firman, était le directeur général de l'American
District Telegraph...
À New York
le système M. Frank Shaw, ingénieur de la
Law Telegraph Co. exploite des systèmes
d'échange à New York et à Brooklyn, et ses bureaux
centraux sont reliés par des lignes principales à ceux de
la Metropolitan Telephone and Telegraph Co., permettant ainsi aux abonnés
des deux sociétés de communiquer entre elles.
Les instruments téléphoniques utilisés par Law Telegraph
Co. sont l'émetteur Blake et le récepteur Bell.
Comme dans tous les autres systèmes utilisés à New
York, chaque abonné est relié au central par un seul fil.
Au bureau central, leurs lignes se terminent par des cordons flexibles,
munis de piquets métalliques, disposés au centre de la table
de communication.
La partie caractéristique de ce système consiste dans l'emploi
d'un fil spécial C, Fig.201 (dit "fil d'appel"), qui
relie un certain nombre d'abonnés (généralement cent
trente), et, après avoir passé à travers les appareils
placés dans le réseau, il retourne au téléphone
du central, M, où un opérateur est toujours à l'écoute.
Lorsqu'un des abonnés désire appeler, il introduit son téléphone
sur le fil c, et il peut alors correspondre directement avec le téléphone
central M, dont le combiné est toujours tenu à l'oreille
de l'opératrice.
Il est entendu que l'abonné, pour appeler, n'a qu'à donner
son numéro et celui de l'abonné avec lequel il souhaite
parler. L'opératrice prend alors le pion du numéro recherché,
le plaque contre une plaque reliée à la batterie et sonne
ainsi la cloche de l'abonné appelé. Elle insère ensuite
les deux piquets dans une barre métallique, et les deux abonnés
sont en communication.
La conversation terminée, les deux abonnés se remettent
sur le fil appelant C, et demandent à l'opératrice de rompre
la connexion.
On verra que dans ce système les indicateurs sont complètement
omis.
L'opératrice a un téléphone fixé à
son oreille par un ressort entourant sa tête, et écoute en
permanence les indications données sur le fil appelant.
Ses deux mains sont libres pour effectuer les connexions. Un opérateur
s'occupe généralement de cent à cent trente abonnés.
Bien entendu, pour rendre le service efficace, l'opérateur doit
être une personne formée, qui ne gâche pas les appels
nombreux et simultanés.
Une autre caractéristique de ce central est un interrupteur spécial
qui sert à mettre le téléphone sur le fil appelant.
Les connexions de ce commutateur sont présentées sur les
figures 202 et 203.
La Fig. 202 donne les connexions en position normale.
Le fil venant du central passe par l'interrupteur du téléphone
(qui court-circuite le téléphone), la sonnerie d'appel,
puis va à la masse. Un courant envoyé depuis le central
sonne donc la cloche. Le fil d'appel passe directement par la station.
La figure 203 représente la position du commutateur lorsque l'abonné
souhaite appeler le central. Dans ce cas, la ligne de l'abonné
est hors circuit et le téléphone est mis sur le fil appelant.
Comme nous l'avons mentionné, les lignes des abonnés se
terminent au central par un cordon flexible terminé par une cheville
métallique. Au centre de la table de communication sont fixés
des tubes en cuivre (Fig.204), isolés les uns des autres.
Les fils de ligne sont réunis à la masse de ces tubes, et
le cordon, muni d'un contrepoids, est placé entièrement
à l'intérieur du tube, le contact étant établi
par un ressort frottant contre le côté du tube.
Dernièrement, la Law Telephone Co. a introduit des commutateurs
sur le système « multiple », grâce auquel un
opérateur peut relier un abonné à un autre sans avoir
recours à aucun intermédiaire. Ceux-ci sont similaires dans
leur principe au standard multiple de la Western Electric Co.
À Dundee le
système MANN est une modification du système Law
et a été utilisé avec succès depuis 1884 par
la National Telephone Co.
On vient de montrer que dans le système Law chaque abonné,
en plus de disposer d'un fil direct vers le central, il a le pouvoir,
en appuyant sur un interrupteur, de boucler son instrument sur un fil
commun qui, partant du central, va de de bureau en bureau, et enfin est
ramené au central, après avoir établi la connexion
avec les instruments de plusieurs abonnés. Mais ce long câble
en boucle sur lequel les abonnés doivent brancher leurs instruments
se révèle, en pratique, sujet à des interruptions
provenant de diverses causes ; et comme aucun autre moyen de correspondance
avec l'échange n'est prévu, sa défaillance nécessite
une suspension du service, qui dure parfois plusieurs heures.
La rupture du fil d'appel, ou la déconnexion de l'un des nombreux
instruments à travers lesquels il passe, brise tout le système
sur ce fil d'appel.
Le système Dundee est exempt de ces objections tout en conservant
tous les avantages de la méthode « Law ».
Chaque abonné est sur le fil appelant ; et il est, en outre,
pourvu d'un indicateur de volet ordinaire, destiné à être
utilisé uniquement en cas de défaillance du fil de l'opérateur.
Le fil d'appel ne fait pas le circuit de tous les bureaux des abonnés,
mais part du central, autant que possible, à mi-chemin du groupe
disons, de cinquante à quatre-vingt-dix bureaux qu'il est destiné
à desservir.
Il n'est pas ramené au central, mais se termine brusquement en
tout point opportun et à n'importe quelle distance du central.
Dans le bureau de chaque abonné, à droite et à gauche
de ce fil d'appel, on prend une branche ou un embranchement qui est connecté
au contact inférieur d'un interrupteur à clé fixé
à l'instrument de l'abonné. Cet interrupteur est représenté
sur la Fig.205.
Le levier de la clé est relié en permanence à la
masse à travers l'instrument, et le contact supérieur à
la ligne principale de l'abonné au central.
Le levier est maintenu contre le contact supérieur au moyen d'un
ressort spiral, de sorte que l'instrument est normalement connecté
au fil principal d'échange. Le fonctionnement ordinaire est comme
dans le système de Law.
Au central, un opérateur est attribué à chaque groupe
de cinquante à quatre-vingt-dix abonnés, qui écoute
continuellement sur un téléphone relié au fil de
l'opérateur ou d'appel de ce groupe.
Il s'ensuit que l'abonné, en appuyant sur sa touche, se trouve
immédiatement en communication avec l'opératrice et n'a
plus qu'à mentionner, sans signal ni appel préalable, son
propre numéro et celui de la personne qu'il désire.
Par exemple, le n° 25 désirant parler au n° 600, appuierait
sur sa touche et dirait : " 25 à 600. " L'opératrice
accuse réception de l'ordre par un mot, et établit immédiatement
la communication. Le n°25 laisse alors monter sa clé, tourne
la manivelle de sa magnéto, et sonne la cloche du n°600.
Dans l'hypothèse où aucune réponse immédiate
n'est obtenue, il peut, en appuyant à nouveau sur sa touche, demander
à l'opérateur si la connexion a été correctement
effectuée, ou poser toute autre question qu'il jugerait nécessaire.
Après avoir terminé sa conversation le n° 25 appuie
de nouveau sur sa touche et dit à l'opératrice : « 25
off » ou, s'il souhaite un autre abonné : " 25
à 92 " Dans le premier cas, l'opérateur retire simplement
le cordon reliant 25 à 600 ; dans la seconde, il prend une extrémité
du cordon et la transfère au 92.
Il arrive fréquemment que deux, trois, voire quatre abonnés
appuient simultanément sur leurs touches, mais la communication
nécessaire à l'opérateur, consistant, comme c'est
généralement le cas, en deux ou trois mots seulement, occupe
un espace très court. du temps sans aucun problème, les
abonnés ayant pris l'habitude d'attendre quelques secondes s'ils
constatent, en appuyant sur la touche, que quelqu'un d'autre parle.
Si un accident est survenu sur le fil appelant, l'abonné s'en aperçoit
immédiatement, car, en appuyant sur la touche, il n'obtient aucune
réponse du central.
Dans un tel cas, s'il y a un indicateur sur sa propre ligne principale
au central, il peut le signaler au moyen de sa magnéto, et le service
est effectué selon le plan ordinaire jusqu'à ce que le défaut
soit rectifié.
L'opérateur cesse d'écouter en permanence après 21h30,
lorsque les appels des abonnés deviennent moins fréquents.
Après cette heure, jusqu'à 8 heures du matin, une batterie
et une sonnerie sont commutées sur chaque ligne d'appel au central,
comme le montre la figure 206, de sorte que la pression sur la touche
de n'importe quel abonné interrompt immédiatement la ligne
et déclenche la sonnerie. sonner.
Tant qu'aucune des touches n'est enfoncée, la ligne de l'opérateur
est isolée de la terre en tout point, sauf au niveau du central,
de sorte qu'aucun courant ne circule jusqu'à ce qu'une touche soit
enfoncée.
Sur les figures 207 et 208, il y a une représentation d'un groupe
de bureaux d'abonnés (représentés par de petits cercles)
connectés respectivement aux systèmes Mann et Law.
Ceux-ci ne montrent pas le fil principal direct vers le central dont dispose
en pratique chaque abonné, mais uniquement les lignes d'appel.
En comparant les deux, on verra facilement que, alors que dans le système
Law, une faute dans n'importe quel bureau, ou sur le fil d'appel lui-même,
brise le groupe tout entier, dans le système Mann, une faute dans
un bureau ne peut détruire que celui-là. bureau, ou ça
et quelques autres ; et même un défaut sur le fil d'appel
principal ne fera tomber qu'une partie du groupe.
L'expérience prouve que les indicateurs qui ont été
insérés jusqu'ici dans chaque ligne d'abonné ne sont
pas vraiment nécessaires pour un fonctionnement fiable car, depuis
que le système a été introduit pour la première
fois à Dundee en 1882, il n'a jamais été jugé
nécessaire de les utiliser. Leur retrait entraîne également
le retrait des batteries pour les faire fonctionner dans les bureaux des
abonnés, ce qui entraîne une réduction considérable
des coûts d'installation et d'entretien.
Les commutateurs maintenant utilisés sur les instruments des abonnés
sont la conception de M. Miller, du central de la National Telephone Company
à Dundee. Ils sont représentés sur les Fig. 209 et
210.
L'interrupteur de droite, c, est maintenu dans sa position normale (Fig.
209) par un ressort, et l'interrupteur de gauche, T, est normalement maintenu
en position par le poids du récepteur téléphonique
lorsqu'il n'est pas utilisé. utilisé. Les secondes positions
sont illustrées sur la figure 210.
Dans sa position normale, c connecte les instruments à la ligne
de l'abonné, et lorsqu'il est tourné vers la position illustrée
sur la figure 210, les instruments de l'abonné sont connectés
au fil du circuit.
L'interrupteur T place simplement les parties appelantes ou parlantes
dans le circuit de la manière habituelle. Lors de l'échange,
une bande de laiton est placée juste à l'écart des
ressorts, devant les rangées de trous d'interrupteur, comme indiqué
sur la Fig.211.
Toutes ces bandes sont reliées à un magnétogénérateur
dont l'autre côté est relié à la terre et qui
est maintenu en fonctionnement constant au moyen d'une petite turbine.
Chacun des piquets de mise en communication des abonnés est muni
d'un morceau de laiton isolé de la plaque de connexion du piquet
{b,Fig.211).
Si, maintenant, la cheville est partiellement insérée, comme
indiqué en c, le générateur enverra un courant à
la ligne et sonnera ainsi la cloche de l'abonné, puis lorsque la
cheville sera poussée à fond, comme en d, la connexion habituelle
pour passer est fait.
Toute l'opération d'obtention de la communication s'effectue comme
suit :
L'abonné A se place sur le fil du circuit en maintenant
le commutateur c dans la position indiquée sur la figure 210, puis,
en décrochant son combiné téléphonique, dit
simplement : « A à B. " En relâchant le levier
de l'interrupteur C, l'instrument se retrouve de nouveau dans le circuit
de sa propre ligne. Entre-temps, l'opérateur du central a inséré
l'un d'une paire de chevilles dans le trou d'interrupteur de A et l'autre
cheville dans le trou d'interrupteur de B en s'arrêtant légèrement
dans ce dernier cas lorsque la cheville est en position c (Fig. 21 1).
B est ainsi appelé, et en débranchant son combiné
téléphonique se retrouve en communication avec A. Si B ne
répond pas, A n'a qu'à tourner son commutateur d'appel c
et à demander à l'opérateur de donner un autre appel
à B, ce qui se fait en retirant partiellement la cheville, en la
repoussant à nouveau pour rétablir la communication. A la
fin de la conversation, A tourne à nouveau son interrupteur d'appel
et éteint "A et B".
En 1878, Thomas A. Watson a conçu un système
d'appel qui est devenu connu sous le nom de "Buzzer"
de Watson.
C'était un développement de l'une des premières expériences
de télégraphe harmonique du Dr Bell et utilisait une anche
vibrante et une bobine d'induction. Lorsque l'anche, ou le ressort, était
serré, cela provoquait un contact de fermeture et de rupture dans
le circuit primaire de la bobine. Puis, alors que le secondaire était
connecté à la ligne, un bruit rauque se produisait dans
le récepteur de la station appelée. Ce système fournissait
suffisamment de courant pour fonctionner sur des lignes modérément
longues. Bien qu'il ait été plus satisfaisant que n'importe
quelle méthode précédente, le buzzer a été
de courte durée.
Le buzer a été remplacé la même année
par une sonnerie à "magnéto", ainsi appelée
du nom de la machine qui produisait son énergie électrique.
Un jouet populaire de cette époque était la "machine
à chocs", un générateur à main avec des
aimants permanents, d'où le nom de magnéto. Il se composait
de deux bobines et d'un aimant polarisant avec une armature pivotante
en son milieu. Pratiquement, la sonnerie est un petit moteur synchrone
qui fait une vibration complète pour chaque cycle de courant alternatif
de la magnéto.
Cette forme de sonnerie permet l'utilisation du courant alternatif et
évite les problèmes qui se produisent dans une cloche électrique
ordinaire où des points de contact mobiles doivent établir
et couper le courant à chaque coup de battant.
Watson amènera la touche pratique pour avertir
entre postes : "la sonnerie à magnéto" , Brevet
du 1er Août , 1878
"Téléphone pas cher" Paru dans le Chicago Tribune
Illinois 26 Jan 1878, Sat Page 9 et deux cartes de visites
de 1877.
Le 17 février 1878, Western
Union, ouvrit son premier standard avec 18 téléphones
à San Francisco.
Le standard de Chicago a commencé en aout 1878, la description
de ce standard est reproduite sur le schéma ci dessous.
Un brevet (N ° 303 714) a été déposé par
Horace H. Eldred aux États-Unis le 9 juin 1880 et sera accordé
le 18 août 1884.
L'invention est une méthode d'intercommunication appelée
«système téléphonique de centres téléphoniques
distants», qui consiste généralement en une station
centrale de commutation reliée à un certain nombre de sous-stations
au moyen de lignes télégraphiques ou téléphoniques
qui en rayonnent, ces dernières étant organisées
et disposées de manière à ce que deux des sous-stations
puissent être placées à tout moment en liaison télégraphique
ou téléphonique directe, en communication réciproque
par l'intermédiaire d'un agent de la station centrale ou de la
sous-station, qui, après en avoir été avisé
, relie entre elles les deux lignes menant aux sous-stations respectives,
de manière à ce qu'elles soient activées.
L'invention comprend un autre appareil décrit dans lequel les utilisateurs
des téléphones situés aux sous-stations peuvent notifier
à la centrale distante lorsquils ont terminé leur
connexion et ( appareil démission et de réception
de signaux ) ....
Nous avions toutes les bases et ingrédients pour créer les
réseaux nécessaires au développemnt du "Téléphone
fixe" , de ce que nous avons connu jusqu'à larrivée
du télphone mobile sans fil 100 ans plus tard.
Ce brevet sera contesté :
Dans le brevet britannique, la déclaration est la même, ajoutant:
«une partie de ces améliorations est également applicable
à d'autres finalités similaires».
La déclaration est essentiellement la même dans les brevets
italien et français....
Suivi le premier central téléphonique à Albany,
État de New York, le 18 mars 1878 et à Lowell,
Massachusetts le 19 avril 1878.
A Lowell, les téléphones étaient désignés
par des numéros et non par les noms des personnes.
La première conversation téléphonique
à Springfield eut lieu le 28 février 1878
sur une ligne reliant le bureau de la ville
de Western Union, les rues Sixth et Monroe et la succursale
de la société Capitol .
Cet appel téléphonique a débuté par une
discussion sur le rejet par le Congrès du veto du président
Rutherford Hayes sur la loi Bland-Allison sur le rachat dargent
(les Springfieldiens étaient favorables à lautorisation)
.
La conversation, cependant, a ensuite débouché sur des
commentaires sur la météo et quelques pièces
musicales: le colonel WL Gross, dans le bureau principal de Western
Union, a chanté «Home Sweet Home», ce à
quoi George Kelchner de Statehouse a répondu «
des airs d'opéra sur le concertina, chaque note retentissant
distinctement pour le bureau de la ville. »(Kelchner était
le responsable local de Western Union.) Une version
des téléphones à piles d'Elisha Gray (Western
Electric News, 1917)
L'Illinois State Journal a décrit l'appareil téléphonique
rudimentaire, basé sur un projet d'Elisha Grey concurrent
d'Alexander Graham Bell et fabriqué par la Western
Electric Co.
Il y a deux «appareils à main» en caoutchouc, indifférement
l'un pour être placé devant la bouche et l'autre contre
l'oreille, comme le téléphone de Bell il était
réversible.
À l'intérieur une sorte de «disque» en métal
mince vibre et transporte le son. Il est tenu devant la bouche. Le
son est ainsi acheminé par le fil télégraphique
ordinaire jusqu'à l'autre appareil à la fin du circuit.
Il était clair que le téléphone est une grande
invention remarquable destinée à être très
pratique, a conclu le journal.
En fait, l'utilisation du téléphone a rapidement augmenté
à Springfield et, en juillet 1879, Kelchner a annoncé
que Western Union créerait le
premier central téléphonique à Springfield. Pour
4 dollars par mois, a-t-il promis, un abonné recevrait un instrument
téléphonique gratuit et aurait accès à
d'autres téléphones en échange, y compris sur
des sites tels que Statehouse et les tribunaux. Cette entreprise sera
d'une grande utilité pour les hommes d'affaires et les professionnels,
et sa commodité sera particulièrement appréciée
par temps chaud comme aujourd'hui et par temps orageux les autres
saisons, a déclaré le Journal.
L'utilisation des numéros de téléphone entrera
en vigueur à la fin de 1879.
D'après les numéros de téléphone indiqués
dans les annonces dans les journaux, le nombre de téléphones
à Springfield s'élevait à plus de 450
d'ici 1885 et les annuaires téléphoniques étaient
utilisés à la fin des années 1880.
Deux ans plus tard il y avait 138 centraux manuels
aux USA, en 1908 il y en avait 408.
Puis ce sera une sucéssion d'amélioration
des 'switchbord' et 'centre manuel', qui seront installés partout
dans le monde
Dans les premiers modèles il est nécessaire d'alimenter
le circuit avec des piles installés chez le client.
(batterie locale).
... 19
Mars1878
A. G. BELL dépose le 8 février 1878, un brevet "Speaking
Telephone" qui est attribué le 19 mars brevet
No. 201,488.
Dans d'autres Brevets, j'ai montré
et décrit des méthodes permettant de produire du son
à distance au moyen de courants électriques régulateurs,
grâce à quoi un certain nombre de messages télégraphiques
peuvent être transmis simultanément dans un seul circuit
ou dans un sens ou dans l'autre, et grâce à quoi une
parole articulée peut être produite électriquement.
Pour illustrer mon système de téléphonie électrique,
j'ai montré dans mon brevet précité (n °
1 8 187), sous la forme d'une forme de téléphone électrique,
une tige droite en fer ou en acier avec une bobine de fil autour d'une
extrémité, dont l'extrémité est placée
très près d'une plaque de fer ou d'acier, sans toutefois
la toucher. La tige est soit un aimant permanent, soit est rendue
magnétique au moyen dabattants. Dans cette forme d'appareil,
la plaque est fixée à un bloc de bois et un tube parlant
ou auditif est utilisé pour véhiculer des sons vers
ou à partir de la plaque. La voix des orateurs est dirigée
contre le côté de la plaque qui est détourné
de l'aimant, et l'un des pôles de l'aimant reste inutilisé
... Mon amélioration actuelle consiste à utiliser un
aimant tubulaire à la place de la tige solide précédemment
utilisée et à fixer la plaque à ce pôle
de l'aimant qui n'avait pas été utilisé auparavant...
En 1878 c'est aussi
la naissance des botins ou annuaires des abonnés au téléphone
Bien
qu'il y ait eu des listes antérieures qui montraient les abonnés
commerciaux des compagnies de téléphone, la liste de
New Haven District Telephone Compagny de Février 1878, est considérée
comme le premier annuaire téléphonique parce qu'il énumère
les personnes qui ont obtenu un abonnement téléphonique
La première publication de numéros de téléphone
ne contenait que 50 noms et tenait sur une seule page de carton .
Elle a été imprimée le 21 février 1878 à
New Haven, après l'installation du switchboard fin 1977
Bien qu'il existe de nombreuses réimpressions de ce fameux document,
sur les 150 exemplaires initialement imprimés, seul un survit.
conservé au Centre de recherche Thomas J. Dodd de l'Université
du Connecticut.
LIST OF SUBSCRIBERS.
New Haven District Telephone Company. OFFICE 219 CHAPEL STREET.
February 21, 1878.
Residences.
Rev. JOHN E. TODD.
J. B. CARRINGTON.
H. B. BIGELOW.
C. W. SCRANTON.
GEORGE W. COY.
G. L. FERRIS.
H. P. FROST.
M. F. TYLER.
I. H. BROMLEY.
GEO. E. THOMPSON.
WALTER LEWIS.
Physicians.
DR. E. L. R. THOMPSON.
DR. A. E. WINCHELL.
DR. C. S. THOMSON, Fair Haven.
Dentists.
DR. E. S. GAYLORD.
DR. R. F. BURWELL.
Miscellaneous.
REGISTER PUBLISHING CO.
POLICE OFFICE.
POST OFFICE.
MERCANTILE CLUB.
QUINNIPIAC CLUB.
F. V. McDONALD, Yale News.
SMEDLEY BROS. & CO.
M. F. TYLER, Law Chambers.
Stores,
Factories, &c.
O. A. DORMAN.
STONE & CHIDSEY.
NEW HAVEN FLOUR CO. State St.
" " " " Cong. ave.
" " " " Grand St.
" " " Fair Haven.
ENGLISH & MERSICK.
NEW HAVEN FOLDING CHAIR CO.
H. HOOKER & CO.
W. A. ENSIGN & SON.
H. B. BIGELOW & CO.
C. COWLES & CO.
C. S. MERSICK & CO.
SPENCER & MATTHEWS.
PAUL ROESSLER.
E. S. WHEELER & CO.
ROLLING MILL CO.
APOTHECARIES HALL.
E. A. GESSNER.
AMERICAN TEA CO.
Meat
& Fish Markets.
W. H. HITCHINGS, City Market.
GEO. E. LUM, " "
A. FOOTE & CO.
STRONG, HART & CO.
Hack
and Boarding Stables.
CRUTTENDEN & CARTER.
BARKER & RANSOM.
1er Juin 1878 à l'autre
bout du pays, San FranciscoCalifornie, ne tarda pas à
suivre la mouvement, le deuxième annuaire
Selon un article du San Francisco Chronicle de 1932, 27 de ces abonnés
figuraient toujours parmi les 245 000 inscrits dans le dernier annuaire,
12 sous le même nom. Parmi ces 12 personnes figuraient: le Dr J.
P. Trumpour, dentiste au 1503, rue Divisadero, et A. F. Coffin, courtier
au 335 Bush, ancien président du San Francisco Mining Exchange.
San Francisco
(pdf) LISTE DES ABONNÉS AU 1ER JUIN 1878 (et au format
texte)
Les noms non précédés d'étoiles sont connectés
au CENTRAL OFFICE SYSTEM et peuvent être commutés en connexion
privée les uns avec les autres
sommaire
Le premier contrat de concession
de droits territoriaux a été signé le octobre 1877
avec la Telephone and Telegraph Construction
Company de Detroit (Michigan); pourtant, onze mois se sont
écoulés avant louverture dun central téléphonique
dans cette ville.
Le deuxième bail a été attribué
à la compagnie de téléphone
du district de New Haven, dans le Connecticut, il comprenait New
Haven et Middlesex.
Lancien comté avait été rapidement développé
et mis a lhonneurpour avoir établi les deux premiers centraux
téléphoniques commerciaux (à New Haven et à
Meriden), le premier central téléphonique (Bridgeport),
le premier système de central téléphonique privé
(Ansonia) et les premières lignes téléphoniques payantes
connectées à des centraux téléphoniques commerciaux.
Le 12 février 1878, un bail est attribué
à la New England Telephone Company de Boston.
Le 8 mars 1878, une licence est accordée à la American District
Telegraph Company, de Saint-Lo.
Le 3 juillet 1878, une licence est accordée pour la ville de New
York et couvre un rayon de 33 km.
....
Certaines villes commencent à installer des
appareils, comme à Chiago en 1877, quelques mois après
qu'un petit groupe d'investisseurs du Massachusetts ait décidé
de commercialiser la remarquable invention d'Alexander Graham Bell.
Comme nous l'avons vu, si les circonstances avaient été
différentes, il est concevable que Chicago et non Boston, serait
aujourd'hui le berceau de l'industrie du téléphone avec
la Western Electric, important fabricant d'équipements électriques.
Chicago regorgeait d'un grand nombre de bricoleurs techniquement formés
qui étaient familiers avec les derniers développements de
la science électrique.
L'un des plus prolifiques de ces inventeurs était le président
de Highland Park, ElishaGray.pour qui sa demande de brevet
est parvenue au gouvernement seulement deux heures après une application
similaire de celle de Bell.
La malchance de Gray a contribué à garantir que l'histoire
de la téléphonie à Chicago serait longtemps dominée
par des entreprises qui ont ramené leur lignée à
Bell. Ces entreprises comprenaient Chicago Telephone
Company, la société dominante de Chicago au tournant
du XXe siècle, et Illinois Bell, qui a absorbé Chicago
Telephone en 1920.
Ces deux entreprises étaient des piliers du "Bell System",
le réseau téléphonique national qui était
coordonné après 1900 par American
Téléphone et Télégraphe (AT & T).
Dans les premières années, le téléphone
était principalement utilisé pour faciliter les communications
dans une ville ou une région métropolitaine. Le système Bell demeura l'épine dorsale de l'infrastructure
de communications américaine des années 1870 jusqu'à
la dissolution d'AT & T en 1984.
Le premier demi-siècle de la téléphonie
à Chicago fut une période de croissance rapide, et même
souvent extraordinaire.
Comme en Angletrre, en Amérique les affaires vont
mal, en décembre 1877 moins de six mois après la
création de la Bell Telephone Compagny,
Orton l'ennemi juré contre le sytème Bell, constate
que le téléphone est une sérieuse menace au monopole
du télégraphe, la concurence joue sur ce marché titubant,
quelques mois après avoir négligé le téléphone,
le géant Western Union commence à relier par téléphone
ses principaux clients aux bureaux télégraphiques, sans
tenir compte du succès des centraux téléphoniques
manuel.
En
1878, la première compagnie
Bell a commencé ses activités avec seulement 75 téléphones.
Le 12 Février1878sous
l'impulsion de Hubbard la New England Telephone
Company fut créée parceque la soièté
fidulaire Bell Telephone Company et
son investisseur Sanders n'avait enore pas touché un sou.
Il fallait trouver de l'argent. La bell Compagny céde des droits
d'installation à une autre soiété. ...
En Mai Hubbard engage un jeune manager
T.N. Vail en temps que direteur de la Bell Compagny. Aussitôt
envoie à tous ses agents du térritoire une copie du brevet
de Bell et d'une note pour combattre toute tentative d'implantation de
téléphonique de la part de la Western Union.
le 12 septembre 1878 Hubbard et Vail assignent en justice Peter A Dowd,
de la Speaking Telephone Compagny, pour détournement de brevet
et contrefaçon.
Mai 1878
en Angleterre, Mabel donne jour à une petite fille
Elie May.
Hubbard demande à son gendre Bell de revenir aux Usa. Mais Bell
ne veut plus entendre parler du téléphone, il désire
refaire de l'enseignement. Le 31 octobre 1878,
la petite famille Bell reprend le bateau jusqu'à Québec.
A sa grande surprise l'attendait T.Watson son fidéle collaborateur,
envoyé par Hubbard pour le convaincre de rentre à washington
au bureau des brevets. Suite au procès intenté le 12 septembre
par Hubbard et Vail, le tribunal a besoin de compléments à
fournir par l'inventeur lui même.
Mi
1878, la Boston Telephone Dispatch company
commença à engager des hommes comme opérateurs
téléphoniques.
Ceux-ci avaient été très efficaces comme opérateurs
télégraphiques, mais leur attitude (manque de patience)
et leur comportement (farces...) étant inacceptables pour
des contacts téléphoniques instantanés, les
entreprises commencèrent donc à employer des femmes
pour les remplacer.
Le
1er septembre 1878,
à
la Boston Telephone Dispatch ,
c'est Alexander Graham Bell lui-même qui pour remplacer des
opérateurs masculins 'abrupts' par de jeunes femmes censées
être naturellement polies, a embauché une femme nommée
Emma Nutt loin de son travail d'un bureau de télégraphe,
et ce jour-là, elle est devenue la première femme
opératrice de téléphone au monde. (Sa sur,
Stella, est devenue la deuxième lorsqu'elle a commencé
à travailler au même endroit, la Edwin Holmes Telephone
Dispatch Company de Boston, quelques heures plus tard.)
Les petites villes avaient traditionnellement leur standard téléphonique
installé dans la maison de l'opérateur pour qu'il
ou elle puisse répondre aux appels 24 heures sur 24. Les hommes ont été
rapidement remplacés et ne sont pas revenus avant le début
des années 1970, lorsque la loi fédérale exigeait
l'égalité des chances.
Dans les villes nommées ci-après, les centraux
de Bell étaient en activité dès la fin 1878 et, si
le nombre de téléphones mis en service estait relativement
petit, les registres montrent que plusieurs de ces centraux avaient signé
deux à quatre fois plus de contrats et connectaient les abonnés
le plus rapidement possible.
Albany 250, Indianapolis 150, Baltimore 100 Lowell 200, Boston 150, Meriden
100,Bridgeport 175, New Haven 350,
Buffle 250, New York 250,Chicago 550, crême Philadelphia 250,Cincinnati
200, Saint Louis 325,
Colomb 50, Toledo 100,Detroit 150, Troie 100
D'autres centraux étaient en cours de construction
à Washington, Louisville, La Nouvelle-Orléans, Nashville,
Cleveland, Springfield, Hartford, Providence et dautres lieu ...
Le 1 er décembre 1878 le premier téléphone
a été installé à la Maison-Blanche
dans la salle de télégraphe du manoir pour le président
Rutherford B. Hayes.
C'est Alexander Graham Bell, l'inventeur du téléphone, qui
l'a installé lui-même. Le numéro de téléphone
de la Maison Blanche était le «1».
Le premier appel sortant serait parvenu à Bell, à une vingtaine
de kilomètres de là. Les premiers mots de Hayes ont ordonné
à Bell de parler plus lentement.
Le président Hayes ne l'utilisait pas très souvent parce
qu'il n'y avait pas beaucoup d'autres téléphones à
Washington.
Il faudra attendre encore 50 ans pour que la première ligne téléphonique
soit installée dans le bureau ovale du président Herbert
Hoover .
Il a été démontré que pour transmettre la
parole par l'électricité, il est nécessaire de faire
circuler un courant ondulatoire ou alternatif dans le circuit de transmission,
et que l'intensité de ce courant doit être en permanence
en parfaite adéquation avec les mouvements vibratoires du corps
produisant le son. L'émetteur magnéto de Bell a été
utilisé comme générateur de ce courant ; il
s'agissait en fait d'une dynamo, l'énergie motrice étant
dérivée des ondes sonores créées par la voix.
La quantité d'énergie ainsi dérivée était
cependant nécessairement très faible et le courant, par
conséquent, faible. C'est pourquoi ce type d'émetteur n'était
pas pratique, sauf pour les lignes relativement courtes.
Elisha Gray a conçu un émetteur qui, au lieu de générer
le courant ondulatoire lui-même, dépendait pour son action
de la variation de l'intensité d'un courant généré
par une source distincte ; Cette variation d'intensité du
courant était toujours en accord avec les mouvements du diaphragme.
Il a monté sur son diaphragme vibrant horizontal une aiguille métallique,
s'étendant dans un fluide de faible conductivité, comme
l'eau. L'aiguille constituait une borne du circuit, l'autre borne étant
une broche métallique, s'étendant à travers le fond
du récipient. La vibration du diaphragme était censée
provoquer des variations de la résistance du trajet à travers
le fluide en raison de la variation de la distance entre les pointes des
électrodes et, par conséquent, des variations correspondantes
de l'intensité du courant.
Bell a également utilisé un transmetteur à liquide
dans lequel un liquide conducteur était contenu dans un récipient
conducteur, C, constituant une borne du circuit. L'autre borne était
une courte aiguille métallique, R, portée sur le diaphragme,
D, et légèrement en saillie dans le liquide,de sorte que
la surface de contact entre le liquide et l'aiguille serait plus avantageusement
modifiée par la vibration du diaphragme que si l'aiguille était
immergée plus profondément dans le fluide. Le transmetteur
liquide de Bell dépendait de la variation du degré d'immersion
de l'électrode, tandis que l'instrument de Gray, en raison de la
forte immersion de la broche, dépendait plutôt de la variation
de la longueur du trajet conducteur à travers le liquide lui-même,
un principe erroné à cet effet.
Le transmetteur liquide de Bell fut également exposé au
Centenaire de Philadelphie en 1876 et, contrairement à celui de
Reis, il provoquait simplement des variations de résistance du
circuit, permettant ainsi à un courant continu mais ondulatoire
de circuler sur la ligne, dont les variations permettaient de reproduire
toutes les nuances délicates de timbre, d'intensité et de
hauteur nécessaires à la parole articulée.
Gray et Bell ont incarné, ou tenté d'incarner, dans ces
instruments le principe fondamental sur lequel reposent tous les transmetteurs
à batterie performants : une batterie fournissait le courant,
et le transmetteur, actionné par la voix, servait à le moduler.
Il ne fallut cependant pas longtemps avant qu'un moyen bien plus efficace
soit mis au point pour mettre ce principe en pratique.
Le 4 juin 1877: Emile Berliner dépose une demande de brevet
téléphonique comprenant un émetteur de microphone
à charbon inspiré des travaux de Hughes.
Ingénieur gallois et professeur de musique, David
Hughes a été un pionnier de la technologie des
microphones, qui a considérablement amélioré les
premiers appareils de Bell à partir de 1878. Plutôt que de
breveter son amélioration, il publia les détails, les mettant
à la disposition de tous. Francis
Blake, officier dans le US Coast Survey de 1866 à
1878, a développé un émetteur basé sur les
expériences du professeur Hughes. Blake a offert son émetteur à Bell qui l'a accepté
comme un rival pratique et fiable de l'émetteur d'Edison qui était
supérieur à celui de Bell.
Les compagnies de Bell du monde entier, y compris en Grande-Bretagne,
ont utilisé l'émetteur Blake dans leurs téléphones
pendant 20 ans.
En 1877, Émile Berliner, de Washington D.C., déposa
une objection et, plus tard la même année, déposa
une demande de brevet pour un transmetteur, basé sur un principe
exposé dans des articles publiés en 1856, 1864 et 1874 par
le scientifique français Du Moncel : si la pression entre
deux corps conducteurs faisant partie d'un circuit électrique augmente,
la résistance du trajet entre eux diminue, et inversement, si la
pression entre eux diminue, une augmentation correspondante de la résistance
se produira.
Le transmetteur de Berliner est illustré ci contre, qui est une
reproduction de la figure principale de son brevet désormais célèbre.Sur
cette figure, A représente le diaphragme vibrant métallique,
au centre duquel repose la bille métallique C, portée par
une vis à oreilles B, montée dans l'étalon D. La
pression de la bille C contre la plaque A peut être réglée
en tournant la vis à oreilles. Le diaphragme et la bille forment
les bornes ou électrodes d'un circuit comprenant une batterie et
un instrument récepteur.
À bien des égards, le téléphone de Bell était
défectueux, les conceptions de son récepteur et de son émetteur
étant considérablement améliorées par dautres
en quelques années. Parmi eux, Thomas Edison
et le professeur David
Hughes, qui ont tous deux apporté des améliorations
au premier instrument de Bell, transformant le téléphone
en un appareil de communication réellement performant.
Le 27 avril 1877: Edison dépose
des demandes de brevet par téléphone. Des brevets américains
(no 474 230, 474 231 et 474 232) seront attribués à Edison
en 1892 pour les revendications concurrentes .
Thomas
Edison À la fin de 1877, avait conçu
un émetteur dans lequel un petit bouton de carbone noir de
fumée était placé sous le diaphragme de l'émetteur,
bien plus performant que le téléphone Bell utilisé
en émetteur.
Western Unioncréa
une filiale l'American Speaking Telephone
Company qui chargera Elisha
Gray de construire un téléphone différent
de celui de Bell.
Celui ci achetera le brevet de Thomas Edison
pour 100 000 dollars l'hiver 1876-77, et aussi le brevet Dolbear .
L' émetteur de granulés de carbone d'Edison
et le récepteur électromagnétique de Bell sont utilisés,
avec des améliorations, par le système Bell pendant de nombreuses
décennies par la suite.
Bell et Edison uniront leurs forces pour former
la United Telephone Company en Grande-Bretagne en 1880.
Les récepteurs (écouteurs)
Après le réceprur basique de Bellun
autre inventeur Américain, George Phelps dès 1877,
effectuait des travaux sur l'amélioration du téléphone
et avait conçu un nouveau récepteur. Dans
le cadre d'un test entre New York et Philadelphie, au début
de 1878. Charles Batchelor, assistant en chef de Edison,
était présent à Philadelphie. À New York,
William Orton (président de lUA) Thomas Edison
et George Phelps étaient présent, résultat
des tests, le Telephone d'Edison était bien supérieur au
téléphone basique de Bell en tant qu'émetteur et
devenait ainsi l'émetteur standard utilisé par Western
Union. Le récepteur de
Phelps utilisé était le téléphone à
couronne unique.
Western Union a
commercialisé ses téléphones via ses filiales:
The American Speaking Telephone Company et
The Gold and Stock Telegraph Company.
Ils ont vendu des téléphones utilisant le Telephone d'Edison
comme émetteur associé au téléphone à
couronne unique de Phelps comme récepteur.
Le téléphone de Gray était également associé
à l'émetteur Edison.
L'usine de Western Union à New York, dirigée par Phelps,
construira des appareils télégraphiques et téléphoniques
de 1877 à 1879.
G.M. Phelps le
brevet 218 684 du 4 juin 1879.
"Ma présente invention concerne cette classe de téléphones
parlants adaptés pour fonctionner soit comme émetteurs
soit comme récepteurs; et mon amélioration concerne
plus particulièrement la forme de l'aimant permanent, son procédé
de combinaison avec l'électro-aimant, le boîtier, le
diaphragme et embout buccal et avec les fils conducteurs. "
Le téléphone Pony Crown, le téléphone
à couronne unique et le téléphone à double
couronne ont tous été dérivés de ce brevet.
Au lieu d'utiliser un petit aimant permanent, comme d'autres modèles
du jour, Phelps utilisait un certain nombre de barres magnétiques
permanentes pliées sous une forme circulaire. Le résultat
était une forme qui ressemblait à une couronne.
Cette série de téléphones de Phelps
était son téléphone le plus utilisé et le plus
distribué aux États-Unis et à l'étranger.
On trouvera ci-dessus deux exemples de téléphones
construits par Phelps dans son usine, illustrant les combinaisons Edison
/ Phelps.
Les boutons en carbone utilisés dans la fabrication des émetteurs
d'Edison ont été fournis à Phelps directement par
Edison de Menlo Park.
À la fin de 1879, Western Union et Bell ont conclu une poursuite
en contrefaçon de brevet déposée par Bell.
Dans le règlement, Western Union a vendu à Bell ses centraux
téléphoniques dans 55 villes et 56 000 téléphones
dabonnés.
Publicité de 1878 par
The Gold and Stock Telegraph Co .. Tous les instruments téléphoniques
dans cette annonce, à l'exception d'Elisha Gray's Bi-Polar, ont
été construits dans le Phelps / Western Union
Emile
Berliner, Allemand immigré en Amérique dépose
un brevet de microphone à charbon comme sont concurent Edison
que la Bell Telephone à retenu. Brevet:. Patent
199,141 Telephone . the transmitter, déposé October
1877, sera accordé le 15 January 1878
Berliner avait observé la concurrence
entre les deux sociétés et avait décidé
qu'en tant qu'individu, il ne pouvait espérer concurrencer
les sociétés. Il a choisi de jeter son sort avec Bell depuis que Western Union
avait déjà courtisé Edison.
Moins d'une semaine après avoir obtenu le brevet de transformateur,
il a écrit une lettre à la Telephone
Company de New York, filiale de la
Bell Telephone, lui offrant ses inventions pour 12 000 dollars
(environ 271 000 dollars en 2010).
La compagnie la refusé, mais une nouvelle correspondance
entre Berliner et la filiale de Bell a abouti à une exposition
à New York de Berliner sur des inventions devant des dirigeants
de la Telephone Company de New York intéressés par
ses inventions mais trop timides pour les acheter.
Néanmoins, les responsables de la Telephone Company of New
York ont décrit plus tard les appareils de Berliner à
Gardiner G. Hubbard, le beau-père dAlexander Graham
Bell et le premier président de la Bell Telephone Company.
Bell Telephone a tardé à
réagir aux efforts de lobbying de Berliner, mais il l'a finalement
fait au début de 1878 lorsque Thomas A. Watson, ancien assistant
d'Alexander Graham Bell et surintendant de Bell Telephone, s'est
personnellement rendu à Washington pour inspecter les inventions
de Berliner. émetteur.
«Après une brève vingt minutes, il a conclu
sa visite avec les mots:« Nous le voudrons, M. Berliner. Vous
entendrez parler de nous dans quelques jours. » Après des mois de négociations, Berliner a
vendu son brevet de transformateur et les droits de son émetteur
et brevet de microphone à Bell Telephone pour 50 000
$ (environ 1,1 million de dollars). 2010 $).
Berliner a également travaillé pour
Bell Telephone en tant quingénieur en chef
de la société, dabord à New York,
puis à Boston .
Ironiquement, quand il a finalement pu reprendre
ses fonctions chez Bell Telephone en janvier 1879, la première
tâche de Berliner fût de travailler sur un microphone
/ émetteur modifié par un inventeur différent,
Francis Blake.
Le transmetteur Blake fonctionnait mieux que le modèle
Berliner mais nécessitait un ajustement presque constant.
La double ironie dans le fait que Berliner, plutôt que Blake,
travaillait à améliorer lappareil était
que ce dernier avait également subi une dépression
nerveuse et était incapable de modifier son appareil pour
Bell.
En six semaines, Berliner a résolu le problème avec
lémetteur, permettant une production de masse pouvant
aller jusquà 200 par jour. Il a personnellement supervisé
la fabrication des 20 000 premiers émetteurs.
Pour libérer Williams
afin quil puisse se concentrer sur les téléphones,
au printemps de 1879 la National Bell Telephone
Company a conclu des ententes avec d'autres fabricants d'équipement
téléphonique. * The Electric Merchandising Co. de Chicago,
* Davis et Watts de Baltimore, Post and Company de Cincinnati
* Indianapolis Telephone Company (une récente licence de Bell
gérée par ET Gilliland)
Williams était toujours le seul producteur de récepteurs
et démetteurs, mais désormais libre de concentrez-vous
sur eux seulement, bien qu'il ait fait des appareils pour les marchés
de la Nouvelle-Angleterre et de New York.
À la fin de lannée, Williams avait investi 2 000 dollars
dans de nouvelles machines et porté sa main-duvre à
60. Sa production est passée à 670 téléphones
par semaine et, en 1880, à 1 000 par semaine, mais cela ne
suffisait toujours pas.
Durant cette période, Bell fait face à une forte concurrence
de la part de Western Union.
En 1877, Gardiner Hubbard avait offert les droits de Bell à la
Western Union pour 100 000 $, mais Western Union a refusé et décida
plus tard de se lancer dans le secteur du téléphone avec
les brevets d'Elisha Gray,
Thomas Edison, George Phelps et d'autres entreprentent un procès
pour contrefaçon de brevet qui en novembre 1879 a abouti en faveur
de Bell.
À Chicago et à New York. Ce règlement en justice
a exclu la Western Union des activités téléphoniques
Au début de l'année 1879, on
comptait plus de 26 000 téléphones d'un usage quotidien
aux États- Unis.
Avec tous ces perfectionnements dès 1878, le développement
et le commerce du téléphone s'étend dans le monde
entier.
On peut suivre le début de cette évolution dans les parties
: Histoire du téléphone
en France, les Réseaux et Centraux
en France. Histoire du téléphone
au Royaume unis.
En 1876, Frederick C. Brower était allé à
Philadelphie pour assister à l'exposition du centenaire. Brower a
rapporté deux "téléphones" de l'exposition
pour installer la première ligne téléphonique de sa
ville entre son magasin situé sur Crouse Avenue et son domicile situé
dans les rues Clinton et Jefferson.
Pendant l'exposition, Brower a tellement été impressionné
par le téléphone d'Alexander Graham Bell qu'il a demandé
et obtenu une licence lui permettant de développer et d'exploiter
un système téléphonique pour l'État de New York
(nord de la État de Pennsylvanie ) .
Le centre
Telephonique de Syrause a été fondé après que Frederick C.
Brower eut présenté le téléphone Bell
à Syracuse, dans lÉtat de New York, en 1878
En 1879, Mathew J. Myers, qui exploitait un service de télégraphe
et de messagerie local dans la ville, ouvrit un central dans la tour
de l'immeuble Gridley après avoir sous-loué les droits
de Brower. DL Pyke, directeur de Western Union , a ouvert un marché
concurrent dans le bloc Wieting, dans le centre-ville de Syracuse
Les deux ont fusionné en 1880 et comptaient au total
35 abonnés. Le nouvel établissement a été
baptisé "Syracuse Telephonic Exchange".
Parmi les services proposés par Pyke à ses abonnés,
il y avait une occasion d'écouter par téléphone
tous les concerts à la Wieting Opera House
En
utilisant sa licence Bell, Brower a proposé de louer les instruments
au prix de 40 USD par an, plus 3 USD pour les magnétos. Hiram C.
Brower le père, vendit son entreprise à la société
Bell après avoir mis en exploitation environ 1 000 abonnés.
Le téléphone était aussi arrivé dans le Michigan
en juillet 1877, seize mois après la manifestation réussie
d'Alexander Graham Bell dans le Massachusetts. Il a d'abord été
démontré à Détroit, puis à Grand Rapids
huit jours plus tard.
Bell concéda une licence à la compagnie de construction
de téléphones et de télégraphes à Detroit
et le premier tableau de distribution de Detroit entra en service en 1878.
Il était connecté à cinquante-trois lignes. Le second
standard du Michigan était à Grand Rapids, installé
en 1879.
En 1880, Detroit était relié par téléphone
à Windsor, en Ontario, et en 1881, la Michigan Bell Telephone Company
était créée pour connecter Detroit à d'autres
villes du Michigan.
La Southern Bell Telephone and Telegraph Company a ouvert
le premier central téléphonique dans la ville d'Alexandrie
en octobre 1881 avec cinq clients et, en 1883, elle comptait quatre-vingt-trois
abonnés. La croissance de seulement soixante-dix-huit téléphones
en deux ans donne une idée du besoin d'un téléphone
pendant cette période.
Il y eut beaucoup d'histoires comme celles ci, le téléphone
allait se propager rapidement.
Bell lors de sa tournée sur le continent, le gouvernement belge
lui a offert les meilleures incitations financières pour établir
le siège de sa filiale européenne dans son pays. L'International
Bell Telephone Company (IBTC) est rapidement devenue une société
de portefeuille pour ses différentes divisions de service téléphonique
et de production, dont la principale entreprise manufacturière
est la Bell Telephone Manufacturing Company
(BTMC), fondée à Anvers, en Belgique, le
26 avril 1882.
BTMC a été créée en tant que coentreprise
par International Bell Telephone Company de New York et Western Electric
Company de Chicago, Illinois.
BTMC a ensuite créé la Compagnie Belge du Téléphone
Bell la même année que sa filiale belge d'exploitation de
services téléphoniques, l'une des nombreuses sociétés
qui fournissaient ce service dans le pays, les autres ayant principalement
évolué à partir de transporteurs télégraphiques.
1879 Edison présente son modèle de téléphone
à haute voix.
Le disque rond transparent est un récepteur qui parle fort, ce
qui signifie que tout le monde peut écouter la conversation. Edison
Telephone, USA, 1879.
1879
est l'année du début des inventions
et des brevets de systèmes de commutation automatique
Au cours des 10 à 15 premières années
de la téléphonie, plusieurs inventeurs ont eu l'idée
de remplacer les opérateurs et leurs tableaux à cordons
enfichables, par des installations automatiques.
Seulement un an après M Coy à New Haven,
En 1879 Daniel et Thomas Connolly
avec J.McTighe Américains de Grande Bretagne, mettent au
point le premier commutateur téléphonique
automatique au monde. (brevet automatic telephone-exchange 22.458) perfetionné
en 1881, breveté en 1883.
Ce modèle sera installé pour l'exposition universelle de
Paris en 1881 et il occupe actuellement une
place d'honneur au Musée national d'histoire et de technologie,
à Washington.
Lors de la même exposition à Paris, deux inventeurs français,
Leduc et Bartelous, ont présenté des systèmes
automatiques, qui nont jamais été utilisées.
Le premier système utilisé provient d'un ingénieur
britannique, Dave Sinclair. Les brevets britanniques 3380 et 5964
ont été délivrés en 1883 et le brevet
8541 en 1884. Le système de Sinclair a été
utilisé à Coatbridge, en Écosse, et peut être
considéré comme un précurseur des systèmes
semi-automatiques.
Des maquettes du système sont exposées à Londres
au Museum of Institution of Electrical Engineers et au Science Museum
de South Kensington.
On ne peut affirmer qu'aucun d'entre eux n'a fait
progresser l'art de la commutation automatique mais peu seront commércialisés,
à l'exception du brevet Strowger (n ° 447 918). ) de 1891 et
des brevets Strowger suivants.
Plusieurs autres brevets couvrant des systèmes automatiques de
village, de maison et d'usine, non inclus dans la liste, ont également
été délivrés pendant cette période.
Les vingt-six brevets sur la liste qui ont été
délivrés entre le brevet de Connolly et McTighe de 1879
et le brevet de Strowger n ° 447 918 de 1891 concernent tous des
petits centres reliés au central principal manuel d'une ville,
regardons un échantillon des plus marquantes.
En 1900, seuls deux types de systèmes téléphoniques
automatiques subsistants avaient été mis au point et déployés
Les démonstrations et installations commencèrent dans tout
le pays comme par exemple à HelenaMontana en février
1878 par Herbert Percy Rolfe.
Rolfe était le surintendant des écoles de Helena, et agissait
en tant qu'agent du Montana pour la Bell Telephone. Il fit installer quelques
fils expérimentaux, dont un entre la tour des pompiers et la salle
des machines, et s'arrangea avec Western Union pour expérimenter
des téléphones sur leurs fils télégraphiques.
Une ligne était également tendue entre Helena et Deer Lodge
...
Selon les archives des journaux, la liaison téléphonique entre
la tour et la remise était toujours utilisée en novembre 1881,
mais en janvier 1882, le service d'incendie était revenu à
un système de d'alerter pour les incendies.
Helena était la deuxième ville du Montana à
avoir un service téléphonique commercial. Le bureau de distribution
de Helena se trouvait au-dessus d'un salon sur Main Street. Butte
était la première ville du Montana, plus tôt de la même
année.
Ailleurs en 1879
Frederick O. Vail, fondateur et président
de Denver Dispatch Company a ouvert
le service téléphonique à Denver pour
161 clients .c'était le 17ème centre manuel
à ouvrir, et était l'un des plus grands du monde à
l'époque.
Au moment de l'émission de ce certificat, Vaille possédait
6 193 actions de la Colorado Company
À ce moment-là, Theodore Vail a repris
ses activités, devenant une figure centrale de sa croissance rapide
et de son succès commercial.
L'augmentation progressive pouvait se compter par cinq mille nouvelles
installations par mois sur l'ensemble du territoire des États-Unis.
Tous ces appareils étaient loués et exploités d'après
le système d'échange.
Chaque grande ville avait déjà son bureau central d'où
rayonnaient des lignes de téléphones en communication avec
les demeures et les bureaux des abonnés, dans n'importe quelle
rue ou faubourg.
La ville de Lowell, qu'on a surnommée à cause de
ses filatures de coton, le « Manchester de l'Union »,
située dans le Massachusetts, à quarante kilomètres
de Boston, peut être citée comme un exemple du rapide développement
qu'a pris le téléphone dans l'Amérique du Nord.
A la fin de 1877, le bureau téléphonique de Lowell ne comptait
que 60 abonnés ; le 1er octobre 1880, il en avait 600 et dix-huit
mois plus tard, il en avait 900.
Lowell possédait à la fin de 1882, un téléphone
par soixantedeux habitants. La compagnie y installe chaque mois vingt
nouveaux téléphones.
La commutation privée fait référence
à la commutation sur site dun abonné du réseau
public pour prendre en charge la communication interne dans la propre
organisation de labonné et la communication externe avec
le réseau public en mode temps partagé entre les utilisateurs
du commutateur privé.
Le premier commutateur privé a été installé
en 1880 à Dayton, Ohio, avec une ligne principale
connectable à sept extensions.
Le 15 mai 1879, la National Bell Telephone Company
lança le premier central téléphonique dAtlanta.
Situé dans une salle haute de lhôtel Kimball House
(qui coïncidait également avec le rôle dhôtel
de ville dAtlanta), ce «central» consistait en quelques
dizaines de lignes. Les tarifs étaient de 46 $ par an pour les
entreprises et de 36 $ pour les maisons.
Neuf jours plus tard, la Constitution d'Atlanta déclarait que «le
centre téléphonique grandissait chaque jour», malgré
un problème de livraison des appareils.
Les quarante-cinq premiers téléphones étaient déjà
livrés alors que de nouvelles commandes nous parviennent tous les
jours. Le pharmacien John Pemberton, l'un des premiers à avoir
été installé, deviendra plus tard célèbre
en tant qu'inventeur du Coca-Cola.
Le 10 novembre 1879,
Bell remporta son action en contrefaçon de brevet contre Western
Union devant la Cour suprême des États-Unis.
Dans la transaction qui en a résulté, Western
Union a renoncé à ses brevets téléphoniques
et aux 56 000 téléphones quelle gérait, en
échange de 20% des loyers pour les 17 ans de brevets de Bell. Elle
a également conservé son activité de télégraphie
comme auparavant.
Cette décision a tellement élargi la société
Bell qu'une nouvelle entité, American Bell
Company, a été créée le
20 février 1880, avec un capital de plus de sept
millions de dollars.
Bell gère alors 133 000 téléphones.En tant que chef
de lexploitation, Theodore Vail a commencé à créer
le système Bell, composé de sociétés régionales
offrant un service local, dune société de services
interurbains et dun groupe de fabrication fournissant des équipements.
Pour le fabricant, il s'est tourné vers un ancien rival de l'entreprise. En 1880, Vail commença à acheter des actions
de Western Electric et prit une participation
majoritaire en novembre 1881. La prise de contrôle fut effectuée le 26 février
1882, Western Electric cédant ses droits de brevet restants
et acceptant de fabriquer des produits exclusivement pour American Bell.
En 1880, la compagnie Bell Telephone avait le droit de desservir tout
le Connecticut et l'ouest du Massachusetts.
Au fur et à mesure de son expansion, l'entreprise a été
rebaptisée Connecticut Telephone,
puis Southern New England Telephone en 1882.
Téléphone fabriqué par CHARLES WILLIAMS CO. MANUFACTURER,
BOSTON" à partir de 1880
TROUVE DANS LA "RÉSIDENCE MALVINA K. WETMORE",
AVENUE BELLEVUE, NEWPORT "(Rhode Island) et vendu aux enchères
en 2018 pour $22,000.00
Brevet Williams "téléphone
switch" en 1880 avec le crochet la sonnerie lé télphone
et le parafoudre, que l'on trouvera chez les abonnés au téléphone.
.Patent
226 528
En 1880 il y avait aussi le microphone à charbon
d'Edison pour compléter ce poste.
Patent 226
528, April 13, 1880, Edward N. Lord, Assignor of one half to
Charles Williams Jr., Telephone Switch
La première circulaire publique, publiée en mai 1877, fut
signée par Hubbard et Watson, qui agissaient au nom
de Bell et des autres parties intéressées, ainsi qu'en leur
propre nom. Bell était l'inventeur, Hubbard et Sanders les soutenaient
financièrement, tandis que Watson était un assistant technique,
partageant avec Bell les espoirs et les craintes des expériences
et réalisant, avec l'aide de l'atelier de Williams, la construction
des appareils conçus par Bell.
Quelques mois après la publication de la première circulaire,
les développements furent tels qu'il fallut régulariser
la propriété et préparer l'expansion. En août
1877, la Bell Telephone Association fut donc
créée, mais non constituée en société.
Cette association était composée de Bell, Hubbard, Sanders
et Wratson. Les brevets furent transférés à l'association.
Les actions de Bell, Hubbard et Sanders étaient égales :
trois dixièmes chacune ; le dixième restant était
attribué à Watson. En octobre 1877, un contrat fut
conclu par Hubbard « en tant que fiduciaire desdits brevets »,
mais en novembre, des contrats furent conclus par la Bell Telephone Company
(c'est-à-dire l'Association susmentionnée) et signés
par Hubbard en tant que fiduciaire et Sanders en tant que trésorier.
La New England Telephone Company fut constituée
le 12 février 1878, avec un capital de 200 000 $,
et se vit accorder le droit exclusif d'utiliser, d'autoriser des tiers
à utiliser et de fabriquer des téléphones dans les
États de la Nouvelle-Angleterre.
La Bell Telephone Company fut également
constituée le 30 juillet 1878, avec un capital de 45 000 $,
dans le but d'étendre l'utilisation du téléphone
à tous les États-Unis, hors de la Nouvelle-Angleterre.
Ces deux sociétés fusionnèrent ensuite sous le nom
de National Bell Telephone Company, constituée
le 13 mars 1879 avec un capital de 850 000 $. La première
New England Telephone Company disparut alors, mais son nom fut ravivé
plus tard lorsqu'une société fut créée sous
ce nom pour regrouper plusieurs petits titulaires de licences et exploiter
l'activité de central téléphonique sur tout ce territoire.
La politique des titulaires de brevets consistait à nommer des
agents, dans des localités déterminées, autorisés
à louer des téléphones à leurs utilisateurs
moyennant des loyers déterminés, dont l'agent devait conserver
une part déterminée. Dans un contrat daté du 24 octobre
1877, il n'est fait aucune mention de réseaux téléphoniques,
bien que la réserve aux intérêts de Bell du droit
exclusif de conclure des contrats avec « toute personne souhaitant
utiliser des téléphones pour la transmission de messages
contre rémunération » envisage probablement le
réseau de district. Le terme « téléphone »
désigne les instruments fabriqués sous les brevets Bell
n° 161 739, 174 465, 178 399 et 186 787,
ainsi que tous les brevets que Bell détenait ou pourrait obtenir
ultérieurement pour des améliorations et toutes les modifications
utiles qu'il serait autorisé à utiliser à tout moment.
Le terme « un ensemble » est apparemment défini
davantage en référence aux paiements contractuels qu'à
son fonctionnement pratique, puisqu'il comprend soit « quatre
petits téléphones, deux grands téléphones,
ou un grand et deux petits téléphones ».
L'agent ou le titulaire de la licence s'engage à construire, avec
ses propres capitaux, de la manière la plus approuvée, toutes
les lignes raisonnablement nécessaires dans la zone spécifiée
par toute personne compétente, pour une utilisation en rapport
avec le téléphone. Ces lignes seront louées ou vendues
à des conditions raisonnables. Le prix de location peut être
un montant brut, correspondant à la location des téléphones
et des lignes, auquel cas les tarifs indiqués dans le présent
barème seront la somme répartie au titre de la location
des téléphones.
Le titulaire s'engage en outre à faire de son mieux pour introduire
le plus grand nombre possible de téléphones et à
trouver des locataires pour une utilisation sur le territoire défini.
Il s'engage à employer au moins un agent compétent et efficace,
dont l'intégralité du temps sera consacrée à
l'introduction et à l'entretien des téléphones, et
à employer les autres agents et instruments nécessaires
à cette activité. Le contrat à l'origine de ces devis
couvrait un État entier, de sorte que « au moins un »
ne semble pas, à ce jour, être une exigence excessive, mais
cette expression est éclairante car elle illustre la prudence de
l'une des parties contractantes, quelles que soient les attentes de l'autre.
Le 15 novembre 1877, la Bell Telephone Company a publié les « Instructions
aux agents » n° 1, qui commencent par la déclaration
suivante : « En raison des difficultés rencontrées
dans différentes localités en raison du manque d'uniformité
des prix de location des téléphones, la Bell Telephone Company
a adopté les tarifs suivants pour toutes ses agences, et les prix
seront fixés conformément à ces dispositions.»
Le loyer annuel des téléphones est de dix dollars par poste,
payable d'avance ; au moins une paire de téléphones
doit être utilisée par poste, sauf indication contraire ci-après.
Pour les communications sociales, des téléphones individuels
peuvent être utilisés par poste. Par « communications
sociales », on entend l'utilisation des téléphones
pour des raisons de commodité entre des maisons privées ;
entre une maison et une écurie privée ; entre le domicile
et le cabinet d'un médecin, etc.
Pour les communications téléphoniques de district, une réduction
de vingt pour cent, et pour les communications résidentielles,
une réduction de cinquante pour cent, peuvent être accordées,
et l'utilisation de téléphones individuels est autorisée
par poste. » Par « usage domestique »,
on entend tous les endroits où le téléphone est utilisé
dans un bâtiment ou un groupe de bâtiments, comme par exemple
plusieurs bâtiments situés dans la même cour et utilisés
par le groupe ; ou, en fait, lorsque le téléphone remplace
largement les tubes phoniques. Les lignes universitaires peuvent être
incluses dans cette gamme.
Les sonneries magnétiques peuvent être vendues quinze dollars
l'unité ou louées cinq dollars l'unité par an.
Le 8 mars 1878, la Bell Telephone Company a conclu un accord avec la District
Telegraph Company de Saint-Louis, qui s'est engagée à « introduire
le téléphone Bell dans son réseau de district, à
remplacer les cabines téléphoniques de district par des
téléphones le plus rapidement possible, à construire
des lignes téléphoniques privées et à poursuivre
l'introduction et la location de téléphones avec toute la
diligence requise ».
Le 31 mai 1878, un contrat a été conclu avec la Connecticut
District Telephone Company, par lequel cette dernière s'est vu
octroyer une licence exclusive, pour une durée de dix ans, d'utilisation
des téléphones « à des fins de district »
à New Haven et dans certaines autres villes. La District Company
a également été autorisée à « connecter
les villes susmentionnées par fil et à transmettre des messages
entre elles moyennant rémunération au moyen du téléphone
Bell, à condition que cette connexion soit établie dans
un délai d'un an à compter de la date du présent
contrat ;» Cette licence ne saurait toutefois être interprétée
comme une licence exclusive à ces fins. La première année,
500 téléphones devaient être loués.
Le 3 juillet 1878, un accord fut conclu entre la Bell Telephone Company
de New York et la Bell Telephone Company de Boston, aux termes duquel
cette dernière accordait le droit exclusif d'utiliser et de louer
des téléphones moyennant un loyer annuel de 10 $ pour les
besoins généraux et de 5 $ pour les besoins domestiques.
La New York Company accepta que son capital social soit composé
de 1 200 actions privilégiées et de 800 actions ordinaires,
chacune d'une valeur nominale de 50 $. Le capital devait être fourni
par les détenteurs d'actions privilégiées.
Les actions ordinaires ont été versées à la
Bell Telephone Company de Boston en contrepartie du droit exclusif.
Le régime territorial est prévu par la clause suivante :
la « partie de la première partie » étant
la New York Company et la « partie de la seconde partie »
la Boston Company ou sa société mère.
La partie de la première partie s'engage à ce que, dès
que la partie de la seconde partie sera disposée à recevoir
des commandes dans l'une des villes du district concerné pour transmission
vers des lieux extérieurs, elle les transmettra à la partie
de la seconde partie, moyennant une rémunération raisonnable
pour la réception ou la collecte de ces commandes, et à
lui remettre également la livraison des messages reçus par
la partie de la seconde partie depuis des points extérieurs au
district concerné, pour distribution dans ce dernier moyennant
une rémunération raisonnable.
Aucune disposition du présent accord ne saurait être interprétée
comme empêchant la partie de la seconde partie d'établir
des bureaux dans le district concerné pour la transmission de messages
vers des points extérieurs au district concerné.
Aucune consolidation, vente ou modification, ni insolvabilité ou
dissolution de ladite partie de la seconde partie n'affectera les droits
ou privilèges accordés à la partie de la première
partie par les présentes.
Un contrat conclu le 29 janvier 1879 définit pour la première
fois l'« utilisation de district » dans les termes
suivants :
Il est en outre entendu et convenu, et fait partie intégrante de
ce qui précède et dans le cadre de l'accord, que les termes
« fins de district et de central » et « utilisations
de district » mentionnés dans les accords susmentionnés
et dans le cadre de ces accords font référence à
l'utilisation de téléphones dans le cadre d'un réseau
de district à établir sur le territoire couvert par cette
licence, plus précisément décrit comme suit :
Un bureau central ou une station de réception est établi
dans les limites prescrites, à partir duquel des lignes de fils
sont installées et circulent dans différentes directions
à l'intérieur du territoire prescrit. Dans certaines des
principales usines, magasins, boutiques, bureaux, locaux commerciaux,
habitations, etc., le long de ces lignes, des téléphones
sont installés et connectés de manière à ce
que les personnes se trouvant à ces points de connexion, après
réglage approprié des interrupteurs, coupe-circuits, instruments,
etc., et échange de signaux appropriés, puissent communiquer
entre elles sur la même ligne, ainsi qu'avec ledit central ou station
de réception, et avec des correspondants situés sur d'autres
lignes disposant d'une connexion téléphonique similaire.
La définition des « fins de district ou de central »
est précisée dans un contrat d'une clarté et d'une
précision exceptionnelles dans toutes ses clauses. Daté
du 9 août 1879, il nomme C. H. Haskins agent pour les États
du Wisconsin et du Minnesota, et est signé par Theo. N. Vail directeur
général de la National Bell Telephone Company.
Les termes « District » et « Central » utilisés
dans le présent contrat s'appliquent à une entreprise de
téléphonie dans laquelle, dans une ville ou un village,
un ou plusieurs circuits téléphoniques sont établis
et reliés à un ou plusieurs bureaux centraux afin de recevoir
ou d'exécuter des ordres ou d'établir des connexions entre
différentes lignes.
L'activité de district comprend le droit de transmettre des messages
contre rémunération sur ces lignes, mais n'inclut pas le
droit de transmettre des messages contre rémunération entre
différentes villes.
La réservation du système interurbain est également
indiquée dans le présent contrat par la clause suivante
:
Cette société [c'est-à-dire Bell Company] se réserve
le droit exclusif de louer des téléphones pour les communications
entre différentes villes ou pour la transmission de messages contre
rémunération, et de louer des téléphones à
des sociétés ou des particuliers dont l'activité
ne peut être exercée que partiellement sur le territoire
qui vous est attribué, bien qu'un ou plusieurs de ces téléphones
puissent être utilisés sur ledit territoire.
Hubbard mit en uvre sa politique consistant à nommer des
agents pour des zones déterminées, à louer des téléphones
et à réserver à l'entreprise les communications entre
des lieux éloignés. Bell, dans sa lettre aux bailleurs de
fonds londoniens1, souligna l'intérêt d'empêcher toute
vente, mais les progrès réalisés au début
de 1878 étaient si importants et les promesses si grandes que Hubbard
comprit l'importance de confier l'organisation de l'entreprise à
des mains fortes. Fort de sa propre expérience, il comprit pleinement
la nécessité d'une gestion active et prévoyante.
En juillet 1878, M. Vail devint directeur général,
quittant à cette fin un poste important au sein du service postal
des États-Unis
....
LES COMMUNICATIONS TÉLÉPHONIQUES
AUX ÉTATS-UNIS extrait de "La Nature" février
1880
Si lAmérique est le pays des réclames
invraisemblables, elle est aussi par excellence le pays des applications
pratiques.
Alors quon se doute à peine en France de ce que peut
être un service de communications téléphoniques,
on compte actuellement dans le Nouveau Monde, 85 villes qui se servent
journellement de ces installations.
A Chicago il y a 5000 abonnés, 600 à Philadelphie,
autant à Cincinnati, un nombre sans cesse croissant à
New-York, et le chiffre de personnes abonnées aux Compagnies
téléphoniques en Amérique dépasse 70
000.
A Paris, il ne sest pas fondé moins de trois compagnies
dans le but détablir des communications téléphoniques
à l'instar de lAmérique ; la première
avec le téléphone Edison, la seconde avec le téléphone
Bell et le transmetteur Blake, la troisième avec le téléphone
Gower.
Cette multiplicité de compagnies a rendu les futurs abonnés
fort circonspects, et par suite fort réservés; il
y a eu tentative de fusion, puis séparation nouvelle. Les
installations téléphoniques ne sont encore quen
voie dorganisation, et nous navons pas à en parler,
du moins pour le moment. Chose à noter, car elle est rare
: dans lespèce, la concurrence tue lapplication,
et il en sera ainsi jusquà ce que, par des moyens que
nous navons pas à examiner ici,
on arrive à une entente que nous souhaitons bien vivement
pour notre part, car la question présente un intérêt
et un avenir immenses à tous les points de vue.
Transportons-nous à New-York par la pensée et voyons
comment fonctionne le service du téléphone. New
Yorks
|Fig. 1. Vue intérieure de ladministration
du "Merchant's Téléphone Exchange", l'une
des stations les plus grandes deNew-York.
Si nous pénétrons au milieu de la grande salle du
bureau central du Merchant's Téléphoné Exchange,
(fig 1) établi 198, Broadway, nous verrons une série
de switchman (employés) occupés à établir
les communications entre les abonnés. Là (fig 2) cest
un switchman correspondant avec un des abonnés qui a appelé;
plus loin (fig 3) cest un autre employé occupé
à relever le signal d'avertissement.
Dans la ville, chez labonné, est le téléphone
de bureau, tel qu'on linstalle dans un grand nombre de maisons
(fig. 4) ; ce modèle est très commode pour les affaires,
car il permet de parler dans lembouchure placée à
gauche, découter avec le téléphone, quon
décroche pour lappliquer à son oreille, et en
même temps de prendre des notes sur le pupitre avec la main
restée libre.
Avant de suivre la série des opérations qui constituent
un appel complet, examinons rapidement le système de téléphones
employés dans le bureau de Broadway.
Ce système appartient à la classe des téléphones
à pile, ce qui permet dutiliser ces piles pour faire
les appels chez les abonnés, à laide de sonneries
ordinaires, sonneries représentées sur le pupitre
de la figure 4. Transmetteur. Le transmetteur est le téléphone
à charbon dEdison 1 , fondé sur les variations
de résistance électrique produites par les variations
de pression quexerce la plaque lorsquon parle devant
lembouchure. Le circuit est formé par la pile,
2 éléments Leclanché le transmetteur
et une petite bobine de Ruhmkorff sans trembleur. Il constitue le
circuit primaire de la bobine.
La ligne et le récepteur de lautre poste, sont reliés
au fil secondaire de la bobine, fil dont lautre extrémité
est reliée au récepteur du poste et à la terre.
Il en résulte que les courants de ligne sont les courants
induits par les variations dintensité du courant qui
traverse le fil primaire de la bobine. Celte disposition a pour
effet de transformer en courants de tension les courants ondulatoires
du transmetteur, de les rendre moins sensibles aux variations de
résistance de la ligne, de faciliter les montages et de supprimer
une partie des commutateurs, dont le maniement pourrait causer des
erreurs. Récepteur. Le récepteur est
un téléphone Phelps, analogue au téléphone
Bell, mais dont laimant est retourné en forme danneau,
ce qui rend son maniement assez facile (fig. 4). Dans la position
de repos ou d'attente, le téléphone est pendu à
son crochet, et par ce fait seul, 1 Voy. la Nature, tables des matières
des années précédentes. il
fait basculer une pièce formant commutateur, qui supprime
toute la partie téléphonique du circuit pour ny
intercaler que la sonnerie. On est donc prêt pour un appel.
En prenant le téléphone à la main, la pièce,
en basculant de nouveau, remet automatiquement toutes les communications
sur téléphone.
Les téléphones des employés du poste central,
parleur et récepteur, sont analogues à ceux des abonnés,
mais pour faciliter le maniement de ces appareils, le parleur et
le récepteur sont montés sur une même tige en
acier un peu recourbée qui sert de poignée, comme
cela est représenté (fig. 2), et forme en même
temps laimant du récepteur.
Nous allons pouvoir suivre maintenant toute la série
des opérations. Supposons que l'abonné 731, que nous
nommerons Edouard, veuille correspondre avec labonné
511, que nous appellerons Léon. Edouard commence par appuyer
sur un petit bouton placé sur le côté droit
du pupitre (fig. 4). Comme le téléphone est suspendu,
il en résulte que, dans cette position, le courant de la
pile dÉdouard traverse la ligne et un petit électro-aimant
placé au poste central ; lélectro-aimant, devenant
actif, a pour effet de détacher un petit guichet (fig. 2),
qui tombe avec un petit bruit sec suffisant pour appeler lattention
de lemployé, et lait apparaître le numéro
731. Lemployé ainsi prévenu
se met alors en communication avec Édouard, en plaçant
le fil, qui correspond à son téléphone sur
une barre de cuivre longitudinale reliée aussi à la
ligne dÉdouard. La conversation sengage alors,
en commençant par ce cri bizarre, mais, paraît-il,
très commode : Hallo ! Hallo ! Édouard demande à
lemployé de le mettre en correspondance avec le n°511.
Si le n° 511 est libre à ce moment, lemployé
appuie sur un bouton après avoir eu soin de relier le fil
du 511 à ce bouton : la sonnerie de Léon se met en
marche, et lorsque Léon est prêt à correspondre,
il appuie sur son bouton de sonnerie, ce qui a pour effet de faire
tomber le guichet correspondant à son numéro. En mettant
alors un fil de communication directe entre les deux barres
horizontales qui correspondent aux fils de ligne dÉdouard
et de Léon, la communication directe entre ces deux correspondants
est établie. Si, à ce moment, on oblige lemployé
à retirer son téléphone, la communication entre
Édouard et Léon devient secrète. Si, pendant
que Léon et Édouard sont en conversation, le n°
42 que nous nommerons Jules veut correspondre avec Léon par
exemple, lemployé peut se mêler à la conversation
des deux interlocuteurs comme le ferait un domestique venant annoncer
un visiteur. La personne interpellée par lemployé
peut donc répondre tout de suite, ou faire annoncer à
Jules dans combien de temps elle sera à ses ordres. Sil
ny a aucun inconvénient à ce que la conversation
se fasse entre Edouard, Léon et Jules,
on peut, en avisant lemployé, établir immédiatement
une communication entre ces trois personnes. Cette
manuvre équivaut au « Faites entrer, »
de la vie ordinaire.
Les communications téléphoniques, ainsi conçues
et utilisées, peuvent rendre les plus
grands services, car elles suppriment les distances et établissent
une ' note de présence réelle entre les interlocuteurs,
qui peuvent sentendre comme sils étaient réunis
dans la même pièce, bien que séparés
souvent par des distances considérables. Signalons encore
quelques dispositions de détail fort ingénieuses.
Lorsque la conversation entre Édouard et Léon est
terminée, ils accrochent chacun leur téléphone
et appuient sur leurs boutons, il en résulte que le numéro
de chacun deux réapparaît au poste central. Lemployé
sait alors que la conversation est finie entre les deux interlocuteurs;
il relève les guichets, supprime la communication directe
entre Léon et Édouard, et tout est prêt pour
un nouvel appel.
Dans les postes où il y a 500 ou 600 abonnés,
on doit disposer les numéros par ordre dans des tableaux
renfermant chacun 50 à 100 guichets; on emploie alors des
dispositions spéciales pour faire communiquer les séries
entre elles. A New-York, le bureau central ne fait pas moins de
6000 communications par jour, et tout se passe à la plus
grande satisfaction des clients. Le téléphone est
devenu pour ceux-ci, aussi indispensable que les omnibus pour les
Parisiens.
Tous les mois, on distribue aux abonnés la liste des souscripteurs.
par Ordre alphabétique et par professions. Les listes de
Philadelphie sont imprimées sous forme de répertoire,
et il ny manque même pas le petit trou à illet
nécessaire pour les suspendre au-dessous du téléphone.
La liste de Chicago forme déjà un petit
volume.
L'American district Telegraph Company a beaucoup étendu son
service, et voici ce que nous lisons sur son dernier livre dadresses,
nous traduisons littéralement : Avis aux abonnés.
Un domestique en livrée sera à votre porte, trois
minutes après votre appel, pour distribuer vos notes, invitations,
circulaires, porter des petits paquets, etc..., accompagner une
dame et un enfant à un endroit convenu ou pour aller les
prendre; il ira chercher vos enfants à l'école pendant
un orage; il apportera les ombrelles, les parapluies, etc., à
léglise ou ailleurs lorsque cela sera nécessaire;
il ira chercher un médecin, une nourrice, un remède,
un ami, une voiture, etc., à toute heure. Nest-ce pas
là lesprit pratique poussé à ses dernières
limites ?
La réalisation de ce quon annonce là na
rien dimpossible, car les télégraphes de district
sont si bien répartis sur la ville entière quon
nest certainement jamais à plus de cinq minutes de
distance dun bureau. La même Compagnie a installé
ainsi un service de surveillance de gardes de nuit, service dont
on ne parlera en France que dans vingt ans peut-être. Mais
en nous tenant simplement aux communications téléphoniques,
sachons profiter de lexemple que nous donne lAmérique
; et tout en critiquant comme il convient les inventions de haute
fantaisie quelle nous expédie de temps en temps, rendons
hommage à son activité, surtout lorsquil sagit
dappliquer une idée dans lesprit de sa devise
: Time is money.
E. HOSPITALIER, Ingénieur des Arts et Manufactures.
Dans les installations téléphoniques des villes, les
différentes lignes du réseau téléphonique
aboutissent à un bureau central, où les employés,
sur la demande dun abonné, établissent la communication
téléphonique entre lui et lautre abonné
avec lequel il demande à converser. Cetie communication se
fait au moyen dun commutateur dont le principe est représenté
ci contre.
Les lignes reliées avec les abonnés 1, 2, 3, 4, sont,
après avoir traversé les avertisseurs A1, As, A3, A4,
réunies avec les lamelles de cuivre verticales, V1, V3, Y3,
V4,... qui sont fixées sur un plateau de bois. Derrière
ces lamelles se trouvent dautres lamelles horizontales de cuivre
H1, II3, H3, H4,... qui sont isolées des premières.
On peut donc réunir une lamelle verticale quelconque avec une
lamelle horizontale, au moyen dune cheville en métal
ou jack-knife comme on les nomme en Amérique. A cet effet,
on introduit la cheville au point de croisement des lamelles dans
le trou qui passe par les deux lamelles et, par suite, le courant
se trouve fermé. Pour mettre deux abonnés en communication,
par exemple 1 et 3, il suffit de mettre en communication les deux
lamelles verticales Y1, V3, au moyen dune des lamelles horizontales
H1, IP, II3, etc., qui ne soit point en service,
A létat ordinaire, toutes les lamelles verticales sont
réunies avec la terre ou avec la ligne de retour par une lamelle
horizontale destinée à cet usage. Une autre lamelle
horizontale spéciale se trouve en communication avec le téléphone
T et permet à lemployé de la station centrale
de se mettre en communication avec un abonné quelconque pour
les besoins du service.
Dans le bureau du "Merchant's Téléphone Exchange"
lon y voit ceux que lon appelle Switchmen occupés
à établir les communications entre les abonnés
et les différentes autres stations téléphoniques;
cette gravure donne à peu près laspect de lactivité
qui règne dans un établissement de ce genre.
Pour navoir besoin, dans les installations téléphoniques
privées, que dune batterie à la station centrale,
et simplifier ainsi lappareil commutateur de la station voisine,
R. Schubert a inventé une disposition au moyen de laquelle,
dans chaque station voisine, le circuit L, qui part de la station
principale, passe par le téléphone T, et se réunit
dun côté avec le condensateur G et de' lautre
avec la terre E ; le circuit L peut encore, en baissant le manipulateur,
être réuni immédiatement avec la terre E. Enfin
on ajoute un paratonnerre V.
A la station centrale, chaque conducteur qui vient de la
station voisine est placé sur un électro-aimant à clapet
et qui tombe sur la bande verticale dun commutateur à bandes
semblables à la figure précedente ; à létat
de repos toutes les bandes verticales sont réunies par des chevilles
avec la première bande horizontale, de laquelle part un fil qui passe
par un réveil électrique et la batterie dappel, et se
rend vers la terre. Ainsi, si lon presse à une station voisine
quelconque sur le manipulateur, le réveil sonne à la station
principale, puisque la batterie se trouve fermée, et le clapet appartenant
à cette station tombe. Pour y répondre, lon pose à
la station principale la cheville correspondante de la première bande
dans la deuxième bande horizontale et, par suite, le circuit de la
station voisine qui vient dappeler, sétablit sur un téléphone
par la spirale secondaire dun inducteur qui est conduit en terre,
après quoi lon répond à lappel en pressant
sur le manipulateur qui correspond à la première bande. La
pression exercée sur le manipulateur ferme la batterie en court circuit
par la spirale primaire de linducteur qui est muni dun interrupteur
automatique, et les changements des courants dinduction font résonner
le téléphone T de la station voisine qui a appelé,
et qui peut alors indiquer, à la station principale, la station avec
laquelle elle demande la communication. Cette communication entre les deux
stations voisines est alors établie à laide de deux
bandes horizontales du commutateur, et un téléphone se trouve
en même temps intercalé entre ces deux bandes horizontales
dans le circuit, par lequel, au moyen dune trompette, on avertit la
station principale lorsque la conversation est terminée. A la station
principale, le levier du manipulateur effleure à son état
de repos des pointes de platine et forme ainsi un court circuit de dérivation
pour la bobine secondaire dinduction.
En 1880,
la direction d'American Bell avait créé ce qui allait devenir
AT & T Long Lines. Le premier projet
du genre à créer un réseau interurbain national
Le téléphone faitt son apparition parmi les peuplades indiennes
du Nouveau Monde.
La commission des pêcheries des Etats-Unis relia, au moyen d'appareils
téléphoniques, ses stations d'éclosion de saumon
à Baird, sur la rivière Mac-Claud, en Californie, pour l'élèvage
de la truite californienne, situé à cinq milles plus haut
au bord de l'eau. Ces appareils fonctionnent fort bien. Les Indiens s'en
approchent en témoignant un étonnement extrême, et
ils donnent au téléphone le surnom de Rlesch'teen ou esprit
parlant.
Il fut employé d'une manière très étendue,-
dans les districts houillers situés entre Reading et Pottsville,
et on acheva une ligne aboutissant à Philadelphie.
Cette dernière ville possède un réseau téléphonique
depuis le mois de novembre 1878 ; le réseau, établi avec
15 abonnés seulement en possédait, 605 moins de trois ans
plus tard.
Début 1881
à la première réunion des actionnaires de la National
Bell Telephone Company, W Forbes annoncera un bilan
satisfaisant, la société était bénéfiiare
et representait 130 000 lignes.
Thomas Watson démissionnera et se tourna à jamais
sur d'autres activités.
Le 23 juillet 1881, Charles
Williams a offert de vendre son entreprise à lAmerican
Bell Co pour 120 000 $ en espèces ou en actions de la nouvelle
Consolidated Mfg Co. Un contrat a été signé le 6 février
1882 avec une série complexe de transferts de titres.
De ce fait, Western Electric Company a été
créée en recevant des droits permanents et exclusifs pour
la fabrication de téléphones et dappareils pour American
Bell. En avril 1882, Bell détenait 53% du stock de Western Electric.
Le magasin de Williams, maintenant agrandi, situé au 109 et au 115,
rue Court, est devenu une usine de Western Electric, Charles Williams étant
son directeur
Seulement trois ans plus tôt, Western Union avait rejeté l'offre
de Gardiner Hubbard de lui vendre tous les droits au téléphone
pour 100 000 $ US (environ 2,54 millions de dollars). En quelques années
seulement, le président de Western Union reconnut qu'il s'agissait
d'une erreur commerciale sérieuse, qui a presque fait que son entreprise
a failli être engloutie par le nouveau géant des télécommunications
dans lequel Bell Telephone allait évoluer.
Western Union a été sauvé de la mort seulement par
les interventions antimonopoles du gouvernement américain.
Brevet
12179,WIlliams
February 22, 1881,
Charles Williams Jr. & Thomas W. Lane, Design for "Telephonic
Apparatus"
October 25, 1881,
Charles Williams Jr., Thomas W. Lane & Frank W. Harrington, Telephone
Switch-Board
Pub
En 1879 c'est le microphone Blake qui est retenu
par la National Bell Telephone Company
Rappelons que Berliner ingénieur en chef de la Bell
Telephone, dabord à New York, puis à
Boston, quant il reprendris ses fonctions en janvier
1879, la première tâche était de travailler
sur un design de microphone / émetteur modifié par un inventeur
différent, Francis Blake.
Le transmetteur Blake fonctionnait mieux que le modèle Berliner
mais nécessitait un ajustement presque constant.
En 1881, le nombre des stations téléphoniques aux Etats-Unis
s'était élevé en un an de 138 à 408, et celui
des téléphones employés de 60 876 à 132
602.
Des réseaux téléphoniques furent créés
dans un grand nombre de villes lelles que Boston, Washington, Brooklyn,
Providence, Denver, etc.
Tous ces réseaux se développèrent avec une grande
rapidité.
Vers la fin de 1881 il y avait peu de villes de seize mille habitants
qui n'eussent pas leur réseau.
En juin 1881, l'un des premiers téléphones de San Diego
fut installé dans les bureaux de l'Union de San Diego.
Le premier central téléphonique de San
Diego a été créé en 1881 par Douglas Gunn,
rédacteur en chef de The San Diego Union, A. Wentscher, J. A. Fairchild
et Simon Levi. Le directeur était J. W. Thompson. Il n'y avait
que 13 abonnés au premier échange. Le
9 juin, le syndicat a rapporté que le premier message sur le nouveau
central téléphonique avait été reçu
lorsque Thompson avait informé le bureau du journal du syndicat
de l'arrivée d'une cargaison de traverses de chemin de fer à
bord de la goélette « Edith ».
Extrait de l'Union de San Diego, samedi 4 juin 1881 :
LE CENTRAL TÉLÉPHONIQUE. M. Thompson et ses assistants ont travaillé dur pendant plusieurs
jours pour installer le fil et les appareils qui seront utilisés
en relation avec cette découverte scientifique, la plus merveilleuse
et maintenant indispensable, du XIXe siècle. L'appareil actuellement
introduit est ce qu'on peut appeler un « téléphone
à quarante fils », c'est-à-dire qu'il comprend quarante
fils pour autant d'abonnés différents, et d'ici mardi prochain
les instruments seront mis en place pour le travail. M. Thompson a commencé avec treize
abonnés déjà sécurisés et suffisamment
d'autres sur le « ragged edge» pour justifier la conviction
qu'au moins autant d'autres seront ajoutés dès que les instruments
pourront être obtenus. Actuellement, la liste des abonnés
et le nombre d'instruments sont les suivants : Bureau de L'UNION, 1 ;
A. Wentscher, 2 un au bureau de la Cinquième rue et un à
l'entrepôt, quai de Culverwell ; J.A. Fairchild, 2 ans un
au bureau et un à la résidence ; J.C. Capron, 1 au
bureau ; Hinton et Gordon, 1 chez Fashion Stable ; Bureau des chemins
de fer, 2 ; J.Russ & Co., 2 un dans un parc à bois ici
et un à National City ; Bureau de Steamship Co. au quai, 11 ; et
Steiner, Klauber & Co. 1 dans leur magasin. Par ailleurs, des instruments seront probablement
bientôt mis en place au palais de justice, W.W. Stewart's, Consolidated
Bank, Davis & Beach's et dans les nouveaux magasins Blochman &
Smith's une fois terminés, et plusieurs autres. On nous a montré une partie de l'appareil
et leur mode opératoire m'a été partiellement expliqué
; mais on s'attendrait autant à maîtriser le grec et le latin
en une seule leçon qu'à être capable de donner quelque
chose comme une description détaillée de ces instruments
; nous ne le tenterons donc pas. Lorsque les instruments seront en place,
nos lecteurs pourront en apprendre davantage sur les merveilles du téléphone
par une seule inspection personnelle que nous ne pourrions leur en dire,
sans l'aide d'un téléphoniste scientifique ou pratique,
dans une douzaine de colonnes.
A Chicago, le conseil municipal décida de placer dans tous
les quartiers de la ville, partagée en districts convenablement
délimités, un système d'avertisseurs pour les incendîes,et
pour prévenir la police en cas de tentatives criminelles et de
délits susceptibles de répression immédiate.
Chaque district comprenant environ deux milles carrés possède
une station téléphonique, et des fils rayonnant dans toutes
les directions partent de cette station au nombre de trente pour aboutir
à différentes stations de signaux placés en différents
points du district.
Ces stations sont représentées par des espèces de
colonnes de sept pieds de hauteur sur deux pieds six pouces de largeur
et d'épaisseur, qui sont placées le long des murs et autant
que possible au coin des rues.
Chacune de ces colonnes renferme une boite dont la clef est la même
pour toutes. Chaque citoyen notable de la ville peut devenir possesseur
d'une de ces clefs en en faisant la demande au bureau de police centrale
où son nom se trouve inscrit sur un registre avec le lieu de sa
résidence et le numéro de la clef qui lui a été
confiée. Un téléphone mis en relation avec le commissaire
de police se trouve dans la boîte ; les agents peuvent demander
à ce fonctionnaire toutes les instructions de service et au besoin
réclamer du secours.
Vers le milieu de 1881, un câble téléphonique fut
posé à NewHamburg, dans l'Amérique du Nord, à
travers le fleuve Hudson.
Un certain nombre de villes furent également reliées entre
elles par téléphone : Irouston et Proctorvïlle; Alpana
et Bay-City; Lowell et Portland; etc., etc..
Des expériences téléphoniques furent également
faites entre BufTalo et Paterson ; la distance est de trois cent cinquante
milles.
1882 Bell est naturalisé Américain, en 1883, il
fonde, à Washington, une école pour enfants sourds. L'établissement
fermera fin 1885, suite aux litiges concernant ses brevets d'invention.
Il est aussi élu à l'Académie des Sciences.
Dans chaque ville d'Amérique , le département
de la police a été des premiers à se servir
des communications électriques établies dans un intérêt
social et commercial , mais la ville de Chicago tient la tête
.
Cet article est extrait de la nouvelle édition
des PRINCIPALES APPLICATIONS DE L'ÉLECTRICITÉ, par
M. E. Hospilalier G Masson éditeur.
dans cette application des communications télégraphiques
ou télépho niques ; elle les considère comme
un facteur essentiel du système de police , le plus important
.
Le but du système est double : augmenter
d'une part la rapidité et l'efficacité des secours
de police en cas d'urgence , diminuer d'autre part le nombre des
patrouilles , et , par suite , les dépenses qu'elles entrainent
, en raison du personnel nombreux qu'elles nécessitent pour
être utiles .
Le besoin urgent d'un gardien ou d'un agent en un point particulier
d'une ville est en général exceptionnel , et la tendance
actuelle , en Amérique , est d'augmenter l'espace placé
sous la surveillance de l'un d'eux . Il en résulte que ,
lorsqu'un accident arrive , les agents sont presque toujours loin
de l'endroit où leur concours serait nécessaire ;
les voleurs , qui connaissent bien celte particularité ,
en tirent souvent profit pour troubler l'ordre et porter atteinte
aux droits des citoyens .
La remarque , pouvons - nous ajouter , n'est pas particulière
à l'Amérique , et il en est de même à
Paris . Pour parer à ces inconvénients , il faudrait
augmenter dans de très grandes proportions le nombre des
agents , mais ce procédé est beaucoup moins économique
que celui adopté à Chicago . Ce moyen consiste à
faciliter et à rendre très rapide le système
de police ; pour cela , chaque homme en patrouille ou en surveillance
est mis en relation , en moins d'un instant , avec la subdivision
à laquelle il est attaché , ou , si cela est nécessaire
, avec le poste de police d'un district et même le poste central
. Chaque citoyen notable honorable peut aussi , en cas de besoin
, appeler très rapidement la police en un temps très
court .
Voici maintenant la réalisation pratique
du système .
Des postes de police sont établis en certains points convenablement
choisis de chaque district ; à chaque poste est adjoint une
voiture , un cheval et trois hommes toujours prêts à
partir . La voiture porte un brancard , des couvertures et les objets
nécessaires pour recevoir et soigner une personne malade
ou blessée , recueillir un enfant perdu , arrêter les
personnes accusées de crime , etc. Les postes de police sont
en relation téléphonique avec des stations d'alarme
publiques , semblables à des guérites , et distribuées
le long des rues , de distance en distance . Ces guérites
sont juste assez grandes pour renfermer un homme et lui servir de
retraite à l'occasion .
Ces stations d'alarme s'ouvrent au moyen de clefs qu'on remet à
tous les notables et honorables citoyens de la ville et à
tous les agents de police . Pour empêcher l'abus , les serrures
des stations d'alarme sont disposées de telle sorte que l'on
ne peut plus retirer la clef une fois qu'elle est engagée
dans la serrure ; les agents de police seuls peuvent le faire .
Comme chaque clef porte un numéro d'ordre et que le concours
d'un agent de police est nécessaire , la personne qui a donné
l'alarme en ouvrant la guérite est ainsi obligée de
se faire connaitre ; l'on évite de la sorte bien des dérangements
inutiles , car les détenteurs ouvrent seulement lorsque le
secours est nécessaire , et ne prodiguent . pas les appels
dans la crainte de se faire retirer la clef .
fig 1 fig
2
On voit déjà par là que chaque citoyen concourt
, par ce moyen , å la surveillance générale
et que les secours ne se font pas attendre .
Voici la série des maneuvres à effectuer . Dès
que l'accident arrive , le citoyen le plus voisin possesseur d'une
clef , se dirige vers la boite d'alarme la plus rapprochée
, l'ouvre et fait le signal , comme nous l'indiquerons un peu plus
loin . Aussitôt une escouade de trois hommes avec une voiture
et un cheval arrivent au point d'où vient le signal . Si
l'agent de police de garde se trouve près de la guérite
, il ouvre la boile et communique avec le poste de police à
l'aide du téléphone qu'elle renferme .
Lorsque la guérite est ouverte par un citoyen , celui - ci
fait l'appel au moyen de l'appareil représenté séparément
, figure 1 ; cet appareil permet de transmellre onze indications
différentes au poste central , en plaçant l'aiguille
sur l'une ou l'autre , suivant la nature de l'alarme à donner
. Voici ces indications :
1. Voiture de police . 2. Voleurs . 3. Violences .
4. Émeute . - 5. Ivrognes . 6. Meurtre . 7. Accident
. 8. Violation de domi cile . - 9. Rixes . 10. Essai de la ligne
. 11. Incendie .
Pour donner un signal , l'appelant place l'aiguille sur le signal
cor respondant et appuie sur le levier représenté
sur la droite de l'appa reil ( fig . 1 ) . En låchant le levier
, l'appareil envoie au poste de police une dépêche
conventionnelle indiquant le numéro du poste appelant et
la nature de l'appel ; le transmetteur est autokinétique
; le récepteur est formé d'un télégraphe
Morse ordinaire dont la bande est mise en marche automatiquement
dès que le premier signal est envoyé .
La ligure 2 montre la disposition de la boite contenue dans la guérite
; elle permet à l'agent de service de se placer en communication
téléphonique avec le poste de police de son district
pour des services ultérieurs . Le parleur à charbon
est disposé sur le couvercle même et se trouve ainsi
tout naturellement à portée de la bouche lorsque la
boîte est ouverte .
La figure 3 représente le système fonctionnant à
propos d'un accident ; le signal a été donné
et l'on voit arriver , sur la gauche du dessin , la voiture de secours
, pendant que la guérite d'alarme explique au poste de police
la nature de l'accident , son importance , etc.
Chaque heure ou chaque demi - heure , l'officier de ronde vient
dans une des stations d'alarme et fait son rapport téléphoniquement
au poste de police de son district , ce qui simplifie et facilite
beaucoup le service . Le chef du poste peut ainsi diriger et régler
son service sans dérangement . Le système de Chicago
comporte aussi l'installation dans le domicile particulier de chaque
habitation et dans les maisons d'affaires , de boites de signaux
analogues , avec ou sans adjonction de téléphone .
Dans ce dernier cas , les indications se donnent sur le cadran ,
comme pour les postes d'alarme . Le poste de police a une clef placée
sous scellés ouvrant le domicile de chaque abonné
. Lorsqu'un appel de nuit est fait , pour vol avec effraction
par exemple , le policeman répond à l'appel
en prenant la clef de l'appelant au poste de police et peut ainsi
venir aussitôt saisir le voleur .
Le système fonctionne pratiquement
de la manière la plus satisfaisante ; le nombre des arrestations
dans le district où il est appliqué a été
augmenté , ce qui a diminué le nombre des crimes dans
une proportion correspondante . Le premier établissement
est peu coûteux et son entretien peu dispendieux ; il paraît
convenir plus spécialement dans les petites villes où
le nombre des gardiens est relativement minime . A l'aide des boites
d'alarme placées chez les particuliers et des stations d'alarme
dans les rues , on peut appeler du secours en quelques instants
et permettre ainsi à un nombre d'agents relative ment restreint
de rendre les mêmes service qu'une police nombreuse .
On voit , par cette courte description du
système d'alarme de Chicago , que l'initiative de chaque
individu joue un rôle dans la sécurité géné
rale et que tous contribuent au repos de chacun .
Un service de police organisé sur une
base semblable pourrait - il fonctionner en France et y rendre de
réels services ?
La réputation de frivolité des Français permettrait
d'en douter à première vue , mais en examinant le
sujet de plus près , on peut affirmer que nous saurions vite
apprécier la valeur pratique d'une semblable installation
, et nous formons le voeu que le réseau téléphonique
de Paris , aujourd'hui si important , soit bientôt complété
par un réseau de police téléphonique analogue
à celui de Chicago .
La sécurité des particuliers
serait ainsi confiée , en partie du moins , à l'initiative
privée ; nous nous permettons de croire qu'on ne saurait
la placer dans de meilleures mains .
En 1882,
les réseaux téléphoniques déjà très
nombreux se multipliaient d'une façon remarquable ; le nombre des
demandes d'abonnement grandissait tous les jours d'une manière
sensible. L'accroissement du nombre des appareils téléphoniques
était en moyenne de 4000 par mois.
D'après la statistique arrêtée à la fin de
l'année 1882, le nombre des circuits était, à cette
époque, de 74 284, et il n'était à là fin
de 1881, que de 54 143.
Le nombre des abonnés à la fin de 1882 était de 97
728, alors qu'à la fin de 1881 il n'était que de 71 337;
enfin le nombre des employés des compagnies des téléphones
était, en décembre 1882, de 3 716, tandis qu'en décembre
1881, il n'était que de 1863.
New-York tenait la tête de la liste des abonnés avec trois
mille cent trente-deux. Venaient ensuite Chicago, avec deux mille six
cent dix; Cincinnati avec deux mille deux cent trente-cinq; Providence,
avec deux mille soixante et un; Philadelphie, avec dix huit cent quatre-vingtdix;
etc.
A Cincinnati, un bureau téléphonique installé le
1" septembre 1877, comptait, moins de deux ans plus tard plus de
huit cents abonnés.
A la fin de 1882, les faubourgs et les environs de cette ville, qu'on
a surnommée la «Reine de l'Ouest» avaient des installations
téléphoniques.
Dans un rayon de soixante-quinze milles, cent trente villages étaient
reliés à Cincinnati par le téléphone.
Dans une autre ville de l'Union, àPortland, État du Maine,
on comptait, à la fin de 1882, sept cents téléphones
et la proportion était d un téléphone par cinquante
habitants. Une ligne téléphonique reliait à cette
époque RhodeIsland, le Connecticut et le Massachusetts.
Un câble fut posé à travers la rivière Thames,
depuis Winthrop-Point jusqu'à la rive de Groton.
En août 1882, une ligne téléphonique fut établie
entre Clinton, État d'Iowa, et Davenport. Cette ligne reliait entre
eux les bureaux téléphoniques de Clinton Lyons, Camanche,
De Witt, Davenport, Muscatine, lowa, Albany, Fulton, Morrisson, Sterling,
Rockfsland, Molines,
La plus longue distance entre deux bureaux était, à cette
époque, celle qui s'étend de Sterling à Muscatine,
cent sept milles.
June 13, 1882, Patent
259558, par Thomas W. Lane Assignor to Charles Williams
Jr., "Electric Switch-Board"
brevet pour un tableau de connexions pour les premiers centraux manuels.
June 13, 1882, Patent
259644, par Thomas W. Lane Assignor to Charles Williams
Jr., "Magneto Generator"
La magnéto à manivelle va équiper les téléphones
de National Bell Telephone Company
Le 17 Janvier 1882, Leroy B. Firman de la Western
Electric Manufacturing Company déposent le brevet
US252576 pour "The Multiple Switch Board for Telephone Exchanges",
le tout premier système multiple qui sera le principe adopté
dans le monde entier.
Extension du réseau téléphonique
en Virginie du Nord
Merton Elbridge Church est celui qui a fait le plus pour étendre
le réseau téléphonique en Virginie du Nord que quiconque
à son époque. Church, né dans le Vermont, a déménagé
à Fairfax en 1879, vivant d'abord à Herndon et déménageant
en 1887 à Falls Church. Dans sa jeunesse, le Dr Church a suivi
une formation de pharmacien et a dirigé une pharmacie à
Falls Church pendant douze ans. Il était associé à
un certain M. Spofford au Spofford and Church Drug Store. Church a racheté
Spofford en 1882. Le Dr T.M. Talbott, avant l'arrivée de Church
à Falls Church, a construit une ligne téléphonique
entre sa maison et la pharmacie, sur une distance d'environ un mille et
demi, en la faisant fonctionner avec un ensemble d'instruments téléphoniques
originaux que lui avait donnés M. Echert, l'un des brevetés
originaux d'une partie de l'appareil Bell. M. Church fonda une petite
compagnie de téléphone, dont le premier effort fut de construire
une ligne de Falls Church à Washington en 1888.
Après ces humbles débuts, il développa un réseau
de compagnies de téléphone et de centraux dans les comtés
de Falls Church, Vienne, Herndon, Fairfax, Leesburg et Fauquier et Prince
William, jusqu'aux Blue Ridge Mountains. M. Church était l'actionnaire
en chef, le président et le directeur général.
Le premier standard d'Arlington (Rosslyn) a été mis en service
en 1898 (il appartenait et était exploité par la Falls Church
Telephone Company).
Ce standard desservait cinquante téléphones et, au début
du siècle, était situé dans une pièce d'un
immeuble à l'extrémité Virginie du pont-aqueduc ;
la salle d'attente de la ligne de tramway jusqu'à Falls Church.
Plus tard, il a déménagé au deuxième étage
d'un immeuble sur Lee Highway, en face de la brasserie. En 1897, la Northern
Virginia Telephone and Telegraph Company fut créée et assurait
un service téléphonique à Vienne (cette société
fut achetée en 1901 par M.E. Church). HA. Money a dirigé
le premier échange de Vienne depuis sa maison au 131 Church Street
NW...
En 1883,
dans l'Amérique du Nord, le téléphone était
presque devenu une nécessité de la vie quotidienne et il
se répandait chaque jour davantage.
Des Etats de l'Est, il eut promptement pénétré dans
ceux du Centre, de l'Ouest, du Nord et du Midi.
Les localités de moindre importance avaient déjà
leur réseau téléphonique comme les grands centres
de New-York, Chicago, Philadelphie, Cincinnati; le prix des abonnements
était généralement moins élevé.
Le téléphone fut introduit à cette époque
dans les États du Minnesota, du Wisconsin, etc.
Toutes les villes de l'Union Américaine eurent bientôt leur
bureau de téléphone, comme elles avaient leur bureau de
télégraphe.
La forêt vierge elle-même avait ses fils téléphoniques.
Après la Louisiane, le Mississipi, le Nebraska, le Colorado, le
territoire indien, le pays mormons; l'exploitation du téléphone
semblait devoir donner des résultats inattendus dans les États
de l'Arkansas et du Texas.
On remarqua à cette époque ou la population de la région
d'Arkansas, si prodactive en maïs, riz, tabac, avait doublé
en dix ans. Le Texas avec ses immenses prairies,
ses forêts de pins et de magnolias, ses grandes cultures de coton
et de canne à sucre, n'a pas une moins grande importance.
Le dévelopement extraordinaire qu'ont pris l'Arkansas et le Texas
est dû en grande partie à l'introduction du téléphone
dans ces États. L'établissement des réseaux téléphoniques
dans l'Arkansas a commencé par la ville de Little-Rock, chef-lieu
de l'État, et dans le Texas par Austin. Le téléphone
fut également réclamé par d'autres localités,
et on comptait au commencement de 1883, sur le territoire d'Arkansas et
du Texas, quarante-trois réseaux téléphoniques.
C'est au général Rools, Président de la Banque nationale
de Little-Rock, et au colonel Keller qu'est due l'introduction dans ces
contrées du nouveau mode de communication.
Le réseau téléphonique de Denver, capitale du Colorado,
a pris un développement très rapide ; il fut étendu
à cette époque aux Georgetown Leadwiile et Colorado Springs.
Brooklyn, le grand faubourg de New- York, située dans l'île
Long-lsland, comptait, en mai 1883, plus de seize cents abonnés
au téléphone.
La Société avait étendu ses lignes à Flushing,
Collège-Point, Whitestone et Bayside. Elle en construisait jusqu'à
Jamaïca, Far, Rockaway, Hempstead, Babylon, Potchogue, et comptait
atteindre prochainement l'autre extrémité de Tîle.
A Brooklyn même il passait chaque jour par les fils, environ cinq
mille messages, et entre New-York et Brooklyn, une trentaine de mille.
Les autorités de New- York et de Brooklyn ont fait installer sur
le pont suspendu de Brooklyn, en 1883, des postes téléphoniques
communiquant avec les différents bureaux de police des deux villes.
L'État de Michigan est un de ceux où le téléphone
s'est propagé le plus vite. Ouvert en juin 1879, le réseau
des Grands-Rapids comptait, à la fin de 1883, plus de cinq cent
cinquante abonnés.
Une cinquantaine de villes étaient reliées entre elles au
moj^en de fils téléphoniques, notamment Grand-Haven, Muskegon,
Portland, etc., et plusieurs autres lignes
étaient en construction ou à l'étude.
Les Étals de la Louisiane et Mississipi comptaient en septembre
1883, treize réseaux téléphoniques en service; Jackson,
Bâton-Rouge, la Nouvelle-Orléans, ont reçu des installations
de téléphone cette même année.
Le réseau téléphonique de Cleveland, ville derÉtat
d*Ohio, sur le lac Erie, était en 1883 un des meilleurs de l'Amérique.
Il comprenait trois bureaux centraux.
Ce réseau, qui fait partie de l'Union dite Syndicat de Lowell,
était relié téléphoniquement aux localités
voisines de Cleveland. ABoston, chef-lieu de l'État de Massachusetts,
dans un rayon de douze milles, toutes les villes et localités possédaient
à cette époque des réseaux téléphoniques.
C'est en décembre 1883 que fut établie la première
ligne téléphonique entre New- York et Boston. Une autre
ligne de soixante-dix kilomètres fut construite à la même
époque entre Boston et Worcester. Le projet
de l'établissement d'une ligne entre New-York et la Nouvelle-Orléans,
Portland, San-Francisco et d'autres villes avait déjà été
étudié en 1883.
Depuis cette année, les abonnés des réseaux téléphoniques
de Baltimore et de Washington peuvent communiquer d'une ville à
l'autre au moyen de leurs appareils. Il existe entre ces deux villes,
que sépare une distance de cinquante milles, quatre différentes
lignes de téléphone.
Les villes de Jacksonville, dans la Floride, de Charleston, dans la Caroline
du Sud et de Savannah, dans la Géorgie, furent reliées téléphoniquement
en novembre 1883. Savannah est située à cent quatreingt-dix
kilomètres de Charleston.
En Pennsylvanie, il existait en 1883 un grand nombre de réseaux,
et plusieurs villes communiquaient entre elles téléphoniquement.
Reading, Lancastre, York, Garlisle, Harrisburg, étaient toutes
reliées Tune à l'autre par le téléphone.
A New-York, tous les bureaux de télégraphe, au nombre de
cent neuf, sont reliés, par le téléphone au poste
de police. Afin d'assurer une plus grande célérité
dans le service des secours aux blessés, les employés des
télégraphes sont chargés d'annoncer téléphoniquement
les accidents dont ils sont informés.
Un certain nombre de lignes privées à l'usage des propriétaires
fut établi dans les deux Amériques en 1883; plusieurs plantations
ont leurs communications téléphoniques sur des parcours
souvent fort étendus.
En 1884 Williams qui avait vendu son usine en 1882 à la Western
Eletric Co, commença à transférer la plupart de ses
machines aux ateliers de la Western Electric à New York et à
Chicago.
L'usine de Williams Street Court et ce qui restait des machines ont été
vendus à Albert L. Russell, l'un des machinistes de Williams, qui
a continué à y travailler en tant que fabricant d'instruments
télégraphiques et électriques.
Charles Williams Jr. a officiellement pris sa retraite en 1886, demeurant
administrateur et détenteur de titres chez Western Electric.
Williams était très discret, il aimait beaucoup les livres
et la lecture et a passé plusieurs années à la retraite,
voyageant à travers le monde et aux États-Unis avec sa famille
jusqu'à 10 ans avant sa mort. Il est décédé
à Somerville le 14 avril 1908 d'une pneumonie bronchique.
En 1884,
un grand nombre de Sociétés s'étaient formées
pour exploiter la téléphonie en Amérique.
Toutes ces Sociétés étaient prospères. l'American
Bell Téléphone Company, une des plus considérables
des Etats-Unis, accusait, dans son rapport annuel publié en mars
1884, une augmentation de vingt-cinq-mille sept cent quatre-vingt-dix-huit
abonnés pendant l'année.
Cent soixante-cinq réseaux avaient été construits
avec treize mille quatre cent dix-sept milles de fil.
Les bénéfices nets de la Compagnie étaient de 7.387.155
francs, c'est-à-dire une augmentation de 2.515.000 francs sur l'année
précédente.
Selon le rapport de cette Compagnie, les différents réseaux
téléphoniques de la Société comptaient, vers
le milieu de 1884, un total de cent vingt-trois mille abonnés,
et on pouvait, sans exagération, fixer le nombre des téléphones
employés aux États-Unis à cinq cent mille.
Un grand nombre de villes reçurent des réseaux téléphoniques
pendant le cours de l'année 1884.
Le réseau de Dalla (Texas) fut mis en communication directe au
commencement de l'année avec trentehuit petites villes des environs.
A Milwankee, les douze cents abonnés au téléphone
purent cette année être mis en communication directe avec
cinq mille personnes réparties sur cinquante réseaux hors
de la ville.
En avril 1884, New-York possédait quatre mille abonnés reliés
au bureau central qui pouvaient tous être mis en communication avec
cinq mille autres abonnés des faubourgs et des villages autour
de New-York, par des bureaux intermédiaires.
Le nombre moyen des communications par jour, était de cinq par
abonné, mais les Compagnies Transatlantiques en demandaient parfois
jusqu'à quatre-vingt-cinq par jour.
En Californie, la ville de Los- Angeles, qui n'a
que trente mille habitants, possédait en 1884, un réseau
téléphonique avec trois cent soixante abonnés.
Le prix de l'abonnement est de 300 francs par an et 25 centimes par communication
téléphonique dans les bureaux publics.
Celte même année, une ligne téléphonique fut
construite reliant la ville de Denver à Puebla, sur une distance
de cent onze milles.
Depuis janvier 1884, le bureau central de téléphone de Cincinnati
est relié à toutes les villes impor-
tantes dans un rayon de cent milles. Dans les seize principales villes
d'Amérique qui ont adopté les communications téléphoniques
dès le commencement de leur introduction, la proportion était,
en juin 1884, de quatre-vingt-trois personnes par téléphone.
Dans les douze villes principales de l'État d'Erie, où le
téléphone ne fut introduit que plus tard, on estimait à
cette époque qu'il y avait un abonné sur cent cinq habitants.
Tandis que le nombre des abonnés reliés à la date
du 1*' juin 1883 était de cinq mille sept cent trenteneuf, il était
au 31 mars 1884 de huit mille neuf cent quarante et un, ce qui donne une
augmentation de trois mille deux cent deux abonnés pendant dix
mois.
Les communications téléphoniques se sont élevées
pendant le cours de cette année au nombre de deux cent cinquante
et un millions deux cent soixantesept mille sept cent soixante, soit une
moyenne de six cent quatre-vingt-dix-sept mille neuf cent soixantesix
par jour.
Un rapport fait par le conseil d'administration de la American Bell Téléphone
C*, en janvier 1885, démontre que l'industrie téléphonique
a continué à progresser aux États-Unis tout en se
ressentant de la crise générale qui a atteint les affaires
pendant l'année 1884.
À partir de 1885, les revenus de Bell
, tirés de l'invention du téléphone, lui permettent
de se consacrer librement à ses nombreuses activités
d'expérimentation et d'analyse. Il invente entre autres appareils,
l'audiomètre, le pendule à induction et le premier cylindre
enregistreur en cire (1886), qui est à la base du gramophone moderne.
En 1885, la compagnie
américaine de téléphone et de télégraphe
a été formée pour conquérir les
lignes interurbaines à travers les États-Unis pour le système
de Bell en commençant par l'État de New York sous le nom
de AmericanTelephone
and Telegraph Company le 3 mars 1885.
Partant de New York, le réseau téléphonique interurbain
a atteint Chicago, Illinois, en 1892 , avec ses multitudes de centres
manuels locaux qui continuaient de s'étendre de plus en plus chaque
année, créant un système téléphonique
à l'échelle du continent.
Au 1er janvier 1885, les réseaux téléphoniques de
New-York comprenaient dix mille six cents abonnés,tandis qu'il
y en avait, à la même époque, treize mille dans toute
l'Angleterre. D'autre part, un grand nombre de villes furent reliées
entre elles pendant Tannée 1885.
Les lignes les plus longues existant à cette époque aux
Etats-Unis, sont celles de Milwankee à Okhotsk, de cent quatre-vingts
milles; de Détroit à Saginon,de cent milles ; de Milwankee
à Madison, de quatre-vingthuit milles ; de Buffalo à Rochester,
de quatre-vingtcinq milles; etc. En Pennsylvanie, une communication téléphonique
fut établie entre Youngstown et Piltsburgh.
Dans TEtat de Georgia, une ligne en fil de cuivre d'une longueur de quarante-cinq
milles fut construite entre Augusta (Etat de Georgia) et Belfast (Possessions
anglaises). Cette ligne, ainsi que celle qui est établie entre
Boston etPortland, sur une distance de cent dix milles, fonctionne parfaitement.
Au commencement de 1885, la Hudson River Telepkone Co fît traverser
le fleuve Hudson par plusieurs lgnes téléphoniques placées
sur des montagnes de chaque côté du fleuve, à une
distance de deux mille huit cents pieds, et à une hauteur de quinze
cent vingt-quatre pieds. Ces lignes étaient destinées à
établir une communication directe entre New-York et les réseaux
de la Compagnie à Newburg, Albany, Troy et Saratoga.
Le bureau central des téléphones, à Buffalo, est
relié à celui de Rochester, sur une distance de quatre vingt-dix
milles.
La Compagnie de Téléphones deBuffalo a fait construire une
nouvelle ligne de cuivre jusqu'aux chutes du Niagara; il existe actuellement
deux lignes sur ce parcours.
On a eu Tidée d'utiliser l'ancienne ligne pour amener le courant,
de sorte que maintenant les sonneries du réseau téléphonique
de BufTalo sont actionnées la nuit et le jour par les chutes du
Niagara.
A Indianapolis, le bureau central de cette ville, qui comptait en juin
1885 mille vingt-cinq abonnés, était en communication directe
avec cent trente-cinq villes et villages aux alentours de la ville.
Dans l'Etat d'Alabama, la ville de Montgomery, qui a seize mille sept
cent quatorze habitants, comptait en mars 1885 cent soixante-quinze abonnés
au téléphone; Mobile cent quarante-cinq, Columbus cent vingt,
etc. dans toutes ces villes, il y a une augmentation graduelle, mais lente,
du nombre des abonnés, car la plus grande partie des habitants
étant des nègres, le progrès est loin d'être
aussi rapide que dans les autres villes du Nord de l'Amérique.
Dans l'Etat de la Louisiane, un réseau téléphonique
construit en 1885 relie les principales plantations avec le bureau central
de la Nouvelle-Orléans. De sorte que les négociants peuvent
traiter directement de la Nouvelle-Orléans avec les planteurs de
cette contrée.
Cette même année, il fut établi à Washington
un système téléphonique souterrain, reliant entre
eux les différents départements du gouvernement.
Tous les ministres ont une ligne particulière à leur disposition,
au moyen de laquelle ils peuvent s'entretenir directement avec leurs collègues,
sans l'intervention d'un bureau central.
On établit à New-Jersey une communication téléphonique
sur la côte, au moyen d'un câble, entre dix-neuf différentes
stations de sauvetage. Cette ligne doit s'étendre à sept
nouvelles stations sur la même côte, et à quatorze
autres sur la côte du Nortu-Datura.
En Amérique, presque toutes les grandes institulions de crédit,
comme la plupart des maisons de commerce considérables, font garder
leurs bureaux la nuit par un homme spécial depuis la sortie des
employés jusqu'au lendemain matin. Le bureau central des téléphones
se constitue le surveillant de ces gardiens, qui sont obligés,
de sept heures du soir à six heures du matin, de communiquer avec
l'employé de la Compagnie toutes les demi-heures. Si le rapport
n'est pas fait à l'heure convenue, un homme est envoyé tout
de suite pour en savoir la cause ; et si celui-ci n'obtient pas de réponse
du gardien, il fait ouvrir la Banque par les autorités.
Le téléphone rend des services très appréciés
à la police. Une statistique de juin 1885 du département
de la police à New- York, constate ces services. Il a reçu
par téléphone huit cent cinquante-sept mille quatre-vingt-quatre
rapports de policemen et vingt-trois mille neuf cent vingt et un appels
d'incendies. Grâce au téléphone, quatorze mille cinq
cent quatre-vingt-douze personnes ont été arrêtées
et trois mille deux cent cinquante-six tumultes réprimés
sans arrestation ; trois cent soixante-cinq cadavres portés à
la Morgue ou chez des amis; deux mille trois cent soixante-quinze malades
ou blessés transportés à leur domicile ou à
l'hôpital ; huit mille dix prisonniers transportés aux cours
de police.
AT&T a été constituée dans
l'État de New York pour gérer le service interurbain d'American
Bell. L'interurbain coûtait plus cher que le service local; et dans
les années 1890, la société mère des sociétés
d'exploitation locales de Bell était en difficulté, tandis
que la filiale interurbaine prospérait. La solution consistait
à faire de la filiale la société mère.
Ainsi, en 1899, AT&T est devenue la société mère,
absorbant American Bell. AT&T et le système Bell domineront
presque complètement les télécommunications américaines
jusqu'au 1er janvier 1984. À cette date, cédant aux pressions
anti-monopole du ministère de la Justice et des tribunaux, le système
Bell est cédé à sept sociétés régionales
"Baby Bell" (fournissant service local) et un AT&T plus
petit pour gérer le service longue distance. (Western Electric
est resté avec AT&T et a été renommé AT&T
Technologies).
Bell à cette époque cesse ses activités sur le téléphone,
mais l'évolution est en marche.
Dans son rapport annuel de 1885, la société
mère fait référence aux résultats d'une conférence
comme suit :
Avec le temps, les compagnies de téléphone ont appris que
le coût d'entretien et de reconstruction de leurs installations
était généralement sous-estimé, et nombre
d'entre elles ont dû reconnaître que les bénéfices
de leurs activités téléphoniques étaient inférieurs
à leurs prévisions. C'est pourquoi elles nous ont demandé
de faire certaines concessions dans leurs relations contractuelles, et
nous avons examiné attentivement cette question. Nous avons rencontré
nos licenciés ; d'abord, en acceptant, lorsque cela était
souhaité, que notre part des bénéfices nets, conjointement
avec la leur, puisse être utilisée à des fins de construction,
de sorte que nous partagions alors les coûts de développement
de l'entreprise ; ensuite, nous avons réduit les redevances sur
les téléphones utilisés dans les petites localités
où les tarifs sont bas. Cette réduction entraîne une
perte de redevances d'environ 200 000 dollars par an sur notre activité
actuelle.
Bien que les comparaisons soient rarement agréables
à présenter, il est intéressant de comparer cette
action volontaire de la société Bell avec les résolutions
adoptées par les titulaires de licences d'une autre société
mère de services publics. Cette dernière société
mère n'était pas active dans le secteur de la téléphonie,
mais elle a pris des dispositions.
Ces sociétés locales bénéficiaient du droit
exclusif et absolu de vendre des appareils sur leurs territoires respectifs.
En contrepartie, elles cédaient à la société
un certain pourcentage de leur capital social, non pas pour un an ou deux
ni pour une durée déterminée, mais à perpétuité
et lors de toute augmentation de capital. Cependant, ces licenciés
ne bénéficiaient d'aucune garantie de la part de la société
mère contre les contrevenants aux brevets, ni d'une protection
équivalente à celle des droits sacrifiés. Les fabricants
d'autres appareils contrefaisant le brevet entraient sur leur territoire
sans être inquiétés et vendaient en concurrence avec
eux. Résultat : au cours des dix dernières années,
les licenciés n'ont pas obtenu une part considérable des
bénéfices qui leur reviennent de droit. En contrepartie
des actions cédées, les sociétés locales devaient
bénéficier d'un tarif spécial sur les appareils,
leur permettant de concurrencer efficacement leurs concurrents. En réalité,
ce privilège n'a jamais été garanti et les appareils
d'autres fabricants pouvaient être obtenus sur le marché
à un prix inférieur à celui qu'ils devaient payer
à la société mère.
Au cours de l'année 1885, des attaques systématiques
contre les tarifs pratiqués par les compagnies Bell furent lancées
dans plusieurs États, notamment dans le Massachusetts et l'Indiana.
Dans le Massachusetts, le mouvement avait débuté l'année
précédente et aurait été initié et
soutenu presque entièrement par un homme qui estimait avoir été
traité injustement par ses associés lors de l'absorption
de la compagnie locale dont il était actionnaire lors d'une fusion.
La méthode adoptée par cet homme consistait à employer
des jeunes gens dans différentes villes pour diffuser rapidement
des pétitions en faveur d'une réduction des tarifs téléphoniques
dans les localités concernées. Naturellement, non seulement
les amis et connaissances des jeunes gens, mais aussi des milliers d'autres
personnes signèrent les pétitions pour aider les jeunes
gens à gagner les sous promis. Environ 50 000 signatures furent
ainsi recueillies. Lorsque ces pétitions furent présentées
à l'assemblée législative, il apparut que près
des trois quarts des signataires n'étaient pas abonnés au
service téléphonique, que plusieurs noms y avaient été
inscrits sans autorisation et que nombre des pétitionnaires présumés
étaient introuvables. Par exemple, 90 signatures ont été
recueillies à Lynn, dont seulement quatre provenaient d'abonnés
au téléphone. Sur les 86 non-abonnés, 27 n'apparaissaient
pas dans l'annuaire municipal et n'étaient pas identifiables. Il
a ensuite été publiquement accusé d'avoir montré
ce lot de pétitions aux intérêts de Bell et de leur
avoir été proposé pour 12 000 dollars en espèces.
Il a également été précisé que
Comme aucun acheteur n'a pu être trouvé, l'ensemble des pétitions
a finalement été transmis au pouvoir législatif qui,
dans son jugement final, leur a accordé la même valeur que
celle accordée auparavant par les directeurs de la société
Bell.
Le 13 avril 1885, la législature de l'Indiana a
adopté une loi drastique qui a ensuite été abrogée
:
Qu'aucun particulier, entreprise ou société, actuellement
ou ultérieurement propriétaire, contrôlant ou exploitant
une ligne téléphonique en service dans cet État,
ne soit autorisé à facturer, percevoir ou percevoir un loyer
pour l'utilisation de ces téléphones supérieur à
trois dollars par mois lorsqu'un seul téléphone est loué
par un particulier, entreprise ou société. Lorsque deux
téléphones ou plus sont loués par le même particulier,
entreprise ou société, le loyer mensuel de chaque téléphone
ainsi loué ne peut excéder deux dollars et cinquante cents
par mois.
Lorsque cette loi entra en vigueur, six entreprises
ou particuliers exploitaient des centraux téléphoniques
dans l'Indiana sous licence Bell. ce projet de loi menaçait de
réduire considérablement leurs revenus potentiels, une planification
judicieuse était nécessaire pour maintenir les dépenses
dans les limites des revenus estimés afin d'éviter la faillite.
La première mesure fut de suspendre le service de nuit dans certains
endroits. De leur côté, les citoyens, dont la grande majorité
n'avait jamais utilisé la compagnie de téléphone,
firent preuve d'un mépris total pour les droits d'autrui en abattant
les poteaux téléphoniques. Un grand nombre de centraux et
plus d'une centaine de postes de péage furent fermés dans
l'Indiana, et toutes les améliorations et extensions furent interrompues.
Heureusement pour tous les intéressés, le
sombre nuage qui planait sur le secteur téléphonique en
1885 avait un côté positif : pas moins de six décisions
importantes furent rendues en faveur de Bell. Cinq d'entre elles étaient
judiciaires, rendues par les tribunaux de circuit des États-Unis
dans leurs districts respectifs, et la dernière était l'importante
décision rendue par le commissaire Butterworth de l'Office des
brevets.
Il convient de rappeler que le 23 octobre 1884,
les examinateurs en chef de l'Office des brevets des États-Unis,
après une enquête très approfondie et complète
sur certaines revendications d'interférence impliquant l'invention
du téléphone, et après que chaque demandeur eut vu
ses droits pleinement présentés dans de longs arguments,
ont décidé que Bell est le seul des concurrents à
détenir des brevets. Bell est non seulement titulaire d'un brevet,
mais c'est à lui que le monde doit la possession du téléphone
parlant.
Plus tôt en 1884, l'examinateur des interférences
avait rendu une décision similaire, après dix-huit mois
d'enquête approfondie. Cette décision, extrêmement
détaillée, constituait un volume imprimé de plus
de trois cents pages et examinait minutieusement le droit et les preuves,
incluant chaque fait et chaque phase. Les demandeurs ont interjeté
appel de cette décision auprès des examinateurs en chef,
comme indiqué, et de leur décision auprès du commissaire
aux brevets. Après une audience de sept jours, le commissaire a
statué comme suit :
Bell découvrit, et son brevet démontra, qu'une combinaison
d'aimant, de diaphragme et d'armature, agencée selon une connexion
spécifique avec d'autres pièces spécifiques, constituait
un appareil capable de transmettre la parole articulée. Jusqu'alors,
personne n'avait réalisé cela, ni ne l'avait connu. Cette
combinaison était le fruit de sa conception et le prolongement
de sa théorie, et l'appareil, matérialisant cette conception
et conforme à cette théorie, était son invention
originale.
En janvier 1885, le juge Butler, de la Cour de circuit
des États-Unis, district de Pennsylvanie, en accordant la requête
de la société mère Bell pour une injonction, a décidé
que après un examen complet et patient de tout ce qui nous a été
soumis, nous pensons que le prétendu nouveau sujet n'est que le
rebut et la lie des cas précédents - si je pouvais me permettre
d'utiliser une illustration aussi simple, je dirais que ce sont les coups
de talon trouvés dans les verres à la fin de la gambade.
En mars 1885, le juge Wallace, de la Cour de circuit
des États-Unis, district nord de New York, en accordant la demande
d' contre une société contrevenante, a déclaré
que Il s'agit d'un cas où une injonction doit être prononcée,
sans l'ombre d'un doute. Les questions de fond, aux fins d'une injonction
préliminaire, ont déjà été tranchées
dans les affaires de Pennsylvanie et du New Jersey.
En juin 1885, le juge Wallace, en décidant
que la Molecular Company avait enfreint « toutes les revendications
» du brevet Bell, a déclaré :
Après que Bell a montré la voie, il apparaît désormais
simple d'introduire sa méthode dans l'appareil de Reis. Certains
experts se sont sans doute convaincus que ces modifications de l'appareil
de Reis n'entraînent aucune modification de principe. Il est trop
tard pour accepter cette théorie après tant d'années
d'expérimentations infructueuses avec la méthode de Reis,
initialement suggérée par Bourseul, et avec l'appareil de
Reis, tel que modifié par divers expérimentateurs jusqu'à
la promulgation de la méthode de Bell. Il semble impossible d'échapper
à la conviction que si le téléphone parlant avait
été laissé là où il a été
laissé par Reis et par ceux qui ont tenté de développer
et de perfectionner sa théorie, il n'aurait fait que concrétiser
les spéculations de Bourseul.
En juillet 1885, les juges McKennan et Acheson, de la
Cour de circuit des États-Unis, district ouest de Pennsylvanie,
en autorisant une injonction, ont déclaré : Alors que ce
pays est agité depuis plusieurs années par un litige concernant
ce téléphone Bell, et malgré les décisions
des tribunaux, du moins dans le Massachusetts, à New York et dans
ce circuit, ces défendeurs, au courant de toutes ces décisions,
ont entamé une procédure de violation des droits des plaignants,
sur laquelle les tribunaux se sont prononcés Si ces personnes,
se croyant en droit d'agir ainsi, sans aucune décision de justice
et sans le moindre préavis de la partie dont elles cherchaient
à s'approprier les droits, avaient entamé cette affaire,
on pourrait dire, en toute équité, qu'elles ont été
induites en erreur et que, par conséquent, elles ne devraient pas
être arrêtées par une injonction qui les exposerait
à une perte inattendue. Tel n'est pas le cas ici, comme je l'ai
dit à plusieurs reprises. Elles ont suscité cette controverse.
Ils se sont levés et ont dit à Bell : « Vous n'êtes
pas l'inventeur de cette chose, et nous continuons à défier
le brevet accordé par le gouvernement et les décisions des
tribunaux qui le soutiennent. » Or, ce n'est là que l'aspect
de l'affaire, et je ne connais aucune règle régissant jusqu'à
présent la Cour dans le traitement de requêtes de ce type,
qui nous autoriserait, un seul instant, à traiter ces défendeurs
avec une faveur particulière, même indépendamment
des décisions des tribunaux itinérants. L'injonction est
accordée.
En décembre 1885, le juge Wallace a déclaré
:
Depuis la décision rendue dans cette affaire en décembre
dernier, des preuves supplémentaires ont été recueillies
par les défendeurs (The People's Telephone Co.) et, avec le consentement
des plaignants, présentées à la Cour pour examen
ultérieur après plaidoirie. Toutes ces nouvelles preuves
sont purement cumulatives. Celles de nouveaux témoins attestant
de la connaissance de l'existence de la machine parlante de Drawbaugh
avant la date du brevet Bell sont bien moins convaincantes que celles
déjà examinées et rejetées comme invraisemblables.
. . L'effet légitime de ces preuves est de démontrer que
Drawbaugh était très proche de la réalisation de
l'invention, s'il avait réellement construit des instruments tels
que les pièces F, B et C, avant la date du brevet Bell. Cela ne
change cependant rien au fait qu'il était incapable de fabriquer
de tels instruments bien après la date à laquelle il prétend
les avoir fabriqués ; et compte tenu de ce fait, les preuves ne
tendent pas à étayer matériellement le témoignage
des témoins, qui pensent, ou professent penser, avoir entendu ou
vu des instruments pratiques et efficaces en fonctionnement dans l'atelier
de Drawbaugh aux occasions évoquées. Les conclusions tirées
lors de la précédente audience n'ont pas été
modifiées et le décret rendu ne doit pas être modifié.
...
Pendant 36 ans, soit jusquà sa mort, Bell habitait alternativement
à Washington et en Nouvelle-Écosse.
En 1887, Bell fit la connaissance de celle qui, de tous ses élèves
sourds, deviendrait la plus célèbre : Helen Keller.
Enfermée dans une solitude dautant plus complète quelle
était aveugle, elle avait six ans lorsque son père la conduisit
chez Bell à Washington.
Elle laima tout de suite : « Je nimaginais pas que,
grâce à cette rencontre, je passerais de lombre à
la lumière. » Bell entretiendrait des relations avec les
Keller durant plus de 30 ans.
Non seulement enseigna-t-il à Helen, mais il constitua un fonds
de fiducie pour lui permettre détudier au Radcliffe College
et laccueillit souvent à Beinn Bhreagh. La principale préceptrice
de la jeune fille, Anne Mansfield Sullivan, était frappée
par la courtoisie de Bell et par sa faculté de mettre les gens
à laise.
« Il répondait à toutes les questions à la
lumière claire et froide de la raison », a-t-elle dit.
De même, Bell fit grande impression en Angleterre en 1888 quand
il témoigna devant la commission royale sur les aveugles et les
sourds-muets. Il attaqua de front les théories et prétentions
dEdward Miner Gallaudet et répondit à plus de 600
questions.
Son témoignage est considéré comme lexposé
le plus complet de sa philosophie et de ses objectifs en matière
déducation des sourds.
Bell et Gallaudet défendaient avec une ferveur égale des
techniques irréconciliables, à savoir respectivement loralisme
et le langage gestuel. Chacun soutenait que cétait sa méthode
qui convenait tout naturellement aux personnes atteintes de surdité.
Gallaudet, comme son père Thomas Hopkins Gallaudet, affirmait que
le geste était la forme ultime de communication humaine, un don
de Dieu qui pouvait remédier à la surdité. Il déclara
à la commission britannique que la meilleure façon denseigner
à des sourds était de les confier à des instituteurs
eux-mêmes sourds qui utilisaient la langue des signes.
Bell, à linstar de son père et de son grand-père,
avait la conviction que le propre de lêtre humain était
la parole. Dans une lettre dont il fit lecture à la commission,
il avait dit à Edward Miner Gallaudet que, même avec une
prononciation imparfaite, la parole était dune importance
capitale pour les sourds. Confier leur éducation à des instituteurs
souffrant du même handicap était néfaste parce que,
à son avis, ils ne pouvaient pas enseigner larticulation
et perpétuaient donc la surdité.
Lexploration intéressait Bell et son beau-père.
Lorsque Gardiner Greene Hubbard participa à la fondation de la
National Geographic Society en 1888, Bell accéda à la présidence
de cet organisme. Il exercerait cette fonction jusquen 1903.
On attribue à ce grand amateur de photographie le mérite
davoir lancé le National Geographic Magazine (Washington),
périodique illustré à grand tirage. Il en esquissa
la mission en exhortant son gendre Gilbert Hovey Grosvenor, premier rédacteur
en chef du magazine, à montrer « le monde et tout ce qui
sy trouve ». Voilà qui reflétait bien la diversité
de ses champs dintérêt.
On connaît moins le travail accompli par Bell avec une forme alors
nouvelle de photographie médicale, la radiographie. « Voir
avec lélectricité » était lun de
ses rêves.
À peine quatre mois après la découverte des rayons
X par Wilhelm Conrad Röntgen (en novembre 1895), il acheta un tube
de Crookes et fabriqua son propre appareil à Beinn Bhreagh. Il
prit sa première radiographie (des pièces de monnaie dans
une bourse) avec lassistance de William H. D. Ellis le 10 juin 1896,
quatre mois après que la McGill University eut réalisé
la première radiographie diagnostique au Canada.
Dans les années suivantes, il prit un certain nombre de radiographies
cliniques. Il envisagea dutiliser la stéréoscopie
pour produire des radiographies tridimensionnelles du squelette
ce qui présageait le scanner, ou tomographe informatisé
et se demanda si les rayons X pouvaient émettre des sons
dans un téléphone. On croit quil fut le premier à
suggérer demployer une substance radioactive in vivo pour
traiter des masses cancéreuses profondes. Dans une lettre adressée
à son médecin et publiée dans Science en juillet
1903, il décrivait un appareil servant à sceller une petite
source de radium à lintérieur dun tube de verre.
Avec sa corpulence, sa belle barbe blanche et son éternel complet
de tweed, Bell était un personnage plus grand que nature.
Ce protecteur de la science et des sourds, a dit Bruce, avait «
la majesté dun Moïse et la bienveillance dun père
Noël ».
Pourtant, il ne prétendait pas être parfait et pouvait se
montrer capricieux ou têtu. Selon David Grandison Fairchild, le
mari de sa deuxième fille, Marian Hubbard (Daisy), cétait
un solitaire. Il avait, amarrée sur la plage dune anse, une
maison flottante, la Mabel of Beinn Bhreagh, où il se retirait
souvent, la fin de semaine, pour réfléchir.
Petite anecdote : Vers la fin de lété de 1885
survint un événement qui allait changer le cours de la vie
de McCurdy : sa rencontre avec Alexander Graham Bell et la femme de celui-ci,
Mabel Gardiner Hubbard, alors en visite à Baddeck.
Chez les McCurdy, on utilisait déjà linvention de Bell
: William Fraser avait acheté des téléphones pour relier
le magasin à sa maison et à celle de son père.
Un jour où, daprès la tradition familiale, Arthur Williams
avait des problèmes avec lappareil du magasin, un étranger
entra et le répara. « Comment avez-vous su quoi faire ? »,
demanda McCurdy. « Je mappelle Alexander Graham Bell »,
répondit le visiteur.
Bell fut tellement séduit par Baddeck que, de retour chez lui à
Washington, il écrivit à Mme Kate M. Dunlop, de lhôtel
Telegraph House, où il avait séjourné, pour lui dire
que lui-même et sa femme souhaitaient y retourner lannée
suivante et acheter un cottage.
Mme Dunlop lui recommanda de prendre McCurdy comme agent.
Le premier achat des Bell était une maison de ferme située
sur Crescent Grove, à côté de la demeure des parents
de McCurdy.
Une solide amitié naquit entre Bell et McCurdy. Ils jouaient aux
échecs ensemble. Ils avaient en commun une insatiable curiosité
et lamour de linvention.
Pendant ce temps, la famille de McCurdy sagrandissait. Son troisième
enfant, John Alexander Douglas, vit le jour en 1886.
Cependant, léconomie du Cap-Breton commençait à
décliner, et lentreprise familiale fit faillite en 1887.
Par bonheur, McCurdy se vit offrir par Bell dêtre son secrétaire
particulier. Pendant 15 ans, il vivrait tantôt à Baddeck, tantôt
à Washington.
Bell et Mabel établirent une relation toute spéciale avec
le jeune homme.
Lenthousiaste et infatigable McCurdy avait une allure imposante :
de grande taille, il arborait une grosse moustache et une barbe à
la Van Dyck. Ce passionné de plein air emmenait les Bell en camping
; il leur apprit à marcher avec des raquettes et à tirer au
fusil. À loccasion dune visite dans un village micmac,
il les photographia à côté de deux tipis près
desquels venaient dêtre installés des poteaux téléphoniques.
Daisy Bell rappellerait quil offrait à ses parents «
une sorte damitié juvénile quils neurent
jamais avec personne dautre. ils faisaient avec lui des choses quils
nauraient jamais pu faire sans lui ».
Bientôt, les Bell furent à létroit dans leur première
maison. Tombé amoureux de la grande pointe de Red Head, dans la baie
de Baddeck, Bell confia à McCurdy la tâche dacheter cette
propriété avec 50 acres adjacents.
Ensemble, ils conçurent les plans de la maison rustique des Bell
The Lodge qui allait sélever sur la pointe.
Leur relation saffermit après le décès de Lucy
McCurdy, survenu le 25 mars 1888, une semaine après la naissance
dun autre fils.
Les enfants de McCurdy, bien quélevés par sa sur
Georgina, sintégrèrent au clan des Bell. En plus, les
McCurdy étaient apparentés à la mère de Mabel,
Gertrude Mercer McCurdy.
À compter de 1889, McCurdy eut des fonctions plus diversifiées
puisque Bell rouvrit son laboratoire de Washington et le prit comme assistant,
avec un autre.
Tout en travaillant à des expériences, McCurdy consignait
quotidiennement dans des carnets les réflexions que Bell lui dictait.
Ces carnets portaient un titre correspondant à lendroit où
ils étaient gardés : « Lab Notes » et «
Home Notes ». « Vous êtes mon secrétaire particulier
et [mon] alter ego dans le monde », lui dit Bell dans une lettre de
décembre 1896.
Le même échange révèle que la façon dont
Bell travaillait dans un bureau avait de quoi irriter. « Vraiment,
écrivait-il, la pagaille règne dans nos affaires.
Cest entièrement ma faute, et je vous plains davoir à
travailler avec quelquun daussi désorganisé que
moi. »
Le 28 janvier, McCurdy répondit en mettant les points sur les i :
1. Vous devez venir au bureau au moment opportun et ne pas reporter le travail
jusquà trois ou quatre heures et à laprès-midi.
2. [Si vous] prenez des lettres dans les dossiers du bureau, ne vous attendez
pas que je les trouve lorsque vous en avez besoin.
3. [Si vous] partez avec des lettres en attente, ne vous attendez pas que
jy réponde. »
Non seulement McCurdy exécutait-il des tâches administratives,
mais il fut le premier employé à produire des documents visuels
sur les expériences et les activités de linventeur.
Comme lui, il pratiquait lart et la science de la photographie. On
lui doit lune des plus célèbres images de Bell et de
Mabel main dans la main au cours dune visite à lîle
de Sable, en Nouvelle-Écosse, en 1898.
De lamour de McCurdy pour la photographie résulta en 1899 une
de ses inventions : une petite cuve portative pour développement
en plein jour, lEbedec (nom amérindien de Baddeck). Des générations
de photographes utiliseraient ce dispositif. Avec laide financière
de Bell, McCurdy passa trois ans à le commercialiser. Après
lobtention dun brevet américain en 1902, il vendit les
droits à Eastman Kodak.
Le prototype, quil présenta à Mabel, se trouve maintenant
au Musée Bell à Baddeck. Il laissa son emploi chez Bell en
1902 afin de consacrer tout son temps à ses inventions. Par exemple,
il mit au point une méthode qui permettait dimprimer des cartes
statistiques au moyen de « caractères cartographiques »
interchangeables. Quelques mois après avoir quitté Bell, il
épousa une nièce de la belle-mère de celui-ci, Hattie
Maria Mace, de Sydenham, en Ontario, et sinstalla avec elle à
Toronto, où leur premier enfant naquit en 1903. La même année,
il reçut la prime et la médaille John Scott du Franklin Institute
de Philadelphie pour ses succès dinventeur. Un deuxième
enfant vit le jour en 1905 à Baddeck où, pendant lété
de 1906, John Alexander Douglas, fils de McCurdy, étudiant en génie
à la University of Toronto, commença à aider Bell à
concevoir et à faire voler des aéronefs. Les Bell adoraient
Douglas et avaient offert de ladopter après la mort de sa mère
Au 1" janvier 1886, il y avait en exploitation,
aux États-Unis, un nombre total de sept cent quarante sept réseaux;
le nombre des bureaux téléphoniques s'élevait à
onze cent soixante-quinze et celui des circuits à cent douze mille
soixante-sept, comprenant cent quatorze mille quarante-six milles de fil
et donnant du travail à cinq mille quatre cent soixante-dixhuit
personnes.
Les abonnés étaient au nombre de cent trente-sept
mille sept cent soixante. Cinq cent douze réseaux appartiennent à des villes
ayant une population inférieure à dix mille âmes.
Les communications à longue distance sont très
appréciées aux États-Unis. La ligne qui fonctionne
entre New- York et Philadelphie, sur une distance de cent deux milles,
a donné des résultats si satisfaisants que
d'autres lignes du même genre doivent être établies.
Cette ligne se compose de vingt-cinq fils gros, en cuivre, mais ce nombre
peut être porté à soixante dix sur les mêmes
poteaux. Plusieurs de ces circuits sont loués par la compagnie
à des négociants et à l'année ; d'autres sont
divisés entre un certain nombre de maisons de commerce et la compagnie
se sert du reste pour donner des communications au public.
Ces fils sont loués au prix de 1.500 francs par mois et par ligne
.
En 1887,
des réseaux téléphoniques continuent
à se créer dans les différentes villes et villages
des États-Unis, ainsi que les lignes téléphoniques
interurbaines: Kansas-City et Saint-Joseph sont reliées téléphoniquement.
La distance entre ces deux villes est de soixante milles.
D'autre part, le réseau téléphonique de San-Francisco
a été mis en communication avec cent deux villes et villages
et même avec la ville de Sacramento à une distance de cent
quatrevingt-trois kilomètres.
A New-York, il y a cent vingt bureaux en communication directe avec Philadelphie,
tandis qu'il n'y en a que quarante dans cette dernière ville, parce
qu'un grand nombre de négociants préfèrent s'adresser
au bureau plutôt que de payer le prix élevé d'un appareil
particulier chez eux.
Le prix est de 5 francs pour cinq minutes de conversation, à partir
du moment où la communication a été établie.
Le nombre des communications établies pour les bureaux publics
s'élève de cent cinquante à deux cent cinquante par
jour.
Au commencement de 1887, les autorités municipales de la Nouvelle-Orléans
avaient essayé de faire payer à la Compagnie des Téléphones,
une taxe de 25 francs par appareil installé et fonctionnant. Cette
taxe a été déclarée illégale par le
tribunal de cette ville.
Une quatrième conséquence du règlement
de 1879 fut linstitutionnalisation de linnovation.
Après avoir établi son monopole, Vail devait ensuite
matérialiser le grand système avant l'expiration des brevets
de Graham.
Pour ce faire, il fallait transformer les centraux locaux en opérations
compétitivement viables, puis les interconnecter avec les appels
longue distance. Mais Bell ne maîtrisait pas les technologies nécessaires
pour concrétiser la vision de Vail.
Vail avait deux stratégies : acquérir tous les brevets possibles
et commencer le développement interne des technologies nécessaires.
En 1894, Bell avait acquis plus de neuf cents brevets téléphoniques
Vail les appellerait « mille et un petits brevets et inventions
». (Certaines acquisitions de brevets remplaçaient sans aucun
doute les poursuites en matière de brevets.) En 1881, en plus d'investir
dans WE et d'obtenir ses technologies et ses brevets, l'ABTC a créé
un département d'électricité et de brevets pour mener
le développement de systèmes de transmission et de commutation
ainsi que pour évaluer inventions extérieures.
Un système de télécommunications est donc devenu
un instrument connecté à un réseau composé
de transmission et de commutation.
Même si les brevets WE et WU ont amélioré
les compétences de Bell en matière de commutation, deux
problèmes de transmission sont restés non résolus
: le câblage souterrain et la transmission longue distance. Dans
les grands centres d'échange, comme celui de New York, l'horrible
enchevêtrement de câbles aériens était devenu
à la fois impossible à maintenir opérationnel et
une source de protestation publique.
En 1884, la demande du public de « mettre les câbles sous
terre » a amené la législature de New York à
adopter une loi exigeant le câblage souterrain et à créer
une commission pour assurer le respect de la loi . En 1885, ABTC a déposé
un tel plan et, à la fin de l'année, près de 750
milles de câbles souterrains avaient été installés.
(En 1889, la ville de New York disposait de onze mille kilomètres
de câbles souterrains. )
La transmission longue distance s'est avérée encore plus
difficile à résoudre. En 1880, alors que la ligne en service
la plus longue mesurait vingt-huit milles, 331 travaux commencèrent
sur un circuit reliant New York et Boston. Les premières frustrations
liées à l'obtention d'une qualité de transmission
acceptable ont incité John J. Carty, un ingénieur de projet,
à essayer d'utiliser un circuit métallique complet au lieu
d'un seul fil avec retour à la terre. Les performances se sont
considérablement améliorées, ouvrant la voie à
la téléphonie longue distance. En 1883, Bell crée
un laboratoire pour faire des recherches sur la téléphonie
longue distance. Et au printemps 1884, un service longue distance fut
établi entre Boston et New York. Il faudra attendre 1892 pour établir
un service vers Chicago, juste avant l'expiration des brevets, et 1914
pour se connecter à San Francisco. La réussite dans la résolution
des problèmes de câblage souterrain et de transmission longue
distance a confirmé la valeur de linnovation dirigée
en interne et non du simple fait de compter sur les autres pour
innover. À mesure que le système téléphonique
devenait de plus en plus complexe, linnovation extérieure
devenait de moins en moins susceptible dêtre utile. Malgré
cela, linnovation en laboratoire est restée axée sur
des améliorations progressives et non sur la réalisation
de progrès technologiques radicaux.
Vail disposait enfin d'une technologie capable de transformer sa vision
en réalité.
Une extension logique suivante du réseau consistait à relier
New York et Philadelphie. Pour réunir les fonds nécessaires,
ABTC a demandé à la législature du Massachusetts
l'autorisation d'augmenter son capital de 10 millions de dollars à
30 millions de dollars et d'émettre les actions au pair. Leur demande
a été rejetée parce que la construction et l'exploitation
de lignes téléphoniques longue distance ont amené
ABTC à être classée comme société de
service public, et les sociétés de service public ne pouvaient
pas émettre d'actions au pair lorsque le prix du marché
dépassait le pair, comme ce fut le cas dans le cas d'ABTC. Il ne
faut pas nier que l'ABTC a constitué l'American Telephone &
Telegraph Company (AT&T) à New York pour profiter des lois
plus favorables en matière de constitution. (Voir Annexe 2.5 La
Charte d'AT&T. Cette charte montre l'érosion du contrôle
des États sur les entreprises.) Vail, dans un effort pour réduire
sa charge de travail, a démissionné de son poste de directeur
général d'ABTC et est devenu président d'AT&T.
Malgré tout, sa stratégie est restée en place et
ABTC a continué à ajouter des bourses locales comme ils
avaient créé BTC-NY, en trouvant des investisseurs locaux
tout en conservant 30 à 50 % des actions pour les droits de licence
sur les brevets d'ABTC, l'assistance technique et les contrats d'équipement
exclusifs. ABTC a également commencé à proposer aux
titulaires de licence des contrats permanents au lieu de leurs contrats
traditionnels de cinq ans si les titulaires de licence accordaient des
actions ABTC allant de 30 à 50 % généralement
35 %. Ces nouveaux contrats de licence permanente limitaient les options
de financement des titulaires de licence ; comme ne pas pouvoir emprunter
d'argent sans l'autorisation du concédant de licence et devoir
émettre un nouveau capital-actions, et non investir les bénéfices,
pour obtenir les fonds nécessaires au développement de l'entreprise.
Ces quatre conséquences concomitantes du règlement de 1879
un besoin accru de capitaux, mais la menace d'une réglementation
; élimination de WU en tant que concurrent, mais batailles prolongées
en matière de brevets devant les tribunaux, les législatures
et les instances exécutives ; la standardisation du téléphone,
ainsi que l'acquisition de WE et la mainmise ultérieure sur les
produits utilisés dans le système téléphonique
; et l'institutionnalisation et le succès de l'innovation
tout cela a mis en place les atouts et les compétences nécessaires
pour réaliser la vision stratégique de Vail. Mais ils ont
également donné naissance à une mentalité
dassiégé qui a poussé Bell à vouloir
se mettre à labri de la concurrence et des ingérences
extérieures. Ils y sont parvenus en standardisant la périphérie
du réseau à lépoque uniquement le téléphone
et en construisant un réseau si avancé et protégé,
non seulement par des brevets mais par une organisation dédiée
à linnovation, que personne ne voudrait jamais sen
emparer. Cette attitude émergente et cet objectif collectif sont
devenus si ancrés qu'il a fallu près d'un siècle
pour qu'ils soient remis en question et forcés de changer
et qu'ils constituent désormais le point central de cette reconstruction.
La volonté inébranlable de Vail de créer
un système national l'a amené à un conflit croissant
avec les investisseurs de Boston qui contrôlaient l'entreprise.
Construire un réseau national coûte de largent, beaucoup
dargent. Cependant, les investisseurs majoritaires étaient
plus intéressés par la distribution de dividendes que par
le réinvestissement des bénéfices dans lexpansion
du réseau.
Par exemple, en 1882, ABTC a distribué 600 000 $ de dividendes
alors que les bénéfices ne totalisaient que 1 million de
dollars. Au total, en 1894, lorsque les deux brevets de base ont expiré,
25 millions de dollars de dividendes avaient été versés,
pour un retour sur investissement moyen d'environ 46 %. 338 En plus du
rendement des dividendes sur le capital investi, la valeur des actions
des premiers propriétaires a décuplé leurs coûts.
Les divergences entre Vail et les investisseurs ont atteint leur paroxysme
en 1887, lorsque Vail n'a pas été nommé président
de la société. Il a démissionné et a quitté
le secteur de la téléphonie pour poursuivre des investissements
personnels. (Il reviendra.
En 1888, la ligne téléphonique
composée de trente fils, qui relie New-York à Boston, a
été livrée au public dans les premiers jours de Tannée.
Les communications s'effectuent directement, comme cela a déjà
lieu entre New-York et Philadelphie.
La ligne d'Albany, dont les travaux étaient commencés depuis
le mois d'août 1887, a également été ouverte
le 1®' janvier 1888.
Les poteaux ont de douze à quinze mètres de hauteur et sont
établis de façon à supporter sans danger jusqu'à
soixante-dix fils.
On établit d'abord douze fils dont le prix est évalué
à 450.000 fr. La ligne entière reviendra à 1.500.000
fr.
Ces lignes doivent être poussées jusqu'à Buffalo,
Cleveland, Cincinnati et Chicago.
Le temps et la distance sont les bases d'après lesquelles on a
établi le tarif des communications. Mais il arrive souvent que
plusieurs maisons de commerce s'entendent pour louer un fil et l'avoir
constamment à leur disposition.
C'est ainsi qu'entre New-York et Philadelphie un fil se loue 500 francs
par mois de quatre heures du soir à deux heures du matin»
Ce prix est porté à 1.000 par mois entre New-York et Boston.
Au 1er janvier 1888, il y avait dans l'Amérique plus de trois cent
soixante-dix mille appareils téléphoniques en service.
Le capital engagé dans les entreprises de cette industrie s'élève
à plus de 500 millions de francs en Amérique seulement;
et les brevets ayant pour objet le téléphone, au nombre
de quinze cent cinquante. En 1888 Toujours avec Gardiner Hubbard
et quelques autres, Bell participe à la fondation de la
"National Geographic Society" dont il sera président
de 1897 à 1904.
En 1889 La compagnie ATT
rachète la société "Bell
Telephone"
L'American Bell Telephone Company AT
& T, devint une des plus grande compagnie de téléphone
au monde.
En novembre 1893, il termina la construction dune
résidence comportant 13 chambres à coucher sur la pointe
de Red Head. Il lappela Beinn Bhreagh (prononcer Ben Vriah), cest-à-dire
« belle montagne » en gaélique. Dessinée par
un bureau darchitectes de Boston, elle avait été bâtie
par la compagnie de Nelson Admiral Rhodes.
Le Morning Chronicle de Halifax la surnommait le « palais Bell ».
Vivre à cet endroit lui rendait le dominion du Nord encore plus
cher à Bell.
« Bien que je ne puisse prétendre être Canadien, dirait-il,
le Canada occupe une place toute spéciale dans mon cur. »
À Beinn Bhreagh tout comme à Washington, il se consacrait
à ses études scientifiques, qui portaient souvent sur la
surdité.
En 1890,
J. J. Carty invente le "bridging bell" .
C'était une sonnerie dont les bobines offraient une haute impédance
au courant de conversation. Lorsque cette sonnerie était pontée
entre les deux fils de la ligne, les courants de transmission étaient
peu affectés et pourtant les courants de signalisation pouvaient
actionner efficacement les sonetttes auxquelles
le générateur magnéto était associé,
des batteries locales alimentaient l'émetteur en courant.
Avec l'expansion de l'activité téléphonique,
il est devenu souhaitable d'avoir plus d'un abonné sur une ligne.
Les lignes partagées ont donc été adoptées
et la sonnerie de chaque abonné était connectée en
série avec la ligne. Cette disposition a considérablement
diminué l'efficacité de transmission du circuit téléphonique
car toutes les bobines de sonnerie offraient des chemins par lesquels
le courant de parole passait pour atteindre un récepteur téléphonique
distant.
En 1891Almon
Brown Strowger (1839 - 26 mai 1902) est un entrepreneur Américain
de pompes funèbres américain.dépose un brevet (US
Patent No. 447918 10/6/1891) sur un"Commutateur automatique"
destiné à établir, sans l'aide d'un opérateur
humain une liaison entre deux abonnés d'un central téléphonique.Il est le premier inventeur à déposer
un brevet exploitable destiné à la téléphonie
automatique.
Strowger entrepreneur américain de pompes funèbres à
Kansas City (Missouri), il est persuadé que l'épouse de
son concurrent, employée comme opératrice du téléphone
au central téléphonique manuel de la société
de téléphone locale, participe à un détournement
de trafic des clients en deuil au profit de son mari.
Il entreprend alors des études afin d'éliminer les opérations
manuelles lors de l'établissement d'une communication.
Il conçoit alors un sélecteur qui, en imitant en quelque
sorte le mouvement de sélection des opératrices, est l'objet
de son brevet.
Ce système lui permet le 3 novembre 1892,
de mettre en service le premier central téléphonique
automatique aux USA de 75 abonnés extensible à
99 dans la ville de La Porte dans l'Indiana.
Ce central fut construit avec ses associés Joseph B. Harris et
Moses A. Meyer par leur société "Stowger
Automatic Telephone Exchange Compagnie" fondée en octobre
1891.
Fin 1893, A. E. Keith et A. B. Strowger,
contactent les inventeurs de Lindsborg, les frèresErickson
et demandent un entretien dans le but de discuter du téléphone
automatique. Après
avoir embauché la société Strowger, les frères
Erickson ont commencé à sortir un nouveau système.
Cela a donné lieu à la fameuse planche "piano
wire" . Le brevet a été déposé
le 7 novembre 1894, Patent
US 050,168 par la Strowger Automatic Telephone Company, Indiana.
Voir l'Histoire Strowger en détail
En 1893,
les États - Unis étaient considérablement
en retard sur la Suède, la Nouvelle Zélande, la Suisse et
la Norvège en densité de téléphone
par habitant.
Les États-Unis sont devenus le chef de file mondial de la télédensité
avec la montée de nombreuses compagnies de téléphone
indépendantes après l'expiration des brevets de Bell
en 1893 et 1894.
En 1893, le premier central téléphonique manuel
à batterie centrale commença à fonctionner à
Lexington, Massachusetts.
Cet aménagement commun de batterie a fourni l'électricité
à tous les téléphones contrôlés par
le bureau central concerné.
Le téléphone de chaque client avait auparavant besoin de
sa propre batterie pour fournir de l'énergie à la parole
(micro) et pour la sonnerie.
La batterie commune a eu de nombreuses conséquences, y compris
la modification de la conception du téléphone. Chez les
clients, les grands et volumineux ensembles muraux avec des batteries
humides pourraient être retirés.
Dans les années 1890, un nouveau style de téléphone
fut introduit, le téléphone "candlestick"
ou "chandelier" 1899 Le modèle 10 de Western
Electric
L'émetteur se tenait sur un support, connu sous le nom de "chandelier"
pour sa forme, d'où le nom. Lorsqu'il n'était pas utilisé,
le récepteur était accroché à un crochet avec
un interrupteur, connu sous le nom de «crochet commutateur».
Les téléphones précédents exigeaient que l'utilisateur
actionne un commutateur séparé pour connecter la voix ou
la sonnerie, une magnéto et une pile ou batterie locale. Avec ce
nouveau téléphone et l'évolution des centres manuels,
il n'avait plus besoin de batterie et de magnéto.
vention, manivelle, cadran et combiné. Ils sont
passés, respectivement, de 1876 à 1893, de 1877 à
1943, de 1919 à 1978 et de 1924 à nos jours.
Eléments
statistiques sur le réseau téléphonique américain
en 1895
A après dix-huit années de monopole exercé par Bell.
Il y avait 252 000 abonnés au téléphone dans le pays,
soit un taux de pénétration de 0,36.
Leur nombre progressait de seulement 5% chaque année, rythme auquel
il aurait fallu plusieurs siècles pour parvenir à une pénétrationuniverselle
des foyers.
Plus significative encore est la distribution géographique des
abonnés : 57 % se trouvaient dans 72 grandes villes qui ne regroupaient
au total que 21 % de la population du pays. 97 % des villes de moins de
2 500 habitants et au moins la moitié des villes ayant une population
de 2 500 à 10 000 habitants ne possédaient aucun central
téléphonique.
Bien que 62 % de la population américaine vivait dans les zones
rurales en 1895, celles-ci ne comprenaient que 3 % des abonnés
téléphoniques.
De même, 90 % des usagers étaient des professionnels.
Cette situation ne peut pas trouver une explication satisfaisante dans
le fait qu'il soit plus coûteux de desservir les petites villes.
A cette époque, les gros centraux urbains étaient les plus
chers et les plus difficiles à utiliser.
Le service téléphonique, au temps de la commutation manuelle,
était caractérisé par des déséconomies
d'échelle.
Dans les réseaux étendus, la signalisation des signaux était
plus complexe, la maintenance plus coûteuse et le travail moins
productif.
Les commutateurs de petite taille dont avaient besoin les petites villes
et les zones rurales étaient au contraire aisés à
fabriquer et d'un faible coût d'utilisation.
Néanmoins, Vail ne jouait pas d'équivoque : Bell System
cherchait réellement à mettre en place le « service
universel » de 1878 à 1895, en suivant sa propre voie. Loin
de rechercher une généralisation du téléphone
à des fins de politique sociale, Bell System avait pour modèle,
dans les années 1880, le télégraphe des années
1870.
Le télégraphe était un réseau « universel
» de communication, orienté vers des utilisations professionnelles
et qui reliait entre eux les terminaux de tous les principaux centres
de commerce du pays.
Il commença par s'implanter dans les grandes villes avant de s'étendre
progressivement aux petites communes, sans jamais cependant pénétrer
les foyers et les zones rurales.
« Un système, une politique, un service universel »
renvoyait au type de monopole de la Western Union, centralisé,
coordonné, et interconnecté au niveau national. Cela explique
l'insistance de Bell System sur le développement des nications
longue distance, souvent au détriment du local et des lignes courte
distance.
Le parti pris de Bell en faveur des communications urbaines, de longue
distance et à usage professionnel, ne résultait pas de limitations
économiques ou techniques. C'était une politique commerciale
délibérée.
La Western Union parvint à dominer l'industrie télégraphique
en étant la première à développer un réseau
interconnecté au niveau national.
Elle utilisa ce levier pour isoler et détruire ses rivaux.
Bell s'efforça de suivre la même voie, ce que Vail exprima
presque littéralement en déclarant que la conception de
Bell du service universel avait précédé le marché
du téléphone. Ce concept était tiré de sa
propre expérience et de son observation du marché du télégraphe.
Jusqu'à l'intervention des indépendants, le téléphone
suivait aux Etats-Unis la même trajectoire de développement
lente.
La guerre hispano-américaine
Au printemps 1898, en raison de la guerre hispano-américaine, un
grand centre d'entraînement militaire pour plus de 23 000 soldats
de seize États (le deuxième corps de l'armée américaine)
a ouvert ses portes sur un terrain de 1 400 acres qui a été
nommé « Camp Alger », deux miles à l'ouest de
Falls Church, du côté sud de l'actuelle Lee Highway, entre
National Memorial Park et Gallows Road. (Il s'agissait de la première
installation militaire à affecter la croissance du téléphone
en Virginie du Nord.)
En août, il y avait 15 500 lignes téléphoniques et
télégraphiques à l'intérieur de ce camp d'Alger
et 9 000 supplémentaires entre le camp et le ministère de
la Guerre à Washington. Les téléphones à l'intérieur
de ce camp ont apparemment été placés et entretenus
par la Sixième Compagnie, United States Volunteer Signal Corps,
mais ont utilisé les lignes existantes érigées par
Falls Church.
La compagnie téléphonique entre cette ville et Washington
Camp Alger ferma avec le départ des dernières troupes le
8 septembre 1898, après la fin rapide du conflit espagnol, couplée
à une épidémie de typhoïde parmi les troupes
cantonnées au Camp Alger.
En novembre 1891, l'Office américain des brevets,
après quatorze ans d'enquête sur l'état de la technique,
délivra finalement à ABTC, en tant que cessionnaire de Berliner,
un brevet pour son émetteur téléphonique étonnamment
encore le meilleur disponible. Pour la direction de Bell, ce retard a
dû paraître comme un cadeau. Pour linstant, ils pourraient
étendre leur monopole du téléphone jusquen
1908 les dix-sept années de protection par brevet
ce qui leur donnerait plus de temps pour bâtir la supériorité
de leur réseau. James Storrow, l'avocat de Bell, a écrit
au président Hudson : « La société Bell a eu
un monopole plus rentable et plus contrôlant et plus généralement
détesté que n'importe quel monopole jamais conféré
par aucun brevet. La tentative de prolongation par le brevet berlinois
entraînera une forte pression sur ce brevet et une forte pression
sur les tribunaux.» Il n'aurait pas pu être plus prémonitoire.
Bell était facile à détester à
une époque où il était courant de détester
les grandes entreprises. L'impopularité de Bell provenait des prix
obscènement élevés qu'elle était censée
facturer, du service marginal qu'elle fournissait et de sa réticence
à étendre le service téléphonique pour répondre
à la demande. Comme preuve des prix élevés, les gens
ont souligné les énormes dividendes versés. Un service
médiocre navait besoin daucune preuve, car tout le
monde était daccord quil frôlait souvent le fait
quil fonctionnait à peine. Quant à ne pas étendre
le service aux États occidentaux peu peuplés ou aux communautés
agricoles rurales, la direction de Bell estimait que si lexpansion
du service téléphonique nétait pas rentable
dès le départ, alors pourquoi engager des dépenses.
Cette attitude presque maudite du client reflétait une culture
d'entreprise qui considérait le téléphone comme un
plaisir pour Bell, y compris le droit de gagner un retour sur capital
de monopole. Quant au fait de ne pas faire valoir les droits de brevet
des Berlinois, la lutte contre le changement à la périphérie
de leur réseau était au cur de la stratégie
concurrentielle de Bell. Ainsi, même si on leur avait conseillé
de ne pas faire appliquer le brevet berlinois, la direction a vu un moyen
d'étendre son contrôle sur le téléphone et
était déterminée à en tirer le meilleur parti
; dans un sens, qui pourrait leur en vouloir étant donné
leur dossier judiciaire irréprochable.
En 1893, le procureur général des États-Unis
intenta une action dans le Massachusetts pour faire annuler le brevet
de Berliner au motif qu'il avait été injustement retardé
par l'Office des brevets, avec la complicité de l'ABTC. En 1894,
la Cour fédérale du Massachusetts a déclaré
le brevet nul et non avenu. En appel, la Circuit Court of Appeals a infirmé
le jugement et, en 1897, la Cour suprême a confirmé le brevet.
Puis, en 1903, dans une action en contrefaçon de brevet contre
la National Telephone Company, le brevet berlinois a été
interprété de manière si restrictive qu'il a mis
fin à son efficacité. L'attitude des tribunaux à
l'égard de Bell a changé en 1897 lorsque la Cour a commencé
à statuer de manière très restrictive dans bon nombre
des soixante-quatorze poursuites pour contrefaçon de brevet déposées
par Bell, un changement en grande partie induit par le refus des tribunaux
d'être perçus comme favorisant un monopoleur.
Les efforts de Bell pour supprimer la concurrence en faisant
respecter le brevet berlinois n'eurent que peu d'effet sur tous ceux qui
aspiraient depuis des années à se libérer du monopole
de Bell.
À partir de 1894, des concurrents apparurent et, en 1900, plus
de cinq cents nouvelles compagnies de téléphone étaient
créées chaque année. La concurrence a permis à
ceux qui n'avaient pas de service téléphonique, ainsi qu'à
ceux qui avaient pour seule vision de gagner de l'argent en se lançant
dans le secteur du téléphone, d'installer leur propre téléphone.
AT&T avait prévu à juste titre que la concurrence émergerait
après l'expiration de ses deux brevets clés la création
de plusieurs milliers de nouvelles compagnies de téléphone
était sûrement une mauvaise surprise.
En 1894,le brevet d'Alexander Graham Bell
pour le téléphone a expiré.
Stromberg et Carlson, employés de lAmerican Bell Telephone
Company de Chicago (devenu par la suite AT & T), ont chacun investi
500 $ pour créer une entreprise de fabrication déquipements,
principalement des postes dabonnés, destinés à
la vente à des compagnies de téléphone indépendantes
.
Stromberg-Carlson était à l'origine situé à
Chicago , où Carlson dirigeait la fabrication et Stromberg était
responsable du marketing. Stromberg-Carlson s'est rapidement fait une
réputation pour son équipement fiable et ses prix stables
Plus tard en 1901, Wallace De Wolf, président-directeur général
par intérim de la Kellogg Switchboard & Supply , assista les
dirigeants du fabricant d'équipements téléphoniques
rival, Western Electric, dans le but de reprendre Stromberg-Carlson. Une
lutte acharnée des actionnaires s'ensuivit et la tentative de prise
de contrôle échoua. Stromberg-Carlson deviendra une société
de lÉtat de New York en 1902, où le droit de lÉtat
protégeait mieux la société des efforts de prise
de contrôle.
En 1894
Le commutateur « cithare »
était unique en ce sens qu'il était le seul type à
effectuer ce que nous appelons aujourd'hui un pas vertical, dans un plan
horizontal. Son style « cithare » était la
première tentative de banques de fils nus. Installé pour
la première fois au centre de La Porte, puis à Michigan
City, Indiana
Pour la petite histoire on dit que la ville a été choisie
pour ce projet, en partie parce que les abonnés locaux étaient
considérés moins susceptibles pour accepter le «travail»
supplémentaire consistant à composer un numéro de
téléphone.
En 1895
pour améliorer l'utilisation de son invention, Strowger, avec ses associés, les ingénieurs de
la compagnie de Strowger A. E. Keith et les frères J. et
C. J. Eriksson, mettent au point un sélecteur à
deux mouvements ( l'un de translation verticale, l'autre de rotation
horizontale ) et, l'année suivante, l'invention de la numérotation
au cadran pour que la commutation automatique pût se développer
dans de bonnes conditions.Brevet,
devenue 638 249
En 1896 Pour améliorer l'utilisation
de son invention, Strowger, avec ses associés, mettent au point,
le cadran de numérotation à dix chiffres . Lademande de brevet du cadran a été faite
par Keith et les Ericksons le 20 août 1896, et le brevet
n ° 597 062 a été accordé le
11 janvier 1898. Selecteur cadran
Téléphone Téléphone
de modèle de table de Strowger, fabriqué par Automatic Electric
Company, Chicago, États-Unis, entre 1901 et 1910.
Une
demande de brevet, devenue 638 249, a été déposée
auprès de A. E. Keith et des frères Erickson en 1899.
Le système Strowger a
commencé à être très déployé
aux Usa et il faudra attendre 20 ans pour que la France et l'Angleterre
choississent massivement ce système.
Dans un premier temps Bell a étudié et a été
très rétissant d'adopter de tels commutateurs pour plusieurs
raisons :
- Sa domination sur le marché de l'époque, un grand nombre
de téléphones étaient déjà installé
par sa compagnie et un fort pourcentage d'appels nécessitant un
acheminement entre les villes.
-A sa demande des études ont montré que les commutateurs
Strowger étaient plus lents que les commutateurs manuels
- De plus, Bell devait faire en sorte que les innovations de commutation
soient compatibles avec ses commutateurs existants.
Après l'ouverture dans les premières publicités,
le centre automatique était annoncé comme "le téléphone
sans femme, sans appel, sans ordre et sans attente"
En mai 1896, Bell assiste au vol, sur
le Potomac, d'un appareil miniature, mû par la vapeur, mis au point
par Samuel Langley.
Il est nommé président de la "National Geographic Society"
(1897) et régent de la "Smithsonian Institute" (1898).
Après l'apparition du système
Strowger en 1892, que les ingénieurs du système Bell ont
finalement étudié ce nouveau système et ils ont vu
les avantages qu'apportait ce système pour les petites villes et
les petites collectivités, mais l'ont trouvé inadapté
aux grandes villes.
Malgré la fierté que lui inspiraient ses travaux, Mme Bell
avouait trouver quil passait trop de temps loin delle, et
leurs filles étaient jalouses quil soccupe tant de
Helen Keller. Lindéfectible soutien de Mabel se révèle
toutefois dans une lettre où elle lui exprime son admiration pour
le « courage tranquille avec lequel [il a] persisté malgré
un échec après lautre ».
Pour lui, échouer nétait dailleurs pas moins
instructif que réussir. « En recherche scientifique, disait-il,
il ny a pas dexpériences ratées ; chaque expérience
contient une leçon. Si un chercheur abandonne la partie parce quil
na pas obtenu les résultats escomptés, cest
lui qui a échoué, pas lexpérience. »
Léchec, Bell le connut plus souvent en aéronautique
que dans tout autre domaine.
Le 23 septembre 1877, en marchant sur une plage dÉcosse,
il avait observé le vol dune mouette et, inspiré par
ce spectacle, avait dessiné une machine volante pourvue dailerons.
Ce croquis ressemble étonnamment aux dessins de Léonard
de Vinci, artiste et inventeur de la Renaissance. (Les chercheurs qui
ont examiné les carnets de Bell sont souvent frappés par
les affinités entre ces deux grands généralistes.)
Bell se mit à la réalisation de cette machine en 1891 en
commanditant les expériences de Samuel Pierpont Langley, physicien
américain et secrétaire de la Smithsonian Institution.
Les deux hommes devinrent de grands amis, et cest en partie grâce
à Langley que, en 1898, le Congrès des États-Unis
nomma Bell membre du conseil de la Smithsonian Institution. Il occuperait
ce poste honorifique jusquà son décès.
En aéronautique comme en téléphonie, Bell était
un visionnaire. En 1907, il prédit que, avant longtemps, «
un homme pourrait dîner à New York et, le lendemain matin,
prendre son petit déjeuner à Liverpool ». Il pressentait
aussi limportance stratégique que le vol aérien acquerrait
du point de vue militaire.
En 1908, il écrivit dans un magazine : « La nation qui sassurera
la maîtrise des airs finira par dominer le monde. »
Pendant 31 ans, à compter du moment où il finança
les travaux de Langley, il réalisa avec ses collaborateurs plus
de 1 200 expériences daéronautique.
La plupart eurent lieu à Baddeck. Au début, il espérait
simplement prouver que les formes tétraèdres, brevetées
par lui en 1903, pouvaient servir à bâtir des machines volantes
à structure légère et résistante. Des centaines
de fois, sur la pente herbeuse de Red Head, son « pré aux
cerfs-volants », il recommença les mêmes essais. Pour
les habitants de Baddeck, cétait un étrange spectacle.
Selon un témoignage rapporté par John Hamilton Parkin, un
batelier qui observait lune de ces expériences nétait
pas loin de croire Bell fou : « Il grimpe là, sur le flanc
de la colline, les après-midi où il fait soleil, et, avec
un tas de machins, il passe toute la sainte journée à faire
voler des cerfs-volants, vous vous rendez compte ? Il installe un tableau
noir et il écrit des chiffres à propos de ces cerfs-volants
et des drôles dengins quil fait danser dans le ciel.
Il en a des dizaines. Jamais je nai rien vu daussi fou. »
Même les noms des cerfs-volants étaient étranges
Codger (Drôle de bonhomme) ou Frost King (Roi du givre) par exemple.
Le 28 décembre 1905, le Frost King, fait de 1 300 cellules en soie
rouge, hissa un assistant de Bell à 30 pieds dans les airs.
Tous ces essais firent naître une industrie artisanale au Cap-Breton
: des centaines de familles de fermiers fabriquaient des bâtis en
épinette, en bambou et en métal pour les cellules tétraèdres.
Bell et ses collaborateurs à Beinn Bhreagh ne tardèrent
pas à être dépassés : les cerfs-volants devenaient
trop gros pour leur expertise de concepteurs.
À lété de 1906, Bell et sa femme se mirent
donc en quête de jeunes talents. Ils pressentirent dabord
John Alexander Douglas McCurdy. Natif de Baddeck, ce jeune homme intrépide
était le fils dArthur Williams McCurdy, principal assistant
de Bell à Beinn Bhreagh. Mieux encore, il étudiait le génie
à la University of Toronto. Il accepta la proposition des Bell
et les mit en contact avec un ami, récemment diplômé
en génie, lathlétique Frederick Walker (Casey) Baldwin.
La première tâche de Baldwin consista à ériger
une immense tour afin de prouver que les tétraèdres pouvaient
aussi servir à construire des bâtiments.
Lannée suivante, Bell sassura la collaboration de deux
autres experts qui aideraient énormément le groupe à
réaliser des vols propulsés.
Le premier, Glenn Hammond Curtiss, rencontré par Bell à
une démonstration dans un aéroclub, vint à Beinn
Bhreagh à titre de spécialiste des moteurs.
Le second, le lieutenant Thomas Etholen Selfridge, âgé de
25 ans, était la grande autorité de larmée
américaine en aéronautique.
Après que Selfridge eut communiqué avec lui pour se renseigner
sur ses expériences, Bell demanda au président Theodore
Roosevelt de le détacher à Beinn Bhreagh, et Selfridge arriva
en septembre.
Un des premiers prototypes auquel travailla léquipe fut lUgly
Duckling. La réalisation de ce catamaran conçu pour tester
les hélices aériennes marqua le début de 13 ans de
recherches sur un type de bateaux à moteur que Bell appelait des
« hydrodromes ».
On reconnaît à Mabel Hubbard Bell le mérite davoir
proposé aux cinq hommes de créer une société
afin de financer leurs travaux et de partager les bénéfices
éventuels des brevets. Cette société, lAerial
Experiment Association, vit le jour à Halifax le 1er octobre 1907.
Mabel fournit la mise de fonds. Bell assuma les fonctions de coordonnateur
et de promoteur, tout en continuant de travailler à la conception
et à linvention daéroplanes.
Lassociation, dit Selfridge, avait simplement pour but de «
monter dans les airs ».
Cependant, les frères Wright lavaient devancée
de quelques années : en décembre 1903, au cours dun
essai secret à Kill Devill Hills, en Caroline du Nord, Orville
Wright avait volé à bord dun aéroplane à
hélices et à moteur.
LAerial Experiment Association, elle, réaliserait son premier
vol avec le Cygnet, le plus gros de tous les cerfs-volants jamais fabriqués
par Bell.
Le 6 décembre 1907, une fois terminée la construction de
ce monstre fait de plus de 3 300 cellules tétraèdres en
soie rouge montées sur des pontons, Selfridge y prit place et séleva
à 104 pieds au-dessus du Grand lac Bras dOr.
Toutefois, il fallut le repêcher dans les eaux glacées, car
le câble de remorquage navait pas été coupé
après latterrissage de la délicate machine (qui fut
dailleurs réduite en pièces). Après cet incident,
Bell accepta dintégrer des biplans aux essais.
Les membres de lAerial Experiment Association partirent passer lhiver
à Hammondsport, dans lÉtat de New York. Ils avaient
apporté un planeur en soie, le Red Wing, dans lequel ils installèrent
un moteur mis au point par Curtiss.
Le 12 mars 1908, Baldwin décolla avec cet appareil, convaincu dêtre
le premier sujet britannique à piloter un aéronef.
Le 17, le Red Wing sécrasa. Trois jours plus tard, dans une
lettre à Baldwin, Bell proposa des « extrémités
daile mobiles » afin dobtenir le même résultat
que les frères Wright avec leur système de gauchissement
des ailes, et il suggéra de relier ces extrémités
à des fils métalliques croisés afin que le pilote
puisse les actionner. Il fit breveter le dispositif, auquel il donna le
nom daileron. (La famille de Baldwin soutiendrait par la suite que
lidée venait de Casey.)
Le 18 mai, Baldwin senvola à bord du White Wing, deuxième
« aérodrome » construit par lassociation («
aérodrome » était le terme que Bell préférait
donner à ces appareils). Outre des ailerons, le White Wing avait
un train datterrissage à trois roues. Il sécrasa
lui aussi.
Le 4 juillet, le troisième appareil, baptisé June Bug, participa
à un concours parrainé par la revue Scientific American.
Le but était deffectuer le premier vol public sur une distance
de un kilomètre. Vainqueur de la compétition, le June Bug
volerait encore 150 fois sans sécraser.
Le Silver Dart figure dans les livres de records canadiens parce quil
fut le premier aéronef motorisé à voler au Canada.
McCurdy en était le principal concepteur. Après des essais
à Hammondsport, léquipe de Bell transporta cet appareil
dallure fragile jusque sur la glace de la baie de Baddeck.
Le 23 février 1909, McCurdy franchit à son bord une distance
de un demi-mille à une vitesse de 45 milles à lheure.
Il sagissait du premier vol accompli par un sujet britannique au-dessus
dun territoire de lEmpire. Le Silver Dart ferait plusieurs
autres vols de plus longue durée.
Le 27 mars, Bell parla des succès des membres de son équipe
devant le Canadian Club à Ottawa. Gonflé dorgueil
impérial, le gouverneur général lord Grey, qui visiterait
Beinn Bhreagh en décembre, lui répondit par des éloges,
et le ministre des Finances, William Stevens Fielding, laissa entendre
que le gouvernement pourrait soutenir le groupe
.LAerial Experiment Association fut dissoute à la fin de
mars 1909, mais, encouragés par ses exploits, Bell, Baldwin et
McCurdy fondèrent bientôt, à Baddeck, la Canadian
Aerodrome Company. Leur but était de fabriquer des aéroplanes
pour les forces armées. Bien que le gouvernement de sir Wilfrid
Laurier ait refusé de les subventionner, larmée canadienne
soutint des vols dessai à Petawawa, en Ontario, où
le Silver Dart fut irrémédiablement endommagé en
août 1909.
Pendant encore cinq ans, le groupe tenta sans relâche dintéresser
les militaires à des aéronefs de fabrication canadienne,
mais, dit Parkin, il ne rencontra que « mesquinerie, ignorance et
futilité en haut lieu ».
En décembre 1914, malgré la Première Guerre mondiale,
le ministre de la Milice et de la Défense, le major-général
Samuel Hughes, rejeta tout financement et tout projet liés à
laviation.
Bell et Baldwin renoncèrent donc à conquérir le ciel.
Depuis 1912, ils se consacraient à la mise au point dhydroptères
grandeur nature.
Le premier de ces véhicules, le HD-1, atteignit une vitesse de
45 milles à lheure en juillet 1912.
La dernière grande réalisation de Bell fut le HD-4. Avec
le soutien des marines canadienne et américaine, il établit
le 9 septembre 1919 un record mondial de vitesse aquatique, 70,86 milles
à lheure, qui tiendrait durant dix ans.
Toutefois, en 1919, Bell souffrait dun diabète avancé.
La gravité de son état explique peut-être pourquoi
il refusait de voler ou de naviguer à bord dun hydroptère.
Deux photographies de lépreuve de vitesse du HD-4 laissent
deviner ce quil pouvait ressentir. La première le montre
debout sur un quai à Beinn Bhreagh ; il observe le bateau qui,
avec Mabel à la barre, fend les eaux de la baie. Sur la deuxième,
prise quelques minutes après le retour de Mabel, on les voit enlacés.
Jusquà la fin, Bell demeura un humaniste doux et aimant.
Depuis longtemps défenseur des droits des femmes, il rallia finalement
Mabel à cette cause au plus tard en 1910.
Lannée où il fêta son soixante-sixième
anniversaire, ils assistèrent tous deux, à Washington, à
un défilé en faveur du suffrage féminin. Il adorait
la musique, abhorrait lintolérance raciale et, pendant les
hostilités, il lui arriva de mettre de côté son aversion
pour les conflits afin de soutenir leffort de guerre.
Le 25 janvier 1915, Watson rejoindra Bell pour inaugurer
le premier appel téléphonique transcontinental, entre New
York et San Francisco. Watson est décédé dans sa
maison d'hiver en Floride.
À la suite de lexplosion de Halifax le 6 décembre
1917, les Bell envoyèrent des couvertures et des vêtements
aux sinistrés.
Pendant les périodes où ils résidaient à Beinn
Bhreagh, du printemps à lautomne, ils participaient activement
à la vie communautaire de Baddeck.
Les Bell aimaient les États-Unis, mais ils se plaisaient aussi
à Beinn Bhreagh lendroit semblait toujours vibrer
de la présence de membres de leur famille et dinvités
et ils en vinrent à connaître tous les coins du Cap-Breton.
Une seule invention, le téléphone, aurait suffi à
faire entrer Bell dans lhistoire, mais la variété
de ses champs dintérêt et la pertinence de ses visions
continuent dimpressionner et déclairer. En 1917, dans une communication sur lépuisement des richesses
naturelles, Bell déclara que lutilisation inconsidérée
des combustibles fossiles finirait par provoquer une « sorte deffet
de serre » et un réchauffement de la planète.
En 1918, dans un article où il exposait les cheminements de sa
pensée, ce rêveur doté de sens pratique donna un conseil
dune valeur intemporelle : « Nous avons tous trop tendance,
je crois, à traverser la vie les yeux fermés. Nous ne devrions
pas toujours rester sur la voie publique, nous contenter de suivre les
traces des autres. À loccasion, nous devrions sortir des
sentiers battus et pénétrer dans les bois. Soyez assurés
que, chaque fois, vous trouverez quelque chose que vous naviez encore
jamais vu . Suivez [cette chose et] explorez tous les abords. Une découverte
en entraînera une autre et, avant même que vous vous en rendiez
compte, votre esprit sera occupé à quelque chose de valable,
car toutes les découvertes vraiment importantes sont le fruit de
la pensée. »
Ce découvreur tint son esprit occupé jusquau terme
de « son » expédition, à l'âge de 75 ans.,
le 2 août 1922où, avec Mabel à son chevet, il mourut, à
Beinn Bhreagh, de complications du diabète.
On lenterra au sommet de la colline qui domine la baie de Baddeck.
Le 4 août 1922, dès la conclusion de l'enterrement de
Bell, " tous les téléphones sur le continent de l'Amérique
du Nord ont été réduits au silence pendant une minute
en l'honneur de l'homme qui avait donné à l'humanité
les moyens de communication directe à distance". Document sur
le mémorial qui a été édifié à
Brandford
En cette année 1922, il y avait 13 millions de téléphone
dans le monde.
Décédée le 3 janvier 1923, Mabel
fut inhumée à ses côtés.
Leur pierre tombale évoque les trois patries de Bell : «
Né à Édimbourg [ ] Décédé
citoyen des États-Unis [ ] Ici reposent [Aleck et Mabel] »
Quant à ce quil est advenu de lhéritage
auquel son nom demeure le plus attaché, Alexander Graham Bell reconnaîtrait
sans doute que lon nage en plein paradoxe. La société
moderne est tellement à la merci du téléphone quune
panne des réseaux numériques peut ralentir des économies
entières.
En même temps, les neuf dixièmes de la population mondiale
nont toujours pas le téléphone. Les pontes des communications
ont beau annoncer que la distance nexistera plus et que lespèce
humaine se transformera en une grande famille bavarde, le réseau
grandiose dont rêvait Bell nest pas pour demain.
1897,
Premier centre automatique Rotary (Western Electric)
Le 30 décembre 1899,
les actifs d'American Bell ont été transférés
dans sa filiale American Telephone and Telegraph Company (anciennement
AT & T Long Lines); C'était parce que les lois corporatives
du Massachusetts étaient très restrictives et limitaient
la capitalisation à dix millions de dollars, prévenant ainsi
la croissance future d'American Bell.
Avec ce transfert d'actifs du deuxième au dernier jour du XIXe
siècle, AT & T est devenu le parent d'American Bell et du système
Bell.
Pendant la plus grande partie du XXe siècle, AT & T détenait
le monopole du service téléphonique aux États-Unis
et au Canada par l'intermédiaire d'un réseau de sociétés
appelé Bell System. A cette époque, l'entreprise était
surnommée Ma Bell.
Les brevets originaux sur le téléphone expirent. Au cours
de la prochaine décennie, 6 000 compagnies de téléphone
commenceront à opérer dans les zones locales du pays. En
1899, American Telephone devient la société de portefeuille
du système de Bell
La stratégie concurrentielle
d'ABTC nécessitait un comportement collectif coordonné
offrant aux utilisateurs l'utilité d'un téléphone
unique doté d'une connectivité universelle.
Un comportement collectif coordonné impliquait que les titulaires
de licences agissent comme une seule organisation : la concurrence locale
pouvait être inévitable, mais il fallait résister
par tous les moyens possibles à la concurrence régionale,
ou, pire encore, nationale. Étant donné quABTC nétait
lactionnaire principal que de quelques titulaires de permis, il
ne serait pas facile dobtenir une convention collective. Pour les
titulaires de licence confrontés à la concurrence, et environ
la moitié l'ont été, l'ABTC voulait que les titulaires
réagissent de manière agressive, même si cela impliquait
une perte d'argent. ABTC favorisait une concurrence agressive plutôt
que l'acquisition de concurrents en raison de la menace d'actions antitrust
ou réglementaires de la part des gouvernements fédéraux
ou des États. Une stratégie d'acquisition pourrait également
avoir pour effet involontaire d'encourager davantage de concurrence. L'affaiblissement
des concurrents risquait d'entraîner la possibilité que si
les acquisitions finissaient par devenait nécessaire, les prix
payés seraient plus bas. Si la poursuite de tactiques agressives
signifiait que les titulaires de licence avaient besoin d'une aide financière,
ABTC se tenait prête à investir, ce qui avait pour effet
de faire d'ABTC un actionnaire de plus en plus important et, par conséquent,
de plus en plus en mesure de dicter les règles des titulaires de
licence. comportement. La concurrence a donc eu pour effet de consolider
les intérêts de Bell. (Entre 1885 et 1889, ABTC a augmenté
sa participation dans sept titulaires de licence clés de 13 % à
52 %.)
Enjoignant aux titulaires
de licence de livrer une concurrence agressive, l'ABTC était également
obligée d'accorder une aide financière en réduisant
les tarifs de location de téléphones qu'elle facturait.
De 1885 à 1893, les tarifs de location de téléphone
reçus par ABTC des titulaires de licence variaient entre 5,38 $
et 5,84 $ par mois. En 1894, le taux moyen est tombé à 3,89
$, en 1895 à 2,18 $ et en 1898 à 1,45 $. Les revenus de
location d'ABTC ont culminé en 1893 à 3 256 000 $ et, même
avec une croissance sans précédent des téléphones,
les revenus de location de téléphones sont tombés
à 1 611 000 $ en 1898. Le revenu total d'ABTC provenant des titulaires
de licence - à la fois les locations de téléphone
et les dividendes - est resté essentiellement stable, cependant,
les revenus de dividendes ont augmenté de 1 824 000 $ en 1893 à
3 239 000 $ en 1898. Les revenus de dividendes ont augmenté à
mesure qu'ABTC devenait un actionnaire de plus en plus important des titulaires
de licence
La concurrence sur les prix a également
nécessité un changement dans la pratique historique consistant
à facturer le service téléphonique sous la forme
d'un prix fixe annuel sans contrainte d'utilisation. La question de savoir
comment fixer le meilleur prix pour le service téléphonique
a été débattue depuis la première réunion
des titulaires de licence sous le nom de National Telephone Exchange Association
en 1880.
La plupart des titulaires de licence estimaient qu'ils perdaient de l'argent
avec le simple tarif forfaitaire et recherchaient un nouveau système
de tarification moins élevé. pour une utilisation peu fréquente
et une tarification continue pour une utilisation intensive. Maintenant
que la concurrence imposait une baisse des prix et que l'expérience
suggérait que les utilisateurs paieraient plus pour un système
doté d'une connectivité élevée, le prix unitaire
de message est devenu un moyen de fixer le prix en fonction des besoins
du marché. (Le problème sous-jacent étant que le
changement a subi des déséconomies d'échelle. La
ville de New York a été convertie à la tarification
unitaire des messages en juin 1894.)
La combinaison du besoin de plus de capitaux
pour investir dans les titulaires de licences ainsi que dans ses services
longue distance et de la stagnation des revenus a rendu la mobilisation
de capitaux non seulement nécessaire, mais également beaucoup
plus difficile et compromettante. Sagement, ABTC avait anticipé
le besoin de capitaux avant le début de la concurrence. En 1889,
la législature du Massachusetts a approuvé l'augmentation
de son capital autorisé à 20 millions de dollars. En 1894,
l'ABTC a demandé une autre augmentation, à 50 millions de
dollars, qui a été approuvée par la législature
mais opposée par le gouverneur. Le gouverneur estimait que cette
augmentation était inutile et, parce que, selon lui, ABTC était
une société de service public, elle devait obéir
aux lois et restrictions du service public, y compris linterdiction
darroser les stocks, comme la levée de capitaux inutiles.
Se sentant pressé de lever des fonds, le président Hudson
a acquiescé et un projet de loi a été adopté
reconnaissant l'ABTC en tant que société de service public
et augmentant son capital autorisé à 50 millions de dollars.
Lorsque davantage de capitaux furent nécessaires en 1899, ABTC
et sa filiale new-yorkaise se consolidèrent et AT&T devint
la nouvelle société holding mère les lois
de New York étaient plus avantageuses et n'exigeaient pas qu'AT&T
soit classée comme société de service public.
Ainsi, en 1899, le défilé historique des sociétés
Bell prit enfin fin. AT&T détenait tous les actions des titulaires
de licence, y compris ABTC. Le nouveau capital autorisé d'AT&T
était de 100 millions de dollars, soit le double de la capitalisation
d'ABTC.
En octobre 1899, le président Hudson
mourut subitement et subitement. Le conseil d'administration a tenté
de convaincre Vail de revenir, mais il a refusé en disant qu'il
avait trop d'autres obligations. Frederick P. Fish, avocat spécialisé
en brevets et directeur d'AT&T, a été élu nouveau
président. Fish pensait qu'AT&T devait faire face à
la concurrence en se développant et en changeant l'image peu recommandable
de Bell en une image dédiée au service public le
client devait être traité comme étant important, et
non comme chanceux d'avoir le service qu'il obtenait. En 1903, il écrivait
: Nous devons rendre un bon service et faire tout ce qui est nécessaire
pour avoir un bon service. La plupart des problèmes de l'opposition
sont dus, non pas tant aux tarifs qu'à deux autres facteurs, à
savoir un mauvais service et une couverture insuffisante du terrain.
Le président Fish croyait également
qu'il fallait écraser tous les efforts des concurrents pour organiser
des services longue distance. Les indépendants savaient qu'ils
devaient offrir des services interurbains s'ils voulaient réussir,
et un certain nombre d'efforts ont été tentés pour
établir de tels services. L'effort le plus sérieux commença
en novembre 1899 avec l'incorporation dans le New Jersey de la Telephone,
Telegraph and Cable Company of America (TTCCA) ; capitalisation autorisée
: 30 millions de dollars. Financée en partie par les Rockefeller,
TTCCA envisageait de devenir une compagnie de téléphone
totalement intégrée et commença immédiatement
à investir dans des sociétés de téléphonie
locale. Peu de temps après, certains des principaux bailleurs de
fonds de la TTCCA ont retiré leur soutien, prétendument
persuadés par JP Morgan, à qui les personnes impliquées
devaient des faveurs. L'intérêt de Morgan est né du
désir de consolider l'industrie des communications comme il l'a
fait pour les chemins de fer, et pour l'acier et d'autres industries.
En 1902, AT&T a vendu 50 000 actions à un petit groupe
d'investisseurs, dont Morgan, puis a ajouté trois nouveaux membres
à son conseil d'administration (355) deux banquiers et Vail.
Les nouveaux membres du conseil d'administration
ont renforcé la détermination d'Hudson à changer
la culture d'AT&T pour être plus compétitive. En 1902,
trois mesures prises ont eu un impact durable : une modification des termes
de base du contrat de licence de Bell, l'introduction du premier PBX d'AT&T
et une politique plus accommodante envers les concurrents. L'érosion
constante des locations de téléphones au profit d'AT&T,
et les chances que la tendance ne s'inverse jamais, ont motivé
AT&T à remplacer ses frais de licence de location ou de redevances
sur les téléphones par des frais de 4,5 % sur les revenus
bruts des licenciés. Fish a vendu le changement en partant du principe
que cela : impliquerait une réduction substantielle des montants
versés à AT&T. La valeur des actifs des téléphones
resterait toutefois dans les livres d'AT&T.
Ce changement deviendrait une source dâpres conflits avec
les autorités de régulation des États émergents.
Par exemple : quelle était la justification de 4,5 % ? AT&T
a réagi en faisant obstacle aux régulateurs, estimant que
la valeur reçue était supérieure aux frais payés
et que c'était tout ce qui comptait ; en particulier, le coût
supporté par AT&T pour fournir de tels services n'était
pas pertinent. Il a fallu des décennies et trois décisions
de la Cour suprême pour résoudre les controverses autour
de ce nouvel accord.
Lorsque Bell a changé sa tarification
en une tarification basée sur les unités de message, les
avantages de cette tarification d'entrée de gamme réduite
pour correspondre à la concurrence ainsi que d'une tarification
continue pour décourager l'utilisation inutile du téléphone,
mais cela a également créé de sérieux problèmes
avec les clients les plus précieux d'AT&T les entreprises.
Les entreprises, les plus grands utilisateurs de téléphones,
ont vu leurs coûts augmenter à un moment où la plupart
se regroupaient en organisations plus grandes qui exigeaient davantage
de communications internes pour coordonner des opérations de plus
en plus complexes. Une solution à ce besoin de communications intraorganisationnelles
bon marché et illimitées est apparue pour la première
fois en 1879 : le central téléphonique privé,
ou PBX.
Le premier commutateur privé a été
installé en 1880 à Dayton, Ohio, avec
une seule ligne principale connectable à 7 abonnés locaux. 1901Mise
au point du commutateur KeithErikson, brevet no 672 942, accordé
le 30 avril 1901, Système conçu pour 1000 utilisateurs,
qui équipera beaucoup de centres dans le monde entier.
The Lady From Shanghaï
1947 Film American en noir et blanc de Orson Welles
Juste au coin de Grant à Washington se trouvait
le vénérable central téléphonique chinois
au 743 Washington a ouvert ses portes en 1901, époque à
laquelle, avant de composer le numéro, les opérateurs devaient
connaître tous les clients de Chinatown par leur nom et leur adresse,
car il était considéré comme impoli de faire référence
à une personne par son numéro.
Chaque opérateur devait également parler les nombreux dialectes
chinois parlés par les résidents. Il n'est peut-être
pas surprenant que les opérateurs masculins d'origine aient été
rapidement remplacés par des femmes, en raison de leur «
bon caractère ».
Puis... Le centre charmant et compact de style pagode a été
brièvement vu dans le film lors de la course désespérée
d'O'Hara le long de Grant Avenue. Le centre a fermé ses portes
en 1949, deux ans après le tournage du film et abrite depuis lors
des banques, dont la Banque de Canton et, sur cette photo récente,
la United Commercial Bank.
Un PBX était un central ou un commutateur sur site qui permettait
à un grand nombre de téléphones internes de se connecter
les uns aux autres sans impliquer AT&T, ou un autre opérateur
public, des commutateurs ou des lignes.
Le système (local)
prendre en charge la communication interne au sein de la propre organisation
et la communication externe avec le réseau public. Les lignes publiques
en petit nombre sont partagées entre tous les abonnés locaux.
Dans le même temps, le PBX disposait dun plus petit nombre
de lignes réseau, ou lignes, connectées au réseau
de lopérateur commun. Lorsqu'un téléphone interne
devait être connecté à une ligne extérieure,
il pouvait et devait encourir des frais d'opérateur public. Cependant,
tous les appels connectés en interne n'entraîneraient pas
de coûts autres que ceux liés au PBX lui-même
avant le PBX, tous les appels devaient impliquer des lignes et des frais
d'opérateur public.
En 1897, il y avait 150 PBX à New York, dont aucun n'était
un AT&T. Ce nest quen 1902 quAT&T a présenté
son premier PBX, connu sous le nom de PBX n°1. Limité
à deux tailles : 30 ou 80 lignes d'abonné (internes) maximum.
Il a été remplacé par le PBX n°2 en 1903,
et par des modèles plus récents presque chaque année.
(En 1929, 130 000 PBX étaient en service. 363 ) Le PBX a facilité,
voire rendu possible, les consolidations en grandes organisations de la
période 1898-1907. (Leur utilisation contribue à expliquer
la baisse drastique des connexions des opérateurs publics en 1903.
(Voir la pièce 2.8 Taux de croissance des appels par jour))
En Europe. La commutation privée a commencé en 1900
en Allemagne avec le commutateur Janus de la société
Mix & Genest (aujourd'hui Alcatel SEL).
Comme le dieu romain Janus, le commutateur «à deux têtes»
pourrait «ressembler» au réseau téléphonique
public et au réseau téléphonique privé.
Un dispositif de commutation privé manuel est généralement
appelé un autocommutateur privé en abrégé
PBX, tandis qu'un dispositif de commutation privé automatique est
appelé un autocommutateur privé.
Le plus grand PBX du monde a été installé au Pentagone
à Washington en 1942 avec 13 000 lignes internes et 125 postes
dopérateur. Janus
de la société Mix & Genest
En 1904,
plus de trois millions de téléphones aux États-Unis
étaient interconnectés par des commutateurs téléphoniques
manuels.
Stromberg et Carlson,
En 1894 Stromberg et Carlson,
employés de lAmerican Bell Telephone Company de Chicago
(devenu par la suite AT & T), ont chacun investi 500 $ pour créer
une entreprise de fabrication déquipements, principalement
des postes dabonnés, destinés à la vente
à des compagnies de téléphone indépendantes
.
Stromberg-Carlson était à l'origine situé à
Chicago , où Carlson dirigeait la fabrication et Stromberg
était responsable du marketing. Stromberg-Carlson s'est rapidement
fait une réputation pour son équipement fiable et ses
prix stables
Plus tard en 1901, Wallace De Wolf, président-directeur général
par intérim de la Kellogg Switchboard & Supply , assista
les dirigeants du fabricant d'équipements téléphoniques
rival, Western Electric, dans le but de reprendre Stromberg-Carlson.
Une lutte acharnée des actionnaires s'ensuivit et la tentative
de prise de contrôle échoua. Stromberg-Carlson deviendra
une société de lÉtat de New York en 1902,
où le droit de lÉtat protégeait mieux la
société des efforts de prise de contrôle. En 1904Stromberg-Carlson ,a été
acheté par Home Telephone Company , un fournisseur de
services relativement important basé à Rochester, dans
lÉtat de New York .
Les nouveaux propriétaires ont rapidement délocalisé
toutes les activités de Stromberg-Carlson à New York
, principalement dans la région de Rochester.
Stromberg-Carlson a produit plusieurs systèmes de commutation
uniques, notamment: le commutateur éléctromécanique
XY "à mouvement plat" logiquement similaire
à la commutation Strowger .
Le "sélecteur
XY" n'a pas été inventé par SC,
mais a été concédé sous licence à
LM Ericsson en Suède à la fin des années
40 et reconçu pour les applications de commutation américaines
(Ericsson l'a utilisé pour le PABX et une très petite
application Rural Exchange).
XY était très populaire auprès des compagnies
de téléphone indépendantes financées par
REA (RURAL ELECTRIFICATION ADMINISTRATION) et a vendu tous les autres
fournisseurs dans les moins de 1 000 applications en ligne des années
50.
Le plus grand XY jamais en service a été installé
à Anchorage, en Alaska, par RCA Corporation pour le compte
de l'US Air Force.
Plus tard acheté par Anchorage Telephone Co, il atteignit finalement
plus de 10 000 lignes
Entre 1894 et 1904, plus de 6000 compagnies de
téléphone indépendantes avaient été
formées.
Le modèle 20
de la Western Electric, filiale de Bell,
apparait en 1904.
Bell exploite à l'époque le réseau du téléphone
aux Etats-Unis avec un quasi monopole et ce modèle est produit
à plusieurs millions d'exemplaires avec quelques modifications
de détail.
Il restera en production bien après l'apparition du modèle
50 de 1919, dont seule la base diffère pour acceuillir le cadran.
Le récepteur Bell, mis au point en 1877 au tout début
du téléphone, ne sera remplacé par un combiné,
regroupant micro et écouteur (pourtant utilisé depuis
1878 par les employés du téléphone), qu'à
partir du modèle 202 de 1927. Le modèle 20 est plus apprécié en ville. A
la campagne on lui préfère le modèle mural en
bois.
Il faut Juste une sonnerie indispensable au fonctionnement du
modèle 20 pour une installation complète.
La sonnerie n'est incorporée dans le téléphone
qu'à partir du modèle 302 de 1937.
Ici un modèle de bureau, elle est généralement
murale avec ou sans magnéto à manivelle.
En 1905, il y avait plus de 100 000 clients au téléphone;
en 1930, 1,26 million.
Par habitat, cela se traduit par un téléphone pour 3,7 habitants,
l'un des ratios les plus élevés au monde.
En 1906 Le
développement du système semi automatique , l'Automanual
a commencé avec un brevet reçu par Edward E. Clement,
avocat spécialisé en propriété industrielle
à Washington, DC. La North Electric Company
de Galion, en Ohio, a fabriqué et installé
ce système. Charles H. North a fondé la société à
Cleveland (Ohio) en 1884 et prétend être le plus ancien
fabricant déquipements pour lindustrie téléphonique
indépendante.
Au début du vingtième siècle, Charles North s'est
associé à Ernst Faller, un citoyen allemand vivant
à New York, qui en le 19 Novembre 1901 a reçu le
brevet américain 686
892 pour son système téléphonique automatique
à fonctionnement "semi automatique".
En 1907, North et Faller se sont associés à Clement
pour fabriquer ce système automatique ou plutôt semi-automatique.
Avec ce système semi automatique, les
abonnés pouvaient utiliser des postes téléphoniques
classiques sans appareil de numérotation.
Au décroché du combiné, l'abonné appelant
a activé une opération de double recherche dans le central
téléphonique : tout d'abord pour trouver la ligne d'appel
et ensuite trouver un opérateur libre.
Un circuit tout relais a été utilisé pour
ce numéro de ligne. Le poste de lopérateur libre
a été commuté automatiquement et placé dans
une position découte pour que labonné puisse
mentionner le numéro de la ligne souhaitée.
L'opérateur saisi ce numéro sur un clavier
(ce qui était beaucoup plus rapide que la numérotation sur
un disque rotatif), et une pression sur une touche de démarrage
a déclenché un dispositif à impulsions envoyant des
impulsions aux sélecteurs de lignes du commutateur.
Comme le sélecteur Strowger, le sélecteur North Electric
avait deux mouvements, mais avec un mouvement rotatif et un déplacement
ultérieur sur un axe horizontal uniquement. L'équipement
automatique permettait la mesure et la déconnexion d'une ligne
à la fin d'un appel sans intervention de l'opérateur.
Une fois qu'un appel a été mis en place, l'opérateur
peut gérer le prochain appel.
Ainsi, la période d'intervention d'un opérateur et, par
conséquent, la période de saisie des circuits entre les
opérateurs et l'équipement automatique ont été
réduites au minimum.
Par conséquent, par rapport à une opération entièrement
manuelle, le nombre d'opérateurs était considérablement
inférieur.
Il a été affirmé que dans le service automatique,
un opérateur pouvait traiter 1500 appels par heure contre 230 à
250 par échange manuel.
Les premiers centres automatiques ont été installés
à Ashtabula et à Lima, en Ohio, en
1914.
En 1916, Western Electric en
a acquis les droits de fabrication.
Dans la rubrique automatique Tout Relais
:
La North Electric Company a mis au point un autre système
de commutation téléphonique vers 1913, qui utilisait
exclusivement des relais.
Une première et unique application était lutilisation
dune solution tout relais pour les détecteurs de ligne dans
léchange automatique installé à Lima.
Une version entièrement automatisée du système allrelay
a été installée en tant que central privé
au lycée Galion en 1920.
Le premier centre public de ce type a été installé
à Copley et River Styx, Ohio, en 1929.
Il s'appelait alors CX (city échange) et installé
dans plusieurs milliers de petits centres publics desservis par des sociétés
indépendantes. Le système CX tout-relais doit son succès à
sa grande fiabilité et à ses très faibles besoins
en maintenance.
Beaucoup plus tard en 1951, la North Electric Company
sera reprise par L.M. Ericsson pour adapter
et fabriquer les équipements crossbar L.M. Ericsson.
En 1906 Le commutateur
conçu par Alexander Keith de la société Strowger
en 1906, évite que la ligne de chaque utilisateur soit connectée
à un commutateur de sélection coûteux. Le nombre de
sélecteurs utilisés désormais ne peut être
inférieur à celui du nombre maximal d'appels pris à
un moment donné.
Cette conception sera réalisée pour le central téléphonique
principal de Wanganui, en Nouvelle-Zélande, fabriqués
par la Automatic Electric Company à Chicago et qui fonctionnera
jusqu'au milieu des années 1990. commutateur
Keith
D'autres commutateurs ont été installés en Grande-Bretagne,
à Epsom en 1912.
Vers 1909,
le Televerket (Ptt suédois) envisageait la possibilité dautomatiser
leurs réseaux téléphoniques à Stockholm et
à Göteborg.
Ils ont envoyé leurs ingénieurs Axel Hultman et Herman
Ollson en mission aux États-Unis, alors le pays leader dans
le déploiement téléphonique.
À leur retour en Suède, les deux ingénieurs recommandent
de privilégier un système entièrement automatique
adapté aux conditions suédoises comme les systèmes
Panel et Rotary américains.
Televerket a suivi leur recommandation et demandé à Hultman
et L.M. Ericsson de développer conjointement un système
prototype.
Cette étude aboutiera en 1918 à une installation prototype
du central LME de 500 points .
Ce deviendra le pendant du Panel et du Rotary
en Europe. Il n'y eut pas de systèmes Ericsson 500 installés
aux Etats Unis.
Hors Etats Unis, vers 1920, de nombreuses administrations et pays avaient
déjà choisi un autre système automatique pour leurs
grandes villes.
En conséquence, le système LME à 500 points a été
introduit principalement dans les pays qui navaient pas encore de
central automatique ou où les opérations téléphoniques
étaient réparties entre plusieurs opérateurs, comme
aux Pays-Bas, en Norvège, en Italie (Vérone en 1924) et
en France (Dieppe en 1924) et en URSS en 1927.
En dehors de l'Europe, le système LME à 500 points a été
installé en Chine (Shanghai), en Afrique du Sud en 1924 et à
Mexico en 1926.
Depuis plus de 50 ans, des versions successives de le système LME
500 points a été installé pour desservir plus de
5 millions de lignes d'abonnés dans le monde entier. L'un des avantages
du système LME 500 points serait la maintenance limitée,
due à sa structure mécanique robuste et au remplacement
facile des unités défectueuses.
Le troisième changement important survenu en 1902
concernait l'attitude d'AT&T envers ses concurrents.
Premièrement, AT&T a adopté une politique plus indulgente
envers les indépendants, permettant à ceux qui opèrent
là où Bell n'avait pas l'intention de lancer un service
de se connecter à leur système. Cependant, tout l'équipement
devait être fourni par NOUS. Néanmoins, cette politique plus
accommodante a eu un impact immédiat. Fin 1901, moins de 50 000
téléphones indépendants étaient connectés
au système Bell. En 1902, ce nombre doubla presque pour atteindre
84 000 et augmentera considérablement chaque année par la
suite.
Un deuxième changement dans l'attitude d'AT&T envers les indépendants
a été une volonté de réaliser des acquisitions.
Ces changements, bien que significatifs, nont guère atténué
lhostilité ressentie par la plupart des indépendants
qui recherchaient de plus en plus des solutions politiques à ce
quils ne pouvaient pas réaliser par la concurrence sur le
marché.
Aussi déterminés qu'AT&T s'efforçaient
d'éviter la concurrence, en 1907, les indépendants avaient
installé presque autant de téléphones que Bell
2 987 000 téléphones indépendants contre 3 132 00
pour Bell.
La fortune déclinante dAT&T, combinée à
sa posture de croissance plus agressive, a nécessité la
levée de capitaux toujours plus importants.
En février 1906,
AT&T vendit pour 150 millions de dollars dobligations convertibles
à un syndicat de banques dinvestissement new-yorkais dirigé
par JP Morgan. 367 jours après la vente, les conditions des obligations
ont été modifiées afin que les banquiers conservent
le contrôle total des droits sur les obligations jusqu'à
la dissolution du syndicat, environ deux ans plus tard. Lorsque seulement
20 millions de dollars d'obligations ont pu être vendus, reflétant
une désillusion croissante face aux performances financières
et à l'image publique négative d'AT&T, les banquiers
ont affirmé leurs nouveaux pouvoirs et ont exigé un comité
de réorganisation pour examiner ce qui pouvait et devait être
fait pour redresser la situation. Le comité, dont Vail était
membre, a étudié les changements contemporains survenus
dans de nombreuses grandes sociétés industrielles
le résultat de 1898-1906. Bien que Fish ait été réélu
président lors de l'assemblée des actionnaires de mars,
les banquiers d'investissement ont continué à faire pression
pour le changement et le 1er mai 1907, Fish a démissionné.
Le conseil d'administration a ensuite persuadé Vail de revenir
en tant que président.
Le 30 avril 1907,
Theodore NewtonVail devint président d'AT
& T.
Vail croyait à la supériorité d'un système
téléphonique et AT & T adoptait le slogan «Une
politique, un système, un service universel». Ce sera la
philosophie de l'entreprise pour les 70 prochaines années.
Vail, 62 ans, a apporté vision et leadership à
une AT&T qui avait cruellement besoin des deux. Finies les joies de
la construction du grand système ; remplacé par la corvée
de la compétition et le stress qui en découlait, comme on
pouvait s'y attendre. Les détails quotidiens avaient plongé
les nobles idéaux de la grande invention yankee dans le méconnaissable,
et Vail était exactement l'homme qu'il fallait pour revigorer une
organisation qui l'avait dépassé plus de deux décennies
plus tôt. Pour Vail, qui a depuis gagné des millions en investissant
dans des projets internationaux et qui a récemment subi la mort
tragique de sa femme et de sa fille, le moment était venu d'accomplir
de grandes actions et de laisser sa marque. Il était préparé
et prêt, et avait pour ami et banquier visionnaire le grand consolidateur
de lindustrie américaine, JP Morgan. Ensemble, ils transformeraient
une AT&T affaiblie en monopole des télécommunications.
La passion de Vail de créer un système téléphonique
national sous le contrôle d'AT&T est peut-être née
d'une logique économique, mais elle a été alimentée
par son sens de ce qui était moralement juste. Pour atteindre son
objectif, il devait renforcer AT&T, éliminer la concurrence,
tirer parti de la technologie et conjurer toute ingérence potentielle
du gouvernement. Il savait ce quil voulait et ce quil devait
faire et na pas perdu de temps pour se lancer.
Renforcer AT&T signifiait avant tout lever les liquidités
dont elle avait cruellement besoin. Le moratoire de six mois sur les investissements
en capital avait fait des ravages non seulement dans la construction téléphonique
essentielle, mais aussi dans la perception de la viabilité de l'entreprise
d'AT&T. (La dette des entreprises avait atteint 202 millions de dollars
en 1907, soit trois fois celle de 1902.) À moins qu'AT&T ne
puisse fournir de manière fiable le capital nécessaire aux
titulaires de licence, ainsi que financer le développement de son
réseau longue distance, il n'y avait aucune prévision de
ce qui pourrait se produire. arriver. Ainsi, même si les actions
d'AT&T se vendaient désormais à 115 dollars l'action,
après avoir atteint 186 dollars en 1902, Vail a proposé
de vendre aux actionnaires existants une action au prix de 100 dollars
pour six actions qu'ils détenaient. Malgré des conditions
de marché déprimées et les fortes réserves
des conseillers financiers d'AT&T, le financement de mai s'est avéré
fructueux et AT&T a levé 20 millions de dollars.
Le problème de trésorerie étant temporairement
résolu, Vail s'attaqua ensuite au problème plus difficile
du moral et de la confiance de l'entreprise. Il a voyagé, il a
parlé, il a écouté et il a démontré
que même sa réputation légendaire n'était pas
à la hauteur du Vail qui balayait désormais leurs doutes
et leur faisait croire à tous l'importance du téléphone,
de la mission d'AT&T et de sa capacité à les mener au
succès. Cet été-là, il a invité le
personnel de Bell de tout le pays à naviguer sur le fleuve Hudson
et le Long Island Sound à bord du yacht Mohican, où il a
gracieusement accueilli et a commencé à nouer des relations
personnelles qui ont transformé le travail en cause. Vail a dirigé
comme seul un homme de vision et de caractère pouvait le faire,
et les gens d'AT&T ont répondu.
Une vision aussi vaste que celle léguée
par Graham Bell et mise en uvre par Vail laissait peu de place à
la concurrence qui divisait le secteur du téléphone. Vail
n'a pas perdu de temps pour faire savoir qu'AT&T avait changé
ses habitudes. En août, il a modifié une politique de longue
date afin que les indépendants puissent acheter de l'équipement
auprès de WE, qu'ils soient connectés ou non au système
de Bell. Lorsque le krach boursier doctobre 1907 poussa de nombreux
indépendants au bord du désastre, Vail commença à
les acquérir plutôt que dessayer de les forcer à
la faillite. Le nouvel AT&T voulait diriger, pas intimider.
Vail, qui croyait aux possibilités illimitées
de la technologie, a dû être choqué d'apprendre à
quel point AT&T avait peu innové malgré tout l'argent
dépensé. Conformément aux instructions écrites
de Morgan pour réduire les coûts : Nous considérons
qu'il est d'une importance vitale pour le bien-être financier de
la Société qu'aucune dépense ne soit engagée
dans un avenir proche, sauf celles qui sont absolument nécessaires,
quels que soient les bénéfices potentiels sur les autres
dépenses. Peut-être que Vail s'y sont conformés, licenciant
12 000 employés. Il a également réorganisé
et centralisé la recherche et le développement. Tout d'abord,
il a remplacé Hammond V. Hayes à la tête de l'ingénierie
par son vieil ami et innovateur du circuit à deux fils, John J.
Carty. Carty a immédiatement réduit son personnel et ses
dépenses, puis a transféré le personnel technique
de Boston et Chicago à New York ; où certains ont rejoint
le personnel du siège d'AT&T et le reste a travaillé
chez WE. Carty, contrairement à Hayes, croyait à la recherche
fondamentale et à l'importance de la technologie pour le progrès
: Je crois que l'on constatera dans tout organisme social que le degré
de développement atteint par son système téléphonique
sera une indication importante des progrès qu'il a réalisés.
pour parvenir à la coordination et à la solidarité.
La promotion de Carty marque les véritables débuts de la
recherche scientifique et son institutionnalisation au sein d'AT&T
; ceux transférés à WE formeront la base des futurs
Laboratoires Bell. Chacune des compagnies de téléphone locales
n'innoverait plus, l'innovation serait centralisée. Carty a également
souligné l'importance de la normalisation allant jusqu'à
interdire l'utilisation du téléphone combiné
français qui avait le récepteur et l'émetteur
dans une seule poignée ; ce n'est qu'en 1927 qu'AT&T réintroduit
un modèle à une main.
Une parenthèse : "Le concept d'un
appareil portatif monobloc qu'un utilisateur de téléphone
tiendrait contre son oreille et devant sa bouche est apparu à Londres
peu après l'invention officielle du téléphone. Bien
que les premiers brevets de CE McEvoy et GE Pritchett n'aient pas donné
lieu à des appareils commerciaux en 1877, RG Brown de New
York a réussi l'année suivante à concevoir un combiné
émetteur-récepteur combiné, qu'il a utilisé
dans un central téléphonique local dans le district. de
la "Bourse de New York". Ayant peu de succès dans la
promotion de l'appareil ailleurs aux États-Unis, Brown partit pour
la France pour devenir ingénieur électricien à la
Société Générale
des Téléphones à Paris. Là,
ses créations trouvèrent un écho et leurs adaptations
furent largement utilisées en Europe, où elles devinrent
connues sous le nom de téléphones français .
Au cours de la décennie suivante, Western
Electric a expérimenté trois types de combinés, produits
en quantités limitées. Des dérivés ont été
utilisés au début des années 1900 pour être
utilisés comme postes téléphoniques pour les monteurs
de lignes, mais aucun n'a été jugé adéquat
pour une utilisation dans le système Bell. Bien que déjà
populaire dans d'autres pays, Western Electric produisait des combinés
destinés à l'exportation sur le marché européen,
mais la Bell système avait des exigences plus strictes que toute
autre administration, en raison des longues distances de communication
impliquées". [
Au début, le style dinnovation sous Carty
est resté progressif. Puis, fin 1908-début 1909, Vail se fixa l'objectif d'un
service téléphonique transcontinental au moment de la prochaine
exposition Panama-Pacifique de San Francisco prévue pour 1914 ;
impossible à envisager sans un effort dingénierie
vaste et organisé.
En 1910, les laboratoires de recherche d'AT&T commençaient
à mettre l'accent sur l'innovation nouvelle et radicale.
Et en 1912, Vail pouvait déclarer qu'AT&T était capable
de continuer à croître indéfiniment, non seulement
en taille, mais aussi en efficacité et en utilité sans cesse
croissantes. (L'acquisition de brevets d'inventeurs extérieurs
continuera cependant à être importante le tube audion
de Lee De Forest (1913) en est un exemple.)
Tous les efforts de Vail pour créer une AT&T
dominante ont cependant été menacés par le sentiment
grandissant du public selon lequel le secteur de la téléphonie,
et en particulier AT&T, devrait être réglementé,
démantelé ou, pire encore, repris par le gouvernement.
Les panneaux étaient partout et difficiles à ignorer. Vail,
entièrement dévoué à la construction d'un
système téléphonique national unifié, est
rapidement devenu pragmatique, préférant accepter la surveillance
du gouvernement pour des raisons acceptables pour AT&T plutôt
que de risquer de perdre la bataille et de se voir dicter les conditions
par les politiciens. Dans le rapport annuel d'AT&T de 1907, Vail écrivait,
comme s'il négociait : On ne pense pas
qu'il y ait une quelconque objection au [contrôle public] à
condition qu'il soit indépendant, intelligent, attentionné,
minutieux et juste, reconnaissant, comme le fait l'Interstate Commerce
Commission que le capital a droit à un rendement équitable
et à une bonne gestion ou entreprise de son capital. récompense. Être innové était un monopole
national des télécommunications, détenu et géré,
et réglementé par le secteur public.
Les États affirmaient également leur
rôle en légiférant sur les commissions de services
publics. Au même moment, AT&T se débattait une fois de
plus avec la question : comment devrait-elle être organisée
? Étant donné que les frontières des États
nétaient quun des facteurs pris en compte dans lattribution
des contrats aux titulaires de licence, AT&T représentait désormais
un mélange de titulaires de licence géographiquement basés
qui devaient être coordonnés dans un comportement collectif.
(Les différents États disposaient également de différentes
institutions, telles que le droit des sociétés ou le droit
commercial, qui encourageaient ou décourageaient le comportement
économique.)
En 1907, huit États avaient adopté des lois réglementant
les télécommunications les systèmes téléphoniques
et télégraphiques. À la fin de l'année 1911,
quatorze États supplémentaires avaient doté de commissions
d'utilité publique pour réglementer les télécommunications.
Tout au long de ces années, AT&T a essayé diverses stratégies
visant à intégrer les frontières des États
dans les unités organisationnelles dAT&T, à la
fois compatibles et, pour contrecarrer la réglementation, incompatibles.
En 1909, AT&T a pris des mesures pour regrouper tous
les titulaires de licence de l'État de New York en une seule organisation
juridique : la New York Telephone Company (NYTC). Parallèlement
à la réorganisation, AT&T a décidé que
NYTC devait lever des fonds ; cependant, WU, qui détenait un tiers
de NYTC, n'a pas pu financer sa part au prorata et a vendu sa participation
à AT&T. Quelques mois plus tard, AT&T a acheté une
participation majoritaire dans WU à George J. Gould, fils de Jay
the Robber Baron, et à ses associés. En 1910, Vail fut élu
président de WU, tout en restant président d'AT&T
l'entreprise qui lui avait offert son premier emploi à temps plein.
Vail croyait fermement aux synergies entre le téléphone
et le télégraphe et, contrairement à ce que présumaient
les étrangers, Vail a commencé à investir à
la fois la direction et le capital dans WU.
Non pas quAT&T ait toujours joué loyalement,
car ce nest pas le cas. Faire des ravages grâce aux efforts
des indépendants et à la concurrence à distance pour
accéder au capital, et donc aux fonds nécessaires à
la croissance, était un stratagème typique. Morgan et dautres
banquiers dinvestissement et commerciaux amis achetaient silencieusement
des sociétés indépendantes dans le Midwest avec lintention
de les vendre à AT&T. AT&T a agi de manière agressive,
et cela n'a pas plu aux concurrents.
En 1910, le Congrès a réagi aux clameurs
en faveur d'une législation gouvernementale et a tenu des audiences
sur l'opportunité de réglementer le téléphone.
L'autorité du Congrès et du gouvernement fédéral
provenait de la décision de la Cour suprême de 1877, Pensacola
Telegraph Co. c. Western Union, qui statuait que les communications télégraphiques,
et par extension le téléphone, entre États constituaient
un commerce interétatique. Vail, désormais prêt à
accepter, voire à vouloir, une réglementation si cela n'impliquait
pas de nouvelle concurrence, a-t-il témoigné : Aujourd'hui, la ligne télégraphique
et la ligne téléphonique deviennent rapidement autant un
élément des instruments du commerce et une nécessité
dans la vie commerciale que les chemins de fer.
En juin, le Congrès a adopté la loi Mann-Elkins
qui a donné à l'ICC (Interstate Commerce Commission) le
pouvoir de réglementer les tarifs des communications téléphoniques,
d'entreprendre des évaluations de propriétés et de
prescrire des comptes et des rapports financiers uniformes. Cependant,
la législation était loin dêtre une réglementation,
et encore moins efficace. Les négociations se sont donc poursuivies.
Vail dans le rapport annuel de 1910 écrivait : Le Bell system a été fondé
sur les grandes lignes d'un système, d'une politique, d'un service
universel, sur l'idée qu'aucune agrégation de systèmes
indépendants isolés, non sous contrôle commun, aussi
bien construits ou équipés soient-ils, ne pourrait fournir
ce service au pays. Un système avec une politique commune, des
objectifs communs et une action commune ; complet, universel, interdépendant,
intercommunicant comme le réseau routier du pays, s'étendant
de chaque porte à chaque autre porte, permettant une communication
électrique de toutes sortes, de chacun en tout lieu à chacun
en tout autre endroit.
Vail a également écrit qu'il souhaitait
que Bell soit exploitée comme un service de bout en bout sans attaches
étrangères, c'est-à-dire des téléphones
d'autres fabricants.
Le ministère de la Justice, sans aucun doute enhardi
par les décisions de la Cour suprême de Standard Oil et dAmerican
Tobacco de 1911, a lancé une enquête sur AT&T pour déterminer
si elle devait intenter une action antitrust. Le 7 janvier 1913, le procureur
général Wickersham adressa une lettre à Charles A.
Prouty, président de la CCI, demandant une enquête sur les
tarifs et les pratiques des compagnies de téléphone. La
CPI a accepté. Mais en juillet 1913, le comportement agressif d'AT&T
consistant à consolider et à acquérir, ou à
éliminer la concurrence, était devenu trop important. (Entre
1907 et 1912, la part de marché des indépendants est passée
de 48,8 pour cent à 41,7 pour cent à l'échelle nationale,
tandis que le pourcentage d'entreprises non-Bell connectées au
réseau d'AT&T a augmenté de façon spectaculaire,
passant de 26,6 pour cent à 63,5 pour cent. 392 ) Lorsqu'AT&T
a agi pour acheter un société d'interurbains de l'Oregon,
le ministère de la Justice dirigé par Woodrow Wilson, nouvellement
élu, a déposé une plainte antitrust auprès
de la Cour fédérale du district de l'Oregon. En novembre,
le ministre des Postes Albert S. Burleson a publié un rapport préconisant
la propriété gouvernementale du système téléphonique
national, avec un long extrait lu dans les archives du Congrès
en décembre.
Puis, le 19 décembre 1913, Nathan C. Kingsbury,
premier vice-président d'AT&T, écrivit une lettre déterminante
au procureur général James C. McReynolds. En contradiction
flagrante avec la politique alors en vigueur, AT&T a accepté
de cesser d'acheter des compagnies de téléphone concurrentes
sans l'approbation préalable du ministère de la Justice
et de fournir des lignes principales standard aux centraux indépendants
; où la norme a supposé le téléphone Bell.
Il a également accepté de vendre sa participation dans Western
Union.
Ainsi, un accord à l'amiable avec le ministère de la Justice
a été conclu, mettant fin au procès antitrust. Le
président Wilson s'est dit heureux qu'AT&T : se porte volontaire
pour adapter ses activités aux conditions de la concurrence.
AT&T avait effectivement accepté la réglementation
et le gouvernement avait sanctionné AT&T alors en place comme
ne violant pas la loi Sherman. Fonctionnement institutionnel antitrust
et changement institutionnel ce que lantitrust signifiait
pour et avec AT&T.
Ainsi prit fin la deuxième ère de concurrence de Bell. Désormais,
AT&T et les indépendants devaient travailler ensemble pour
mettre en place un système téléphonique national.
Cependant, AT&T ne pouvait pas être nié si facilement
Vail avait ancré trop profondément la logique et
limpératif dun grand système dans la culture
et les gens dAT&T.
AT & T et Western Electric, sa filiale d'équipement, ont entrepris
des recherches sur des modèles de commutateurs automatiques de
rechange à ceux de Strowger , mieux adaptés aux besoins
urbains.
La première percée fut l'invention du traducteur
par l'ingénieur AT & T Edward C. Molina en 1905.
Le traducteur, ou l'expéditeur en tant que version améliorée,
devint connu, introduisit le concept de contrôle indirect. C'est-à-dire
que les impulsions provenant du cadran téléphonique seraient
traduites en un code électromécanique différent qui
pourrait commander une plus grande unité de commutation.
Ceci a permis à un téléphone d'abonné de choisir
parmi un plus grand nombre de circuits possibles, et pour la séparation
du circuit utilisé pour établir l'appel à partir
du circuit utilisé pour l'appel lui-même.
Ceci à son tour a conduit au développement préliminaire
de deux types de commutateurs de contrôle indirect: le panel
et le rotatif.
Le commutateur Panel était un dispositif extrêmement complexe,
avec de grands panneaux de 500 rangées de terminaux.
Chaque panneau avait un moteur électrique, pour conduire ses sélecteurs
par des embrayages à commande électromagnétique.
Le sélecteur se déplaçait continuellement plutôt
que par étapes, et les sélecteurs établissant des
points de contact pouvaient se déplacer sur une distance considérable.
Des cadres séparés ont été utilisés
pour les différentes parties du processus d'appel téléphonique.
Bien que très fiable, le commutateur automatique
pas-à-pas de Strowger a connu une forte concurrence au début
du XXe siècle par rapport aux commutateurs à commutation
manuelle en constante amélioration.
Même dans ce cas, une transition régulière entre la
commutation manuelle et la commutation automatique ne pouvait être
considérée comme acquise.
La question de l'automatisme et de la semi-automatique était une
question de débat houleux entre les partisans des deux solutions
de commutation différentes. En 1902, aux États-Unis, les compagnies de téléphone
indépendantes ont largement utilisé la commutation automatique
pour leurs quelque 1,1 million d'abonnés, alors que les diverses
compagnies de téléphone du système Bell passaient
peu à peu à la commutation semi-automatique pour leurs quelque
1,3 million d'abonnés. La National Telephone Exchange Association
des États-Unis, dans laquelle toutes les sociétés
de téléphonie américaines étaient représentées
depuis 1880, organisait des réunions annuelles, des séminaires
et des symposiums pour discuter de la question de la commutation automatique
par rapport à la commutation semi-automatique.
À l'instar des États-Unis, un premier Congrès international
des ingénieurs télégraphistes et téléphoniques
s'est tenu en Europe à Budapest en septembre 1908, puis à
Paris en 1910
Côté
rue,
À cette époque, le changement en automatique en Europe n'était
utilisé que dans l'Empire allemand. de Bavière et
en Autriche Hongrie.
John J. Carty, ingénieur en chef d'AT
& T, a fortement préconisé un service semi-automatique,
ce qui n'a pas entraîné de changer le poste téléphonique
de l'abonné.
L'ensemble du trafic mondial téléphonique,
pour l'année 1909, est évalué à 19.178.500.000
conversations, dont 13.299.900.000 aux EtatsUnis.
Vers 1910, Western
Electric a transféré
d'autres travaux sur le commutateur rotatif à sa division
européenne, après avoir déterminé que les
compagnies de téléphone gérées par le gouvernement
européen s'intéressaient davantage à lui.
En Europe, les centres urbains ont eu tendance à avoir moins de
téléphones, moins que dans le modèle Américain.
Diverses versions du commutateur rotatif sont entrées en service
dans les grandes villes d'Europe, principalement après la Première
Guerre mondiale.
Aux États-Unis, Western Electric a poursuivi le développement
du commutateur Panel, mieux adapté
aux grandes villes ayant des volumes importants d'appels interurbains.
1910 Plus de 90 pour cent des appels locaux à New York concernaient
des abonnéz connectés aux différents centraux locaux. Le plan initial du système de Bell était le fonctionnement
semi-automatique, où les abonnés devaient toujours
appeler les opérateurs, qui à leur tour entraient le numéro
désiré de l'abonné.
Vingt ans après l'expérimentation timide du centre Strowger
de LaPorte (1892) , en 1912 les 350 abonnés au téléphones
d'Epsom Surrey, sont devenus les premiers des USA à passer
des appels automatiques, sans passer par un opérateur.
Statistique téléphonique mondiale,
(Elecirical Revieiv). Au 1er janvier 1910, il existait sur toute la terre un nombre total
d'environ 10.269.000 appareils téléphoniques, avec
une longueur de conducteurs s'élevant à 38.678.000 km
en chiffres ronds ; à la même date, le capital placé
dans les installations téléphoniques se chiffrait par environ
6 milliards de mark, soit 584 mark pour chaque poste téléphonique.
Les chiffres se répartissent comme il suit entre les diverses parties
du monde :
Le tableau ci-après nous renseigne sur l'état du service
téléphonique dans les principaux pays :
Parmi les pays faisant largement usage
du téléphone figurent au premier rang les Etats-Unis
avec environ 70 % de tous les postes téléphoniques existants
et quelque chose comme 65% de la longueur totale de fils.
Ensuite vient l'Allemagne qui, de tous les pays d'Europe, est
celui possédant le plus grand réseau téléphonique,
avec environ 950.000 postes d'abonnés et près de 5,2
millions de km de conducteurs.
En troisième lieu nous rencontrons l'Angleterre avec
616.000 appareils et 3 millions de km de conducteurs.
En Europe, le trafic interurbain est très développé
; les grandes localités y sont reliées entre elles,
le plus souvent, par une ou plusieurs lignes, généralement
fort occupées.
C'est ainsi que la longueur des lignes interurbaines s'élève
en Allemagne à 1.093.000 km, ce qui représente 21,5
% du développement total des conducteurs téléphoniques.
Si les données statistiques ci-dessus sont mises en regard
de la population des Etats intéressés, on trouve que
le tableau prend un autre aspect et la situation se révèle
comme plus favorable au profit des petits pays dont la population
se compose surtout d'industriels et de commerçants.
Le premier rang, encore ici, revient aux Etats-Unis, où l'on
rencontre 7,6 postes d'abonnés par 100 habitants.
L'ordre de classement s'établit ensuite comme il
suit :
Canada 3,7 postes d'abonnés par 100 habitants.
Danemark 3,3
Suède 3,1
Nouvelle Zélande 2,6
Norvége 2,3
Suisse 2,0
Nlle Galles du Sud 1,6
Allemagne 1,5
Angleterre 1.3
On ne rencontre que 0,6 poste d'abonné par 100 habitants en Belgique,
0,5 en France, 0,3 en Autriche, 0,2 en Hongrie et en Italie, 0,1 en Russie
et en Espagne.
Pour l'ensemble de l'Europe, sur 1000 habitants, on en trouve seulement
5,4 qui possèdent un appareil téléphonique.
Si l'on envisage les différentes villes prises séparément,
on contate que c'est celle de Los Angeles (Californie) qui possède
le réseau téléphonique le plus dense existant au
monde.
Pour 240.000 habitants, on y trouve 51.000 postes d'abonnés, soit
25,4 postes d'abonné par 100 habitants.
Quant à l'effectif du personnel affecté
au service téléphonique du monde entier, il semble s'élever
à 260.000 unités. En
1911 Développement du réseau, téléphonique
de Chicago d'une manière extraordinairement rapide.
En août 1910, on a ouvert dans cette ville 4.709 nouveaux postes
d'abonnés et on en a fermé 2.339, ce qui laisse une augmentation
nette de 2.370 abonnés.
Le nombre des nouveaux postes d'abonnés aménagés
durant les 8 premiers mois de 1910 s'est élevé à
45.960 (c'ontre 39.884 durant la période correspondante de 1909).
On compte actuellement-à Chicago, y compris les faubourgs, 285.691
abonnés au. téléphone.
Le plus grand bureau telephonique du monde.
La " New-York Telephone Company " a acheté a New-York
pour une somme d'environ 2.500.000 francs, une propriété
d'une surface totale de 1.950 metres carrés.
Cette propriété a une facade de 27 metres sur une rue, de
37 m. 70 sur une autre, et une profondeur totale de rue a rue d'environ
60 metres.
On va conslruire sur cette propriete un edifice d'environ 17 etages ;
les fondations et les murs seront calculés pour une elevation totale
de 24 étages.
On estime que l'edifice de 17 étages coutera environ 6.250.000
francs.
Les travaux commenceront le 15 juin, et l'on espère pouvoir terminer
l'edifice vers le ler mars 1912.
Les différentes parties de la construction seront occupees de la
façon suivante :
Le premier élage sera loué pour des magasins. Le second
étage sera affecté aux bureaux de la " New-York Telephone
Company. Le lroisième, qualrième, cinquième et sixieme
étage seront utilises par l'American Telephone
and Telegraph Company pour ses salles d'appareils et ses bureaux.
Le seplième, huitieme, neuvieme et dixieme étage seront
affectés a la " New-York Telephone Company
a ses salles d'exploitation et a ses bureaux administratifs.
La "Western Union Telegraph Company"
occupera une partie de l'edifice avec ses salles d'appareils et quelques-uns
de ses bureaux.
L'American Telephone and Telegraph Company installera dans cette construction
le plus grand bureau interurbain d'Amerique, avec environ 200 groupes
d'opératrices. Aucun multiple local na sera inslallé
au début dans 1'edifice ; mais plus tard, lorsque des étages
supplementaires auront été construits, on y installera deux
et peut-etre trois tableaux multiples avec une capacité totale
de 60.000 abonnés.
Les salles reservees aux employes du bureau central comprendront des cantines
et des salles de repos gaies et spacieuses. Sur le toit de l'edifice on
amenagera des terrasses et des jardins. En oulre, trois immenses ventilateurs
fourniront a toute heure un air pur et salubre aux nombreux employes en
service.
Utilisation des automobiles par une Compagnie telephonique américaine.
La Compagnie telephonique de la New-England utilise des automobiles dans
ses services de construction, de reparation et d'entretien. Les résultats
sont très salisfaisants, et la Compagnie remplace graduellement
toutes ses voitures a chevaux par des automobiles. La Compagnie estime
qu'un automobile couvre une plus grande distance a moins de frais que
des chevaux, et que le rendement de ses ouvriers est plus que double.
Trois voitures automobiles font le travail de neuf chevaux.
Réunion des "Pionniers
du téléphone d'Amérique" ORGANISÉ
LE 2 NOVEMBRE 1911 Présidé par Bell qui fit un discours
retraçant ses 35 dernières années.
DISCOURS DU DR ALEXANDER
GRAHAM BELL.
Monsieur le Président et Messieurs : C'est un grand jour pour
moi la première réunion des Pionniers du Téléphone
d'Amérique et du monde.
C'est pour moi un grand plaisir de vous rencontrer tous aujourd'hui
; et pourtant, il y a un sentiment de tristesse à ce sujet.
Je suis le premier pionnier du téléphone, et ma mémoire
remonte au tout début ; et les visages dont je me souviens
si bien, les visages des anciens pionniers, que j'aurais aimé
voir ici aujourd'hui, me manquent. L'Association a de la chance, et
le système téléphonique américain a de
la chance qu'un de ces anciens pionniers soit à la tête
des affaires aujourd'hui - M. Théodore N. Vail [applaudissements],
ce grand esprit organisateur qui préside aux destinées
du système téléphonique américain. [Applaudissements.]
Je trouve un peu présomptueux de ma part d'essayer de parler
du téléphone aux téléphonistes. [Rires.]
Vous m'avez tous tellement dépassé ! Mais qu'est-ce
que le petit système téléphonique que je connais
en rétrospective comparé au puissant système
qui traverse toute l'étendue de notre pays aujourd'hui ? C'est
à vous que ce grand développement est dû, et je
sens qu'il m'incombe de parler très modestement du petit commencement
qui a conduit à cette grande fin. Je ne peux rien vous dire
du téléphone. Je ne peux pas vous parler de courant
ondulant, de courant intermittent et de courant pulsatoire. J'appartiens
au passé, vous appartenez au présent ; et il me semble
que l'aspect le plus utile de mon discours d'aujourd'hui pourrait
être de rappeler à votre mémoire certains des
événements marquants du passé qui ont précédé
l'organisation commerciale et le développement du téléphone.
C'est un sujet sur lequel je peux donner des informations ; c'est
le point sur lequel beaucoup d'entre vous peuvent être faibles.
Vous connaissez bien une grande partie des développements ultérieurs
; vous n'êtes peut-être pas aussi familiers avec les premiers.
La période qui marque les débuts du téléphone
s'étend de 1874 à 1877. C'est en 1877 que le téléphone
a véritablement commencé sa carrière commerciale.
Je laisserai la période qui suit cette période à
mon ami M. Lockwood et traiterai principalement des points qui ont
précédé 1877. Bien sûr, en traitant de
cette période de l'histoire du téléphone, je
devrai être quelque peu personnel, car tout était centré
sur moi à cette époque.
De 1873 jusqu'au début de 1876, j'ai résidé à
Salem, dans le Massachusetts, et je venais à Boston tous les
jours pour mon travail professionnel. Ensuite, je passais mes vacances
d'été au Canada, à Brantford, chez mes parents.
Ces trois endroits - Salem, Boston et Brantford - sont donc concernés
par les débuts du téléphone. Boston est par excellence
le berceau du téléphone, car c'est ici que tous les
appareils ont été fabriqués et que les expériences
importantes ont eu lieu. Brantford, au Canada, était mon lieu
de réflexion, où j'allais passer mes vacances d'été
pour examiner la série d'expériences qui avaient été
faites à Boston et planifier l'avenir. J'allais généralement
à Brantford vers la mi-juillet, j'y restais pendant l'été
et j'étais de retour à Boston le 1er octobre. Et c'est
ainsi qu'à l'été 1874, lors de ma visite à
la maison de mon père à Brantford, en Ontario, en réfléchissant
et en discutant avec mon père des nombreuses expériences
que j'avais faites à Boston concernant la reproduction de sons
musicaux par l'électricité à des fins de télégraphie
multiple, l'idée du téléphone à membrane
a été élaborée. Ainsi, la conception du
téléphone est née à Brantford, en Ontario,
à l'été 1874. Vous le connaissez tous. C'était
pratiquement le même instrument que celui présenté
dans le brevet qui est marqué sur notre petit souvenir ici.
C'était une conception théorique d'un téléphone
magnéto, une conception très audacieuse, si je puis
me permettre de dire que les vibrations de la voix pourraient créer
des impulsions électriques comme les impulsions aériennes,
et produire un résultat audible à l'autre bout. À
vrai dire, en tant qu'homme pratique, je n'y croyais pas vraiment
; En tant que théoricien, j'ai vu un téléphone
parlant, ce qui signifiait que nous disposions théoriquement
des moyens de transmettre et de reproduire la parole dans des lieux
éloignés. Mais il semblait vraiment trop beau pour être
vrai que l'on puisse créer des impulsions électriques
utiles par l'action de la voix elle-même. Ainsi, à mon
retour à Boston, en octobre 1874, et tout au long de cet hiver
et du printemps 1875, au lieu de fabriquer l'appareil et de l'essayer,
j'essayais de concevoir des méthodes pour augmenter l'intensité
de ces ondulations électriques. Je travaillais sur ce que l'on
appelle aujourd'hui la méthode de résistance variable.
Ceci est très bien illustré dans une lettre que j'ai
écrite à M. Hubbard le 4 mai 1875, alors que
j'expérimentais le passage d'un courant voltaïque à
travers un fil vibrant, avec l'idée que la variation de tension
de ce fil, en produisant des variations dans la résistance
du circuit, produirait les ondulations électriques que je désirais.
De l'été 1874 jusqu'au 2 juin 1875, le développement
du téléphone fut retardé par cette pensée,
que les impulsions magnéto-électriques ne seraient pas
suffisantes par elles-mêmes et nécessiteraient un courant
de batterie. Puis vint la découverte, que vous connaissez probablement
tous, qu'un courant magnéto-électrique produirait par
lui-même des effets sonores dans une station réceptrice
et vous vous souvenez peut-être du pincement des anches qui
a eu lieu ce 2 juin 1875. En un instant, toutes les difficultés
qui s'opposaient à la solution pratique du téléphone
disparurent, et l'ordre fut donné immédiatement de construire
le téléphone à membrane qui fut conçu
à Brantford en 1874. Lorsqu'il fut essayé pour la première
fois, c'était vers la fin juin ou le 1er juillet 1875. Nous
avons des comptes rendus actuels d'expériences du 1er juillet
1875, et je me souviens bien de ces expériences. Nous n'avions
qu'un seul téléphone à membrane, et le récepteur
était l'un des anciens récepteurs à anches accordés.
Il était tenu contre l'oreille. Vous pressiez l'armature contre
l'oreille pour amortir ses vibrations. J'écoutais cette armature
pendant que M. Thomas A. Watson, mon assistant, était au sous-sol
de Charles Williams Jr., bâtiment 109 Court Street, en train
de crier au bout du fil, puis nous avons changé de place. Je
dois dire que je n'ai rien entendu. Puis M. Watson est descendu pour
écouter, et je suis monté pour parler, et pendant que
je parlais, M. Watson est arrivé en courant dans un état
de grande excitation, en disant : « Eh bien, M. Bell, j'ai entendu
votre voix très distinctement, et j'ai presque pu comprendre
ce que vous avez dit. » [Rires.] Eh bien, c'était gratifiant,
mais cela aurait été encore plus gratifiant si j'avais
pu entendre cela aussi. Vous voyez, l'atelier de M. Williams était
un endroit très bruyant. M. Watson était habitué
à ce bruit et entendait beaucoup mieux que moi. J'avais plus
l'habitude de crier fort que M. Watson, de sorte qu'il avait l'avantage
sur moi pour entendre et que j'avais l'avantage sur lui pour parler.
Les résultats seraient considérés comme très
insatisfaisants à l'heure actuelle ; pourtant, encouragé
par les résultats, aussi médiocres fussent-ils, je me
suis immédiatement mis à préparer les spécifications
d'un brevet. En septembre 1875, j'étais en train de travailler
sur les spécifications du brevet désormais célèbre.
En octobre 1875, le brevet était terminé. Mais il n'a
pas été déposé en octobre 1875. Un long
retard s'en est suivi, car j'étais tellement imprégné
de l'idée de la valeur de cette grande invention que je ne
me contentais pas de prendre des brevets pour l'Amérique seule
; je devais en prendre pour tous les pays du monde. Mais cela, vous
savez, demandait de l'argent, et je n'en avais pas. M. Sanders et
M. Hubbard, qui étaient mes associés et menaient mes
expériences, ont payé le coût de mes expériences
et du brevet américain. Ils étaient trop avisés
pour toucher aux brevets étrangers. J'ai donc dû aller
de l'avant et voir ce que je pouvais faire pour que ce grand brevet
soit repris à l'étranger, ce qui a entraîné
de gros retards. Je suis allé au Canada pour interviewer des
amis canadiens et j'ai finalement conclu un accord avec l'honorable
George Brown, qui fut un temps premier ministre du Canada, selon lequel
lui et son frère Gordon Brown prendraient des brevets en Angleterre,
et peut-être dans d'autres pays, à une condition :
que je ne dépose pas ma demande de brevet américain
avant d'avoir reçu d'eux un message indiquant que cela n'interférerait
pas avec les demandes à l'étranger. Et c'est ainsi que
le brevet américain a traîné pendant des mois,
jusqu'à ce que M. Hubbard ait finalement dit un mot discret
à mes avocats à Boston : « Inutile d'attendre
plus longtemps M. Brown ; déposez simplement le brevet. »
Et le brevet a été déposé à mon
insu et sans mon consentement. C'est une grande chance qu'il l'ait
fait. Cela lui a épargné bien des ennuis et des interférences
au sein du bureau des brevets, etc., et c'est sur ce brevet que repose
tout le système téléphonique des États-Unis.
Je pense qu'il serait bon d'aborder quelques-uns des points les plus
importants. Le brevet a été déposé le
14 février 1876 ; il a été accordé le
7 mars 1876. J'étais à Washington au moment où
il a été accordé. Je sais qu'il a été
accordé le 7 mars 1876, car c'était mon anniversaire,
et il m'est arrivé comme une sorte de cadeau d'anniversaire.
Après l'octroi du brevet est venue une période de publication,
et je veux parler maintenant d'un fait très curieux. Dans le
cas des nouvelles inventions, on nous laisse généralement
croire que le public est prêt à tout avaler, mais que
les scientifiques sérieux sont les plus sceptiques de tous.
J'ai constaté exactement le contraire dans le cas du téléphone.
Le public en général et les hommes d'affaires du pays
ont été très lents à percevoir la moindre
valeur du téléphone. Le monde scientifique, en revanche,
l'a adopté immédiatement. Mon premier article sur le
sujet a été présenté ici à Boston
devant la Société américaine des arts et des
sciences le 10 mai 1876. Puis j'ai été invité
à donner une conférence devant la Société
des arts à l'Institut de technologie, le 25 mai 1876. Puis
est arrivé un événement très notable,
dont je parlerai très brièvement, bien qu'il constitue
réellement la base de la connaissance du téléphone
par le monde. Ce fut l'Exposition du centenaire, en 1876. M. Hubbard
et M. Sanders, qui étaient financièrement intéressés
par le téléphone, voulaient que cet instrument soit
exposé à l'Exposition du centenaire. À cette
époque - et, je dois le dire, même aujourd'hui, j'ai
peur de dire que c'est vrai - je n'étais pas très sensible
aux questions commerciales, n'étant pas moi-même un homme
d'affaires. J'avais une école de physiologie vocale à
Boston. J'étais en plein milieu des examens. Mes élèves,
ceux qui étudiaient sous ma direction, étudiaient pour
devenir professeurs de sourds, enseignant la parole aux sourds, et
je ne pouvais pas être dérangé à ce moment-là
par le fait de devoir aller à Philadelphie et assister à
l'exposition. Cependant, nous avons découvert, en rapport avec
l'exposition, que tout le matériel nécessitant du silence
devait être examiné le dimanche 25 juin ; on a donc insisté
sur le fait que le dimanche interférerait moins avec mes activités
professionnelles qu'un autre jour. J'ai donc accepté d'y aller
et d'y passer le dimanche, et pas plus. Je ne pouvais pas rester plus
longtemps que cela en plein milieu de mes examens. Je suis donc descendu
à Philadelphie, grognant tout le temps contre cette interruption
de mon travail professionnel, et je suis arrivé à Philadelphie
le dimanche 25. J'étais un homme inconnu et j'ai regardé
autour de moi les célébrités qui étaient
juges là-bas, et j'ai trotté après les juges
de l'exposition pendant qu'ils examinaient telle ou telle pièce.
Mon exposition est arrivée en dernier. Avant d'en arriver là,
on a annoncé que les juges étaient trop fatigués
pour poursuivre l'examen ce jour-là et que l'exposition pourrait
être examinée un autre jour. Cela signifiait que le téléphone
ne serait pas vu, car je ne reviendrais pas un autre jour. Je rentrais
directement à Boston. Et c'était là que les choses
en étaient, quand soudain, un homme parmi les juges se souvint
de moi de vue. Ce n'était rien de moins que Sa Majesté
Dom Pedro, l'empereur du Brésil. Je lui avais montré
ce que nous faisions pour enseigner la parole aux sourds à
Boston, je l'avais emmené à l'école municipale
pour sourds et lui avais montré les moyens d'enseigner la parole,
et quand il m'a vu là, il s'est souvenu de moi et est venu
me serrer la main en disant : « Monsieur Bell, comment vont
les sourds-muets de Boston ? » Je lui ai dit qu'ils allaient
très bien et je lui ai dit que la prochaine exposition au programme
était la mienne. « Venez », dit-il, et il me prit
le bras et s'éloigna avec moi et, bien sûr, là
où un empereur ouvrait la voie, les autres juges suivirent.
[Rires.] Et l'exposition sur le téléphone fut sauvée.
Eh bien, je ne peux pas en dire beaucoup sur cette exposition, bien
qu'elle ait été le pivot autour duquel tout le téléphone
tournait à l'époque. Si je n'avais pas eu cette exposition
là-bas, il est très douteux que le téléphone
soit dans cet état aujourd'hui. Mais l'empereur du Brésil
fut le premier à provoquer cette situation à cette époque.
Je me suis rendu à mon instrument de transmission dans une
autre partie du bâtiment, et un petit récepteur en fer
vous savez probablement tous ce que c'était d'après
le schéma fut placé à l'oreille de l'empereur.
Je lui ai dit de le tenir contre son oreille, et j'ai entendu ensuite
ce qui s'était passé. Je n'étais pas présent
à ce bout de la ligne. Je suis allé à l'autre
bout et j'ai récité : « Être ou ne pas être,
telle est la question », et ainsi de suite, en poursuivant une
conversation ininterrompue. J'ai appris plus tard par mon ami, M.
William Hubbard, que l'empereur l'avait brandie à son oreille
d'un air très indifférent, puis avait soudain sursauté
et dit : « Mon Dieu ! Elle parle ! » Et il l'a reposée
; puis Sir William Thomson l'a reprise, et les uns après les
autres dans la foule l'ont reprise et ont écouté. J'étais
dans une autre partie du bâtiment. Je me dirigeai vers le téléphone
à membrane qui servait d'émetteur. Soudain, j'entendis
un bruit de gens qui piétinaient très lourdement, qui
s'approchaient, et voici Dom Pedro, qui se précipitait d'une
démarche très peu impériale, suivi de Sir William
Thomson et de plusieurs autres, pour voir ce que je faisais à
l'autre bout du fil. Ils étaient très intéressés.
Mais je devais retourner à Boston et je ne pouvais plus attendre.
J'y suis allé le soir même.
Or, il se trouve que, bien que les juges aient entendu la parole émise
par l'armature en disque d'acier de cet instrument récepteur,
ils n'étaient pas tout à fait convaincus qu'elle ait
été produite électriquement. Quelqu'un avait
murmuré qu'il s'agissait simplement du télégraphe
à fil, le télégraphe des amoureux, comme on l'appelait
à l'époque, et que le son avait été transmis
mécaniquement le long de la ligne d'un instrument à
l'autre. Bien sûr, je n'en savais rien à ce moment-là
; mais lorsque les juges ont demandé la permission de retirer
l'appareil de cet endroit, j'ai dit : « Certainement, faites-en
ce que vous voulez. » Mais je ne pouvais pas rester pour m'en
occuper ; ils devaient s'en occuper eux-mêmes. Mon ami, M. William
Hubbard, qui était aimablement venu de Boston pour m'aider
en ce dimanche célèbre, le 25 juin, a dit qu'il ferait
de son mieux pour les aider, bien qu'il ne soit pas électricien.
Il ne savait absolument rien de l'appareil, si ce n'est qu'il était
occasionnellement dans mon laboratoire, me connaissant bien. Mais
il entreprit de démonter cet appareil et d'installer le fil
sous la direction des juges eux-mêmes. Ils eurent ainsi l'occasion
de s'assurer enfin que la parole avait bien été reproduite
électriquement. L'annonce de Sir William Thomson fut faite
au monde en Angleterre, devant la British Association, et le monde
crut, et c'est de cette époque que date l'intérêt
populaire pour le téléphone. C'était le 25 juin.
Bien sûr, les juges et d'autres étaient impatients de
savoir si cet appareil fonctionnerait sur une longue ligne. Des expériences
avaient été faites d'une pièce à l'autre
d'un bâtiment ; mais ce n'était pas aussi satisfaisant
que d'avoir un téléphone à un endroit et un autre
à un autre à cent soixante kilomètres de là.
On me demanda donc si j'oserais essayer l'instrument entre Boston
et Philadelphie. Eh bien, moi, dans mon ignorance des conditions,
j'ai dit : « Bien sûr, oui. » Alors, quand je suis
allé à Boston, j'ai commencé à réfléchir
: « Maintenant, qu'allons-nous faire ? Ces instruments ne sont
préparés que pour les courts-circuits. » Nous
avons donc commencé à faire des expériences à
Boston pour adapter l'instrument à une utilisation sur une
ligne plus longue. Je savais que nous devions avoir de nombreux tours
de fil assez fin dans l'instrument ; j'ai donc fait construire de
tels instruments, puis l'Atlantic and Pacific Telegraph Company de
Boston m'a aimablement prêté l'utilisation de ses fils
pour l'expérimentation. Les 7, 9 et 12 juillet 1876, des tentatives
ont été faites pour utiliser le téléphone
sur divers circuits de Boston à New York, de Boston à
Rye Beach et d'autres endroits, mais, malheureusement, sans grand
succès. Nous n'avons pas obtenu de sons vocaux sur ces circuits,
bien qu'avec deux instruments, l'un dans une pièce et l'autre
dans une autre pièce de l'Equitable Building, et un circuit
vers Rye Beach, nous ayons obtenu un effet audible. Cependant, les
résultats étaient encore insatisfaisants là où
le courant ondulatoire était utilisé. Nous avons essayé
le courant intermittent. J'avais un orgue de salon et j'ai pris contact
avec New York pour demander à l'opérateur d'écouter
et de voir s'il entendait quelque chose. J'ai joué des airs
sur l'orgue de salon, et on lui a demandé s'il entendait quelque
chose, et il a dit : « Oui. » « Qu'est-ce que c'était
? » « Yankee Doodle. » Il entendait des airs, mais
ce fut vraiment le seul résultat important obtenu lors de ces
procès des 7, 9 et 12 juillet 1876. Sir William Thomson était
présent aux procès ultérieurs, et je lui ai présenté
un téléphone que nous avions utilisé à
cette occasion. Il a été emporté en Angleterre
et m'a extrêmement ennuyé lors d'un litige téléphonique
ultérieur. Les propriétaires de mon brevet anglais ont
dû renoncer à tout ce qui était montré
dans ces instruments. Mais il s'est heureusement avéré
que l'instrument récepteur était un de ces vieux récepteurs
de boîte Centennial avec le couvercle métallique, qui
dans ce cas était en fer de type ferro, et lorsque j'ai donné
cet instrument à Sir William Thomson, j'ai eu peur qu'il perde
l'armature, alors j'ai demandé à M. Watson d'attraper
l'armature à un endroit de l'aimant, pour la maintenir en place.
Sir William a simplement jeté le tout dans sa malle sans l'enlever,
et quand il est arrivé en Angleterre, l'armature, au lieu d'être
plate, était tordue comme ça. Eh bien, cela a sauvé
le brevet anglais. [Rires.] Tout le monde a pensé que la vibration
provenait de cette chose tordue. Le brevet anglais montrait le tordu
de l'armature. Lorsqu'il est finalement arrivé devant la Cour
suprême d'Angleterre, au moment où ils ont statué
sur l'affaire, la chose semblait plutôt mince, selon le droit
anglais. Les lambeaux du brevet étaient là ; il
ne restait que le diaphragme métallique. Mais ils ont réalisé
une construction très singulière. Ils ont dit, selon
une interprétation très bienveillante de la loi, telle
qu'ils l'interprétaient, que cela n'interférait pas
avec le brevet sur l'armature métallique, et le brevet était
sauvé ! [Rires et applaudissements].
Cela m'amène au 12 juillet 1876. Puis vinrent mes vacances
d'été de 1876. Je me rendis à Brantford, en Ontario
; j'ai préparé tout un tas d'appareils, des téléphones
avec des bobines de différents types, des bobines à
haute résistance et des bobines à faible résistance,
des bobines longues et des bobines courtes, et je les ai emportés
avec moi à Brantford, en Ontario, et j'ai continué mes
tentatives pour entrer en contact avec des lignes longue distance.
La Dominion Telegraph Company of Canada m'a aimablement prêté
ses fils, et je considère une expérience qui y a été
menée comme d'une très grande importance. C'était
une expérience faite en août 1876. L'instrument de transmission
était à Paris, en Ontario ; l'instrument de réception,
le récepteur Centennial Iron Box, était à Brantford,
à une distance de huit milles de Paris ; et la batterie du
circuit était à Toronto, à environ soixante milles
de distance. Nous avions donc un circuit d'environ soixante à
soixante-dix milles. La transmission se faisait dans un seul sens,
mais la parole était transmise, et c'était la première
fois que la parole était transmise entre des personnes distantes
de plusieurs kilomètres. Mais c'était à sens
unique ; la personne à l'autre bout du fil ne pouvait pas répondre,
mais devait télégraphier par un autre fil. Mais en août
1876, de nombreuses expériences qui ont retenu l'attention
ont été réalisées sur les fils de la Dominion
Telegraph Company. Il y a eu une expérience entre Brantford
et Mt. Pleasant, à environ huit kilomètres, puis j'ai
fait une démonstration depuis la maison de mon père,
une propriété de campagne à six ou huit kilomètres
de Brantford, connue sous le nom de Tutelo Heights. La ligne télégraphique
la plus proche se trouvait à environ quatre cents mètres
de la maison. Nous avons récupéré beaucoup de
fil de fer (pipe wire) nous avons débarrassé
la ville de tout fil métallique et nous l'avons placé
sur la clôture reliant la maison de mon père à
l'angle de la route de Mt. Pleasant, puis nous l'avons relié
au fil télégraphique menant à Brantford. J'avais
ensuite des amis à Brantford qui parlaient, chantaient et récitaient
dans le téléphone à membrane, tandis qu'un grand
nombre d'invités de la maison de mon père à Tutelo
Heights écoutaient la transmission ; et à cette occasion
également, trois voix furent transmises simultanément.
J'avais fait fabriquer trois embouchures pour le téléphone
à membrane et trois personnes chantaient au même téléphone.
Ces expériences à Brantford furent donc les premières
à réussir réellement à transmettre la
parole d'un endroit à un autre à distance, mais elles
étaient toutes unilatérales, non réciproques.
La première communication réciproque eut lieu après
mon retour à Boston en octobre 1876. Le 9 octobre eut lieu
la première conversation téléphonique entre des
personnes séparées par des kilomètres. C'était
sur la ligne de la Walworth Manufacturing Company, reliant son usine
de Cambridgeport au bureau de Boston. La distance n'était pas
très longue, probablement deux milles et demi, mais la communication
libre était assurée, et je pense que ce fut un événement
historique. M. Watson était à un bout de la ligne et
moi à l'autre, et nous gardions un compte rendu de ce qui se
passait. Je notais ce que je disais et ce que je croyais l'avoir entendu
dire, et les colonnes parallèles furent rapportées dans
les journaux, notamment dans le Boston Advertiser du 19 octobre. Je
pense que c'était la première fois qu'une conversation
avait réellement lieu entre deux personnes séparées
par des kilomètres d'espace. L'espace, cependant, n'était
pas grand, seulement environ deux milles et demi. Nous avons donc
continué nos expériences en 1876, essayant d'augmenter
la distance à laquelle des résultats pouvaient être
obtenus. À cette fin, l'observatoire de Cambridge offrait ses
services. Ils disposaient d'une ligne privée reliant Cambridge
à Boston pour transmettre les signaux horaires de l'observatoire
de Cambridge, et grâce au professeur Rogers, j'avais l'usage
de cette ligne la nuit, lorsqu'elle n'était pas nécessaire
pour les besoins du temps. Je l'avais relié à mon laboratoire
et, la nuit, je faisais des expériences entre l'observatoire
de Cambridge et Boston, essayant de déterminer les conditions
propices au service téléphonique sur les longues lignes.
Puis vint une période d'expériences vraiment remarquables
sur les lignes appartenant à l'Eastern Railroad Company. Une
expérience fut réalisée le 26 novembre 1876,
au cours de laquelle une conversation eut lieu entre moi, à
Boston, au dépôt de l'Eastern Railroad, et M. Thomas
A. Watson à Salem. Nous avions augmenté la distance
à dix-huit milles. Puis nous avons expérimenté
sur une ligne qui menait à North Conway, à 143 milles
de là, de sorte que Salem était une étape vers
North Conway. C'était une extension très notable. Il
fut décidé que nous devions envoyer un homme à
North Conway, et M. Watson s'y rendit avec une pile d'appareils, avec
toutes sortes de modifications. Maintenant que nous avions l'occasion
de l'essayer sur un circuit de 230 kilomètres, nous étions
déterminés à en profiter, même si nous
devions y passer jour et nuit. Nous avions emporté toutes sortes
d'appareils. J'étais à Boston et lui à North
Conway. Je pense que c'était vraiment l'expérience la
plus importante jamais réalisée en la matière
avec la véritable étape commerciale.
Cette expérience a eu lieu le 3 décembre 1876, alors
que nous avions une communication libre entre Boston et North Conway.
Nous avons ensuite essayé de varier les bobines, en essayant
du fil fin, du fil épais, des bobines longues, des bobines
courtes, avec et sans batterie ; et à la suite de ces expériences,
nous avons abandonné la batterie et nous sommes tournés
vers le magnétotéléphone seul, en laboratoire.
Cela nous amène à la fin de 1876. Je ne peux guère
vous en dire plus avant son utilisation commerciale. Le 13 janvier
1877, j'ai donné une conférence sur le sujet à
la Philosophical Society de Washington. Le 31 janvier 1877, une expérience
a eu lieu ici à Boston qui a attiré beaucoup d'attention
à l'époque, bien qu'elle ne soit pas comparable aux
autres expériences en importance. Il s'agissait d'une communication
entre l'usine de chaussures en caoutchouc et la résidence de
M. Converse à Malden, mais elle attira l'attention du public
sur le téléphone.
Le 21 janvier, une exposition publique eut lieu sur la ligne de l'Eastern
Railroad, sans pile. Une conversation eut lieu entre Boston et Salem ;
et peu à peu, à cette époque, au début
de 1877 ou à la fin de 1876, un événement plutôt
intéressant se produisit. J'avais parmi mes étudiants
à l'université de Boston un jeune étudiant japonais
nommé Tsawa. Il vint me voir pour étudier la prononciation
de l'anglais. Bien sûr, lorsqu'il entendit parler du téléphone,
il fut très intéressé. Il me demanda : « M.
Bell, est-ce que cet appareil parlera japonais ? »
Je répondis : « Sûrement, n'importe quelle
langue. » Il parut très étonné et
dit qu'il aimerait l'essayer. Je lui dis qu'il pouvait l'essayer,
et il alla à une extrémité du circuit et je me
tins à l'autre. Il parlait japonais, et je lui ai rapporté
le résultat. Il m'a demandé si l'appareil parlait japonais.
J'ai répondu : « Il parlait japonais, mais je ne le comprenais
pas bien. » [Rires.]
Il n'était pas tout à fait satisfait et a demandé
la permission d'amener des amis japonais de Harvard. J'ai dit : «
Certainement. » Il a amené deux jeunes hommes, qui ont
parlé au téléphone et écouté ;
le japonais a donc été la première langue étrangère
parlée au téléphone. Et ces deux Japonais, messieurs,
étaient des hommes exceptionnels. Je ne savais pas qui ils
étaient à l'époque, mais des années plus
tard, cela m'a été révélé. J'étais
au Japon, à Yokohama, lorsque les Américains résidant
au Japon donnaient un banquet au nouveau ministre japonais qui se
rendait à Washington, M. Kamura, alors à la tête
des affaires du Japon. On m'a invité au banquet, et au lieu
d'être présenté à M. Kamura, il est venu
me voir et m'a dit : « Je n'ai pas besoin qu'on me présente
M. Bell. Je l'ai connu il y a des années. » Il s'est
avéré qu'il s'agissait d'un étudiant japonais.
J'ai ensuite découvert l'autre de manière assez curieuse.
Le gouvernement japonais avait envoyé le baron Kaneko dans
notre pays pendant la guerre russo-japonaise. Il est venu à
Washington et a donné une conférence devant la National
Geographic Society. J'étais alors président de cette
société. Ainsi, à la fin du dîner et au
moment de prendre la parole, le baron Kaneko a dit : « J'ai
connu M. Bell il y a des années », et il m'a raconté
son histoire sur l'utilisation du téléphone. Ces deux
hommes, les plus éminents du Japon actuel, le baron Kaneko
et M. Kamura, étaient donc ceux qui ont entendu le téléphone
durant l'hiver 1876-1877. [Applaudissements].
Encore quelques mots, et j'en aurai terminé. Le 12 février
1877, je donnai une conférence devant l'Essex Institute de
Salem, dans le Massachusetts, et les lignes furent connectées
à Boston. Le discours fut transmis entre Boston et Salem, et
l'auditoire put entendre la voix de l'orateur, tandis que ceux qui
s'approchaient du téléphone purent converser avec M.
Watson à Boston. À l'invitation de l'Essex Institute,
cette conférence fut reprise le 23 février 1877. L'entrée
était payante, et à cette occasion, une partie des recettes
me fut remise pour ma conférence sur le téléphone.
Je me rendis immédiatement à Boston et nous fîmes
fabriquer un petit téléphone en argent, et il est intéressant
de se rappeler aujourd'hui qu'il fut fabriqué grâce aux
premiers revenus du téléphone. À cette occasion,
un incident très intéressant se produisit. Un journaliste
du Boston Globe a eu l'idée brillante d'envoyer une dépêche
à son journal de Boston par téléphone. À
cette occasion, la première dépêche de journal
jamais envoyée par téléphone a été
envoyée à Boston pour le Boston Globe. C'est, je pense,
plus que tout autre chose, ce qui a éveillé la presse
mondiale aux avantages du téléphone. Cet article du
Boston Globe a été copié dans le monde entier
et a eu une grande influence sur l'opinion publique.
Le 3 avril 1877, nous avons parlé parfaitement librement entre
Boston et New York. Le 5 avril 1877, une conférence a eu lieu
à Providence, dans le Rhode Island, à laquelle ont assisté
de nombreuses personnes. Le discours a été transmis
à Boston depuis Providence, et un clairon de Boston, bien connu
à Providence, a joué, les sons étant entendus
dans toute la grande salle de Providence, dans le Rhode Island.
Le 4 avril 1877 fut inaugurée la première ligne téléphonique,
la première ligne spécialement construite à des
fins téléphoniques. Elle reliait simplement le bureau
de M. Charles Williams, Jr., à Boston, à sa maison.
C'était une ligne courte, mais c'était la première
des centaines de milliers de kilomètres de fil téléphonique
qui ont été posés depuis. Je vous remercie, messieurs.
[Vifs applaudissements.]
LE PRÉSIDENT : Messieurs, je suis sûr que nous apprécions
tous pleinement et hautement le fait que le Dr Bell soit venu nous
parler aujourd'hui. Je suis certain que nombre d'entre nous n'ont
jamais eu le plaisir de le rencontrer auparavant, même si je
pense que nous avons tous eu l'impression de le connaître. Nous
avons également avec nous un autre monsieur qui a consenti
à prendre la parole à l'assemblée, que beaucoup
d'entre vous connaissent personnellement. Il est arrivé un
moment, un moment crucial, dans le développement de l'activité
téléphonique, peut-être le moment le plus crucial
dans le développement des affaires de la Bell Telephone Company.
Mais l'homme était là pour faire face à toute
urgence qui pourrait survenir, et le développement de l'entreprise
a réellement commencé sérieusement lorsque M.
Frederick P. Fish a pris la direction de l'entreprise en tant que
président de la société. (Applaudissements.)
Je tiens à dire à propos de M. Fish que je le connais
bien et qu'il n'y a personne que j'aime plus ; et je ne suis pas prêt
à admettre qu'il y ait quelqu'un ici dans l'auditoire qui le
connaisse aussi bien que moi et qui l'aime moins. [Rires et applaudissements.]
1911 TÉLÉPHONES ANGLAIS
ET TÉLÉPHONES AMÉRICAINS Par M. T.-F. PURVES
Ingénieur en chef des Télégraphes Anglais.
Extrait du Il Post Office Electrical Engineers Journal
", juillet 1911.
L'Angleterre a toujours volontiers rendu hommage
et reconnaît aujourd'hui encore avec plaisir les apports considérables
venus de l'Amérique du Nord en ce qui concerne le développement
de la téléphonie. L'Amérique, en effet, a été
le berceau du téléphone.
Les ingénieurs américains ont donné l'exemple
au monde entier, en matière de téléphonie.
Le commutateur multiple, qui le premier a permis de concentrer
de très nombreuses lignes d'abonnés dans un seul bureau
central, le système de signaux lumineux à batterie
centrale, (lui a notablement amélioré le service
et réduit son prix de revient, les systèmes automatiques
ou mécaniques qui tendent à éliminer l'intervention
humaine de l'opératrice sont des progrès qui nous
viennent d'Amérique ; et nombre d'entre les plus éminents
parmi les initiateurs de ces progrès exercent encore aujourd'hui
leur activité et jouent un rôle considérable
dans la direction des exploitations téléphoniques.
Les compagnies téléphoniques des Etats-Unis se partagent
actuellement en deux camps : les compagnies
" Bell " et les compagnies "Indépendantes
".
Le premier groupe comprend les entreprises organisées pour
exploiter les brevets de M. Graham Bell, le père incontesté
de la téléphonie. Ces compagnies Bell locales sont
actuellement au nombre de trente à quarante et réparties
par tout le pays ; elles forment un ensemble d'unités, en
partie autonomes, placées sous la haute direction et le contrôle
général de la Compagnie American
Telephone and Telegraph laquelle possède en outre
et exploite, en son propre nom, un immense réseau de lignes
à grandes distances.
Quant aux compagnies Indépendantes, elles sont au nombre
de plusieurs centaines. Sans doute, quelques-unes d'entre elles
peuvent être comparées avec les compagnies Bell, au
point de vue de l'importance, mais elles n ont pris, pour la plupart,
qu'un développement absolument minime. Les opérations
d'un grand nombre des petites compagnies Indépendantes ne
s étendent pas au-delà des limites d'une seule ville.
Ces compagnies doivent leur existence à l'esprit d'entreprise
local qui s'est manifesté lors de l'expiration, assez récente
encore, des brevets Bell, et à la volonté d'obtenir,
par la concurrence, un service moins onéreux.
Le groupe Indépendant, considéré dans son ensemble,
possède à peu près la moitié du chiffre
total des 8 millions de téléphones actuellement
en service par le pays.
L'esprit de concurrence entre les compagnies Bell et les compagnies
Indépendantes est très accentué. De nombreuses personnes, aux Etats-Unis, doivent prendre
des téléphones en location auprès des deux
compagnies de leur résidence, afin de pouvoir se maintenir
en relation avec leurs correspondants : c'est évidemment
une situation assez fâcheuse. Le plus souvent, dans une même
ville, les tarifs des Indépendants sont moins onéreux
que ceux des compagnies Bell. Là où la situation est
autre, les Indépendants prétendent que l'abaissement
du tarif de leurs adversaires est le résultat de la concurrende
; cette assertion est, d'ailleurs, généralement exacte.
Le nombre des services gratuits donnés par de nombreuses
compagnies américaines à leurs abonnés est
assez appréciable. Par services gratuits, j'entends des petits
services accessoires pour lesquels il n'est perçu aucune
taxe. Par exemple, il est d'usage absolument courant qu'un abonné
prévienne son bureau central qu'il désire être
réveillé le lendemain à une heure donnée,
ou même qu'il passe un arrangement pour être réveillé
chaque matin. Et la Compagnie sonne le réveil ! On assure
qu'à Chicago, il n'y a pas moins de 80.000 abonnés
qui appellent chaque jour pour savoir l'heure exacte. Les résultats
des élections et ceux des concours de jeu de paume et autres
évènements sportifs sont également communiqués
gratuitement à tous les abonnés qui le désirent.
Le service téléphonique est, dans les grandes villes
d'Amérique, nettement plus rapide qu'en Angleterre.
Le Royaume-Uni possède des installations et un outillage
identiques à ceux de New-York et de Chicago, et pourtant
le résultat obtenu, en fait de célérité
du service, ne semble pas être aussi bon. D'ailleurs, il est
certain qu'à première vue, les travailleurs de toutes
catégories, maçons, portefaix, terrassiers, emballeurs
de viande, à Chicago, ouvriers travaillant le fer et l'acier
dans les usines Carnegie de Pittsburg, ouvriers de fabriques de
toutes sortes, garçons d'hôtel, employés, télégraphistes
et aussi les opératrices du téléphone
il nous faut faire, à regret, cette dernière addition
semblent s'appliquer à leurs besognes respectives
avec une diligence, une activité, un rendement malheureusement
rare de ce côté-ci de l'Atlantique.
Pourtant les opératrices du téléphone se recrutent
en Amérique beaucoup plus difficilement qu'ici ; on pourrait
donc s'attendre à les voir adopter des allures plus lentes
et plus indépendantes. On les attire vers les services téléphoniques
en leur montrant le sort suprêmement enviable de la dame téléphoniste,
l'agréable société dont elle bénéficie,
les réfectoires, salles de lecture, salons de repos faits
pour son confort et son plaisir ; tout est présenté
à la candidate téléphoniste sous une forme
attrayante ; seule, l'obligation insignifiante, et apparemment sans
importance, d'avoir à fournir une certaine somme de travail
semble y avoir été omise.
On parle souvent du service téléphonique américain
interurbain comme étant beaucoup plus rapide que celui donné
par le Post-Office britannique ; pourtant, les statistiques générales
des deux services, considérées dans leur ensemble,
montrent que le laps de temps moyen s'écoulant avant que
l'on puisse obtenir une connexion interurbaine n'est pas beaucoup
plus long en Angleterre qu'en Amérique.
La supériorité du service américain existe
incontestablement pour les communications entre grands centres.
Elle s'explique par le fait que, entre les principales villes, les
lignes interurbaines sont bien plus nombreuses que dans le Royaume-Uni.
Par suite de cette circonstance, les tarifs téléphoniques
américains sont élevés ; ils sont le double
ou le triple de ceux pratiqués par le Post-Office britannique,
à égalité de distance. Le public américain
paye volontiers des taxes interurbaines assez onéreuses ;
mais pourtant, d'après les statistiques, il utilise les conversations
interurbaines dans une mesure beaucoup moindre que le public anglais.
Le petit abonné américain se procure rarement le luxe
de téléphoner à de grandes distances ; et c'est
l'abonné important et riche qui retire tout le bénéfice
de la célérité du service.
Dans le Royaume-Uni, où les taxes sont moins élevées,
les lignes interurbaines écoulent beaucoup plus de conversations
et chacun doit attendre plus longtemps son tour. Il serait difficile
d'amener le public anglais à se soumettre aux taxes interurbaines
élevées nécessaires pour la construction du
grand nombre de lignes nouvelles, afin de créer un réseau
semblable au réseau américain. Chaque ligne doit donner
une recette suffisante pour payer l'exploitation et l'entretien
; aussi, la question de la célérité dans le
service interurbain es-t-elle fort difficile à résoudre.
Il faut ajouter que non seulement les lignes interurbaines anglaises
demeurent inactives pendant beaucoup moins de temps que les américaines,
mais que le temps perdu, ou plutôt employé à
la transmission des appels et à l'établissement des
connexions, est beaucoup moindre pour le réseau anglais.
La présence, dans le Royaume-Uni, de lignes interurbaines
bien moins nombreuses a mis le Post-Office dans la nécessité
de rechercher le moyen d'obtenir, sur les lignes existantes, le
maximum de rendement durant les heures actives de la journée,
et, sous ce rapport, peu de choses sont à prendre en Amérique.
En ce qui concerne la qualité de la transmission, il n'y
a guère de différence entre les deux administrations
; une supériorité, si elle existe, est plutôt
en faveur de l'Angleterre : ses lignes interurbaines sont généralement
construites avec plus de soin.
Il est possible de converser à travers de grandes distances,
mais généralement une conversation sur un parcours
de plus de 600 à 800 kilomètres, n'est pas facilement
réalisable. Cependant, on trouve des lignes très bonnes
entre certaines villes importantes des États-Unis et, parfois,
on peut obtenir une communication très satisfaisante entre
New-York et Chicago, dont la distance est de 1.500 kilomètres.
La construction de la ligne New-York-Denver est la chose la plus
importante réalisée jusqu'ici en matière de
téléphonie à grande distance ; elle ne peut
qu'exciter l'admiration de quiconque est en mesure d'apprécier
l'habileté mathématique et la science électrique
des ingénieurs qui ont travaillé à l'obtention
d'un résultat aussi remarquable.
Tous les ingénieurs s'occupant de téléphonie
s'intéressent vivement, aujourd'hui, à la question
des bureaux centraux automatiques ; aussi, n'avons-nous pas négligé,
au cours de notre mission en Amérique, d'examiner ce sujet.
L'objectif principal du système automatique est de réduire
les frais d'exploitation du bureau central, en donnant à
l'abonné la possibilité d'obtenir la connexion désirée
par sa propre action et sans avoir à faire intervenir des
opératrices. Le système automatique prétend
en outre réaliser une accélération du service.
Chaque téléphone est pourvu d'un dispositif mécanique
d'appel au moyen duquel l'abonné peut, d'une manière
fort simple, transmettre le numéro du correspondant désiré.
Sur certains systèmes, ce dispositif d'appel comprend une
série de petits leviers dont chacun est amené
sur la position correspondante à un des chiffres du numéro
à signaler. Dans d'autres systèmes, le même
dispositif d'appel consiste en un simple disque tournant portant
dix chiffres, 0 à 9, qui sont marqués sur sa périphérie
: on transmet l'appel d'un numéro quelconque en faisant tourner
successivement le cadran jusqu'à la position correspondante
à chaque chiffre du nombre en cause et en le laissant chaque
fois revenir au zéro.
Le fait d'amener chaque' chiffre lance une série d'impulsions
électriques, lesquelles actionnent le mécanisme sélecteur
et connecteur du bureau central et effectuent la connexion avec
la ligne désirée.
La première conception d'un pareil système remonte
à plus de vingt ans et elle est généralement
attribuée à M. Strowger,
dont le nom désigne encore aujourd'hui le système
automatique de la Compagnie Automatic Electric
de Chicago, système dont le développement pratique
est beaucoup plus répandu que celui de tous les autres systèmes
similaires concurrents.
La tentative de M. Strowger était à la fois hardie
et intéressante ; comme beaucoup d'autres de môme espèce,
elle fut très froidement accueillie au début. Elle
semblait par trop compter sur de simples machines pour diriger exactement
des milliers d'appels quotidiens au travers des réseaux compliqués
des grandes villes. Mais la confiance nécessaire, avec l'intelligence
et l'argent, n'a pas fait défaut ; par suite, aujourd'hui,
la plupart des ingénieurs sont tout disposés à
admettre que, sous une forme ou sous une autre, les machines automatiques
sont destinées à jouer un grand rôle dans la
téléphonie de l'avenir. L'idée de la téléphonie automatique a
pris naissance, comme nous l'avons dit, en Amérique ; c'est
dans le même pays que ses plus importants développements
ont été réalisés. Durant ces cinq ou
six dernières années, les progrès ont été
considérables tant dans la conception et le perfectionnement
de systèmes automatiques, que pour l'établissement
d'installations pratiques. Actuellement, on ne compte pas moins
de 250.000 téléphones desservis, aux Etats-Unis, par
des bureaux centraux automatiques.
Plus de 95 % des installations automatiques en activité sont
du système Strowger, sous la forme que lui a donnée
la Compagnie " Automatic Electric " ; les 5 %restant représentent
le résultat des travaux d'autres entreprises, dont les ingénieurs
ont imaginé des systèmes souvent remarquables et efficaces.
Les systèmes semi-automatiques, eux-aussi,
cherchent à obtenir la faveur du public. Dans le service
semi-automatique, l'abonné n'a besoin que d'un téléphone
ordinaire à batterie centrale. On appelle l'opératrice
du bureau central en la manière usuelle, en décrochant
le récepteur, et le mécanisme automatique est mis
en mouvement par l'opératrice. Cette dernière reçoit
de l'abonné appelant l'indication verbale du numéro
désiré, et elle le reproduit en abaissant une série
de clefs convenables ; les machines font le reste de la besogne.
La rapidité avec laquelle l'opératrice peut écouler
les appels de cette manière est bien plus grande que sur
un meuble commutateur ordinaire, où la même opératrice
doit établir les connexions au moyen de fiches et de cordons
simples, essayer et appeler la ligne demandée.
Le mécanisme sélecteur actuel pour
bureaux centraux semi-automatiques est pratiquement identique à
celui utilisé dans les systèmes complètement
automatiques.
Le principe des deux systèmes est simple et facilement compréhensible.
Supposons un abonné, desservi par
un système complètement automatique, qui désire
être relié au n° 4683. Il envoie d'abord, par son
dispositif d'appel, le chiffre 4, lequel transmettra quatre impulsions
électriques sur sa ligne. Ces impulsions agissent sur un
organe mécanique commutateur et elles font avancer ses brosses
de contact ou frotteurs, les plaçant en connexion avec une
ligne de jonction qui se rend au quatrième groupe des mille.
L'autre extrémité de la même ligne de jonction
est reliée de façon permanente à un deuxième
sélecteur qui a accès aux lignes de tous les abonnés
dont les nombres se trouvent entre 4000 et 4999. L'abonné
appelant transmet ensuite le chiffre 6 qui amène les frotteurs
du deuxième sélecteur en contact avec une ligne se
rendant à un troisième sélecteur ou Il connecteur
" du sixième groupe des centaines. A ce connecteur sont
reliées de façon permanente toutes les lignes entre
4600 et 4699. Ensuite, la transmission du troisième chiffre
d'appel, 8, amène les frotteurs au groupe " 80 ",
enfin, le dernier chiffre, 3, fait avancer les frotteurs de trois
degrés et les met en contact avec la ligne désirée
4683.
Telles sont les opérations essentielles ; mais, dans l'aménagement
pratique d'un bureau central, il faut encore avoir soin de prévoir
un bon nombre de détails subsidiaires. Il y a des commutateurs
automatiques, présélecteurs, qui entrent en action
aussitôt que le récepteur a été soulevé
et qui, choisissant un premier sélecteur inoccupé,
le placent en connexion avec la ligne de l'abonné appelant,
prêt à recevoir le premier chiffre du numéro
appelé. Les divers sélecteurs, dans chaque phase de
l'opération, n'ont pas seulement à trouver le groupe
en correspondance avec les impulsions d'appel, ils doivent en outre
rechercher et saisir un circuit auxiliaire libre se rendant à
un sélecteur de l'ordre numéral suivant. Les circuits
auxiliaires se rendant au groupe désiré sont essayés
rapidement l'un après l'autre, et le mécanisme, saisissant
le premier circuit inoccupé qui se présente, le rattache
à la ligne appelante. Après quoi ce circuit auxiliaire
donnera le signal "occupé " sur tous les sélecteurs
sur lesquels il est multiplé.
En outre, le connecteur doit être
pourvu de moyens permettant d'essayer la ligne désirée
et de faire parvenir le signal d'occupation à l'abonné
appelant, si le correspondant que recherche ce dernier se trouve
déjà engagé dans une autre conversation. De
plus, si l'abonné appelé possède plusieurs
lignes, il faut que le connecteur définitif recherche une
ligne inactive et se rattache à cette dernière, puis
qu'il fasse retentir la sonnerie de cette ligne à de courts
intervalles. Si l'abonné appelé est desservi par une
ligne commune à plusieurs abonnés, il faut alors que
le connecteur définitif fasse convenablement les connexions
et choisisse le courant convenable de sonnerie, pour appeler l'abonné
désiré sans déranger les autres abonnés
du même groupement. Enfin, une fois que la connexion a été
établie, et que l'abonné appelé a répondu,
le mécanisme enregistre la conversation sur un compteur,
quand il s'agit d'un service à conversations taxées.
Le même connecteur doit
en outre maintenir le signal "occupé" sur toutes
les lignes auxiliaires et sur tous les commutateurs utilisés,
de façon que toute personne voulant intervenir puisse être
éloignée du circuit pendant que la conversation se
poursuit. Enfin, aussitôt que la conversation est achevée
et que les abonnés intéressés ont raccroché
leurs récepteurs, il faut que tous les organes commutateurs
soient ramenés à la position normale, que les signaux
Il occupé " soient supprimés ; en un mot, que
tout soit rendu disponible pour servir à une nouvelle conversation.
D'ordinaire, les bureaux centraux automatiques renferment
en outre un système de signaux d'avertissement destinés
à attirer l'attention des surveillants sur lout dérangement
de l'appareil qui empêche ce dernier de remplir convenablement
sa fonction; de plus, des dispositifs spéciaux permettent
d'obtenir la liaison avec les circuits interurbains, ainsi qu'avec
les autres bureaux centraux, manuels ou automatiques, de la même
localité.
Jusqu'à l'époque actuelle, les
grandes compagnies Bell des Etats-Unis compagnies dont les
ingénieurs ont enseigné au monde entier la meilleure
construction des meubles commutateurs manuels ont refusé
de s'occuper des systèmes automatiques et les ont sévèrement
critiqués.
Tous les progrès réalisés dans l'emploi des
systèmes automatiques ont été l'oeuvre d'entreprises
indépendantes.
Actuellement, la Compagnie téléphonique
indépendante de Chicago, dite Compagnie
Illinois Tunnel installe un système automatique pour
80.000 abonnés à l'aide de huit bureaux
centraux, chacun de 10.000 abonnes. Tous ces bureaux centraux seront
connectés entre eux et fonctionneront ensemble comme une
seule unité. On a fixé le type de l'outillage afin
de pouvoir porter le réseau au chiffre ultime d'un million
de lignes. La construction des bureaux centraux automatiques en question
était en cours à Chicago en janvier dernier.
Déjà plus de 20.000 lignes fonctionnent et on assure
que la Compagnie intéressée a déjà recruté
plus de 40.000 abonnés dont on pousse l'installation avec
toute la rapidité possible. Si l'on songe que Chicago, avec
une population d'environ trois millions d'âmes, comptait déjà
plus de 250.000 téléphones Bell en service au moment
où la concurrence a fait son apparition, on ne peut qu'admirer
le courage et l'assurance dont a fait montre la Compagnie Indépendante
rivale en lançant son projet.
Nous nous trouvions dans le bureau principal de
l'entreprise automatique, un soir, au moment où les placeurs
(on les appelle "solliciteurs" aux États-Unis)
venaient rendre compte du résultat de leurs démarches
de la journée. Ils encombraient l'escalier comme la foule
qui pénètre dans un théâtre, chacun portant
sous le bras son échantillon de téléphone automatique,
dont il avait dépeint les mérites transcendants à
tous les citoyens de Chicago, avides de progrès, qui avaient
consenti à l'écouter.
On se demande quel chiffre énorme de téléphones
on rencontrerait aujoutd'hui en Angleterre, si l'industrie téléphonique
avait montré la même détermination !
Comme nous l'avons dit, les compagnies Bell ne
sont pas encore converties au système automatique, et
elles n'admettent pas que le public puisse arriver à manuvrer
avec succès le téléphone automatique ; elles
se rendent cependant compte que les organes de l'appareil logés
dans le bureau central peuvent fonctionner de façon satisfaisante,
car elles ont chargé la Compagnie Western
Electric de construire pour elles un système semi-automatique.
Ce dernier système est actuellement à
l'essai à New-York.
L'installation d'essai ne comprend que 500 lignes, mais elle a élé
prévue d'après un type qui permettra l'extension jusqu'à
desservir près de deux millions d'abonnés, dont les
lignes respectives aboutiront à environ 100 bureaux centraux,
ayant chacun 20.000 lignes.
On ne perd donc nullement de vue, aux Etats-Unis, les besoins des
grandes villes pour les années à venir. Rien, dans
la nature des choses, ne s'oppose à ce que l'on ajoute un
autre chiffre, de façon à élever la capacité
du système jusqu'à 20.000.000 d'abonnés, bien
que la complexité d'une pareille installation trouble quelque
peu l'imagination et que les opérations d'appel doivent être
assez longues.
En effet, dans un pareil cas, l'abonné devrait manuvrer
le dispositif d'appel de manière à envoyer jusqu'à
huit chiffres, pour atteindre un correspondant titulaire d'un numéro
d'ordre élevé.
Le système semi-automatique construit par
la Compagnie "Western Electric "
repose sur un principe entièrement original et nouveau
et présente un miracle d'ingéniosité. Il peut
facilement s'adapter aux exigences d'un service entièrement
automatique.
Ce système en question, qu'il soit semi-automatique ou entièrement
automatique, semble devoir être un adversaire redoutable pour
les autres systèmes ; la lutte aboutira, en dernier ressort,
à la survivance du système le plus approprié
aux besoins.
Le Post Office britannique, vient de décider
de faire aussi un essai des bureaux centraux automatiques.
La première mesure, dans ce sens, va consister en une "expérience
sur la bête". A cet effet, on va établir une installation
qui constituera le réseau téléphonique officiel
du Post Office Général, et on ne tardera pas ensuite
à avoir deux autres systèmes automatiques, ou plus,
fonctionnant dans des bureaux centraux qui desservent le public.
C'est seulement de cette manière que l'on pourra déterminer
si le public anglais éprouve de la sympathie pour les dispositifs
automatiques.
En ce qui concerne les Etats-Unis, nous avons mis
à profit toutes les occasions qui se sont présentées,
afin de déterminer les sentiments du public.
Nous avons rendu visite à de nombreux abonnés utilisant
à la fois le système automatique et le système
manuel rival des compagnies Bell, et il faut avouer que, dans la
grande majorité des cas, nous avons constaté une préférence
bien tranchée pour le système automatique.
Sans doute, il y a différentes raisons qui font que l'on
doit accepter avec réserve le résultat de notre enquête
et n'en pas tirer des déductions trop nombreuses ; pourtant,
il semble avéré que l'abonné américain,
en général, aime à se tirer d'affaire par ses
propres efforts, sans attendre l'intervention d'une opératrice.
D'ordinaire, en huit ou dix secondes, cet abonné aura obtenu
le numéro qu'il désire ou aura reçu un signal
d'occupation. Une autre chose qu'apprécient la plupart des
abonnés américains, c'est que la remise en place du
récepteur, une fois qu'une conversation se trouve achevée,
rend la ligne libre instantanément et qu'on peut aussitôt
procéder à un nouvel appel.
Naturellement, la question essentielle est la suivante
:le système automatique reviendra-t-il à meilleur
compte, dans son installation et son exploitation, que le
système manuel ? Permellra-t-il de réduire
les taxes réclamées du public ?
En cas d'affirmative, son succès est assuré. Il comporte
naturellement une forte économie du chef de l'élimination
des opératrices; mais en regard de cette circonstance, il
faut tenir compte de l'augmentation de dépenses en mécaniciens
expérimentés chargés de l'entretien et, probablement
aussi, de la plus rapide détérioration de l'appareil.
S'il n'y a pas de différence appréciable dans le prix
de revient des deux systèmes, pour ma part, je préférerais
m'en tenir au système manuel. Je pense qu'il vaut bien mieux,
au point de vue général et social, payer des opératrices
chargées d'exécuter le travail positif utile, au lieu
de consacrer la même somme à rétribuer des hommes
qui auraient mission de rechercher des dérangements dans
un mécanisme compliqué et de faire disparaitre des
troubles, une fois que ces derniers se sont produits. Quoi qu'il en soit, j'estime que le régime automatique,
sous une forme ou l'autre, a conquis droit de cité.
Transportons-nous maintenant à l'autre extrémité
du domaine téléphonique, à l'extrémité
la plus simple en ce qui concerne l'appareil et mentionnons les
services téléphoniques ruraux des Etats-Unis.
" Le développement des lignes de fermiers ", est
dû en général à l'initiative du public
lui-même, lequel avait construit un
grand nombre de lignes dans les districts peu fréquentés
du pays, avant que les compagnies téléphoniques eussent
découvert qu'il y avait de grosses recettes à tirer
des services téléphoniques ruraux. On rencontrait
des matériaux étranges sur les lignes construites,
au début, par les fermiers.
Cà et là, sur-un poteau dépassant les haies,
un morceau de fil de fer de clôture enroulé sur des
goulots de bouteilles brisées surmontant l'extrémité
supérieure du poteau et jouant le rôle d'isolateurs
: C'est là tout ce qu'il fallait pour mettre dix à
douze fermiers en communication entre eux.
Aujourd'hui, le matériel entrant dans les
lignes rurales est un peu meilleur ; mais les fermiers continuent,
le plus souvent, à construire eux-mêmes ces lignes.
De nombreuses maisons d'articles téléphoniques, répandues
par tout le pays, pourvoient aux besoins en fait de matériel.
Une seule ligne peut desservir jusqu'à vingt habitations,
en aboutissant a un ou deux bureaux centraux qui donnent la communication
avec le monde extérieur ou, tout au moins, avec le marché
le plus proche. Naturellement, avec les lignes rurales, les conversations
au travers de grandes distances sont impossibles, car ces lignes
ne réunissent que bien peu des conditions requises pour communiquer,
par exemple, de New-York à Denver. Chaque téléphone
est accompagné d'un puissant appel magnétique, et
les appels parviennent à toutes les personnes se trouvant
sur la ligne.
Il a donc fallu organiser un système de signaux, en sorte
que chaque correspondant puisse reconnaître quand il est demandé
a l'appareil ; de plus, là où les personnes rattachées
à la même ligne dépassent le chiffre de six,
on applique un système de combinaisons de sonneries alternativement
prolongées et brèves. Naturellement, chacun peut,
s'il le désire, entendre la communication de son voisin ;
on a même prétendu que c'était là une
des raisons principales qui ont fait la popularité du système
de lignes de fermiers !
Avec toutes ses caractéristiques originales,
la ligne téléphonique du fermier ne laisse pas de
jouer un rôle remarquable dans la vie rurale des Etats-Unis.
Elle a merveilleusement atténué la solitude des petites
fermes parsemées sur plusieurs milliers de lieues carrées,
en même temps qu'elle a procuré d'importants bénéfices
aux propriétaires de ces fermes,
Un autre point qui mérite de retenir l'attention,
c'est la facilité relative avec laquelle les compagnies téléphoniques
des Etats-Unis parviennent à faire échapper leurs
lignes aux influences néfastes des arbres. Non seulement
la sécheresse du climat les assiste grandement dans le maintien
d'un bon isolement, mais, les propriétaires fonciers observent,
en matière d'élagage des arbres, une attitude bien
plus raisonnable et bien plus favorable aux intérêts
généraux que celle que nous rencontrons d'ordinaire
en Europe.
Des nombreuses choses que nous avons vues et admirées
dans la téléphonie des Etats-Unis, il n'en est aucune
qui m'ait impressionné autant que la perfection de l'organisation,
les principes administratifs qui forment la base de cette organisation
et la sincérité avec laquelle tous semblent avoir
confiance en ladite organisation et l'appuyer. L'organisation en
question porte l'empreinte caractéristique des méthodes
générales américaines ; elle est, dans une
large mesure, la source du succès remporté par le
pays dans le domaine téléphonique. Ses trois principes
fondamentaux sont : la spécialisation dans des limites raisonnables,
la répartition des responsabilités et la coopération
directe entre fonctionnaires qui doivent travailler en commun.
Le Post Office semble vouloir suivre la même
tendance. Il a en effet déjà introduit la spécialisation
dans une large mesure.
Quant à la délégation des pouvoirs émanant
de l'autorité supérieure, elle progresse et l'on peut
compter qu'elle sera étendue encore beaucoup plus loin. Mais
elle n'ira jamais à la limite qu'elle a atteinte chez les
compagnies téléphoniques américaines, où
nous voyons l'opératrice en chef d'un bureau central investie
du droit de recruter son propre personnel, de licencier les opératrices
incapables ou non satisfaisantes pour le service. D'ailleurs, il
n'est nullement désirable de voir les choses poussées
aussi loin dans le Royaume-Uni.
Aux États-Unis, on a aussi substitué
la discussion directe et la coopération entre services associés
au système qui consiste à coordonner et diriger séparément
ces services au moyen d'un personnel d'état-major général,
constituant le canal légitime des communications entre lesdits
services ; cette innovation mérite
que le Post Office lui accorde son attention.
L'un des points les plus saillants de l'organisation
américaine, pour un technicien, est la large définition
donnée au terme "technique".
L'ingénieur en chef de la Compagnie "American Téléphoné
and Telegraph" a sous ses ordres des ingénieurs du "
trafic " aussi bien que des ingénieurs des "constructions
et entretien"; il peut ainsi étudier efficacement le
développement et les besoins de l'ensemble
des services et établir des types de constructions pratiques
qui s'adaptent convenablement les uns aux autres, pour l'instruction
et la bonne conduite de toutes les Compagnies Bell associées,
ainsi que des exploitations télégraphiques placés
sous son contrôle.
Ces dernières exploitations consistaient
primitivement en la location de circuits, dits fils privés
superposés aux lignes téléphoniques à
grande distance; elles ont été, dans ces derniers
temps, considérablement étendues, en suite de l'acquisition,
faite par la Compagnie American Telephone
and Telegraph ", de la Compagnie " Western
Union ", ainsi que du réseau de câbles
et de l'important service télégraphique intérieur
de cette dernière.
La fusion des deux entreprises est due dans une large mesure, je
le crois du moins, à la juste appréciation des avantages
que donnerait la coordination des deux services, et les meilleures
méthodes pour réaliser cette coordination font actuellement
l'objet d'études poussées activement. Un haut fonctionnaire
de la Compagnie "American Telephone and Telegraph ", qui
se trouve actuellement en Angleterre, a déclaré avoir
recueilli de précieuses informations en analysant les méthodes
déjà adoptées par le Post Office britannique
pour amener les systèmes télégraphique et téléphonique
à se compléter l'un l'autre.
Très probablement, nous verrons des innovations importantes
se dessiner sous peu aux Etats-Unis dans le même sens, au
profit manifeste des deux serviçes.
La valeur des statistiques régulières
est hautement appréciée aux États-Unis comme
moyen de contrôle de l'exploitation des vastes organisations
commerciales de toutes sortes ; on s'attache avec le plus grand
soin à les dresser systématiquement pour fournir les
informations essentielles nécessaires aux fonctionnaires
chargés de la direction. Les compagnies téléphoniques
ne constituent pas une exception sous ce rapport. On nous a assuré,
aux Etats-Unis, que les idées maîtresses suivies dans
l'organisation des méthodes statistiques sont les suivantes
: en premier lieu, aucun agent ne doit être invité
à fournir des statistiques qui ne lui seraient pas pratiquement
utiles: à lui-même pour apprécier le résultat
du travail dont il a la responsabilité ; en second lieu,
il est nécessaire de rendre la série des documents
statistiques uniformes assez complète pour éviter,
dans la plus large mesure possible, que le personnel n'interrompe
ses travaux ordinaires pour dresser des états spéciaux.
Les documents statistiques passent par de nombreuses mains
et sont soigneusement compulsés avant de parvenir aux chefs
de l'entreprise sous une forme qui permette d'exprimer le fonctionnement
de chaque branche du service en termes simples, c'est-à-dire
en dollars et en cents.
L'harmonie avec laquelle toutes les catégories
d'employés collaborent ensemble dans les services américains
est manifeste.
Toutes les réflexions à ce sujet conduisent à
la conclusion suivante : « Employez des hommes de haute valeur
et il n'y aura pas de froissements ».
1913 : ORGANISATION DU PERSONNEL
DES BUREAUX TÉLÉPHONIQUES
AUX ÉTATS-UNIS D'après un rapport de mission de
MM. J. Statuart Jones, John Lee, A-V. Martin et T-F. Purves, ingénieurs
au Post-Office
Les questions se rattachant à l'organisation
du personnel sont fort différentes, en Amérique, de
ce qu'elles sont en général dans les autres pays.
La plupart des Compagnies américaines éprouvent une
certaine difficulté à se procurer des opératrices.
Celle-ci quittent généralement très rapidement
leur emploi ; dans certaines villes, la durée moyenne de
service se trouve réduite jusqu'à 21 mois et elle
dépasse rarement quatre années.
Les emplois réservés aux femmes, en Amérique,
sont très nombreux, mais ils sont peu recherchés en
raison du service que l'on exige la nuit et le dimanche de la part
des téléphonistes.
De plus, les Compagnies téléphoniques sont beaucoùp
plus exigeantes que les administrations en ce qui concerne le rendement
et l'état de santé des opératrices.
A Boston, durant le premier semestre de l'année 1910, 70
opératrices ont démissionné pour se marier,
154 pour changer de situation, 142 ont démissionné
en raison de leur mauvais état de santé ; enfin 185
ont été licenciées.
Ce renouvellement constant fait qu'on demande beaucoup de personnel
assez difficile à recruter et ceci n'est pas sans inspirer
le désir d'avoir un service automatique, désir qui
se manifeste surtout dans les villes de l'Ouest où le recrutement
est encore plus difficile que sur les autres points du pays.
Les émoluments payés par les différentes Compagnies
sont à peu près identiques, et une unification générale
est en voie de réalisation,
La Compagnie de New-York seule paye davantage que les autres en
raison du prix de la vie et des déplacements. Les prix moyens pour l'ensemble du pays sont les suivants :
En examinant ces chiffres, il ne faut pas oublier
que le coût de la vie, aux Etats-Unis, est au moins deux fois
plus cher qu'en Europe.
Les Compagnies ont pour principe de rétribuer
leurs employés dans la mesure du travail qu'ils fournissent.
De là un système d'augmentations périodiques
qui est basé sur les notes fournies par la surveillante principale.
On apprécie la qualité du travail fourni par les essais
effectués à partir des appareils des abonnés
et en se plaçant en écoute sur le poste d'opératrice.
Les opératrices du service interurbain
sont généralement mieux rétribuées que
les téléphonistes ordinaires.
La durée de la présence au bureau
est généralement de 10 heures par
jour; mais il y a un tendance générale à la
réduire, et la New York Telephone étudie en ce moment
un projet qui abaisse à neuf heures la durée journalière
des vacations.
Le travail peut être effectué
en plusieurs vacations, et les frais additionnels de voyages qui
en résultent sont à la charge de la Compagnie.
Des repos sont accordés deux fois par jour, mais jamais entre
10 heures du matin et midi. On donne généralement
30 minutes aux opératrices pour leur permettre de prendre
le lunch.
Le personnel de nuit de New York a droit à deux heures de
repos. A Boston, le personnel de nuit travaille de 10 heures du
soir à 7 heures du matin. Certaines Compagnies privées
font travailler les opératrices debout pendant cinq minutes
dans le courant de la matinée et cinq minutes dans l'après-midi,
ce qui, assure-t-on, procure un soulagement appréciable.
Mentionnons en passant que, dans beaucoup de bureaux, les opératrices
entrent et sortent en rang dans un ordre parfait; on considère
ceci comme une préparation, utile et précieuse, pour
les cas d'incendie, de plus, cela donne aux salles une apparence
plus ordonnée.
Dans aucun bureau central, on ne trouve d'hommes.
La spécialisation du personnel est
de règle ; mais on a prévu une certaine latitude de
déplacement d'un poste à l'autre afin de pourvoir
aux absences. Il n'existe pas un roulement général
d'attributions. Les postes d'annotatrices sont réservés
aux plus anciennes employées. Dans le service urbain, on
considère que les groupes B sont plus difficiles à
tenir que les groupes A ; dans les écoles, on enseigne seulement
les manipulations des groupes A. Le service des renseignements revient
aux opératrices les plus anciennes.
Des congés sont accordés pour
le dimanche. On évite, autant que possible, de retenir les
opératrices après les heures normales de présence.
Lorsque le personnel ordinaire est retenu après expiration
des heures normales, par exemple pendant les périodes d'élections,
on prend dos dispositions spéciales ; c'est ainsi qu'un jour,
paraît-il, des chambres furent retenues pour des dames téléphonistes
dans un hôtel de New York. Les congés de maladie et
les congés annuels sont accordés selon les mérites
professionnels et la durée des services de l'opératrice.
Un jour payé, par mois de service, est accordé
pour les congés de maladie, avec un maximum de deux semaines
par an. Les congés annuels les plus longs sont de 10 jours.
Dans certains cas on peut accorder jusqu'à deux mois de congé
de maladie.
Il ne faut pas se dissimuler, toutefois, qu'en Amérique on
licencie plus facilement qu'ailleurs les opératrices dont
l'état de santé laisse à désirer. Pour
l'ensemble du service, la moyenne générale des congés
de maladie s'élève seulement à 2 %, soit à
peu près six jours par opératrice et par an.
Pour ce qui est des repas, d'ordinaire la
Compagnie fournit le café et le lait, les ustensiles de cuisine
et un cuisinier.
La « Chicago Téléphoné Cy » est
la seule qui donne un repas quotidien complet à tout son
personnel. Ces repas sont excellents ; ils reviennent à la
Compagnie à environ 5 cents par opératrice et par
jour. Cette Compagnie distribue ces repas gratuitement surtout pour
s'attacher ses opératrices ; elle obtient ainsi finalement
une économie, et assure un meilleur travail en améliorant
l'état de santé de son personnel. Cette Compagnie
fournit également des salles de repos très confortables,
encourage l'organisation do cours de chant, de gymnastique ainsi
que l'ouverture de succursales des bibliothèques municipales.
Il y a une tendance, chez les autres Compagnies,
à croire que la « Chicago Telephone Cy » est
beaucoup trop libérale. L'installation des lavabos est excellente,
et on rencontre de longues rangées de porte-manteaux pour
les chapeaux et les vêtements. L'infirmerie constitue encore
une nouveauté, elle contient des couchettes sur lesquelles
peuvent reposer les opératrices indisposées. Les femmes
de charge doivent pouvoir traiter les cas d'indispositions ordinaires
et dans tous les autres cas on n'hésite pas à faire
intervenir immédiatement un médecin. Dans plusieurs
bureaux de Boston, on a aménagé des jardins suspendus
; mais cette innovation semble plutôt rentrer dans le domaine
de la fantaisie.
Les surveillantes reçoivent jusqu'à
24 dollars par semaine. La surveillante principale a une très
grande responsabilité. Elle peut nommer et licencier les
employées, accroître l'effectif de ses subordonnées
en se guidant sur l'importance du trafic. Elle est placée
directement sous la dépendance du chef du district, et non
pas sous celle du chef adjoint du trafic,
qui n'a de relations qu'avec le public. L'avancement au choix est
de rigueur ; on tient bien c'ompte de l'ancienneté, mais
dans une mesure restreinte. L'habileté professionnelle des
surveillantes est remarquable. Celles de Boston n'ont que sept heures
de travail de surveillance ; elles consacrent le reste de la journée
à des travaux d'écritures. Les
surveillantes font appliquer la discipline jusque dans les salles
de repos où l'une d'elles doit se tenir toutes les fois que
des opératrices s'y trouvent réunies en nombre.
Toutes les Compagnies s'attachent spécialement
à l'instruction professionnelle des opératrices. Les
méthodes varient un peu, mais. un bref résumé
des points communs peut présenter de l'intérêt.
Les élèves reçoivent une rétribution,
de sorte qu'on peut immédiatement leur imposer la discipline.
On estime généralement qu'après trois ou quatre
semaines, une élève sera en mesure de tenir un poste
A. La monitrice est rétribuée à peu près
au même taux que les surveillantes. Ordinairement, elle possède
le don de l'enseignement aussi bien que la pratique de la téléphonie.
Les cours consistent en conférences, exercices écrits
et travaux pratiques. Les conférences traitent chacune d'une
partie du travail d'une opératrice. Les élèves
doivent répéter de mémoire un résumé
de la conférence, puis le rédiger. De cette manière,
les quelques règles simples se rapportant au travail d'une
opératrice A sont toutes apprises au bout d'une semaine.
La conférencière n'hésite pas à parler
de quelques questions en apparence étrangères au sujet
pour retenir l'attention. C'est ainsi qu'elle expose, par exemple,
la valeur économique du service téléphonique
et cherche à développer les sentiments de fierté
et de dignité de ses élèves. En outre, elle
fait de temps en temps une de ses conférences par téléphone
afin d'exercer ses élèves.
Dans la deuxième période, on
partage les élèves en des groupes que l'on place devant
des tableaux commutateurs. A partir de tables disposées en
face du tableau, les surveillantes font des appels, elles peuvent
jouer le rôle d'abonné ou de cabine publique avec payement
automatique, ou encore, elles peuvent occuper un poste B et recevoir
des appels provenant des élèves. Autant que possible
tout se fait par téléphone, pour que les opératrices
s'habituent complètement à l'emploi de l'appareil.
Tous les différents détails du service d'une opératrice
sont compris dans le cours, et au moment de sa mise en service l'élève
se trouve être parfaitement en mesure d'occuper un poste A
moyen.
Les surveillantes sont en assez grand nombre
; leur proportion au regard du nombre des opératrices, dans
les bureaux urbains est généralement de 1/8 et de
1/6 pour les bureaux interurbains, sans parler des surveillantes
principales.
La proportion des surveillantes principales
par rapport aux surveillantes, est de 1/5 dans les bureaux interurbains.
A proprement parler, il n'y a pas de chefs
de bureaux centraux. Depuis quelques années, la tendance
a été de placer les bureaux centraux sous la direction
de femmes ; mais on rencontre encore un petit nombre de chefs de
district qui sont responsables de l'exploitation dans leur subdivision.
Les chefs districtuels de trafic sont généralement
recrutés dans les écoles publiques ; ils reçoivent
une instruction générale, portant sur les questions
de matériel, sur les questions commerciales et les questions
de trafic, qui dure une année. Ils passent par l'école
des opératrices, ils exécutent la surveillance du
service, enfin ils acquièrent quelques connaissances techniques.
D'ordinaire, un chef de district a trois adjoints.
L'un d'entre eux travaille dans le bureau du chef ; le deuxième
se tient dans la salle du multiple pour répondre au public
; enfin le troisième remplit les fonctions de chef du trafic
pendant la nuit. Ayant plus d'un bureau central sous ses ordres,
il peut appliquer des méthodes de comparaison et jouer un
rôle d'administrateur plus que de directeur de bureaux centraux.
Le chef de district a des rapports étroits
avec le directeur du matériel du district ainsi qu'avec le
directeur commercial correspondant.
Les travaux d'écritures sont effectués,
dans la section de la Comptabilité, par un personnel féminin
dont les émoluments sont un peu inférieurs à
ceux des opératrices. Ces dernières employées,
affectées à la Comptabilité, touchent en moyenne,
à New York, 8 dollars par semaine.
Cette situation est plus recherchée parce qu'elle ne comporte
pas de vacations de nuit et de dimanche : aussi les candidates à
ces derniers emplois ne font-elles pas défaut, comme les
candidates aux fonctions d'opératrices. Ces employées
ont un avenir limité, mais elles peuvent devenir caissières
dans les bureaux publics au traitement de 12 dollars par semaine,
ou elles peuvent devenir surveillantes d'une section du service
de la Comptabilité. On rencontre un très grand nombre
de sténographes et de dactylographes, dont la rétribution
diffère peu de celle allouée aux opératrices.
Il est incontestable que l'on attribue, fin Amérique, assez
peu de valeur aux travaux d'écritures et de comptabilité.
Les hommes ont la perspective de pouvoir devenir
« démarcheurs », emploi dont la valeur a été
rendue très grande par le développement du caractère
commercial de l'exploitation téléphonique. Ces derniers
gagnent en moyenne 120 dollars par mois. Les hommes ne sont admis
à des travaux d'écritures qu'en ce qui concerne des
études spéciales que des femmes ne pourraient accomplir.
Ils sont occupés à recueillir, durant des mois, toutes
les informations se rapportant à un sujet donné, puis
ils résument les résultats de leurs observations pour
les soumettre à l'appréciation de leurs chefs. Les
chefs de tous grades chargent leurs subordonnés du travail
de détail, et le'subordonné assume, dans l'exécution
de ce travail, une responsabilité personnelle réelle.
Afin de réduire autant que possible
le travail matériel, chaque chef a ses sténographes
auxquelles il dicte ses communications. On emploie partout des dactylographes
et des machines à polycopier, On fait largement usage des
dictographes, et les enveloppes sont écrites par des adressographes.
On se sert de machines pour compter l'argent, le contrôler
et le mettre en rouleaux. Les dispositifs les plus modernes sont
employés pour former des liasses, des reliures. Il y a profusion
de classeurs et de tiroirs à dossiers. Enfin personne ne
semble écrire de rapports à la main. Le chef de service
n'a pas à connaître tous les détails d'une affaire
dont la direction lui est confiée ; il n'hésite pas
à discuter avec son subordonné chargé de l'exécution
du travail, il l'invite à donner son avis, et en tient compte
s'il semble fondé.
L'exécution du service de nuit par
les femmes mérite une mention spéciale.
En Amérique, on emploie partout les femmes dans l'exploitation
téléphonique ; on rencontre rarement des bureaux confiés
à des hommes. Même dans les très petits bureaux,
la règle est d'avoir deux femmes de manière à
assurer un service permanent. Le travail des femmes pendant la nuit
est chose tout à fait courante en Amérique. Grâce
à des précautions convenables, ce travail de nuit
n'est pas plus pernicieux que celui de jour. Les employées
bénéficient d'heures de repos libéralement
mesurées, elles peuvent même dormir à certains
moments. Et il est un fait certain, c'est que, dans toutes les villes
d'Amérique, les femmes assurent le service de nuit, sans
qu'il semble en résulter une dépréciation appréciable
de leur état de santé. On finira probablement par
remédier à tous ces inconvénients par l'introduction
d'appareils automatiques ; mais en attendant, le système
manuel sera encore la règle générale pendant
de longues années. Même les travaux d'écritures
sont faits la nuit, par les opératrices, durant les heures
d'accalmie, mais on s'attache à les réduire à
un minimum. Il demeure d'ailleurs entendu que, dans le cas d'un
travail excessif occasionné par le trafic téléphonique,
aucun blâme sérieux ne saurait être infligé
pour la non-exécution d'écritures par le personnel
de nuit.
Comme les bureaux centraux auxiliaires privés
constituent des éléments fort importants de l'organisation
téléphonique, les Compagnies américaines ont
cherché à rendre leur emploi aussi commode que possible.
Elles reçoivent dans leurs écoles d'opératrices
des jeunes filles qu'elles instruisent pour le service des bureaux
centraux privés. Cette faç:m de faire est excellente
car une opératrice au courant du service d'un bureau central
est certainement plus apte que toute autre à tenir un bureau
privé.
En 1913
J.N. Reynolds de Western Electric
invente un sélecteur à croisement, dans lequel un
petit nombre d'élécto aimants actionnent un grand nombre
de contacts de relais dans un réseau de coordonnées X Y.
Cela signifiait qu'il n'y avait que de petits mouvements mécaniques
et aucun des grands mouvements de glissement requis dans les commutateurs
Strowger. Cependant, le sélecteur de barre transversale s'est avéré
trop cher à cette date pour être mis en service
La caractéristique de l'appareil est un système
électromagnétique qui, par l'action des barres horizontales
et verticales, actionnées par des relais de façon directe
et rapide, réalise une serie de contacts aux points d'intersection.
Les raisons pour lesquelles le système Reynolds quand il est
apparu ne rencontrait pas beaucoup d'intérêt semble avoir
été nombreuses :
- De gros capitaux ont été investis dans le développement
et la fabrication de sélecteurs mécaniques type Strowger
et Rotary.
- le sélecteur Reynolds,selon les spécifications de brevets,
était plutôt compliqué et probablement coûteux
à fabriquer, comparé aux sélecteurs mécaniques.
- Les barres de croisement avaient une trop grande liberté de mouvement
- La vitesse de fonctionnement ne semble pas avoir été excellente.
Reynolds a conçu son «interrupteur crossbar» comme
un sélecteur et il ne semble pas avoir eu accès à
tout les moyens avec lequel il était possible économiquement
d'exploiter ce commutateur.
En 1915 pour la Western Electric, Reynolds
déposera le brevet 1306124
Ce système ne sera pas retenu, il n'y aura aucun développement.
Reynolds a vendu son invention à la société
suédoise L.C. Ericsson, qui avait les ressources pour le perfectionner
et le fabriquer.
En 1919, le Suédois Betulander
perfectionna ce concept, créant le sélecteur crossbar,
brevet qu'il vendit à la socièté Suédoise
Ericsson.
Ce système fut utilisé dans les stations téléphoniques
automatiques à partir du milieu des années 1920. Un
premier centre CROSSBAR sera construit à Londres en 1914.
Par ailleurs, AT & T commence à travailler
sur une alternative au commutateur crossbar,
En 1912, McBerty avait été transféré
en Belgique par la Western Electric Amériaine pour soutenir le développement
et la fabrication de systèmes rotatif du type Rotary .
Le travail a été arrêté avec la guerre en août
1914.
le 27 janvier 1914 , McBerty
obtient un brevet US1085454Asur
un seleteur rotatif " dispositif capable de réaliser un raccordement
avec un nombre relativement important de contacts pendant un tour sur son
arbre sans qu'il soit nécessaire de répartir les contacts
sur une grande surface ou de déplacer la direction axiale de l'arbre
". Il sera la base
du système ROTARY en Europe.
En 1914, les États-Unis
étaient devenu le leader mondial de la densité téléphonique
et avaient plus de deux fois la densité de la Suède, de
la Nouvelle-Zélande, de la Suisse et de la Norvège.
La relativement bonne performance des États-Unis s'est produite
malgré la concurrence des réseaux téléphoniques
non interconnectés.
En1915 Deux commutateurs semi-automatiques ont été
installés à Newark (New Jersey).
Mais Bell a rapidement décidé de passer à la commutation
entièrement automatique, en partie parce que la multiplication
des téléphones rendait plus difficiles les liaisons inter-services
manuelles et l'évolution des conditions de travail.
Avec la croissance du réseau téléphonique, le recrutement
et l'emploi d'un nombre suffisant d'opérateurs sont devenus de
plus en plus problématiques.
Le 25 janvier 1915
le premier appel téléphonique transcontinental a eu
lieu avant l'ouverture officielle de l'Exposition internationale
Panama Pacific (PPIE) et de l'Exposition universelle de San Francisco.
Il y a plus de 100 ans l'American Telephone
and Telegraph Company (aujourd'hui AT&T) effectuait
le premier appel téléphonique transcontinental entre
New York, San Francisco, Jekyll Island, Géorgie et Washington,
DC Alexander Graham Bell, l'inventeur du téléphone
et co-fondateur d'AT&T, a initié l'appel historique avec
un groupe de dignitaires à New York.
Son ancien assistant Thomas Watson a reçu l'appel
à San Francisco, le président d'AT&T, Theodore
Vail, a participé depuis Jekyll Island et le président
américain Woodrow Wilson a pris la parole depuis la
Maison Blanche.
Ken McNeely, président d'AT&T Californie, prend la pose
tout en tenant le téléphone d'origine utilisé
par le président Woodrow Wilson pour passer le tout premier
appel téléphonique transcontinental le 25 janvier
1915.
L'appel a été l'aboutissement de décennies
de travail, l'installation de 130 000 poteaux téléphoniques
et de 2 500 tonnes de fil de cuivre, et une innovation clé
connue sous le nom de "L'Audion " ou d'amplificateur à
"tube à vide (inventeur Lee de Forest)" qui a permis
d'étendre le circuit New York-Denver à San Francisco.
Parmi les personnes présentes à l'inauguration figuraient
le ministre des Travaux publics, M. Roberto Lopez Fabrega, l'archevêque,
Monsenor Francisco Beckmann, le président de la Cia
Panamena de Fuerza y Luz, M. Thomas Oglesby, et le chef
du service téléphonique, M. Walter A. Daniels.
Suite à la bénédiction de l'archevêque
du nouvel échange, un appel d'ouverture a été
fait entre le président du Panama, Ernesto de la Guardia,
et le ministre, Lopez Fabrega.
Il fallait environ 10 minutes pour connecter un
appel transcontinental, car la connexion devait être établie
étape par étape avec un standardiste dans chaque ville
le long du chemin. L'appel solennel du 25 janvier a duré
trois heures et demie, de 16h30 à 20h00, heure de New York.
Ensuite, Boston s'est joint à d'autres conversations - même
une en cantonais, entre le fondateur d'un central téléphonique
chinois à San Francisco et un responsable du Southern Pacific
Railroad à Boston.
Plus tard dans la soirée, la ligne a été ouverte
aux clients payants. Le premier appel a été passé
par Fred Thompson, à l'hôtel Stewart à San Francisco,
à sa mère, Margaret Thompson, à l'hôtel
Bensonhurst à Brooklyn. Ils ont signalé que cela ressemblait
à un appel local.
2015 Le 100 ième anniversaire
(A droite : Cheryl Maslin, responsable des collections de la
California Historical Society, ajuste le récepteur du téléphone
utilisé par le président Woodrow Wilson pour le premier
appel transcontinental à la California Historical Society
à San Francisco.)
« Les dernières innovations américaines ont
été pleinement exposées à l'Exposition
universelle de 1915, et le premier appel téléphonique
transcontinental a été l'une des technologies les
plus importantes présentées », a déclaré
le Dr Anthea Hartig, directrice exécutive de la California
Historical Society. "Ces expositions célébreront
le PPIE, donnant aux résidents et aux visiteurs l'occasion
de voir ces téléphones originaux et d'autres artefacts
de l'Exposition universelle qui mettent en évidence les grandes
étapes de l'innovation et découvrent comment notre
esprit d'innovation a façonné le passé, le
présent et l'avenir de la ville."
Le PPIE et l'Exposition universelle de 1915 ont
eu lieu pour célébrer l'achèvement du canal
de Panama et pour montrer que San Francisco s'était remise
du tremblement de terre et de l'incendie de 1906. En commémoration
de cet événement phare de l'histoire de San Francisco,
la California Historical Society (CHS), en collaboration avec le
San Francisco Recreation and Parks Department, Innovation Hangar
et Maybeck Foundation se réunissent pour accueillir PPIE100
- une série d'événements publics, d'expositions
et des activités présentées par plus de 35
organisations culturelles, civiques et commerciales de la région
de la Baie pour réfléchir sur l'importance historique
du PPIE et célébrer les innovations d'« hier,
aujourd'hui et demain ». AT&T est le sponsor présentateur
du PPIE 100.
Les téléphones originaux dévoilés
aujourd'hui seront exposés à la California Historical
Society dans le cadre de son exposition PPIE100 « City Rising
: San Francisco and the 1915 World Fair » au 678 Mission Street
qui ouvre officiellement le 22 février à San Francisco.
City Rising, présentera également une exposition sur
au Palais des Beaux-Arts qui ouvrira le 21 février dans le
cadre d'une célébration à l'échelle
de la ville et d'une journée communautaire au Palais qui
marque le 100e anniversaire de l'Exposition universelle de 1915.
Les dates, les heures et plus d'informations sur City Rising.
En
1916 Le passage à
la commutation urbaine entièrement automatique a été
rendu possible grâce à un plan élaboré par
W. G. Blauvelt, ingénieur AT & T.
Il a permis le passage à la numérotation automatique sans
exiger que chaque abonné obtienne un nouveau numéro de téléphone
en plus d'obtenir un nouveau téléphone avec un cadran. Blauvelt
a simplement ajouté des lettres aux chiffres sur le cadran.
Les numéros de téléphone dans les grandes villes,
comme New York, comprenaient le nom du centre et un numéro à
quatre chiffres.
Ainsi, au lieu de demander à l'opérateur pour Pennsylvania
5000, l'abonné composerait PEN 5000. Cela a également facilité
la connexion entre les centraux téléphoniques automatiques
et manuels, puisque le numéroteur pourrait composer le numéro
entier, et un opérateur pourrait recevoir le numéro et connaître
l'échange manuel à laquelle il devrait être transmis.
En 1916, AT & T a acquis une licence d'Automatic
Electric pour la fabrication de petits commutateurs, non-urbains,
afin de fabriquer des commutateurs pas-à-pas Strowger, il
a également conclu un accord pour l'achat de ces commutateurs. Pour les grandes villes, Bell décide de poursuivre
sa propre conception.
Deux grands systèmes virent le jour au lendemain de la Première
Guerre mondiale, tous deux mis au point par le Bell System (à
cette époque, l'ITT n'était pas encore séparée
de l'AT&T) : le système Panel
et le système Rotary. Le Panel fut réservé
aux grandes villes américaines. Quant au Rotary,
il fut développé surtout en Europe et équipa Paris
à partir de 1928.
Notons, en passant, la très grande durée de vie de ces deux
systèmes : de l'ordre de 55 ans, aussi bien pour le Panel aux Etats-Unis
(1923-1978) que pour le Rotary en France (1928-1984). C'est le développement du système crossbar
aux États-Unis qui incita plusieurs pays, en particulier la France
et le Japon, à se lancer, vers le milieu des années 50,
dans cette nouvelle technique, Cependant, de nombreux pays restèrent
fidèles aux systèmes « pas à pas » de
type Strowger. Depuis la fin de la guerre, les travaux ont repris. Le développement
américain s'est concentré sur l'interrupteur de PANEL et
le système pour le faire fonctionner. Une attention particulière
a été accordée à son utilisation dans de très
grandes entreprises telles que New York, Chicago, etc.
L'opération du point de vue de l'abonné n'a pas été
modifiée et les commutateurs ont pu être essayés,
modifiés et développés autant que souhaité.
Vers la fin de la première guerre mondiale, AT
& T a conclu que le trafic urbain en forte augmentation dans
les grandes villes, avec l'acheminement ultérieur des appels par
les opérateurs téléphoniques dans un certain nombre
de centres, ne pouvait continuer à être traité manuellement
.
En 1919 Le premier
commutateur PANEL pas à pas du système Bell, fourni
par Automatic Electric, est entré
en service à Norfolk Virginie,
Chaque abonné était muni d'un téléphone
à cadran de type "Mercedes".
Très vite, Western Electric a commencé à utiliser
ses propres cadrans pour le service automatique.
Les derniers téléphones nécessitant l'assistance
d'un opérateur (centres manuels) seront progressivement retirés
jusqu'en 1978.
La pénurie de main-d'uvre
aux États-Unis dans les années d'après-guerre, avec
son augmentation sans précédent du coût de la main-d'uvre,
constituait une incitation supplémentaire à la décision
prise en 1920 de commencer à installer des centraux automatiques.
Au début des années 1920,
lorsque la commutation téléphonique automatique commença
à se développer en Suisse, Hasler S. de Berne
commença à fabriquer des équipements de commutation
téléphonique.
Hasler a obtenu des licences de fabrication de LM
Ericsson, premier pour un centre tous relais basé
sur un brevet obtenu par Gotthilf A. Betulander en Suède
en 1912, puis un centre pour une application rurale: type Hs 25
avec filières rotatives à 25 points Système LME 500
points.
En 1931, Hasler a développé son propre système
de type Hs 31, un sélecteur de 100 points à deux
mouvements (rotatif / radial) de conception similaire à celui du
LME 500 points, mais beaucoup plus lent (30 au lieu de 200 par seconde).
La capacité d'échange était initialement limitée
à un maximum de 2000 lignes, mais en 1934, elle a été
portée à 10 000 lignes.
En 1921,
Mise au point du système "Panel Switching
System" ou le système Panel. qui est le premier type
de central téléphonique automatique pour service urbain.
Système Panel : Développé
par la Western Electric Labs, précurseur
des Bell Labs, aux États-Unis,
parallèlement au système rotatif.
Les deux systèmes avaient de nombreuses fonctionnalités
en commun.
Les premiers centres ont été mis testés à
Newark (New Jersey) le 16 janvier 1915 au bureau central
de Mulberry et le 12 juin au bureau de Waverly.
Ce système est conçu pour interconnecter tous les
bureaux d'une ville ou d'une zone d'appel locale.
Les premiers systèmes étaient des systèmes semi-automatique,
le téléphone du client était sans cadran.
L'opérateur répondait aux appels et entrait le numéro
demandé, le central faisant le reste.
Les premiers systèmes Panel entièrement
automatiques ont été utilisés en service à
Omaha, au Nebraska, en décembre 1921, suivi de la
bourse de Pennsylvanie à New York en octobre
1922.
John J. Carty n'anticipa évidemment pas à la formidable
augmentation du service téléphonique qui, 40 ans plus tard,
provoqua l'affirmation de l'un de ses successeurs : AT & T devra éventuellement
embaucher la moitié des femmes aux États-Unis pour servir
dopérateurs de connexion dappels téléphoniques.
»
La plupart des installations
Panel ont été remplacées par des systèmes
plus modernes dans les années 1970 et le dernier commutateur
Panel a été mis hors service au bureau central de Bigelow
à Newark en 1983.
Comme dans le système Strowger, chaque central téléphonique
pouvait adresser jusqu'à 10 000 lignes, nécessitant
quatre chiffres pour chaque poste d'abonné.
Chaque bureau se voyait attribuer un code de bureau à deux
(trois trois) chiffres.
Les appelants composaient le numéro de bureau suivi du numéro
de la station.
Dans la plupart des cas, c'était six chiffres (plus tard sept).
Mais depuis le début, le système était conçu
pour traitér des numéros à sept chiffres (plus
tard huit) Pour 10 000 lignes et plus, les appelants composaient le
code du bureau et le numéro de ligne à cinq chiffres.
Les systèmes de commutation à contrôle
indirect PANEL et ROTARY
ont été développés à l'origine pour un
fonctionnement semi-automatique afin d'éliminer la plupart
des opérations manuelles au commutateur et, contrairement aux systèmes
pas à pas comme Strowger à commande directe, sans déplacer
la fonction de contrôle vers l'abonné.
La commutation semi-automatique, qui éliminait la plupart des appareils
manuels dans le central, la remplaçant par un équipement automatique
contrôlé non par les abonnés mais par l'opérateur,
constituait une alternative valable à la commutation automatique
pour les raisons suivantes :
1. Il a libéré l'abonné de tout autre service et a
ainsi réduit les opérations erronées.
2. Il nya eu aucun changement dans lappareil installé
dans les locaux de labonné.
3. Cela nécessitait peu de temps d'intervention de la part de l'opérateur
et, bien que nécessitant plus d'opérateurs téléphoniques
que nécessaire pour un fonctionnement automatique, le nombre d'opérateurs
pourrait être considérablement réduit par rapport à
un fonctionnement manuel.
Le principal développement de la commutation semi-automatique a été
réalisé en Amérique du Nord, où successivement
les systèmes suivants sont apparus en service de 1910 à 1915:
- Les systèmes automatiques et tout-relais aux États-Unis
pour les opérateurs indépendants
- Le système Lorimer au Canada
- Le système Panel aux États-Unis pour AT & T
- Le système Rotary en Europe et aussi aux États-Unis pour
AT & T
Alors que le système automatique restait semi-automatique, les trois
autres systèmes sont devenus entièrement automatiques.
En fait, pendant la période de prédilection dAt &
T pour la commutation semi-automatique, les systèmes semi-automatiques
Rotary et Panel étaient tous deux des systèmes entièrement
automatiques . Les centres Lorimer non AT & T à partir de 1923,
ont été entièrement automatisés.
D'autres systèmes entièrement automatiques ont été
développés en Suède : le système
LME 500 points et un système similaire en Suisse: le système
Hasler Hs 31
Examen des statistiques du réseau téléphonique
aux Etats Unis en 1920
« Généralisation du téléphone à
des fins de politique sociale » est l'expression que nous proposons
ici pour traduire le sens moderne de « social ubiquity ».
Par la suite, nous désignerons ces deux mots par « omniprésence
sociale ».
Bell plaçait les communications interurbaines et de longue distance
à un niveau de priorité supérieur à celui des
communications locales et des petites lignes payantes. on peut noter que
lors du démantèlement de 1982, toute l'équipe dirigeante
d'AT&T choisira une nouvelle fois la longue distance au détriment
du local.
Le biographe de VAIL justifie ces déclarations en rappelant la carrière
de télégraphiste du futur président de Bell au sein
de l'Union Pacific dans les années 1860 ; au cours des négociations
avec la Western Union portant sur le droit pour Bell de développer
le téléphone, VAIL insista sur la possibilité pour
son entreprise de posséder et d'exploiter des lignes longue distance.
En 1918, lors du procès antitrust, VAIL réaffirma avec force
dans sa déposition l'intention d'AT&T de contrôler le marché
du téléphone par la maîtrise des communications longue
distance, tout comme l'avait fait la Western Union.
Heureusement pour les Etats-Unis, l'expiration en 1893 et 1894 des brevets
déposés par Alexander Graham Bell sur les modèles de
téléphones de base permit aux indépendants, fabricants
d'équipements et fournisseurs de services de commutation, d'entrer
sur le marché.
On note un changement spectaculaire dans le rôle social
du téléphone.
Les usagers résidentiels dépassent déjà nettement
le nombre des abonnés professionnels. Il y eut non seulement une
énorme expansion du nombre de communications dans les petites villes
et les campagnes, mais, de plus, les foyers situés en zone rurale
atteignaient les taux de pénétration les plus élevés.
En 1920, 38 % des fermes américaines avaient le téléphone
pour une moyenne nationale de 30 % des foyers.
Dans des Etats comme l'Ohio, l'Indiana, l'Illinois, le Kansas ou le Nebraska,
où les compagnies indépendantes étaient les plus puissantes,
on enregistrait des taux d'abonnement de 60 et 70 % chez les fermiers.
Les statistiques les plus surprenantes concernent l'Iowa où 86 %
des 213 439 fermes possédaient le téléphone en 1920.
En d'autres termes, ce n'est qu'à l'issue de la période
concurrentielle que fut atteint le niveau de pénétration géographique
et sociale qui sous-tend la notion moderne de service universel en tant
qu'omniprésence sociale.
Si, vers 1920, on compare le développement du téléphone
aux Etats-Unis à celui constaté en Europe où, à
l'exception de certains pays Scandinaves, la concurrence entre indépendants
était inexistante, le caractère unique de l'expérience
américaine est encore plus évident. Le phénomène de la course aux raccordements :
Le rôle de la concurrence dans le développement du téléphone,
au début du XIXe siècle, est largement reconnu par les historiens.
Une partie cruciale de cette histoire a cependant été négligée.
Ce qui rend particulièrement intéressante la rivalité
entre Bell et les indépendants est la forme unique que prit cette
concurrence.
A la nette différence de la concurrence actuelle dans le secteur
des télécommunications qui se place dans un contexte d'interconnexion
de réseaux en concurrence, le Bell System et les indépendants
refusaient de s'interconnecter.
Cette forme de concurrence des centraux téléphoniques était
à l'époque connue sous le nom de « service dual »
ou « course aux raccordements ».
Cette course était le résultat de différentes stratégies
commerciales et de décisions de justice prises entre 1894 et 1898.
Depuis l'origine, la maison mère Bell refusait d'autoriser ses compagnies
sous licence à se connecter aux lignes interurbaines des firmes «
d'opposition » .
Elle mit fin également aux tentatives des réseaux locaux concurrents
d'utiliser les centraux Bell et de raccorder le réseau Bell au central
de la compagnie indépendante.
Des tentatives pour obtenir l'interconnexion obligatoire par des voies juridiques
furent contrecarrées par les interprétations dominantes de
la loi sur le transport pour tiers.
Finalement, l'obstacle majeur à l'interconnexion vint des indépendants
eux mêmes.
En 1898, ils cessèrent de rechercher l'interconnexion et firent pression
sur les instances législatives pour qu'elles interrompent leurs efforts
en vue d'obliger les deux réseaux à s'interconnecter.
Dans les quatre années qui suivirent l'expiration des brevets de
l'inventeur du téléphone, les indépendants affirmèrent
très vite leur présence dans les petites villes et les zones
rurales négligées par Bell. Leur contrôle exclusif des
connexions dans ces zones aurait été battu en brèche
en cas d'interconnexion avec le Bell System. Les indépendants vinrent
à penser qu'ils pourraient supplanter Bell System et qu'ils n'avaient
aucun besoin de se raccorder à son réseau.
Ces décisions combinées définirent les contours de
la concurrence dans le secteur qui pris la forme d'une rivalité entre
deux systèmes séparés et non connectés.
L'abonnement le moins cher possible
Entre 1894 et 1900, le tarif mensuel des services locaux a chuté
en moyenne de plus de 50%.
Ce n'était pas simplement le jeu concurrentiel qui poussait le prix
équipements de la compagnie en monopole à se rapprocher des
coûts.
Le prix du téléphone a généralement deux composantes
: un coût d'abonnement et un coût d'usage.
La tarification après 1894 était délibérément
orientée de façon à minimiser les barrières
liées au raccordement pour encourager l'arrivée de nombreux
nouveaux abonnés.
Bell, comme les indépendants, offrirent leurs services dans certaines
régions à des tarifs inférieurs au seuil de rentabilité
afin d'élargir leurs réseaux et d'accroître les recettes
de l'interurbain.
Il était fréquent de voir les opérateurs Bell fixer
temporairement leurs tarifs à un dollar par mois, ou même fournir
gratuitement leurs services dans des villes ou les indépendants avaient
capté nombre de leurs abonnés. Parce que la valeur du réseau
Bell diminuait avec le nombre des abonnés, l'entreprise se sentit
obligé de les retenir à tout prix.
La nécessité de conserver un grand nombre de clients eut également
une influence sur la structure de la technologie.
Chacun des concurrents commença à offrir des lignes de groupe
peu onéreuses pour quatre, huit et même dix personnes afin
d'accroître le nombre de leurs abonnés.
L'objectif était d'obtenir le maximum d'abonnés le plus rapidement
et au moindre coût possible.Interconnexion avec d'autres centraux
Pour une compagnie téléphonique, l'interconnexion avec des
centraux distants s'est avérée être un moyen rapide
et relativement peu coûteux d'accroître le nombre de ses abonnés.
Les indépendants créèrentdes associations destinées
à faciliter leur coordination.
Contrairement au vieux mythe selon lequel les compagnies indépendantes
seraient exclusivement locales, celles-ci réussirent à mettre
en place des compagnies commerciales longue distance d'envergure régionale.
Bell fut forcé de réagir en développant son réseau
interurbain et en rationalisant ses procédures liées aux transferts
des appels longue distance.
Finalement, la pression concurrentielle força Bell à modérer
sa politique de « non interconnexion avec les indépendants
».
La compagnie conclut progressivement des accords en vue de se connecter
avec des centraux indépendants et des lignes rurales dans les régions
où elle n'était pas implantée.
Finalement, l'idée d'un réseau téléphonique
unifié gagna l'appui des industriels, du public et des instances
de réglementation.
Avec l'urbanisation et les progrès de l'unification territoriale
du pays, beaucoup d'usagers, particulièrement les petites et moyennes
entreprises, commencèrent à trouver insupportable la fragmentation
du service.
La concentration des réseaux téléphoniques au niveau
d'une municipalité ou d'un état devint de plus en plus fréquente.
L'unification du service, après 1914, fût en général
l'issue d'un processus délibéré et rendu public,
impliquant les conseils municipaux, les instances législatives
des États et les commissions de réglementation, et même
dans certains états le résultat de référendums
public.
La loi fédérale Willis-Graham de 1921 fit sauter les derniers
obstacles légaux à la consolidation en suspendant l'accord
Kingsbury et en soustrayant les compagnies téléphoniques
aux contraintes de la loi antitrust de Sherman.
En contradiction avec les idées développées par la
plupart des ouvrages économiques ou de réglementation des
services publics écrits des dizaines d'années plus tard,
le monopole sur le téléphone ne s'est pas mis en place en
raison d'économies d'échelle du côté de l'offre.
Il a vu le jour à cause des économies liées à
la taille du réseau du côté de la demande, induites
par l'interconnexion universelle.
La loi Willis-Graham est généralement considérée
comme marquant la clôture officielle de la période de concurrence.
À l'instar d'AT & T , une vague mondiale d'automatisation
de la commutation téléphonique a commencé.
Les quatre principaux fournisseurs déquipements de commutation
téléphonique ont été très compétitifs
en termes de parts de marché.
Les systèmes de commutation de ces fournisseurs n'étaient
pas compatibles et, la standardisation de l'interface des systèmes
de télécommunication étant encore balbutiante, la
société ayant obtenu la commande du premier central téléphonique
d'un pays pouvait presque être assurée par la suite de recevoir
des commandes de leur équipement pour tous les échanges
dans le même réseau national.
Vers le milieu des années 1920, les coûts
élevés de fabrication, d'installation et d'entretien des
commutateurs de panneaux continuaient d'être étudiés
par AT & T pour les grandes villes, mais les chercheurs n'ont pas
été en mesure de produire une conception plus rentable.
Alors, en 1930,
W. R. Mathies, de la division de recherche et développement
d'AT & T, maintenant connue sous le nom de Bell Telephone Laboratories,
se rendit en Suède et y vit les sélecteurs CROSSBAR
utilisés dans les centres ruraux.
Convaincu que de tels sélecteurs pourraient être adaptés
à de grands commutateurs, Mathies a fait reprendre le travail à
son groupe.
Après avoir rejeté l'idée de simplement remplacer
les sélecteurs Panel existants, ils ont développé,
à partir de 1934, un commutateur à barres transversales,
entièrement nouveau pour usage urbain, le
crossbar n°1
Les deux premiers commutateurs crossbar sont entrés en service
en 1938 à New York.
Le commutateur à barres transversales a atteint son objectif
de réduction des coûts de fabrication et de maintenance,
et il comportait de nombreuses caractéristiques innovantes qui
lui conféraient une conception plus flexible et adaptable que les
commutateurs de panneau ou de Strowger.
Une caractéristique importante était que le bloc de base
du commutateur de barre transversale, le cadre du relais de liaison, nécessitait
seulement de petits mouvements. En raison de sa flexibilité globale,
la barre transversale urbaine a été nommée la barre
transversale n ° 1, en prévision du développement de
commutateurs crossbar pour d'autres applications.
Les unités utilisées pour établir un appel n'étaient
pas seulement séparées de celles utilisées pour le
chemin d'appel réel, comme elles l'avaient été dans
le panneau, mais étaient des unités de commande communes.
Cela signifiait que tous les cadres de sélection étaient
accessibles à tous les téléphones, et après
un appel, ils étaient libérés pour être utilisés
sur d'autres appels.
Ces "marqueurs", comme ils sont devenus connus, étaient
rapides, réduisant ainsi le temps de connexion.Il était
également significatif que la barre transversale était le
premier commutateur où le trafic d'origine et le trafic de destination
étaient combinés sur le même ensemble de commutateurs
de ligne.
Cela a rendu possibles des connexions plus simples des téléphones
aux commutateurs, et a également permis d'adapter la barre transversale,
comme cela a été le cas, aux commutateurs tandem, c'est-à-dire
aux commutateurs spécialisés utilisés pour acheminer
les appels entre plusieurs centraux urbains.
Les tandems de barre transversale pour la première fois ont permis
le routage alternatif automatique, quand la route directe entre les échanges
n'était pas disponible. Les commutateurs de barre transversale
ont été câblés pour permettre la séparation
des deux directions de la transmission.
Ces caractéristiques rendent le commutateur très adaptable,
facile à modifier pour les nouvelles applications et l'ajout de
périphériques pour de nouvelles fonctionnalités.
Ainsi, il s'est avéré facile pour Bell Labs d'adapter
le commutateur crossbar pour l'utiliser comme premier commutateur automatique
dans le réseau longue distance.
Un bon exemple ATLANTA, de l'évolution du téléphone
aux USA, est racontée sur le site Web
Atlanta Telephone History.
M. Carty est né à Cambridge, Massachusetts,
le 14 avril 1861 et est décédé le 27 décembre
1932. Ses parents étaient des immigrants irlandais. Il est
devenu un « garçon » opérateur téléphonique
à Boston seulement 3 ans après l'invention du téléphone.
Bien qu'il n'ait jamais fréquenté une université,
son talent exceptionnel l'a catapulté vers le haut dans le
système Bell, où il a apporté un certain nombre
de contributions techniques précieuses à la téléphonie,
notamment l'invention et le brevet de la ligne téléphonique
métallique à deux fils. Il devint ingénieur
en chef de la New York Telephone Company en 1889. En 1907, il fut
promu ingénieur en chef de la société mère
de la New York Telephone Company, AT&T, et fut élu vice-président
de cette société en 1919. Il fut élu président
des Bell Telephone Laboratories nouvellement organisés à
1923, poste dont il prend sa retraite en 1930. Il obtient de nombreux
brevets, plusieurs diplômes honorifiques d'universités
prestigieuses et siège aux conseils d'administration de nombreuses
sociétés professionnelles. Il a servi dans l'armée
américaine en France pendant la Première Guerre mondiale,
atteignant le grade de général de brigade, au sein
de l'état-major de l'officier des transmissions de l'American
Expeditionary Force. [
1910 Les Européens étaient impatients de profiter
de l'expertise de M. Carty et d'apprendre de l'entreprise la plus
grande et la plus expérimentée au monde ses opinions
et ses réflexions en matière de service téléphonique
manuel, automatique et semi-automatique.
Avant Carty, les représentants des délégations
hongroise et autrichienne ont fait part de leurs impressions favorables
sur le service automatique et de leurs projets à grande échelle
pour sa mise en uvre. Un représentant bavarois de Munich
a fait un rapport élogieux sur l'accueil enthousiaste réservé
au service automatique dans cette ville. Le premier système
automatique entièrement public en Europe avait été
mis en service à Hildsheim, en Allemagne, en 1908. Les documents
de ces délégués européens avaient été
distribués et étudiés avant la conférence,
de sorte que leurs opinions en faveur du service automatique étaient
bien connues avant le début de la conférence. Le contenu
de la présentation de Carty est cependant resté un
mystère jusqu'à ce qu'il fasse sa présentation
« explosive ».
Le discours de Carty était éloquent et bien documenté.
Il a insisté sur l'importance d'une planification à
long terme sur 20, voire 30 ans. Il a comparé en détail
ce qu'il considérait comme les avantages et les inconvénients
du service manuel et automatique et, pour un certain nombre de raisons
très importantes, a conclu en présentant le point
de vue opposé selon lequel le système automatique,
dans sa forme actuelle, était loin de répondre aux
exigences. pour un service téléphonique acceptable.
Il a conclu qu'il s'agissait d'un système présentant
de nombreux problèmes techniques. "Il a été
étudié de manière juste et exhaustive et s'est
révélé inadapté aux exigences globales
de notre service actuel et encore plus inadapté par rapport
aux exigences du futur." Selon Carty, le service automatique
exigeait que les abonnés effectuent manuellement le travail
d'établissement de l'appel - au lieu de le confier à
un opérateur -, l'investissement était trop élevé,
les coûts de maintenance étaient trop élevés
et le fonctionnement n'était pas conforme aux normes acceptables.
, il n'a pas permis à l'opérateur de réaliser
les économies de main d'uvre que ses partisans prétendaient
faussement et ses tarifs annuels étaient plus élevés
que pour le système manuel. Ce document mérite une
lecture attentive afin de bien comprendre les raisons de l'opposition
au système automatique de JJ Carty et AT&T ; entreprise
dont il était à la fois ingénieur en chef et
porte-parole officiel.
M. Carty a reconnu qu'un système mécanique
présentait certains avantages, mais il a fortement favorisé
un système semi-automatique utilisant des opérateurs
pour répondre aux appels lorsque le combiné est décroché
et recevoir verbalement le numéro souhaité. C'était
l'opérateur, et non l'abonné, qui saisissait le numéro
appelé dans le système mécanique pour qu'il
soit complété automatiquement....
Carty a poursuivi en expliquant que « le soi-disant système
automatique n'est pas, en fait, automatique : il ne l'est que partiellement.
Il a été étudié de manière juste
et exhaustive et s'est révélé inadapté
aux exigences globales de notre service actuel et de plus en plus
inadapté lorsquon le considère par rapport aux
exigences du futur. » Il a déclaré que presque
immédiatement après son retour en Amérique,
un essai sur le terrain du premier système semi-automatique
du système Bell commencerait. Il s'agissait d'un système
rotatif semi-automatique de Western Electric mis en service le 29
novembre 1910 en tant que PBX au siège social de Western
Electric au 463 West Street à New York. Ce système
a bien fonctionné et lessai sur le terrain a été
déclaré réussi.
Les Bell laboratoires
Les Bell Labs trouvent leur origine dans l'organisation
d'entreprise complexe du conglomérat téléphonique
Bell System.
En 1896, Western Electric a acheté une propriété
au 463 West Street pour les fabricants et ingénieurs qui fournissaient
leur produit à AT&T. Cela comprenait tout, des téléphones
aux commutateurs téléphoniques et aux équipements
de transmission.
Le 1er janvier 1925, Bell Telephone Laboratories, Inc. a été
organisée pour consolider les activités de développement
et de recherche dans le domaine de la communication et des sciences connexes
pour le système Bell. La propriété était partagée
à parts égales entre Western Electric et AT&T. La nouvelle
société avait un personnel existant de 3600 ingénieurs,
scientifiques et personnel de soutien. En plus des installations de recherche
existantes de 400 000 pieds carrés d'espace, son espace a été
agrandi avec un nouveau bâtiment sur environ un quart d'un pâté
de maisons.
Le premier président du conseil d'administration était John
J. Carty , le vice-président d'AT&T, et le premier président
était Frank B. Jewett , également membre du conseil, qui
y est resté jusqu'en 1940. Les opérations étaient
dirigées par EB Craft, vice-président exécutif et
ancien ingénieur en chef chez Western Electric.
Au début des années 1940, les ingénieurs et les scientifiques
des Bell Labs avaient commencé à se déplacer vers
d'autres endroits, loin de la congestion et des distractions environnementales
de la ville de New York, et en 1967, le siège social des Bell Laboratories
a été officiellement transféré à Murray
Hill, dans le New Jersey.
Holmdel , Crawford Hill , le Deal Test Site , Freehold , Lincroft , Long
Branch , Middletown , Neptune , Princeton , Piscataway , Red Bank , Chester
et Whippany figurent parmi les derniers sites de Bell Laboratories dans
le New Jersey . Parmi ceux-ci, Murray Hill et Crawford Hill existent toujours
(les emplacements de Piscataway et de Red Bank ont été transférés
et sont maintenant exploités par Telcordia Technologies et le site
de Whippany a été acheté par Bayer.
Le plus grand groupe de personnes dans l'entreprise
se trouvait dans l'Illinois , à Naperville - Lisle , dans la région
de Chicago, qui avait la plus grande concentration d'employés (environ
11 000) avant 2001. Il y avait également des groupes d'employés
à Indianapolis , Indiana ; Colomb, Ohio ; North Andover, Massachusetts
; Allentown, Pennsylvanie ; Reading, Pennsylvanie ; et Breinigsville,
Pennsylvanie ; Burlington, Caroline du Nord (années 1950-1970,
déménagé à Greensboro dans les années
1980) et Westminster, Colorado . Depuis 2001, de nombreux anciens sites
ont été réduits ou fermés.
Les Laboratoires Bell étaient, et sont, considérés
par beaucoup comme le premier centre de recherche de ce type, développant
un large éventail de technologies révolutionnaires, notamment
la radioastronomie , le transistor , le laser , la théorie de l'information
, le système d'exploitation Unix , les langages de programmation
C et C++ , les cellules solaires , le dispositif à couplage de
charge (CCD) et de nombreuses autres technologies et systèmes de
communication optiques, sans fil et câblés ...
Les quatre sociétés qui ont dominé
le marché étaient :
- L'International Automatic Electric Corporation
de Chicago, avec son principal partenaire, l'Automatic Telephone Manufacturing
Co. Ltd. à Liverpool, au Royaume-Uni, fournit le système
Strowger
- LInternational Western Electric Corporation
de New York, qui appartenait à AT & T avant 1925 (après
1925 à IT & T puis à lInternational Standard Electric
Corporation de New York), comptait parmi ses principales
sociétés BTM à Anvers et Standard Telephone and Cables
(STC). à Londres
- Siemens & Halske à Berlin, fournissant
leur système rotatif Strowger
- L.M. Ericsson à Stockholm, fournisseur
du système LME à 500 points
Les forces relatives de ces entreprises peuvent être comprises à
partir de la taille de la main-duvre quelles employaient
vers 1925.
Western Electric a déclaré avoir 13 000 travailleurs (53%);
Siemens, 6000 travailleurs (24,2%); L.M. Ericsson, 3800 travailleurs (15,4%)
et Automatic Electric, 1800 travailleurs (7,4%).
La commutation téléphonique automatique a été
introduite en trois phases:
- Phase 1: entre centres de la même zone urbaine, appelés
jonction ou commutation inter-bureaux
- Phase 2: entre les centres dans le même pays, appelés commutation
de péage aux États-Unis, commutation de lignes dans la plupart
des autres pays; également appelé commutation longue distance
- Phase 3: entre les réseaux téléphoniques de différents
pays, appelée numérotation internationale directe (IDD)
La phase 1 a eu lieu entre 1920 et 1930 dans les grands centres urbains
du monde entier.
Le tableau, qui présente l'introduction de la commutation automatique
dans l'ordre chronologique jusqu'en 1930, permet de comprendre la pénétration
mondiale des différents systèmes de commutation.
La phase 2 a débuté en octobre 1923, lorsque la première
opération de transfert automatique pour un réseau autre
que celui d'une grande ville a été mis en service dans la
région de Weilheim en Bavière. Le système Panel utilisé
exclusivement par le réseau AT & T, introduit en 1921, couvrait
à la fois les phases 1 et 2. Lapplication de la commutation
longue distance dans les autres pays a débuté en 1930 en
Suisse .
Les origines de ITT
à CUBA,
l'ancienne colonie Espagnole, La platerforme de lancement et le
terrain d'essai.
A Cuba, lors de la deuxième intervention
nord-américaine, qui dura de 1906 jusqu'à la fin janvier
1909, il était prévu d'établir un système
téléphonique unifié pour toute l'île,
sûrement sous la direction d'une compagnie américaine.
en vigueur une loi qui a accordé à cette société
une autorisation pour une durée indéterminée
d'exploiter l'activité téléphonique dans le
pays, y compris le service téléphonique dans la capitale
et le service longue distance que Cuban Telephone devait créer.
Cela n'a pas tardé à devenir un véritable monopole,
car les entreprises locales établies ne pouvaient pas résister
à la concurrence et ont dû faire faillite d'une manière
ou d'une autre. La Cuban Telephone Company
s'installe à New York jusqu'à ce qu'en avril 1916,
un important achat des titres de la société, effectué
par des Cubains, détermine le transfert de son domicile à
La Havane.
Quelques jours auparavant, un journal havanais avait rapporté
que la capitale disposait de 5 téléphones. pour 100
habitants, un indice qui, bien qu'étant la moitié
de celui de New York, triplait celui de Madrid et dépassait
même celui de Londres, Paris, Vienne, Petrograd ou celui de
n'importe quelle ville d'Amérique latine. Et il a ajouté
que sur 10 téléphones installés en Amérique
latine et aux Antilles, un correspondait à Cuba.
Mais la situation réelle de la téléphonie dans
le pays était loin d'être aussi brillante que le suggéraient
les statistiques. Malgré le fait que le revenu brut de Cuban
Telephone avait atteint 1,2 million de dollars en 1915, aucun dividende
n'a été versé aux actionnaires cette année-là
et la valeur des actions a chuté sur les bourses de La Havane
et de Londres.
C'était le résultat d'une mauvaise administration
qui n'avait pas hésité à emprunter l'entreprise
dans des conditions très défavorables afin de maintenir
coûte que coûte le versement de juteux dividendes aux
actionnaires. Devant l'impossibilité de lever des capitaux
supplémentaires dans ces circonstances, la National City
Bank de New York, qui avait initialement soutenu l'entreprise, a
fait pression sur sa direction pour s'assurer la collaboration des
frères Sosthenes et Hernand Behn, qui jouissaient d'un grand
prestige pour leurs succès en tant que directeurs de la Porto
Rico Telephone Company.
En octobre 1916, le conseil d'administration de la compagnie
téléphonique cubaine élit Sosthenes Behn
comme président du conseil d'administration de la société,
en remplacement de William M. Talbott, et comme vice-président,
José Marimón, qui présidait à l'époque
la Banque espagnole de l'île. de Cuba. Hernand Behn a été
chargé de la gestion quotidienne de l'entreprise.
La première tâche entreprise les frères Behn
vis-à-vis de Cuban Telephone a été de restructurer
sa dette et, en même temps, de prendre les mesures organisationnelles
nécessaires pour accroître son efficacité économique
et améliorer le service.
En conséquence, en 1917, le revenu net est passé
à 1,7 million de dollars, les dividendes ordinaires ont triplé
par rapport à 1913 et les arriérés sur les
actions privilégiées ont été payés.
L'entreprise a pu compter pour la première fois sur une importante
réserve de liquidités.
Peu de temps après avoir repris l'entreprise, Sosthenes Behn
entame des négociations aux États-Unis qui, quatre
ans et demi plus tard, aboutiront à la création d'une
liaison téléphonique entre ce pays et Cuba.
D'un point de vue strictement technique, le problème résidait
dans le fait que l'établissement de la liaison impliquait
de poser sous la mer, jusqu'à environ 1 800 mètres
de profondeur, des câbles téléphoniques d'une
longueur totale d'environ 190 kilomètres, ce qui nécessitait
une conception spéciale et innovante dans environ 95% de
son extension, car à cette époque les câbles
des lignes téléphoniques sous-marines les plus longues
qui existaient étaient beaucoup plus courtes (moins de 80
kilomètres de long) et n'étaient pas submergées
aussi profondément.
Curieusement, les frères Behn n'ont pas été
les premiers à proposer formellement au gouvernement cubain
l'établissement d'un service téléphonique public
entre Cuba et les États-Unis par des câbles sous-marins.
La première à le faire fut une certaine
Intercontinental Telephone & Telegraph Company,
dont le président, l'Italien Giuseppe Musso, prétendit
en 1916 avoir « résolu [...] triomphalement et avec
précision l'ardu problème de la téléphonie
et Télégraphie rapide, à n'importe quelle distance
[...] sans avoir besoin de fusées à induction [bobines
de charge], ou de lignes spéciales ». Il n'a pas précisé
comment il avait réalisé cette prétendue prouesse
technique, ni n'a hésité à inviter les Cubains
à investir leur capital dans l'Intercontinental, afin que
dans un avenir pas trop lointain ils puissent - comme il l'a dit
- « mépriser l'envie de ceux qui préfèrent
douter plutôt qu'avoir la foi." .
Il est à supposer que le président cubain García
Menocal n'était pas parmi ces derniers, puisqu'en juillet
1916, il accorda à l'Intercontinental une concession (mais
pas un monopole) pour établir, dans un délai de deux
ans, un service téléphonique comme celui annoncé,
un terme qui a ensuite été prolongé jusqu'au
31 décembre 1922.
Mais les efforts qui ont finalement abouti à des résultats
tangibles sont ceux initiés par Sosthenes Behn pour le compte
de la Compagnie cubaine des téléphones. À cette
fin, il rencontre Nathan Kingsbury, premier vice-président
de la puissante American Telephone and
Telegraph Company (AT&T).
En principe, ils ont convenu de s'associer sur un pied d'égalité,
pour mener à bien le projet, en commençant par la
fabrication et la pose du câble, une tâche dont la planification
devait commencer en 1917 et être réalisée en
1918 pour procéder immédiatement à l'exploitation
commerciale. du nouveau service.
Le fait qu'un tel accord ait été conclu doit être
considéré comme un succès de la remarquable
capacité de négociation de Sosthenes Behn, si l'on
tient compte du fait qu'à cette époque, son soutien
économique était essentiellement réduit aux
actifs de Cuban Telephone, alors qu'AT&T était une puissante
société de portefeuille qui contrôlait la plupart
des activités téléphoniques aux États-Unis,
en particulier dans les grandes villes.
L'exécution de l'accord a cependant dû être reportée
lorsque les États-Unis en tant que belligérant pendant
la Première Guerre mondiale, le 6 avril 1917, Sosthenes Behn
rejoignit le Corps des transmissions de l'armée peu de temps
après, et dans cet état, il resta en Europe jusqu'en
1919. Le frère Hernand, bien qu'incorporé aux États-Unis
de la Réserve navale, continua à gérer la compagnie
de téléphone de Cuba et de Porto Rico.
De retour à la vie civile, Sosthène revient reprendre
le fil de ses anciennes entreprises avec la ferme conviction que
les années d'après-guerre vont être propices
non seulement à matérialiser le projet de liaison
téléphonique par câble sous-marin, interrompu
en 1917, mais d'utiliser ledit lien comme premier lien dans un système
de communication beaucoup plus ambitieux dominé par lui et
son frère.
Ce que le colonel ne pouvait pas imaginer, c'est qu'il s'appelait
lui-même, même s'il avait terminé la guerre avec
le grade de lieutenant-colonel, c'est qu'en ce qui concerne le projet
de liaison téléphonique Cuba-États-Unis, il
allait trouver un concurrent inattendu.
En effet, moins de deux semaines après la signature de l'armistice
(18 novembre 1918), Giuseppe Musso, l'homme qui -comme nous l'avons
déjà vu- avait obtenu la concession présidentielle
cubaine en 1916 pour entamer une liaison similaire, arriva à
La Havane et aussitôt a déclaré que les travaux
commenceraient bientôt.
Cela agaça Sosthène qui, pour clarifier la situation,
s'adressa officiellement mi-décembre au département
d'État américain, en sa qualité de président
de Cuban Telephone, pour être informé des concessions
qui lui avaient été faites aux États-Unis.
à l'entreprise organisée et annoncée en grande
pompe par le prétendu inventeur italien, Cuban Telephone
étant intéressé à entreprendre une entreprise
similaire.
Nous ne connaissons pas la réponse, mais elle n'est pas difficile
à deviner, car il arriva qu'en avril 1919, un journal
de La Havane qualifiait de fraude toute l'affaire de la vente d'actions
la même année, de l'Intercontinental
téléphone cubain et le American
Telephone and Telegraph, étaient formellement
associés, à parts égales, dans l' AT&T
: l'American
Telephone and Telegraph Company, une société
dont l'objectif principal déclaré était d'établir
un système de transmission entre Cuba et les États-Unis
qui permettrait l'interconnexion du long -lignes téléphoniques
à distance des deux pays. Le 1er novembre 1919, l'ambassadeur des États-Unis
à Cuba informa son gouvernement qu'après deux mois
et demi de négociations, AT&T
et Cuban Telephone étaient parvenus à un accord définitif
pour établir une liaison téléphonique sous-marine
entre La Havane et Key West, ce qui était prévu pour
commencer à fonctionner en février 1920, au coût
de 750 000 $.
Comme on l'a déjà dit, les câbles sous-marins
destinés à transmettre les signaux téléphoniques
entre La Havane et Key Bone différaient considérablement
de leurs congénères qui fonctionnaient à l'époque
dans d'autres parties du monde, en ce sens qu'ils devaient rester
immergés à des profondeurs beaucoup plus grandes et
être beaucoup plus long. Cette dernière circonstance
augmentait considérablement l'atténuation et la distorsion
des signaux téléphoniques transmis électriquement,
tandis que la conception mécanique des câbles devait
tenir compte à la fois des conditions spécifiques
des fonds marins et des fortes pressions auxquelles ils seraient
soumis dans les profondeurs de la mer.
L'expérience accumulée jusqu'ici dans la pose de câbles
téléphoniques sous-marins laissant à désirer,
il fut décidé de réaliser une étude
préliminaire du dossier, tâche qui fut confiée
aux ingénieurs de recherche d'AT&T, Carson et Gilbert.
Ses résultats publiés en 1921 ont conduit à
la recommandation que les câbles coaxiaux d'une conception
spéciale capable de réduire l'impédance de
"retour de mer" (eau de mer, fils d'armure, etc.) des
conceptions traditionnelles et d'élargir considérablement
la bande passante de transmission.
Après avoir effectué diverses mesures électriques,
il a été décidé d'utiliser pour les
grandes profondeurs, un câble composé essentiellement
de :
- a) un conducteur central (constitué d'un fil de cuivre
recouvert d'un ruban du même métal) autour duquel un
fin fil de fer doux était enroulé en hélice
serrée,
- b) une épaisse couche isolante de gutta-percha d'épaisseur
constante autour de l'enroulement conducteur central, et
- c) un "conducteur de retour", constitué d'une
gaine en ruban de cuivre recouvrant le matériau isolant.
Ainsi, un câble à atténuation réduite
et à bande passante suffisante a été obtenu
pour transmettre simultanément une voie téléphonique
et au moins deux circuits télégraphiques duplex.
Sur la base de la conception électrique proposée par
les ingénieurs d'AT&T, la British Construction and Maintenance
Company, Ltd. s'est vu confier la conception générale
des câbles et leur fabrication, sous la supervision de William
Slingo, un spécialiste britannique bien connu, que Cuban
Telephone Company a embauché comme ingénieur conseil.
Il supervisa également la mise en place des trois câbles
tendus entre La Havane et Key West3, travaux qui ne durent que deux
semaines et furent reçus comme achevés de manière
satisfaisante le 25 février 1921, après que les mesures
effectuées à la fin de Key Bone eurent confirmé
que le les câbles immergés répondaient aux spécifications
électriques préétablies.
Des trois câbles, le plus court mesurait 185,8 km de long,
tandis que les longueurs des câbles à l'est et à
l'ouest de celui-ci étaient respectivement de 194,6 km et
193,4 km.
Compte tenu de la demande estimée de trafic téléphonique,
du côté américain, un seul des câbles
susmentionnés était directement connecté au
réseau téléphonique local, tandis que les deux
autres étaient utilisés pour établir des connexions
téléphoniques et télégraphiques directes
avec New York et Jacksonville. Chaque câble accueillait trois
voies bidirectionnelles : une voie téléphonique et
deux voies télégraphiques duplex (une en courant continu
et une sur une porteuse 3/3,8 kHz).
Lorsque le service téléphonique entre Cuba et
les États-Unis a été inauguré, il y
avait près de 25 200 téléphones installés
à La Havane, mais le service interurbain ne faisait
que commencer à l'intérieur du territoire cubain.
Ce service s'est considérablement amélioré
avec l'installation de répéteurs téléphoniques
dans des points stratégiques du réseau national (Saint-Domingue,
Ciego de Ávila et Victoria de las Tunas) à partir
de 1921, ce qui a facilité la tâche des administrateurs
des sucreries et autres abonnés de l'intérieur. du
pays, communication téléphonique avec les États-Unis. A la fin de 1922, le nombre d'abonnés de Cuba atteignait
plus de 40 300.
Création de l'ITT
Lorsque la National City Bank a suggéré aux dirigeants
de la Compagnie de téléphone cubaine que les Behn
reprennent la direction de leur entreprise afin de la sauver d'un
désastre économique, elle avait à l'esprit
la réputation de gestionnaires compétents, efficaces
et bien connectés que Sosthenes et Hernand avaient gagné
dans la gestion des affaires téléphoniques à
Porto Rico. Le résultat de son travail ultérieur à
Cuba à la tête de la compagnie de téléphone
n'a fait que confirmer cette confiance.
Nous avons déjà vu qu'Hernand était chargé
de l'administration quotidienne du Téléphone Cubain,
fonction pour laquelle il était extraordinairement bien équipé.
Mais Sosthène a plutôt brillé lorsqu'il s'est
agi de relations publiques habiles et d'élaboration de stratégies
commerciales audacieuses et de grande envergure.
Des années plus tard, alors que les Behn avaient déjà
construit l'impressionnante société transnationale
à laquelle nous ferons bientôt référence,
le magazine Fortune a caractérisé les
personnalités très différentes et en même
temps complémentaires des deux frères : ... personne n'est plus charmant ou plus raffiné que Sosthenes
Behn. Il en est de même d'un jour à l'autre et d'une
année à l'autre. Peu importe la volatilité
du sang latino en lui, le visage qu'il présente au monde
est toujours serein, agréable, sûr de lui [... C'est]
une figure éblouissante, un grand aventurier industriel dont
la lumière est trop forte pour lui à voir peut se
cacher même sous votre grande modestie. Mais il n'est que
la moitié des frères Behn. C'est certainement la moitié
la plus fascinante, la plus séduisante, mais toujours seulement
la moitié. [...] Si Sosthène est plus audacieux, Hernand
est plus intuitivement prudent.
Comme nous l'avons déjà vu, l'un des premiers succès
transcendantaux des frères Behn a été d'avoir
réussi à s'associer sur un pied d'égalité
avec le puissant américain AT&T,
pour installer et exploiter la première liaison téléphonique
par câble sous-marin entre Cuba et les États-Unis,
malgré le fait que tout le soutien financier dont ils disposaient
pour cela était réduit aux actifs de la Compagnie
cubaine des téléphones.
Nous avons également vu que la réalisation de ce projet
a dû être reportée lorsque les États-Unis
sont entrés dans la Première Guerre mondiale. Ajoutons
maintenant que lors de l'accomplissement de son service militaire
en France, Sosthène Behn avait eu connaissance des conversations
que, peu avant la fin des hostilités et en présence
de responsables gouvernementaux américains, des représentants
des compagnies de téléphone européennes avaient
eues avec des représentants de les banques américaines,
afin de négocier leur soutien à la future reconstruction
du service téléphonique en Europe. Il n'a donc pas
été difficile pour l'astucieux Behn de se rendre compte
à la fois de l'intérêt stratégique que
les États-Unis avaient découvert dans les télécommunications,
et des grandes perspectives qu'allait offrir le marché européen
de la téléphonie d'après-guerre, en plus des
excellentes possibilités qu'avait perçues le marché
latino-américain auparavant.
Depuis le début de l'année 1919, Sosthenes tente d'obtenir
un soutien financier à New York pour créer une société
indépendante, dont le but serait de contrôler et de
gérer bon nombre d'entreprises de télécommunications,
mais il n'y parvient pas. Sans se laisser décourager par
cet échec, le colonel revient dans la mêlée
avec une autre proposition qui paraît beaucoup plus modeste
et certainement moins risquée d'un point de vue financier
: la création d'une société de holding, destinée
à prendre en charge les activités de promotion et
de gestion des télécommunications publiques. sociétés
de services dans différents pays, et de telle sorte que son
patrimoine se composait essentiellement de titres des sociétés
de services contrôlées, d'un bureau à New York
et de quelques meubles.
Dans le prospectus du 19 juillet 1920, préparé
par les Behn, un objectif relativement limité était
proposé : acheter avec des actions de la nouvelle société
les actions des compagnies de téléphone cubaines (qui
comprenaient 50 % des actions de la Cuban
American Telephone and Telegraph Co.) et Porto Rico,
et administrent les deux, ainsi que "toutes autres compagnies
de téléphone et de télégraphe souhaitables
dans les pays d'Amérique latine".
Le nom de la nouvelle société serait International
Telephone and Telegraph Corporation (ITT).
Bien qu'étonnamment similaire à celui du puissant
AT&T, il reflétait très bien l'intention réelle
des Behn d'utiliser la nouvelle société pour organiser
sous leur direction et contrôler un système de télécommunications
véritablement international.
La démarche a porté ses fruits et au bout d'un an
et demi, environ 90% des actionnaires avaient vendu leurs parts
dans Cuban Telephone et Porto Rico Telephone en échange d'actions
dans la toute nouvelle ITT, qui en venait ainsi à contrôler
les deux premières sociétés. et de partager
avec AT&T les bénéfices obtenus par les cubano-américains
de l'exploitation des câbles entre La Havane et Key West,
auxquels il a ajouté en 1922 la propriété de
la Radio Corporation de Cuba, qui à partir de 1929 a obtenu
une concession de 50 ans du gouvernement cubain pour exploiter un
service de communication radio à l'étranger.
Le succès retentissant obtenu à la tête de l'activité
téléphonique à Cuba et à Porto Rico
n'a été que la première pierre posée
par les frères Behn pour la construction d'une image attrayante
de dynamisme, d'efficacité et de connexion avec la technologie
la plus avancée, qui leur permettrait pour consolider leur
crédit avec Cuba, commercialiser et concrétiser les
ambitieux plans d'expansion de leurs activités de télécommunications
vers l'Amérique latine depuis les Caraïbes, où
ils avaient déjà conquis deux positions importantes
.
Lorsqu'ils ne contrôlaient que Porto Rico Telephone, Sosthenes
et Hernand Behn avaient pensé à la possibilité
d'interconnecter les îles de Porto Rico et de Saint-Domingue,
cette dernière et la pointe orientale de Cuba, et enfin,
la ville de La Havane et la Floride, dans un tel manière
à maintenir la continuité du circuit Porto Rico-États-Unis
avec la concurrence des grands réseaux terrestres entre la
République dominicaine et Haïti, et entre l'extrémité
orientale de Cuba et La Havane.
De cette manière, les frères aspiraient à développer
le juteux commerce qu'ils imaginaient représenter l'exploitation
d'un lien entre la possession américaine de Porto Rico et
sa métropole. Bien qu'à cette époque, il ne
leur était pas possible de réaliser un plan aussi
ambitieux, lorsque le contrôle du téléphone
cubain est passé entre leurs mains, ils ont eu la possibilité
de réaliser la partie la plus importante sur le plan économique,
à savoir la liaison téléphonique Cuba-États-Unis
.
Comme on l'a déjà vu, l'entrée des États-Unis
dans la Première Guerre mondiale obligea à reporter
à 1921 la construction du câble téléphonique
sous-marin Cuba-États-Unis. On a également vu que
Sosthenes Behn, conscient des grandes perspectives qu'offrirait
le marché européen de la téléphonie
d'après-guerre et de l'intérêt stratégique
que les États-Unis portaient aux télécommunications,
avait créé l'International Telephone and Telegraph
Corporation un an plus tôt à New York ( ITT).
En harmonie avec la projection internationale de la nouvelle entreprise,
les Behn ont concentré leurs efforts sur la création
d'une image d'entreprise qui l'accréditerait publiquement,
quelle que soit sa faiblesse économique évidente à
l'époque. Ce n'était pas difficile, puisque le puissant
AT&T était également intéressé à
améliorer son image, notamment auprès du public américain.
A cet effet, un grand show politico-technologique fut rapidement
organisé pour l'inauguration officielle du service
téléphonique entre Cuba et les Etats-Unis,
le 11 avril 1921.
Du côté cubain, la cérémonie d'inauguration
a eu lieu à La Havane, au siège du téléphone
cubain situé à La Havane, rue Águila.
Là, une salle avec des écouteurs a été
aménagée pour 400 convives, afin qu'ils puissent écouter
les conversations téléphoniques qui allaient avoir
lieu. À 4 heures de l'après-midi, une habanera populaire
(chant) a commencé à être entendue dans les
écouteurs, qui à ce moment précis était
chantée à Jacksonville, suivie d'autres numéros
musicaux de la même ville de Floride.
Vers 16 h 30, Hernand Behn, alors président de la Compagnie
cubaine des téléphones et également président
de la Compagnie cubano-américaine des téléphones
et télégraphes, a pris le micro et a déclaré,
entre autres : C'est une source de fierté pour nous à Cuba [...]
d'avoir été les premiers à introduire à
grande échelle le système automatique [...] qui est
aujourd'hui adopté et installé, convaincu de ses avantages,
par les villes de New York, Philadelphie, Chicago et d'autres centres
téléphoniques aux États-Unis [...] et maintenant
seront ceux qui établiront le plus grand service téléphonique
sous-marin unissant Cuba à treize millions de téléphones
en service aux États-Unis, première étape pour
atteindre la connexion téléphonique de tout le continent
américain.
Le président de Cuban Telephone a terminé ses propos
en annonçant qu'il contacterait immédiatement le colonel
John J. Carty, vice-président d'AT&T, pour établir,
selon ce qu'il a dit, ... une communication entre La Havane et San
Francisco, Californie, et de là jusqu'à l'île
de Santa Catalina dans l'océan Pacifique, ce dernier tronçon
par téléphone sans fil, avec les vingt-trois stations
sur ladite ligne répondant à l'appel de La Havane
à San Francisco répond à l'appel.
Cette communication représente une distance de 5 700 miles,
soit la plus longue connexion [téléphonique] établie
à ce jour dans le monde entier.
(Liaison téléphonique de 8 800 km établie entre
La Havane et Avalon le 11 avril 1921, par câbles sous-marins,
lignes terrestres et liaison radio).
Tout s'est déroulé comme annoncé (sauf que
la longueur totale du circuit était en réalité
de 5 470 milles, soit environ 8 800 kilomètres), et l'événement
est entré dans l'histoire des télécommunications
comme la plus longue liaison téléphonique au monde
jusque-là établie par liaison radiotéléphonique,
aérienne. et lignes souterraines (8 563 kilomètres
à à travers les États-Unis, avec 25 répéteurs
téléphoniques), et câble sous-marin.
Une fois les contacts susmentionnés établis, une activité
de niveau politique supérieur a eu lieu, consistant en une
conversation téléphonique protocolaire entre le président
cubain Mario García Menocal, qui se trouvait dans son bureau
au palais présidentiel, et le président américain
Caricature faisant allusion à l'état ruineux de l'économie
nationale, publié à Cuba à l'époque
de l'inauguration du service téléphonique avec les
États-Unis. Warren G. Harding, s'était rendu dans
les bureaux de l'Union panaméricaine à Washington,
D.C. à cette fin, plus tard, l'ancien président cubain,
José Miguel Gómez, qui visitait la même ville
à l'époque, a communiqué par téléphone
avec sa femme, qui était à Cuba.
Dans son discours inaugural, Hernand Behn avait annoncé que
la liaison téléphonique Cuba-États-Unis serait...
petite par rapport au grand projet que chérit la Compagnie
cubaine des téléphones, avec le soutien de l'International
Telephone and Telegraph Corporation, qui n'est autre que de faire
de notre pays la base ou le centre de communication qui unira l'Amérique
du Nord avec celles du Centre et du Sud (ou, parlant par téléphone,
le conseil principal de ces pays ).
Cette allusion au rôle qui devait être réservé
à "notre pays" avec le "soutien" de l'ITT,
cachait à peine les ambitions d'expansion à grande
échelle de la société récemment créée
des frères Behn, qui à l'époque était
insignifiante : raison de plus pour qu'ils profitent de toute opportunité
qui leur permettrait de populariser l'image de la nouvelle entreprise,
en l'associant à un grand projet d'envergure internationale.
Trois jours après l'inauguration spectaculaire du service
téléphonique Cuba-États-Unis, l'inauguration
officielle du service Cuba-Canada a eu lieu avec une conversation
téléphonique via La Havane - Jacksonville - New York-Montréal
- Ottawa entre le président cubain et le premier ministre
canadien Arthur Meighen. Mais la campagne publicitaire devait continuer.
Ainsi, en mars 1922, une liaison téléphonique
fut établie entre La Havane et Boston, qui s'étendait
de cette ville sur la côte atlantique des États-Unis
jusqu'à San Francisco sur la côte pacifique, dans le
but de démontrer l'utilisation de haut-parleurs à
la place d'écouteurs. Selon une note parue dans l'International
Telephone Magazine, publié par l'ITT, cette démonstration
... avait l'intérêt d'être la première
fois que ce nouvel appareil [le haut-parleur] était [utilisé]
pour la transmission et la réception [...] La Havane
a entendu Boston et Boston a entendu La Havane, et San Francisco
a également participé avec de brèves phrases
complétant ainsi un circuit d'environ 6 000 milles.
De ce qui suit, il apparaîtra que cette démonstration
s'inscrivait dans la préparation d'une mise en scène
publicitaire encore plus importante, où la communication
par ondes radio devait jouer un rôle prépondérant.
La radiodiffusion commerciale arrive à Cuba
La célébration du premier anniversaire de l'inauguration
du service téléphonique entre Cuba et les États-Unis
a servi de cadre à un nouveau coup d'État de résonance
internationale. Il consistait essentiellement à transmettre
des bureaux de la Compagnie cubaine de téléphone aux
États-Unis, par le biais de la liaison par câble sous-marin,
un signal audio qui, déjà en territoire nord-américain,
était envoyé par fil téléphonique à
une station de radio du New Jersey, dont les émissions ont
été captées et relancées dans l'éther
par une puissante station de radio basée à Pittsburgh.
Ainsi, les notes de musique extraites à La Havane d'un disque
phonographique pouvaient être entendues à la radio,
à travers des haut-parleurs, dans diverses villes américaines,
dont San Francisco, en Californie. Puis, à la demande d'un
groupe d'auditeurs réunis dans cette ville, un violoniste
cubain exprès situé dans les bureaux de la Compagnie
cubaine des téléphones, a joué un morceau de
musique et à la fin a été récompensé
"par les applaudissements [arrivés par téléphone]
de l'auditorium des États-Unis, qui ont été
perçus clairement et distinctement à La Havane pendant
plusieurs minutes. »[ Immédiatement après, une
chanson solo et une pièce de danse extraites d'un disque
phonographique ont été envoyées à Cuba
depuis San Francisco. L'émission s'est terminée par
de brèves conversations entre deux responsables de compagnies
de téléphone nord-américaines et l'ingénieur
en chef de Cuban Telephone, E.T. Calwell.
Concernant l'événement, l'International Telephone
Magazine a commenté : Le mois dernier [avril 1922], pour la première fois dans
les splendeurs scientifiques de Cuba, une station téléphonique
a servi de lien de connexion à un vaste circuit radiotéléphonique,
dont une extrémité était ici, à La Havane,
et l'autre, à San Francisco. Californie [...] C'était
le deuxième d'une série de trois tests de conversation
longue distance offerts par l'organisation Bell, en collaboration
avec l'International Telephone and Telegraph Corporation, propriété
de la Cuban Telephone Company [sic], avec Pittsburgh comme principal
centre d'activité .
A cette époque, la diffusion des radios dans le monde n'avait
pas commencé il y a longtemps, avec l'entrée en service
régulier de la station KDKA à Pittsburgh, fin 1920.
Un an plus tard à peine, 21 radios avaient obtenu des licences
d'exploitation aux États-Unis. et environ 50 000 récepteurs
radiotéléphoniques installés dans le pays.
Ces chiffres sont passés à 164 stations et 750 000
récepteurs, respectivement, au cours du premier semestre
de 1922. En février de la même année, le service
a été lancé en Europe avec les premières
transmissions diffusées depuis la Tour Eiffel.
Bien qu'AT&T n'ait pas été l'une des premières
entreprises à réaliser le véritable potentiel
de la radiodiffusion, déjà au premier trimestre de
1922, il avait installé une station de radio de 500 watts
à New York, dans le bâtiment de son siège, où
concourent toutes les lignes téléphoniques longue
distance qui atteignaient la ville.
L'avancée spectaculaire de la radiodiffusion qui s'opère
alors aux États-Unis, ainsi que les possibilités offertes
par ses liens avec AT&T, suggèrent à Sosthenes
Behn un élément de plus pour configurer l'image du
porte-drapeau du progrès technologique qui il voulait forger
pour ITT. A cette fin, elle s'est entendue avec AT&T pour installer
deux stations similaires à celle que ses partenaires venaient
de lancer à New York, au siège des compagnies de téléphone
à La Havane et à San John de Porto Rico.
En même temps, il a organisé deux nouvelles entreprises
qui devaient se consacrer à la vente locale de postes de
radio fabriqués par la société Westinghouse
: la Radio Corporation de Cuba et la Radio Corporation de Porto
Rico.
En août 1922, fut installée la station portoricaine,
et quelque temps plus tard la PWX, de la Compagnie cubaine de téléphone,
dont l'antenne consistait en un dipôle horizontal tendu entre
deux tours en fer galvanisé de plus de 30 mètres de
haut, érigées sur le toit des trois bâtiment
d'entreprise à un étage dans la rue Águila,
de sorte que le dipôle était à environ 49 m
au-dessus du niveau de la rue.
L'inauguration du PWX, qui fonctionnait sur une longueur d'onde
de 400 mètres (750 kHz), a servi à organiser un autre
spectacle publicitaire au profit d'ITT et d'AT&T. Cela a commencé
à 4 heures de l'après-midi le 10 octobre 1922, jour
anniversaire du Grito de Yara, qui a marqué, en 1868, le
début des guerres menées par le peuple cubain pour
obtenir l'indépendance nationale. Le discours inaugural,
prononcé en anglais par le président Alfredo Zayas,
a été diffusé localement à la radio,
et a été livré par téléphone
à New York, où la station AT&T l'a diffusé
à la radio.
Il y a eu des rapports d'audience de cette diffusion dans des endroits
aussi éloignés que Santiago de Cuba et la Saskatchewan,
au Canada, respectivement à 750 et 3 800 kilomètres
de La Havane.
Selon la revue publiée dans le numéro d'octobre 1922
de l'International Telephone Magazine d'ITT, PWX était alors
l'une des neuf plus grandes stations de radiodiffusion de l'hémisphère
occidental et avait été initialement créée
"à des fins expérimentales, la norme étant
adoptée par toutes les sociétés associées
avec l'International Telephone and Telegraph Corporation pour se
tenir au courant des dernières avancées, dans tout
ce qui touche à la science des communications électriques
»
Entre 1924 et 1930, l'ITT
est devenue une puissante société transnationale,
au sein de laquelle l'importance économique relative de la
Compagnie de téléphone cubaine a été
considérablement diminuée.
Cependant, au cours de la même période, les Behn ont
maintenu leur intérêt pour cette entreprise insulaire,
peut-être parce que, bénéficiant d'une absence
totale de contrôle gouvernemental, elle continuait à
rapporter de bons dividendes et pouvait être utilisée
comme vitrine d'une bonne gouvernance d'entreprise. Voici ce qu'en
disait le magazine Fortune en 1930 : ... Hernand a tranquillement pris en charge le véritable
premier-né [d'ITT] et en a fait l'unité téléphonique
la plus réussie de toutes.[...] Les réalisations des
Behn à Cuba ont beaucoup à voir avec l'enthousiasme
de l'un des premiers de l'entreprise sponsors.
A La Havane vers 1924, il devint évident pour les
frères Behn que le bâtiment de la rue Águila
occupé par le siège de la Compagnie cubaine du téléphone,
bâtiment du siège du téléphone cubain,
inauguré en septembre 1927 n'était pas à la
hauteur des plans de grande envergure qui avaient été
dessinés, ils a décidé de le remplacer par
un grand bâtiment moderne qui dominait le panorama de La Havane
et a attiré l'attention du monde entier.
Le nouveau bâtiment, situé à l'angle des rues
Águila et Dragones (joint à l'ancien, qui est resté
auxiliaire), a été inauguré en septembre
1927.
Sa hauteur de 62 mètres au-dessus du trottoir en faisait
le plus haut du pays, avec la particularité qu'il a été
conçu pour que son environnement soit "pendant longtemps
espagnol dans ses principaux aspects", pour lequel, selon ses
concepteurs, les architectes Luis et Leonardo Morales,... le style
plateresque a été choisi tel qu'il se trouve à
Salamanque, c'est-à-dire : l'apogée de l'art architectural
de la mère patrie [... La] conception [du plafond à
caissons du hall] est dans le plus pur style de l'époque
qui marque la reconquête...
L'histoire de la Compagnie était représentée
sur le haut de la grande porte d'entrée de l'édifice,
puisque, à supposer que le coquillage symbolise "le
pèlerin qui se rend dans des régions inconnues",
deux coquillages avaient été sculptés, l'un
grand et l'autre petit. , selon l'architecte Leonardo Morales, étaient,
respectivement, la représentation de... l'International Telephone
and Telegraph Corporation et la Cuban Telephone Company, soutenus
par deux chérubins robustes qui [représentaient] l'esprit
jeune de deux peuples forts : le Cubain et le l'Américain
Il aurait sûrement été plus juste de supposer
que lesdits chérubins représentaient les frères
Behn. En tout cas, il ne fait guère de doute que le nouveau
bâtiment avait été conçu dans le feu
de l'euphorie des frères pour avoir pris le contrôle
de l'activité téléphonique en Espagne, comme
nous le verrons ci-dessous.
De Cuba, à la conquête du tremplin espagnol
En 1922, une fois le paiement du service de la dette et les dépenses
de Cuban Telephone et de Porto Rico Telephone déduits du
revenu brut respectif, ces sociétés ont contribué
à elles seules un bénéfice net d'environ 500
000 $ à ITT, un montant qui s'est élevé à
plus de 800 000 $ en 1923, grâce, en grande partie, à
la gestion efficace d'Hernand Behn à la tête de l'administration
de ces sociétés. Sosthenes a dû utiliser le
prestige commercial acquis dans les deux cas pour se lancer immédiatement
dans l'aventure de l'expansion mondiale rapide d'ITT, avec le soutien
de la National City Bank de New York, qui était intéressée
à accroître ses propres activités en Amérique
latine et L'Europe .
Semblable aux premiers conquistadors espagnols il y a quatre siècles,
mais voyageant en sens inverse, Sosthenes Behn quitte sa base cubaine
en 1923, traverse l'Atlantique et, en matière de téléphonie,
gagne l'Espagne pour ITT et les grands financiers américains.
L'Espagne devint, à partir de ce moment, le tremplin
pour la création de l'empire mondial des télécommunications
ITT, de la même manière que Cuba avait été
le point de départ d'Hernán Cortés pour la
conquête du Mexique.
A cette époque, le service téléphonique espagnol,
qui se distinguait par son retard technologique et son inefficacité,
comptait à peine un téléphone pour 240 habitants
(90 000 téléphones au total) et 15 000 km de lignes
interurbaines de mauvaise qualité et dans un état
lamentable, c'est pourquoi, en 1923, les derniers gouvernements
parlementaires espagnols de l'époque ont commencé
à explorer la possibilité de transférer à
des entreprises privées étrangères, puissantes
et expérimentées, l'exploitation du système
téléphonique appartenant à l'État, auquel
appartenaient les systèmes à long terme. de Madrid
et de Barcelone.
Conscients de la situation, au début de 1923, les Behn se
dépêchèrent de se rendre à Madrid en
compagnie de leurs plus proches collaborateurs à Cuba et
à Porto Rico. Là, ils ont dû faire face à
plusieurs concurrents, parmi lesquels le suédois Ericsson
et les allemands Siemens et Halske, qui étaient des fabricants
réputés d'équipements téléphoniques,
bien qu'avec une expérience pratiquement nulle dans l'administration
des services publics.
Quant aux Behn ? selon les mots de Maurice Deloraine, ancienne directrice
technique générale d'ITT, ces... n'avaient vraiment
rien de précis à proposer. Ils n'avaient ni usine,
ni un nombre suffisant d'ingénieurs et de techniciens, ni
une situation financière de base. Comme atouts, ils avaient
leur confiance en eux, leur réputation, leur compréhension
de l'Espagne et des Espagnols, et parce qu'il était américain,
ils étaient considérés comme très riches
aux yeux du peuple.
À Madrid, les frères ont mené une campagne
de relations . Habiles relations publiques et une capacité
de négociation agile, qui a bénéficié
de la précieuse collaboration d'informateurs influents et
de propagandistes du ministère en charge des communications.
Tout cela, ajouté au soutien qu'ils ont obtenu de la National
City Bank et à la pression opportune exercée par la
représentation diplomatique américaine, a sans aucun
doute eu un impact considérable sur la décision que
le dictateur Miguel Primo de Rivera a finalement prise, avec l'approbation
du roi Alfonso XIII, de confier à l'ITT l'installation et
l'exploitation ultérieure du futur système téléphonique
du Pays .
Etant donné que l'accord exigeait qu'une partie importante
des composants et équipements nécessaires aux nouvelles
installations soient fabriqués en Espagne et qu'à
l'époque ITT ne disposait pas de ses propres possibilités
de fabrication, Sosthenes Behn n'a pas tardé à entamer
des négociations avec divers fabricants.
En conséquence, en septembre 1925, l'ITT
acquit, à des conditions extrêmement avantageuses,
la propriété de l'International
Western Electric Company, une filiale européenne
d'AT&T qui avait sa principale
usine à Anvers (Belgique) et deux grandes filiales
: Standard Telephones and Cables Ltd. en Grande-Bretagne et Le Matériel
Téléphonique en France, et même une petite succursale
(Teléfonos Bell, S.A.) avec un masse salariale d'environ
250 employés, établie à Barcelone depuis 1922.
Le 26 août 1924, le gouvernement de Primo de Rivera accorda
à la Compagnie nationale de téléphone d'Espagne
- que les Behn avaient auparavant organisé, avec la participation
d'un groupe de puissants banquiers espagnols, une concession d'au
moins 20 ans, pour reprendre ce qui devait être à terme
le système téléphonique du pays. Selon les
termes de la concession, bien que l'État devait recevoir
une partie des bénéfices, il a été accepté
Il a été jugé raisonnable que les bénéfices
de la nouvelle compagnie de téléphone s'élèvent
à 8 % de la valeur des investissements.
A cette époque, l'Espagne était en guerre avec les
Rifains, bien décidés à secouer le joug colonial,
et les Behn proposèrent d'aider la couronne en leur offrant
la possibilité de communiquer par téléphone
avec la zone d'opérations
Le 1er décembre, la communication téléphonique
promise a été établie en utilisant les câbles
télégraphiques sous-marins gouvernementaux existants
entre l'Espagne et le Maroc, et trente jours plus tard, un nouveau
câble a été posé entre Algésiras
et Ceuta.
Ces réalisations spectaculaires ont non seulement contribué
à consolider la position d'ITT en Espagne, mais ont été
le premier exemple d'engagement offert par la société
en Europe.
Mais cela ne signifie pas que les possibilités commerciales
immédiates sont oubliées, puisqu'en 1925 l'ITT annonce
qu'elle envisage d'établir prochainement ... un service public
général qui unira le Maroc à toute l'Europe.
En ce sens, les câbles téléphoniques sous-marins
fourniront un service similaire à celui des câbles
qui relient actuellement le système de l'International Telephone
and Telegraph Corporation, à Cuba, à celui de Bell
Telephone, aux États-Unis.
Une fois de plus, donc, l'exemple de Cuba est mis sur la table.
Mais, tout comme leurs précédentes activités
dans la plus grande des Antilles avaient servi à ITT de rampe
de lancement pour la conquête de la téléphonie
espagnole, les Behn entendaient désormais utiliser l'exemple
de leurs succès en Espagne comme tremplin pour sauter par-dessus
le téléphonie d'autres lieux européens.
Mais avant de quitter le sujet de l'ITT en Espagne et comme détail
intéressant, il convient de noter que le 13 novembre 1928,
le service téléphonique entre Cuba et son ancienne
métropole a été inauguré.
L'acte a commencé par une conversation entre le président
cubain de triste mémoire, Gerardo Machado, et le roi d'Espagne,
Alphonse XIII. L'occasion a été saisie pour informer
les frères Behn que Machado leur avait décerné
la décoration de Commandeurs de l'Ordre de Carlos Manuel
de Céspedes, nommé "la première dans l'histoire
des villes qui a été [conférée] à
l'aide des lignes téléphoniques", selon ce qui
a été dit à cette occasion.
Une liaison radiotéléphonique établie peu auparavant
entre l'Amérique du Nord et la Grande-Bretagne avait rendu
l'événement possible, tout comme en 1921 la liaison
téléphonique par câble sous-marin entre Cuba
et les États-Unis avait permis la réalisation d'un
événement similaire.
L'expansion mondiale de l'ITT entre 1924 et 1930
Comme déjà mentionné, en 1925, ITT a acquis
l'International Western Electric Company, une filiale d'AT&T.14
C'était une société de holding qui gérait
des filiales qui fabriquaient des équipements de communication
en Belgique, en Espagne, en France, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas
et en Italie. actionnaire de sociétés chinoises et
japonaises et détenait des participations mineures dans d'autres
sociétés.
Avec le changement de propriétaire, International
Western Electric a été renommé International
Standard Electric Corporation.
A cette importante acquisition s'ajoute bientôt la Compagnie
des Téléphones Thomson-Houston,
avec l'appui de la banque Morgan, qui devient à partir de
1925 le principal bailleur de fonds des opérations d'ITT.
Mais si l'acquisition des usines détenues à l'étranger
par AT&T était importante pour AT&T, l'accord conclu
entre les deux sociétés à l'époque n'était
pas une mince affaire, selon lequel, en échange de l'engagement
d'ITT de s'abstenir de construire des usines d'équipement
de service téléphonique aux États-Unis États-Unis,
AT&T s'abstiendrait de concurrencer ITT à l'étranger.
Ce n'est pas l'endroit approprié pour exposer plus en détail
le processus d'expansion d'ITT jusqu'à ce qu'elle devienne
la gigantesque entreprise transnationale de télécommunications
qu'elle est devenue, mais nous en donnerons une idée ci-dessous
résumé du développement mondial de la société
au cours de la première décennie de son existence,
comme un contexte utile pour évaluer ses activités
à Cuba.
Rappelons tout d'abord qu'en 1924 l'ITT, disposant d'une concession
accordée pour 50 ans pour exploiter un service téléphonique
dans la capitale du Mexique et établir d'autres services
longue distance dans ce pays a acquis les installations d'une des
entreprises de télécommunications établies
dans le District fédéral : Compañía
Telefónica y Telegráfica Mexicana, S.A.
Le 1er avril 1927, une importante société qui possède
des câbles télégraphiques sous-marins entre
divers points sur les côtes de l'Amérique latine et
entre celle-ci et les États-Unis, All America Cables, Inc.15
est devenue une filiale d'ITT, qui à cet effet avait le soutien
financier de la Morgan Bank et de la National City Bank. Par la
suite, ITT a pris le contrôle des services téléphoniques
de Montevideo et du Chili et a acquis une compagnie de téléphone
brésilienne. Parallèlement, il continue d'augmenter
la capacité de ses sociétés européennes
de fabrication d'équipements, notamment Standard Telephones
and Cables, Thomson-Houston et Le Matériel Téléphonique,
et prend des participations dans des usines hongroises, autrichiennes
et yougoslaves.
Sept câbles télégraphiques sous-marins tendus
à travers l'océan Atlantique entre l'Europe et les
États-Unis, et un à travers le Pacifique, reliant
les États-Unis à la Chine, au Japon, aux Philippines,
à Guam, à Midway et à Hawaï, ont été
repris par ITT lorsque, le 18 mai 1928, il acquit le contrôle
des sociétés de télécommunications que
Clarence Mackay avait organisées des années auparavant
pour concurrencer Western Union, en particulier Postal Telegraph
et Commercial Cable.
L'opération, également soutenue par la Morgan Bank
et la National City Bank, a complété le réseau
international de communications filaires d'ITT, qui a pratiquement
garanti à cette société le contrôle absolu
des communications internationales en Amérique latine, et
lui a permis d'établir une tête de pont sur le marché
des communications aux États-Unis.
À la fin de 1928, les actifs d'ITT atteignaient plus de 389
millions de dollars et ses bénéfices totaux, 21,2
millions.
Entre 1928 et 1929, ITT a acquis la plus grande compagnie de téléphone
d'Amérique latine, la société britannique United
River Plate Telephone and Telegraph Corporation, qui contrôlait
75% des 210 000 téléphones alors installés
en Argentine.
Auparavant, elle avait acquis une société similaire,
bien que beaucoup plus petite, la Compañía Telefónica
Argentina. Par la suite, il a fondé Standard Electric Argentina,
avec son usine d'assemblage et d'installation d'équipements
à Buenos Aires, et l'International Radio Company, dont les
équipements sont utilisé pour inaugurer, en 1929,
une liaison radiotéléphonique à ondes courtes
entre l'Argentine et l'Espagne, qui était à l'époque
la plus longue du monde et la première entre l'Amérique
du Sud et l'Europe.
Vers 1930, l'ITT contrôlait 55 % des téléphones
installés en Amérique du Sud.
Mais avant 1929, il n'y avait pas beaucoup de propriété
d'ITT dans le domaine des communications « sans fil »
internationales, qui était alors entré en concurrence
ouverte avec les câblodistributeurs, au point de les obliger
à réduire leurs tarifs. Le 28 mars 1929, la société
Behns a acquis RCA Communications, Inc., une filiale de Radio Corporation
of America.
En 1930, dix ans après sa fondation, l'International Telephone
and Telegraph Corporation était devenue ... d'une société
de services téléphoniques sur deux îles semi-tropicales
à la plus grande société de services téléphoniques
en dehors des États-Unis, la deuxième plus grande
société de services télégraphiques en
Amérique du Nord, une entreprise de câblodistribution
avec un bras qui [concurrence] vigoureusement à travers l'Atlantique,
un bras à travers le Pacifique et un troisième [s'étendant]
en Amérique du Sud, un participant actif à la mêlée
radio et un fabricant [faisant] une entreprise d'environ 70 000
000 $ par an.
Le bénéfice net d'ITT est passé de moins de
2 millions de dollars en 1924 à plus de 100 millions de dollars
en 1929, tandis que son actif total est passé d'environ 38
millions de dollars en 1924 à environ 535 millions de dollars
en 1930.
Cuba, zone de test ITT
Bien qu'à la fin des années 1920 et au début
des années 1930, Hernand Behn ait été plus
occupé que jamais à assurer le bon fonctionnement
des principales sociétés de services de télécommunications
ITT en Amérique latine et en Espagne, il a continué
à accorder une attention particulière au fonctionnement
de la Compagnie cubaine de téléphone, qui à
cette époque est devenue "l'unité la plus réussie
de toutes", selon l'expression du magazine Fortune.
Compte tenu des perspectives d'augmentation rapide du trafic téléphonique
entre Cuba et les États-Unis offertes dans la seconde moitié
de la décennie précédente, un quatrième
câble sous-marin de 206 kilomètres de long a été
posé entre La Havane et Key West en 1930. avec une capacité
de 7 téléphones canaux.
Mais vingt ans s'écouleront avant que les nouveaux câbles
téléphoniques sous-marins entre La Havane et Key West
ne soient mis en service, car ce n'est qu'en 1950 que deux autres
seront posés, et ce non seulement en vue de couvrir l'augmentation
future du trafic Cuba-États. Unis, comme pour tester, dans
des conditions normales de fonctionnement, le comportement d'une
nouvelle technologie basée sur l'utilisation de câbles
avec répéteurs immergés à grande profondeur.
L'expérience ainsi acquise a été décisive
dans la conception finale des premiers câbles téléphoniques
transocéaniques, qu'AT&T et la poste britannique, en
collaboration, ont posés en 1956 entre Terre-Neuve et l'Écosse.
Les nouveaux câbles incorporaient des amplificateurs flexibles,
régulièrement espacés, conçus par Bell
Laboratories, basés sur des tubes électroniques de
longue durée, conçus pour amplifier les signaux dans
une seule direction, de sorte que chaque conversation téléphonique
nécessitait l'utilisation simultanée des deux câbles.
Bien que les longueurs de celles qui ont été posées
entre La Havane et Key West soient légèrement différentes
(213 et 232 km), chacune comportait 3 répéteurs qui
permettaient de transmettre sans difficulté, entre les deux
câbles, 23 voies téléphoniques et 24 voies télégraphiques
simplex (12 dans un sens et beaucoup d'autres dans le sens opposé).
De manière caractéristique, pendant de nombreuses
années, l'ITT a utilisé le territoire cubain comme
terrain d'essai pour les nouvelles technologies dans des conditions
d'exploitation commerciale, en vue de leur éventuelle généralisation
ultérieure.
Sans aucun doute, la société tenait pour acquis que,
étant donné la corruption proverbiale des fonctionnaires
du gouvernement existant dans le pays avant le triomphe révolutionnaire
de 1959, toute altération du service dérivée
de l'installation éventuelle dans le pays d'une technologie
déficiente n'entraînerait pas de conséquences
majeures.
Il est vrai qu'il y avait une dépendance du ministère
des Communications de Cuba, la Direction des services publics, qui,
selon la loi, devait être chargée de révéler
le bon fonctionnement des services téléphoniques,
électriques, etc., au profit du population, ainsi que de
prendre les mesures pertinentes nécessaires à cet
effet. Mais en pratique, cette dépendance n'a jamais rempli
sa mission avant 1959, puisque jusqu'alors elle avait fonctionné,
en pratique, comme un bureau délégué des grandes
entreprises de service public.
Un exemple de nouvelle technologie mise à l'épreuve
par l'ITT à Cuba, qui était déficiente et préjudiciable
au service téléphonique, était la centrale
électronique expérimentale de type "rotatif"
avec enregistrement électronique à base de tubes à
gaz (à vide), qui a été installée à
La Havane après la seconde Guerre mondiale.
Bien que le nouveau système ait bien fonctionné dans
des conditions de laboratoire, il a complètement échoué
dans les conditions d'exploitation commerciale auxquelles il a été
soumis à La Havane.
L'incorporation dudit standard au réseau téléphonique
local a nui, pendant de nombreuses années, au bon fonctionnement
d'un grand nombre de téléphones de la capitale, sans
qu'aucune rectification ou indemnisation ne soit exigée de
la part de l'entreprise.
Au lieu de cela, ITT a tiré les conclusions pertinentes du
résultat négatif de son expérience et a décidé
de ne plus fabriquer de centraux téléphoniques du
même type.
Mais l'exemple le plus spectaculaire de l'importance de la plage
de test cubaine pour ITT a été le succès obtenu
dans le développement essentiellement réalisé
par AT&T, mais motivé par une demande de Sosthenes Behn
lui-même pour un coûteux système expérimental
de communications par diffusion troposphérique, entre
Guanabo (Cuba) et Florida City (USA), points éloignés
à près de 300 kilomètres l'un de l'autre. Ce
système permettait de faire parvenir des signaux ultra-haute
fréquence (UHF) stables bien au-delà de l'horizon,
de telle sorte qu'il permettait la transmission d'un canal de télévision
monochrome, ainsi que de 120 canaux téléphoniques.
Jusqu'à l'entrée en service des satellites de communication
et des câbles à fibres optiques, ce système
était le seul au monde capable d'établir des canaux
de communications commerciales à très haut débit
pour couvrir de longues distances sans stations de relais intermédiaires,
même par voie maritime. Inutile de dire que cela s'est traduit
par un impact commercial significatif sur le marché des télécommunications
longue distance.
Le système de transmission troposphérique «
au-delà de l'horizon » entre Cuba et les États-Unis
est entré en service en 1957 et a fonctionné
sans problème.
En conséquence, la voie a été ouverte à
l'ITT pour installer le même système entre Porto Rico
et la République dominicaine, entre la Sardaigne et Minorque,
entre l'Alaska et des endroits éloignés du nord du
Canada, et entre l'Europe et l'Afrique, en traversant le détroit
de Gibraltar.
La fin de l'ITT à Cuba
Après la Seconde Guerre mondiale, la Cuban Telephone a laissé
le service téléphonique national se détériorer
progressivement jusqu'à des extrêmes intolérables,
alléguant qu'il lui serait impossible de disposer du capital
nécessaire pour normaliser le service et assurer son expansion
jusqu'à ce qu'une augmentation considérable des tarifs
soit autorisée.
Mais les gouvernements constitutionnels de l'époque n'ont
pas osé mettre en place une telle mesure, étant donné
que la création "des dividendes suffisants pour attirer
de nouveaux capitaux signifiaient [affronter] un public déjà
indigné par la dégénérescence du service."
En représailles, la Cuban Telephone a annulé toutes
ses nouvelles constructions à Cuba, principalement sur décision
du général William Harrison, ancien président
et ingénieur en chef d'AT&T, qui avait remplacé
en 1948 Sosthenes Behn à la présidence d'ITT.
En 1943 Le premier
crossbar longue distance, à barre transversale n ° 4,
a été installé à Philadelphie en Pennsylvanie
.
Quatre supplémentaires ont été installées
dans d'autres zones métropolitaines au cours des cinq années
suivantes.
(Le projet de produire la barre transversale n ° 2 a été
annulé, et la désignation «barre transversale n °
3» a été ignorée pour des raisons qui restent
floues.)
Nous l'avons déjà évoqué,
Stromberg-Carlson a produit plusieurs systèmes de commutation
uniques, notamment: le commutateur éléctromécanique
XY "à mouvement plat" logiquement similaire à
la commutation Strowger .
Le "sélecteur
XY" n'a pas été inventé par Stromberg-Carlson,
mais a été concédé sous licence à LM
Ericsson en Suède à la fin des années 40
et reconçu pour les applications de commutation américaines
(Ericsson l'a utilisé pour le PABX et une très petite application
Rural Exchange).
Centraux pour les Lignes téléphoniques longue distance
L'équipement du système téléphonique des États-Unis
pour les appels interurbains composés par le client nécessitait
plusieurs innovations supplémentaires. - Il devait y avoir un plan national de numérotation;
la norme d'indicatif régional à trois chiffres plus un numéro
local à sept chiffres a été utilsée.
- Un dispositif permettant aux commutateurs de reconnaître les indicatifs
régionaux et de déterminer automatiquement si un appel local
ou interurbain était tenté était également
requis.
- Enfin, la barre transversale n ° 4 devait avoir un nouvel
appareil qui traduirait l'indicatif régional et le préfixe
d'échange en un autre code pour désigner l'itinéraire
que l'appel devait prendre.
Ce commutateur de très grande taille se compose de plusieurs unités
de commutation crossbar individuelles et d'autres composants.
Le plan de numérotation s'est avéré le plus facile
à concevoir, mais le plus complexe à administrer, car il
fallait pour la première fois que tous les numéros de téléphone,
même dans les petites villes.
Le second était un nouveau composant pour le commutateur crossbar,
appelé prétraducteur, qui réagissait après
avoir reçu les trois premiers chiffres composés. Comme aucun
numéro local n'avait 0 ou 1 (puisqu'il n'y avait pas de lettres
au-dessus des 0 et 1 sur le cadran), tous les codes de zone avaient soit
0 soit 1 pour le deuxième chiffre. Ainsi, le prétraducteur
pourrait réagir au deuxième chiffre.
Un nouvel appareil pour la barre transversale n°4, connu sous le nom
de traducteur de carte, attaché à la barre transversale
pour exécuter la fonction. Western Electric a nommé ce design
modifié la barre transversale n° 4A, et a installé
le premier à Albany, New York en 1950.
Les barres transversales n° 4A se sont rapidement répandues.
AT & T a installé la 182 ième et dernière barre
transversale 4A à Madison, Wisconsin en 1976.
Vingt autres barres transversales n°4A ont été installées
par des sociétés américaines indépendantes,
ainsi qu'en Alaska et au Canada.
Nouvelles versions du commutateur crossbar
Bell Labs a également réaménagé
le système à barre transversale en centre plus petit pour
être utilisé dans les banlieues et autres zones non urbaines,
où il a remplacé les anciens centres Strowger pas à
pas.
Ce nouveau commutateur, la barre transversale
n ° 5, est entré en service à Media,
en Pennsylvanie, en 1948 et a été le premier à
être conçu et installé avec un prétraducteur
intégral pour la numérotation des appels longue distance.
Au cours des années suivantes, le système Bell a déployé
des centres no 5 et aussi des versions pour dautres pour des compagnies
de téléphone indépendantes. Des pré-traducteurs
ont également été ajoutés aux n ° 1. Le crossbar n°1 est resté largement cantonné aux
États-Unis, la conception du n°5 s'est avérée
avoir un intérêt considérable dans le monde, età
partir du milieu des années 1950, les fabricants partout dans le
monde ont commencé à produire leurs propres Commutateurs
crossbar adaptés des modèles américains.
Une version en particulier, le Pentaconta d'ITT / France, introduit
en 1964, était employé dans plus de 70 pays.
Années 1960
: Le dernier standard téléphonique manuel du Système
téléphonique de Bell dans l'État du New Jersey a
été retiré au milieu des années 1960.
À la fin des années
1960, le système Bell se heurtait à dautres problèmes
graves. Le taux d'inflation avait augmenté depuis le milieu de
la décennie et les bénéfices du système Bell
s'érodaient. Incapable de suivre seul lamélioration
de la productivité, le système sest à nouveau
tourné vers les organismes de réglementation pour obtenir
des augmentations de tarifs.
Cette tâche difficile a été aggravée par la
baisse de la qualité des services, qui a atteint des proportions
critiques à New York et dans quelques autres villes.
Années 1960 La naissance
de la commutation électronique et le développement
/ déploiement aux Etats-Unis est racontée
à cette page .
Les américains ont été moteur dans ce domaine. En 1965, AT & T avait installé le premier commutateur
électronique, le système ESS n ° 1 dans un
centre localà Succasunna, New Jersey.
Dans ces centraux il n'y avait aucun mouvement mécanique, les commutateurs
électroniques étaient plus rapides et plus faciles à
entretenir.
Les commutateurs électroniques étaient simplement des ordinateurs
spéciaux, plus flexibles et pouvaient permettre des fonctions avancées
telles que l'appel en attente. Les années 1970-80 annoncent la
fin de la commutation éléctromécanique.
En 1974 Le ministère de la Justice des États-Unis
a ouvert l'affaire "AT & T" . Soupçonné qu'AT
& T utilisait les bénéfices monopolistiques de sa filiale
Western Electric pour subventionner le coût de son réseau,
une violation de la loi anti-trust.
Un règlement de cette affaire a été conclu en 1982,
ce qui a mené à la division de la compagnie le 1er janvier
1984 en sept compagnies régionales de
Bell, communément appelées Baby Bells.
Ces entreprises étaient:
- Ameritech, acquise par SBC en 1999 et maintenant membre d'AT & T
Inc.
- Bell Atlantic (maintenant Verizon Communications), qui a acquis GTE
en 2000
- BellSouth, acquise par AT & T Inc. en 2006
- NYNEX, acquis par Bell Atlantic en 1996, maintenant partie de Verizon
Communications
- Pacific Telesis, acquise par SBC en 1997, qui fait maintenant partie
d'AT & T Inc.
- Southwestern Bell (plus tard SBC, maintenant AT & T Inc.), qui a
acquis AT & T Corp. en 2005
- US West, acquise par Qwest en 2000, qui à son tour a été
acquise par CenturyLink en 2011
Après le démantèlement, l'activité principale
de l'ancienne société mère était maintenant
AT & T Communications, qui se concentrait sur les services interurbains,
et avec d'autres activités non rattachées à RBOC.
La mise en uvre de la commutation automatique à l'échelle
nationale, qui avait commencé en Suisse avant la Seconde Guerre
mondiale, a été reprise dans les années 50 et s'est
achevée dans la plupart des pays industrialisés vers 1980.
CHRONOLOGIE DES SYSTÈMES DE COMMUTATION AUTOMATIQUE
CONÇUS PAR LES LABORATOIRES BELL
1921 -Panel- Ground Cut -off
1925 -Coordinate System
1927 -No. 350A, 360, and No. 1 Step -by -Step Systems
1928 -Panel -Battery Cut -off
1938 -No. 1 Crossbar
1939 -No. 2 and 380A Crossbar
1939 -No. 355A Step -by -Step System
1940 -Crossbar Tandem
1942 -No. 4trossbar- Operator Dialing
1943 -Automatic Ticketing
1948 -No. 5 Crossbar with Flat Spring Relays
1952 -No. 4A Crossbar -Nationwide Customer Dialing
1956 -No. 5 Crossbar with Wire Spring Relays
1960 -Morris Electronic Central Office
1962 -No. 5 Crossbar System -4 -Wire
1963 -No. 101 ESS
1965 -No. 1 ESS
1965 -Step -by -Step Common Coitrol System
1966 -No.1 ESS -4 -Wire
1967 -No. 1 ESS - Signal Processor
1967 -No. 1 ESS -Centrex
1969 -TSPS No. 1
1969 -No. 4A Crossbar Electronic Translator
1969 -'No. 1 ESS Arranged for Cata Features
1970 -No. 2 ESS
1971 -Automatic Intercept System No. 1A
1972 -No. 5A Crossbar
1974 -No. 3 Crossbar
Le tableau résume les pays avec plus de 1 million de lignes
principales ayant achevé lautomatisation nationale au
1 er janvier 1978.
Le 31 janvier 2005,
la société «Baby Bell» SBC Communications a
annoncé son intention d'acquérir AT & T Corp. pour 16
milliards de dollars.
SBC a annoncé en octobre 2005 qu'elle abandonnerait la marque «SBC»
et prendrait la marque AT & T avec le symbole «T» NYSE.
L'approbation de la fusion a été conclue
le 18 novembre.
2005 Mink, en Louisiane, reçoit enfin le
service téléphonique fixe traditionnel (l'un des derniers
aux États-Unis).
La ville de Bolton, dans la Louisiane rurale, était l'un des derniers
endroits du pays sans service téléphonique, mais tout a
changé lorsque les téléphones ont finalement été
branchés à Mink, pour une colonie d'environ 15 familles.
La gouverneure Kathleen Blanco a inauguré la nouvelle ère
de communication de la ville avec un appel téléphonique
cérémoniel à Bolton.
La communauté a célébré avec une" friture
de poisson" lundi se rassemblant dans une église et
distribuant du poisson-chat, du gombo, des hushpuppies et de la salade
de chou à environ 100 résidents, amis, fonctionnaires et
autres.
BellSouth Corp. a dépensé 700 000 dollars - soit environ
47 000 dollars par téléphone - pour étendre environ
30 miles de câble à travers d'épaisses forêts
jusqu'à Mink, à environ 100 miles au sud de Shreveport.
Les clients du téléphone dans tout l'État couvriront
le coût en payant une petite charge mensuelle sur leurs factures.
Les téléphones portables ne fonctioaient que dans quelques
endroits.
Vu dans le New York Tmes du 12 décembre 2004
États-Unis À l'ère du téléphone sans
fil, une ville de Louisiane attend la vraie chose
À l'ère du téléphone sans fil, une ville de
Louisiane attend la vraie chose de De Ralph Blumenthal
MINK, Louisiane . Ce n'est un secret pour personne ce que les 15 habitants
de ce petit village veulent pour Noël : la même chose
qu'ils ont toujours voulu toute l'année : des téléphones.
Pas des téléphones de sac, le palliatif portable primitif
souvent transporté dans un étui en toile, qui envoie les
résidents dans leurs camionnettes à la recherche de «points
chauds» de service, mais de vrais téléphones câblés
à une ligne terrestre.
L'invention d'Alexander Graham Bell de 1876 n'a jamais atteint Mink, un
ancien paradis des trappeurs dans la forêt nationale de Kisatchie
dans le centre-ouest de la Louisiane, bien que les voisins juste en bas
de la route sur les autoroutes 117 et 118 aient été câblés
pour les téléphones dans les années 1970.
Le téléphone n'a également jamais atteint les cent
familles de Shaw et Black Hawk, les communautés de chasse et de
camping à travers l'État le long du fleuve Mississippi,
certains des rares endroits non répertoriés du pays dépourvus
de lignes téléphoniques. Oui, le téléphone
n'est pas partout. En fait, les téléviseurs sont plus courants
dans les foyers américains aujourd'hui.
"Est-ce que ça a du sens tout d'un coup, ils se sont juste
arrêtés ?" a déclaré Julian Ray, un vendeur
ambulant de Mink qui s'est battu pour le service téléphonique
qu'il dit que sa mère a commencé il y a près de 30
ans. "Quoi, ils ont manqué d'argent ?"
Mais maintenant, le 19e siècle rattrape Mink et d'autres régions
isolées. Poussé par la Commission de la fonction publique
de l'État, BellSouth, à ce qu'il dit être des dépenses
énormes, de câble pour le service téléphonique
qui devrait commencer en mars. Shaw et Black Hawk, où la géographie
défie le câblage, doivent avoir des tours cellulaires.
"Je suis tellement excitée que je peux à peine le contenir",
a déclaré Louise Bolton, 83 ans, une veuve de Mink qui,
comme ses voisins, s'appuie sur un téléphone analogique
de la taille d'un modèle de bureau plat qui transmet la voix sur
une bande radio.
"Cela fonctionne mais ce n'est pas fiable", a déclaré
Mme Bolton. "Toute la nuit dernière et ce matin, j'ai eu un
signal occupé."
Le service analogique, qui est progressivement supprimé ici, manque
également de fonctionnalités telles que la messagerie vocale.
Ainsi, des gens comme M. Ray, qui vend des systèmes d'extinction
d'incendie pour Firetrace International dans le sud-est, peuvent parfois
être trouvés à la benne à ordures locale dans
une clairière, criant dans son téléphone portable
numérique : "Comment est le signal ? COMMENT EST LE SIGNAL
?"
Il rédige ses rapports de vente sur un ordinateur portable mais
emprunte des téléphones pour transmettre les informations.
"C'est ridicule aux États-Unis continentaux", a déclaré
M. Ray, 57 ans. "Je voyage tout le temps donc ça n'a pas tellement
d'importance pour moi. Mais mon nouveau directeur des ventes, il n'est
pas content de mon emplacement de résidence."
M. Ray a déclaré qu'il était retourné dans
sa maison d'enfance rustique pour être avec son frère malade,
John, 72 ans, un ouvrier pétrolier à la retraite qui a subi
plusieurs opérations cardiaques.
John Ray, qui tue des cerfs et des écureuils depuis son porche
et prépare des lots de gombo parfumé, a déclaré
qu'avec sa santé précaire, il apprécierait une ligne
terrestre. "Nous avions des téléphones satellites en
Afrique, dans les champs de pétrole", a-t-il déclaré.
Le service téléphonique ne peut pas non plus arriver assez
tôt pour W.E. Marshall, 80 ans, ingénieur de locomotive à
la retraite pour Southern Pacific, qui a ouvert sa porte avec sa femme,
Blanche, 78 ans, après que Julian Ray ait klaxonné l'autre
jour.
"J'aurais appelé", a crié M. Ray par-dessus la
clôture, "mais - pas de téléphone."
Ils gardent un téléphone de poche branché sur l'allume-cigare
du camion et, pour la réception, conduisent jusqu'à ce qu'ils
appellent "la fosse à terre" - un ponceau en bas de la
route. Lorsqu'ils font des excursions chez Wal-Mart, ils paient souvent
par chèque et on leur demande leur numéro de téléphone.
"Nous leur disons que nous n'avons pas de téléphone",
a déclaré M. Marshall. "Ils ne peuvent pas y croire."
Pendant des années, ont-ils dit, ils ont utilisé un téléphone
public au magasin général de Kisatchie. "Mais les gens
étaient curieux ils sortaient et s'asseyaient sur le banc
pour écouter", a déclaré Mme Marshall.
Le magasin a fermé il y a plusieurs années, et avec lui
le téléphone payant.
Les demandes de service remontent à des décennies. Le gouverneur
Edwin W. Edwards est arrivé une fois en hélicoptère
pour un pique-nique et les habitants ont fait pression pour obtenir des
téléphones. "Il allait voir ce qu'il pouvait faire",
a déclaré M. Marshall. "Tu sais ce qui lui est arrivé."
M. Edwards a été reconnu coupable
de racket, d'extorsion et de fraude en 2000 et purge une peine de 10 ans.
Puis, en février dernier, Foster Campbell, un sénateur de
l'État élu en 2002 pour représenter le nord de la
Louisiane à la Commission de la fonction publique de l'État,
est venu ici pour une réunion communautaire et s'est fait entendre.
M. Campbell a déclaré dans une interview qu'il n'avait pas
compris au début. "J'ai dit: 'Quoi, tu as de l'électricité
statique?' Ils ont dit, non ils n'ont jamais eu de téléphone.
J'ai dit : 'Attendez une minute. Vous n'avez jamais eu de téléphone
?' J'ai dû m'asseoir."
"Nous venons de mettre la pression sur les compagnies de téléphone",
a-t-il ajouté.
Kevin F. Curtin, un porte-parole de BellSouth, a déclaré
que Mink était un territoire non réclamé mais que
le service public se conformait à un ordre de l'État d'annexer
Mink à sa zone de service, pour un coût de 700 000 $, soit
environ 46 000 $ par client. L'industrie des communications contribue
à un fonds national de service universel qui garantit un service
non économique dans les zones peu peuplées, mais il n'a
pas encore été activé en Louisiane, a déclaré
M. Curtin, laissant BellSouth coincé avec l'onglet. Mais la Commission
de la fonction publique de Louisiane a déclaré qu'elle prévoyait
de rembourser BellSouth à partir d'un nouveau fonds de service
public l'année prochaine.
À Shaw et Black Hawk, Centennial Wireless a reçu l'ordre
d'ériger deux tours de communication pour le service cellulaire
au coût de 1,5 million de dollars.
Récit comment les télécommunications se sont installées
dans une région comme l'OREGON pendant la période
de la conquête de l'Ouest jusqu'à nos jours. (Récit
de Frank Dillow chercheur associé au projet Technology &
Democracy au Discovery Institute)
LES TEMPS SONT DIFFICILES à la frontière
du Missouri au printemps 1846.
La spéculation foncière alimente un effondrement économique
qui entraîne des faillites bancaires. Les agriculteurs, incapables
de vendre leurs récoltes, ont été saisis.
La terre de l'Oregon, libre d'accès, a fait signe à
James Brown, qui, avec sa femme Lucinda et son fils de deux
ans, Matt, a laissé derrière lui sa maison du Missouri
le 11 avril, rejoignant les quelque 1 200 émigrants affluant
vers l'ouest cet été-là. Beaucoup ont orné
leurs wagons avec des bannières proclamant "tout l'Oregon",
reflétant leur soutien aux menaces du président James
K. Polk à l'Angleterre de mettre fin à l'occupation
conjointe du pays de l'Oregon par les deux nations. Le 15
octobre, six mois après avoir quitté le Missouri,
Brown a installé sa famille sur leur revendication foncière
d'un mile carré le long des rives de Silver Creek, terre
qui deviendrait l'extrémité nord de Silverton.
Aujourd'hui, il est difficile d'imaginer à quel point la
vie était isolée pour les nouveaux arrivants dans
l'Oregon comme la famille Brown.
En juin, peu de temps après avoir quitté le Missouri,
Polk a signé un traité avec l'Angleterre, séparant
l'Oregon américain du Canada britannique. Les Oregoniens
n'apprendraient le changement qu'en novembre, près d'un mois
après l'arrivée des Brown.
En l'absence de service postal américain dans l'Oregon jusqu'en
1847, après la fin de l'occupation conjointe américano-britannique
de la région, les voyageurs à destination ou en provenance
de l'Oregon transportaient du courrier, des journaux, de l'argent,
des documents juridiques et des fournitures, à livrer quand
ils arrivèrent, comme l'expédition Lewis et Clark
l'avait découvert, il n'y avait pas de route « directe
et praticable » pour raccourcir les kilomètres séparant
l'Oregon du reste de la nation.
Mais la distance n'était pas le seul obstacle. Parce que
l'information ne voyageait pas plus vite que la personne qui la
portait, même quelques mots prenaient des mois pour être
livrés en main propre à travers les deux mille miles
entre le Missouri et l'Oregon.
Cependant, les nouvelles technologies de communication
finiraient par réduire puis éliminer le temps et la
distance de l'équation de la diffusion de l'information.
Avec des ressources limitées dans l'Oregon, il a fallu un
engagement local pour promouvoir chaque innovation, bien que les
changements aient souvent été financés par
le gouvernement fédéral ou des sociétés
nationales.
Dans les zones rurales de l'Oregon, les entrepreneurs des petites
villes et les agriculteurs bricoleurs, y compris les Brown, ont
développés leurs systèmes locaux. Matt Brown
est devenu l'un des premiers maîtres de poste de Silverton.
Son fils Percy a fondé la compagnie de téléphone
de la ville. Le fils et les petits-fils de Percy ont développé
l'entreprise jusqu'à ce qu'elle soit acquise par une société
de portefeuille nationale, avant de devenir une partie de Verizon,
l'un des plus grands géants des télécommunications
au monde.
Même avant que les Brown ne quittent le Missouri,
les graines des futures communications de l'Oregon étaient
semées à Washington, alors que le Congrès se
précipitait vers l'ajournement en février 1843, débattant
vivement de l'opportunité d'établir une occupation
militaire dans l'Oregon pour expulser les Britanniques, Samuel
FB Morse demanda 30 000 $ pour développer son nouvel
appareil, le télégraphe.
Au milieu d'une éloquence joviale comparant le télégraphe
«alimenté par la foudre» à l'hypnotisme
ou à la parole aux morts, le Congrès, dans la dernière
heure de la session, a approuvé sa demande. Quinze mois plus
tard, Morse a tapé une séquence de points et de tirets,
propulsés par l'électricité à travers
des câbles de cuivre qu'il avait construits de son bureau
dans la capitale à Baltimore, à quarante-quatre miles
de là. Arrivés presque instantanément en utilisant
son propre code Morse, les signaux ont été traduits
dans le message désormais célèbre, What
Hath God Wrought? : "Qu'est-ce que Dieu a fait ?"
L'année suivante, le ministère des
Postes a décliné l'offre de Morse de leur vendre son
télégraphe pour 100 000 $. De même, le Congrès
a rejeté sa demande de 100 000 $ pour étendre la ligne
à New York, offrant à la place 8 000 $ pour la poursuite
des opérations jusqu'à Baltimore. Déçu,
Morse organisa la Magnetic Telegraph Company et construisit
les premières lignes reliant Baltimore à New York
en 1846. Au moment où les Brown s'installèrent dans
leur nouvelle maison dans l'Oregon, le service télégraphique
offrait des communications presque instantanées entre Washington,
DC, Baltimore, Philadelphie, New York et Boston.
Le télégraphe a eu un effet profond
sur l'Amérique, créant autant d'excitation qu'Internet
150 ans plus tard. sans avoir besoin de messagers, les informations
pourraient être transmises à la vitesse de l'électricité,
de jour comme de nuit, quelles que soient les conditions météorologiques
ou routières. Les chemins de fer ont utilisé le télégraphe
pour signaler et envoyer leurs trains en toute sécurité,
ce qui a finalement conduit à des fuseaux horaires uniformes
à travers le pays. Les prévisions météorologiques
pourraient être fournies avant l'arrivée du temps.
Wall Street est devenue le centre financier du pays, tandis que
d'autres grandes villes sont devenues des centres de commerce, reliés
par télégraphe à leurs clients. Le besoin d'opérateurs
télégraphiques alphabétisés et capables
d'épeler avec précision, lorsque ces compétences
étaient rares, a favorisé une éducation plus
large et créé de nouvelles opportunités d'emploi
pour les femmes.
Moins d'un an après son invention, un employé
du General Land Office, Charles Fletcher, a exhorté Polk
à construire une ligne télégraphique de Washington,
DC, à Astoria afin de faire pression sur les Britanniques
pour qu'ils abandonnent leurs revendications sur l'Oregon : «
Le président peut envoyez une commande à l'embouchure
du fleuve Columbia après le petit déjeuner et recevez
une réponse avant le dîner.
Néanmoins, il faudrait près de vingt ans avant que
les messages télégraphiques n'atteignent l'Oregon.
Tout d'abord, les habitants de l'Oregon devaient faire livrer leur
courrier, et ce n'était pas une tâche facile lorsque
le bureau de poste américain le plus proche se trouvait à
près de trois mille kilomètres à Weston, dans
le Missouri.
Le gouvernement provisoire de l'Oregon a affecté
cinquante dollars en 1845 pour établir son propre bureau
de poste à Oregon City. Le printemps suivant, l'Oregon étant
désormais sous juridiction américaine, le département
américain des postes a ouvert son premier bureau à
l'ouest des montagnes Rocheuses à Astoria et a passé
un contrat avec la Pacific Mail Steamship Company pour livrer le
courrier de la côte est. En quelques semaines, le département
a ouvert un deuxième bureau de poste à Oregon City,
suivi de bureaux à Salem et Corvallis.
À la fin de 1846, les journaux de New York
avaient créé l'Associated Press pour fournir aux lecteurs
des rapports mis à jour reçus par télégraphe
de la guerre du Mexique, conduisant à l'impression d'éditions
quotidiennes populaires qui rapportaient les événements
quelques jours après leur apparition. Lorsque les Indiens
Cayuse ont attaqué la mission Whitman près de Walla
Walla en novembre suivant, cependant, les Oregoniens n'avaient d'autre
choix que d'envoyer Joe Meek à cheval à travers le
pays pour chercher des renforts militaires. Son apparition au printemps
suivant dans la capitale nationale n'a pas apporté d'aide,
mais elle a aidé à convaincre le Congrès de
faire de l'Oregon le premier territoire américain à
l'ouest des montagnes Rocheuses, ce qu'ils ont fait en août.
Les Oregoniens apprendraient la désignation cinq mois plus
tard.
La découverte d'or en Californie en 1848
a transformé l'Occident. En deux ans, le paisible village
mexicain de Yerba Buena, avec une population de six cents habitants,
s'est transformé en centre commercial de San Francisco, avec
environ trente mille habitants. Le bureau de poste en a fait la
plaque tournante de la livraison du courrier de l'Ouest. À
partir de 1851, le bateau à vapeur Columbia , construit spécialement
pour le service postal de l'Oregon, a commencé une livraison
mensuelle plus ou moins régulière entre San Francisco
et l'Oregon, choisissant d'abord St. Helens comme terminus, puis
le remplaçant par Portland.
Les wagons de courrier ont fourni une livraison
mensuelle plus rapide et plus fiable du courrier à l'ouest
du Missouri à Salt Lake City à partir du 1er juillet
1850, partant généralement tous les trente jours.
L'année suivante, la route est prolongée jusqu'à
San Francisco, bien que les livraisons restent erratiques. Des sociétés
de messagerie privées ont également commencé
à livrer du courrier et des fournitures aux mines d'or de
Californie, et en 1852, Wells Fargo, le transporteur le plus prospère,
a ouvert un bureau de l'Oregon à Portland au 57 Front Street,
livrant parmi les colonies dispersées du nord-ouest du Pacifique
à cheval, en diligence, ou bateau fluvial. L'année
suivante, ils ont ajouté la livraison express bimensuelle
entre Portland et San Francisco. Le bureau de poste a également
commencé à étendre ses livraisons de courrier
dans le territoire de l'Oregon au début des années
1850, principalement à cheval depuis Oregon City,
En 1854, huit ans après l'arrivée
des Brown, Silverton a été fondée et l'expérience
de communication de ses habitants est révélatrice.
Chaque fois que quelqu'un arrivait à livrer du courrier en
ville, il était jeté sur le sol de l'un des rares
magasins locaux. Les résidents venaient chercher leur propre
courrier, qui « était tout aussi susceptible d'arriver
à Sublimity, Parkersville ou Olympia, qu'à Silverton
», L'année suivante, les diligences ont commencé
à distribuer le courrier au sud d'Oregon City, partant tous
les lundis matin et arrivant à Salem le mardi à midi.
Le service télégraphique est arrivé
sur la côte ouest en 1853, partant de San Francisco.
Un an plus tard, l'agent Charles F. Johnson de l'Alta California
Telegraph Company a proposé d'étendre le service au
nord jusqu'à l'Oregon. Portland n'étant qu'une des
nombreuses colonies en compétition pour devenir le centre
commercial de l'Oregon, plusieurs de ses principaux hommes d'affaires,
dont le maire George W. Vaughn, ont organisé la Pacific Telegraph
Company pour améliorer les communications vers le sud, envoyant
leur premier message de Portland à Oregon City le 16 novembre.
1855.
En moins d'un an, les fils du télégtaphe s'étendent
d'Oregon City à Lafayette et Dayton, atteignant Salem en
septembre. Le manque de patronage a découragé les
organisateurs d'étendre la ligne à Corvallis, comme
initialement prévu. Le système a fonctionné
pendant un certain temps, mais comme le temps a endommagé
les fils, la ligne télégraphique a été
en grande partie abandonnée.
Les communications se sont considérablement
améliorées pour les habitants de l'Oregon en 1857.
Le Congrès a autorisé le ministre des Postes à
conclure un contrat pour que la livraison du courrier terrestre
du Missouri à la Californie soit « effectuée
dans les vingt-cinq jours ». Le service télégraphique
s'est également rapproché de l'Oregon lorsque la Northern
Telegraph Company de Californie a prolongé les lignes télégraphiques
existantes de San Francisco à Marysville plus au nord jusqu'à
Yreka.
Les fils télégraphiques se sont répandus vers
l'ouest comme des toiles d'araignées de la côte Est
jusqu'au Missouri, reliant même les petites villes. Ce printemps-là,
l'avocat itinérant Abraham Lincoln entra dans
le bureau du télégraphe de Pekin, dans l'Illinois,
et demanda à l'opérateur Charles Tinker comment fonctionnait
le télégraphe. "Comme c'est simple quand vous
savez tout", s'est-il exclamé pendant que Tinker en
faisait la démonstration. Quatre ans plus tard, Tinker fesait
fonctionner le télégraphe dans le bureau du département
de la guerre près de la Maison Blanche, où Lincoln,
en était le président
Des rapports selon lesquels le Congrès avait
fait de l'Oregon le trente-troisième État le 14 février
1859 ont été télégraphiés à
Saint-Louis et sont arrivés en quelques minutes. Près
d'un mois plus tard, la nouvelle a été transmise à
San Francisco par voie terrestre. À peu près au même
moment, un navire est arrivé à Portland en provenance
de la côte est, transportant un millier de circulaires imprimées
du délégué du Congrès de l'Oregon, Joe
Lane, informant les Oregoniens : « Le général
Lane n'a aucun espoir de l'admission de l'Oregon et souhaite donc
être renvoyé en tant que délégué
au Congrès. Quelques jours plus tard, le frère Jonathan
a accosté à Oregon City et a annoncé de San
Francisco que l'Oregon était déjà un État.
La ligne télégraphique précédente avait
été abandonnée, alors Stephan Senter est monté
vers le sud à cheval portant la nouvelle.
Avec l'élection présidentielle cruciale
de 1860, les divisions politiques entre les États du nord
et du sud se sont approfondies, augmentant les efforts pour améliorer
les liens avec les colonies occidentales. La population de l'Oregon
était passée à 52 465 habitants, Portland devenant
sa plus grande ville et son centre commercial avec 2 874 habitants.
Néanmoins, les commerçants attendaient encore jusqu'à
quarante jours pour que les bons de commande parviennent aux fournisseurs
à New York, et jusqu'à six mois de plus pour que la
marchandise parvienne à leurs magasins. Le 3 avril, cependant,
le Pony Express a commencé à courir vers l'ouest depuis
St. Joseph, Missouri, et vers l'est depuis Sacramento, Californie,
réduisant la livraison du courrier entre les deux villes
à dix jours.
Ce printemps-là, le Congrès a affecté
une dépense annuelle de 90 000 $ pour fournir un service
quotidien de diligence aux passagers et au courrier le long de la
route de 710 milles entre Sacramento et Portland, à partir
du 15 septembre. Voyageant nuit et jour et faisant soixante arrêts
le long de la route, les étapes sont arrivées dans
les sept à quatorze jours, selon les conditions météorologiques
et les conditions des sentiers. Le nouvel itinéraire reliait
également le vaste réseau de diligences californiennes
via Portland aux réseaux de bateaux à vapeur et de
scènes locales dans le nord-ouest du Pacifique. "Personne
n'a désormais besoin de se soumettre aux retards du service
postal incertain de l'océan, mais peut écrire quotidiennement,
ou et quand il le souhaite", a observé l'Union de Sacramento.
Avant d'ajourner, le Congrès a promulgué le Pacific
Telegraph Act de 1860 et a affecté des fonds pour construire
"une ligne télégraphique électrique"
pour relier Omaha, Nebraska, à San Francisco, Californie,
ainsi qu'une "ligne secondaire" à l'Oregon.
Après que d'autres sociétés de télégraphe
se soient retirées, la Western
Union est devenue la seule soumissionnaire et le
département du Trésor a sélectionné
la société pour construire la ligne ouest, en utilisant
la Pacific Telegraph Company, qu'ils ont créée pour
le projet. Dans le même temps, Western Union a conclu un accord
avec les sociétés de télégraphe californiennes
pour se consolider dans l'Overland Telegraph Company afin d'étendre
ses lignes à l'est jusqu'à Salt Lake City, Utah, où
les deux lignes se rencontreraient.
Le 2 octobre 1860, les législateurs de l'Oregon
ont choisi comme l'un des sénateurs américains de
l'État l'éminent avocat de la côte ouest Edward
Baker, ancien partenaire juridique et ami personnel proche d'Abraham
Lincoln. L'élection de Lincoln en novembre a mené
à une tête les crises nationales menant à la
guerre civile. Les habitants de l'Oregon attendaient avec impatience
les dernières nouvelles nationales. À Portland, Henry
Pittock devint le nouvel éditeur du Weekly Oregonian et,
le 1er février 1861, son journal de plus en plus influent
devint le quotidien Morning Oregonian. Sous la direction de Pittock,
les rapports reçus à San Francisco par Pony Express
ont été télégraphiés au nord
à Yreka, où ils ont été mis sur une
diligence à Jacksonville, puis livrés à cheval
à Portland.
Le 1er mai 1861, les lecteurs du Daily Oregonian
ont appris que les forces du sud avaient bombardé Fort Sumter
dans le port de Charleston en Caroline du Sud, forçant sa
reddition et déclenchant la guerre civile six semaines plus
tôt. Alors que les équipes de construction travaillaient
pour connecter les fils télégraphiques d'Est en Ouest,
la guerre entre le Nord et le Sud a éclaté.
Bientôt, le fils et le frère de Baker
sont arrivés à Washington, DC, dans le cadre du "California
Regiment", et ont été affectés pour aider
les forces de l'Union à défendre la capitale nationale.
Baker, un officier de l'armée pendant la guerre du Mexique,
est devenu leur commandant tout en continuant à servir au
Sénat. Le matin du 21 octobre 1861, le régiment de
Baker fut déployé pour traverser la rivière
Potomac depuis le Maryland à Ball's Bluff, à environ
trente milles à l'ouest de la capitale, et capturer le bastion
confédéré voisin de Leesburg, en Virginie.
Les soldats confédérés, prévenus, repoussèrent
rapidement l'attaque de l'Union. Alors que les corps des soldats
de l'Union morts flottaient sur la rivière Potomac jusqu'à
Washington, Lincoln s'inquiétait pour la sécurité
de Baker. N'obtenant aucun rapport de ses généraux,
Lincoln a finalement télégraphié à l'officier
de terrain dans le Maryland. Bientôt, il eut sa réponse.
Baker était mort. Pour le reste de la guerre, Lincoln deviendrait
un habitué du bureau du télégraphe, lisant
chaque message du terrain et envoyant ses instructions directement
aux officiers responsables, utilisant le télégraphe
pour transformer le rôle du leadership politique en temps
de guerre.
Le lendemain, les travailleurs de Western Union
ont attaché leurs fils d'Omaha au bureau télégraphique
de Salt Lake City. Alors que des rumeurs circulaient dans la capitale
nationale selon lesquelles les Occidentaux pourraient quitter l'Union
pour former une "République du Pacifique", le chef
mormon Brigham Young a envoyé à l'Est le premier message,
y compris l'assurance que "l'Utah n'a pas fait sécession,
mais est ferme pour la Constitution et les lois de notre pays autrefois
heureux. Deux jours plus tard, les équipages californiens
ont connecté leurs fils.
Alors que les opérateurs testaient la ligne pour envoyer
le premier message transcontinental, adressé au président
Lincoln, un message de l'Utah fut enregistré dans le bureau
de San Francisco : EXCITATION INTENSE ET DEUIL À PHILADELPHIE
POUR SA MORT. Baker avait été une figure populaire
à San Francisco avant de déménager dans l'Oregon,
et la nouvelle étonnante a refroidi les célébrations
impromptues en Californie.
De l'Atlantique au Pacifique, la nation était
désormais connectée, du moins par les mots. Le télégraphe,
tarifé à un dollar le mot, connut un énorme
succès. Cela signifiait également la fin du Pony Express,
qui a cessé de fonctionner un jour après la connexion
de la ligne. Les chevaux ne pouvaient pas dépasser la rapidité
de l'électricité.
Après avoir terminé la construction, Western
Union a rapidement fusionné avec le Pacific
Telegraph et l'Overland Telegraph.
Le développeur de télégraphes
JE Strong est arrivé à Salem en provenance de Californie
en 1861, et il a rapidement commencé à organiser l'Oregon
Telegraph Company, dirigée par cinq hommes d'affaires éminents
de Portland : WS Ladd, banquier et ancien maire, président
; Simeon Reed, principal propriétaire de l'Oregon Steam Navigation
Company, secrétaire ; Henry Corbett, marchand, banquier
et futur sénateur américain, trésorier ;
John McCracken, ancien maréchal des États-Unis, conseiller
municipal et marchand de blé, surintendant ; et Asa
Lovejoy, co-fondatrice de Portland, directrice. La construction
a commencé au sud de Portland en décembre 1862, atteignant
Salem en avril. Près d'un an plus tard, des équipes
près de Roseburg ont relié la ligne de l'entreprise
à celle construite au nord d'Yreka.
Cinq ans seulement après avoir obtenu le statut d'État,
Portland comptant toujours moins de six mille habitants, une nouvelle
ère de communications rapides a commencé pour les
habitants de l'Oregon. Le sénateur américain James
Nesmith, qui était venu en Oregon en wagon en 1843, a observé
: « C'est une époque rapide les gens voyagent
à la vapeur et parlent par la foudre . les gens comme
moi doivent s'éloigner de la "voiture du progrès".
Le 5 mars 1864, l'édition spéciale du Morning Oregonian
titrait les nouvelles de New York, "seulement 20 heures!"
Trois jours plus tard, les habitants de Portland ont célébré
avec un défilé aux flambeaux dans les rues boueuses
de la ville. Le maire David Logan a échangé ses félicitations
avec le maire de Portland, dans le Maine, et le gouverneur de l'Oregon,
AC Gibbs, a télégraphié au président
Lincoln : « Notre télégraphe est terminé .
Nous ne voulons pas de République du Pacifique, pas de compromis
avec des rebelles en armes, et plus d'esclavage. Les hommes d'affaires
de Portland avaient bien plus qu'à célébrer.
En achetant et en vendant directement avec les marchés de
l'Est, ils pourraient rapidement profiter des changements du marché.
Le tarif pour dix mots de Portland à San Francisco a été
fixé à 3,00 $ et à New York, à 8,50
$.
Western Union, fort de son projet transcontinental
réussi - en contraste frappant avec les échecs répétés
de pose de câbles télégraphiques à travers
l'Atlantique vers l'Europe - a développé un plan audacieux
pour construire une ligne télégraphique au nord de
Portland à Seattle, en Colombie-Britannique, puis en Alaska
(toujours partie de la Russie), à travers le détroit
de Béring jusqu'en Sibérie, et enfin à l'ouest
jusqu'à Moscou, Paris et Londres. La longueur totale serait
de plus de 16 000 milles.
En décembre 1864, le président Lincoln a commenté
le projet dans son rapport au Congrès, mais à ce moment-là,
la construction avait déjà commencé au nord
de Portland, arrivant à Seattle le 26 octobre et se connectant
à New Westminster, en Colombie-Britannique, en avril suivant.
En 1866, le câble transatlantique est achevé avec succès.
Ayant déjà investi 3 millions de dollars dans la construction
d'une ligne à travers la Sibérie,
La guerre civile avait montré les avantages
des communications rapides, mais avait également révélé
qu'un grand nombre d'entreprises télégraphiques concurrentes
entravaient l'efficacité de la technologie. Le gouvernement
fédéral a donc favorisé la consolidation de
l'industrie.
En 1866, Western Union était devenue le premier grand monopole
national. Dans le nord-ouest du Pacifique, cependant, la société
indépendante de navigation à vapeur de l'Oregon a
construit un important projet télégraphique reliant
Portland à l'est des Dalles en 1868, et jusqu'à Boise,
Idaho, l'année suivante.
Dans les années 1860, le service postal de
Silverton était passé à une livraison bihebdomadaire,
mais ce n'est qu'en 1873, lorsque la ville était passée
à trois cents habitants, que les livraisons quotidiennes
ont commencé à partir de Salem. Matt Brown, maintenant
un constructeur de maisons prospère dans la communauté
en pleine croissance, est rapidement devenu le maître de poste
de la ville.
La livraison du courrier à Portland avait également
continué de s'améliorer. En 1864, les diligences ont
commencé un service direct entre Portland et Salt Lake City,
via The Dalles et Boise, Idaho. Le nouvel itinéraire a considérablement
réduit le temps de trajet vers et depuis les villes de l'Est
en évitant d'aller vers le sud à travers la Californie.
Néanmoins, des plaintes continuaient : « Il est d'usage
tout le long du parcours de jeter les sacs de courrier des journaux,
dans les ruisseaux, dans les endroits marécageux, et autres
endroits où les sacs risquent de s'enfoncer, afin que la
peine et le travail de les transporter dans les étapes soient
épargnés.
ALORS QUE LE SERVICE TÉLÉGRAPHIQUE
améliorait considérablement les communications, les
clients devaient toujours se rendre au bureau télégraphique
le plus proche et remplir un formulaire avec leur message et sa
destination. Un opérateur télégraphique collectait
les frais, en fonction du nombre de mots et de la distance, et les
transmettait sur la ligne, où ils seraient répétés
et envoyés de bureau en bureau jusqu'à ce qu'ils arrivent
finalement au bureau le plus proche de l'adresse du destinataire.
Là, il serait retranscrit par écrit et remis en main
propre par messager.En plus des inconvénients, du manque
de sécurité et des possibilités d'erreur, un
seul message à la fois pouvait être transmis sur chaque
fil.
Une nouvelle génération d'inventeurs a commencé
des expériences pour envoyer plus de messages plus rapidement.
Alexander Graham Bell, qui s'est spécialisé
dans l'enseignement de la parole aux personnes sourdes en imitant
les vibrations des cordes vocales, a commencé des expériences
avec son « télégraphe harmonique
». En utilisant des vibrations de différentes hauteurs
de son, inspirées par le pincement des cordes de son piano,
il a cherché à transmettre plusieurs messages simultanément
sur un seul fil.
Lors de son dépôt de brevet le 14 février 1876,
il nota que l'appareil pouvait également transmettre le son
d'une voix humaine. Quelques jours plus tard, Bell nota dans son
cahier de laboratoire sa désormais célèbre
demande à son assistant Watson, qui entendit les mots sur
son récepteur et accourut. Bell saisit immédiatement
l'avenir de son invention et écrivit à son père
ce soir-là .
Comme Morse l'avait fait trente ans plus tôt, Bell a proposé
de vendre son invention pour 100 000 $, mais il n'a pas approché
la poste mais Western Union, qui a rejeté le nouvel appareil
comme "un peu plus qu'un jouet", estimant qu'il ne remplacerait
jamais le télégraphe.
Western Union a rapidement reconnu l'énormité de son
erreur et, contestant les brevets de Bell, est entré dans
le secteur du téléphone.
Bell a présenté le téléphone
à l'Exposition universelle de 1876 à Philadelphie,
et l'année suivante, il a été exposé
à l'Oregon State Fair.
Deux mois après que la compagnie de téléphone
de Bell ait commencé à exploiter son premier central
téléphonique à New Haven, Connecticut, le 29
janvier 1878, Portlander George Ainsworth, un éminent développeur
des premiers systèmes de transport fluvial du nord-ouest
du Pacifique, a acheté le droit d'introduire le téléphone
dans l'Oregon. Les hommes d'affaires de Portland, cependant, ont
refusé de le placer dans leurs magasins, expliquant que "ce
truc embêtant serait une telle nuisance". Finalement,
George Himes accepta d'installer l'un des appareils expérimentaux
dans son imprimerie au coin de SW First et de Washington, et il
persuada WT Shannahan, propriétaire d'un magasin de musique
à proximité, d'installer l'autre téléphone.
Peu de temps après, Himes aurait demandé à
Ainsworth comment il allait avec son nouveau téléphone.
« Pas très bon George », répondit Ainsworth,
« tout le monde en doute ; ils pensent que cela ne vaudra
jamais rien.
Les habitants de Portland n'étaient pas d'accord.
Le 29 mars 1878, une manifestation publique a eu lieu, reliant un
appel entre le bureau de FH Lamb, surintendant de division pour
Western Union, à SW First et A, et la pharmacie voisine appartenant
au Dr Orlando Plummer, qui était arrivé à Portland
en 1864 en tant que premier préposé et directeur de
la station télégraphique de Western Union. "Le
test a été des plus satisfaisants et réussis,
le téléphone fonctionnant comme un charme", a
rapporté le Morning Oregonian, poursuivant : La conversation était maintenue par des personnes à
chaque extrémité de la ligne avec une parfaite aisance,
chaque mot étant transmis distinctement sur la distance d'un
demi-mille. L'un des messieurs de la pharmacie a placé l'instrument
près de ses lèvres et a sifflé un air, c'est
ertainement [le téléphone] une merveilleuse invention.
Ce test a démontré sans aucun doute le caractère
pratique du téléphone et a montré les nombreuses
utilisations qui peuvent en être faites dans les affaires
quotidiennes.
À peine deux semaines plus tard, Western
Union a conclu un appel entre ses bureaux de Portland et de Roseburg,
distants de 208 miles. Malheureusement pour l'entreprise, le son
de la voix humaine s'estompait à chaque kilomètre
qui passait et les interférences électriques provoquaient
de l'électricité statique et du bruit. Néanmoins,
le Morning Oregonian a conclu que parler à « longue
distance » serait pratique.
Sur la même page, le journal a publié
sa première publicité pour les téléphones.
« Le téléphone de Bell ! Le succès
de ce merveilleux instrument est sans précédent .
La demande est si forte qu'il faut 30 jours pour exécuter
les commandes », a déclaré l'agent de Bell
à Portland, James H. Guild. Opérateur télégraphique,
Guild était l'un des trois fondateurs de la Bell's Portland
District Telephone Company, qui proposait « de construire
et d'entretenir des lignes téléphoniques dans toute
la ville ». En une semaine, Western Union avait sa propre
annonce pour la vente d'instruments "non Bell", "supérieurs
à tout autre en force et en clarté d'articulation".
Le 2 août, Portland est devenue la neuvième
ville du pays à offrir un service téléphonique
local. L' American Telephone and District Telegraph Company de Western
Union a commencé à exploiter le service à partir
d'une petite pièce à côté de son bureau
de télégraphe, avec Plummer parmi ses premiers administrateurs
et le Morning Oregonian parmi ses trente-deux premiers abonnés,
dont le nombre est passé à près d'une centaine
en un an. . Les frais du service téléphonique, disponible
tous les jours de 7 h à minuit, étaient de 2,50 $
par mois, ce qui comprenait la location du téléphone.
Les premiers téléphones étaient
directement connectés les uns aux autres, mais les inventeurs
les ont rapidement modifiés en développant des appareils
permettant à toutes les lignes de se connecter à un
«bureau central». Cette innovation obligeait les appelants
à tourner une manivelle, qui envoyait un signal électrique
au standard téléphonique central, où l'appelant
disait à l'opérateur qui il essayait d'appeler une
personne et l'opérateur connectait les deux parties en branchant
des prises dans les prises appropriées. De jeunes garçons
ont été embauchés comme premiers opérateurs.
Le premier de Portland était George Thomas, quinze ans, qui
a insisté pour garder la fenêtre de son bureau ouverte
afin qu'il puisse crier à travers l'ouverture, au cas où
les clients ne pourraient pas l'entendre au téléphone.
Pour un supplément de 50 cents, il courrait également
dans la ville pour livrer des messages personnellement ou amener
un client à un téléphone. Il n'y avait pas
d'autres centraux téléphoniques en dehors de Portland,
mais avant la fin de l'année, l'Oregon and Washington Railroad
Company a construit pour son propre usage la première ligne
longue distance de l'État entre Portland et Oregon City.
En 1879, trois ans seulement après que Western
Union eut rejeté l'offre de Bell de vendre son téléphone,
la société de Bell acquit les opérations nationales
de téléphonie et de télégraphe de Western
Union, y compris son tout nouveau réseau de Portland. Deux
ans plus tard, les deux sociétés ont été
regroupées sous le nom de Portland
Telephone, Telegraph and Electric Light Company.
Son nouveau chef, JH Thatcher, était venu à Portland
trois ans auparavant pour diriger le bureau télégraphique
de Western Union.
Au cours de sa première année d'exploitation, la nouvelle
société comptait 172 abonnés. En 1883, il avait
étendu le service téléphonique à l'est
de Portland en croissance rapide, avec un câble sous-marin
traversant la rivière Willamette jusqu'à son bureau
à SE Union et Washington. À peu près au même
moment, la compagnie de téléphone a commencé
à offrir un service spécial pour les hôtels
de Portland. Un guetteur à Linnton appelait à l'avance
pour souscrire des hôtels lorsque les navires remontaient
le fleuve, s'approchant de Portland. Avec le préavis, les
hôtels pourraient envoyer des hackneys sur les quais pour
récupérer les passagers dès leur arrivée.
En 1880, Corvallis avait accordé une franchise au système
téléphonique de Western Union, opérant à
partir de l'épicerie d'Albert Ray dans les rues Second et
Monroe; il a été rapidement absorbé par le
$ell. Le succès de Bell à Portland a conduit l'entreprise
à s'étendre à Seattle en 1883 ainsi qu'aux
plus grandes villes de l'Oregon de l'époque, à commencer
par Astoria en avril 1884, puis Salem, avec quinze clients, un mois
plus tard. Corvallis avait accordé une franchise au système
téléphonique de Western Union, opérant à
partir de l'épicerie d'Albert Ray dans les rues Second et
Monroe; il a été rapidement absorbé par le
système Bell. Le succès de Bell à Portland
a conduit l'entreprise à s'étendre à Seattle
en 1883 ainsi qu'aux plus grandes villes de l'Oregon de l'époque,
à commencer par Astoria en avril 1884, puis Salem, avec quinze
clients, un mois plus tard. Corvallis avait accordé une franchise
au système téléphonique de Western Union, opérant
à partir de l'épicerie d'Albert Ray dans les rues
Second et Monroe; il a été rapidement absorbé
par le système Bell. Le succès de Bell à Portland
a conduit l'entreprise à s'étendre à Seattle
en 1883 ainsi qu'aux plus grandes villes de l'Oregon de l'époque,
à commencer par Astoria en avril 1884, puis Salem, avec quinze
clients, un mois plus tard.
Toujours en 1884, près de dix ans avant l'expiration
des brevets de Bell, Samuel "Grant" Hughes, un télégraphiste
de Forest Grove âgé de vingt-trois ans, construisit
un standard téléphonique primitif et connecta ses
douze premiers clients, créant l'Independent Telephone Company
of Forest Grove dans une arrière-boutique de la quincaillerie
de son père. Hughes sera plus tard décrit comme « le
père du système téléphonique indépendant
[non-Bell] dans cet État ». En 1908, son entreprise
comptait plus de sept cents clients, avec deux cents kilomètres
de lignes desservant Forest Grove, Cornelius, Banks et Gales Creek,
chaque ville ayant son propre standard.
La société nationale d'interurbains
Bell, uniquement disponible pour les clients des compagnies de téléphone
locales Bell, s'est réorganisée en 1884, adoptant
un nouveau nom, l'American Telephone
and Telegraph Company (AT&T). En 1891, AT&T
avait étendu son service interurbain de Portland à
Salem, et en deux ans, il a achevé la construction au sud
d'Albany, Corvallis et Eugene ainsi qu'au nord de Seattle et à
l'est de Spokane. En 1898, les équipes d'AT&T à
Ashland ont connecté des câbles entre Portland et San
Francisco et, plus tard cette année-là, ont ajouté
un service à l'est de Boise. Peu de temps après le
tournant du siècle, AT&T est devenue la société
mère de toutes les opérations de téléphonie,
de fabrication et de recherche de Bell et est rapidement devenue
la plus grande société en Amérique.
Tout le monde n'était pas d'accord avec les
avantages que les téléphones auraient apportés
à leurs communautés.
Les fils téléphoniques, tendus au hasard d'un bâtiment
à l'autre, ajoutaient des dangers pour les habitants de Portland.
Le maire à la retraite, le Dr James Chapman, par exemple,
a accidentellement conduit son buggy dans un fil suspendu en 1885.
Jeté au sol, il est décédé plusieurs
semaines plus tard des suites de ses blessures. Walter Pierce, qui
deviendra plus tard gouverneur et membre du Congrès, était
greffier du comté d'Umatilla en 1891, lorsque Sam Jackson,
rédacteur en chef du Pendleton East Oregonian, vint à
son bureau. montrant le téléphone, et demandé:
"Comment pouvez vou aimez ça ?" Pierce a répondu:
"C'est une nuisance infernale." Jackson a suggéré
qu'ils se débarrassent tous les deux de leurs téléphones,
puis Jackson "écrivit tous les soirs une tirade dans
le journal ... ", jusqu'à ce qu'ils chassent les téléphones
de Pendleton.
Lexington USA, premier centre d'échange manuel avec batteries
centrales Année/Date 1893
Lorsque les brevets de Bell ont commencé
à expirer au printemps 1893, de nombreux fabricants ont commencé
à vendre cet équipement très rentable. Les
agriculteurs feuilletant le catalogue Sears Roebuck pouvaient acheter
tout ce dont ils avaient besoin pour installer leurs propres systèmes
téléphoniques. Lorsqu'il était connecté
à l'équipement de leurs voisins, utilisant souvent
des clôtures en fil de fer barbelé pour le fil téléphonique,
cela fonctionnait, au moins sur de courtes distances. Ces systèmes
simples et directement connectés sont devenus connus sous
le nom de "lignes d'agriculteurs", chaque client se voyant
attribuer un numéro. N'importe qui pouvait appeler n'importe
quel 'autre connecté au système en envoyant des trains
de sonneries, qui pouvaient être entendues sur chaque chaque
téléphone de la ligne, le nombre de sonnerie identifiant
qui était appelé. N'importe qui d'autre sur la ligne
pouvait également décrocher son téléphone
et écouter. Plus il y avait de clients qui décrochaient
leurs récepteurs, plus le son devenait faible, de sorte que
les messages étaient souvent relayés d'un auditeur
à l'autre. L'électricité statique sur les lignes
a poussé les clients à crier pour se faire entendre,
ce qui a conduit les lignes d'agriculteurs à devenir connues
sous le nom de téléphones « whoop and holler
».
En 1903, une publication sur la Willamette Valley
décrivait Matt Brown comme "l'un des hommes d'affaires
les plus énergiques et les plus clairvoyants de Silverton".
Ses fils Percy et Carl avaient utilisé Silver Creek pour
approvisionner leur Silverton Water Works et pour produire de l'électricité
pour leur compagnie locale d'éclairage et d'électricité,
qu'ils ont ensuite vendue à Portland General Electric (PGE).
En 1904, Percy a visité l'Exposition universelle de Saint-Louis
et est rentré chez lui avec suffisamment d'équipement
téléphonique pour démarrer l'Interurban Telephone
Company, desservant Silverton et le mont Angel à proximité.
Avec neuf clients au départ, l'entreprise est passée
à cinquante à la fin de l'année. En 1908, Percy
faisait la publicité d'un service téléphonique
local et interurbain dans « presque toutes les villes
et tous les comtés de la vallée de la Willamette ».
La Marquam Mutual Telephone Association, basée
à des agriculteurs, avait également des clients à
Mt. Angel, mais comme cette société n'était
pas connectée à Brown's, les clients devaient utiliser
les deux systèmes s'ils voulaient parler aux clients des
deux sociétés. En 1910, le producteur laitier Henry
Berning a convaincu les pères de la ville qu'il était
temps d'organiser leur propre compagnie de téléphone.
Avec vingt-quatre actionnaires et quarante-cinq clients, la Mt.
Angel Telephone Company a commencé ses opérations.
Trois ans plus tard, John Bauman est arrivé à Mt.
Angel. Avant longtemps, il a épousé l'une des filles
de Berning et est devenu le directeur de l'entreprise, connu localement
sous le nom de «Mr. Téléphone." Son fils
Ivo lui a succédé comme chef d'entreprise pendant
de nombreuses années. Le fils d'Ivo, Tom, a poursuivi la
tradition familiale en tant que chef d'entreprise tout en étant
également maire de la ville.
Des opérateurs indépendants formaient
également des sociétés dans d'autres villes
de l'Oregon. Le long de la rivière Molalla, à environ
deux milles au sud de Canby, un groupe d'agriculteurs s'est réuni
en 1904 pour fonder la Macksburg Mutual Telephone Association. Parmi
eux se trouvait JP Cole, dont la famille resterait active dans l'industrie
du téléphone de l'Oregon au cours des quatre générations
suivantes, soit plus de cent ans. L'adhésion était
de vingt-quatre dollars, ou neuf dollars si les membres fournissaient
leurs propres téléphones. Des réseaux d'agriculteurs
similaires se sont développés dans les quartiers ruraux
de la région, notamment New Era, Central Point, Mundorf,
East Canby, Barlow, Union Hall, Riverside, Mill Creek et Oak Grove.
Dix ans plus tard, ils ont commencé à se consolider,
formant le Canby Exchange of Mutual Telephone Companies, qui en
1940, avec 515 clients, est devenu connu sous le nom de Canby Telephone
Association.
Le 14 août 1904, le système téléphonique
de Prineville, qui avait déjà son propre service via
The Dalles à Portland, a connecté le service à
Bend dans le centre de l'Oregon, célébrant l'inauguration
du système avec des appels gratuits disponibles dans la communauté.
En 1907, la Pioneer Telephone and Telegraph Company comptait sept
clients à Bend. Pendant les années 1890, les aqueducs
de Portland avaient dirigé une ligne téléphonique
à l'est de leur approvisionnement en eau à Bull Run,
permettant aux résidents locaux de l'utiliser en cas d'urgence.
En 1906, les habitants de la région avaient lancé
leur propre ligne d'agriculteurs locale à dix, appelée
Multnomah and Clackamas County Mutual System, exploitée à
partir de la pharmacie de Gresham.
Avec l'apparition d'entreprises locales dans tout
l'État, les premiers propriétaires et opérateurs
sont devenus compétents dans tous les aspects de l'activité
téléphonique. Ils ont escaladé les poteaux
et épissé les fils, câblé les tableaux
de distribution, installé les téléphones, tenu
les livres et fourni des opérateurs pour aider les clients.
Les standardistes, travaillant parfois depuis leur propre cuisine,
ont déclaré avoir été invités
à rappeler dans un quart d'heure pour rappeler à un
client de sortir le pain du four, ou d'écouter au téléphone
et de rappeler si le bébé pleurait. Les abonnés
"Messieurs" ont été avertis de ne pas "utiliser
un langage grossier au téléphone", de peur d'offenser
les opérateurs, et ils ont parfois été facturés
des frais supplémentaires lorsqu'ils ont ignoré l'avertissement.
Les premiers annuaires téléphoniques avertissaient
les clients de ne pas passer plus de temps à parler aux opérateurs
"car elle est payée pour répondre à vos
appels, et de ne pas bavarder avec vous à nos dépens.
Lorsque les numéros de téléphone ont commencé
à être utilisés, il a été conseillé
aux clients de demander aux opérateurs des numéros,
pas des noms, "et de ne pas blâmer l'opérateur
si vous vous trompez de correspondant lorsque vous appelez par son
nom".
Les pannes fréquentes causées par
les conditions météorologiques ou les accidents ont
tourmenté les premiers réseaux téléphoniques.
En 1906, par exemple, des fils téléphoniques aériens
en "cuivre nu" à Forest Grove se sont emmêlés
avec les fils électriques d'un tramway. Le courant électrique
a traversé le fil téléphonique jusqu'au standard,
qui pris feu. Ray Williams, l'opérateur de nuit, l'a décrit
comme "le feu d'artifice le plus animé qu'il ait jamais
vu" car il coupait toutes les connexions téléphoniques.
"Les clients du service devront faire preuve de patience",
a déclaré le journal local quelques jours plus tard.
"C'est beaucoup de travail pour tout remettre en état
de marche."
En 1907, près d'un million et demi d'Américains
ruraux avaient un service téléphonique, représentant
près d'un quart de tous les abonnés au téléphone.
L'année suivante, la « Commission sur la vie à
la campagne » du président Theodore Roosevelt
a conclu que l'accès au téléphone, à
la livraison du courrier et aux journaux était une influence
positive « pour la solution du problème rural »
de l'isolement des voisins et des communautés. Avoir accès
à un téléphone a commencé à changer
radicalement la vie.
En 1912, le service Oregon Telephone Herald annonçait des
programmes combinés de journaux et de divertissement, diffusés
par téléphone.
Tous les Oregoniens ruraux n'ont pas trouvé le changement
une amélioration. L'ancien gouverneur TT Geer s'est renseigné
sur son voisin. On lui a dit que depuis qu'une ligne téléphonique
avait été érigée dans la région,
les appels avaient remplacé les déplacements au bureau
de poste à plusieurs kilomètres de là. Un agriculteur
local a expliqué : « Vous savez, nous avons maintenant
des téléphones et quand je veux parler à une
personne, je l'appelle simplement » et c'est tout. »
Geer a observé: «Chaque famille dans un rayon de dix
miles était sur une« ligne de fête (fermière)
», et pour chaque famille entre Salem et Silver Creek Falls
et de Silverton à Sublimity, lorsque deux personnes se livraient
à des commérages locaux, c'était habituel d'écouter
et mettre en panne l'installation."
À l'échelle nationale, les entreprises indépendantes,
connues pour leur propriété locale, desservaient presque
autant de clients que les entreprises Bell. Parfois dans les mêmes
villes. Dans plusieurs des plus grandes communautés de l'Oregon,
telles que Portland, Corvallis et Albany, les indépendants
étaient en concurrence directe avec Bell. Malgré la
faillite de ses prédécesseurs, en 1906, la Home Telephone
Company de Portland a remporté une élection de franchise
à l'échelle de la ville par le vote déséquilibré
de 12 213 voix contre 560. Bien qu'elle appartienne à certains
des principaux hommes d'affaires de Portland, elle est restée
sous-financée et a eu du mal à survivre. Sans interconnexion,
les clients de Portland avaient besoin du service des deux sociétés
pour communiquer avec tous ceux qui avaient des téléphones.
Après avoir remplacé les standards des opérateurs
par des commutateurs "automatiques" nouvellement inventés,
la société a annoncé que les clients n'auraient
pas d'opérateurs pour écouter leurs appels. La société
Bell a riposté en vantant la courtoisie de ses téléphonistes
qui, comme des secrétaires particuliers, assistaient personnellement
chaque appelant. Alors que la concurrence entre les deux sociétés
s'intensifiait, l'un des propriétaires de Home Telephone,
l'homme d'affaires de Portland Abbot Mills, publia une lettre ouverte
en 1912 aux habitants de Portland : La Home Company est votre entreprise, vous avez voté
pour son existence ses actionnaires vivent ici, son argent
est dépensé ici ; monopole et tyrannie sont synonymes.
Ce que le peuple américain a le droit d'avoir, c'est la concurrence
dans la qualité des services rendus . Le monopole de
Bell Telephone dit que les gens qui fréquentent le téléphone
résidentiel sont des monstres . Lisez notre liste d'administrateurs
en haut de cette lettre, ces gens sont-ils des monstres ? En 1919, la société était fauchée
et a été acquise par Bell.
Depuis 1891, le Parti populiste réclamait la nationalisation
des compagnies de téléphone et de télégraphe,
préférant les agences gouvernementales à la
propriété privée. Le Congrès n'a pas
répondu jusqu'en 1910, lorsqu'il a étendu la compétence
ferroviaire de l'Interstate Commerce Commission (ICC) pour inclure
les communications interétatiques. Entre-temps, les électeurs
de l'Oregon avaient adopté en 1902 l'initiative d'inspiration
populiste et le processus de référendum pour promulguer
directement une législation, et deux ans plus tard, ils ont
utilisé le système d'initiative pour promulguer une
taxe de 2 % sur les revenus bruts des compagnies de téléphone
et de télégraphe. La société Bell a
défié la nouvelle taxe au motif que seule la législature
pouvait décréter la taxe, et l'État a poursuivi
la société. Le « système de l'Oregon »
de démocratie directe a finalement été confirmé
lorsque la Cour suprême des États-Unis a refusé
sa compétence.
Pendant ce temps, les habitants de l'Oregon avaient
également utilisé le référendum pour
étendre la réglementation de l'État par la
Commission des chemins de fer de l'Oregon afin d'inclure les opérations
intra-étatiques des compagnies de téléphone
et de télégraphe de l'Oregon. Dans son rapport annuel
au gouverneur en 1913, la Commission a indiqué qu'elle avait
résolu 143 plaintes informelles et 40 plaintes formelles,
"le principal problème dans les affaires téléphoniques
concernant la connexion physique". Le rapport a répertorié
plus de 120 compagnies de téléphone opérant
dans l'État. Pacific Telephone and Telegraph Company (Pacific
Tel), basée à San Francisco , créée
par AT&T en 1907, pour regrouper toutes les sociétés
Bell de la côte ouest, était de loin la plus importante,
avec 55 656 clients de l'Oregon, diminuant rapidement vers la société
de Forest Grove avec 950, Silverton's à 603 et Canby's à
278.
AT&T détenait toujours d'importants brevets longue distance
et utilisait sa domination et sa puissance financière pour
racheter des sociétés indépendantes. Ces pratiques
ont atteint leur paroxysme à Portland en 1913, lorsque le
ministère américain de la Justice a déposé
une plainte antitrust devant le tribunal de district fédéral
de l'Oregon, alléguant que l'acquisition par AT&T de
la Northwestern Long Distance Company - opérant dans l'Oregon,
Washington, Idaho et Montana - violé la loi Sherman. Entre
autres choses, le gouvernement alléguait que le refus d'AT&T
de permettre aux compagnies de téléphone locales indépendantes
de s'interconnecter à son réseau interurbain avait
nui à la concurrence locale. La poursuite s'est terminée
un an plus tard avec l'historique «Engagement de Kingsbury»,
dans lequel AT&T a accepté une politique nationale révisée
obligeant l'entreprise à: céder les services télégraphiques
qu'elle avait acquis de Western Union; s'interconnecter avec d'autres
compagnies de téléphone et permettre à ses
clients d'utiliser les services interurbains d'AT&T ; et
ne pas acquérir d'autres opérations téléphoniques
sans l'approbation préalable de l'ICC. Le Congrès
a abrogé la troisième disposition en 1921. Le règlement
a effectivement créé un monopole national réglementé,
avec AT&T responsable des communications téléphoniques
de bout en bout, que les parties à chaque extrémité
soient des clients d'une société Bell ou d'un indépendant.
L'objectif d'AT&T d'avoir un téléphone dans chaque
foyer connecté à tous les autres téléphones
du pays est devenu connu sous le nom de "service universel".
Pendant ce temps, les chercheurs d'AT&T avaient
amélioré la qualité de la transmission du son
à longue distance.
Le 25 janvier 1915, Alexander Bell, âgé de soixante-sept
ans, a passé le premier appel téléphonique
transcontinental de New York à Watson, son ancien assistant
de laboratoire, à San Francisco, en utilisant son instrument
téléphonique original de 1875 prêté par
la Smithsonian Institution pour le occasion. Le président
Woodrow Wilson, connecté à l'appel, a observé:
"Cela fait appel à l'imagination de parler à
travers le continent."
Pour aider à célébrer l'événement,
un journaliste de l'Oregon a appelé le San Francisco Chronicle
et a rapporté que l'appel avait été connecté
"en moins de trois minutes" et était "aussi
clair qu'un appel local dans des conditions parfaites". Suite
à l'appel, Watson s'est rendu à Portland et s'est
adressé à une foule de huit cents passionnés
de téléphone au Old Baker Theatre, son discours parrainé
par la Telephone and Telegraph Society de Portland. Première
personne à entendre un mot prononcé au téléphone,
Watson a maintenant déclaré au public que le premier
appel n'était qu'à quarante pieds dans le couloir,
mais que le dernier appel était à 3 400 milles à
travers le continent, "et c'était plus clair".
Néanmoins, au prix de 20,70 $ (environ 450 $ en
dollars d'aujourd'hui) pour les trois premières minutes et
de 6,75 $ pour chaque minute supplémentaire, les appels
transcontinentaux restaient largement une nouveauté.
Avec le début de la Première Guerre mondiale, le président
Woodrow Wilson a nationalisé le service interurbain en juin
1918, le plaçant sous le contrôle du ministre des Postes.
Il a été rendu à AT&T un an plus tard,
mais le bref contrôle gouvernemental a encouragé des
concepts de tarification téléphonique similaires aux
tarifs des timbres-poste. Comme le courrier, les prix des messages
téléphoniques interurbains seraient basés sur
la durée de l'appel et la distance entre les interlocuteurs,
et non sur son coût. La popularité du téléphone
a continué de croître après la guerre, l'Oregon
Journal observant : « Aujourd'hui, le téléphone
est l'un des besoins les plus indispensables du monde des affaires.
L'homme d'affaires peut se passer de transport ou d'éclairage
électrique, car d'autres choses prendraient leur place. Mais
peu d'hommes d'affaires admettront qu'ils pourraient se passer de
leur téléphone. »
Partout dans l'Oregon, les entreprises locales
ont ajouté de nouveaux clients tout en mettant à jour
leurs réseaux. Dans les zones rurales, les agriculteurs étaient
impatients que les compagnies de téléphone communautaires
locales connectent leurs lignes aux systèmes « commutés »
plus avancés offerts dans les villes. L'annuaire téléphonique
de Silverton de 1919 annonçait un service de ligne d'agriculteurs
à seize postes" pour le prix d'un dollar par mois, payé
semestriellement, à l'avance". « a développé
un bon système, exploité de manière très
efficace » et en 1927, avait installé plus de 529 milles
de câbles pour desservir environ 1 100 abonnés. En
1926, Hughes a vendu sa compagnie de téléphone et
le nouveau propriétaire s'est rapidement regroupé
avec des compagnies de téléphone de la Californie
à Washington pour former la West Coast Telephone Company.
En 1928, le maire de Forest Grove, Charles Hines, installe un commutateur
qui transféra instantanément 1 050 téléphones
sur ce dernier standard « automatique » situé
dans le nouveau bâtiment du bureau central de la ville. Tous
les clients ont reçu de nouveaux numéros de téléphone,
tandis que les lignes partagées ont été réduites
à quatre abonnés au maximum, avec des frais augmentés
à deux dollars par mois pour le service à quatre.
Alors que les années fastes des « années folles
» touchaient à leur fin, Pacific Tel se vantait de
6 100 abonnés à Salem et prévoyait de célébrer
son 100 000 ème client à Portland. Au lieu de cela,
l'économie s'est effondrée dans la Grande Dépression
et le service téléphonique est devenu un luxe durable,
même au tarif résidentiel typique de l'État
de 1,50 $ par mois. Les lignes de clients ont chuté à
Portland de 98 000 en 1930 à 76 000 en 1933. Des réductions
similaires se sont produites dans tout l'État. De nombreux
clients ont réduit leurs coûts en ajoutant jusqu'à
seize autres clients sur des lignes partagées, avec des appels
limités à cinq minutes chacun. Les appels interurbains
ont pratiquement cessé, car les clients ont évité
les frais supplémentaires. Les voisins ont commencé
à « partager » leurs téléphones
avec des non-abonnés, malgré les efforts de l'entreprise
pour décourager cette pratique. Dans certains cas, les agriculteurs
payaient leurs factures de téléphone avec les produits
de leurs fermes, et les entreprises locales s'attendaient à
ce que les clients les aident à entretenir leurs propres
lignes. À Canby, le directeur à la retraite Larry
Cole se souvient que l'association a échangé une vache
contre un téléphone, ce qui lui a causé des
ennuis avec les régulateurs de l'État. Canby retarderait
plus tard le remplacement de son standard d'opérateur obsolète
par un commutateur automatique, les clients ne voulant pas que les
opérateurs perdent leur emploi. De même, les opérations
florissantes de Brown à Silverton ont connu des moments difficiles.
La banque locale a manqué d'argent et a commencé à
utiliser ses propres titres. L'épouse de Brown, Ethel, qui
dirigeait le bureau d'affaires, a commencé à se promener
dans la ville, mettant personnellement dans sa «boîte
de collecte» tout l'argent que ses clients pouvaient se permettre
et utilisant cet argent pour payer les employés de l'entreprise.
La Dépression a également mis fin à la relation
de coopération entre l'industrie du téléphone
et les régulateurs gouvernementaux, et en 1934, le Congrès
a créé la Commission fédérale des communications
dans le but d'élargir le service universel et de garantir
des "tarifs raisonnables". La même année,
les habitants de l'Oregon ont élu le gouverneur Julius Meier,
qui a rejeté la Commission de la fonction publique existante
comme «un échec total» et a exhorté la
législature à abolir la Commission et à la
remplacer par un commissaire unique à la tête d'un
nouveau département d'État des services publics pour
fournir une plus grande réglementation. contrôle sur
les entreprises de transport et de services publics au sein de l'État.
En mai 1940, Pacific Tel célèbre
enfin l'installation de son 100 000e client à Portland. Ayant
été déplacé en tant que plus grand employeur
de la région par les chantiers navals en plein essor de la
ville, ce fut une célébration mitigée.
La Seconde Guerre mondiale a entraîné des changements
économiques rapides dans l'Oregon et a créé
d'énormes nouvelles demandes sur l'industrie du téléphone,
la transformant d'un luxe en une nécessité. Alors
que le service interurbain explosait, les compagnies de téléphone
se démenaient pour répondre à leur demande
croissante malgré les pénuries de fournitures nécessaires
telles que le cuivre, le caoutchouc, le plomb et l'essence pour
leurs véhicules.
Dans le boom économique d'après-guerre, la demande
de nouveaux services téléphoniques dépassait
de loin la capacité de l'industrie à les fournir.
En 1950, Pacific Tel desservait plus de 350 000 clients dans 60
centraux de l'Oregon, près de 200 000 rien qu'à Portland.
69 000 clients supplémentaires étaient desservis par
les 81 sociétés indépendantes opérant
dans 166 échanges distincts dans tout l'État. Les
coûts d'expansion des réseaux, combinés à
l'augmentation des coûts de main-d'uvre pour la main-d'uvre
croissante des compagnies de téléphone, ont exercé
une pression sur les bénéfices des entreprises locales,
et les petites entreprises ont commencé à fusionner
pour répondre aux nouvelles demandes. En 1949, la société
Brown's Interurban Telephone a acquis des opérations à
Aumsville, Turner, Mill City et Detroit, et en 1956, elle a été
rebaptisée Valley Telephone Company.
Les tentatives d'augmenter les revenus grâce à des
tarifs locaux plus élevés ont cependant rencontré
la résistance des régulateurs et des politiciens des
États, qui ont noté qu'AT&T réalisait de
beaux bénéfices grâce au service interurbain.
L'entreprise a introduit de nouvelles technologies, dont une qu'elle
a intitulée "Composition directe à distance",
qui éliminait les opérateurs et réduisait les
coûts de l'entreprise. Les responsables de l'Oregon, du Congrès
et de la FCC ont répondu aux préoccupations selon
lesquelles l'augmentation des tarifs locaux nuirait à l'objectif
du service universel en créant des «fonds de service
universel» qui transféraient davantage de revenus des
grandes entreprises urbaines vers les petites entreprises rurales.
Étant donné que chaque téléphone était
désormais connecté au réseau interurbain d'AT&T,
les revenus du service interurbain revenaient aux entreprises Bell
locales, ainsi qu'aux indépendants, pour subventionner leurs
clients locaux.
En 1961, les opérations téléphoniques
de Bell dans l'Oregon et à Washington se sont séparées
de Pacific Tel, basée à San Francisco, pour créer
Pacific Northwest Bell (PNB), qui, en 1964, a ajouté son
300 000 ème abonné à Portland et a atteint
un total de plus de 600 000 dans tout l'État. . Alors qu'un
grand nombre d'Oregoniens se déplaçaient vers les
banlieues, les entreprises indépendantes, desservant bon
nombre de ces zones en pleine croissance, ont eu du mal à
mettre à jour leurs lignes à quatre et huit partis.
General Telephone & Electronics Corporation (GTE) a acheté
West Coast Telephone Company, desservant de nombreuses banlieues
de Portland ainsi que les régions de LaGrande et de Coos
Bay dans ses opérations de l'Oregon, en 1964. L'opération
de Brown a continué à se développer à
partir de son siège social à Silverton, fusionnant
en 1966 avec la Sunnyside Telephone Company au sud-est de Portland
et acquérant Hoodland Telephone Company, qui utilisait encore
un système d'interphone de cuirassé excédentaire
de guerre pour fournir un service téléphonique dans
la zone de loisirs du mont Hood. 86] Trois ans plus tard, Continental
Telephone Corporation a acquis la société créée
en 1904 par Percy Brown.
Des téléphones étaient installés dans
plus de 90 % des foyers américains en 1970. Dans les
années qui ont suivi 1940, les frais mensuels du service
téléphonique résidentiel, par rapport aux autres
prix à la consommation, avaient diminué de plus de
moitié. Au moment où elle a célébré
son premier siècle d'activité en 1976, AT&T était
devenue la plus grande société au monde, avec plus
d'un million d'employés fournissant des services téléphoniques
locaux et interurbains à travers le pays. Il fabriquait tout
son propre équipement et fournissait la plupart des recherches
mondiales sur les communications à partir de ses laboratoires
Bell.
Le service téléphonique avait énormément
augmenté au cours de ses cent premières années.
Néanmoins, il s'agissait toujours du même service vocal
analogique initialement envisagé par Alexander Bell. Bien
que les clients commerciaux aient reçu essentiellement le
même service vocal que les clients résidentiels, ils
se sont vu facturer des prix plus élevés, sur la base
d'une notion réglementaire étrange selon laquelle
les téléphones étaient plus précieux
pour les entreprises, qui étaient mieux en mesure de se le
permettre. La technologie, cependant, transformait à nouveau
l'industrie. Les entreprises ont commencé à utiliser
des ordinateurs, alimentés par des transistors inventés
dans les laboratoires Bell, pour traiter de vastes nouvelles quantités
de données numériques, et elles devaient transmettre
ces données d'un bureau à l'autre. De nouveaux concurrents
tels que MCI Corporation ont ciblé les services interurbains
et commerciaux lucratifs d'AT & T. La réticence d'AT&T
à s'interconnecter avec ces nouveaux concurrents a ravivé
de longues allégations silencieuses de pratiques anticoncurrentielles,
et plusieurs poursuites antitrust ont commencé à se
dérouler devant les tribunaux.
Le président Dwight Eisenhower avait créé en
1958 l'Agence des projets de recherche avancée (ARPA) au
sein du ministère de la Défense. Une décennie
plus tard, l'ARPA recherchait des propositions pour développer
un réseau de télécommunications décentralisé
afin de permettre aux ordinateurs de continuer à communiquer
entre eux en cas d'attaque nucléaire. Croyant qu'il n'y aurait
pas d'argent dans le projet et préoccupé par leurs
batailles anti-trust, AT&T a décidé de ne pas
enchérir dessus. ARPAnet, comme on l'appelait, allait finalement
évoluer vers l'Internet d'aujourd'hui.
Une fois de plus, le monopole des communications existant a raté
la prochaine vague d'innovation technologique. Comme ce fut le cas
pour le télégraphe, puis le téléphone,
les nouvelles communications numériques ont mis du temps
à être adoptées, mais "si les avantages
des nouvelles technologies sont souvent exagérés au
début, ils dépassent souvent les attentes initiales".
En 1980, la FCC, les commissions des services publics de l'État,
le Congrès et les tribunaux tentaient tous en vain de remodeler
la façon dont AT&T fonctionnerait dans un environnement
de plus en plus concurrentiel. Ronald Reagan a été
élu président cet automne-là et les républicains
ont repris le contrôle du Sénat américain. En
tant que nouveau président de la commission sénatoriale
du commerce, le sénateur de l'Oregon, Bob Packwood, a dirigé
les efforts visant à résoudre tous les problèmes,
pour toutes les parties, en un coup de maître complet du Congrès.
Tout en préservant le rôle d'AT&T en tant que "transporteur
dominant", son projet de loi a créé de nouvelles
règles étendues pour permettre la concurrence. Packwood
l'a manuvré astucieusement à travers le Sénat,
et le projet de loi a été adopté cet automne
par une marge de quatre-vingt-dix contre quatre. La Chambre, cependant,
a adopté une approche différente et la législation
s'est enlisée.
En l'absence de solution du Congrès en vue
et le procès anti-trust approchant de sa conclusion, AT&T
a accepté une proposition du ministère de la Justice
en décembre 1982 de céder ses opérations téléphoniques
locales, créant sept sociétés régionales
"Baby Bell" à travers le pays, y compris la US
West basée à Denver. , maintenant connu sous le nom
de Qwest, qui contenait ses opérations dans l'Oregon. Le
«décret de consentement» de 471 pages accepté
par AT&T et le ministère de la Justice est entré
dans des détails atroces pour «désinvestir»
la société géante. À la page 385, après
avoir traité du mobilier et de l'outillage de bureau, des
fonds de pension et des réserves fiscales, le décret
aborde les nouveaux « services de radio cellulaire ».
Dans la note de bas de page 387, elle a précisé que
lorsque la FCC l'autoriserait, le service prévu serait fourni
par les nouvelles compagnies régionales Bell. La décision
fatidique, à peine remarquée à l'époque,
serait la prochaine grande avancée de la technologie des
télécommunications. Au cours des vingt prochaines
années, la technologie cellulaire libérerait les communications
vocales et de données de la nécessité des connexions
filaires.
En 1990, GTE et Contel ont annoncé une fusion nationale de
6,2 milliards de dollars. Ce qui avait commencé avec les
douze clients de Grant Hughes à Forest Grove et les neuf
clients de Percy Brown à Silverton comptait désormais
350 000 clients couvrant 5 200 milles carrés dans son exploitation
du nord-ouest. Les fusions continueraient à consolider l'industrie,
et un peu plus de dix ans plus tard, GTE fusionnerait avec Bell
Atlantic, basée sur la côte Est, pour former Verizon
Corporation, alors que les distinctions entre les anciennes sociétés
«indépendantes» et «Bell» s'estompaient
dans l'histoire. Quelques années plus tard, Verizon rachètera
son ancien concurrent longue distance, MCI.
Les technologies de communication alternatives, qui semblaient autrefois
si cruciales, ont commencé à prendre le chemin du
Pony Express. Western Union avait atteint son apogée en 1929,
lorsqu'elle a envoyé plus de 200 millions de télégrammes
dans le monde entier. Le volume de messages a continuellement diminué
à seulement 21 000 en 2005 et le 27 janvier 2006, Western
Union a envoyé son dernier télégramme. Son
descendant logique, le courrier électronique basé
sur Internet, a rendu le télégraphe obsolète.
Les services postaux se sont efforcés de s'adapter aux innovations
technologiques, dans un effort de l'Oregonian intitulé "Snail
Mail Trys to Stay in the Race". En réponse à
la baisse de la demande, le service postal a suggéré
de regrouper trois mille bureaux à travers l'Amérique,
tout en réduisant la livraison du courrier de six à
cinq jours par semaine.
De nouvelles politiques gouvernementales adoptées
par la législature de l'Oregon et par le Congrès au
cours des années 1990 ont accru le recours à la concurrence
et à l'innovation dans l'industrie. L'Internet, transmettant
d'innombrables bits d'informations simultanément dans le
monde entier, s'est étendu pour inclure la transmission vocale
et vidéo, en concurrence directe avec les compagnies de téléphone.
Les fibres de verre ont remplacé les fils de cuivre, transmettant
des données à la vitesse de la lumière. En
2007, Verizon a commencé à fournir une programmation
vidéo et des services Internet sur des réseaux à
fibre optique, appelés FiOS, à ses clients téléphoniques
de la banlieue de Portland, leur permettant de choisir entre les
compagnies de câble et de téléphone pour tous
leurs besoins de communication. Comcast, la société
de télévision par câble de la région,
avait deux ans plus tôt « dépassé son
activité traditionnelle de télévision par câble
et [commencé] à commercialiser des activités
de téléphonie locale et longue distance en
volant des affaires à Verizon et Qwest ». Avec la baisse
de leur clientèle téléphonique, le 22 avril
2010, Oregonian a rapporté l'annonce de Qwest qu'il avait
été vendu à Century Tel, Inc., une compagnie
de téléphone rurale basée à Monroe,
Louisiane. Country Tel ajouterait quelque 800 000 clients de l'Oregon
aux près de 114 000 déjà desservis dans le
centre et la côte de l'Oregon.
Avec des entreprises en concurrence pour fournir
la voix, la vidéo et les données aux domiciles et
aux bureaux, se trouver du mauvais côté de la «fracture
numérique» et incapable de se connecter aux dernières
technologies était aussi menaçant que d'être
isolé de la livraison du courrier l'avait été
150 ans plus tôt. Le président nouvellement élu
Barack Obama a relancé la question de l'isolement rural en
2009 et a proposé d'apporter un service Internet haut débit
à chaque foyer, rendant les avantages des nouvelles technologies
à large bande accessibles à tous les Américains.
À la fin de l'année, il avait alloué 7,4 milliards
de dollars au projet. "Un nouvel accès haut débit
signifie plus de capacité et une meilleure fiabilité
dans les zones rurales et les communautés urbaines mal desservies
à travers le pays", a expliqué le vice-président
Joe Biden. « Les entreprises pourront améliorer leur
service client et être plus compétitives dans le monde.
» Le futurologue technologique George Gilder a observé
: « La communication est la façon dont nous tissons
ensemble une personnalité, une famille, une entreprise, une
nation et un monde . les nouvelles technologies de communication
rendront la communication humaine universelle, instantanée,
illimitée en capacité et à la marge gratuite.
Pour Larry Brown, directeur du téléphone
à la retraite, l'arrière-arrière-petit-fils
de James, l'effet des changements est évident. Assis dans
sa maison dans les collines de Silverton, regardant à travers
la concession foncière originale de Brown, Larry peut se
demander si les services sans fil et les connexions de données
et vidéo à haut débit ont remplacé la
ligne d'origine des agriculteurs qui passait près de sa propriété,
ce qui lui a permis de communiquer partout dans le monde aussi facilement
et rapidement qu'en appelant à côté. Les nouveaux
outils de communication lui permettent de choisir quand, où
et avec qui il veut être près ou loin, et comment il
veut utiliser la technologie. En regardant en arrière pour
expliquer la contribution de sa famille aux communications de Silverton,
Larry a rappelé que James Brown est venu en Oregon non pas
pour écrire l'histoire mais pour démarrer une tannerie.
Il a été parmi les premiers Oregoniens à se
rendre dans les mines d'or de Californie. De retour avec une théière
pleine de poussière d'or, il a ouvert une auberge très
réussie le long de la route territoriale serpentant au sud
d'Oregon City. "C'était un entrepreneur", a expliqué
Larry.[98] Des entrepreneurs comme James Brown, sa famille et tous
les développeurs de ce qui est devenu les réseaux
de communication pour tous les Oregoniens font partie des héros
méconnus du développement économique de l'Oregon.
Dans chaque état des Etats Unis on retrouve
la même histoire du développement du téléphone
à travers le temps.
Le système
Bell selon Charles L. Brown,
Extrait de « Encyclopédie des télécommunications
»
Le 10 mars 1876, quand Alexander Graham Bell dit dans
l'appareil émetteur : « M. Watson, venez ici, je veux vous
voir », il pouvait déjà imaginer un grand système
téléphonique national. Comme il l'écrivit à
son père le soir même : « Je sens que j'ai enfin trouvé
la solution à un grand problème, et le jour viendra où
les fils télégraphiques seront installés dans les
maisons comme l'eau ou le gaz, et où les amis pourront converser
entre eux sans quitter leur domicile. » Bell développera
plus tard ses attentes :
Il est concevable que des câbles téléphoniques puissent
être posés sous terre ou suspendus au-dessus de la tête,
communiquant par des fils secondaires avec des habitations privées,
des maisons de campagne, des magasins, des usines, etc., etc., les unissant
par le câble principal à un bureau central où le fil
pourrait être connecté à volonté, établissant
une communication directe entre deux endroits quelconques de la ville.
Un tel plan sera, je le crois fermement, le résultat de l'introduction
du téléphone au public. Non seulement cela, mais je crois
qu'à l'avenir, les fils relieront les sièges sociaux de
la compagnie de téléphone dans différentes villes,
et un homme d'une partie du pays pourra communiquer avec un autre d'un
endroit différent.
Bien entendu, tout cela et bien plus encore allait se réaliser,
mais même linventeur optimiste naurait pas pu prédire
ce qui allait devenir une association dentreprises portant son nom,
le Bell System. Au moment de
sa dissolution, près de 108 ans plus tard, le Bell System aurait
un actif de 150 milliards de dollars et plus dun million demployés.
Ce serait la plus grande entreprise privée du monde.
Inventeur de toujours, Alexander Graham Bell ne sintéressait
pas à la transformation dune invention en entreprise prospère.
Hormis les conférences publiques pour faire connaître son
invention et les apparitions ultérieures en tant que témoin
dans le long litige concernant ses brevets, Alexander Graham Bell nétait
quun simple actionnaire dont les intérêts principaux
étaient dans dautres activités scientifiques et humanitaires.
Origines et développement initial de l'entreprise
En fait, la première entreprise commerciale avait
débuté avant l'invention, avec un accord entre Thomas Sanders,
Gardiner G. Hubbard et Bell daté du 27 février 1875. Formé
comme base pour financer les expériences de Bell, l'accord fut
appelé Bell Patent Association. Les seuls actifs tangibles de cette
association étaient un brevet de Bell, « Améliorations
des émetteurs et récepteurs pour le télégraphe
électrique », son brevet de base de téléphone,
n° 174 465, un « Amélioration de la télégraphie
» (7 mars 1876), et deux autres brevets qui suivirent. Ses efforts
ayant porté leurs fruits, Bell épousa Mabel Hubbard, la
fille de son partenaire, en juillet 1877, et alors qu'ils se préparaient
à partir pour l'Europe, les trois membres de l'accord de brevet
formèrent la Bell Telephone Company,
une association du Massachusetts. Au début, la société
n'avait qu'un seul employé à temps plein, Thomas Watson,
mais quelques jours plus tard, RW Devonshire fut embauché pour
tenir les comptes. Les 5 000 actions de la société ont été
réparties comme suit :
Alexander Graham Bell - 10 actions
Mabel Bell - 1497 actions
Gardiner Hubbard - 1387 actions
Gertrude Hubbard (née Mercer) - 100 actions
Thomas Sanders - 1497 actions
Thomas Watson - 499 actions
CE Hubbard (frère de Gardiner) - 10 actions
Les perspectives de lentreprise étaient mauvaises. Peu après
le départ des Bell pour lEurope, Gardiner Hubbard proposa
de vendre tous les brevets de Bell à William Orton, président
de la société géante Western
Union, pour 100 000 dollars. Ne voyant aucun avantage pour
son entreprise, Orton refusa loffre. Hubbard se remit alors à
luvre pour transformer linvention de Bell en une entreprise
prospère. Sa première et plus importante décision
fut de louer les appareils téléphoniques au lieu de les
vendre. Une stratégie similaire avait été adoptée
par la Gordon-McKay Shoe Machinery Company, dont Hubbard avait été
lavocat. Bien que la location permette aux intérêts
de Bell de protéger leurs droits de brevet, elle augmentait en
réalité les besoins de fonds de lentreprise pour faire
avancer lentreprise.
Lorsque la Bell Telephone Company fut créée le 1er août
1877, seulement 778 téléphones étaient en service
et lentreprise avait désespérément besoin de
capitaux supplémentaires. La deuxième décision stratégique
de Hubbard fut de résoudre ce problème en faisant appel
à des agents pour développer lentreprise dans dautres
régions et sur des marchés locaux prometteurs. Thomas Sanders
réussit à convaincre un groupe d'hommes du Massachusetts
et de Rhode Island d'investir dans une entreprise pour développer
le téléphone en Nouvelle-Angleterre. Le 12 février
1878, ils formèrent la New England Telephone Company (cette entreprise
n'a aucun lien direct avec l'actuelle New England Telephone and Telegraph
Co.) et se mirent à la tâche de louer des téléphones
aux clients du Nord-Est urbain. Cependant, les intérêts de
Bell manquaient de fonds et, pour attirer de nouveaux investisseurs et
le capital dont ils avaient tant besoin, ils constituèrent une
nouvelle Bell Telephone Company dans le Massachusetts le 30 juin 1878.
Le mois suivant, Hubbard persuada Theodore N. Vail,
alors surintendant du service postal ferroviaire du gouvernement, de rejoindre
la nouvelle entreprise en tant que directeur général. Avec
OE Madden (recruté de la Domestic Sewing Machine Company et placé
à la tête des opérations de l'agence), Vail apporta
pour la première fois une gestion professionnelle à l'entreprise
Bell.
L'une des autres caractéristiques du système téléphonique
américain - le progrès technologique rapide - devint également
évidente au cours de ces premières années. Au début,
chaque paire de téléphones était reliée par
une seule ligne, un dispositif coûteux et inefficace. La solution
à ce problème fut le commutateur téléphonique
et le central téléphonique (et avec lui, les premiers opérateurs).
Au central téléphonique, tous les téléphones
locaux étaient reliés à un commutateur, très
simple au début, mais de plus en plus complexe à mesure
que de nouvelles lignes étaient ajoutées. Le commutateur
devint le standard téléphonique et le premier central téléphonique
ouvrit le 28 janvier 1878 à New Haven, dans le Connecticut.
La Bell Company fut bientôt en mesure de démontrer que le
téléphone fonctionnait, quil était utile et
quun grand nombre dAméricains vivant en ville étaient
prêts à payer pour bénéficier de ce service.
En effet, quelques mois seulement après avoir refusé loffre
de Hubbard, Western Union comprit quelle avait commis une erreur
: les clients du service de télégraphe passaient commande
de téléphones. En 1878, Western Union acheta les brevets
téléphoniques dElisha Gray, chargea Thomas Edison
de travailler sur des améliorations et organisa lAmerican
Speaking Telephone Company. Cela prépara le terrain
pour une bataille commerciale majeure avec la jeune Bell Company. Vail, le nouveau
directeur général de Bell, prit la relève. Vail envoya
une copie du brevet de Bell à chaque agent, ainsi quune lettre
demandant à chacun deux de continuer à se battre.
« Nous avons les brevets téléphoniques originaux »,
écrivit-il. « Nous avons organisé et lancé
lentreprise et nous navons pas lintention de la voir
nous être retirées par une quelconque société.
» Il essaya de soutenir les agences afin quelles aient «
suffisamment de vitalité pour continuer à se battre
».
À ce stade, la situation semblait toutefois sombre. Edison avait
mis au point un émetteur bien plus performant. Western Union utilisait
ses ressources supérieures pour attirer de nouveaux abonnés
dans les plus grandes villes du pays et avait même pénétré
le bastion de Bell dans le Massachusetts. Hubbard et Vail répondirent
en intentant un procès pour violation de brevet, mais cette escarmouche
juridique menaçait de durer des mois. On pensait que la société
Bell pourrait bien faire faillite avant que les tribunaux ne puissent
trancher la question.
Déterminés à vaincre la société
de télégraphe, les investisseurs de Bell décidèrent
de renforcer et de réorganiser leur entreprise à la fin
de 1878.
Ils intégrèrent William Forbes, un financier de Boston,
au conseil d'administration. Forbes avait une expérience considérable
des affaires et une bonne connaissance des problèmes liés
à la gestion d'une grande entreprise complexe. Il présenta
un plan de réorganisation que le conseil d'administration accepta
au début de 1879. Selon ce plan, l'autorité était
centralisée dans un nouveau comité exécutif. Hubbard
et Sanders n'étaient plus aux commandes. Forbes devint président
de la National Bell Telephone Company, une organisation remaniée
et recapitalisée qui regroupait la New England Company et l'ancienne
Bell Company. Theodore Vail a continué d'occuper le poste de directeur
de l'exploitation des opérations consolidées.
La National Bell, ravivée, intensifia la concurrence dans tout
le pays et la Western Union, craignant que les tribunaux ne confirment
les brevets de Bell, décida de négocier un traité
de paix. Le 10 novembre 1879, la Western Union accepta un règlement
à lamiable du procès en contrefaçon et se retira
du secteur téléphonique pendant la durée des brevets
de Bell. Elle vendit ses 56 000 téléphones à la National
Bell. En échange, Bell accepta de ne pas entrer dans le secteur
de la télégraphie et de verser à la Western Union
2007o de toutes les redevances versées en vertu de ses anciens
contrats de licence. Laccord reflétait le fait quen
1879, les technologies du téléphone et du télégraphe
étaient essentiellement complémentaires : le téléphone
ne pouvait pas être utilisé sur de longues distances, mais
il était plus pratique que le télégraphe pour les
communications locales.
Mais peu de temps après, les progrès technologiques
mirent à mal laccord. La Bell Company pouvait désormais
réunir les capitaux nécessaires pour promouvoir le commerce
de téléphonie entre les centraux, acquérir de nouveaux
brevets couvrant tous les aspects de léquipement et des opérations
téléphoniques et défendre les brevets originaux.
(Pendant les 17 années de monopole du brevet, les sociétés
Bell ont intenté plus de 600 procès pour contrefaçon
et les ont tous gagnés.)
Leurs ressources étaient désormais suffisantes pour encourager
le développement technique et une croissance rapide. Lorsqu'une
nouvelle société du Massachusetts, American Bell Telephone
Company, fut créée en avril 1880, elle était capitalisée
à 10 millions de dollars. American Bell pouvait se permettre de
poursuivre ses activités de téléphonie à péage,
en étendant progressivement la distance sur laquelle la transmission
longue distance était possible. Lorsque les centraux locaux hésitaient
à se conformer, American Bell commença à les regrouper
en unités plus grandes. Un rapport annuel de 1891 commentait :
« À mesure que des méthodes seront conçues
pour rendre le téléphone commercialement utile sur de longues
lignes, les avantages de la centralisation de la gestion seront plus évidents,
ainsi que l'importance pour le public de faire des affaires sur de grands
territoires sous une seule direction responsable, avec des connexions
de grande portée dans tout le pays. »
En plus de consolider les titulaires de licence, American
Bell acquit une installation de fabrication plus grande et plus productive.
Au début, tout son équipement téléphonique
était fabriqué dans l'atelier d'électricité
de Charles Williams à Boston, où Watson et Bell avaient
mené leurs premières expériences. Cependant, la demande
d'appareils téléphoniques devint bientôt trop importante
pour cet atelier et la fabrication fut sous-traitée à plusieurs
entreprises de fabrication d'appareils électriques détenues
et gérées de manière indépendante. Mais les
problèmes de respect des accords contractuels, de maintien de la
qualité et de respect des spécifications des brevets forcèrent
finalement Vail et Forbes à décider qu'American Bell devait
exercer un contrôle de gestion direct de cette fonction. En février
1882, American Bell acquit l'entreprise de fabrication d'appareils électriques
basée à Chicago, Western Electric, et lui accorda les droits
exclusifs de fabrication de l'équipement téléphonique
Bell.
D'autres changements suivirent. En décembre 1883,
la société divisa son petit département d'électricité
et de brevets en deux unités plus spécialisées. À
l'origine, elle avait organisé cette unité principalement
pour évaluer les brevets et les appareils développés
par des inventeurs indépendants. Elle organisa désormais
un département mécanique et d'essais responsable des «
travaux expérimentaux liés à la conception des circuits
et à l'inspection des équipements » . Le personnel
des deux départements passa de 2 à 20 personnes et le département
mécanique et d'essais devint le nouveau bras de recherche de la
Bell Company. L'intégration verticale dans ce sens allait être
une autre caractéristique du système Bell pour le siècle
suivant. En 1884, lorsque les contrats de licence de 5 ans furent remplacés
par des contrats perpétuels permettant à American Bell de
prendre des participations dans les titulaires de licence, l'entreprise
Bell était une entité très différente de l'ensemble
d'intérêts vaguement coordonnés établi en 1880.
Malgré sa réorganisation et sa recapitalisation, American
Bell avait du mal à développer un service longue distance
entre les centraux. Au début de 1885, les limites de son approche
du marché régional des péages étaient évidentes.
La Southern New England Telephone Company annonça qu'elle abandonnait
son segment de 200 miles de la ligne à péage expérimentale
entre Boston et New York, même si la ligne était un succès
technique. Pour l'essentiel, les problèmes de transmission avaient
été résolus, mais la ligne s'avéra plus coûteuse
que prévu et la compagnie régionale n'était pas intéressée
à supporter les dépenses supplémentaires.
Ces complications ont incité Theodore Vail à concevoir une
nouvelle façon d'organiser le service longue distance. Avec la
bénédiction de ses supérieurs de Boston, Vail a créé
une filiale longue distance distincte, détenue à 100 %.
Il a recruté Edward J. Hall de la centrale de Buffalo, New York,
comme directeur général et Angus S. Hibbard de la Wisconsin
Telephone Company comme surintendant général.
Vail, qui est devenu président de la nouvelle société,
a demandé à Hall de constituer la filiale, appelée
American Telephone and Telegraph Company (AT&T),
dans l'État de New York, qui avait des lois de constitution en
société beaucoup moins restrictives que celles du Massachusetts.
La charte permettrait à AT&T d'augmenter son financement à
« un montant illimité ». « Donnez à cette
société le pouvoir de construire, d'acheter, de posséder,
d'exploiter, de louer, etc. des lignes s'étendant de n'importe
quelle ville de l'État à toutes les autres villes des États-Unis,
du Canada et du Mexique et d'être connectées par câble
au reste du monde connu », a déclaré Vail à
Hall. Les statuts constitutifs d'AT&T de 1885 contenaient exactement
ces termes. Avec la création d'AT&T, toutes les fonctions de
base (service longue distance, opérations locales, fabrication,
recherche et développement) qui allaient constituer le système
Bell étaient désormais en place et, avec l'ajout des responsabilités
de gestionnaire de réseau, le rôle d'American Bell en tant
que société mère est devenu plus complexe.
En 1884, les agriculteurs américains récoltèrent
des récoltes de blé, de maïs et d'avoine supérieures
à celles de toutes les années précédentes,
tandis que la production de coton des planteurs du Sud n'avait été
que légèrement dépassée les deux années
précédentes. L'année aurait dû être favorable
aux entreprises légitimes ; mais elle s'avéra une période
difficile pour beaucoup. La valeur moyenne à l'exportation du blé
était inférieure de 20 cents le boisseau à celle
de l'année précédente, tandis que la fourchette annuelle
du prix du blé sur le marché de Chicago était de
96 cents en février et de 69,5 cents en décembre. En 1883,
le prix du blé avait oscillé entre 90 et 113 cents le boisseau
; en 1882, entre 91 et 140 cents et en 1881, entre 95 et 143 cents le
boisseau. Ainsi, la valeur totale du blé exporté en 1884
était inférieure de 46 millions de dollars à celle
de 1882.
En janvier 1884, la banque d'un financier réputé
fut suspendue, ainsi que l'activité d'un important courtier. Suite
à ces faillites, une morosité régnait dans les milieux
financiers, tandis que l'angoisse de nouvelles difficultés monétaires
régnait dans tous les secteurs d'activité, limitant la production
au strict minimum pour répondre à la demande immédiate.
Puis vint le mois de mai, riche en événements, qui mit en
lumière le naufrage notoire de la Marine Bank, la faillite de Grant
& Ward, et la suspension de plusieurs grandes banques et sociétés
de courtage, ainsi que de nombreuses petites.
À la suite de faillites financières survenues
en deux jours seulement, les 14 et 15 mai, la valeur boursière
des titres de bonne qualité a perdu plus de 240 millions de dollars,
une chute dont les conséquences ont été bien plus
importantes qu'une dépréciation d'un montant similaire aujourd'hui.
Onze banques nationales et plus d'une centaine de banques privées
et d'établissements bancaires ont suspendu leurs paiements au cours
de l'année, tandis que le nombre total de faillites aux États-Unis
en 1884 s'élevait à 10 968, pour un passif total de 226
343 427 dollars. Autrement dit, près de onze mille entreprises
n'ont pas été en mesure d'honorer intégralement leurs
obligations financières, tandis que plus de dix fois ce nombre
n'a probablement pas réussi à atteindre un quelconque succès
; autrement dit, elles ont fait faillite faute de fonds pour poursuivre
leurs activités ou parce que l'avenir ne laissait aucune perspective
de réussite. Les bénéfices nets de tous les chemins
de fer ont alors chuté d'environ 9 pour cent, tandis que la de
nouvelles lignes de chemin de fer a pratiquement cessé, moins d'un
cinquième du montant dépensé à cette fin en
1884, qui avait été dépensé en 1882. Les compensations
bancaires, qui avaient dépassé quarante milliards de dollars
en 1883, sont tombées à vingt-quatre milliards en 1884,
et, comme une grave dépression industrielle régnait dans
plusieurs pays étrangers, il n'y avait qu'une faible demande d'exportation
pour nos produits.
Naturellement, toutes ces graves perturbations dans les
milieux financiers, industriels et commerciaux ont sérieusement
affecté la croissance de l'industrie téléphonique.
Des milliers d'abonnés ont été contraints de se passer
du téléphone, faute de pouvoir en payer le coût ou
en raison de la fermeture d'établissements, tandis que des centaines
d'abonnés qui comptaient s'abonner ont dû reporter l'adoption
de ce service utile. Néanmoins, presque tous les grands centraux
ont enregistré une croissance modérée, et le gain
net d'abonnés déclaré par l'ensemble des compagnies
Bell s'est élevé à 11 222 pour l'année, soit
une augmentation nette de 9 %, une croissance remarquable compte tenu
de l'époque et des conditions. En 1884, le bénéfice
brut de toutes les compagnies titulaires de licences dépassait
9 500 000 $, soit 18 %, pour une capitalisation totale de 53 000 000 $,
sans compter la capitalisation de la société mère,
qui s'élevait à 9 602 000 $.
Au 1er janvier 1884, on comptait 1 325 centraux Bell en
activité. Au cours de l'année 1884, 61 nouveaux centraux
Bell furent ouverts, ce qui, ajouté aux 1 325 centraux en activité,
aurait dû porter le total à 1 386 à la fin de l'année.
Mais sur les 133 petits centraux, appelés « petits centraux
», absorbés lors de la consolidation des compagnies locales,
63 furent transformés en postes de péage par les nouveaux
propriétaires, tandis que 70 furent temporairement fermés,
faute de soutien quasi total. Il ne restait donc que 1 253 centraux en
activité au 31 décembre 1884, soit 72 de moins que l'année
précédente. À propos de ces centraux, la société
mère déclarait dans son rapport annuel :
En règle générale, tous les grands centraux ont connu
une croissance régulière, et rien ne laisse présager
une poursuite de cette tendance. En revanche, la construction de centraux
dans les petites localités marque une pause : 78 de ceux déjà
en chantier ont été abandonnés pour le moment, tandis
que 61 nouveaux ont été créés. L'implantation
de ces systèmes dans les petites villes a probablement été
accélérée, compte tenu de la stagnation générale
de l'activité qui a suivi. Nombre de ces systèmes, aujourd'hui
abandonnés, seront remis en service dès la reprise de l'activité,
et d'autres pourront être mis en service grâce à un
système en cours d'élaboration pour les petits centraux
sans central téléphonique. Ce système, s'il connaît
le succès escompté, permettra d'étendre le téléphone
à un grand nombre de villes et de villages où il est actuellement
impossible de les installer moyennant paiement.
En 1884, certaines des sociétés titulaires
de licences Bell fournissaient volontiers à la société
mère des rapports périodiques expliquant en détail
les méthodes d'exploitation et de maintenance, le nombre d'abonnés,
le nombre d'appels par abonné, etc. D'autres sociétés
titulaires s'opposaient à toute supervision parentale, et notamment
à la fourniture des rapports mensuels permettant de compiler des
données uniformes. Comme de nombreux titulaires de licences n'étaient
pas sous la direction directe de la société mère,
on ne pouvait que déplorer l'absence de rapports préparés
et transmis. De même, certaines sociétés plus récentes,
fondées sur une base spéculative plutôt que sur un
investissement, s'opposèrent à l'adoption proposée
de méthodes uniformes d'exploitation, de maintenance et de construction,
bien que les économies et les avantages de la standardisation des
méthodes et des pratiques, ainsi que de la construction et des
équipements, fussent évidents pour un esprit objectif. Néanmoins,
la société mère réussit à obtenir de
nombreuses statistiques aujourd'hui précieuses pour illustrer la
croissance progressive secteur téléphonique ; son rapport
annuel pour l'année 1883 indiquait :
L'acquisition de participations importantes dans nos sociétés
agréées nécessite une surveillance accrue de l'activité
et, dans la mesure du possible sans en détenir la propriété
exclusive, une comparaison précise des résultats. L'organisation
de l'entreprise doit être conçue pour répondre à
ces exigences et, grâce à une vigilance et des efforts appropriés
de notre part, nous pouvons espérer une croissance et une amélioration
constantes de nos activités dans tous ses secteurs.
Les secrétaires respectifs de la National Telephone
Exchange Association et le comité chargé de cette tâche
ont rencontré les mêmes difficultés pour recueillir
des statistiques. Lors de la réunion tenue à l'hôtel
Continental de Philadelphie en septembre 1884, M. W. D. Sargent, président
du comité des statistiques des centraux, a présenté
un rapport complet d'une grande valeur, fruit d'un travail individuel
considérable, couvrant le nombre de centraux, d'abonnés,
de circuits, de méthodes, de salaires, etc. Pourtant, sur les 906
centraux appartenant aux membres de l'association, il n'a pu obtenir les
rapports que de 310. Les centraux individuels ont constitué la
base de 200 de ces rapports et comprenaient 30 421 abonnés, soit
une moyenne de 152 abonnés par central. Mais 79 des 200 centraux
ont déclaré moins de 50 abonnés ; 49 ont déclaré
entre 50 et 100 ; 31 entre 100 et 200 ; 14 entre 200 et 300, et 10 entre
300 et 400.
Le rédacteur en chef de l' Electrical World, en
se référant aux conditions financières qui prévalaient
en 1884, écrivait :
Notre pays, comme les autres régions du monde civilisé,
a traversé une crise de dépression et de détresse.
Le commerce a dépéri, le bourdonnement des usines a cessé
; des machines coûteuses ont rouillé par inactivité
; les banques ont succombé à l'épuisement de leurs
réserves ; des mines ont fermé et des centaines de milliers
de travailleurs ont cherché en vain un emploi pour un salaire de
misère. Mais malgré tous ces signes de morosité,
et malgré une restriction naturelle, les industries électriques
de toutes sortes ont globalement prospéré et connu une croissance
rapide. En janvier, alors que les rumeurs circulaient sur un projet d'accord
entre les intérêts de Bell et de Drawbaugh, le prix de l'action
Bell était d'environ 200. Puis, au fil de l'année et de
l'audition des preuves en faveur de Drawbaugh, en Pennsylvanie, le prix
a chuté, jusqu'à atteindre 150 en mai, au moment de la panique
à Wall Street. Ce fut le tournant, et il a augmenté progressivement
jusqu'à ce que le juge Wallace rende sa décision, où
il est passé de 195 à 265.
Faisant référence à la situation
financière des entreprises locales à la fin de 1884, la
société mère Bell, dans son rapport annuel à
ses mille quatre cents actionnaires, a déclaré :
Presque toutes nos sociétés agréées se portent
bien et nombre d'entre elles continuent de verser des dividendes réguliers
malgré la morosité générale. Cependant, cette
année n'a pas été propice à de nouvelles entreprises,
quelles qu'elles soient, et, comme dans d'autres secteurs, les compagnies
de téléphone ont éprouvé des difficultés
à vendre des actions ou des obligations pour leurs besoins de construction.
La baisse de notre production d'instruments est probablement due autant
à ce phénomène qu'à la baisse de la demande
de services téléphoniques. La plupart des sociétés
ont fait face à cette situation en affectant une partie, voire
la totalité, de leurs bénéfices nets à leurs
nouvelles constructions. Cette politique conservatrice, bien que temporairement
décevante pour les actionnaires, a permis d'accroître sensiblement
la valeur intrinsèque et la rentabilité des propriétés.
Compte tenu de l'importance d'une occupation rapide du terrain, alors
que de nombreux contrefacteurs s'efforçaient de s'implanter, nous
sommes convaincus que cette politique était la bonne. Chaque entreprise
doit soigneusement examiner dans quelle mesure elle doit poursuivre cette
politique dans les conditions plus favorables qui prévalent actuellement.
Le 5 décembre 1881, le juge Wallace rendit son
avis dans l'affaire Drawbaugh. Voici un extrait de son opinion :
Il est admis que Bell fut l'inventeur original du téléphone,
dont le principe et les moyens essentiels à son application sont
décrits dans son premier brevet, et de l'appareil amélioré
décrit dans son second brevet. M. Cross, expert, fit fabriquer
un appareil conforme à la description et aux dessins de la figure
7 du brevet, qui se révéla être un téléphone
fonctionnel et pratique. La date de son invention (celle de Bell) pourrait
probablement être reportée à juillet 1875, mais quelle
que soit la date de l'invention, le bien-fondé de sa prétention
à être l'inventeur original du téléphone ne
peut être contesté. C'est également grâce à
lui que le téléphone fut révélé au
public scientifique, puis introduit dans le commerce. De 1867 à
juillet 1873, Drawbaugh fut étroitement lié aux membres
de la Drawbaugh Manufacturing Company, qui fabriquait des appareils sous
ses brevets. Il était actionnaire et maître mécanicien
de l'entreprise. Parmi les dirigeants et les actionnaires figuraient de
nombreux hommes d'affaires et de capitaux. Il arriva un moment où
les dirigeants de l'entreprise voulurent que Drawbaugh suggère
de nouveaux appareils à fabriquer. Il n'a jamais suggéré
le téléphone ni tenté d'inciter les dirigeants de
l'entreprise à étudier ou à exposer sa machine parlante.
Plusieurs dirigeants et employés de cette entreprise témoignent
n'avoir jamais entendu parler de l'existence de la machine parlante pendant
la vie de l'entreprise. Sans tenter de citer d'autres témoignages
du même ordre, ce qui a déjà été évoqué
montre que si Drawbaugh avait sérieusement souhaité faire
connaître sa machine parlante au public et tirer profit de son invention,
il en avait amplement l'occasion. . . . Sans tenir compte des autres éléments
de l'affaire, il suffit de dire que la défense n'est pas établie
de manière à lever tout doute légitime quant à
sa véracité, et un tel doute est fatal
Hall a reconnu que le succès commercial d'AT&T
dépendait de sa capacité à utiliser toutes les installations
de commutation et de péage existantes appartenant aux titulaires
de licences Bell comme « lignes d'alimentation » de son réseau
interurbain. Mais il n'était pas simple de persuader les titulaires
de licences de coopérer. Ils avaient leurs propres affaires à
gérer et leurs propres intérêts à défendre.
AT&T s'est retrouvée empêtrée dans des conflits
tels que celui qui a surgi à propos de la construction d'une ligne
principale entre New York et Philadelphie ; American Bell, la Metropolitan
Telephone and Telegraph Company de New York et la Bell Telephone Company
de Philadelphie n'ont pas réussi à s'entendre sur les conditions
d'interconnexion. Ce conflit interrompit la construction de la ligne jusqu'en
janvier 1886. Certains responsables d'American Bell pensaient que la solution
consistait à transformer toutes les sociétés associées
en filiales à 100 %.
Mais Hall prévint qu'une restructuration plus progressive était
nécessaire. American Bell, pensait-il, devait éviter de
se lancer de manière ostentatoire dans l'établissement d'un
monopole téléphonique national. Son point de vue l'emporta,
même si American Bell augmenta sa participation dans les sociétés
titulaires de licences. Dix ans plus tard, une fusion complète
des sociétés associées fut à nouveau envisagée
et rejetée pour les mêmes raisons.
Au cours de ces années, le système Bell
ne connut qu'une croissance modeste du nombre de centraux, mais le rythme
des progrès techniques fut très rapide.
La capacité des circuits fut augmentée, les fils de fer
mis à la terre furent remplacés par de nouveaux circuits
métalliques et le système de batterie commun fut amélioré.
Comme les opérations longue distance touchaient de plus en plus
de zones locales, American Bell fit pression sur les entreprises locales
pour qu'elles normalisent leur équipement. Ces efforts furent souvent
repoussés par les entreprises locales. Les responsables de Bell
découvrirent qu'ils devaient procéder progressivement, en
élaborant de nouvelles spécifications par consensus et en
laissant la conformité aux entreprises locales du système
être contrôlée. American Bell reconnut également
qu'un système de comptabilité normalisé était
nécessaire pour rendre compte des résultats dans l'ensemble
du système, mais les tentatives d'introduction d'un tel système
se heurtèrent à bon nombre des mêmes problèmes
de mise en uvre. En fait, il fallut attendre 1891 pour qu'un plan
de compromis, mettant l'accent sur les opérations comme principale
source de revenus plutôt que sur les redevances basées sur
les brevets provenant de la location d'équipements, puisse être
introduit.
Bien qu'American Bell ait fait des progrès dans
la diffusion du téléphone et l'intégration de la
technologie du système, Vail n'était pas satisfait. Il pensait
que les investisseurs de Boston étaient trop intéressés
par les gros dividendes et voulait que ces fonds soient réinjectés
dans le réseau longue distance. Mécontent de la politique
à courte vue de l'entreprise, il quitta le secteur de la téléphonie
en 1887. Lorsque les brevets de Bell expirèrent en 1893 et 1894,
American Bell dut faire face à une nouvelle ère sans Vail.
Concurrence et consolidation Le réseau national émerge
À la veille de cette nouvelle ère, en 1892,
on comptait près de 240 000 téléphones en service
aux États-Unis, la plupart dans les zones urbaines, principalement
dans l'est du pays. Dans les six ans qui suivirent l'expiration des brevets,
plus de 6 000 compagnies de téléphone indépendantes
se lancèrent dans le secteur, étendant rapidement leurs
services aux zones rurales et aux petites communautés. Certaines
villes se retrouvèrent avec deux ou même trois entreprises
concurrentes offrant des services, généralement à
des tarifs inférieurs à ceux de la Bell Company locale.
La concurrence força les sociétés Bell à baisser
leurs prix et à rechercher de nouveaux moyens d'améliorer
leur efficacité opérationnelle et managériale.
À mesure que la concurrence s'intensifiait, les besoins en capitaux
d'American Bell pour financer sa croissance devinrent énormes.
Après avoir conclu un accord avec l'État du Massachusetts,
l'entreprise émit 5 000 nouvelles actions à la fin de 1894,
suivies d'un autre bloc de 10 000 en 1895, et d'un autre de 21 500 un
an plus tard. En 1898, l'American Bell profita de la reprise économique
pour émettre des obligations à 10 ans d'une valeur de 10
millions de dollars, inaugurant ainsi une nouvelle phase du financement
de l'entreprise. Même si le Bell System continuait ainsi à
croître, ses dirigeants décidèrent que le climat d'entreprise
du Massachusetts était trop restrictif et, le 31 décembre
1899, ils firent de l'American Telephone and Telegraph Company, basée
à New York, la société mère du Bell System.
À ce stade, le Bell System - le nom qui apparaît maintenant
sur le nouveau sceau de l'entreprise - était organisé institutionnellement
comme il le serait quelque 83 ans plus tard.La concurrence féroce
obligea la compagnie Bell à élaborer une série de
nouvelles politiques : par exemple, elle commença à octroyer
des sous-licences à certains centraux indépendants, les
intégrant ainsi au système ; elle commença à
accorder une aide financière plus importante aux centraux de Bell
; elle continua à promouvoir lexpansion des lignes longue
distance ; elle acquit des centraux indépendants stratégiquement
situés et intenta des poursuites pour violation de brevets. De
toute évidence, son réseau longue distance était
lavantage le plus important de la compagnie (comme Vail lavait
prédit). Les compagnies indépendantes tentèrent à
plusieurs reprises, certaines individuellement et dautres collectivement
par le biais de leur association, lIndependent Telephone Association,
de développer des réseaux concurrents, mais toutes ces tentatives
échouèrent.
Néanmoins, la bataille concurrentielle continua daccélérer
le développement du téléphone : en 1907, on comptait
environ 3 132 000 téléphones Bell et 2 987 000 téléphones
indépendants en service. Dautres changements importants eurent
lieu dans le système Bell au cours de ces années, mais ils
furent occultés par la fureur suscitée par la concurrence.
La situation financière précaire de la société
permit aux intérêts bancaires de JP Morgan de s'imposer dans
les affaires de la société et, en 1901, Morgan tenta de
convaincre Vail de revenir à la direction de Bell. Il refusa, mais
devint membre du conseil d'administration d'AT&T.
Les efforts de centralisation administrative et de normalisation se poursuivirent
également. Le département des ingénieurs d'AT&T
était à cette époque devenu le point central pour
le développement des spécifications et la promotion du progrès
technique dans l'ensemble du système. À cette époque
également, Western Electric était devenue plus qu'un simple
fabricant d'équipements ; elle fournissait des services d'achat,
d'entreposage et de distribution pour les différentes sociétés
Bell. En 1908, ces accords furent institutionnalisés avec l'introduction
du « contrat d'approvisionnement standard » entre Western
et chacun des titulaires de licence.
Sous la présidence de Frederick Fish (1901-1906),
la société fit de grands progrès, adoptant les caractéristiques
d'un système intégré (bien qu'un peu peu organisé).
Mais la concurrence devint encore plus féroce. En 1906-1907, AT&T
était à court de fonds et fut obligée de réduire
pratiquement tous les programmes d'investissement de ses titulaires de
licence. Les banquiers étaient naturellement inquiets et ils finirent
par convaincre Vail de revenir à la gestion active. En 1907, il
devint président d'AT&T.
Bien qu'âgé de 62 ans, Vail s'attaqua aux problèmes
du système avec une vigueur inhabituelle. Il informa les investisseurs
et le grand public des problèmes et des solutions qu'il élaborait.
Les rapports annuels d'AT&T pour les années 1907 à 1915,
apparemment rédigés par Vail lui-même, abordèrent
directement les difficultés de l'entreprise et exposèrent
clairement les politiques et les stratégies de Vail. Il a clairement
exprimé la mission centrale de l'entreprise - le service universel
- dans le rapport annuel de 1909 : La valeur d'un système téléphonique
se mesure à la possibilité de joindre n'importe qui, à
n'importe quel endroit possible, par sa connexion. Il doit s'agir d'un
système qui permette de communiquer avec n'importe qui, à
n'importe quel moment. Pour ce faire, le système doit offrir une
connexion d'un certain type et à des tarifs qui correspondent à
la valeur du système pour chaque utilisateur.
Comme l'expliquait Vail, le réseau Bell était
« un système interconnecté, intercommunicant et interdépendant
». Vail fit de « Un système, une politique, un service
universel » le credo du système Bell. La réglementation
gouvernementale joua également un rôle dans les plans de
Vail. Il reconnaissait clairement que le système qu'il proposait,
un monopole universel et intégré, ne rencontrerait pas l'approbation
du public sans une certaine forme de contrôle public. Voulant éviter
la propriété municipale et le spectre omniprésent
de la nationalisation, Vail embrassa la réglementation étatique.
Bien qu'il ait libéralisé la politique d'AT&T sur l'interconnexion
avec les sociétés indépendantes, Vail continua une
politique active d'acquisition d'autres entreprises. L'acquisition par
AT&T d'une participation de 30 % dans Western Union s'inscrivait dans
sa vision d'un système national unique et intégré.
Pendant une courte période, la compagnie de télégraphe
fut exploitée conjointement avec AT&T.
Entre-temps, Vail s'efforça de renforcer l'entreprise en interne.
Il déplaça le département d'ingénierie d'AT&T
de Boston à New York et le consolida avec le personnel de recherche
de Western Electric. En 1907, il lança une réorganisation
majeure des opérations, transformant une organisation territoriale
en une organisation fonctionnelle avec trois grands départements
opérationnels : les installations, le commerce et le trafic.
Il réorganisa d'abord le département des lignes longues.
Il s'avéra plus difficile de persuader les sociétés
Bell associées d'adopter la nouvelle structure, et Vail accepta
une certaine latitude à leur égard. Mais il ne permit plus
aux sociétés d'exploitation d'ordonner à Western
Electric de fabriquer des équipements selon leurs propres spécifications.
AT&T standardisa alors les équipements et commença à
établir des normes pour les procédures d'exploitation également
dans l'ensemble du système Bell.
En 1911, le Bell System gagnait le dessus sur le marché
national du service téléphonique. La croissance des compagnies
indépendantes s'était arrêtée et le nombre
de stations indépendantes en service diminuait à mesure
que les politiques agressives de Vail prenaient effet. Les indépendants
ripostèrent en protestant auprès du ministère américain
de la Justice, qui commença à surveiller AT&T pour d'éventuelles
violations antitrust. Sous la pression des compagnies indépendantes,
le gouvernement déposa une plainte en juillet 1913. La plainte
portait sur les politiques d'interconnexion et d'acquisition d'AT&T
dans l'Oregon et demandait la cession des propriétés acquises.
Le sentiment antitrust étant fort dans tout le pays et le Postmaster
General prônant la nationalisation du système téléphonique,
AT&T décida de régler l'affaire à l'amiable.
Le vice-président d'AT&T, Nathan C. Kingsbury, envoya au gouvernement
une lettre d'accord connue sous le nom d'Engagement de Kingsbury. Dans
cette lettre, AT&T acceptait : de se débarrasser de ses avoirs
Western Union ; d'autoriser les compagnies indépendantes à
s'interconnecter de manière limitée avec son réseau
longue distance ; et de s'abstenir d'acheter des propriétés
indépendantes supplémentaires sans l'approbation de la Commission
américaine du commerce interétatique.
Bien que l'engagement de Kingsbury ait réglé la question
antitrust pendant un certain temps, le gouvernement a pris le contrôle
des systèmes téléphonique et télégraphique
pendant une courte période pendant la Première Guerre mondiale.
Après la guerre, on a de nouveau voulu nationaliser le système,
mais le gouvernement a rendu le système à l'exploitation
privée à partir du 1er août 1919. Le Congrès
a approuvé cet arrangement - y compris l'accord de Kingsbury -
en adoptant la loi Willis-Graham en 1921.
L'un des arguments les plus convaincants en faveur de la privatisation
et de l'exploitation du Bell System était le record de progrès
technologiques du réseau.
Vail avait clairement amélioré les performances techniques
du réseau. Les ingénieurs de Bell avaient relevé
le défi de Vail de terminer une ligne transcontinentale à
temps pour l'Exposition universelle de Panama-Pacifique. La ligne fut
officiellement inaugurée le 25 janvier 1915, avec une communication
cérémonielle entre Alexander Graham Bell à New York,
Thomas Watson à San Francisco et Theodore Vail à Jekyll
Island, en Géorgie.
Le 21 octobre de la même année, les ingénieurs de
Bell conquirent l'Atlantique, lorsqu'un ingénieur au sommet de
la tour Eiffel à Paris écouta un autre ingénieur
à Arlington, en Virginie, par transmission radio. De telles réalisations
mettaient en évidence les investissements importants qu'AT&T
faisait désormais dans la recherche et l'ingénierie. La
nouvelle position, plus importante, de la recherche et du développement
au sein du Bell System fut institutionnalisée en 1925 avec la fondation
des Bell Telephone Laboratories.
Recentrer dans l'entre-deux-guerres
Lorsque Vail prit sa retraite en tant que président
en 1919, le Bell System avait atteint sa structure et son mode de fonctionnement
modernes. Le système intégré verticalement était
centralisé sur le plan technologique et dédié à
l'innovation technique continue. Les sociétés d'exploitation
disposaient toujours d'une marge de manuvre considérable
en matière financière et politique afin de pouvoir s'adapter
aux conditions locales. Cette décentralisation devint de plus en
plus importante à mesure que les commissions de réglementation
des États renforçaient leur autorité statutaire.
Au cours des années 1920, avec Harry Thayer puis
Walter Gifford (1925) à la barre, le Bell System continua d'étendre
ses services malgré les problèmes financiers liés
à l'exploitation d'un réseau réglementé en
période d'inflation. Dans un effort pour renforcer la confiance
des investisseurs, la direction fixa le dividende annuel à 9 $
en 1921. Mais il n'était pas facile de maintenir ce niveau. Le
Bell System avait un ratio d'endettement de 46 % et ses coûts augmentaient
plus vite que ses revenus. Une amélioration des bénéfices
était nécessaire, donc le Bell System poursuivit vigoureusement
et avec succès une série de procédures tarifaires
par l'intermédiaire des commissions d'État. Ces organismes
d'État disposaient d'une latitude considérable pour déterminer
la base tarifaire et le taux de rendement, mais leurs commissaires n'étaient
souvent pas certains de l'étendue de leur autorité. Il existait
de grandes variations entre les commissions et, par conséquent,
entre les sociétés Bell, tant dans les tarifs qu'elles pratiquaient
que dans les niveaux de revenus qu'elles autorisaient. Néanmoins,
les commissions et la direction de Bell étaient déterminées
à assurer un service universel satisfaisant et efficace, et elles
fonctionnaient en relative harmonie tout au long des années 1920.
Durant cette période, Walter S. Gifford a apporté
au Bell System un leadership décisif et innovant. Pendant un certain
temps, AT&T avait poursuivi ses succès en recherche et développement
dans de nouveaux domaines. Elle a lancé une station de radio commerciale,
WEAF, en août 1922, et en octobre 1923, elle a créé
le Red Network. Les aventures dans le monde d'Hollywood avec les films
sonores ont commencé avec Don Juan en 1926. La direction a organisé
une filiale de Western Electric, Electrical Research Products, Inc. (ERPI)
pour commercialiser ses nouveaux produits d'équipement sonore.
Mais Gifford a décidé que le Bell System devait se concentrer
sur une seule activité, la fourniture de services de communication
aux États-Unis. Il a commencé à céder ou à
concéder sous licence bon nombre de ces sous-produits de la recherche
de Bell à d'autres. Il a vendu la radiodiffusion à la National
Broadcasting Company en 1926. Western Electric a vendu sa vaste et bien
établie entreprise internationale d'équipement, International
Western Electric Co., à International Telephone and Telegraph Company
(ITT) en 1925 ; trois ans plus tard, Western Electric a vendu la Graybar
Electric Co., une filiale de fourniture d'électricité, à
ses employés. L'ERPI a été autorisée à
continuer ses activités, mais elle est devenue une partie discrète
et peu prioritaire des activités de Western. Comme Gifford l'a
expliqué à la National Association of Railroad and Utility
Commissioners en 1927, le Bell System avait l'obligation inhabituelle
de « fournir le meilleur service téléphonique et le
meilleur, au moindre coût compatible avec la sécurité
financière ». Tout ce qui menaçait d'interférer
avec l'exécution de cette « obligation » devait être
modifié ou éliminé.
Malgré la crise économique, AT&T a
pu maintenir son dividende de 9 $ et, avec lui, la confiance des investisseurs.
Le nombre de téléphones en service a en fait diminué
et n'a pas retrouvé le pic de 1930 avant 1937, mais Gifford a pu
maintenir la confiance du public dans le système Bell, ce qui était
particulièrement difficile puisque le Congrès envisageait
une nouvelle législation pour réglementer les industries
du téléphone, du télégraphe et de la radiodiffusion.
En 1934, le Parlement a adopté le Communications Act, qui a créé
une nouvelle agence de régulation indépendante, la Federal
Communications Commission (FCC). La FCC a rapidement lancé la première
enquête gouvernementale complète sur l'industrie du téléphone.
AT&T a coopéré en remettant des dossiers volumineux
de la société à l'enquête spéciale,
mais la direction de Bell a vivement critiqué le fait que la FCC
ait refusé de permettre à la société de faire
venir ses propres témoins ou de contre-interroger ceux convoqués
par la Commission. AT&T avait des raisons de s'inquiéter :
le rapport du commissaire Paul Walker (1938) était une attaque
en règle contre le système Bell, mettant l'accent sur les
liens avec Western Electric et son fonctionnement. AT&T répondit
en détail et, en 1939, la FCC approuva un substitut au rapport
Walker, conservant les données mais atténuant les critiques
du Bell System. L'enquête et le rapport traçaient néanmoins
des lignes de bataille entre le gouvernement et le Bell System, dont la
structure et le statut de monopole allaient être remis en cause
à maintes reprises dans les années suivantes.
Au cours des années suivantes, cependant, le gouvernement s'intéressa
davantage aux performances économiques qu'à la lutte contre
les monopoles. La Seconde Guerre mondiale mit à rude épreuve
les capacités organisationnelles et technologiques du Bell System.
Près de 70 000 employés du Bell System s'engagèrent
dans les forces armées, tandis que sur le front intérieur,
Bell Labs et Western Electric arrêtèrent pratiquement le
développement d'équipements téléphoniques
civils afin de fournir des installations téléphoniques aux
camps militaires, aux réseaux d'alerte des avions, aux arsenaux
et aux usines de munitions. AT&T découragea les appels longue
distance inutiles afin que le réseau puisse rester libre d'utilisation
pour les militaires et le personnel de service. Les Bell Labs travaillèrent
sur quelque 1 200 projets gouvernementaux, notamment le directeur de canon
antiaérien électrique et le radar. Une formation spécialisée
en communications fut dispensée au personnel militaire.
Un système mature atteint ses objectifs
À la fin de la guerre, la demande accumulée
créa un arriéré de près de deux millions de
commandes non honorées. Financièrement, le Bell System sortit
affaibli de ses efforts de guerre et AT&T dut à nouveau verser
le dividende de 9 $ provenant de son excédent. Une fois de plus,
le Bell System se tourna vers les organismes de réglementation
pour obtenir un allègement des tarifs, mais cette fois, le problème
fut aggravé par la nécessité de moderniser les installations
et de répondre à la demande accrue de services. De plus,
pour la première fois de son histoire, le Bell System dut faire
face à une lutte majeure avec les syndicats, lorsque la National
Federation of Telephone Workers se mit en grève. Il s'agissait
de la première grève nationale de l'histoire du téléphone.
Le problème central était la négociation locale contre
nationale, et la grève, qui dura du 7 avril au 20 mai 1947, eut
un impact traumatisant. Le service longue distance fut réduit à
environ 20 % de la capacité normale ; le service local était
presque normal pour 16,5 millions de téléphones à
cadran, mais pratiquement inexistant pour environ 6 des 9 millions de
téléphones manuels. AT&T sortait vainqueur de la négociation
nationale et des salaires, mais les dirigeants de l'entreprise doutaient
de la viabilité de la négociation locale dans les négociations
futures.
En 1948, Walter Gifford se retira et fut remplacé par Leroy Wilson
à la présidence d'AT&T. Wilson lança une campagne
acharnée et impopulaire pour réduire les dépenses
et augmenter les bénéfices d'AT&T. Le ratio dette/fonds
propres d'AT&T avait grimpé à plus de 50 % et la société
risquait de voir la qualité de ses obligations déclassée.
Les sociétés Bell déposèrent d'autres plaintes
concernant les tarifs, mais il fallut attendre les années 1950
pour que l'activité tarifaire, combinée aux améliorations
technologiques, permette au système d'atteindre à nouveau
des niveaux de bénéfices acceptables. Wilson mourut subitement
en 1951 et Cleo Craig, le nouveau président, poursuivit les initiatives
de Wilson de sorte qu'en 1955, le ratio d'endettement était tombé
à 35 %. La crise financière du système était
passée.
Ces années d'après-guerre furent éprouvantes mais
finalement gratifiantes pour le Bell System. Les améliorations
de service ne furent souvent pas rapides, mais les retards furent finalement
surmontés. En 1956, le pays comptait plus de 60 millions de téléphones
en service, dont 51 millions dans le Bell System (soit 24 millions de
plus depuis 1946) ; 89 % de tous les téléphones du Bell
System étaient à cadran ; 11 millions de clients pouvaient
composer des numéros dans les villes voisines et 2,7 millions pouvaient
composer directement les 20 millions de téléphones dans
tout le pays. Le transistor, inventé aux laboratoires Bell en 1947,
commençait à avoir un impact sur l'équipement téléphonique
; le câble coaxial et les systèmes à micro-ondes réduisaient
rapidement le coût des appels longue distance ; et AT&T acheva
le premier câble téléphonique transatlantique en 1956.
Le Bell System, s'appuyant sur son expérience de la guerre aux
laboratoires Bell et à Western Electric, fut engagé dans
d'importants projets de systèmes de communication et de guidage
de défense pour le gouvernement américain, notamment Nike,
"White Alice" et la ligne DEW. À la demande du gouvernement,
Western Electric avait commencé à gérer le laboratoire
d'énergie atomique américain Sandia en 1949.
Au milieu des années 1950, le système avait également
surmonté son deuxième défi antitrust. En 1949, le
ministère américain de la Justice avait intenté une
action en justice antitrust demandant la cession de Western Electric Co.
Le procès fut réglé en 1956 avant d'être jugé.
Aux termes du décret de consentement, le Bell System limitait ses
activités commerciales aux services de communication par transporteur
public, acceptait de concéder des licences sur ses inventions à
toutes les parties intéressées et limitait Western Electric
à la fabrication d'équipements du type utilisé par
les sociétés d'exploitation de Bell. En échange,
le gouvernement acceptait la relation d'entreprise intégrée
entre AT&T, Western Electric, Bell Labs et les sociétés
d'exploitation associées.
Frederick Kappel, qui succéda à Cleo Craig
à la présidence d'AT&T en 1956, fit de la « vitalité
» le mot d'ordre du système.
Les changements dans le financement d'AT&T étaient une incarnation
de la stratégie de Kappel. Des droits ont été offerts
aux actionnaires existants, le nombre autorisé d'actions de la
société étant passé de 60 à 100 millions
d'actions. En 1958, AT&T a émis 718 millions de dollars d'obligations
convertibles et a offert 7 millions d'actions aux employés de Bell
System ; l'année suivante, le conseil d'administration d'AT&T
a approuvé un fractionnement des actions à raison de 3 pour
1, ainsi que la première augmentation du dividende depuis 1921.
Le conseil d'administration a de nouveau augmenté le dividende
en 1961, 1963, 1965 et 1967, et a de nouveau divisé les actions
- cette fois à raison de 2 pour 1 - en 1964. Les investisseurs
ont commencé à considérer les actions d'AT&T
comme une émission de « croissance ».
Ces manuvres financières, ainsi que d'autres, avaient pour
but d'améliorer et d'étendre le réseau national commuté,
le véritable système du Bell System.
Au milieu des années 1970, le réseau représentait
environ 9 300 % des investissements nets du Bell System et produisait
95 % de ses revenus.
À la base de ce réseau se trouvaient quelque 25 000 bureaux
de commutation locaux de Bell et d'entreprises indépendantes. Ces
bureaux desservaient de quelques abonnés seulement jusqu'à
10 000 lignes. Il y avait également quatre niveaux supplémentaires
de bureaux de commutation, appelés bureaux tandem, et ce réseau
complexe s'étendait par câbles puis par satellites au monde
entier. Les communications par satellite ont atteint leur maturité
au début des années 1960. En 1962, le Congrès a créé
la Communications Satellite Corporation (Comsat) par voie de loi pour
développer un système de communications international. Également
en 1962, le Bell System a lancé son premier satellite de communications
expérimental, Telstar, qui a été rapidement suivi
par les satellites Telstar II à plus haute altitude et les satellites
Relay de RCA.
Dautres avancées technologiques ont eu un
impact décisif sur les opérations du Bell System : les systèmes
de commutation électronique (ESS) ; la numérotation Touch-Tone
; de nouveaux systèmes de transmission par câble coaxial
et micro-ondes de plus grande capacité ; la micro-miniaturisation
des équipements de transmission de données et de voix ;
un câble transatlantique de plus grande capacité ; et le
premier câble transpacifique. Les bénéfices étaient
en hausse et la confiance des investisseurs était à son
plus haut niveau. Les prix des services longue distance continuaient de
baisser et les prix des services locaux restaient stables, en grande partie
grâce à laugmentation des revenus provenant du soutien
des services longue distance aux services locaux grâce au processus
de séparation (11, 12). Environ 90 % des ménages américains
avaient le téléphone et la structure du Bell System avait
en fait été ratifiée par le gouvernement fédéral
avec le décret de consentement de 1956. Ce furent les années
dor du Bell System.
Changement réglementaire, conflit politique
et concurrence sur le marché
Mais bientôt, de nouveaux défis, ainsi que
d'anciens, commencèrent à se matérialiser. Encouragées
par la disponibilité relativement aisée de nouvelles technologies
et par l'identification d'opportunités économiques inhérentes
à la tarification réglementée, d'autres entreprises
cherchèrent à s'approprier certaines des activités
traditionnelles du Bell System. Les premières tentatives d'entrée
sur des marchés jusqu'alors fermés eurent lieu dans le secteur
relativement restreint des lignes privées ; cela se produisit lorsque
la FCC décida d'autoriser d'autres entreprises à construire
leurs propres systèmes utilisant le spectre de fréquences
radio au-dessus de 890 mégacycles (aujourd'hui mégahertz).
Peu après, une petite start-up, Microwave Communications, Inc.
(MCI), demanda à la FCC d'offrir un service de ligne privée
entre St. Louis et Chicago. La FCC, qui avait inauguré en 1965
une enquête officielle majeure sur les tarifs longue distance du
Bell System, ouvrit une brèche en approuvant la demande de MCI.
En 1968, une autre politique traditionnelle du Bell System et de la réglementation
fut modifiée par la FCC dans sa décision Carterfone , qui
annula les tarifs de « raccordement étranger » ; La
FCC autorise désormais l'interconnexion d'équipements privés
avec le réseau Bell, modifiant ainsi la responsabilité de
Bell de bout en bout. À la fin des années 1960, le système
Bell rencontre d'autres problèmes graves. Le taux d'inflation augmente
depuis le milieu de la décennie et les bénéfices
du système Bell s'érodent. Incapable de suivre le rythme
par la seule amélioration de la productivité, le système
se tourne à nouveau vers les organismes de réglementation
pour obtenir des augmentations de tarifs. Cette tâche difficile
est aggravée par une baisse de la qualité du service qui
atteint des proportions de crise à New York et dans quelques autres
villes. HI Romnes, qui a remplacé Kappel à la présidence
d'AT&T en 1967, lutte pour remettre le système sur les rails.
Il parvient à ramener le service à des niveaux normaux ;
après tout, la qualité du service est la valeur fondamentale
du système Bell. Il atteint cet objectif malgré une grève
majeure des Communications Workers of America (CWA) et de la Fraternité
internationale des ouvriers en électricité (IBEW) - une
grève qui dure jusqu'à 137 jours dans certaines régions.
Tandis que Romnes tentait de s'adapter à l'évolution du
marché, la FCC poursuivait sa politique de promotion de la concurrence.
En 1971, elle ouvrit l'ensemble du marché des lignes privées
à tous les acteurs avec sa décision sur les transporteurs
publics spécialisés. Elle lança également
une nouvelle enquête à grande échelle sur le taux
de rendement du système Bell, en analysant en profondeur les coûts
et la structure interne de l'entreprise, en particulier sa relation avec
Western Electric.
Lorsque Romnes prit sa retraite en 1972, il fut remplacé
par John D. deButts, qui s'empressa de renforcer le moral des employés
et les bénéfices en baisse de l'entreprise. deButts s'exprima
avec force contre la concurrence, soulignant qu'il pensait qu'elle conduirait
à terme à des changements radicaux dans la manière
dont le service téléphonique était fourni et tarifé.
Il avertit que permettre à d'autres de siphonner les revenus des
services longue distance mettait en péril la structure tarifaire
réglementaire qui couvrait une partie importante des coûts
du service de central. Il critiquait les politiques qui sapaient la responsabilité
de bout en bout du Bell System en matière de service. Il pensait
que l'intégrité et la qualité de l'ensemble du système
étaient menacées. Comme l'a observé Alvin von Auw,
proche assistant de deButts, « la base fondamentale de notre activité
est attaquée à grande échelle ».
À cette époque, le Bell System était encore essentiellement
organisé selon la structure à trois colonnes de Vail : les
installations, les activités commerciales et le trafic. Cette structure
fonctionnelle avait fait ses preuves dans un système dominé
par les opérations et l'ingénierie. Mais deButts, réalisant
qu'un changement s'imposait, commença par réorganiser les
marchés de services (services clients, services opérateurs
et services réseau) et créa un nouveau département
marketing au milieu de l'année 1973. Mais même s'il changeait
le système, deButts voulait faire tout ce qu'il pouvait pour conserver
intacts les aspects du système qu'il jugeait essentiels à
un bon service téléphonique. En septembre de cette année-là,
il prononça un discours important devant la convention de la National
Association of Regulatory and Utility Commissioners. Appelant à
un « moratoire sur de nouvelles expériences en économie
», il présenta au public la position du Bell System en faveur
du principe du transporteur public et « par conséquent, implicitement,
de s'opposer à la concurrence [et] d'adopter le monopole »
pour l'industrie. Les décisions de la FCC, disait-il, créaient
une « concurrence artificielle ». Si la concurrence devait
être à l'ordre du jour, observait-il, AT&T allait se
livrer à une concurrence vigoureuse. Mais pour ce faire, il devait
être libre de manuvrer . deButts espérait que ses propos
percutants susciteraient un débat public et il était convaincu
que le système Bell, qui avait bien servi la nation, l'emporterait.
Mais la FCC a continué sur la « pente glissante
» qu'elle avait empruntée une décennie plus tôt.
Ses décisions d'enregistrement de 1975 et 1976 ont en effet permis
aux clients de fournir leurs propres téléphones, autocommutateurs
privés (PBX) et autres équipements terminaux sans connexion
par une compagnie de téléphone et sans aucune exigence d'interface
(tant que les fabricants enregistraient l'équipement auprès
de la FCC). Cette décision a mis fin à la responsabilité
que les compagnies de téléphone avaient longtemps assumée
de fournir le service d'un bout à l'autre de l'appel et de le maintenir.
Les tribunaux se sont alors penchés sur ces questions lorsque les
nouveaux concurrents ont intenté des poursuites privées
contre Bell System, alléguant divers actes anticoncurrentiels.
Ils ont réclamé des dommages et intérêts parce
que Bell System avait obtenu la plupart de ses équipements auprès
de sa propre branche de fabrication, Western Electric Co., parce que divers
ordres réglementaires et procédures de Bell System lui rendaient
difficile la vente de ses produits et services, et en raison des réactions
de Bell en matière de prix face à la concurrence nouvellement
autorisée. Les nouveaux concurrents ont également porté
des décisions réglementaires défavorables devant
les tribunaux, espérant qu'elles seraient maintenues. L'une de
ces décisions, concernant le service longue distance Execunet de
MCI, a annulé une décision de la FCC et ouvert pour la première
fois l'ensemble du marché longue distance à la concurrence.
En novembre 1974, le ministère américain
de la Justice a intenté une action contre Bell System, l'accusant
de monopolisation et de complot visant à monopoliser la fourniture
de services et d'équipements de télécommunications.
Le gouvernement a demandé la cession de diverses parties de l'entreprise
intégrée. Bell System a nié avoir violé les
lois antitrust et s'est engagé à lutter contre cette affaire
par le biais du système juridique.
Dans lespoir dobtenir une déclaration claire de politique
publique en matière de télécommunications, AT&T
a demandé au Congrès de participer aux débats. Après
avoir tenu des audiences pendant cinq ans sur plusieurs projets de loi
(présentés à partir de 1976) visant à modifier
la loi sur les communications, le Congrès a généré
des tonnes de papier et des témoignages apparemment sans fin. Mais
aucun consensus na pu être trouvé et aucune modification
na été apportée à la loi. La loi sur
les communications est toujours en vigueur, telle quelle a été
adoptée en 1934.
Lorsque John deButts a pris sa retraite en tant que président dAT&T
en 1979, il a laissé derrière lui un paradoxe. Il avait
réussi à remettre le système Bell sur pied : les
bénéfices étaient bons, le service était meilleur
que jamais et les installations étaient rapidement modernisées
grâce à la nouvelle technologie générée
par Bell Labs et Western Electric. Cétait une entreprise
solide, viable et en pleine croissance. Mais elle était profondément
embourbée dans des confrontations politiques et juridiques. John
deButts navait pas été en mesure de ralentir la vague
de changement venant de nouveaux concurrents, de leurs partisans politiques,
des tribunaux et des régulateurs.
C'est la situation qui a été héritée
en 1979 par le successeur de deButts, Charles L. Brown, l'auteur de cet
article.
Mes premières années à la tête du Bell System
ont représenté un défi de gestion difficile. Distraits
par des problèmes juridiques, législatifs et réglementaires
répétés de la tâche complexe de diriger la
plus grande entreprise du monde, les dirigeants du Bell System ont dû
trouver une issue aux dilemmes de politique publique ou risquer de perdre
le contrôle de la destinée de l'entreprise. Il devenait de
plus en plus clair que si rien n'était fait rapidement, le Bell
System raterait les opportunités qui se présentaient sur
le nouveau marché de l'ère de l'information et, en fait,
aurait constamment des difficultés à utiliser ses propres
technologies nouvellement développées. Nous avions la responsabilité
envers nos actionnaires, nos clients et nos employés de ne pas
laisser la législation, la réglementation ou la concurrence
entraîner la détérioration de l'entreprise. Nous avons
dû faire face aux problèmes suivants : le procès aux
États-Unis contre la concurrence, dans lequel une décision
défavorable semblait fort probable ; un Congrès qui envisageait
une législation réglementaire complexe pour le Bell System
qui aurait rendu difficile le fonctionnement efficace de ce dernier ;
un système réglementaire qui avait essentiellement abandonné
à la fois le principe du transporteur public et le concept d'un
réseau unifié et géré ; et des concurrents
non réglementés qui avaient aggravé nos problèmes
avec les agences gouvernementales et qui s'étaient rapidement installés
sur les marchés du Bell System et avaient pris le contrôle
de nouveaux marchés de produits sur lesquels AT&T n'était
pas autorisée à pénétrer. Le plan de tarification
monopolistique selon lequel les revenus longue distance soutenaient les
prix des services locaux permettait aux concurrents dont les revenus ne
soutenaient pas, pour la plupart, le service local, de réduire
facilement les tarifs longue distance d'AT&T.
Cession et restructuration La fin du Bell
System
En décembre 1981, après deux ans de tentatives
pour nous débarrasser de laffaire antitrust et obtenir une
législation appropriée, nous avons entamé des discussions
avec le procureur général adjoint des États-Unis,
William F. Baxter, pour régler le litige. Les négociations
se sont déroulées rapidement. Nos positions étaient
claires et nous savions tous deux que, quel que soit le résultat,
nous devions maintenir une industrie des communications forte et viable
pour les États-Unis. Le 8 janvier 1982, nous avons annoncé
conjointement que le procès du ministère de la Justice avait
été résolu grâce à laccord du
Bell System de se départir des parts de central local de ses 22
compagnies de téléphone en activité. Le ministère
de la Justice a accepté de dissoudre le décret de consentement
précédent (1956) et de le remplacer par un nouvel accord,
libérant ainsi AT&T des restrictions sur les activités
et les marchés sur lesquels elle pouvait pénétrer.
Javais évalué la situation de la manière suivante
: lun des principaux devoirs de la direction dune entreprise
est de sassurer que lentreprise se conforme à la politique
publique. Sinon, à long terme, elle ne survivra pas. La politique
publique de lépoque, quelle que soit la manière dont
elle a été adoptée, cherchait un changement.
Le Bell System était perçu par une partie
de l'opinion publique comme trop grand, trop puissant ou trop envahissant.
La nouvelle politique publique devait faire de la concurrence dans les
services longue distance la règle et non l'exception.
Le temps n'était pas en faveur du Bell System
: des opportunités seraient manquées et il était
impossible de planifier l'avenir tant que les problèmes juridiques,
législatifs et réglementaires ne seraient pas résolus.
Pour accéder à de nouveaux marchés et conserver son
accès aux marchés actuels, le Bell System devait accepter
une restructuration radicale.
L'acceptation de la principale demande du ministère de la Justice,
la cession des activités locales par un décret relativement
simple et large, laisserait à AT&T la liberté de se
réorganiser sur une base commerciale plutôt que de se soumettre
à une réorganisation détaillée par un tribunal
ou un organe législatif.
Des trois options - poursuivre le litige, accepter une
législation paralysante ou un décret d'injonction, ou accepter
la cession de nos compagnies de téléphone locales - la dernière
était la meilleure voie à suivre pour le public et les actionnaires.
L'objectif du ministère de la Justice était de séparer
les activités concurrentielles du Bell System de celles qui relevaient
du monopole naturel, c'est-à-dire les activités de commutation
locale. Il s'agissait d'une procédure simple mais pénible.
Pour conserver sa structure verticale et obtenir la liberté de
concurrencer et de proposer sa technologie sur de nouveaux marchés,
AT&T devait renoncer à son partenariat national avec des entreprises
fournissant un service de communication complet de bout en bout.Ce nest
quà ce moment-là que nous avons pu dissiper le nuage
dincertitude qui avait plané sur lentreprise pendant
la majeure partie de la décennie écoulée.
AT&T ayant accepté de se défaire des trois quarts de
ses actifs, le Bell System s'est mis à la tâche de restructuration.
Sept sociétés régionales, comme le montre le tableau
3, ont été organisées pour prendre en charge les
opérations de central local. Une organisation de services centraux,
plus tard appelée Bell Communications Research, ou Bellcore, a
été créée. Détenue et exploitée
par les sociétés régionales, elle fournirait des
services techniques et de soutien et de coordination à des fins
de défense nationale. J'ai établi quatre principes fondamentaux
pour guider la restructuration :
Dans la mesure du possible, notre service à tous les segments du
public sera fourni aux mêmes niveaux élevés qui ont
été la marque de fabrique du service du Bell System.
L'intégrité de l'investissement des 3 200 000 propriétaires
de l'entreprise sera préservée.
La réorganisation sera menée de manière à
assurer aux employés du Bell System la plus grande sécurité
d'emploi et la poursuite des possibilités de carrière possibles.
Les sociétés cédées seront lancées
avec toutes les ressources de gestion, financières, techniques
et physiques nécessaires pour en faire des entreprises florissantes
dans les régions où elles opéreront.
Je crois que nous avons respecté ces quatre principes.
Lors de la cession, qui a eu lieu le 1er janvier 1984,
date à laquelle le système Bell a cessé d'exister,
les sept sociétés régionales géraient tous
les appels locaux, certaines activités interurbaines intra-étatiques,
l'accès des clients aux réseaux longue distance, ainsi que
la publicité dans les annuaires. Elles étaient également
autorisées à se faire concurrence dans la fourniture de
nouveaux équipements pour les clients. Les sociétés
Bell régionales n'étaient pas autorisées à
fabriquer des équipements téléphoniques et à
entrer dans la majeure partie des activités interurbaines et dans
certains services « d'information », mais elles pouvaient,
avec l'autorisation du tribunal, entrer dans d'autres activités.
Les activités de la « nouvelle » AT&T comprenaient
les services interurbains, les services pour tous les équipements
terminaux clients alors en place, la recherche et le développement,
et la société de fabrication Western Electric. AT&T
était en concurrence avec toutes les sociétés qui
choisissaient d'entrer sur ses marchés, et elle était libre
d'entrer sur presque tous les nouveaux marchés qu'elle souhaitait.
Chaque actionnaire recevait une nouvelle action de chacune des sept sociétés
holding régionales pour dix actions AT&T détenues. Les
huit sociétés ont toutes placé leurs actions en bourse,
où elles pouvaient être achetées et vendues librement.
Au moment où nous écrivons ces lignes,
chacune des nouvelles entreprises, dénuée d'un héritage
et d'une culture communs, trouve sa propre voie dans la nouvelle ère
passionnante de l'information. Au fil du temps, elles établiront
des cultures et des héritages individuels tout en continuant à
faire partie du réseau de services de communications pour l'ensemble
des États-Unis. Les accords, les relations commerciales et personnelles
et les procédures standardisées établis pendant un
siècle dans le cadre du système intégré Bell
ont été remplacés par de nouveaux contrats commerciaux
indépendants.
Certains changements ont eu lieu aux deux niveaux du système de
réglementation des télécommunications : les États
ont déréglementé certains services, partiellement
ou totalement ; la FCC a éliminé les exigences difficiles
de séparation des activités imposées à AT&T
au début des années 1980 et a entrepris de remplacer les
contraintes lourdes de taux de rendement par des plafonds de prix. Cependant,
la réglementation fédérale et étatique est
toujours omniprésente et s'applique aux activités de commutation
locale monopolistiques des compagnies de téléphone et aux
services de télécommunications concurrentiels d'AT&T,
mais pas à ses rivaux longue distance.
De plus, le juge fédéral qui a présidé le
procès et l'accord de consentement prend régulièrement
des décisions importantes concernant le respect du décret.
Ces décisions affectent parfois la structure et les performances
de l'industrie et les services que reçoit le public américain.
Dans la période relativement courte qui s'est écoulée
depuis l'apparition des nouvelles entreprises, de nombreux changements
ont eu lieu dans l'organisation des entreprises, les marchés et
les produits. De nouvelles technologies sont utilisées pour fournir
de nouveaux produits et des services toujours meilleurs. Le changement
et l'adaptation - caractéristiques de longue date du système
Bell - continuent d'être des aspects centraux de l'industrie des
télécommunications aujourd'hui.
Ma vision de l'avenir à l'ère de l'information est forte
et positive, tout comme l'était la vision d'Alexander Graham Bell
pour sa nouvelle invention en 1876. Aujourd'hui, Theodore Vail serait
peut-être contrarié par les différences marquées
entre notre industrie et le système Bell qu'il a contribué
à créer il y a près de 100 ans. Il aurait regretté
la fin du système Bell, mais aurait applaudi la capacité
de l'entreprise à s'adapter aux demandes actuelles, aux nouveaux
produits et services, à l'étendue mondiale des opérations
d'AT&T et aux nouvelles technologies qui composent notre vision de
l'avenir des télécommunications..
Les principales sources d'information pour cette
étude étaient les archives de l'American Telephone and Telegraph
Company à New York et la collection AT&T de la National Geographic
Society à Washington.